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Obama, Madonna et nous

Je fus absolument ravie quand Madonna traita Obama de « musulman noir » [1] ; elle lui rendait ainsi, quoique bien involontairement, la monnaie de sa pièce, pour le discours du Caire dans lequel il avait osé étiqueter « musulmans » tous les habitants du Moyen Orient, c’est-à-dire tous les libres-penseurs, agnostiques, athées, bouddhistes, chrétiens, juifs, etc… qui sont citoyens de ces pays.
Une « erreur»pour laquelle nous attendons toujours ses excuses – alors que Madonna, elle, eut la grâce de prétendre qu’elle ne faisait que plaisanter mais qu’en fait elle avait toujours su qu’Obama n’était pas vraiment musulman…
Je ne ferai aucun commentaire sur l’ignorance actuelle de ce qu’ont été les « Musulmans noirs ». Je ne rappellerai pas l’inoubliable, la formidable figure politique que fut Malcom X ( et la distance qu’il dut finalement prendre par rapport aux éléments réactionnaires – devrais-je dire fondamentalistes ? – de son parti), une figure qui a inspiré tant de luttes des opprimés dans le monde.
Mais examinons un moment les raisons de la confusion. Obama a été étiqueté « musulman » pour la raison que l’un de ses prénoms est Hussein. Et, n’est ce pas, comme nous le savons tous, c’est un prénom arabe, et comme tous les arabes sont musulmans et tous les musulmans sont… Non ! Je ne le dirai pas ! les Républicains seraient capables de me citer ainsi que Madonna, et de traiter Obama de… terroriste.
Mais, vraiment, Obama devrait réfléchir sur cette façon de coller automatiquement des étiquettes religieuses, à laquelle il a lui même succombé, à notre détriment, il n’y a pas si longtemps. Il devrait se rendre compte que ce qui lui est arrivé avec Madonna est exactement ce qui nous arrive tout le temps, et comprendre pourquoi nous devons sans cesse combattre ces labels erronés. Il s’agit là d’un véritable déni de notre liberté de pensée, de notre liberté de conscience.
Malheureusement, c’est aussi exactement ce que font les tyrans que sont les intégristes musulmans, les GIA, FIS, talibans, El Qaida, AQMI et autres : ils nous contraignent à une identité religieuse ; et en plus ils redéfinissent la religion, ses règles et ses rituels, – du vêtement des femmes à la façon de prier ou d’enterrer les morts. Et ils imposent ces règles supposées religieuses qu’ils viennent juste d’inventer.
C’est pourquoi la pire chose que fit Obama en nous étiquetant tous musulmans n’est pas de nous dépouiller de nos droits humains les plus fondamentaux, mais en fait de renforcer l’idéologie des fondamentalistes musulmans, de lui donner des lettres de noblesse, et de les conforter dans leur prétention que  quiconque né dans une famille ou dans un pays qui se déclare musulman soit automatiquement un croyant de l’islam.
Si l’on considère que le fait de renoncer à l’islam (ou aux règles qu’ils édictent en son nom) implique aux yeux des fondamentalistes l’obligation d’exécuter une condamnation à mort – comme hier encore nous le rappelait la tentative d’assassinat perpétrée au Pakistan sur l’adolescente défenseure des droits humains Malala –, il faut vraiment espérer qu’Obama ne parlera plus aussi à la légère, la prochaine fois qu’il visitera l’un de nos pays.
Aucune foi ne saurait être induite de notre lieu de naissance, ni du prénom donné à la naissance par nos parents. Obama, chrétien prénommé Hussein, est bien placé pour le comprendre.
Quant à nous libres-penseurs, la seule identité que nous nous reconnaissons est celle d’humains et de citoyens ; nous n’avons pas besoin d’une étiquette religieuse supplémentaire.
Mes remerciements les plus sincères à Madonna pour avoir soulevé une question si cruciale, et tellement d’actualité.

[1] Le 26 septembre 2012, la pop star Madonna soutint publiquement la candidature d’Obama lors d’un concert qu’elle donnait à Washington, DC, le présentant comme musulman noir : http://rt.com/usa/news/madonna-obama-house-president-978/

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