n°840 - 27/04/2017
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Les enseignements du premier tour de l’élection présidentielle 2017

par Évariste

 

Cette élection est d’une certaine façon historique car elle rompt en bonne partie avec les séquences électorales passées. Mais aussi parce que le vote Mélenchon permet de garder l’espoir d’une transformation sociale et politique ultérieure, notamment par le grand rajeunissement de cet électorat. Mais ce n’est qu’une étape.

Intéressons-nous à ceux qui, nombreux, n’ont pas voté…

D’abord, il reste 11,4 % de l’électorat potentiel qui est non-inscrit sur les listes électorales, ce qui fait encore beaucoup. Et 15,1 % des inscrits qui sont mal inscrits, c’est-à-dire qui ne sont pas inscrits où ils habitent. L’abstention de 22,7 % est la deuxième plus forte abstention des élections présidentielles de la Ve République. Autre analogie avec le passé  : il y a moins d’abstention dans des zones à forte implantation syndicale.

…et à ceux qui ont voté

Pour l’analyse sociologique, nous reprenons par commodité la classification INSEE malgré les critiques que nous avons formulées envers cette classification. Nous nous sommes appuyés sur le sondage à la sortie des urnes d’IPSOS.

Ce qui a changé est que les ouvriers et les employés d’une part et les jeunes d’autre part se sont moins abstenus que lors des élections précédentes. 29 % des ouvriers, des employés, et des jeunes de moins de 24 ans se sont abstenus. 28 % des jeunes de 25 à 34 ans se sont également abstenus. 25 % des salariés et des chômeurs se sont abstenus. L’abstention reste moins forte dans les couches moyennes et supérieures.
Autre caractéristique : la droite s’est plus mobilisée. 88 % de ceux qui se disent de droite ont été voter contre 83 % à gauche.

Le vote Mélenchon arrive en troisième position chez les couches moyennes supérieures derrière Macron et Fillon avec 19 % des voix, en deuxième position chez les couches moyennes intermédiaires derrière Macron avec 22 %, en deuxième position chez les ouvriers et les employés derrière Le Pen avec 24 et 22 % (Le Pen à 37 et 32 %), en quatrième chez les retraités. En ce qui concerne l’âge, Mélenchon est en tête pour les 18-24 ans devant Le Pen avec 30 %, deuxième après Macron pour les 25-34 ans avec 24%, 2ème sur les 35-49 ans et les 50-59 ans avec 22 et 21 % après Le Pen, quatrième chez les 60-69 ans et les plus de 70 ans avec 15 et 9 %.

A noter que Mélenchon a un vote davantage masculin (plus de 21 % , en troisième place alors qu’il est en quatrième chez les femmes avec  17 %).

Chez les salariés, le vote Mélenchon arrive globalement en troisième position et en deuxième position dans le public derrière Le Pen. Chez les non-salariés, le vote Mélenchon est premier ex aequo avec Macron avec 24 %. Les chômeurs mettent en premier le vote Mélenchon avec 31 % devant Le Pen.

Sur l’échelle des revenus, le vote Mélenchon est en deuxième position derrière Le Pen sur les moins de 1 250 euros et sur la tranche des 1 250 à 2 000 euros avec 25 % et 23 %. Sur les tranches 2 000-3 000, le vote Mélenchon est en troisième position derrière Macron et Le Pen avec 18 % et pour les plus de 3 000, il est troisième derrière Macron et Fillon avec 16 %.

Il est intéressant aussi de voir les proximités syndicales. D’après Harris Interactive, 51 % des sympathisants CGT, 53% des sympathisants Sud, 43 % de la FSU et 32 % de FO ont voté Mélenchon. 48% des sympathisants CFDT et 42 % des sympathisants Unsa et 21 % des sympathisants du Medef ont choisi Macron. Le vote Fillon a été produit avec 58 % des sympathisants du Medef, 43 % de la CGE et 34 % de la CFTC. A noter que  Le Pen mord peu mais sur tous les syndicats sauf FO avec 24 %. Benoît Hamon également mord peu mais sur tous les syndicats avec une pointe sur 18 % des sympathisants FSU

Dernier point, 47 % du vote Hollande de 2012 s’est reporté sur Macron, 24 % sur Mélenchon, 15 % sur Hamon.

Les enseignements pour le moyen terme

En tenant compte du fait que les ouvriers et les employés forment 53 % de la population, retraités et chômeurs compris, 24 % pour les couches moyennes intermédiaires et 15% pour les couches moyennes supérieures, le vote Mélenchon semble arriver à un excellent score chez les CSP+ et pour la première fois chez les jeunes. Bien que le vote Mélenchon  ait augmenté son audience chez les ouvriers et les employés, c’est principalement sur ces couches populaires que réside le gisement futur pour ceux qui s’intéressent à la transformation sociale et politique. Car la percée du FN est plus forte dans ces couches-là que celle de la France Insoumise.

Secondairement, le déficit du vote féminin dans le vote Mélenchon pourrait accréditer l’idée d’une insuffisance de préoccupations sur ce qui touche plus directement les femmes (petite enfance, laïcité dans les quartiers, complaisance avec l’obscurantisme religieux et communautariste, etc.).

Autre enseignement, le vote Mélenchon est un vote urbain comme celui de Macron. Les quelques départements ruraux qui donnent un vote Mélenchon important correspondant aux endroits où une action syndicale et politique forte et une activité intense d’éducation populaire se sont inscrites dans le paysage depuis longtemps  Ce qui se verra clairement lors des législatives en zone urbaine et dans ces quelques départements périphériques et ruraux.. Le vote Mélenchon est plus faible dans la France périphérique, périurbaine, rurale et déclassée où vivent de très nombreux ouvriers et employés. Cela pourrait accréditer l’idée d’une insuffisance de préoccupations pour l’aménagement du territoire et sans doute de l’insuffisance de militants dans ces zones.

