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Laïcité : soutien à Elisabeth Badinter

par Bernard Teper

 

Une polémique insensée se développe autour de l’Observatoire de la laïcité voulu par François Hollande et dont les nominations des membres et du président ont été faites par Jean-Marc Ayrault, Premier ministre au printemps 2013. (Le Premier ministre installe en nommant lui-même tous les membres sans exception dans toutes ces officines – l’Observatoire de la laïcité comme les hauts conseils de la protection sociale et bien d’autres encore – en s’assurant une large majorité dévouée à sa politique.) Et Jean-Marc Ayrault a choisi Jean-Louis Bianco, un solférinien pur sucre pour présider le dit observatoire de la laïcité? C’est conforme à une Ve République fort peu républicaine d’ailleurs.
Ensuite, la polémique Valls-Bianco est surréaliste ; Jean-Louis Bianco déclare dans une lettre que l’Observatoire n’est pas placé sous la responsabilité du Premier ministre, ce qui est formellement juste mais politiquement faux puisque les nominations à cet Observatoire sont de la responsabilité exclusive du Premier ministre. Or,  ce qu’un premier ministre a fait, un premier ministre peut le défaire. Il est dans les attributions de Manuel Valls de pouvoir défaire ce qu’a fait son prédécesseur.
Il ne le fait pas et déclenche une polémique, pourquoi ? Il y a bien là une contradiction au sein du solférinisme. D’ailleurs, l’indépendance de cette structure relève plutôt de l’hypocrisie. Pour parler clair, toute structure dont tous les membres sont choisis et révocables par un seul homme ne mérite pas d’être considéré comme indépendant de cette personne ou de cette fonction.
Enfin et c’est le plus important, qu’est-ce que révèle ce conflit au sein de l’exécutif solférinien ? Que les contradictions du réel peuvent sauter à la figure de toute construction politicienne. Bien sûr que les attentats de l’année 2015 ont relancé le débat sur le « que faire » face à ces atrocités et à l’intérieur de ce « que faire », le débat sur la laïcité a repris force et vigueur. D’autant que la politique solférinienne est d’aller vers un nouveau concordat sans le dire et en faisant semblant de rester conforme à l’esprit de la loi de 1905. C’est d’ailleurs dans le cœur de la politique néolibérale de s’allier avec les communautarismes et les intégrismes pour qu’ils remplacent petit à petit, pour les plus pauvres, le démantèlement des services publics et de la protection sociale comme dans l’Ancien régime monarchique.

On connaît ainsi les relations d’affaire des néolibéraux avec les trois pays largement complices, d’une part du développement du djihadisme islamiste, que sont l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, et d’autre part des structures islamistes de type salafiste ou « Frères musulmans ».

On connaît par ailleurs le laxisme et la largesse des pouvoirs publics néolibéraux sur le financement public des écoles privées confessionnelles et des édifices du culte notamment des églises et cathédrales (la municipalité de Créteil a donné récemment une subvention de 1.000.000 euros pour la cathédrale de Créteil, le département du Val-de-Marne 400.000 euros alors que pour tous les autres dépenses sociales, c’est l’austérité !).

On connaît la politique de l’actuel gouvernement visant à renforcer les pratiques de type concordataires dans 5 départements, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Moselle, Guyane et Mayotte. Et évoquant dangereusement sur tout le territoire des pistes de même type avec la perspective de formation des imams sous le contrôle de l’Etat.

On connaît la politique des « accommodements déraisonnables » avec les structures religieuses dans de nombreux pays néolibéraux au mépris de tous ceux qui veulent plus de liberté pour tous et pas seulement pour telle ou telle croyance. Alors que seule l’application du principe de la laïcité permet plus de liberté pour tous (croyants, athées agnostiques) alors que les communautarismes désagrègent le principe de l’universalité des droits par la suprématie des lois religieuses sur les lois universelles délibérés par la république.

Pour la France, la lecture de la récente étude « Trajectoires et origines  » 2016 de l’INED nous aide d’ailleurs, de ce point de vue, à remettre les pendules à l’heure1. On connaît aussi l’imposture de l’utilisation du concept d’islamophobie qui fustige en même temps les actes racistes anti-musulmans (qui doivent être vigoureusement combattus comme tous les autres racismes) et les critiques de la religion (qui sont des droits catégoriques dès lors que l’on accorde la liberté de conscience qui est la base du principe de laïcité).
Et c’est parce qu’Elisabeth Badinter a défendu cette idée que les dirigeants de l’officine solférinienne se sont permis des propos indécents. Devant cette imposture, nous nous devons de dire qu’Elisabeth Badinter a eu raison et que sa réaction est heureuse comme fut heureux le texte de la « bande des 5 » du Nouvel Obs dont elle faisait partie en novembre 1989, appuyant la campagne militante visant reprendre dans la loi les circulaires du Front Populaire qui avaient été rendues caduques suite à une sorte de cavalier législatif introduit par Lionel Jospin.
Rappelons que, durant plus d’un siècle, tout le monde fut d’accord avec la définition historique de la laïcité : il y avait ceux qui y étaient favorable et ceux qui y étaient hostiles, mais au moins tout le monde se comprenait. Depuis, avec l’émergence du mouvement réformateur néolibéral porteur du relativisme culturel (toutes les idées se valent !) comme arme idéologique de destruction massive des principes émancipateurs républicains, tout le monde se dit laïque de l’extrême droite à l’extrême gauche. Mais plusieurs dizaines de définitions toutes contradictoires les unes avec les autres se déploient dans le microcosme.
Et là, on a plus de mal à se comprendre. D’autant qu’aujourd’hui, la laïcité possède deux dérives. La première est l’ultra-laïcisme anti-laïque qui utilise le mot « laïcité » comme arme contre une seule religion, l’islam. Cette dérive fortement portée par l’extrême droite et par la droite de la droite néolibérale doit être combattu avec vigueur. La deuxième plutôt portée par une partie du PS solférinien (dont Jean-Louis Bianco et Nicolas Cadène dudit Observatoire de la laïcité mais aussi par des intellectuels de type Baubérot, mais aussi par la majorité de la gauche de la gauche) est une laïcité d’imposture (certains la qualifient plutôt de laïcité adjectivée), cache-sexe du communautarisme et des « accommodements déraisonnables » avec les structures religieuses au mépris de la nécessaire séparation entre d’une part la société civile (dont la rue) et d’autre part les sphères de l’autorité politique et de constitution des libertés (école, protection sociale et services publics).

Si nous parlons des traductions juridiques du principe de laïcité, elles consistent en grande partie dans le contenu de la loi du 9 décembre 1905 (sans les reculs postérieurs) et dans celui des trois circulaires du Front populaire de Jean Zay (1er juillet 1936, 31 décembre 1936 et 15 mars 1937) interdisant les signes politiques et religieux dans l’école. Les partisans de la deuxième dérive devraient justifier leurs critiques par rapport à la campagne laïque de Jean Jaurès et d’Aristide Briand et par rapport à la politique du Front populaire. On attend cela avec impatience. Mais comme la majorité de la gauche de la gauche n’est pas ouverte au débat argumenté sur ce sujet, on attendra encore.

