n°829 - 05/12/2016
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Hollande ayant fait pire que Sarkozy, Fillon ferait largement pire que Hollande !

par Bernard Teper

 

Le programme de François Fillon tourne le dos à toute transition énergétique et aura pour conséquence d’augmenter fortement les inégalités sociales de toutes natures (de revenus, de santé, scolaire, de logement, etc.). Le patronat ayant engrangé les cadeaux fournis par Hollande, Ayrault, Valls et Macron, change de cheval car Fillon va plus loin. François Fillon souhaite augmenter les seuils sociaux et permettre que des référendums d’entre prise soient organisés sans les syndicats. Il souhaite supprimer la durée légale du travail. Il ne resterait que la limite des 48 heures de la législation européenne ! Car bien sûr, le chantage au licenciement serait alors généralisé ! Et le chômage serait accentué. Il propose dans son programme de permettre au patron de faire des contrats CDI en supprimant toutes les protections du CDI actuel. Celui qui refuserait ne serait pas embauché ! La dégressivité forte des forte des allocations chômage serait instituée. Le passage du départ de la retraite à taux plein serait porté à 65 ans ce qui veut dire que la plupart des salariés le seront jusqu’à 70 ans ce qui fera que le chômage des jeunes serait accentué. Les comptes pénibilité-retraites seraient supprimés. La retraite publique serait désormais à points et le troisième niveau des complémentaires serait institué pour les plus riches. L’encadrement des loyers serait abandonné et les expulsions de locataires facilités : ce serait la victoire totale des propriétaires face aux locataires.

Augmenter de deux points l’impôt le plus injuste (la TVA) et diminuer fortement les impôts des sociétés, les cotisations des employeurs, la taxation des revenus financiers et du capital, supprimer l’impôt sur la fortune. Il veut créer une allocation sociale unique plus basse que les niveaux actuels. Et pour le quotient familial, il s’agit d’augmenter le plafond pour favoriser les familles riches au détriment des familles pauvres.

Pour lutter contre le chômage, il commence par proposer 500 000 emplois en moins dans la fonction publique, ce qui est plus important que le nombre de départs à la retraite dans la mandature. Sans dire où il les enlèvera !

Qui disait que la lutte de classes n’existait plus ?

Fillon et l’accélération de la casse de la Sécurité sociale

Le programme de Fillon promet une accélération de la casse sociale. Il prend comme ligne directrice la pensée de destruction de la Sécurité sociale portée par Claude Reichmann dans le film de « La Sociale » de Gilles Perret. Il annonce l’abolition du tiers payant pour satisfaire les syndicats néolibéraux de la médecine ambulatoire attachés à des décisions de 1927 avec obligation du paiement à l’acte directement au médecin et la totale liberté d’installation des médecins même dans des bassins surdotés en médecins. Ce programme défend les intérêts des médecins relevant du secteur 2 avec droit aux dépassements d’honoraires alors que l’ensemble des dépassements d’honoraires dépassent 12 milliards d’euros et donc bien plus que l’actuel déficit de la Sécurité sociale et participent au fait qu’un assuré sur 5 renoncent aux soins pour causes financières. Il souhaite remplacer petit à petit les médecins hospitaliers par les médecins néolibéraux pour la permanence des soins et les maladies chroniques.

Ce programme souhaite réduire l’aide médicale d’Etat pour les malades étrangers sans ressources. Il souhaite supprimer la PMA en dehors du traitement de l’infertilité.

Mais ce n’est pas tout, il souhaite transférer les soins courants de la Sécurité sociale (frais de gestion 5 à 6 %) aux complémentaires santé (avec frais de gestion de 15 à 20 %). Conséquence : les cotisations des complémentaires ne sont pas proportionnelles au salaire car elles sont forfaitaires et sont donc injustes pour la grande majorité des assurés sociaux. Le remboursement des soins ne sera plus alors fonction des besoins de santé mais du niveau de cotisation.

Cette proposition n’est bénéfique que pour les plus riches et va aggraver les inégalités sociales de santé comme aux Etats-Unis, modèle politique pour François Fillon.

Cerise sur le gâteau du néolibéralisme, François Fillon souhaite instaurer une « franchise médicale universelle fonction des revenus dans les limites d’un seuil et d’un plafond, le reste à payer étant pris en charge par les assurances complémentaires ». Voilà qui va, d’après le professeur Grimaldi, faire en sorte que « les personnes appartenant aux classes moyennes,  bien portantes, ayant une bonne hygiène de vie et sans risque génétique connu, en auront assez de payer deux  fois pour la santé : une fois la Sécurité sociale au titre de la solidarité avec les personnes ayant une maladie grave et avec les très pauvres, alors que l’Assurance maladie ne leur remboursera plus pratiquement aucun soin,  et une deuxième fois leur assurance privée de plus en plus chère pour eux et leur famille. Ils en viendront logiquement à réclamer la fin du monopole de la Sécurité sociale,  comme Claude Reichman dont nous vous conseillons l’interview dans le film «  La Sociale » de Gilles Perret. Et ce sera la fin du modèle solidaire mis en place en 1945 que beaucoup de pays nous envient. Les assurances privées complémentaires (mutuelles, instituts de prévoyance et compagnies d’assurance) regroupées depuis 2004 dans l’UNOCAM, ayant en charge le financement des soins courants, auront toute latitude pour exiger l’organisation de filières de soins concurrentiels par conventionnement sélectif des médecins. Les médecins y perdront une part de leur indépendance et les patients une part de leur liberté. » Le « libéralisme médical » cédera alors le pas à la liberté des assureurs privés à but lucratif pour les actionnaires.

