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Chronique d'Evariste
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De quoi le « Brexit » est-il le nom ?

par Évariste

 

En simplifiant à l’extrême, il s’agit d’une « sortie de secours » de l’Europe… mais par la droite.

Pour paraphraser le vieux Marx, tout matérialiste se doit d’abord de manier la dialectique. En suivant cette méthode, le « Brexit » indique, en fait, qu’une fraction significative de la classe bourgeoise anglo-saxonne ne retrouve plus son compte dans son alliance avec la micro-couche financière. La contradiction interne à la bourgeoisie est telle qu’elle remet en cause le dispositif de pouvoir en Europe.

Le cliquet ayant sauté, nous allons donc assister à une accélération de la décomposition de l’institution européenne dans les mois et les années à venir. L’alliance de classe est rompue. Car la récession est passée par là depuis dix ans : après les couches populaires et intermédiaires, la petite-moyenne bourgeoisie commence aussi à souffrir, en particulier en raison de l’effritement des revenus de son épargne et de ses rentes, et cela dans tous les pays d’Europe. Les injections de liquidités (QE), les taux négatifs, sont certes indispensables pour sauver le système financier et bancaire, mais cela engendre une dévalorisation des actifs au détriment de la classe bourgeoise classique. Bref, la micro-couche financière saigne le rentier !

Hélas, dans cette fin de cycle historique, la droite dispose d’une énorme longueur d’avance. Nous payons cash le « refus devant l’obstacle » de Tsipras et du gouvernement grec de Syriza en juillet 2015. Car la sortie de l’Europe par la gauche est pour le moment encore introuvable. La droite mène la danse dans l’espace occidental ! A Londres avec Boris Johnson et à Washington avec Donald Trump, un projet cohérent de gouvernance droite/extrême droite est en passe de se mettre en place.

Rien de comparable à gauche sur le continent européen n’est à l’œuvre pour l’instant. Car la vraie gauche hésite encore sur la nature de l’Union européenne, la ligne mythique de transformation vers une Europe dite « sociale » est encore majoritaire dans notre camp. Le soutien critique à la ligne du chef travailliste britannique Corbyn ou du cinéaste Ken Loach en est l’expression. Il suffisait pour s’en convaincre d’observer la Une de L’Humanité le jour du vote du référendum britannique : son journaliste Bruno Odent théorisait le vote « Remain » au nom d’une Europe protectrice des acquis sociaux (sic) ! Visiblement, le Parti communiste fait semblant de ne pas comprendre la nature objectivement anti-populaire de l’Europe de la récession et de la liquidation des droits des salariés… et ceci en pleine mobilisation contre la loi Travail, voulue par Jean-Claude Juncker et la finance luxembourgeoise. Ceux qui tentent de ranimer « le cadavre à la renverse » qu’est devenue l’Europe mènent la gauche vers une impasse.

Autre élément indiquant qu’un bloc du sud européen anti-austérité est encore loin : les élections législatives du 26 juin en Espagne. La relance du processus interrompu en juillet 2015 à Athènes n’a pas eu lieu.

Unidos-Podemos n’a pas tenu ses promesses. Visiblement les mois de tractations politiciennes ont banalisé ce rassemblement. La gauche n’a pas réussi à mobiliser l’électorat populaire, le taux de participation s’étant effondré à 52 %. Ainsi, Unidos-Podemos reste en troisième position derrière le PSOE. Les raisons de cet échec sont certainement multiples, mais la confusion de la gauche espagnole sur l’Europe joue, là aussi, un rôle primordial. Car le leader de Podemos s’est tout de même prononcé pour le Remain la semaine dernière !

Nous sommes encore bien loin de la création d’une plate-forme internationale, une sorte de programme minimum de la gauche du Sud regroupant les partis et organisations portugaises, espagnoles, françaises, italiennes et grecques. L’ambiguïté politique peut avoir des mérites tactiques, la confusion jamais.

Paradoxalement c’est en France qu’existent quelques lueurs d’espoir et de clarification pour une position de gauche sur l’Europe.

En plein renouveau du mouvement social, Jean-Luc Mélenchon explicite son opposition aux traités européens. Son nouveau slogan « l’Europe, on la change ou on la quitte !» a au moins le mérite de la clarté. C’est une évolution positive. Par sa preste déclaration de candidature à l’élection présidentielle, il peut développer à fond une pédagogie critique sur l’Europe du Capital financier et déclencher une vague de fond politique.

Mais il lui faudra encore approfondir l’argumentaire pour ne plus laisser planer le doute sur sa stratégie et convaincre les classes populaires : si les traités ne sont pas modifiés, ce qui sera le cas à 99,9 %, il faudra que la vraie gauche appelle à quitter l’Union européenne.