  1. Il ressort de cette étude une double conclusion qui prend à revers les pratiques et les discours de la majorité de la gauche de la gauche :
    – L’adhésion des Français de la deuxième génération à la France est massive : 93 % sont d’accord avec des formules comme : « je me sens Français» ou «je me sens chez moi en France ». « Ce sentiment est largement partagé par les immigrés, même lorsqu’ils n’ont pas la nationalité française (47 % des immigrés étrangers disent se sentir Français.
    Même s’ils adhèrent massivement à leur nouveau pays, les personnes d’origines étrangère se heurtent souvent à un « déni de francité » par la société.
    Conclusion : pour éviter de sombrer dans la décomposition, il faut arrêter de faire chorus uniquement avec les 7 % restants qui sont les seuls dont s’occupe la majorité de la gauche de la gauche.
    Sur la question religieuse, l’étude de l’INED pointe que les athées et les agnostiques seraient 49 %, les « détachés » de la religion seraient selon l’étude 62 % et si on y ajoute les personnes à religiosité modérée, le pourcentage monte à 95 % ! « Figurant dans la liste des traits proposés pour se définir, la religion a rarement été choisie par les enquêtés : 7 % seulement y font référence. Témoignant de l’actualité de la religion dans leur vie, les immigrés et leurs descendants sont 21 % à la citer. La place de la religion comme trait identitaire atteint 28 % pour les immigrés du Maghreb et 26 % pour ceux de Turquie. » []
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Jaurès, Boudiaf, Rabin : comprendre les stratégies de l’extrême droite

Et ne pas être complice de la décomposition des gauches

par Bernard Teper

 

31 juillet 1914, 29 juin 1992, 4 novembre 1995 : Jean Jaurès, Mohamed Boudiaf, Yitzak Rabin, que de similitudes dans la stratégie de tension de l’extrême droite à trois moments paroxystiques en France, en Algérie, en Israël, avec le meurtre d’hommes-clés pour figer la situation au profit des extrêmes nationaliste, islamiste, ultra-orthodoxe… Ce rapprochement m’est venu en visionnant « Le dernier jour d’Yitzak Rabin », le tout récent film du réalisateur israélien Amos Gitaï. Laissons-lui la parole : « En un sens, ce film est la commission d’enquête qui n’a jamais existé. Il traite non seulement cet événement brutal arrivé il y a 20 ans, mais aussi de cette ombre qui continue de s’étendre sur Israël aujourd’hui ».

Similitudes de trois moments paroxystiques

Dans les trois cas, pas de commissions d’enquête dignes de ce nom. Dans le film d’Amos Gitaï, ce n’est qu’à la fin que le président de la pseudo commission d’enquête prend conscience que de ne traiter que de l’action personnelle du meurtrier Yigal Amir est une imposture. Comme pour Mohamed Boudiaf, où la pseudo commission d’enquête s’est arrêtée au constat que Lambarek Boumaarafi n’a pas agi seul mais sans aller plus loin. Comme pour Jean Jaurès dont l’assassin Raoul Villain a même été acquitté par 11 voix sur 12 !
Dans les trois cas, on voit que ni l’État, ni les forces de sécurité, ni la justice n’ont fait ce qu’ils savaient faire pour protéger ou rendre justice à ces leaders politiques. Ainsi, dans le film d’Amos Gitaï, on voit clairement que le meurtrier armé est resté plus de 40 minutes à attendre près de la voiture du Premier ministre sans que la zone ait été « stérilisée » par les forces de sécurité.
Dans les trois cas, l’assassinat a été précédé d’une campagne haineuse, d’appels aux meurtres incessants. Ainsi des effigies de Rabin habillé en officier SS ! Ainsi des textes « sacrés » suggérés au meurtrier de Rabin pour justifier son exécution !

Alors une question me taraude : pourquoi la gauche, et plus particulièrement aujourd’hui la gauche de la gauche, faute de saisir les enseignements du passé, court-elle le risque de voir le pire scénario se reproduire, même après toutes ces décennies passées ?
Avant même les assassinats, l’extrême droite avait dans les trois cas manifestement gagné dans le peuple la bataille de l’hégémonie culturelle (pour parler en termes gramsciens).
Dans les trois cas, les assassinats ciblés de l’extrême droite ont pu détruire le mouvement émancipateur qui restait encore possible
Dans les trois cas, la majorité de la gauche n’a pas été à la hauteur des enjeux, ni dans le soutien à ces hommes d’exception dans la période précédant les assassinats, ni dans la bataille culturelle qui les a précédés, ni même dans l’analyse des tâches une fois ces actes odieux perpétrés.

Que faire aujourd’hui alors que les extrêmes droites redeviennent en France très menaçantes ?

  • Mener des initiatives d’éducation populaire : partir de ces cas paroxystiques pour en faire comprendre la nature, pour mener la bataille de l’hégémonie culturelle, pour en finir avec les angélismes, les gauchismes, les solipsismes, les sectarismes, l’empathie avec les terreaux favorables aux extrêmes droites, et autres maladies infantiles.
  • Caractériser les extrêmes droites de la période : l’extrême droite politique du FN, l’extrême droite catholique de la « Manif pour tous », l’extrême droite islamiste. Mais la majorité des responsables de la gauche de la gauche refuse de caractériser le FN, préférant le rejet à l’analyse fine. Idem pour l’extrême droite catholique pourtant très puissante en France, y compris au sein de LR, des mouvements syndicaux non revendicatifs et d’un mouvement associatif puissant. Quant au refus de caractériser l’extrême droite islamiste, c’est la résultante d’une islamo-empathie qui fait de l’islam la religion des pauvres. Alors même que la plupart des structures religieuses (que nous séparons de la foi des croyants) sont instrumentalisées aujourd’hui dans des systèmes d’alliance avec le mouvement réformateur néolibéral. La lutte contre le racisme anti-musulman dans toute la société et la lutte contre l’islamo-empathie qui aveugle les responsables de la gauche de la gauche participent de la même nécessité et doivent être menées ensemble.
  • Montrer que, comme dans les années 30, les extrêmes droites ne sont là que pour permettre au mouvement réformateur néolibéral de poursuivre son œuvre : aujourd’hui en vue du moment où l’alternance des partis LR et PS n’arrivera plus à garantir au capital un taux de profit suffisant (sans répugnance à s’allier aux forces néo-féodales qui impulsent le terrorisme jusque sur son territoire).
  • Lire les écrits des intellectuels de l’extrême droite. Dans les années 30, juger que Mein Kampf est écrit par un fou, c’est comme dire aujourd’hui que les extrêmes droites religieuses n’ont rien à voir avec les vraies religions, toutes d’amour. Il suffit de lire les intellectuels des extrêmes droites religieuses pour s’apercevoir qu’ils passent leur temps à se référer aux textes « sacrés ». Il suffit d’écouter leurs prêches pour comprendre qu’ils ont une excellente connaissance de ces textes et manient les références érudites.
    Alors que dans de cette majorité de la gauche de la gauche, des commentateurs qui n’ont jamais lu les textes dits sacrés savent, eux, quels sont la bonne religion, le bon catholicisme, le bon islam : quelle imposture ! N’importe quel internaute doué de raison (donc pas tout le monde !) peut aller lire les 7 numéros du magazine de Daesh, Dabiq en anglais ou Dar-el-Islam en français, pour s’en persuader. Idem avec les 14 numéros d’Inspire d’Al Qaïda dans la Péninsule arabique. Idem pour les autres extrêmes droites.
  • Plus généralement, produire une ligne stratégique globale incluant tous les combats économiques, sociaux, laïques, démocratiques, féministes, écologiques sans en oublier un seul (la majorité des responsables de la gauche de la gauche en oublie plusieurs, dont l’indispensable pierre angulaire qu’est la laïcité). Bien sûr, cette ligne doit s’appuyer, sous peine d’être hors sol, sur une analyse la plus juste possible du fonctionnement de la formation sociale capitaliste et de ses lois tendancielles1.
  • Mettre en place des nouvelles pratiques sociales à la place des anciennes, qui ne mobilisent que les apparatchiks.
  • Pratiquer le développement politique gramscien des bases d’appui (les « casemates » de Gramsci), la guerre de position puis la guerre de mouvement. Dans le développement des bases d’appui, comme dans le reste de l’activité politique, travailler avec méthode et des objectifs clarifiés, et abandonner l’activisme brouillon, dispersé et émotionnel.
  • Instituer des formations politiques pour sortir des maladies infantiles de la gauche de la gauche. Nous reviendrons bientôt sur ce sujet : une piste, pour finir, le camp populaire doit partir de ses besoins pour imposer ses propres priorités (son « agenda »). Car on ne peut continuer de ne réagir que par rapport aux priorités affichées par les néolibéraux de droite ou de gauche ou du Front national. Ce point est crucial pour une gauche de gauche car, sinon, ce sont les adversaires qui nous dictent le chemin à parcourir.