De plus à la question de savoir « s’il faut encourager financièrement  les assurés à adopter une bonne hygiène de vie ? », Fillon répond, comme les assureurs, « Oui, les mesures incitatives sont un levier. » La médecine à plusieurs vitesses en fonction de la richesse des assurés sera donc accentuée.

François Fillon veut faire faire 39 h de travail au personnel hospitalier au lieu de 35 heures sans augmentation de salaire ! Mais bien sûr sans toucher à l’une des causes du mal de l’hôpital : la tarification néolibérale à l’activité qui est inflationniste ! François Fillon voulant favoriser les cliniques privées à but lucratif pour les actionnaires veut introduire la convergence tarifaire entre ces cliniques et l’hôpital alors que les cliniques choisissent les clients rentables et que l’hôpital prend tout le monde ! François Fillon veut détruire l’hôpital public en le transformant en établissement privé à but non lucratif (les ESPIC) pour soumettre les médecins aux managers néolibéraux et pour pouvoir ne choisir que les soins rentables et enfin pouvoir mettre en faillite un hôpital.

François Fillon souhaite mettre dans la Constitution l’impossibilité des déficits sociaux. Il pourrait donc devenir interdit de répondre à des besoins sociaux ou de santé !

Lire aussi l’article de Christian Lehmann, dans ce numéro.

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François Fillon : Avis de tempête sur la Sécurité Sociale

par Christian Lehmann

 

Fillon. Le châtelain, le catho, le réac. Le taiseux, le pessimiste, l’austéritaire. Ce sera ( très probablement) Fillon. Hier moqué, il est aujourd’hui la coqueluche des média. Les ondes bruissent de tous ses conseillers, tous ses supporters libéraux venus vanter ses réformes à venir, ses réformes d’avenir : Thatcher, le retour.

Fillon, je le vois venir depuis longtemps. Il était premier ministre de Nicolas Sarkozy quand celui-ci a mis en place les franchises sur les soins, que j’ai combattues à l’époque aux côtés de Martin Winckler puis de Bruno-Pascal Chevalier. La pétition contre les franchises sur les soins a été relayée partout, a été signée par plus de 350.000 personnes. Avec le succès que l’on sait… Il n’empêche. Il n’est pas nécessaire d’espérer pour combattre. Cela permet de se compter, de faire reculer en partie l’adversaire, de le forcer à se dévoiler.

Et c’est ce que fit Fillon à l’époque, Fillon qui soutenait totalement Sarkozy sur ce dossier. L’agité du bocal alignait les vannes foireuses sur les patients irresponsables qu’il fallait pénaliser, en anonnant son bréviaire d’assureur de mobylettes : « Nous parlons d’assurance-maladie… Y  a-t-il une seule assurance sans franchise ? »  Escamotant le mot « solidaire », Sarkozy traitait la protection sociale comme une simple question d’assurance commerciale. Fillon n’était  pas en reste : « Comment comprendre que le paiement d’une franchise soit insupportable dans le domaine de la santé alors qu’une charge de plusieurs centaines d’euros par an pour la téléphonie mobile ou l’abonnement internet ne pose pas de question ? »

Pour Fillon, la téléphonie mobile et la santé, même combat. Et sa proposition était plus radicale encore que celle finalement retenue par Sarkozy : il s’agissait de mettre en place une franchise globale, universelle, sur l’ensemble des dépenses de santé, un seuil en-dessous duquel l’assurance-maladie ne rembourserait rien du tout ( à la différence du complexe système actuel ou un euro est retenu sur chaque consultation, et 50 centimes d’euro sur chaque boîte de médicament, à hauteur de 50 euros).

Un tel système, toujours envisagé par François Fillon aujourd’hui, revient à écarter du remboursement par l’Assurance-Maladie une forte proportion de Français dont les dépenses n’atteignent pas 200 euros par an. Les inconvénients socio-économiques de cette mesure sautent aux yeux : les jeunes, les bien portants, continueraient à se voir ponctionner des cotisations d’assurance-maladie sur leurs revenus… sans bénéficier du moindre remboursement. Quel meilleur moyen pour détruire complètement l’adhésion déjà fragilisée à un système d’assurance-maladie solidaire, pour pousser les Français dans les bras de l’assurance privée. Sous la pression de l’opinion publique, Sarkozy avait reculé, mais ses lieutenants expliquaient bien que ce ne serait que partie remise.