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Europe : comment trouver la « sortie de secours » sur la gauche ?

par Bernard Teper

 

Accélération et clarification de l’histoire

L’histoire vient de montrer la justesse des deux articles du dernier numéro de ReSPUBLICA, l’article « A la une »  et la chronique d’Evariste. Nous venons de vivre les 23 et 26 juin dernier deux suffrages populaires plein d’enseignement : le Brexit britannique et la continuation du recul du parti socialiste espagnol mais pas encore dépassé par l’alliance de gauche anti-austérité Podemos-Izquierda Unida.

Il va donc falloir intégrer plusieurs enseignements si l’on veut enfin construire une gauche de gauche sur les décombres de la gauche de la gauche.

La décomposition de la gauche de la gauche française a franchi un nouveau seuil

Le Parti communiste a mis la veille du vote du Brexit britannique à la Une de l’Huma la vidéo suivante https://www.youtube.com/watch?v=KxHiR5s5lDA où un journaliste proche de la direction du PCF développe l’idée que la sortie de l’Union Européenne « ferait monter les périls nationalistes en Europe » et que la solution serait de rester dans l’UE et la zone euro pour mener ultérieurement une politique progressiste anti-austérité. Il persiste dans l’illusion de l’UE sociale. Alors que l’UE, la zone euro et la stratégie de Lisbonne1 sont des carcans constitués pour empêcher toute politique progressiste anti-austérité. Conformément à l’analyse de la dernière chronique d’Evariste, c’est bien la classe populaire ouvrière et employée du Nord et du centre de l’Angleterre et du Pays de Galles qui a permit le Brexit contre les positions des trois leaders européistes, Cameron pour le parti conservateur, Jérémy Corbyn pour le parti travailliste et Nicola Sturgeon du Parti national écossais. Répéter c’est enseigner : il n’y aura plus jamais dans l’avenir de politique progressiste contre la classe populaire ouvrière et employée majoritaire en Grande-Bretagne ou en France. Une politique progressiste est possible sans la classe populaire ouvrière et employée dans les pays sous-développés mais plus dans les pays développés.

Là où la direction du PCF poursuit son erreur historique, c’est que « la montée des périls nationalistes », qui est bien réelle et très dangereuse pour les partisans de l’émancipation humaine, n’est pas due au Brexit mais est due à la conjonction (comme dans les années 30) des lois tendancielles du capitalisme et de l’incapacité de la gauche de la gauche d’être à la hauteur des enjeux (coupure avec la majorité ouvrière et employée, soutien majoritaire à un communautarisme exacerbé, illusion sur la possibilité de l’UE sociale, croyance que l’on peut ne pas tenir compte de toutes les lois tendancielles du capitalisme, faible empathie pour son propre camp, croyance que l’on peut garder le capitalisme sans la finance, etc. Et comme aujourd’hui, le capitalisme n’est plus en mesure de maintenir des taux de profits élevés dans l’économie réelle mais ne peut les maintenir que dans la spéculation financière internationale, il ne peut plus y avoir de politique progressiste dans le capitalisme. Même si c’est éloigné des positions de TF1, France 2, BFM et Itélé, chaque événement nouveau nous donne des arguments nouveaux pour cette thèse. Comprenons que la poussée des extrêmes droites est comme dans les années 30, l’alternative néolibérale possible pour le patronat si l’alternance sans alternative des partis socialistes et de droite ne réussit plus à faire de plus en plus d’austérité. Répéter, c’est enseigner : aujourd’hui, le capitalisme ne peut plus survivre sans l’intensification toujours plus brutale des politiques d’austérité. Et c’est le rôle de l’Union européenne, de la zone euro et de la stratégie de Lisbonne de permettre cette intensification. Et c’est le rôle de l’oligarchie capitaliste (le grand patronat et ses élites politiques, économiques et médiatiques) de décider s’il doit continuer la tactique actuelle où s’il lui faudra changer de tactique. Car il est vrai que dans la période longue qui s’avance, comme dans les années 30, c’est bien une course de vitesse entre une gauche refondée et la future alliance néolibérale d’une partie de la droite et de toute l’extrême droite qui est la bataille de demain.

Plutôt que de geindre sur le Brexit et des sorties de droite et d’extrême droite de l’Union européenne, il nous faut préparer (et pas pour demain matin à 8h 30 comme on le lit et l’entend trop souvent à gauche, y compris dans la bouche de certaines « stars » de la gauche de la gauche ) le moment où une crise paroxystique du capitalisme (on ne sait pas quand elle arrivera mais nous savons qu’elle arrivera car c’est une des lois tendancielles du capitalisme) mettra à l’ordre du jour possible le déclenchement du processus de République sociale qui passera par une sortie de gauche de l’Union européenne, de la zone euro et de la stratégie de Lisbonne. N’oublions jamais que le non de gauche du 29 mai 2005 (31,3 % des votants) fut supérieur au non de droite et d’extrême droite, au oui de gauche et au oui de droite. Si nous arrivons à rompre avec l’hégémonie néolibérale, nous avons de larges atouts basés sur le nombre.