Alors, on commence quand2 ?

  1. Voir nos livres sur http://www.gaucherepublicaine.org/librairie []
  2. Nous sommes avec le REP, un centre de ressources qui anime plus de 350 initiatives d’éducation populaire sur tous les sujets. Nous intervenons régulièrement sur des formations soit organisés par nous-mêmes soit par les organisations associatives, syndicales, mutualistes et politiques qui nous sollicitent pour le faire. Contactez-nous pour vous renseigner. []
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Comment combattre l'islamisme jihadiste ?

par Denis Collin

 

Il est évidemment impossible de ne pas chercher à répondre à cette question. Si beaucoup de citoyens acceptent l’état d’urgence, c’est parce qu’ils y voient une désagréable nécessité qui nous a été imposée par les « fous de Dieu ». Et si la fonction première de l’État est la protection des citoyens, nous devrions bien accepter qu’il prenne toutes les mesures nécessaires à cette tâche. Que ferions-nous, si à nous incombait la tâche d’assurer la protection des citoyens contre les tueurs ? Cette question ne peut être éludée. Nous donnons ici quelques pistes de réflexion.

1.
À l’évidence, toute une partie de cette réflexion renvoie à l’utilisation de la police, de l’armée et des services de renseignement. Nous ne pouvons entrer dans les détails. Mais si on en croit plusieurs voix autorisées, les coupes sombres opérées dans les budgets de l’État pèsent très lourd dans la situation actuelle. L’application du plan « Vigie-pirate » depuis le mois de janvier 2015 a entraîné une mobilisation des forces armées qui bien souvent sont « au bout du rouleau ». Beaucoup de détachements militaires affectés à la surveillance des lieux et monuments qui pourraient être les cibles des jihadistes (Al Qaïda ou EI) doivent accepter des conditions de vie difficiles – vivre dans des campements par exemple – qui pourraient s’expliquer sur le front mais on a du mal à penser qu’elles doivent s’imposer en temps de paix. Je dis bien « en temps de paix », car en dépit de la rhétorique martiale dont usent volontiers les gouvernants qui aiment à bomber le torse, nous sommes bien en temps de paix et la poursuite des réseaux jihadistes n’est pas une opération de guerre, pas plus que la poursuite des truands n’est une opération de guerre. Quand on commence à mélanger la guerre et la police de cité, on considère que gouverner, c’est faire la guerre et alors il ne reste plus grand-chose de la démocratie.

Les extrêmes difficultés que rencontrent les policiers et militaires affectés à la protection de la population contre les actes de terreur des jihadistes sont renforcées par des décisions politiques peu judicieuses, diront les plus charitables. Alors que l’on enterre les morts et qu’on soigne les blessés de la terreur islamiste, envoyer sur décision des préfets (donc du gouvernement) des effectifs policiers considérables pour réprimer des manifestations d’écologistes, assigner à résidence de dangereux maraîchers au motif qu’ils seraient susceptibles de venir casser l’ambiance de cette mascarade qu’est la COP21, voilà qui ne manque pas de susciter des questions ! Il est vrai que pendant dix ans on a affecté 50 policiers à la surveillance des gens de Tarnac, des illuminés enivrés de mots qui n’étaient même pas capables de faire exploser leur propre cafetière, cela relève soit de l’incompétence notoire des décideurs en matière politique (ce qui est une donnée inéliminable du problème), soit d’une volonté d’utiliser les services policiers non en vue de lutter contre les menaces réelles mais à des fins de basse politique politicienne, voire de provocation.

Le juge antiterroriste Trévidic l’a dit. On ne manque pas de loi, on n’a pas besoin d’état d’urgence, mais seulement de moyens et d’une utilisation judicieuse des moyens existants.

2. La question du renseignement est centrale. Là encore, et tous les spécialistes le disent, les moyens de surveillance électronique de masse ne servent finalement à rien. Il faut du renseignement de terrain et des capacités d’infiltration. L’exemple américain devrait servir de leçon. Mais il n’en est rien. Comme le jihadisme n’est pas une affaire française, la lutte contre lui demande des coopérations internationales dont tout le monde a souligné les graves défaillances. Quand on apprend, sans que cela ait été démenti, que les services français ont refusé des renseignements venant du gouvernement syrien, au motif qu’on ne voulait rien avoir à faire avec Assad, on se pince. Le principe du renseignement, c’est justement de prendre langue même avec ses ennemis ! Manger avec le diable, et même avec la grand-mère du diable, c’est l’ABC du métier. Là comme sur le plan intérieur, ce sont des orientations, des décisions politiques qui sont en cause.