Sur l’avenir, comme sans doute Macron sera élu président de la République, et qu’il va durant son mandat continuer de conforter, par une politique de plus en plus austéritaire, le développement ultérieur du vote Front national comme l’ont fait ses prédécesseurs, c’est bien à une confrontation entre les électeurs du FN renforcés par une partie de la droite et ceux de Mélenchon que nous allons vivre dans les années 20 de ce siècle comme dans les années 30 du précédent. De ce point de vue, le FN a une longueur d’avance. Puissent les électeurs de Mélenchon et leurs organisations rattraper ce retard pour terminer victorieusement. Mais, pour cela, des inflexions et changements importants sont nécessaires dans la ligne stratégique suivie. Nous en avons abondamment parlé dans les colonnes de Respublica et nous y reviendrons bien sûr ultérieurement. Par ailleurs, c’est sur ce point que vont se concentrer nos interventions dans le cadre du Réseau Education Populaire (400 interventions par an).

En attendant, une fois la séquence électorale terminée, c’est le mouvement syndical revendicatif qui devra se porter en première ligne dans la résistance au mouvement réformateur néolibéral.

Le deuxième tour

Si le FN est notre ennemi principal, il ne peut être question pour nous d’appeler à voter pour Macron « pour faire barrage sans suite » car nous ne pouvons pas voter pour ceux qui comme Sarkozy, Hollande ou Macron sont ceux qui conduisent les politiques néo-libérales favorables à la montée du FN. Car nous sommes bien au milieu du trend qui fait monter inexorablement l’extrême droite vers le pouvoir, comme dans les années 30. Et comme dans les années 30, ce n’est pas un barrage électoral qui empêchera le FN d’accéder au pouvoir (se rappeler que c’est la Chambre du Front populaire qui vote les pleins pouvoirs à Pétain), c’est la fin des politiques néolibérales qui peut produire la décrue du FN.

Pour en finir avec l’illusion du barrage électoral au profit de ceux dont les politiques poussent à terme le FN au pouvoir, nous voterons donc blanc ou nul mais nous voterons. Ce vote devra être un vote positif avec un engagement à mener la bataille centrale contre les politiques néolibérales, tout en sachant que ces politiques sont aujourd’hui les seules politiques possibles dans le cadre du capitalisme. Car les politiques néo-libérales ne sont pas l’effet d’un mauvais choix fait par de mauvaises personnes, mais l’effet de la crise du capitalisme, de son profit et du capital. Dit autrement, la sortie de crise ne résultera pas uniquement d’un volontarisme de type post-keynésien mais bien d’un processus de rupture.

Marx expliquait que l’idée socialiste ne peut pas se développer quand le capital a les moyens d’embourgeoiser les travailleurs, mais qu’elle renaîtrait avec leur assèchement. Cet embourgeoisement a été le fruit des combats du socialisme réformiste sous la forme des « conquis sociaux » (services publics, protection sociale) lâchés par les gouvernements de droite des Trente glorieuses. Mais, comme a dit Thatcher, « le socialisme [réformiste] ne dure que jusqu’à ce que se termine l’argent des autres » et quand la crise du profit fut venue, la gauche social-démocrate accéda au pouvoir et devint « moderne » pour gérer la reprise desdits conquis. De Mitterrand à Hollande elle tenta de concilier réformes néo-libérales et progrès social, ce qui finit par opposer deux gauches « irréconciliables », selon le mot de Valls ; organiser une primaire avec Valls, Hamon et Montebourg ne pouvait que se terminer que par une décomposition. Avec l’implosion de la gauche pas de gauche, ce peut être l’heure d’un socialisme vrai, anticapitaliste, l’heure de la République sociale. Mais d’ici là nous connaîtrons d’autres paroxysmes.

Nous devons donc travailler pour viser la transformation sociale et politique en même temps que de combattre les politiques néolibérales. Mais cela ne pourra se faire que si les conditions de la révolution citoyenne sont réunies (conditions de la sortie de l’UE et de la zone euro, processus de transfert de propriété vers les travailleurs, etc.)

Voter Macron pourrait être légitime au deuxième tour car on peut toujours craindre sa défaite et vouloir acheter du temps avant d’affronter le FN, mais il faut que ce soit dans la perspective de mieux se préparer à faire face à lui et non, comme par le passé,  continuer à défendre des lignes stratégiques perdantes.

Si la poussée du processus JLM2017 est due à la rupture avec les lignes stratégiques de décomposition de la gauche de la gauche, si cette poussée a pu être faite dans cette séquence grâce au mouvement de la France insoumise (qui n’est pas un parti), force est de constater pour  la séquence suivante la nécessité :

  • de prendre en compte les conditions de la révolution citoyenne sur lesquelles nous reviendrons ultérieurement dans les centaines d’initiatives d’éducation populaire que vous allez organiser,
  • de retrouver, pour passer le nouveau « plafond de verre », le lien majoritaire avec les couches populaires ouvriers et employés (voir plus haut),
  • de travailler en amont au surgissement de l’action autonome des masses via la résistance syndicale et la mise en place concomitante d’une éducation populaire conséquente.

Tout cela devra nous entraîner à réfléchir à l’émergence d’une nouvelle recomposition et restructuration organisationnelle capable de porter ces nouvelles exigences. Voilà le « prix à payer » pour gagner à terme la confrontation avec la future alliance de l’extrême droite et de la droite autoritaire, une fois que Macron aura échoué comme ses prédécesseurs.

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Ne simplifions pas le dilemme

par Hubert Hurard

 

Source : http://huberthurard.over-blog.com/2017/04/ne-simplifions-pas-le-dilemme.html

Faut-il être surpris par la présence du Front National au second tour de l’élection présidentielle ? Tous les sondages, qui devraient en passant être interdits en ces périodes décisives de choix, ont placé Marine Le Pen au second tour. Après la présence du FN au second tour des régionales, des municipales et sa victoire aux européennes ne soyons plus surpris de voir ce parti encore ici.

Depuis dimanche soir, les donneurs de leçon appellent au vote républicain. A faire barrage, à voter Macron, à voter contre le FN et usent à foison de toute contorsion sémantique pour nous appeler à sauver la République.