Sur un autre dossier, l’épisode du référendum sur l’aéroport de Notre-Dame des Landes a entraîné Cécile Duflot sur France Inter lundi matin à tenir des propos très dangereux et irresponsables. Elle conteste le référendum perdu car, dit-elle, « le référendum aurait du être un référendum du Grand Ouest et pas seulement de la Loire-Atlantique ». Pourtant, toutes les études montrent que le non à l’aéroport n’existe que dans les quelques dizaines de petites communes directement impactées par les travaux et que, quand on s’éloigne de cet épicentre, le oui l’emporte. Et donc un référendum sur le Grand Ouest aurait sans doute donné un score plus fort pour le oui. Plus généralement, ses propos n’ont pas été clairs sur le rôle de la démocratie. Ce qui a permis à Patrick Cohen de lui répondre qu’elle n’acceptait que les votes qui vont dans son sens ! A cela, elle a été incapable d’une réponse satisfaisante.

Disons-le tout net, pour nous cet aéroport est une construction inutile mais le résultat du référendum montre que la stratégie des écologistes, des écosocialistes et des zadistes de se cantonner à des actions locales et de ne pas pratiquer l’éducation populaire refondée sur le territoire national est une stratégie perdante. Répéter, c’est enseigner : sans bataille et victoire pour l’hégémonie culturelle dans la nation, pas d’avancée sur le chemin de l’émancipation.

D’autant que le peuple se tirerait une balle dans le pied s’il n’était pas le plus grand défenseur de la démocratie. Les partisans d’un projet Laïcité et République sociale ne peuvent que promouvoir le plaidoyer pour la démocratie. Pas le gouvernement représentatif anti-démocratique de Sieyès qui est appliqué aujourd’hui mais la démocratie selon Condorcet et ses quatre conditions. Nous renvoyons le lecteur au livre « Penser la République sociale pour le XXIe siècle » qu’il pourra trouver sur notre site à l’adresse http://www.gaucherepublicaine.org/librairie

Les partis socialistes néolibéraux sont dans une crise profonde qui les pousse vers la marginalisation politique vis-à-vis du peuple

Là encore, répéter c’est enseigner : on ne peut construire une politique progressiste quand de plus en plus, les couches populaires ouvrières et employées (53 % de la population française) et les couches moyennes intermédiaires salariées (24 % de la population française) se détournent des partis socialistes ou assimilés. Pour le Pasok grec, la marginalisation est déjà opérée. Ailleurs, il gouverne avec la droite (comme en Allemagne par exemple) voire l’extrême droite (comme en Autriche dans une région). En Italie, le sémillant « playboy » moderniste Renzi et son Parti démocrate (issu du parti communiste italien) a subi une défaite historique aux dernières municipales où sa politique a permis à l’extrême droite de prendre de grandes villes (Rome, Turin, etc.). En Grande-Bretagne, l’équilibriste Corbyn pourtant élu à la tête du parti travailliste britannique par la gauche populaire et les jeunes, qui fut un espoir pour la gauche, a tout gâché en s’associant à la City et à la droite néolibérale en faisant campagne contre le Brexit. L’électorat populaire du parti travailliste britannique qui a pourtant assuré son élection à la tête du parti, n’a pas suivi ses consignes et a voté pour le Brexit. En Espagne par contre, l’élection de dimanche dernier a vu un nouveau recul historique du parti socialiste espagnol mais il reste le deuxième parti espagnol. Le dépassement par Podemos-IU du vieux parti socialiste n’a pas eu lieu, même si la marge se resserre entre les deux partis. Une fois de plus, nous voyons que l’histoire avance à son rythme et non à celui des impatiences minoritaires. La bataille sera donc plus longue que prévu.

Les partis de la droite néolibérale française devant un dilemme

Le dilemme est le suivant : comment intensifier les politiques d’austérité et rester majoritaire ? Soit s’allier momentanément avec les socialistes en déroute, soit s’allier avec l’extrême droite ! Juppé qui aujourd’hui semble le mieux rassembler les droites veut refaire 2002 avec le soutien des socialistes en déroute comme dans les régionales Paca et Hauts de France. Les trois autres candidats (Sarkozy, Le Maire, Fillon) ont pour l’instant plus de mal pour rassembler les droites (Bayrou a annoncé que dans ce cas, il serait candidat) car leurs projets visent à se rapprocher de l’extrême droite.

Et alors nos tâches !

Nos tâches sont de trois ordres.
1/ D’abord, soutenir et rassembler les salariés et les citoyens contre la loi El Khomri autour du mouvement syndical revendicatif, seul rassemblement populaire majoritaire contre l’austérité et la loi Travail. Sans le développement de cette lutte, rien n’est possible. Le gouvernement Hollande-Valls est placé devant un dilemme : organiser le retrait du projet dit El Khomri, ce qui ne semble pas le choix du président de la République, ou passer en force contre le peuple et être sûr de perdre la prochaine présidentielle comme le néolibéral Lionel Jospin et peut-être pire s’il n’obtient que la 4e place au premier tour.

2/ Puis, élargir à gauche pour la présidentielle autour du rassemblement JLM 2017, seul rassemblement politique de gauche anti-El Khomri et anti-austérité. D’autant qu’il vient de préciser qu’il serait le candidat de « la sortie des traités ».