3. La lutte contre le jihadisme pose directement la question de la politique étrangère de la France, politique dirigée depuis près de 4 ans par Laurent Fabius et qui a fait de la Russie, de l’Iran et de leurs alliés les ennemis principaux, justifiant toutes les alliances les plus extravagantes. Le projet de la diplomatie française est de prendre la place des États-Unis comme allié privigélié de l’Arabie Saoudite à qui la France vend directement ou indirectement de grosses quantités de matériel militaire. C’est au nom de cette alliance privilégiée avec la monarchie saoudienne que la diplomatie française s’est opposée, autant qu’elle l’a pu à l’accord américano-iranien. Le deuxième allié de la France est le Qatar, gros investisseur, notamment à Paris. Or ces deux pays sont les foyers d’où le jihadisme a irradié. Officiellement, ces gouvernements ne financent pas Daesh. Mais cela ne dit rien du rôle des financiers privés qataris et saoudiens de cette organisation. Par ailleurs, les attentats de janvier à Paris n’étaient pas l’œuvre de l’EI mais d’une branche d’Al Qaïda. Or cette organisation qui combat en Syrie sous le nom de Front Al Nosra continue, elle, d’être directement soutenue par nos « alliés ». Cette organisation a la même idéologie que l’EI et s’est comportée avec la même cruauté vis-à-vis des chrétiens de Syrie. Mais Fabius n’avait-il pas déclaré (28 janvier 2013) « sur le terrain, ils [Al Nosra] font du bon boulot » ? Comment prétendre qu’on lutte contre le jihadisme de la main droite pendant que la main gauche, suivant le précepte évangélique, ignore ce que fait la main droite, et soutient directement ou indirectement les mêmes jihadistes ?

La récente volte-face en direction de la Russie ne change pratiquement rien sur le fond. Elle témoigne seulement du caractère brouillon et des improvisations hasardeuses du stratège en chef de l’Élysée. Une réorientation radicale, tant stratégique que tactique de la politique étrangère française s’impose. Mais on ne peut guère compter sur les dirigeants français actuels pour le comprendre.

4.
Lutter contre le jihadisme, c’est lutter pour lui couper toutes ses bases arrière dans notre pays et tarir les sources de son recrutement parmi les jeunes français. Là aussi il y a des choses qui sautent aux yeux. Le nommé Jawad Bendaoud, qui a fourni la « planque » à Abaaoud, a été condamné en 2008 à 8 ans de prison pour meurtre (il avait tué à coups de hachoirs un adolescent pour une sombre affaire de puce téléphonique) ; il est ressorti en 2013 pour se livrer à toutes sortes de trafics, dont le squat d’un appartement afin d’y exercer la profession de marchand de sommeil. Il est typique de cette décomposition sociale, de cette « lumpenisation », qui ravage les « territoires perdus de la République » et qui est le terreau de l’islamisme fondamentaliste et du jihadisme – même s’il n’est pas le seul. Malek Boutih, député socialiste et ancien président de SOS Racisme a plusieurs fois alerté les pouvoirs publics sur cet abandon des « quartiers » aux « grands frères » à qui on a sous-traité l’ordre public, si on ose encore qualifié de ce nom le contrôle exercé par les réseaux de dealers et les salafistes. On ne cesse de bavarder sur la politique des quartiers, on invente des usines à gaz en tous genres, mais toutes ces politiques ont échoué. Échoué faute de volonté, faute de moyens, faute de services publics en tous genres. Ce n’est pas qu’on n’a pas dépensé d’argent, bien au contraire, mais cet argent a alimenté toutes les filières « associatives » possibles et imaginables, tous les spécialistes de la chasse aux subventions, mais ni poste de police, ni écoles modèles, ni services postaux à la hauteur.

5. Enfin, il y a une bataille « idéologique », si on veut user de cette expression. La bataille commence à l’école, à condition de cesser de faire de l’école le théâtre expérimental des gadgets pédagogistes. Il faut restaurer une véritable instruction fondée sur l’apprentissage des savoirs fondamentaux : lire et écrire correctement, apprendre le respect de la loi en apprenant l’orthographe et la grammaire, apprendre l’histoire, sans chercher à faire plaisir à tout le monde. L’école n’est pas un « service public » comme l’eau et le gaz. Elle est une institution politique. Elle doit faire des savoirs objectifs sa valeur suprême. Quand on sait le nombre de classes où il est impossible d’enseigner l’extermination des Juifs d’Europe ou la théorie de l’évolution, quand le ministère lui-même recommande au nom de « l’enseignement moral et civique » qu’on ne mette pas en concurrence science et religion, comment peut-on lutter contre le salafisme qui est le tremplin idéologique du jihadisme ? La théorie de l’évolution est vraie, ça ne se négocie pas. Le crime majeur en Europe, ce fut l’extermination des Juifs opérée par l’Allemagne nazie, pas les croisades. Et si l’on doit parler sérieusement de la traite des Noirs, il ne faut jamais passer sous silence que celle-ci a été « inventée » par les Arabes et rendue possible parce que de nombreux royaumes africains capturaient eux-mêmes les esclaves pour les revendre aux trafiquants. Et s’il faut parler des Croisades, ne pas oublier que les Arabes n’étaient pas « chez eux » au Levant qu’ils avaient conquis par la force des armes, comme ils ont conquis et soumis les populations berbères d’Afrique du Nord. Bref l’histoire, pas ces prêches larmoyants où les Européens sont invités à se battre la coulpe au nom du respect des autres cultures. Du reste la culture est une. Il y a une culture humaine, dont Averroès est partie prenante au même titre que saint Thomas. Mais l’école n’a pas à se faire le relais de tous les obscurantismes et à considérer comme équivalentes les fables obscurantistes et la vérité scientifique.

La bataille idéologique demande aussi la plus grande clarté sur les principes politiques. Tout le monde parle de la République et s’empare du drapeau tricolore. Mais ce que sont les principes républicains, on semble bien souvent l’ignorer. Le premier de ces principes, celui qui figure dans la déclaration de 1789 est que la souveraineté réside essentiellement dans la nation. Ce qu’est la nation demande que l’on sache qui est un citoyen français. Peut-on défendre la République en commençant par déchirer le code de la nationalité et mettre en pièces le droit du sol qui définit la République française comme une association politique et non comme une « nation ethnique ». Si un citoyen français est un criminel, il reste français et ressortit au droit de notre pays. La déchéance de la nationalité pour certains terroristes apporterait tout simplement de l’eau au moulin de ceux qui veulent communautariser le pays et opposer les Français (les « croisés ») aux vrais musulmans qui ne doivent obéissance qu’à la charia. Comment combattre les jihadistes en leur donnant raison sur cette question si essentielle ?