Ils en appellent au peuple et à la responsabilité. Mais que n’ont-ils fait médias, responsables syndicaux du MEDEF et élus aux plus hautes fonctions durant toutes ces années si ce n’est de participer à rendre le fascisme audible ? François HOLLANDE nous ferait l’affront de nous faire croire qu’il découvre le danger depuis dimanche soir alors qu’il a reçu la cheffe de file de ce parti à l’Elysée et que sa politique d’injustice sociale et économique a participé à envoyer des millions de gens vers ce vote contestataire. Nos radios, nos télés, nos hebdos ont depuis des années donné la parole aux colporteurs de la préférence nationale. Ils ont mis les coups de projecteur sur le sensationnel, en ont fait des tonnes sur des faits divers, ont utilisé des champs lexicaux qui sont entrés dans des inconscients collectifs. Comment le sentiment d’insécurité a pu naître ainsi dans des villages paisibles si ce n’est à cause de tous ces abus éditoriaux savamment distribués au compte-goutte depuis des années ? Comme il n’y a jamais eu de pédagogie chez ces médias de masse il a fallu que le peuple téléspectateur, auditeur, lecteur fasse lui-même preuve de discernement et d’esprit critique. Exercice devenu de plus en plus répétitif pour certains et toujours inexistant pour d’autres, toujours plus nombreux.

Marine LE PEN a été auditionnée par le MEDEF en mars dernier. Est-elle aux yeux du MEDEF une candidate comme les autres ?

Ce parti, qui aurait dû être interdit il y a des années si nos élus de tous bords avaient eu ce courage, est reçu comme un parti républicain lambda sur tous les plateaux de télévision. Et la tribune qui lui est ainsi offerte régulièrement lui permet de distiller un programme xénophobe dissimulé subtilement en maîtrisant l’art de la litote et de la tromperie face à une espèce de respectabilité passive qui me donne systématiquement des nausées. Je reçois alors dans ces situations le venin d’un côté et le zèle bienséant du journaliste modéré ou de l’élu bien élevé qui derrière sa posture de neutralité m’invite à croire en une certaine duplicité.

Ils ont créé Frankenstein, ils l’ont élevé et me demandent, une fois de plus et avec obséquiosité de le combattre.

Et qu’en est – il également de toutes celles et ceux qui se comportent aujourd’hui comme des directeurs de conscience ou comme des juges de moralité en exhortant à voter Macron, avec comme seul argument la simplicité d’un raisonnement binaire, celui ou celle qui n’a pas envie de le faire ? Qui vient aujourd’hui me sermonner et me pousser vers le candidat de cette finance qui oppresse quand depuis des années je me bats contre le fascisme du Front National en utilisant l’éducation, la réaction systématique, la présence sur le terrain ? Où donc étaient tous ces prophètes cycliques quand je me suis constitué « délinquant solidaire » auprès du procureur de la République en 2009 pour avoir commis le « délit de solidarité » ou bien quand j’ai été poursuivi au tribunal par un nostalgique de la division Charlemagne ? Ce n’est pas tous les cinq ans qu’il faut se réveiller et appeler à combattre le fascisme. C’est en réagissant en masse à un article, à une interview qui, directement OU indirectement fait le lit du racisme (croyez bien que si l’Obs ou BFM ou France 2, TF1 et consorts reçoivent 10 000, 20 000, 100 000 commentaires réguliers sur leur façon de traiter l’information ils en tiendront compte). C’est aussi en ne laissant jamais passer un discours douteux. C’est en faisant de l’éducation populaire, en prenant position au lycée et à la faculté, en prouvant par l’Histoire que la préférence nationale est insensée et qu’elle amène la guerre, en militant dans une association, un parti, un mouvement, bref en agissant aussi souvent que cela est nécessaire. C’est aussi par le bulletin de vote. Par celui du premier tour avant celui du second. Par le choix de sortir d’une constitution qui permet d’en arriver là où nous en sommes et qui privilégie une monarchie républicaine en lieu et place d’un régime exclusivement parlementaire. Cette même constitution qui à travers son article 16 donne les pleins pouvoirs au Président de la République et qui permet donc à une dictature de s’installer avec le soutien constitutionnel.

Oui, le vote Le Pen est un déni de la République. Je ne ferai pas de calculs politiques en taisant mes opinions. Il est considéré pour beaucoup comme un vote protestataire mais il n’est pas possible aujourd’hui d’ignorer qu’il est mêlé à des votes racistes et xénophobes, antisémites et nationalistes. Il ne faut pas croire au ton mielleux de celle que l’on suppose être le paisible Chaperon Rouge.

Certains électeurs se sont certainement drapés dans le vote Macron ou Fillon en pensant habiller un statut social. Ils se sont pris pour des cadres ou pour des rationalistes économiques par désir d’appartenance, se sont pris pour des bien-pensants réalistes par culte du monde Bourgeois-Bohème. Parmi ceux-ci il y en a qui découvrent le projet d’Emmanuel MACRON depuis dimanche soir. Pas tous bien sûr. Je ne ferai pas cette absurdité intellectuelle et sectaire. Néanmoins la situation actuelle d’un soutien au projet « En Marche » qui n’est que de l’ordre de 18 % du corps électoral va, dans ce contexte d’une confrontation avec l’extrême droite, condamner tout décompte d’adhésion supplémentaire qui aurait pu se produire dans le cadre d’un second tour exclusivement républicain. Chirac n’avait pas tenu compte des 82 % de 2002 dans sa politique et ce fut une erreur qui aura encore malheureusement des conséquences le 7 mai prochain.

Macron porte le projet du libéralisme économique absolu qui va continuer à exclure mais qui saupoudrera habilement le peuple qui souffre du juste nombre nécessaire d’amortisseurs sociaux devant empêcher, selon leurs analyses, toute forme de révolte populaire. « Ça peut tanguer un peu mais on maîtrisera la situation » se disent-ils dans leurs logiques morbides.