3/ Enfin, poursuivre et amplifier notre travail de refondation de l’éducation populaire. Pour ce faire, notre travail d’analyse, notre travail sur les discours, nos interventions doivent se faire en toute autonomie par rapport aux organisations du mouvement social et politique sans exception aucune et donc y compris avec ceux que nous soutenons. C’est une nécessité pour que l’on puisse garder l’arme de la critique et la critique des armes.
Notre journal et plus de 350 interventions par an via le Réseau Education Populaire nous permettent d’être un acteur de cette refondation et un acteur de la bataille pour l’hégémonie culturelle. Que ce soit sur l’économie, le social, l’écologie, la laïcité, les services publics, l’école, la démocratie, la protection sociale, l’alternative anticapitaliste « République sociale », le féminisme, les grands auteurs, la stratégie, etc., nous continuerons à maintenir la radicalité nécessaire à l’émergence d’un processus d’évolution révolutionnaire, le sens du rassemblement, du débat démocratique, l’empathie indispensable dans notre camp (sans doute le plus difficile pour certains), et surtout la stratégie des partenariats que nous avons ouverts avec des universités populaires, des universités, des MJC, des structures de formation à l’éducation populaire, des mutuelles, des structures associatives, syndicales et politiques.

  1. A ne pas confondre avec le traité du même nom, la stratégie de Lisbonne comporte les lignes directrices intégrées -LDI- et les plans nationaux de réforme -PNR- à remettre tous les ans. []
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Le changement marque le pas en Espagne

Premières remarques sur les élections du 26 juin

par Alberto Arricruz

 

Madrid – 27 juin 2016

Six mois après le scrutin législatif historique du 20 décembre 2015, les Espagnols étaient de nouveau appelés aux urnes ce dimanche 26 juin. Aucune majorité ne s’était dégagée au sein du Parlement pour former un gouvernement, amenant sa dissolution automatique et la convocation de nouvelles élections.

Le parti de droite PP, au pouvoir depuis 2011, est le vainqueur indiscutable de cette élection : il gagne 670 000 voix avec 33 % (+ 4,3 %) par rapport à décembre 2015. Le parti socialiste PSOE perd 121 000 voix et obtient 22,6 % (+ 0,6 %) ; le parti de droite « centriste » Ciudadanos, avec lequel le PSOE s’était allié pour essayer de former un gouvernement, perd 391 000 voix avec 13 % (- 0,9 %).

L’alliance de Podemos et de Izquierda Unida (IU, Gauche unie, formée principalement du parti communiste) réalise une contre-performance, avec 21,1 % (- 3,4 %), perdant 1,12 millions de voix par rapport à ce qu’avaient obtenues séparément les deux formations en décembre 2015.

La loi électorale, conçue pour favoriser le parti en tête et maintenir le bipartisme PP/PSOE, gonfle le nombre de députés du PP ; PSOE et C’s perdent beaucoup, tandis que Unidos Podemos maintient le même nombre d’élus qu’en décembre. Le PP obtient 137 députés (+ 14), le PSOE 85 députés (- 5), Ciudadanos 32 députés (- 8) ; Unidos Podemos obtient 71 députés (il y avait 69 députés Podemos et 2 députés IU). Le reste de l’Assemblée est partagée par les partis nationalistes basques et catalans.

Les sondages, puissant outil d’anesthésie de la pensée politique

À partir de la convocation des élections, les sondages publiés par tous les médias ont donné le PP gagnant sans discussion, mais aussi l’alliance Podemos + IU en deuxième position devant le PSOE. Dans la dernière ligne droite de campagne, les sondages ont même commencé à rapprocher Unidos Podemos du PP. Même ce dimanche à 20h, les sondages au pied des urnes donnaient l’ordre PP/Unidos Podemos/PSOE, avant que les résultats réels ne le démentent.

Jusqu’où ces écarts résultent-ils de la difficulté des instituts de sondage à recaler leurs modèles sur la réalité politique en plein bouleversement ? Jusqu’où tout cela relève-t-il du bidonnage pur et simple ?

Ce qui est certain, c’est que ces successions d’enquêtes et de chiffres ont parfaitement accompagné les deux temps de la campagne du PP :

  • Premier temps installant le PP en tête et le présentant comme le seul en mesure de gouverner. Le seul enjeu aurait été de savoir qui arriverait deuxième : de quoi démobiliser les électeurs de Podemos qui avaient voté pour le nouveau parti afin de virer les anciens et de changer de politique.
    La seule alternative proposée, un gouvernement Podemos/PSOE, a été rejetée par le PSOE lui-même dès janvier 2016 : par conséquent le projet de Unidos Podemos de gouverner avec le PSOE n’était pas crédible aux yeux des électeurs. Après six mois de tractations et de jeux politiciens usants, le PP apparaît comme la seule option pour gouverner.
  • Second temps de la campagne PP : l’affichage d’une montée de Unidos Podemos, l’appel au vote « utile » et de la peur des « rouges », qui a permis au PP de mobiliser et de siphonner les voix de Ciudadanos. Ciudadanos aura rempli, dans cette étape et à son corps défendant, le rôle dévolu par le PP et l’establishment : étayer le pouvoir menacé par la révolte citoyenne incarnée par Podemos, d’abord en captant en 2015 les voix perdues par l’usure du PP au pouvoir, puis en s’en faisant reprendre une partie dans un deuxième temps.