Et revoilà Fillon en selle, et revoilà sa franchise médicale universelle. Interviewé dans le Quotidien du médecin en novembre 2015 sur les avantages de cette mesure, il répond :

 « D’abord, cela simplifierait le labyrinthe actuel des tickets modérateurs de taux différents, de la participation forfaitaire de un euro ou des franchises qui existent. Ensuite, ce système contribuerait à la responsabilisation des assurés. »

Et il enchaîne :

« Je propose aussi de centrer l’assurance-maladie sur un panier de soins de base. Il ne s’agit pas de faire une médecine à deux vitesses mais de bien répartir les rôles entre ce qui doit être couvert par la solidarité et l’assurance-maladie et ce qui incombe aux choix individuels et aux organismes complémentaires. »

Plus récemment, dans son programme 2017, Fillon précise : il s’agit de réserver l’assurance-maladie solidaire à la prise en charge des affections de longue durée et des hospitalisations, et de laisser « le petit risque », les « consultations courantes », aux mains de l’assurance privée. 

A ce stade, un petit rappel. En 2007, dans le magazine Challenges, Denis Kessler, ancien vice-président du MEDEF, ancien président du Siècle et ex-directeur chez AXA, avait salué le programme de Nicolas Sarkozy dans une chronique révélatrice et incendiaire aujourd’hui disparue du site du magazine très libéral, dont je cite le plus éclairant :

«  Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. (…) Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme…
A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »

Défaire le programme du Conseil National de la Résistance, c’est détruire le droit du travail, mais détruire aussi l’Assurance-Maladie solidaire, dont l’existence met à mal l’appétit de gain des assureurs. Pour Kessler, inventeur des concepts de « riscophilie » et de « riscophobie », la peur de la maladie peut générer des dividendes conséquents pour les assureurs si et seulement si, les Français vivent dans la terreur des conséquences financières d’un problème de santé. Le programme de François Fillon va dans ce sens. En diminuant la part des dépenses de santé prises en charge par la solidarité nationale à travers la « Sécurité Sociale », il offre les soins médicaux et paramédicaux courants aux assurances complémentaires, et augmente la compétitivité de la France à l’international en diminuant fictivement les charges sociales.
(Fictivement, parce que les Français se retrouvent contraints de cotiser à une complémentaire, voire à une surcomplémentaire)

Qui plus est, pour diminuer encore le coût de la protection solidaire, il suffit de restreindre petit à petit le périmètre des affections de longue durée. C’est ce que fit Nicolas Sarkozy pendant son quinquennat, en faisant disparaître de la liste des affections de longue durée prises en charge à 100% l’hypertension sévère.

Du jour au lendemain, au prétexte que l’hypertension artérielle sévère n’était pas une maladie mais un facteur de risque de maladie, les soins, les examens complémentaires, les médicaments de l’hypertension artérielle sévère ne furent plus pris en charge. En clair, cela signifie que les patients hypertendus sévères doivent assurer la charge de leurs soins tant que ne sont pas survenues les complications quasiment inéluctables d’une maladie insuffisamment soignée.

Autrement dit : vous ne serez pris en charge qu’une fois que sera survenu l’infarctus du myocarde ou l’accident vasculaire cérébral. Dans un pays où l’espérance de vie d’un ouvrier est de 7 ans inférieure à celle d’un cadre, cela revient à aggraver le risque de ceux qui, pour cause de contraintes financières, ne pourront payer l’intégralité des soins de prévention nécessaire. Au-delà du caractère choquant de cette mesure, sa débilité saute aux yeux sur le plan financier. Le coût pour la collectivité de la prise en charge d’un accident vasculaire cérébral étant largement supérieur à celui de la prise en charge préventive.

A ce stade, je voudrais faire une incise. Nous ne vivons pas le deuxième quinquennat de Nicolas Sarkozy, mais le premier ( et unique) quinquennat de François Hollande, adversaire auto-proclamé de la Finance. Parmi les innombrables réformes du Président Normal, j’avais raté la dépénalisation du cannabis, seule explication possible à la pétition proprement stupéfiantesignée récemment par une soixantaine d’artistes proches des communicants de l’Elysée. Alors que le Président recueille 96% d’insatisfaits ( soit, d’après un calcul au doigt levé, plus de 49.3 millions de mécontents), les artistes hollandolâtres s’élèvent contre le « Hollande-bashing » en énumérant une liste de Prévert de magnifiques réformes du quinquennat, parmi lesquelles, en santé : «  la complémentaire santé pour tous, la généralisation du tiers payant ». Il est intéressant que les deux « réformes » soient liées, tant elles découlent, sous un vocabulaire orwellien, du même objectif : vendre la santé aux assureurs, en mettant les soignants sous leur dépendance financière et en forçant les salariés à cotiser à une complémentaire aux acquets. Si la complémentaire pour tous a été mise en place, avec d’amères surprises au final pour les assurés, le tiers-payant généralisé est une annonce vide de sens, dans la mesure où le projet totalement virtuel s’est heurté dès le départ à une impossibilité technique : les assureurs désiraient être en lien informatique direct avec les professionnels de santé sans passer par l’Assurance-maladie, et les solutions informatiques bancales promises à de multiples reprises par leurs représentants de commerce proches du pouvoir socialiste (autrefois affublés du doux nom de « mutualistes ») se sont révélées poudre aux yeux et élixir d’huile de serpent.