Dans six mois les groupes de presse auront détruit leur jouet MACRON et s’en seront trouvé un autre. Dans six mois ils nous diront qu’il est le Président le plus mal-aimé de la Vème république et que sa « côte de popularité » est de seulement 35 %. Dans un an, elle sera à 20 %. Le candidat du patrimoine financier aura alors préservé les richesses de ceux qui ne savent plus quoi en faire si ce n’est les contempler et aura entretenu le rêve des déjà nantis qui veulent toujours posséder davantage sans jamais se poser la question de savoir au détriment de qui ou de quoi ils se gavent.

La politique telle qu’elle est pratiquée par les opportunismes de toutes sortes porte préjudice à notre démocratie. La soif de pouvoirs a été permise et encouragée par la possibilité de cumuler et de cumuler encore. Notre constitution a engendré des professionnels de la politique qui règnent en seigneurs néo-féodaux sur leurs territoires et sur les consciences de ceux qui se sentent redevables. Regardez donc aujourd’hui comme les courtisans, tels les candidats potentiels d’En Marche, hèlent désormais leur jeune suzerain en quémandant une investiture non plus des cris de « Marly sire, Marly » mais en prônant la zélée résignation économique sur les réseaux sociaux. Le népotisme qu’ils ont organisé est à tous les étages mais ils nous demandent néanmoins de l’encourager en votant contre Le Pen elle-même adepte du concept. Ainsi dit, on espère d’ailleurs que la pilule passera mieux !

Et puis de l’autre côté des hypocrites zélés il y a ceux qui se drapent peut-être aussi dans une posture où leur analyse tient probablement au seul fait de se croire courageux, téméraire et à contre-courant. Ils détiennent la certitude et schématisent leur argumentation, comme les partisans du « vote utile », en utilisant toutes sortes de slogans tous aussi réducteurs les uns que les autres. Là aussi, je ne commettrai pas l’erreur de généraliser ce comportement car il y a pour beaucoup d’autres de ces abstentionnistes une cohérence de raisonnement que je comprends et que j’ai d’ailleurs présentée plus haut

Faut-il voter donc une nouvelle fois par dépit ? Réduire la démonstration à une pensée binaire ou au contraire se perdre en arguties ne permet pas d’avancer. La prise en compte du complexe n’est pas annihiler la prise de décision et n’en déplaise à celles et à ceux qui croient soit détenir la vérité soit s’expriment confortablement dans l’immédiateté il peut pour tous les autres être difficile de faire un choix. La contorsion intellectuelle n’est pas plus simple que ce que la situation le laisse croire.

Je fais partie de ceux qui ne sont pas sensibles aux consignes de votes et j’ai toujours trouvé là aussi la posture de ceux qui s’y astreignent avec ardeur bien narcissique et vaniteuse. Le dilemme ne se règle pas par sommation morale. Le vote se fait selon âme et conscience et nul ne peut juger, d’où qu’il soit, ce qui détermine pour un individu le choix entre l’abstention et le vote Macron.

Ce qui me guide comme citoyen républicain et comme père est le combat contre l’injustice et contre toute forme de fascisme. Me faut-il être une nouvelle fois la main de fer du système pour repousser encore une fois et pour un temps seulement celle à qui il a lui-même donné naissance ? Qu’ils me laissent donc avec mon esprit critique et mon libre arbitre faire l’analyse de la situation dans laquelle ils m’ont plongé. Je n’ai pas besoin du dictat de la pensée unique.

Ce système politique tiendra-t-il compte de mon sacrifice citoyen en changeant la constitution ? Non.

Tiendra-t-il compte de celui-ci en proposant plus de justice sociale ? Non.

Les médias vont-ils apprendre de leurs fautes et lutter contre le FN en ne lui faisant plus la courte échelle ? Non.

Et pour tous il en sera toujours non car le système qu’ils entretiennent les nourrit et les engraisse.

Il y a une chose et une seule sur laquelle je peux compter si je fais ce choix de faire barrage encore une fois par mon vote au fascisme et à l’idéologie haineuse c’est la percée et la constance des valeurs humanistes et républicaines qui sont portées par le mouvement et par tous les gens que j’ai le plaisir et la responsabilité de représenter aux élections législatives. La ferveur insoumise qui s’est démontrée dans les urnes ne doit pas s’éteindre en juin prochain. Elle doit s’amplifier et nous donner les moyens de stopper les attaques aux plus démunis et de proposer à ceux qui souffrent de retrouver le goût du bonheur par le fait d’un travail parlementaire acharné. Ma détermination à changer notre société s’enrichit de cette mobilisation et de cette prise de conscience collective qui s’est exprimée dimanche 23 avril dernier. Demain, un autre candidat, une autre candidate, s’enrichira de cette même mobilisation parce que cette détermination est portée par tous ces militants et par toutes ces militantes qui ne cessent de s’investir depuis des années sur le terrain et auprès des gens sans besoin de lumière ou de reconnaissance mais simplement pour prendre leur part à une volonté de changement.

Pas une voix de la France Insoumise ne peut aller au Front National et je continuerai toujours à combattre ce parti partout où il se trouve et de toute manière que ce soit. Nous sommes toutes et tous convaincus que ce système politique arrive à sa fin et il nous faut vite vite vite le changer avant qu’il ne soit vraiment trop tard. C’est encore possible mais cela ne semble plus dépendre que ce que nous voterons toutes et tous les 11 et 18 juin prochains… Mobilisons nous encore parce que cela en vaut la peine !

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Pour un front républicain social !

par Jean Zelmay

 

Quelques minutes à peine après les premières estimations du premier tour, certains journalistes voulaient déjà que chacun se positionne immédiatement sur ce qu’il ferait au second tour. Le mouvement social n’y échappe pas. Il se doit de regarder avec lucidité la situation, mais surtout de ne pas se laisser enfermer dans cette seule question qui ne résout pas tout.

