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Une année d’élections sur le sous-continent latino-américain : 2019-2020 – 2e partie

Photo de Lula, Chavez, Correa et Morales

Photo de Lula, Chavez, Correa et Morales

NDLR – Ingérences américaines et complicités européennes

Ces vingt dernières années, les États-Unis ont continué à peser sur les pays d’Amérique latine, et ils sont à présent suivis par une Union européenne bien silencieuse. Mais ils ont aussi rencontré une résistance nouvelle qui n’est pas près de céder : 2002 : coup d’État au Venezuela ; 2007 : coup d’État au Honduras ; 2016 : coup d’État « institutionnel » au Brésil ; 2018 : Lula est empêché de se représenter aux élections présidentielles brésiliennes ; 2017 : début du blocus économique au Venezuela ; depuis 1962 : blocus sur Cuba.

C’est la raison pour laquelle la Rédaction est heureuse de saluer la collaboration d’un excellent connaisseur de l’Amérique latine, Lucho, pour une série d’articles articulés autour des principales élections ayant eu lieu dans les principaux pays d’Amérique latine depuis octobre 2019 ou devant se tenir début 2021.

Le premier article de la série sur l’Argentine et l’Uruguay est à retrouver ici.

À suivre dans les prochains numéros du journal

et plus en février…

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Bolivie – Élections présidentielles du 20 octobre 2019 et du 18 octobre 2020

Participation : 88,5 %

En décembre 2005, le syndicaliste-cultivateur de coca Evo Morales devient président de la Bolivie, avec 53,7 % de voix. C’est un événement, car c’est la première fois qu’un indien issu des classes les plus défavorisées va gouverner le pays.

Morales agace très rapidement les États-Unis qui avaient pris leurs aises en Bolivie, à tous les niveaux de l’État. Sur le plan régional, il devient l’un des meilleurs soutiens de la cause bolivarienne, membre fondateur de l’ALBA avec Hugo Chavez, Fidel Castro, et Daniel Ortega du Nicaragua. L’ancien syndicaliste transforme son pays, prouve qu’une meilleure répartition des richesses n’est pas une entrave à la croissance économique.
Il est réélu en 2009 (avec 64 % des suffrages), puis en 2014 (61 %). Au soir du 20 octobre 2019, les résultats indiquent qu’il gagne l’élection au premier tour avec 10 points d’avance, grâce à un score qui, selon la constitution bolivienne, ne nécessite pas de second tour. Mais il est alors victime d’un coup d’État, déclenché par l’OEA, suivi de violences, d’arrestations arbitraires de militants et de ministres ou de proches de la famille de Morales.
Morales doit s’enfuir, ainsi que bon nombre de ses ministres. Il trouve asile dans un premier temps au Mexique puis en Argentine, d’où il dirigera une contre-offensive.

À La Paz, la sénatrice Jeanine Añez a été chargée d’assurer l’intérim, jusqu’aux élections prévues le 18 octobre 2020, et n’a que deux idées en tête : empêcher le retour de Evo Morales et renouer des liens étroits avec les États-Unis. Morales est accusé de tous les délits possibles et imaginables, jusqu’à celui de terrorisme ! On lui refuse ainsi toute possibilité de se présenter à une élection, tandis qu’il est interdit d’entrer sur le territoire bolivien.
On pouvait imaginer qu’en un an, les protagonistes du coup d’État d’octobre 2019 (Carlos Mesa, Jeanine Añez et Luis Fernando Camacho) gagneraient la nouvelle élection présidentielle, constamment repoussée. D’autant qu’ils changent le tribunal suprême électoral en nommant des fidèles, renouent avec les États-Unis et ses structures (DEA, USAID etc…), pourchassent les membres du parti d’Evo Morales, le MAS.
Pourtant, le 18 octobre 2019, c’est Luis Arce, ancien ministre de l’économie de Morales qui gagne la présidentielle (avec 55,10 % contre 28,80 %, presque le double de voix que celles recueillies par le candidat favori des putschistes, Carlos Mesa, lequel ne s’était pourtant incliné devant Morales que de 10 points une année avant).
Les putschistes avaient imaginé qu’il suffisait de renouer avec les Américains, et de leur ouvrir grand les portes d’un pays économiquement sain, pour que le miracle s’accomplisse et qu’enfin ils soient débarrassés d’Evo Morales, de son parti et ses proches… Or les années Morales ont semé de la militance (cette militance que l’on ne connaît plus trop en Europe). Des hommes et des femmes ont été les acteurs du changement, et ils ont conquis des droits (dont celui de savoir lire dans un pays où en 2001, 14 % de la population était encore analphabète, dont 26 % des ruraux). Difficile d’oublier ce que ce processus de transformation de la société leur a apporté.
La Bolivie vient donc de donner une victoire confortable au parti de Evo Morales, après que l’Argentine a réélu un président dans la lignée Kirchner ; seule l’Uruguay a perdu, de 1,50 %… Pour ce qui est des élections présidentielles, les partis de gauche latino-américains ont donc repris des couleurs par rapport à 2015. Prochaine élection à venir en 2021 : l’Équateur (7 février 2021).