Les sondages n’ont pas seulement influencé le vote (ou l’abstention) des électeurs. Ils ont aussi conditionné l’analyse politique des dirigeants des différentes forces politiques et leur campagne. Ils ont été un miroir aux alouettes qui a embrumé leur analyse et leur compréhension.

Les six mois de tractations parlementaires ont usé Podemos

Unidos Podemos a conçu sa campagne pour rallier les électeurs perdus massivement par le PSOE en cinq ans. La direction du PSOE, menacée d’être débarquée méchamment dès le lendemain du scrutin, s’est battue le dos au mur, centrant toute sa campagne électorale contre Podemos. Seul vainqueur tactique et stratégique, haut la main, de cette période : Mariano Rajoy, président du gouvernement et leader du PP.

Rajoy avait décidé, au soir du scrutin du 20 décembre, qu’il y aurait de nouvelles élections, et il a attendu l’essoufflement des autres partis dans les tractations parlementaires pour apparaître comme le choix « raisonnable » de gouvernement. Son coup a réussi : malgré l’explosion des scandales de corruption au sein du PP, la mise en cause judiciaire du parti en tant que tel, le scandale dévoilé la semaine dernière des complots du ministre de l’intérieur contre des dirigeants catalans, rien n’y aura fait. Le choix « mieux valent des voleurs qu’on connaît plutôt que l’inconnu » a mobilisé des électeurs de droite et âgés qui avaient manqué au PP six mois auparavant – et la peur des « rouges » aussi.

Durant ces six mois de négociations en vue de former un gouvernement, les dirigeants de Podemos se sont montrés à la fois audacieux et brouillons. Audacieux en proposant au PSOE un gouvernement de coalition que présiderait le socialiste Pedro Sanchez ; brouillons en se laissant piéger par le cirque des débats parlementaires et en laissant le PSOE faire retomber sur eux la responsabilité qu’il n’y ait pas de gouvernement « de progrès ».

Podemos et son fondateur Pablo Iglesias ont connu un processus d’usure dans cette période, que les appareils professionnels et aguerris du PSOE et du PP ont su indéniablement mieux gérer. Le comité fédéral du PSOE avait explicitement interdit tout discussion avec Podemos dès fin décembre ; mais le PSOE aura réussi à masquer que cet interdit est dû à son refus de mettre fin à l’austérité voulue par Merkel et l’UE, en présentant Podemos comme voulant « découper l’Espagne en morceaux » (dixit Felipe Gonzalez).

Belén Barreiro, sociologue et ancienne directrice du Centre de recherches sociologiques (CIS, organisme d’État), disait avant les élections que Podemos est excellent en campagne électorale, mais se montre médiocre dans les phases suivantes – ses dirigeants sont comme en campagne en permanence alors que le temps de « la politique » exige des positionnements et styles adaptés. Podemos doit apprendre à mieux jouer ces parties d’échecs, en n’y perdant ni ses objectifs ni son âme.

« Confluence » et résultats

Faut-il être déçu du résultat du 26 juin ?
Oui, si on les compare aux sondages qui nous promettaient tant, miroirs aux alouettes. Oui, si l’on constate que le PP, parti imprésentable, est en capacité de se maintenir au pouvoir et de prolonger les souffrances infligées au peuple.

Mais regardons où en est l’Espagne : Podemos, organisation politique créée presque à partir de rien en janvier 2014, sans à peine de budget et dont l’organisation est encore balbutiante, est parvenue à porter des municipalités de rupture progressiste dans les grandes villes d’Espagne, a fait tomber les gouvernements régionaux du PP dans la majorité des régions, a fait voler en éclats le bipartisme et s’est imposé comme force politique équivalente au PSOE – autrefois géant hégémonique de la « gauche ».

Les mouvements progressistes ont « conflué » avec Podemos (ce qui montre qu’Iglesias est une figure qui rassemble quoi qu’en disent les médias). En 2011, 16 listes différentes de gauche ou de progrès se disputaient les suffrages (et Podemos n’existait pas !) ; en 2016, la quasi-totalité des partis et organisations progressistes ont « conflué » avec Podemos, et il n’y avait que trois autres listes se proclamant progressistes – anecdotiques à l’exception du parti animaliste PACMA qui a recueilli 285 000 voix.

L’alliance entre Podemos et IU est promise à tenir et à faire sortir définitivement de la marginalisation l’organisation héritée du vieux PCE. Il faudra quand même pour cela que, sous l’impulsion de leur très populaire nouveau dirigeant Alberto Garzon, les militants communistes et de IU se libèrent de leurs vieux tics et de leurs vieux symboles qui les maintiennent dans la nostalgie des batailles à jamais perdues du XXe siècle.