La fin de la Ve République

Pendant toute la campagne électorale, les néo-giscardiens emmenés par M. Macron prédisaient la fin du « clivage gauche-droite » en voulant unir tout le monde autour de lui, et ce, peu importe les idées portées. Cette vieille opinion qui, sous couvert de modernité, porterait l’hyper-centrisme comme un consensus général, est dangereuse puisqu’elle nie les intérêts de classe, mais surtout parce qu’elle déstabilise les constructions politiques en relativisant l’engagement. Finies les convictions, finies les utopies, finis les débats d’idées. Libéral, opportuniste, éloigné des préoccupations de la classe ouvrière, le mouvement « En marche » n’est cependant en rien comparable à l’extrême droite. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est tout sauf la fin du clivage gauche-droite, dans une France aux inégalités grandissantes, mais c’est bel et bien l’enterrement de la Ve République. Celle-ci vient de nous offrir un pitoyable spectacle en faisant émerger au second tour un mouvement anti-républicain, le FN, et un autre qui souhaite la disparition de la gauche et de la droite au profit d’un mélange incompréhensible qui ne favorisera pas le débat démocratique. La confrontation d’idées, les marqueurs idéologiques, sont fondamentaux dans la construction politique et comme moteur de l’action collective, d’engagement. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ces deux candidats, pour des raisons bien différentes, ne souhaitent pas une VIe République qui mettrait un terme à cette mascarade électorale. Mais c’est aussi en partant de cette réalité que nous devons rappeler l’importance d’une nouvelle constitution et République, seule issue pour faire de la politique autrement et en finir définitivement avec ce système.

Du premier tour, faisons table rase

Certains, comme moi, iront glisser un bulletin blanc au second tour, partant d’un postulat assez simple qui repose sur trois éléments. Le premier, c’est que M. Macron et son mouvement hétéroclite du « vieux monde » n’est en rien un rempart contre l’extrême-droite, ni aujourd’hui et encore moins demain. Le programme qu’il propose, la défense des vainqueurs du capitalisme contre les vaincus, la volonté de détruire le mouvement social, conduira à une nouvelle montée de l’extrême droite. La seconde raison, c’est que le front républicain ne peut pas se faire sans conditions. Il peut être un réflexe progressif et permet de rappeler qu’il doit y avoir un cordon sanitaire avec l’extrême droite. Mais là se pose un problème : M. Macron compte depuis le début de sa campagne sur l’extrême droite pour se faire élire. On a même vu une ambiance de fête au QG d’« En marche », victoire finale presque acquise, alors que l’extrême droite est pour la seconde fois au second tour d’une élection nationale, ce qui doit nous interroger sur la manière de la combattre, non seulement dans les urnes mais aussi sur le terrain social. Il faut donc que M. Macron, chantre du consensus, prenne aussi des revendications de la gauche s’il veut vraiment faire appel à toutes et tous contre l’extrême droite. N’ayons pas trop d’illusions sur ce point. Le débat a été totalement écarté concernant les engagements du mouvement « En marche » envers les électeurs des autres organisations politiques. Troisième raison, c’est l’absence de la gauche de la gauche, pourtant aux portes du second tour, et ce fatalisme qui nous conduirait à appeler au « front républicain » sans préparer les législatives et sans vouloir faire baisser avant tout le score de l’extrême-droite. Notre rôle serait plutôt de faire campagne contre l’extrême droite et ses idées, de s’occuper des 8 millions de votants et de les convaincre. Le Front National n’a quasiment aucune chance de passer vu les reports de voix prévisibles, et la situation aurait été toute différente si le fascisme était davantage proche du pouvoir ; pour autant, l’axe central stratégique ne peut pas être celui d’un report de vote pour M. Macron.

L’essentiel : s’organiser

Que des camarades se rendent au second tour pour voter M. Macron ne m’inquiète pas pour autant. Ce n’est pas un point de rupture entre nous tant qu’ils ne prennent pas leurs cartes au mouvement fantaisiste « En marche » et qu’ils respectent mon bulletin blanc, prenant en compte le positionnement à la fois anticapitaliste et antifasciste. Ce serait une erreur de rester centré sur la question du vote et du second tour, comme ce le serait de penser qu’à terme, il faudra toujours choisir entre un centre-droit libéral et l’extrême droite, mettant fin à toutes alternatives de transformation sociale. M. Macron et Mme Le Pen sachant pertinemment qu’ils profitent du rejet réciproque de leurs électeurs, la tentation est grande pour continuer ainsi. Que ce soit le capitalisme ou l’extrême droite, chacun sait que la présence sur le terrain reste la pierre angulaire pour combattre. Il faut continuer d’être présent pour que l’extrême droite disparaisse, en sachant que les luttes sociales sont d’une grande importance. N’oublions pas non plus que les législatives doivent être l’occasion, même si les configurations locales sont parfois plus complexes pour unifier un vote, de permettre de faire battre l’extrême droite sans concession et de faire émerger des candidats insoumis, progressistes, laïques et souhaitant changer radicalement de système. À gauche toute, et dès le 1er Mai !

 

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Après la présidence Hollande, les retraités pourront-ils encore se soigner ?

par Pierre Mascomère

 

La santé constitue l’un des thèmes majeurs de l’action politique. Elle est, depuis 1946, un droit inscrit dans la Constitution, celle de 1946 confirmée par celle de 1958. Toute remise en cause de ce droit suscite de vives et légitimes réactions de la part de l’ensemble des assurés sociaux.

Le « plan » proposé, en début de campagne, par François Fillon l’a bien montré. Les réactions des citoyens, y compris dans son propre électorat, l’ont conduit à y renoncer.

On aurait tort, cependant, de considérer que François Fillon soit le seul à vouloir, par les réformes qu’il propose, porter atteinte au droit, pour chaque assuré, de se soigner correctement.

Les gouvernements successifs du quinquennat de François Hollande s’y sont également employés. Très discrètement, au travers d’un minuscule décret paru ces dernières semaines – en pleine campagne électorale … -, le gouvernement actuel a remis en cause l’un des acquis importants de la présidence de François Mitterrand …

L’actuel président de la République n’hésite quand même pas à vanter plus que jamais les bienfaits de sa politique. Son ancien ministre de l’Économie et candidat à sa succession, comme cela lui est habituel sur ces sujets qui ne l’intéressent guère, ne souffle mot. François Fillon enfin doit trouver qu’en politique l’injustice règne. Après s’être fait critiquer vertement sur ses projets de réforme de l’assurance maladie, il peut constater que le gouvernement de François Hollande peut faire pire sans que cela n’émeuve qui que ce soit ! Relevons que François Fillon proposait et a renoncé. François Hollande, lui, agit, comme on va le voir, en dehors de tout débat démocratique …

De quoi s’agit-il ?