Colombie – Élections municipales le 27 octobre 2019

Participation : 50 % en moyenne (selon les régions)

Lorsque l’on parle de la Colombie à un Européen, il ne pense pas automatiquement qu’il s’agit du plus gros producteur de cocaïne, ou encore d’un des pays au monde où l’on assassine le plus de travailleurs sociaux. Il faut dire que les médias internationaux préfèrent tirer à boulets rouges sur le voisin vénézuélien, surtout depuis que les États-Unis l’ont désigné comme une « narco-dictature ». Si le Venezuela est une narco-dictature, la Colombie qui est le plus gros producteur mondial de cocaïne, c’est quoi ?
Les politiques ou hommes d’affaires européens, eux, ne voient en Colombie que le potentiel d’investissements qu’elle représente, et personne ne s’interroge sur la provenance des fonds qui permettent à des immeubles de pousser comme des champignons à Bogota ou dans les autres grandes villes du pays…
La Colombie est donc le plus gros producteur de cocaïne au monde, et cela dure depuis des décennies. En 1998, le président Pastrana a reçu une aide financière des États-Unis de plusieurs millions de dollars pour mettre en place le plan Colombia (pour la petite histoire, ce plan a été d’abord écrit tout en anglais puisque rédigé aux États-Unis). Le plan avait pour but affiché de libérer la Colombie de la culture et du trafic de la feuille de coca. En vérité, il ne servait qu’à traquer la guérilla des Farc, pendant que les groupes d’extrême droite d’autodéfense de Colombie (AUC), proches de celui qui deviendra président de la république en 2002 Alvaro Uribe Velez, prenaient leurs aises dans les zones de production. D’ailleurs, des éléments déclassifiés en décembre 2020 par les Américains, mettent en lumière les liens d’Uribe avec le baron de la drogue (Pablo Escobar) qui sera tué en décembre 1993,
De 2002 à 2010, Alvaro Uribe règne sur la Colombie, enchaînant deux mandats électoraux. C’est un homme d’extrême droite, très intelligent, qui a vite compris qu’il avait intérêt à faire revenir la sécurité dans son pays, en proie à la guerre civile. Il contribue donc à sécuriser les zones touristiques, ce qui donne un essor important à cette activité lucrative. Pour l’Europe, qui dit « tourisme » dit « liberté ». Uribe réussit à donner cette image de son pays, aidé en cela par les médias internationaux et une diplomatie bien muette quand il s’agit d’évoquer la défense des droits de l’homme.
Juan Manuel Santos lui succède en 2010 (et sera réélu en 2014 pour un second mandat de 4 ans). Santos est l’ancien ministre de la défense d’Uribe et s’était distingué en faisant bombarder un camp des FARC, situé en Équateur, où se trouvait le numéro 2 de cette guérilla, Raoul Reyes, tué dans l’attaque. Cette incursion en territoire équatorien avait failli déclencher un grave problème régional, réglé d’ailleurs au sein de l’UNASUR, et pas de l’OEA.
Santos, lui, a compris que seul un accord de paix pourrait permettre de se débarrasser des FARC, la plus ancienne guérilla du monde. Avec l’aide du Vatican mais surtout de Cuba et du Venezuela, un accord est trouvé : les Farc déposent les armes et créent leur parti politique.
Ivan Duque (le poulain de Alvaro Uribe) est élu président en 2018, contre Gustavo Petro, ancien maire de Bogota et ancien guérillero du groupe M 19. Maintenant que les FARC ont déposé les armes, il pense qu’il faut revoir le contenu des accords et, notamment, le chapitre consacré à l’immunité aux chefs de la guérilla. Ce qui pousse deux signataires des accords, Ivan Marquez et Jésus Santrich, à repartir sur le chemin de la guérilla.
Ces présidents colombiens qui se succèdent et se présentent sous les étiquettes de libéral, conservateur ou du centre, ont en commun une même volonté d’écarter, le plus longtemps possible, les partis de gauche du pouvoir, qu’il s’agisse de la présidence de la république, de l’assemblée nationale et de la gestion des villes.
Sous prétexte de lutte contre la guérilla et contre le narcotrafic, la Colombie est militarisée depuis des décennies. Les États-Unis financent cette guerre, tandis que le pays reste sous l’emprise de quelques familles, qui délèguent leur pouvoir à des politiques chargés de préserver leurs intérêts.
Mais cela pose de gros problèmes aux Colombiens en matière de libertés. Au 28 décembre 2020, ce sont 298 signataires des accords de paix de 2016 qui ont été tués. Sur la seule année 2020, 310 travailleurs sociaux (syndicalistes ou représentants de droits de l’homme) ont été assassinés, et chaque année, le chiffre est quasiment le même.