Enfin, Unidos Podemos devra réfléchir aux conditions de son développement en Andalousie, la région décisive pour gagner en Espagne. Il n’est pas logique que Unidos Podemos y stagne à 18 %, là où le PSOE n’a jamais quitté la tête du gouvernement régional depuis la création de celui-ci en 1982. Podemos Andalousie, désormais en alliance avec IU, s’y distancie de l’identité et des orientations nationales, sous l’impulsion de sa direction régionale dominée par la tendance « anticapitaliste ». Cela ne freine-t-il pas le ralliement à Podemos de la majorité des Andalous, dans cette région où l’addition des forces de gauche atteint normalement 60 % et où le PSOE voit ses résultats fondre comme neige au soleil ?

Et maintenant ?

Le PP peut espérer trouver une majorité au Parlement, en additionnant ses députés avec ceux de Ciudadanos, et en trouvant l’appui des partis nationalistes basques et catalans, depuis toujours « faiseurs de président » en Espagne – Gonzalez, Aznar et Zapatero ont successivement pu compter sur leurs votes, toujours soigneusement monnayés. Reste à voir comment remettre des ponts en place avec le parti nationaliste catalan, après ces quatre dernières années occupées à attiser le feu indépendantiste – qui aura aidé la droite catalane a se maintenir au pouvoir, et le PP à occuper le terrain de la défense du pays. Mais ces gens-là sont rompus aux retournements de veste politiciens et n’ont aucun scrupule, alors nous verrons.

Le secrétaire général du PSOE est sous la pression de l’exigence de « grande coalition » réclamée par l’establishment, Merkel et la Commission européenne. Mais son secrétaire général Pedro Sanchez, deux fois miraculé malgré les plus mauvais résultats historiques du PSOE, peut espérer se maintenir à la tête de son parti. Sa grande rivale, Susana Diaz – parrainée par Gonzalez, l’homme-lige du grand patronat – a été battue par le PP en Andalousie, ce qui devrait rabattre sa superbe et donner à Sanchez de quoi résister encore un peu. Sanchez n’a pas su dépasser le blocage anti-Podemos exigé par la vieille garde socialiste, et a laissé passer sa chance de diriger un gouvernement de progrès en signant un accord avec le parti de droite Ciudadanos. Que va-t-il faire maintenant ? En tout cas, la conjonction astrale en sa faveur de la répartition des sièges le 20 décembre ne s’est pas reproduite.

Unidos Podemos est en tête en Euskadi (Pays basque) où des élections « autonomiques » (régionales) auront lieu cet automne. La formule catalane de Unidos Podemos est en tête en Catalogne, où il est possible que de nouvelles élections autonomiques doivent se tenir un an après les précédentes. Unidos Podemos peut espérer aussi un bon résultat en Galice, aux prochaines élections autonomiques, et permettre de faire tomber le gouvernement régional au PP.

Autrement dit, la conquête du pouvoir par les grandes villes puis par les gouvernements régionaux est la voie la plus probable – la plus efficiente aussi, construisant la crédibilité pour gouverner et permettant d’engranger l’expérience nécessaire. Pablo Iglesias le rappelait dimanche soir : Allende s’est présenté quatre fois à l’élection présidentielle avant de gagner. On pourrait en dire autant de Lula au Brésil, d’Evo Morales en Bolivie… sans oublier Mitterrand, Jacques Chirac… Sans oublier Gonzalez, gagnant à la troisième élection, tout comme Rajoy…

Ce Parlement va permettre à Unidos Podemos d’y défendre la politique alternative à l’austérité et aux méfaits de la Commission européenne, au diapason de la résistance sociale à l’austérité et de l’exigence d’une Europe de progrès et de solidarité. Autrement dit, il est temps de remettre au centre des discussions l’exigence d’une nouvelle politique.

Même si Rajoy parvient à se maintenir au pouvoir, l’Assemblée telle qu’elle est configurée ne lui permettra pas de faire ce qu’il veut et pas longtemps, sauf à trouver l’appui du PSOE pour sa politique. Cette nouvelle étape est donc pour le mouvement populaire celle de la conquête. C’est trop long, certes, tant le changement est urgent ; mais les thèmes et les mots d’ordre de Podemos dominent déjà la vie politique et sociale, et cette profonde avancée culturelle prépare les changements rapides à venir.

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Petit journal deviendra grand : entrevue avec le rédac' chef du « Progrès Social »

par Julien Gonthier

 

Trois mois et demi après la parution du numéro 1, êtes-vous satisfaits du chemin parcouru ? que souhaitez-vous développer ?