Rappelons que du temps où ils étaient dans l’opposition, Hollande et sa clique (Marisol Touraine, Catherine Lemorton, etc…) n’avaient pas eu de mots assez durs à l’encontre du bilan santé de Nicolas Sarkozy : ses franchises sur les soins étaient intolérables, son détricotage des ALDs était une honte et un non-sens médical. Une fois au pouvoir, faut-il le rappeler, les socialistes ont maintenu les franchises sur les soins (allant jusqu’à projeter de les prélever directement sur le compte bancaire des assurés), la pénalisation des diabétiques, la responsabilisation des cancéreux. Marisol Touraine n’est jamais revenue sur la sortie de l’hypertension artérielle sévère du périmètre des ALD.

En un mot comme en cent, le cap est resté le même. La révolution voulue par Kessler, la destruction des acquis sociaux du pacte de 45 voulue par les Maîtres des Forges, s’est poursuivie, portée par d’autres visages malhonnêtes, parée d’éléments de langage différents. Mais elle s’est poursuivie. Et arrivant demain au pouvoir, Fillon n’aurait qu’à reprendre la suite, qu’à accélérer le mouvement, sans dévier.

Qui  plus est, nul doute qu’il saura s’adresser aux médecins, aux soignants meurtris par le désaveu constant et le mépris affiché de Marisol Touraine et de son cabinet pour trouver les paroles de réassurance nécessaires.

« La loi HPST était une loi nécessaire, notamment pour l’hôpital et l’association des cliniques au service public. Je ne regrette pas la création des ARS. Mais leur mise en œuvre s’est accompagnée d’une intervention administrative tatillonne et trop centralisée. Je veux faire des ARS un outil de modernisation associant étroitement les professionnels de santé, dans l’esprit de liberté et de responsabilité qui est le cœur de la réforme que je propose. »

Ou encore :

« Mon objectif est de garantir aux médecins de ville une juste rémunération à laquelle ils ont droit du fait de leurs études, de leurs responsabilités et de leur dévouement. Ne restons pas figés sur le paiement à l’acte mais développons en complément des modes de rémunération correspondant à des objectifs partagés en termes de santé publique. Je redis qu’un système de nature à garantir l’équilibre financier de l’assurance-maladie est le plus à même d’offrir aux médecins cette juste rémunération. »

Il parlera du joug croissant d’une administration que son camp a contribué à mettre en place, il promettra des améliorations des conditions de travail des médecins en échange d’une main de fer sur les dépenses de santé. Et certains de ceux qui ont hurlé le plus fort contre les réseaux de soins que voulaient mettre en place le pouvoir socialiste et les « mutuelles », se retrouveront demain invités à contracter avec les mêmes assureurs pour obtenir le règlement des soins de leurs patients.

Hollande aura été le trait d’union entre Sarkozy et Fillon, le concierge à qui on laisse les clés le temps d’une course. En toute franchise : un quinquennat pour rien.

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Une fois encore Michel Onfray est indécent

A propos du décès de Fidel Castro

par Léon Landini

 
Léon Landini signe cette lettre ouverte envoyée au journal Le Point, et non publiée à l’heure où ReSPUBLICA la met en ligne, de la façon suivante : « Officier de la Légion d’Honneur, médaille de la Résistance, grand mutilé de guerre, suite aux tortures endurées pendant mon arrestation et mon internement à la Gestapo » et indique : Prière de bien vouloir transmettre cette lettre au « philosophe ». On se rappellera que Léon Landini est un témoin important du film de Gilles Perret « Les Jours heureux » sur le programme du Conseil national de la Résistance.
Léon Landini a publié, aux éditions Delga,
Réponse à Michel Onfray et autres textes sur la Résistance et l’engagement (164 p.) dont nous rendrons prochainement compte. La Rédaction 

Une fois encore Michel Onfray se conduit comme un vil individu. Il est vrai que cela est une habitude chez lui.
Toutefois, le plus scandaleux c’est qu’il se trouve toujours un média pour lui ouvrir les portes qui lui permettent ainsi de vomir toute sa bile, dès qu’à l’horizon il voit apparaître un peu de rouge.

Cette fois-ci c’est le journal Le Point du 27 novembre 2016, qui ne se valorise pas lui-même en lui ouvrant toutes larges ses colonnes  afin de permettre à cet ignoble individu de salir la mémoire de Fidel Castro.
Mais faut-il s’étonner que Le Point, qui a mené campagne pour Thatcher-Fillon et qui, au printemps dernier, comparait la CGT à …. Daesch, ait accueilli cette prose qui déshonorerait la philosophie si Michel Onfray était un philosophe ?

Profitant de l’occasion, Onfray essaie de traîner Jean-Luc Mélenchon dans la boue. Voici le titre du journal : « Le philosophe s’élève contre l’hommage poisseux qu’a rendu Jean-Luc Mélenchon au dictateur cubain » et il ajoute «  Mélenchon a-t-il fumé la moquette ? ».