Mais sur ce sujet, le mutisme de l’Union européenne est frappant. Le positionnement de l’Europe, comme celui des États-Unis, est idéologique. Les deux blocs partagent les convictions des présidents colombiens qui se sont succédé : pas de « Castro-communisme » ou de « Castro-Chavisme » en Colombie ! Et le pays continue de vivre sous cloche.
Pourtant, depuis octobre 2019, date des dernières élections de gouverneurs et de maires, il semble que les lignes commencent à bouger. Pour la première fois, les électeurs se sont quelque peu détournés des partis conventionnels (libéral ou conservateur) et ont porté à la tête des villes les plus importantes du pays des coalitions indépendantes, souvent en association avec les Verts. La capitale Bogota est dirigée à présent par Claudia Lopez, homosexuelle affichée dans ce pays conservateur et machiste, qui a été élue sous une étiquette verte. Certes avant elle, c’était Gustavo Petro, candidat malheureux à la présidentielle contre Duque, qui avait occupé ces fonctions et posé les bases d’une opposition au pouvoir central.
À Medellin, deuxième ville du pays et fief du (encore) très influent Alvaro Uribe Velez, c’est David Quintero, d’une coalition indépendante, qui l’a emporté, Uribe reconnaissant la défaite des partis traditionnels (dont le sien) lors de ces élections. Enfin, Cali, la troisième ville du pays passe aussi dans l’escarcelle de Verts.
Les résultats de ces dernières élections marquent incontestablement un mouvement électoral. Les Colombiens commencent à bouger, dans les urnes, mais aussi dans la rue. Par exemple lors des mouvements de novembre et décembre 2019, qui se sont prolongés jusqu’en février 2020, pendant lesquels de nombreuses fédérations syndicales ou mouvements d’étudiants appelaient à manifester contre les mesures néo libérales du gouvernement et contre la remise en cause des accords de paix. Des mobilisations importantes, denses et surtout jeunes, pour une première fois, ne respectaient pas les ordres de « couvre-feu » exigé par un pouvoir qui n’avait pas senti depuis bien longtemps ce que pouvait être la force de la rue.
Pour l’équipe Duque, le Covid est arrivé fort à propos, mettant un terme aux manifestations qui s’amplifiaient, comme s’amplifiait le nombre de morts et de blessés.
Qualifié de « meilleur allié du sous-continent » par Donald Trump, la Colombie mène depuis des décennies un combat des plus conservateurs, avec la crainte qu’un Hugo Chavez ne se lève dans le pays et coordonne le mécontentement profond suscité par une oligarchie sourde et aveugle sur fond de criantes inégalités sociales. Mais un mouvement semble s’enclencher, et sa volonté de mettre un terme aux assassinats de représentants politiques et syndicaux, de lutter contre les inégalités et de rétablir les droits de l’homme pourrait bien se faire entendre à nouveau en 2021.