Deuxième principe : la République française est une république laïque, démocratique et sociale. Elle est une et indivisible (voir article I de la Constitution). Le caractère laïque de la République est défini dans la loi de 1905 qui affirme que la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte, ce qui est le corollaire logique du principe de la liberté de conscience. Une religion doit pouvoir être pratiquée librement sans discrimination ni privilège particulier. Selon la loi, les associations cultuelles s’occupent de leurs ouailles, sans que l’État vienne s’immiscer dans leur gestion. En revanche, aucune religion ne peut demander pour elle-même des exemptions du droit commun. Par exemple aucune religion ne peut demander que les horaires de piscine prévoient des plages réservées aux femmes. L’espace public dans notre pays ne discrimine pas les hommes et les femmes. L’ordre public ne tolérerait pas que des individus circulent affublés de cagoules et donc le niqab et la burqa n’y ont pas leur place. Plus généralement, l’unicité de la République implique non pas le « multiculturalisme », mais l’assimilation. Ceux qui ne peuvent supporter ni l’enseignement de l’école de la République, ni les lois de notre pays, ni nos coutumes, ne sont pas obligés de vivre en France. Nul doute que l’Arabie Saoudite leur ouvrira grand les portes. Par contre, tous ceux qui, quelle soit leur origine ou leur religion, veulent vivre en paix dans ce pays y ont leur place et peuvent selon les termes de la loi acquérir la nationalité française – pour ceux qui ne l’ont pas à la naissance. Une politique active d’assimilation pourrait ainsi fort bien s’accompagner d’un plus large accès à la nationalité française pour tous les étrangers qui le désirent. L’assimilation ne veut pas dire le nivellement. Les particularités des régions françaises ne sont pas supprimées par leur appartenance à la République. Fêtes, associations culturelles, pratiques communautaires, etc. ne sont pas contradictoires avec l’assimilation. On peut commémorer l’aïd tout en étant un citoyen français comme les autres. Les limites sont comme toujours celles que la loi a fixées.

Enfin, pour que l’égalité et la fraternité ne soient pas des mots creux, il faut évidemment traquer les discriminations à l’embauche qui frappent trop souvent ceux dont le nom sonne arabe ou qui n’ont pas la « bonne » couleur de peau. Traquer également les discriminations qui concernent l’accès au logement. Bref, faire ce qui sera bon pour empêcher le ressentiment, souvent légitime, qui sert de terrain au jihadisme. Il faudrait donc prendre au sérieux la déclaration selon laquelle la république est « sociale ». Cesser de se préoccuper des problèmes « sociétaux » du 4e arrondissement de Paris, pour s’occuper enfin des problèmes sociaux de ces millions de Français qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Et surtout redonner un espoir qui puisse avoir une incarnation politique. Les dominants pensaient être débarrassés des turbulences révolutionnaires de la jeunesse en l’abreuvant de gadgets et de vidéos débiles. À certains égards, le fondamentalisme islamiste (mais aussi à l’inverse le lepénisme et l’identitarisme) sont le prix fort à payer de la liquidation de toute idée révolutionnaire, cette idée qui constituait le véritable soubassement de la République, celle qui fut si longtemps traitée de gueuse par les « belles gens ».

6. Dernier point : faut-il interdire l’expression des opinions salafistes ? Fermer toutes les mosquées où s’enseigne cet islam fondamentaliste qui sert de terreau au jihadisme peut sembler aller de soi. Mais cela aurait la conséquence fâcheuse de violer une norme fondamentale de la République : « nul ne peut être inquiété pour l’expression de ses opinions, même religieuses ». On peut certes expulser, au nom de l’ordre public les imams salafistes étrangers, interdire les financements des mosquées et autres institutions par des puissances comme l’Arabie Saoudite et le Qatar – ce dernier pays a mis de l’argent dans le commerce de la pénétration islamiste dans les banlieues, mais comme c’est un ami de la France et le propriétaire du PSG, on ferme pudiquement les yeux. On peut refuser les subventions publiques à des associations douteuses – les religieux sont des spécialistes de la chasse aux subventions publiques.

Toutes ces mesures, cependant, ne jouent qu’à la marge. Sur le fond, rien ne nous autorise à poursuivre les prêches salafistes ni à interdire les livres dès lors qu’ils n’appellent pas au meurtre et n’incitent pas à la haine raciale. C’est seulement par la bataille des idées et par l’éducation que l’on peut combattre les idioties obscurantistes de ces imams. Au fond sur l’attitude à adopter vis-à-vis de ces sectes, je ne peux que renvoyer au passage que John Rawls consacre à la tolérance à l’égard des intolérants dans la Théorie de la Justice.

Encore une fois, il s’agit d’abord d’une bataille politique, d’une bataille d’idées qui ne peut être gagnée par des mesures de police. Au lieu du bavardage sur les « valeurs », c’est bien encore de la défense de la république laïque démocratique et sociale dont il s’agit.

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Document - Léon Blum : "Le Parti socialiste et l'Ecole" (1929)

Ou Quand l'anti-cléricalisme était pour les socialistes une forme de la lutte de classe

par ReSPUBLICA

 

Voir ce qu’étaient les positions socialistes en matière de laïcité lors du XXVIe congrès national du Parti socialiste S. F. I. O., tenu à Nancy les 9, 10, 11 et 12 juin 1929, procurera un choc rétrospectif. Les séquelles de la loi de 1905 continuaient à se faire sentir en Alsace et à l’égard des Congrégations,  c’est l’occasion pour Blum, dans la fidélité à Jaurès, d’un propos ferme et clair sur un enseignement public « nationalisé » tourné vers l’émancipation.

Extrait de la résolution adoptée :

Dans sa bataille quotidienne, le socialisme trouve devant lui l’Église, hostile de même qu’à partir de la Révolution française, l’Église s’est alliée aux adversaires des droits de l’homme, de la République et de la démocratie, que la papauté n’a pas cessé de les condamner en principe et le clergé de les combattre en fait, de même elle a fait un pacte dès la naissance du socialisme avec le grand capitalisme. Le capitalisme a mis sa puissance au service des prétentions cléricales; l’Église a mis son pouvoir au service du privilège capitaliste. Tels ils se trouvent toujours étroitement associés dans la commune résistance aux aspirations populaires, tels ils s’unissent en Italie pour asservir le peuple à la double contrainte de l’oppression dictatoriale et de la tutelle cléricale, tels on les voit en France s’appuyant l’un sur l’autre, poursuivre ensemble la conquête du pouvoir politique, peser ensemble sur leurs communs intérêts sur les gouvernements, les assemblées, la presse et le corps électoral, enfin s’assurer ensemble, par la pression et la menace, la soumission des individus et des familles qu’ils tiennent à leur merci. Pour toutes ces raisons tant doctrinales que politiques, le PS est anticlérical, c’est-à-dire au sens propre du terme, résolument opposé aux empiétements de l’Église sur tout ce qui n’est pas du domaine de la conscience. Le PS est anticlérical en tant qu’il rencontre l’Église dans toutes les entreprises de réaction politique et de conservatisme social. L’anticléricalisme pour lui, loin d’être raillerie mesquine ou persécution sectaire, signifie au contraire défense de la liberté pour tous, protection assurée de tous, contre toutes les forces coalisées de contrainte et devient une forme de sa lutte de classe.

Lire le compte rendu sténographique intégral en mode image sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109573r/f420.image de la page 417 à la page 423.