A peu près tout le monde sait que les dépenses de santé croissent constamment avec l’âge et sont évidemment concentrées sur les personnes en mauvaise santé. Les personnes âgées sont donc en première ligne pour subir ces dépenses.

C’est bien pour cela d’ailleurs qu’en 1945 la Sécurité sociale a été créée, afin de réaliser une mutualisation intégrale du risque maladie entre les bien-portants et les mal-portants ou, si l’on préfère les jeunes et les plus âgés.

Le quart environ des dépenses de santé est à la charge de l’assuré social, soit sous la forme d’une cotisation à un organisme d’assurance santé complémentaire, soit par ce qui reste directement à sa charge après intervention de la Sécurité sociale et de sa mutuelle santé. Il suffit d’être passé chez son dentiste pour s’apercevoir que, pour les soins dentaires, c’est en moyenne à la moitié de la dépense que l’assuré social doit, seul, faire face.

En dépit de la généralisation, ou plutôt pseudo généralisation, de la complémentaire santé pour les salariés, cette situation n’a absolument pas changé sous la présidence Hollande.

En revanche, ce qui vient de changer pour les retraités, c’est le tarif auquel les organismes assureurs pourront désormais assurer une complémentaire santé.

Des facteurs principaux qui influencent le risque santé : l’âge, le sexe la catégorie socio-professionnelle, c’est bien sûr l’âge qui pose le plus de problème puisque le coût de la santé croit constamment selon l’âge de la personne. Cela veut dire que si l’assurance complémentaire santé est individuelle et libre, dans un contexte concurrentiel et non réglementé, le tarif évoluera en hausse toute la vie de la personne pour atteindre des niveaux exorbitants pour les personnes très âgées. Et ce, quelques soient les efforts de certains organismes pour ne pas aboutir à ces extrémités et mutualiser le risque sur toute la durée de la vie humaine. Malheur d’ailleurs aux organismes assureurs qui s’efforcent de mutualiser les jeunes et les plus âgés, car ils seront rapidement menacés de faillite face à la concurrence sauvage des assureurs privés qui ne couvrent que les bons risques et écartent impitoyablement les mauvais risques …

Pour les salariés, la négociation collective, pour les grandes entreprises et surtout les branches professionnelles permet de mettre en place de véritables « régimes » obligatoires pour tous les salariés de ces professions ou de ces entreprises. Ces régimes étaient mis en place de telle façon que les salariés relevaient d’un tarif uniforme quelque soit leur âge, tous étant supposés avoir l’âge moyen du groupe de salariés actifs ainsi constitué. Il y avait donc mutualisation entre tous les salariés de la profession ou de l’entreprise concernée. Un des avantages de cette formule étaient par exemple, que tous les malades chroniques ou les invalides de l’entreprise ou de la profession, étaient obligatoirement pris en charge, au même tarif, dans le cadre de ce groupe obligatoire.

S’agissant des retraités, lors de leur départ en retraite- donc une fois le contrat de travail rompu, ils sortent du cadre du régime obligatoire de l’entreprise ou de la branche et se retrouvent donc seuls face aux organismes assureurs alors même qu’en raison de leur âge leur risque a augmenté.

Le Législateur est donc intervenu en 1989 et a posé deux règles fondamentales :

  • L’organisme assureur de chaque entreprise doit obligatoirement proposer au salarié parti en retraite le maintien de sa complémentaire santé ; aucune restriction de garantie n’est possible et l’organisme assureur s’est vu interdire toute possibilité de résiliation du contrat jusqu’au décès du retraité  ;
  • Le tarif applicable aux retraités est plafonné afin d’éviter que les organismes assureurs ne majorent trop le tarif de la complémentaire santé du retraité le conduisant alors à résilier de sa seule initiative.

Cette loi, connue comme étant la loi Evin (31-12-1989), et un décret d’application de 1990 obligeait donc les organismes complémentaires santé à garder ces retraités (si ceux ci le voulaient bien entendu) dans le cadre du groupe constitué, pour les mêmes garanties, avec un tarif au plus égal à 50 % de plus que celui des salariés actifs.

Il y avait donc pour l’ensemble des salariés avec la généralisation de la complémentaire santé un encadrement, réel, des tarifs et des pratiques, limitant considérablement les pratiques auxquelles se livrent couramment les organismes assureurs et les courtiers en assurance

La négociation collective de branche et les interventions du Législateur en 1989 permettaient de rééquilibrer les relations entre, notamment, les TPE/PME et leurs salariés d’une part et les organismes assureurs d’autres part qui voyaient leur liberté d’imposer ce qu’ils veulent aux assurés limitée.

Rigoureusement rien n’obligeait le Gouvernement à revenir sur cette situation que l’on pouvait qualifier d’équilibrée – au moins par rapport à la situation d’aujourd’hui.

C’était sans compter sur la volonté, constamment réaffirmée, du Président de la République et de ses gouvernements successifs de satisfaire les moindres demandes du Medef et de l’un de ses membres les plus influents ; la Fédération Française de l’Assurance.

Le démantèlement de la loi Evin de 1989 a été opéré en deux temps :

1) Le Gouvernement s’est d’abord appuyé sur le Conseil Constitutionnel, grand promoteur de la liberté d’entreprendre et du marché, qui a d’abord estimé que toutes les entreprises étaient égales face au marché des assureurs privés : le boulanger du quartier est aussi armé que le groupe Total pour négocier son contrat d’assurance avec AXA … Les régimes obligatoires de branche ont ainsi disparu alors qu’ils permettaient justement de constituer de grands groupes d’assurés et répondaient bien aux besoins des TPE ; cette décision de 2013 du Conseil Constitutionnel ne concerne pas que la santé, elle s’applique aussi à l’arrêt de travail, l’invalidité et au décès (trois risques insuffisamment couverts par la Sécurité sociale et pour lesquels les assurés et les entreprises doivent recourir au marché de l’assurance) ; deux exemples peuvent illustrer ce qu’il faut bien qualifier de régression sociale :

– Comment assurer les invalides ou les malades chroniques dans le cadre d’un contrat d’assurance d’une petite entreprise ?