Brésil – Élections municipales 15 et 29 novembre 2020

Participation : 77 % (vote obligatoire)
Le Brésil, c’est Lula : le petit garçon du Nordeste qui travaillait dans la rue à l’âge de 10 ans, le syndicaliste de la métallurgie qui fonde le Parti des Travailleurs en 1980 et deviendra président. Mais le Brésil, c’est aussi Jair Bolsonaro : l’ancien capitaine de l’armée nostalgique de la dictature militaire, qui passera plus de 20 ans comme député sans faire parler de lui avant de devenir, lui aussi, président.
Lula est élu à la tête du Brésil fin 2003, il restera jusqu’en 2010. C’est une de ses fidèles, Dilma Roussef, militante de la première heure torturée pendant la dictature, qui lui succède de 2010 à 2016. Réélue en 2014, elle est victime d’un coup d’État parlementaire dont est complice son vice-président Michel Temer (qui gouvernera à sa place jusqu’à la fin du mandat en 2018).
Lula fait partie de l’équipe de ces bâtisseurs d’un sous-continent plus égalitaire, plus solidaire entre pays. Il rejoint Chavez, Correa et Morales dans une volonté commune de construire un contre-projet opposé à celui qui a été imposé souvent par la force à toute la région. Comme les trois autres, Lula souhaite en finir avec l’analphabétisme, s’attaque aux inégalités, et redistribue les terres, afin de permettre à chaque Brésilien de manger chaque jour (ce qui était loin d’être le cas lorsqu’il accède au pouvoir).
Politiquement, le Parti des Travailleurs devient une sorte de parti présidentiel : les membres du PT deviennent députés, maires, gouverneurs. Mais ce parti venu de rien hérite de tout, y compris du mal chronique dont souffre la politique brésilienne depuis des décennies : la corruption. La société brésilienne de travaux publics Odebrecht a souvent été accusée, à juste titre, d’avoir financé bien des campagnes électorales en Amérique du sud, dans pratiquement tous les pays, que les candidats soient de gauche ou de centre droit…
Lula est accusé d’avoir bénéficié d’un appartement mis à disposition par cette société sans d’ailleurs qu’à aucun moment les preuves de sa culpabilité ne soient établies. Mais l’époque est à la médiatisation de la justice et le juge Moro qui traite de l’affaire se veut intraitable. Le procès se tient essentiellement dans les médias et sur les réseaux sociaux. Il faut attendre que Lula termine son mandat pour que l’on puisse s’en prendre à lui. La méthode employée a fait ses preuves : discréditer un leader auprès de sa base pour porter ensuite l‘estocade.
Mais pour se défaire complètement de Lula, il faut écarter la présidente en exercice Dilma Roussef, première femme à ce poste dans un pays de 200 millions d’habitants. Le vice-président Michel Temer soutenu par l’assemblée nationale trouve un artifice : Dilma aurait dissimulé les déficits publics en les reportant sur l’année suivante (ce qui est pourtant une procédure courante, largement mise en place par tous ses prédécesseurs). La procédure d’empêchement est lancée, Dilma sera destituée en 2016.
La communauté internationale reste muette.
Cela fait longtemps déjà que les États-Unis ne supportent plus les volontés de ce riche pays qui veut agir en toute indépendance avec ses voisins de gauche. Chavez est mort en 2013, Cristina Kirchner a perdu le pouvoir en 2015 au bénéfice de Macri.
Lorsque Roussef tombe, c’est donc Michel Temer, son vice-président (et son « tombeur ») qui prend sa place. On oubliera tous ses malversations mais il ne faut surtout pas qu’un membre du PT se retrouve en position d’accéder à la présidence de la République. Alors on incarcère Lula, pourtant en tête dans tous les sondages pour les prochaines élections présidentielles, quelle que soit la personnalité qui lui serait opposée. Malgré tous les recours qu’il présente devant la justice, il ne peut être candidat à une nouvelle élection. Le candidat du parti de Travailleurs qui le remplace, Fernando Haddad, fait un score honorable de 44,80 % mais c’est Jair Bolsonaro qui l’emporte le 28 octobre 2018.