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Soixante-dixième anniversaire : « La Sécurité sociale vous appartient »

par Michel Cialdella

 

A l’occasion du 70e anniversaire de la Sécurité sociale, il faut rappeler que l’Histoire ne sert pas à célébrer le passé mais à écrire l’avenir, et qu’il est indispensable de garder la connaissance sur le passé pour analyser correctement le présent, ses contradictions, ses potentialités. Pour éclairer l’avenir, il faut savoir d’où l’on vient.

La sécurité sociale est née d’une volonté du Conseil National de la Résistance dont le programme doit beaucoup à la CGT et au Parti communiste français. Sait-on assez que le principal rédacteur de ce programme est le communiste Pierre Villon, résistant de la première heure. Programme qu’il a élaboré en liaison avec Jacques Duclos et Benoît Frachon.

Ce programme est adopté à l’unanimité le 15 mars 1944. Il prévoit : « Un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ».

Il restait à construire l’organisme qui comprend 4 branches : Maladie, Accidents du travail et Maladies professionnelles, Vieillesse et Famille. Après un long travail de la commission sociale de l’assemblée provisoire, présidée par Ambroise Croizat, qui ne part pas de rien puisque dès avril 1944, à Alger, il impulse un groupe de travail de l’assemblée consultative provisoire sur le sujet (1). Le projet d’ordonnance organisant la sécurité sociale, est un rapport présenté par Georges Buisson (CGT), le 24 juillet 1945, est adopté par l’assemblée consultative provisoire par 190 voix pour et une voix contre. La seule voie ouvertement hostile est celle de Joseph Denais (droite) mais il y a 84 abstentions pour la plupart des députés MRP, la CFTC et quelques radicaux. Ce qui invalide la thèse de l’unanimité ?

C’est Alexandre Parodi, ministre du Travail, qui signe les ordonnances du 4 et du 19 octobre 1945. De Gaulle, à qui certains attribuent un peu vite la Sécu, ne les a pas signés. Il est à Moscou ce jour-là.

Le 21 octobre 1945, le PCF obtient 26,2 % et 159 députés à élection de l’assemblée constituante (2). Le PCF devient le premier parti de France. Le Parti socialiste obtient 23,5% et 139 députés. La gauche est majoritaire avec 60% des voix.

De 1945 à 1947, la CGT voit le nombre de ses adhérents passés de 4 à 6 millions (3).

Au-delà des chiffres cette dynamique crée un rapport de force favorable aux travailleurs. Il est utile de le rappeler au moment où d’aucuns tentent de nous faire oublier l’utilité des luttes sociales et criminalisent l’action syndicale.

C’est dans ce contexte que le 22 novembre 1945, soit 32 jours après la publication des ordonnances, Ambroise Croizat devient ministre du Travail et de la Sécurité sociale. Il est chargé de mettre en place ce grand organisme (4). Pour cela, il organise des centaines de réunions avec les gens concernés (5).

La droite ne renonce pas

Le 22 décembre 1945, 79 jours après la publication des ordonnances, le MRP présente une proposition de loi (6), qui a pour objet de modifier l’ordonnance du 4 octobre 1945. On devine dans quel sens.

De Gaulle démissionne du gouvernement le 20 janvier 1946 ce qui le met dans l’impossibilité de faire quoi que ce soit pour la Sécurité sociale.

Pire, en 1948, dans son discours de Compiègne, de Gaulle met l’accent, , sur la nécessité de réduire les dépenses sociales, je cite « réduire les dépenses de manière durable et effective ; cela comporte, en effet, la suppression de services entiers, la mise en ordre radicale des entreprises nationalisées, la réforme profonde du fonctionnement des assurances sociales… » (7) . Voilà, pour l’apport de Gaulle à la Sécu, qu’il appellera toujours « les assurances sociales ».

Le patronat ne renonce pas non plus

La CGPF ( Confédération Générale du Patronat Français), qui avait collaboré avec le régime de Pétain et l’Allemagne nazie, change de nom. L’organisation patronale devient C.N.P.F le 21 décembre 1945, et tente de se refaire une virginité en allant chercher pour la présidence un certain Georges Villiers, dirigeant de PME, estampillé résistant, bien que maire de Lyon de 1941 à 1943, sur proposition de François Darlan, chef du gouvernement de Vichy. Dès 1948,le CNPF soutient que « la Sécurité sociale met en danger l’économie du pays »

le 10 novembre 1948, la chambre de commerce de Paris prétend que : « La Sécurité sociale est devenue pour l’économie, une charge considérable. » Dans la foulée, elle fustige les salariés qui selon elle « ont profité de traitements dont ils n’avaient peut-être pas un besoin certain, la moindre maladie a été le prétexte de repos. L’absentéisme s’est développé ». 70 ans plus tard, ils ont du mal à se renouveler.

En 1949, Paul Reynaud (président du conseil, aujourd’hui on dirait premier ministre) dénonce : « la charge excessive des cotisations sociales qui rend notre situation économique intenable ». Incompétence ou mauvaise foi ? Sans doute les deux car nous avons eu ont ensuite, ce qu’ils ont eux-mêmes appelé les « Trente glorieuses ».

Ce qui n’empêche pas certains de chercher à masquer l’enjeu de classe.

Ainsi, en 2013, dans un livre publié à la documentation française, Benjamin Ferras inspecteur des affaires sociales prétend que les entreprises ont accepté de contribuer au système d’assurances sociales. (8).

Pour la sociologue Colette Bec, « le programme du CNR est emblématique d’un consensus et, au-delà, le signe d’une unanimité nationale.». (9). Il faut oser !

Les gouvernements ainsi que les grands médias font de Pierre Laroque le père de la Sécurité sociale. Ce qui est extraordinaire, car c’est la seule grande réforme qui porte le nom d’un directeur de cabinet alors que toutes les réformes même les plus rétrogrades portent le nom du ministre, par exemple : Balladur, Juppé, Fillon, Douste-Blazy.

Je ne conteste pas le rôle important de Pierre Laroque qui a mis en forme juridique les longs travaux de la commission sociale, mais ainsi que l’indique le chercheur américain Henry C. Galant : « les défenseurs les plus actifs du nouveau plan de sécurité sociale et de son application étaient les communistes et la CGT… qui était de loin le syndicat le plus puissant. » (6). La mise en valeur de Pierre Laroque sert à masquer les luttes sociales.

Pour pouvoir mettre en place la sécurité sociale à partir du 1er juillet 1946. Le gouvernement reçu « l’appui efficace des dirigeants communistes comme d’ailleurs des éléments non communistes de la CGT… la centrale syndicale qui était, à cette époque, sans nul doute, l’organisation professionnelle la plus représentative.» «… c’est grâce aux efforts de la CGT que les caisses furent prêtes à fonctionner à la date prévue ». Relève Henry C. Galant chercheur américain.

A sa manière Pierre Laroque, qui fut Directeur Général de la Sécurité Sociale, dans un entretien à la revue Le Droit Ouvrier (10) d’octobre 1995, paru à l’occasion du 50e anniversaire de la Sécurité sociale, rend hommage à la CGT : « Nous avons eu la chance, si c’est une chance, que la CGT ait été pratiquement seule en 1945 à représenter le monde du travail ».

