L’homme féministe : un mâle à part ? Par Emmanuelle Barbaras et Marie Devers

Vingt-cinq entrevues réalisées par les auteures (1)L’homme féministe : un mâle à part ? Par Emmanuelle Barbaras et Marie Devers 2011, éd. Les points sur les i, 168 p., accompagnées d’autant de portraits photographiques de ces hommes d’âges, de conditions et de vécus très différents et dont la caractéristique commune est d’accepter de se dire féministes, ce qui ne va pas toujours de soi.
Si plusieurs développent des analyses théoriques sur la condition féminine et l’égalité des sexes, il apparaît que les itinéraires sont bien souvent marqués par l’histoire personnelle et plus particulièrement par la proximité de femmes féministes ainsi que par l’observation des effets de la domination masculine dans leur entourage familial (« mon père a gâché la vie de ma mère, celle de ma soeur et la mienne ! »).
Non seulement ils se sentent concernés, mais ils agissent d’une façon ou d’une autre pour mettre en oeuvre ces idées, que ce soit dans l’action militante associative, syndicale ou politique, dans l’activité professionnelle, par des « coups de main » à des femmes ou à des mouvements féministes, sans oublier le quotidien et le partage des tâches. La plupart développent aussi une réflexion personnelle sur l’identité sexuelle et de genre, sur l’impact de la prise de conscience féministe dans leur vie amoureuse.
L’intérêt de ces témoignages n’est pas d’ordre sociologique, il ne dégage pas non plus de norme de comportement. Mais les différences d’approche de ces hommes à l’égard des mouvements féministes sont particulièrement instructives : alors que certains disent s’y sentir « comme un poisson dans l’eau », d’autres sont plus précautionneux, conscients du risque d’y apporter à leur insu les   caractéristiques qui font partie de leur conditionnement de dominants, quoi qu’ils en aient.
La postface de Patric Jean – le réalisateur du film La domination masculine – tranche avec l’ardeur militante de plusieurs des témoignages. Refusant pour lui-même l’épithète « féministe »,  il conclut  à la lutte des femmes pour les femmes, « lutte historique pour l’égalité [qui] durera encore longtemps. Parce qu’elle doit se jouer contre nous les dominants. Pro-féministes dans le meilleur des cas. »  Qu’importent les étiquettes : saluons ces apports à la mixité des luttes !

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 L’homme féministe : un mâle à part ? Par Emmanuelle Barbaras et Marie Devers 2011, éd. Les points sur les i, 168 p.