A mon tour je pose une question au journal et à Onfray. « Lui à qui lèche-t-il les bottes, pour que chaque fois qu’il veut salir quelqu’un, il trouve un média pour l’aider dans cette tâche ignominieuse? »

En ce qui me concerne, il me devient vraiment impossible de rester impassible en écoutant ou en lisant les écrits de ce salopard.  « Salopard », titre que je lui avais décerné en mars 2013 dans une lettre ouverte à la suite d’une de ses interventions télévisées.

Intervention au cours de laquelle cet histrion, avait comme à son habitude, déversé un tas de falsifications historiques et d’insanités à l’encontre des résistants communistes, allant jusqu’à laisser entendre que ceux-ci au début de la guerre 39/45, auraient participé, peu ou prou, aux campagnes antisémites et qu’ils ne seraient entrés en Résistance contre l’occupant que deux ans plus tard, après l’attaque des troupes allemandes contre l’Union soviétique. Bien que la lettre mentionnée ci-dessus fût une lettre ouverte, publiée sur plusieurs sites, et même sur un livre, je n’ai jamais reçu de réponse.

Afin de salir Castro, le voici qui affirme sans rire qu’à Cuba « j’ai rencontré des chirurgiens, qui pour vivre convenablement, devaient conduire des taxis le jour et jouer de la guitare dans les bars le soir ». Et ils opéraient quand ? Pourtant Cuba est mondialement reconnu comme une des Nations au monde la mieux pourvue dans le domaine de la santé.

Qu’en serait-il alors, si au lieu de conduire des taxis et de jouer de la guitare, ils avaient soigné des malades ?

Plus loin il ajoute : « Le chef de l’Etat décédé se comportait comme un nabab qui vivait comme un prince des monarchies pétrolières. Rien ne manquait à sa table. Il vivait de manière somptuaire alors que les cubains manquent de beurre ». Pour être aussi bien renseigné sur les repas de Castro, il faut croire qu’il avait été invité à sa table.
Si tel n’est pas le cas, c’est que ce malhonnête, comme d’habitude, pour salir il a encore tout inventé.

« Même la date de la mort du Commandant de la révolution semble suspecte aux yeux du philosophe ».Pour que la date de ce décès ne soit pas suspecte, il eut sans doute fallu que les cubains demandassent au « philosophe » quelle était la date qu’il lui aurait le mieux convenu.

Par ailleurs, en évoquant la mémoire de Castro il déclare « un dictateur est un dictateur, quels que soient les buts qu’il propose ». D’après lui Castro était un dictateur honnie par la population qu’il affamait et qu’il terrorisait, c’est sans doute pour ces raisons que des centaines de milliers de cubains sont venus lui rendre hommage après son décès.

Il est certain que si le ridicule tuait nous serions alors nous aussi contraint de pleurer la mort du « philosophe ». Toutefois soyez certains qu’il n’y aurait pas des milliers de manifestants pour s’incliner devant sa dépouille.
Sur les déclarations de ce jour-là,  il y aurait encore beaucoup de stupidités à relever, mais je pense que je lui ai déjà fait beaucoup d’honneur en le traitant seulement de salopard.

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De l’usage naïf du mot « race »

par Emmanuel Debono

 

Si l’on en juge par le nombre de travaux, publications, commentaires et séminaires qui portent ces temps-ci sur la notion de « race », il y a fort à parier que cette dernière ne manquera pas de s’inviter régulièrement dans la campagne présidentielle. Déjà, François Fillon vient de se voir reprocher d’avoir déclaré dans un discours, le 25 novembre 2016, que « le patriotisme est la seule façon de transcender nos origines, nos races, nos religions ». Il aurait pu être souligné que le vainqueur de la primaire de la droite et du centre, était arrivé à cette conclusion après avoir plaidé en faveur d’une « France unie » et « fraternelle », qu’il rejetait le « repli communautariste » et la « xénophobie ». L’usage du mot « race », même dans la perspective de leur dépassement, suscite toutefois de multiples commentaires incriminants.

Le parapluie gaulliste

La sortie de Nadine Morano sur la France, pays de « race blanche », avait fait polémique en septembre 2015. La député européenne s’était alors réfugiée sous l’aile de Charles de Gaulle dont certains propos – qui n’étaient que rapportés par Alain Peyrefitte (C’était de Gaulle, 1959) – devaient la laver de toutes arrière-pensées racistes. Le franc parler de la députée avait été accueilli comme une délivrance, avec la caution gaulliste, par tous ceux qui estiment souffrir d’un antiracisme tyrannique et liberticide, pour les idées et la parole. Oui, le Général aurait bien dit à son collaborateur : « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. » Les propos rapportés de de Gaulle donnent-ils pour autant un blanc-seing à ceux qui, le citant aujourd’hui à tout crin, entendraient en faire le légitimateur de la notion de « race blanche » ou pour le moins le libérateur de la parole bridée par le politiquement correct ?