Tout au long de ces 70 années, les attaques contre la sécurité sociale n’ont pas cessé. Au prétexte d’un déficit que gouvernement et patronat ont eux-mêmes organisé. En effet, lorsque l’on décide entre gens « intelligents », de geler les taux de cotisations, en 1979 pour la retraite et en 1984 pour la maladie, indépendamment des besoins, nous avons, non pas un déficit, mais un besoin de financement.

La Sécu n’est pas un commerce, mais un formidable moyen de permettre l’accès de tous aux soins de qualité, à la retraite, et aux allocations familiales qui ne sont pas une aide aux pauvres mais un complément de salaire qui reconnait le travail de la famille auprès des enfants. En 1945, Croizat fait passer la cotisation de 16 à 32 %. Il triple les allocations (indexées sur les salaires) qui représentent alors la moitié du salaire des familles populaires, ouvrières ou employées.

Les agitateurs du trou abyssal comptent pour peu de chose les millions de personnes qui ont pu, grâce à la Sécurité sociale, être soignées, avoir la vie sauve, et puissent finir leur vie dans la dignité. Même si je suis conscient qu’il reste beaucoup à faire dans ce domaine.

Pierre Laroque, dans un avant-propos paru dans la revue française des affaires sociales, (juillet-septembre 1985) à l’occasion des 40 ans de la Sécurité sociale écrivait : « le risque existait qu’une sécurité généralisée conduisit à développer chez les travailleurs un optimisme égoïste, à courte vue, une tendance à se laisser vivre, à s’endormir dans la satisfaction d’une médiocrité permanente ». Dans le même avant-propos il écrit :  » Il serait raisonnable, comme l’on a d’ailleurs commencé à le faire, d’augmenter la cotisation des bénéficiaires, et peut-être aussi celle de la collectivité, tout en réduisant celle des entreprises « … Si l’on ajoute qu’en 1993 dans un livre de souvenirs, le même Pierre Laroque se prononce contre la retraite à 60 ans qu’il considère comme une erreur. Il montre ainsi ses limites de progressiste.

La gestion

Pendant les 15 premières années, les travailleurs, et notamment les ouvriers, qui disposaient des 3/4 des sièges, ont géré complètement les caisses de Sécurité sociale. Montrant ainsi la capacité de la classe ouvrière à gérer un budget supérieur à celui de l’Etat. Ce qui est insupportable au patronat et à ses soutiens. En conséquence, dès 1960, l’État à mis la main dessus, renforçant les pouvoirs du directeur au détriment des conseils d’administration élus. (Décret du 12 mai 1960) (11).

À chaque réforme c’est un peu moins de pouvoir pour les conseils d’administration, ou les représentants des salariés ont disposé des 3/4 des sièges jusqu’à la réforme de 1967. Cette réforme De Gaulle / Jeanneney vise entre autres à marginaliser la CGT et à donner le pouvoir réel au patronat. Il suffit à celui-ci de trouver un syndicaliste jaune, pour avoir la majorité.

Cette réforme met fin (au moins pour l’instant) aux élections des conseils d’administration. Le paritarisme est instauré.

En 1983 le gouvernement Mitterrand rétablit les élections avec la majorité des sièges aux salariés, mais sans redonner toutes ses prérogatives au Conseil d’administration. Élus pour six ans les Conseils d’administration auraient dû être renouvelé en 1989. Le gouvernement socialiste les a repoussés jusqu’en 1995, datte à laquelle, les ordonnances Juppé les ont supprimés et ont réinstauré le paritarisme.

En 2001, le patronat quitte les caisses de Sécurité sociale. Pendant 3 ans leur absence n’a pas empêché les caisses de Sécu de fonctionner ! Pour l’anecdote, à la CPAM de Grenoble, la CFDT a demandé que l’on garde des places dans les commissions pour leur retour…..

En 2004, c’est la loi dite Douste-Blazy qui supprime carrément les conseils d’administration pour y substituer des conseils d’orientation. Le patronat qui a obtenu en partie satisfaction revient dans les caisses de Sécurité sociale.

Cette loi qui donne les quasi-pleins pouvoirs au directeur Général de la CNAMTS, fait entrer les complémentaires (assurances privées et mutuelles) dans une union nationale des caisses complémentaires d’assurance-maladie (UNOCAM), où elles disposent du pouvoir de peser sur les remboursements. Cette loi ouvre la voie à la privatisation.

La propriété

Pierre Laroque, s’il n’est pas le père de la Sécurité sociale, avait bien compris l’objectif et rappelait en 1946 : « Nous voulons que demain, les travailleurs considèrent que les institutions de Sécurité sociale sont des institutions à eux, gérées par eux et où ils sont chez eux ».

La Sécurité sociale française est un organisme de droit privé exerçant une mission de service public. Elle n’a ni actionnaires ni PDG. Elle est une propriété sociale. Elle est également la démonstration que nous pouvons nous passer des patrons, et du crédit. Les gouvernements qui doivent exercer une garantie et un contrôle a posteriori n’ont pas de légitimité pour la détruire.

On nous parle souvent de la dette que nous laisserions à nos enfants. Thème sur lequel il y aurait beaucoup à dire !

Dans un important ouvrage, l’anthropologue et économiste américain David Graeber écrit : « Depuis des millénaires, les violents disent à leurs victimes qu’elles leur doivent quelque chose. Au minimum, elles « leur doivent la vie », puisqu’ils ne les ont pas tuées« . (12)

Nous avons le devoir de leur transmettre une Sécurité sociale encore plus performante que celle que nos anciens nous ont léguée. Loin d’être dépassé, elle est d’une grande modernité comme l’est le programme du Conseil National de la Résistance. Ce qui devrait nous inciter à continuer l’oeuvre de ses fondateurs. En faisant plus et mieux dans une France immensément plus riche. Songez que de 1950 à 2013 la richesse monétaire a été multipliée par 7,2 selon l’INSEE.

La Sécurité sociale est un enjeu de classe. Seule la lutte consciente des salariés permettra que le 70e anniversaire soit celui de sa reconquête.

 

Bibliographie.

1 – Ambroise Croizat ou l’invention sociale. Michel Etiévent. Editions GAP – 2012

2 – L’archipel communiste – Une histoire électorale du PCF – Roger Martelli – Editions sociales – 2008.

3 – La CGT de la Libération à la scission de 1944 à 1947 – Annie Lacroix-Riz – Editions sociales – 1983.

4 – Un siècle de réformes sociales. Une histoire du ministère du Travail. 1906-2006. La documentation française. Octobre 2006.

5 – Pierre Villon, résistant de la première heure. Pierre Villon, membre fondateur du conseil national de la résistance s’entretient avec Claude Willard. Éditions sociales. 1983.

6 – Histoires politiques de la sécurité sociale française. 1945-1952. Henry C. Galant. Comité d’histoire de la sécurité sociale. Édition 2005.

