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L’élection de Jeremy Corbyn à la tête du parti travailliste britannique rebat les cartes dans la gauche européenne

Alors que le fatalisme et la déception s’emparent de pans entiers de l’Autre gauche française devant la parcellisation, la segmentation et donc l’inefficience donc elle est frappée dans la perspective des prochaines régionales, l’élection de Jeremy Corbyn dès le premier tour, avec 59,5 %, des voix, redonne espoir. D’abord parce que cette victoire a été obtenue contre les tenants des politiques d’austérité qui se sont succédé à la tête du parti travailliste britannique depuis Blair jusqu’à nos jours. Mais aussi parce que cette élection a mobilisé le mouvement syndical revendicatif qui souhaitait ne plus soutenir un parti travailliste volontairement austéritaire. Elle a permis la participation, et donc le vote pour Jeremy Corbyn, à tous les sympathisants. La jeunesse s’est mobilisée, ce qui n’est pas rien.
Bien évidemment, les médias néolibéraux de droite et de gauche en ont conclu que c’était une aubaine pour Cameron et la droite néolibérale. Comme si la gauche avait vocation à glisser au centre, alors que c’est par des ruptures successives qu’elle doit mobiliser le peuple dans une lutte globale.
Mais il a plus que cela. Cette élection rebat les cartes dans la politique européenne. Nous avons déjà dit dans ReSPUBLICA que nous considérions comme une croyance sans avenir l’idée qu’un groupuscule politique détenant la vérité révélée pouvait grossir par sa seule dynamique jusqu’à devenir majoritaire dans le peuple. Et que nous ne croyons pas plus à l’efficacité sur longue durée des cartels d’organisation comme Gauche unie en Espagne ou le Front de gauche en France (qui se présente sur plusieurs listes concurrentes à toutes les élections sur listes depuis la présidentielle…). Tout au plus un cartel a-t-il vocation à s’unifier ou à devenir inefficace. L’élection de Jeremy Corbyn montre que, même dans un parti de gauche néolibéral ayant justifié les politiques austéritaires anti-sociales, des circonstances particulières peuvent renforcer les forces internes qui petit à petit se dressent contre ces politiques austéritaires et recueillent alors un soutien externe dans le mouvement syndical revendicatif et dans la jeunesse. Cela ouvre en plus une perspective nécessaire (mais non suffisante !!!) de restructuration des gauches par action conjointe endogène et exogène à la fois. Là réside l’avenir. Après la poussée de Tsipras et de Syriza en Grèce, de Pablo Iglesias et de Podemos en Espagne, l’arrivée de Jeremy Corbyn renforce le camp de ceux qui veulent s’opposer aux politiques austéritaires avec un soutien populaire significatif.
C’est mieux de vouloir s’y opposer plutôt que de s’y résigner, mais est-ce suffisant pour obtenir la victoire ? On a bien vu avec l’accord grec du 13 juillet qu’une simple volonté solipsiste ne permet pas de changer le réel. Est-ce qu’il suffit alors d’avoir un plan B pour sortir du carcan de la zone euro et de l’Union européenne ? Non. Vouloir s’opposer aux politiques austéritaires est un point de départ nécessaire. Mais ensuite il faut produire toutes les conditions de la transformation culturelle, sociale et politique. Et pour cela, il faut tenir compte des lois tendancielles de la formation sociale capitaliste afin d’utiliser les crises paroxystiques au moment opportun pour un possible déclenchement du processus de transformation sociale ; ce qui implique de ne pas considérer la monnaie uniquement comme un moyen de paiement, de donner la priorité aux liens avec les couches populaires ouvrières et employées, avec la jeunesse, avec le mouvement syndical revendicatif, bref de promouvoir un processus global de développement d’une nouvelle République sociale.
Fêtons l’élection de Jeremy Corbyn tout en étant persuadés qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres !

 

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