– Un salarié homme d’une entreprise ayant un seul salarié et une salariée femme d’une autre entreprise ayant une seule salariée pourront relever de deux tarifs différents. En effet, la tarification est libre en assurance collective même pour une entreprise d’un seul salarié (contrairement à ce qui a été affirmé par certains ). Mais il y a alors discrimination par sexe… qu’en pense Le Défenseur des Droits?…..

2) Pour les organismes assureurs, cette mesure n’était évidemment pas suffisante. Il leur fallait encore obtenir la liberté complète pour les tarifs appliqués à la complémentaire santé des retraités. Pour eux, le risque augmentant avec l’âge, la cotisation doit augmenter de la même manière sans limite d’aucune sorte. Aucun organisme assureur ne se préoccupe, bien sûr, de la question de savoir si, d’augmentation en augmentation, le retraité ne va pas un jour se retrouver dans l’incapacité absolue d’assumer la charge d’une cotisation qui augmente alors que ses retraites stagnent.

Il est bien sûr difficile de modifier une loi alors même que fin 2016-début 2017, la campagne pour l’élection présidentielle a justement mis l’accent – grâce au candidat Fillon ! – sur les inconvénients majeurs d’un recours inconsidéré au marché privé de l’assurance. Qu’à cela ne tienne ! Le très servile Bernard Cazeneuve et sa non moins servile ministre de la santé, Marisol Touraine, vont agir par la voie réglementaire. Par chance, le décret est un décret simple et le Conseil d’État n’a pas à être consulté !

Depuis le 21 mars 2017, un minuscule décret d’un seul article est venu limiter l’encadrement à 50 % du tarif de la complémentaire santé applicable aux anciens salariés partis en retraite aux trois premières années suivant la liquidation de leurs droits à retraite, ce qui signifie qu’ensuite le tarif est totalement libre, c’est-à-dire – vu le rapport de forces entre un assuré et un assureur – à l’entière discrétion de l’assureur.

Peu importe à François Hollande que ce décret soit contraire à une loi adoptée sous le second mandat de François Mitterrand, on ne tergiverse pas – surtout à quelques semaines de la fin de son mandat ! – lorsque la banque et l’assurance réunies commandent ! La seule généralisation qui les intéresse, c’est celle qui leur permet d’accéder au gigantesque marché de l’assurance maladie complémentaire et, bien évidemment, à n’y assurer que les bons risques !

Que l’on ne vienne pas nous dire que c’est la faute à l’Union Européenne ! Pour une fois, elle n’y est pour rien. C’est la responsabilité directe et exclusive de Hollande et de son gouvernement. Monsieur le donneur de leçon va devoir assumer. Et il est sain, pour le bon fonctionnement de la démocratie, que les citoyens sachent qui est responsable de quoi. Le citoyen doit également savoir que l’un des soutiens de la première heure d’Emmanuel Macron est le président de cette officine politique qui s’appelle « les gracques » et dont le président n’est autre que le président de la Fédération française de l’assurance … Tiens donc, comme c’est bizarre !

Tout ce petit monde pourfend à longueur de discours, et surtout d’actions lorsqu’il est au pouvoir, la démocratie sociale. Passons par-dessus bord la Sécurité sociale ! Hollande et Macron ont franchi une étape de plus : pourfendons la démocratie politique. Il faut avoir un sacré culot pour estimer que ce que coûte le droit à la santé pour les retraités qui sont les principaux concernés ne doit surtout pas être débattu et décidé par les représentants de la Nation, c’est-à-dire par le Parlement !

C’est dans le secret de son cabinet qu’Hollande et son gouvernement ont décidé quelques semaines avant la fin de leur mandat de faire aux assureurs ce cadeau royal qu’est la liberté d’imposer aux retraités le tarif de leur complémentaire santé. Sans doute considèrent-ils qu’ils n’ont de compte à rendre à personne et surtout pas aux électeurs ?

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A propos du second tour des élections présidentielles

par ReSPUBLICA

 

Courrier de Sentenac

Bonjour et amitiés libertaires.

Voilà, la bourse ouvre en hausse à 4,8 %, le libéralisme se frotte les mains, les profits par les attaques sur la population vont continuer de plus belle. Nos vies en lambeaux : pour encore plus de gens, c’est pour demain. Le prétendu front républicain contre l’extrême droite retarde – dans le système actuel – l’arrivée du Front National au pouvoir, et dans 5 ans, cela recommencerait. Le refus du système opposé par les 20 % d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon, ne peut pas se retrouver dans ce front anti-FN et pro-système de la prétendue seule possibilité du barrage par le vote. Le PCF, dans sa logique électoraliste, appelle au barrage du FN par une adhésion au front électoral prétendument républicain. Les candidats PC aux législatives utilisent le double affichage « candidat PCF/Mélenchon/Front de gauche » au mépris des candidats « insoumis ». Ils affichent ainsi leur choix de se contenter de ce système. Le PC est bien loin de la volonté de changement, d’esprit révolutionnaire qu’il portait autrefois, et il payera cela aux élections législatives. Le choix « insoumis » ne peut se satisfaire de cela et le second tour n’est plus un objectif où nous devons nous prononcer pour un front républicain électoraliste de soumission à un « pas le choix que de voter Macron ». Le choix peut être sociétal et un choix de lutte, dans la ligne inspirée par « l’avenir en commun ». Il nous faut refuser la fatalité d’attendre 5 ans. Un appel, respectueux de la campagne « insoumise », peut être, doit être, un appel à rejoindre massivement les syndicats pour les luttes qui s’annoncent et qu’il faudra mener pour sauver la Sécurité sociale, le code du travail, arrêter le conflit militaire en cours, etc. La France INSOUMISE, cela a un sens ; se prononcer pour le front républicain anti-FN, fût-il entouré de toutes les précautions de vocabulaire sera une erreur de non-sens. Nous ne devons pas baisser la garde, et résister pour construire. Nous n’avons pas fait la campagne insoumise pour un espoir, c’est pour une volonté, c’est pour construire une autre société, un autre avenir. Un libéral pour battre une libérale, fût-elle extrême ? Benoît Hamon et Pierre Laurent l’ont dit, c’est regrettable ! « On ne les veut pas », ne les ayons pas, soyons nous. « Courage, les gens » ; « leur monde est facile et triste, le nôtre est difficile mais tellement enthousiasmant ».