7 – Traité de Sécurité Sociale : le droit de la Sécurité sociale. Yves Saint-Jours ; L.G.D.J. 1984.

8 – La protection sociale en France. Sixième édition. Sous la direction de Marc de Montalembert. La documentation française. 2013.

9 – La sécurités sociales. Une institution de la démocratie. Par Colette Bec (sociologue). 2014.

10 – Le Droit Ouvrier d’octobre 1995

11 – Décret n° 60-452 du 12 mai 1960 relatif à l’organisation et au fonctionnement de la Sécurité sociale.

12 – DETTE 5000 ans d’Histoire – David Graeber – Les Liens qui Libèrent – 2013.

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Le Front national et les fonctionnaires

Une étude du CEVIPOF

par ReSPUBLICA

 

Cette note sur l’analyse du vote FN chez les fonctionnaires corrobore et amplifie l’analyse faite par ReSPUBLICA au lendemain du deuxième tour des régionales : voir http://www.gaucherepublicaine.org/chronique-devariste/regionales-2015-le-processus-de-decomposition-de-la-gauche-de-la-gauche-est-engage/7397189.
Précisons que les fonctionnaires de catégorie C dont il est question ici s’apparentent aux ouvriers et employés évoqués dans notre texte.
Lire l’étude de Luc Rouban, décembre 2015 : Etudes – fonctionnaires et FN
Résumé :

L’implantation du Front national (FN) au sein des trois fonctions publiques s’est confirmée de manière impressionnante lors du premier tour des élections régionales de 2015. Il s’agit d’un changement qualitatif car le Front national conquiert un univers socioprofessionnel qui lui était traditionnellement hostile et prend même racine au coeur du monde enseignant. Cet ancrage du FN chez les fonctionnaires suit néanmoins les lignes d’une fracture sociale qui sépare les cadres des agents d’exécution? Ce clivage est particulièrement puissant dans la fonction publique hospitalière (FPH).

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La crise économique est-elle de retour ?

par ReSPUBLICA

 

Janvier 2016 : l’économie mondiale tangue. Les bourses décrochent. La nervosité des marchés est de plus en plus visible. « Les contradictions s’aiguisent entre impérialismes. » Comme nous sommes dans le très court terme, donc dans le très complexe, il faudrait être dedans pour savoir exactement ce qu’il se passe. Ce qui semble clair néanmoins, c’est que la Chine en arrive à ce qui était prévisible : la crise du profit au Nord et le ralentissement de la rente au Sud finissent par peser sur la croissance des ateliers du monde asiatique, eux-mêmes confrontés aux revendications économiques et sociales de leurs ouvriers (salaires, etc.) et de leurs classes moyennes émergentes (pollution, etc.), pendant que les politiques monétaires au Nord se révèlent incapables de soutenir l’activité réelle. On s’aperçoit que, depuis 20 ans, on ne fait qu’alimenter des bulles, avec une forte progression aujourd’hui par injonction massive d’argent due à la Réserve fédérale, à la BCE, au Japon et maintenant à la Chine. Même les économistes « bourgeois » commencent à s’en inquiéter sérieusement, plus lucides qu’une gauche de la gauche qui ne veut voir que des erreurs de gestion du système pour pouvoir proposer ses élucubrations « alter ».

Et que fait notre BCE ?

Elle continue, ce qui est son rôle, de faire le jeu des puissants. Au détriment des intérêts du peuple grec, elle a sauvé les banques françaises et allemandes en leur permettant de se débarrasser de leurs titres grecs, aujourd’hui dans les mains des institutions publiques de l’UE, du FMI et de la BCE. Sa politique d’« assouplissement quantitatif » (QE) poursuit le transfert de richesse au profit de l’oligarchie. Elle a montré que la lutte contre les politiques d’austérité ne peut pas se faire dans la zone euro. La recapitalisation des banques grecques va de pair avec le renforcement du secteur privé, contre les services publics. Et pendant ce temps-là, la gauche de la gauche vibrionne de propositions de modifications restant à l’intérieur du système : monnaie commune, démocratisation de la BCE, possibilité de faire faire à l’Allemagne ce qu’elle ne veut pas faire, etc. alors que le changement ne serait possible qu’au moment d’une crise paroxystique majeure. Mais dans ce cas, il faut s’y préparer et non faire croire à des changements « alter » possibles dans le système.

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  • Politiques austéritaires néolibérales

Premier décrochage du siècle de l’espérance de vie en France pour les deux sexes

par Bernard Teper

 

Les néolibéraux de droite ou de gauche ont fait mine de croire que l’on pouvait continuer à appliquer des politiques d’austérité notamment sur la protection sociale pour privatiser les profits et socialiser les pertes sans conséquences pour les citoyens et leurs familles.

Déjà, en 2012, l’espérance de vie des femmes avait diminué de 0,2 an mais un black-out conséquent des médias néolibéraux avait masqué la nouvelle. Il est vrai que cela était dû principalement à la surmortalité lors d’un grand froid début février qui avait atteint de nombreuses femmes âgées vivant seules ou dans des « mouroirs » manquant d’équipements et de personnel.

Mais cette fois-ci, dans le bilan démographique 2015 de la France de l’Insee, ce sont les deux sexes qui sont concernés et sur un volume plus important. L’espérance de vie à la naissance en 2016 est en diminution chez les hommes (78,9 ans, soit – 0,3 an) comme chez les femmes (85 ans, soit – 0,4 an). Nous serons donc attentifs pour les années suivantes. L’Institut de veille sanitaire parle de 3 300 décès supplémentaires dus à la canicule et 18 000 décès liés à une épidémie de grippe. Conclusion : le système de santé français n’est plus capable de faire face aux canicules, au grand froid, et à des épidémies de grippe. Et on accepterait cela, une année sur deux, comme une fatalité ?

L’autre raison serait le vieillissement de la population, qui est indéniable. Mais personne ne pourra cacher la baisse des naissances et la hausse des décès qui sont engagés en 2015 : 40 000 décès en plus (pour un total de 599 000) – un niveau que nous n’avons jamais atteint depuis la Libération – et 20 000 bébés en moins (pour un total de 791 000). Le solde dit naturel (naissances diminué des décès) qui en résulte (200 00 personnes) est en baisse de 22,8 % par rapport à 2014, ce qui n’est pas rien. Quant au solde migratoire, il est positif de 47 000 personnes. Donc avec l’augmentation de 247 000 personnes, la population française est aujourd’hui de 66,6 millions de personnes en deuxième position dans l’UE.

Ajoutons qu’on se marie moins, de plus en plus tard, et que le service public de la petite enfance est de moins en moins à la hauteur des enjeux du désir d’enfant, tant pour les couples mariés que pour les autres. En 20 ans, l’âge du mariage est passé de 32 ans et 6 mois à 37 ans et 4 mois pour les hommes, et de 30 ans à 34 ans et 9 mois pour les femmes.

Combien d’années faudra-t-il attendre pour comprendre l’effet des politiques d’austérité sur longue période ? Et enfin agir !



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