Une vision à contextualiser

Sans doute faut-il rappeler le contexte d’énonciation dans lequel se serait exprimé Charles de Gaulle : il est celui de la guerre d’Algérie ; sa vision du monde musulman est empreinte d’un regard orientaliste hérité de la colonisation ; le risque de l’ « intégration » auquel il fait référence est bien celui des musulmans des départements d’Algérie dans la nation française, c’est-à-dire une intégration administrative ; sa crainte est liée à la projection d’une submersion migratoire précisément liée à la liberté de déplacement qui découlerait de cette intégration.

Autant dire que transposés tels quels dans notre actualité, brandis par ceux qui se sentent en droit de dire « parce-que-de-Gaulle-l’a-dit », les propos du président de la République française sont plutôt mal réchauffés. Tout au plus confirment-ils, chez certains, une conception ethnique du peuple français, inscrite dans l’Histoire, une vision identitaire de la France et, potentiellement, des conceptions racialistes.

De Gaulle reconnaît toutefois, sans la désapprouver, la diversité des Français : « C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. » S’il ne se fait pas l’apôtre du métissage, il ne s’oppose pas non plus à la société multiraciale, étant entendu que ces Français « de couleur » devraient rester une « minorité ». C’est une vision identitaire qui s’alarme ici des risques d’un trop-plein. C’est la peur d’une France submergée par le nombre, devenant musulmane, dépouillée de son âme et coupée de ses racines. La conception ne coïncide cependant pas avec celle d’un racisme différentialiste qui commence à poindre chez certains penseurs de l’extrême droite française.

Une race blanche biologique

En septembre 1960, l’écrivain néofasciste et négationniste Maurice Bardèche (1907-1998) explique dans sa revue Défense de l’Occident les enjeux auxquels doit faire face non pas la France mais la « race blanche ». Il y développe une critique virulente de l’antiracisme, le « dernier mot de la démocratie », suicidaire selon lui au moment où s’affirme la lutte raciale.

Bardèche explique que « la politique des quarante prochaines années va être dominée par le problème entièrement nouveau de la prolifération des espèces humaines. » Non pas l’espèce humaine, au singulier, mais bien les espèces, dans leur pluralité et leur inégalité. La cause de cette situation ? Le fait d’avoir « défié la mort », « la mort bienfaisante, la mort nourricière, la mort mère des espèces et de la création. » Le refus, donc, de la sélection naturelle. L’écrivain dresse un tableau apocalyptique des temps à venir où « l’inondation de la vie nous recouvrira. Dans quarante ans, le pullulement des espèces humaines ressuscitera les Grandes Invasions. Déjà, elles ont commencé. (…) La race blanche ne luttera plus pour sa prédominance économique ou politique, elle luttera pour sa survie biologique. » La conclusion invite à revenir au racisme, non un racisme d’extermination mais un racisme défensif, de séparation. Et, plus que tout, refuser le principe de l’égalité des races.

Le lit du racisme

On mesure, à travers ces deux exemples, ce qui peut différencier les allusions à la « race » et à la « race blanche ». D’un côté, la crainte de la disparition de l’identité française si la part des minorités allogènes enflait à l’excès dans le « corps français ». De l’autre, purement et simplement celle de la fin de la « race blanche ».

En définitive, les propos de Nadine Morano de 2015 étaient loin de la réalité dans laquelle s’inscrivaient ceux prononcés par de Gaulle, même s’ils renvoyaient à une même préoccupation identitaire. Est-il dès lors bien raisonnable de se référer au Général, sur ce sujet comme sur tant d’autres, de façon systématique et souvent maladroite ? Quant à la référence de François Fillon aux « races », elle ne procède pas d’un racisme, comme le laissent entendre certains commentateurs, mais d’un usage banal, peu scrupuleux et risqué d’un terme lourdement connoté. Si son emploi provoque de telles réactions médiatiques, c’est aussi parce que le flou notionnel favorise les abus de langage et les interprétations authentiquement racistes.

On peut admettre que la « race/race blanche » des uns ne soit pas la « race/race blanche » des autres, mais il faut aussi prendre acte du fait que le maniement de notions mal stabilisées est une aubaine pour les extrémistes, notamment les admirateurs et promoteurs de Bardèche. L’emploi du mot race ne fait pas le raciste mais il joue en faveur de ceux qui, aujourd’hui, assument fièrement de l’être.

(On trouvera d’utiles mises au point scientifiques à cette adresse : https://www.reseau-canope.fr/eduquer-contre-le-racisme-et-lantisemitisme/race.html)

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La Poste, service public pour toutes et tous, partout

par la Convergence nationale de défense et de développement des services publics

 

Nous sommes usagers, syndicalistes, militants associatifs, élus locaux : nous décidons de lancer un appel à toutes nos concitoyennes et concitoyens pour défendre et développer le service public de la poste

Le contrat tripartite de présence postale territoriale pour 2017-2020 est en cours de discussion entre l’État, la Poste et l’Association des maires de France

Le contrat prévoit de ne plus solliciter l’accord préalable du conseil municipal pour les transformations de bureau de poste. Seul l’accord préalable du maire serait sollicité. Si cela était acté dans le contrat cela ouvrirait la voie à un grave recul de la démocratie locale, à une absence de débat démocratique dans les instances élues et à de nombreux conflits dans les territoires. Pire, l’accord préalable du maire lui-même ne serait plus sollicité dans plus de 2000 bureaux de poste, au profit d’une « concertation renforcée » vide de sens.