Courrier de Mohand Bakir

Pour France Insoumise, la consigne de vote pour le second tour ne doit pas tenir du subjectif. L’avenir en commun doit être son fondement objectif. Elle ne peut être en contradiction avec l’analyse de fond qui a porté la candidature de JLM. L’évidence est qu’elle est forcément une consigne de rejet de l’enfermement xénophobe. Peut-elle être une consigne en faveur du candidat Macron ? C’est d’un point de vue politique qu’il faut apprécier la portée d’une telle consigne en faveur d’un candidat qui s’assume comme le représentant de l’oligarchie impérialiste (l’impérialisme étant le stade de la concentration financière du capital). France Insoumise se doit-elle de rester cohérente dans sa dynamique ou doit-elle céder au formalisme « démocratique » claironné par les médiacrates ? La consigne de vote d’aujourd’hui engage les luttes de demain. Le PCF mesurera, plus tôt qu’il ne le pense, la portée de son appel précipité en faveur du vote « contre Le Pen ». Macron n’hésite pas à se dire désintéressé par les cotes « contre », il ne veut que des votes d’adhésion ! Dans ces conditions le devoir d’une force de transformation sociale n’est pas d’appeler à voter pour l’un contre l’autre. Il est de faire que la représentativité des deux forces parvenues au second tour soit le plus bas possible. La solution reste le dépassement de la monarchie présidentielle, la convocation d’une constituante souveraine et l’engagement d’une transformation démocratique universaliste du régime politique de la France.

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Révolution russe et Révolution française, par Albert Mathiez

par Bernard Teper

 

Cet ouvrage de 139 pages publié par les Editions critiques (14 euros) est une bonne entrée pour toutes initiatives d’éducation populaire sur ces deux grandes révolutions (février 2017 marquait le centenaire du démarrage de la révolution russe).

D’abord Albert Mathiez (1874-1932) est un des grands historiens de ces deux périodes. Il fonde en 1907 la Société des études robespierristes, puis en 1908, le premier numéro des annales révolutionnaires qui deviendront les Annales Historiques de la Révolution française. Sa thèse centrale est que ces deux révolutions suivent le même schéma ce qui bien sûr va entraîner la fureur des intellectuels de la bourgeoisie radicale de son temps. Il montre argument à l’appui que l’action de Lénine s’effectue dans les pas de Robespierre. Mais cet historien ne transige jamais avec la vérité historique et avec ses convictions. De plus, il pratique aussi de temps à autre, le métier de journaliste notamment dans la période de la Révolution russe.
Cet ouvrage contient d’abord une présentation de deux historiens actuels sur l’engagement de l’historien qu’est Albert Mathiez, puis une succession d’articles de journaux de mars 1917 jusqu’en 1931.
Albert Mathiez entre au Parti communiste en 1920 pour en sortir à la fin de 1922 car il ne supportât pas que le parti communiste français soit dirigé de Moscou y compris pour le choix de ses dirigeants. Il devint l’intellectuel le plus précis et l’un des plus précoces dans son combat contre le stalinisme venant d’un historien favorable à la politique montagnarde en France et bolcheviste en Russie (tout du moins jusqu’à 1922). Le dernier texte qui critique la mise au pas des historiens russes refusant de soumettre la vérité historique à la direction stalinienne est brillantissime.
Revenons à la thèse historique d’Albert Mathiez. Il montre dans un article de 1920 que l’on retrouve dans le livre que même si le contexte et la période sont différents, il y a une analogie entre le jacobinisme et le bolchevisme, entre les montagnards et les bolchevistes, entre la Révolution française et la Révolution russe. Dans les deux cas, il justifie globalement leurs politiques qui poussent le processus révolutionnaire au plus haut possible dans la période en regard à la situation interne et externe des deux pays. Dans les deux cas, il estime que la force motrice initiale se trouve dans les mouvements populaires ce qui le situe à contre-courant des interprétations selon lesquelles les révolutions appliquent des théories via leurs dirigeants. Dans l’article intitulé « Comment les révolutions débutent » écrit pour l’Humanité en août 1921, il écrit : « les révolutions ne sont pas l’œuvre des chefs… Les révolutions se déclenchent toutes seules. Elles déconcertent par leur soudaineté… Les chefs n’apparaissent et n’exercent sur elles leur action qu’une fois qu’elles ont éclaté. » Voilà une thèse que nous avons dans journal Respublica. Voilà une thèse que je défends dans le film de Marie Pialat « Peuple et pouvoir » !
Un des articles du livre intitulé Le bolchevisme est-il démocratique? écrit en septembre 1920 mérite particulièrement d’être lu pour en débattre ensuite dans une initiative d’éducation populaire !
Quel plaisir aussi de lire dans l’article « L’enseignement des révolutions » écrit pour le journal l’Humanité en janvier 1921 que « les seules révolutions qui méritent leur nom, les seules qui valent d’être tentées sont… celles qui ont pour objet un transfert de propriétés ». Thème repris dans le livre Penser la République sociale pour le 21ème siècle.
Ensuite, des articles montrant que notre historien journaliste analyse les conséquences géopolitiques des attitudes occidentales, et les conséquences pour les pays européens de la prescription impérative et subite de la tactique du front unique par la 3e Internationale.
Tous ceux qui sont attachés à la lutte sociale et politique doivent d’abord lire ce livre, puis organiser une initiative d’éducation populaire sur ces thèmes.



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