C’est déjà une réussite d’avoir pu lancer le journal et d’avoir tenu plus de trois mois1. C’est à la fois peu, mais beaucoup pour un projet qui demandait autant de financement, d’audace, que de soutiens. Si le journal existe aujourd’hui c’est donc grâce aux abonnés et à l’investissement important des membres du journal, salariés ou bénévoles, qui font tout leur possible pour assurer une rédaction et production de qualité, et pour le faire connaître. Sur ce point-là, nous sommes vraiment contents car nous jouissons d’une certaine estime et la connaissance du journal a dépassé la sphère uniquement militante, même si nous ne sommes pas encore en kiosques. Pourtant, être connu ou reconnu, et même avoir une certaine estime ne se concrétise pas forcément en abonnements. C’est sur ce point-là que nous devons encore progresser, afin que les structures syndicales participent davantage en s’abonnant, mais aussi les associations ou encore des bibliothèques pour offrir une offre réelle de pluralité de la presse. Nous devons continuer à convaincre qu’il n’existe pas de presse papier gratuite, surtout quotidienne, et qu’il s’agit d’un outil d’information-réflexion pour toutes celles et tous ceux qui s’engagent. Le Progrès Social va aussi continuer d’élargir sa rédaction, et structurer les Amis du Progrès social par département pour avoir une présence sur le terrain par et pour les abonnés : faire vivre un projet démocratique de cette ampleur est une vraie ambition mais indispensable pour que le journal puisse exister. Après, en toute transparence, nous le disons : il manque 300 abonnements pour que le journal puisse être à l’équilibre. Nous sommes fiers d’avoir recours à une imprimerie où les ouvriers ont une garantie des acquis conventionnels, mais il faut compter 35 000 euros / mois pour la seule impression. Les abonnements sont donc vraiment nécessaires pour faire vivre un journal papier. Le cas échéant, les mois qui arrivent risquent d’être difficiles, mais nous faisons tout notre possible !

Connaissez-vous ceux qui vous lisent ? quels retours avez-vous ?

Nous avons organisé au printemps une rencontre des Amis du Progrès social et des lecteurs parisiens, ce qui a permis de rencontrer plusieurs dizaines de personnes. A côté de ça, nous recevons régulièrement des mails ou appels de lecteurs, qui échangent avec nous et remontent plusieurs initiatives. On peut dire que nous avons un lectorat réuni autour de valeurs qui nous sont chères et qui font partie de notre ligne éditoriale (anticapitalisme, antiracisme, parole à celles et ceux qui sont impliqués, laïcité, etc.) mais qui est assez diversifié. On a aussi bien des syndicalistes que des militants politiques, associatifs, que des lecteurs qui souhaitent se tenir au courant de l’actualité sociale en ayant une vision plus critique et alternative que L’Humanité. Notre positionnement a au moins le mérite d’être clair depuis le début, quitte à provoquer quelques crispations de certains ; pour autant, nous avons reçu beaucoup de mots d’encouragements et ce qui nous pousse à continuer aujourd’hui.

Comment êtes-vous organisés en interne ? (choix des collaborateurs, des sujets…)

Nous avons dû concilier un système à la fois artisanal et professionnel. Les contributeurs réguliers ou membres permanents de la rédaction sont surtout le fruit de connaissances au fil des années de militantisme, avec des valeurs et une énergie commune. Le journal s’est aussi construit de façon empirique, mais avec un fonctionnement qui implique aussi de faire des choix rédactionnels. Chaque matin, à 8h 00, une conférence de rédaction réunit une partie de l’équipe de rédaction permanente en ma présence, afin de trancher éventuellement sur les sujets et les angles en cas de discussions trop longues. Le temps est une donnée qu’il faut savoir gérer dans un quotidien : on ne peut pas s’amuser à perdre une heure le matin, tout est très calibré et les rythmes de travail sont assez intenses, avec une grande coordination. Tous les matins donc, nous avons une quinzaine de thématiques qui sont sélectionnés par plusieurs journalistes, avec une phase ensuite de hiérarchisation. Nous avons aussi beaucoup d’informations qui proviennent de militants ou de structures, ce qui nous permet d’anticiper les sujets sur quelques jours quand nous le pouvons.

Concernant l’édition du samedi, « Jours heureux », notre quinzaine de contributeurs a carte blanche, chacun sur sa rubrique en respectant les conditions fixées ensemble au début. Avoir un journal à la fois démocratique et quotidien, avec des moyens « limités », c’est apprendre à composer en permanence et avoir une vision la plus globale possible pour parler de l’essentiel en gardant à l’esprit notre grille d’analyse.

Comment analysez-vous l’actualité du mouvement social (grèves, Nuit debout…) ?

C’est un mouvement social riche, très riche, qui va au-delà de la lutte contre la casse du code du travail. Nous avons écrit de nombreux articles et publiés de nombreux témoignages, sur Paris, en régions mais aussi de manière globale. Ces grèves sont indispensables pour éviter un recul social d’ampleur, mais les gens qui se battent contre la « loi travail » aspirent à des changements plus profonds. C’est le modèle économique, social et démocratique qui est contesté, et la fatalité a fait place à un espoir de changement, d’émancipation individuelle et collective. L’interdiction des manifestations annoncées par le gouvernement doit provoquer une réaction à la hauteur de l’agression faite contre les droits démocratiques les plus fondamentaux. A quand l’interdiction ensuite de certains syndicats ? Il se passe quelque chose dans ce mouvement social, c’est une clarification du rôle de chacun, j’entends par là organisations politiques, syndicales. Le combat social est plus que jamais à mener, sans le déconnecter de ce qui nous est cher.