Voilà l’inconnu Bolsonaro, député depuis plus de 20 ans sans jamais s’illustrer, qui devient président ! Pendant toute la campagne électorale, il a dit clairement ce qu’il pensait depuis tant d’années et l’on peut dire que ce n’est pas très engageant : contre les mesures sociales mises en place par Lula, contre l’avortement (et soutenu par les communautés évangéliques très implantées et puissantes). L’homophobie ne lui fait pas peur, la dictature militaire ne l’a jamais choqué…
Mais les États-Unis appuient le « produit » Bolsonaro et diffusent des dizaines de milliers de messages sur les réseaux sociaux, financent des dizaines de milliers d’appels téléphoniques en direct aux électeurs. Les réseaux ultra-conservateurs du pays font le reste… On ne peut pourtant pas dire que les Brésiliens n’aient pas été prévenus au sujet de celui qu’ils placent à la tête de leur puissant pays. Ils avaient voté Lula, ils votent cette fois pour son contraire absolu, en toute connaissance de cause.
Le meilleur ami du nouveau président brésilien est Donald Trump : ils partagent nombre de points communs, misogynie, armement des citoyens, déni du Covid, refus du port du masque… Bolsonaro attendra que les délégués américains avalisent l’élection de Joe Biden pour enfin féliciter ce dernier…
Cela fait deux ans que Bolsonaro est au pouvoir lorsque se déroulent en novembre dernier les élections municipales au Brésil, premier scrutin d’importance dans ce grand pays (38 millions d’électeurs) où le Covid a fait des ravages.
Premier chiffre d’importance : l’abstention, de 29,7%, dans un pays où le vote est obligatoire (sous peine d’amende). Les résultats marquent aussi le retour des électeurs vers les partis de centre droit pour lesquels ils votaient avant l’arrivée de Lula et Roussef. Le parti des travailleurs de Lula s’effondre totalement : pour la première fois depuis longtemps, il ne réussit pas à gagner au moins une des grandes villes régionales et perd son bastion nordestin, Recife.
Bolsonaro ne fait pas mieux. Il soutient le maire sortant de Rio, qui est, non seulement battu, mais interpellé pour corruption à quelques jours de la fin de son mandat. Sur les 13 candidats appuyés par le président en exercice, seuls deux sont élus.
À Sao Paolo (12 millions d’habitants), le maire du centre droit (PSDB) Bruno Covas est réélu avec 59,5 % des voix contre 40,5 % à Guilherme Boulos qui se présentait sous les couleurs du parti « socialisme et liberté », issu d’une scission du PT, un score inespéré pour une gauche considérablement affaiblie.
Un constat s’impose : le PT en particulier, et la gauche en général, auront beaucoup de mal à affronter la prochaine échéance, avec ou sans Lula. Pourtant, on s’aperçoit qu’une forme de militance, très éteinte en politique, réapparait aujourd’hui dans le milieu associatif, notamment grâce aux femmes qui y poursuivent un travail en profondeur, un travail qui le moment venu pourrait être coordonné en un projet politique plus vaste.
Bolsonaro a certes enregistré un échec, mais qui ne remet pas en cause sa participation aux présidentielles de 2022 ; il bénéficie à ce jour de 40 % d’avis positifs dans l’opinion publique… Au Brésil, l’avantage reste à la droite pour les futures échéances. Il faut dire que le combat a été féroce : Lula et son Parti des Travailleurs (tout comme Chavez et son PSUV, aujourd‘hui mené par Maduro) étaient des symboles forts, des « bêtes à abattre » pour un libéralisme qui ne fait aucune concession.

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