C’est une attaque sans précédent pour imposer la fermeture de très nombreux bureaux de poste qui se prépare si ce contrat est signé tel quel, en particulier dans les moyennes et grandes villes urbaines et aussi dans les communes rurales. Les directions de La Poste ont notamment pris les devants dans les grandes villes, comme Paris où Rennes où des bureaux doivent fermer et une infime partie de leurs activités transférées dans des commerces, sans que la concertation ou l’avis conforme des conseils municipaux ou d’arrondissements n’aient été acquis.

Le bureau de l’AMF sensible aux mobilisations des postiers, de leurs organisations syndicales, des élus, des usagers et à notre interpellation a refusé de signer le contrat en l’état et reporté sa décision au mois de décembre, en raison de l’insuffisance du fonds de péréquation et du recul de la démocratie communale. Ce refus, qui demande confirmation, est un appui important.

Dans une société de plus en plus inhumaine, agressive, générant nombre d’inégalités nos concitoyens ont besoin de protections, de solidarités donc plus de Services Publics de qualité et de proximité.

Les évolutions du Service Public Postal impulsé par le groupe La Poste sont préoccupantes et même inacceptables. Il en est ainsi des fermetures de bureaux de poste, de réductions des horaires d’ouvertures de bureaux, de suppression de tournées de facteurs, de transfert d’activités postales dans des commerces, de réduction du nombre d’agents… Elles se traduisent simultanément par une dégradation importante du service rendu aux usagers et des conditions de travail des agents.

Il est possible de faire autrement. C’est pourquoi, nous appelons et vous appelons à signer pour

1. Refuser le contrat de présence postale pour 2017-2019 tel qu’il est et en élaborer un autre tourné vers l’emploi, le développement des services publics, la démocratie, notamment l’accord préalable du maire et du conseil municipal avant toute fermeture.

2. Se battre partout, pied à pied, pour empêcher toute fermeture d’un bureau de poste. Objectif : zéro fermeture de bureau de poste !

3. Demander que les CDPPT (Commissions Départementales de Présence Postale et Territoriale) soient élargies aux associations d’usagers et organisations syndicales représentatives du personnel et qu’elles soient consultées sur l’ensemble des évolutions en cours au sein du réseau postal local ou sur les réorganisations de services qui impactent les conditions de travail et le service rendu aux usagers.

4. Agir pour augmenter sensiblement les ressources du fonds de péréquation en faveur du maintien et de la rénovation des bureaux de postes

5. Agir pour maintenir et renforcer le maillage des services publics. Dans les territoires suburbains et ruraux, agir pour leur réimplantation avec une gestion démocratique et participative associant directions, usagers, élus et représentants des personnels tout en les dotant de moyens financiers et en personnels publics suffisants pour assurer l’entièreté de leurs missions ce qui implique un plan de création d’emplois et de formation.

Télécharger le tract : appel-poste-service-public-pour-tous-partout et voir la liste des signataires.

Ecole publique
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Lu pour vous : intrusion des entreprises au collège, niveau en maths et sciences

par ReSPUBLICA

 

1/ Quand les multinationales forcent la porte des collèges

Des professeurs d’un collège du Tarn dénoncent les intrusions des entreprises telles que Nestlé, Total ou Microsoft sous la forme de « kits pédagogiques ». Avec l’idée d’inculquer des comportements de consommateur aux individus dès leur plus jeune âge.

Lire : http://www.liberation.fr/debats/2016/11/30/quand-les-multinationales-forcent-la-porte-des-colleges_1531992

2/ L’inquiétant niveau des élèves français en maths et sciences


Lire : http://www.lemonde.fr/education/article/2016/11/29/l-inquietant-niveau-des-eleves-en-maths-et-sciences_5039968_1473685.html

Commentaire de la Rédaction de ReSPUBLICA : Ce phénomène n’est pas une nouveauté et il doit avoir plusieurs causes.
La première est le bas niveau mathématique des enseignants. Depuis longtemps, les matheux se plaignent que les professeurs des écoles sont recrutés surtout parmi les littéraires. Par ailleurs, vu le peu d’attractivité du métier de professeur, on comprend que les bons scientifiques « fassent » ingénieur, à moins de se sentir une vocation particulière. C’est pour cette raison que les amphis des fac de sciences sont vides, au moins en province : les meilleurs vont en école d’ingénieur ou en IUT.
La deuxième raison tient à l’évolution des programmes, au nivellement, au refus de faire manier l’abstraction, à l’abandon de l’idée de démonstration, au remplacement du raisonnement par des recettes et des savoir-faire (c’est l’idée du socle commun et des compétences). Pas besoin de savoir raisonner quand on est promis à être esclave…
Ce qui est intéressant, c’est que l’article du Monde dit que les heures de maths ne sont pas en quantité insuffisante. Donc les causes ne sont pas là, contrairement à ce qui se passe en français, même si par ailleurs le sabotage du français et les heures perdues depuis des décennies ne sont pas pour rien dans la baisse du niveau en maths : quand vous ne savez pas faire une phrase, allez donc raisonner.
Sachant que les pédagogistes qui peuplent Le Monde ont été parmi les premiers fossoyeurs d’un enseignement qui fait raisonner, et après le récent livre de la journaliste de l’Obs Carole Barjon (Qui sont les assassins de notre école ?), on s‘interroge sur les raisons de ces vertueuses indignations. Désir de se dédouaner, sentant le vent tourner ?
J-N L.