Comment vous situerez-vous dans la perspective de la présidentielle ? plus généralement, quel est votre rapport au politique ?

C’est une question très intéressante, à laquelle je répondrai en trois temps. Le premier, c’est l’identité du journal : nous sommes indépendants de toute organisation politique tout en affirmant un certain nombre de valeurs. Nous tenons à défendre des positions sans être la courroie de transmission d’un parti. La seconde, c’est la composition du lectorat ou même des journalistes : nous préférons rassembler ce qui est épars, et respecter les sensibilités de chacun en s’unissant autour du progrès social. Enfin la troisième, c’est de valoriser l’engagement : nous pensons que le plus important est de s’impliquer dans la vie citoyenne d’une manière générale. Ça peut prendre différentes formes et nous ne voulons pas hiérarchiser ou mettre en avant une forme plus qu’une autre, en sachant qu’il faut savoir garder raison et rester critique à chaque instant pour tenter d’apporter une information la plus juste et parfaite mais aussi alternative.

  1. ReSPUBLICA avait salué la naissance du quotidien en février dernier, voir http://www.gaucherepublicaine.org/chronique-devariste/le-coup-de-coeur-devariste-un-nouveau-journal-un-vrai/7397613.
    Pour s’abonner : www.leprogressocial.fr []
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Deux réactions au N° 817

par ReSPUBLICA

 

1/ Sur l’article Traditionalistes et ultra-libéraux à l’assaut de l’école

Si on veut lutter contre les assauts contre l’école publique, il faut rétablir l’école de l’instruction. L’état de l’école actuelle favorise les attaques contre l’école, une école qui oublie sa mission première : diffuser la connaissance. Et les diverses réformes qui marquent l’école depuis une trentaine d’années, en cassant l’école de l’instruction au profit d’une école dite citoyenne, ne peuvent que favoriser les assauts contre l’école publique. Je ne parlerai pas de la dernière réforme qui ajoute un peu plus au cassage. Il ne suffit donc pas de dénoncer les assauts contre l’école menées par les traditionalistes, il faut dénoncer l’assaut contre l’école menée par une gauche qui a oublié d’être à gauche. Il ne faut pas oublier que la refondation de l’école initiée par Peillon et continuée par Najat Vallaud-Belkacem participe de la politique de droite du gouvernement de la même façon que la loi dite “travail”. Dans les deux cas, il s’agit de mettre fin à l’émancipation des hommes.
Rudolf Bkouche, universitaire retraité
NDLR – Nous avons choisi un article sur l’action de l’extrême droite catholique dans l’enseignement. C’est un sujet en soi,  traité comme tel. Pour le reste, nous partageons votre point de vue : voir tous nos textes sur l’école et notamment les textes de Pierre Hayat et de Jean-Noël Laurenti à retrouver aisément sur notre site.

2/ Sur le texte Mal nommer les choses ajoute au malheur du monde (Camus), par Bernard Teper

J’ose espérer que je peux donner mon avis et que vous le publierez. Si je suis entièrement d’accord avec la citation de Camus je me permets d’apporter qq bémols dans l’analyse de B.T. En effet pourquoi faut-il apporter une différence entre islam et islamisme. Si je me réfère au dictionnaire , Islam veut dire résignation et islamisme, religion de Mahomet. Où est la différence ? Faisons-nous une différence entre catholique et catholicisme? Non ! Alors! Je pense que par nature toutes les religions sont extrémistes. Faut-il rappeler ici que Hassan II ex roi du Maroc avait dit dans une interview, je cite ” Un musulman ne peut pas être laïque”, ce en quoi il avait raison. Ce ne sont que les circonstances qui permettent aux religions de s’étendre et d’appliquer avec rigueur leur ”doctrine” mais si elles  respectent la laïcité ce ne peut être que par contrainte.
Jean Cantel
Réponse de l’auteur – Nous pensons au contraire de toi que l’on peut être croyant et laïque, croyant et anti-laïque, athée et laïque, athée et anti-laïque car la laïcité est un principe d’organisation sociale et politique et non une valeur ou une opinion. Nous  pensons donc que la phrase que tu rapportes d’Hassan II est fausse.
Pour le reste, c’est une question de définition. Nous n’avons pas les mêmes définitions.Quand tu lis chez nous “islamisme”, lis “islamisme politique” qui refuse la liberté de conscience et la stricte séparation des églises et de l’Etat.
Pour plus de développement, nous te renvoyons au livre sur la laïcité que tu retrouveras sur notre site (http://www.gaucherepublicaine.org/librairie). BT



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