Economie
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Lu pour vous : précarité et inégalités croissantes

par ReSPUBLICA

 

1/ Plus d’un travailleur sur 3 connaît des fins de mois difficiles

Lu sur le site de la Confédération européenne des syndicats (CES/ETUC) :
https://www.etuc.org/fr/presse/plus-dun-travailleur-sur-3-conna%C3%AEt-des-fins-de-mois-difficiles#.WD722H27lv1

Selon l’enquête européenne sur les conditions de travail publiée aujourd’hui, plus d’un tiers des travailleurs disent avoir des fins de mois difficiles voire très difficiles.

C’est la triste réalité qui se cache derrière le tableau idyllique brossé par la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail qui met l’accent sur une « main-d’œuvre de plus en plus qualifiée et en grande partie satisfaite de son travail ».

Toutefois, l’enquête révèle également que :

  • Un travailleur sur 5 « a un emploi de qualité médiocre auquel s’ajoutent des conditions défavorables et les travailleurs… faisant état d’une expérience de vie professionnelle peu satisfaisante. »
  • Seul un travailleur sur 4 dispose d’« un emploi sans heurts dans lequel la plupart des dimensions liées à la qualité de l’emploi sont satisfaites ».

Luca Visentini, Secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES) a déclaré : « Les travailleurs européens se battent pour joindre les deux bouts. Avoir un emploi ne garantit plus une vie décente. Faut-il dès lors s’étonner qu’un nombre croissant d’électeurs ne croient plus dans l’Union européenne et les partis politiques traditionnels ? »

« Ces résultats ne font que renforcer la détermination de la CES à lutter pour plus d’investissements publics afin de créer des emplois de qualité et à réclamer une augmentation salariale pour les travailleurs européens afin de combattre la pauvreté et relancer l’économie au profit de tous. Des politiques économiques qui font qu’un tiers des travailleurs connaissent des fins de mois difficiles sont fondamentalement mauvaises et doivent être radicalement modifiées. »

« Nous sommes face à des résultats très inquiétants qui ne peuvent être dissimulés en prétextant que le monde du travail est de plus en plus complexe. En réalité, cette enquête montre que le travail est peu satisfaisant ou peu gratifiant pour un beaucoup trop grand nombre de travailleurs. »

« Le tableau qui ressort de l’enquête européenne sur les conditions de travail montre une insuffisance généralisée en matière d’amélioration des conditions de travail et met en évidence la nécessité d’une approche globale de la lutte contre les inégalités partout en Europe. Les améliorations des marchés et des conditions de travail sont au mieux modestes et inégales. De plus, elles sont balayées par les coûts en hausse constante du logement et par les politiques d’austérité qui entraînent une insécurité pour les travailleurs et leurs familles. »

« Nous devons nous assurer que cette sombre situation ne se détériore pas plus encore du fait du nombre sans cesse grandissant d’emplois précaires et de faux emplois indépendants ainsi que des changements qu’entraîneront la décarbonisation et la numérisation. Nous avons besoin d’une transition juste vers des emplois nouveaux et de qualité. Le futur socle européen des droits sociaux donne à l’UE l’occasion de présenter de nouvelles politiques pour affronter ces problèmes. »

2/ “Les inégalités restent élevées dans un contexte de reprise modérée’, selon l’OCDE

Lire : http://www.oecd.org/fr/social/OCDE2016-Le-point-sur-les-inegalites-de-revenu.pdf

De nouvelles données et analyses de l’OCDE montrent que les inégalités de revenu demeurent à des niveaux record dans la plupart des pays de l’OCDE, avec le revenu des 10 % les plus riches qui s’est redressé rapidement depuis la crise tandis que celui des 10 % les plus pauvres n’a guère rebondi.

Les revenus du travail salarié et indépendant des ménages d’âge actif a augmenté dans une majorité de pays de l’OCDE entre 2010 et 2014, principalement parce que le chômage a reflué. Toutefois, les ménages les plus modestes en ont moins profité que les ménages à revenu intermédiaire et les plus aisés : en effet, le chômage de longue durée, la piètre qualité des emplois et de fortes disparités entre les actifs en termes de contrat de travail, de secteurs d’emploi ou de sécurité de l’emploi, ont pénalisé les plus modestes et concouru au maintien de fortes inégalités.

La redistribution par les impôts et les transferts publics, comme les indemnités de chômage et les prestations familiales, qui ont aidé à amortir le creusement des inégalités dans les ménages les plus pauvres au début de la crise, a également marqué un repli depuis 2010 dans deux tiers des pays de l’OCDE.



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