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Chronique d'Evariste
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  • lettre 844

L’affrontement social contre la politique de Macron, c’est pour demain

par Évariste

 

Si l’on en croit les documents que Médiapart s’est procurés, la loi El Khomri II (sans Madame El Khomri), cela démarre ce mois-ci avant la fin des législatives :

14 juin : projet de loi d’habilitation envoyé au Conseil d’État
28 juin : projet de loi présenté au Conseil des ministres
24 au 28 juillet : vote à l’Assemblée nationale
avant le 28 août : envoi des ordonnances au Conseil d’État
20 septembre : adoption du paquet d’ordonnances

La loi Macron-El Khomri I est passée par le 49-3 anti-démocratique, la loi Macron-El Khomri II est prévue par le processus anti-démocratique des ordonnances, c’est-à-dire sans débat parlementaire sur le fond du sujet car le débat n’aura lieu que sur la loi d’habilitation mais pas sur le contenu réel des ordonnances elles-mêmes. Le nouveau président veut ainsi éviter la possibilité de riposte immédiate des salariés et de leurs organisations syndicales revendicatives. Pour cela, il souhaite « boucler » le processus avant l’automne.
Toujours la même stratégie de la « grenouille chauffée » : les politiques d’austérité néolibérales se suivent par « tranches de saucisson » sans que soit présenté explicitement le projet global. Ainsi se suivent les actions du mouvement réformateur néolibéral sur les retraites, sur les lois travail, sur le financement de la protection sociale, sur les services publics, sur l’école, sur la privatisation des profits et la socialisation des pertes, etc.
Nous ne connaissons pas encore le futur contenu des ordonnances mais nous savons déjà que la ligne directrice sera d’augmenter fortement le degré de soumission des salariés aux décisions du patronat pour que ce dernier puisse bénéficier rapidement de la loi Macron-El-Khomri I.
Est-ce que le mouvement syndical revendicatif sera capable d’engager la première épreuve des forces dès septembre 2017 ?
Est-ce qu’une union des forces sociales (syndicales, associatives et politiques) pourra, parallèlement aux luttes sociales animées par le mouvement syndical revendicatif, développer un processus d’éducation populaire refondée (avec de plusieurs centaines d’initiatives publiques), du même type que le processus utilisé par la grande Attac pour préparer le Non au traité constitutionnel européen du 29 mai 2005 ?
Voilà les questions auxquelles le peuple mobilisé doit répondre !

Mais comme nous devons tenir compte des faiblesses du mouvement social par le passé, il conviendra, nous semble-t-il, en plus des deux axes de la mobilisation présentés ci-dessus, de mettre en discussion dans les débats non pas les programmes politiques des uns et des autres mais la question du modèle politique alternatif (avec ses principes constitutifs, ses ruptures nécessaires, ses exigences indispensables et sa stratégie) qui peut répondre aux besoins des citoyens, des travailleurs et de leurs familles. Car c’est bien ce qui a manqué pour poursuivre sur la victoire du non au TCE après le 29 mai 2005. Cela éviterait de réitérer les méthodes du vieux monde avec les actions en cartel non démocratique d’organisations où les débats centraux sont écartés par les dirigeants du cartel au nom de cette idée nauséabonde qui est l’une des causes du déclin de l’altermondialisme, à savoir « qu’on ne discute plus de ce qui divise même si c’est très important » et qu’on ne discute que sur ce qui fait déjà consensus.
Oui, on a le droit de changer de stratégie et de méthodes de travail au vu des résultats culturels, sociaux et politiques qu’ont produits la stratégie et les méthodes de travail employées par le passé. Oui, il faut développer la critique de l’économie politique, la critique des priorités culturelles et politiques passées, la critique des séquences politiques passées. Notre journal ReSPUBLICA associé au Réseau Education Populaire (REP) s’efforcera de répondre aux sollicitations qui naîtront ici et là dans le mouvement social et politique.
Non, il n’y a pas de fatalité à voir que l’extrême droite se développe plus vite et plus fort que la gauche critique en période de crise. A condition de ne pas attendre la prochaine présidentielle pour « faire barrage à l’extrême droite » et d’être capable de se remettre en question quand on n’a pas le soutien populaire suffisant. C’est tout de suite qu’il faut porter le fer contre la cause centrale du développement de l’extrême droite, à savoir les politiques néolibérales rendues obligatoires par le capitalisme lui-même pour lutter contre sa crise du capital et donc du profit.
N’hésitez plus à nous écrire, à nous téléphoner, à nous inviter en débat ouvert, en formation, etc.
Hasta la victoria siempre !

Laïcité et féminisme
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De souche/pas de souche, Blancs/non-Blancs... stop !

La polémique sur l’organisation d’un festival afroféministe en juillet résume les assignations identitaires du moment

par Martine Storti

 

Texte paru dans Libération le  1er juin 2017 : http://www.liberation.fr/debats/2017/06/01/de-souche-pas-de-souche-blancs-non-blancs-stop_1573885
Dernier ouvrage paru de Martine Storti : Pour sortir du manichéisme. Des roses et du chocolat, éd. Michel de Maule, mars 2016.

 

Je reçois un mail de Libération me proposant de réagir à «la polémique à propos du festival afroféministe Nyansapo». Merci, c’est gentil, j’accepte. Et quelques minutes plus tard, la lucidité m’ayant gagnée, je prends conscience du pétrin dans lequel je me suis fourrée. C’est, en effet, typiquement le genre d’affaire où il n’y a que des coups à prendre, quelle que soit la position énoncée.

Vais-je dire que ces «femmes et personnes assignées femmes, noires et métisses africaines et afro-descendantes» (je reprends les termes qui figurent sur le site du collectif afroféministe Mwasi organisateur du festival en question) ont bien le droit de se réunir entre elles ? Après tout, n’est-ce pas ce que le MLF a fait pendant des années et après lui de très nombreux groupes féministes, même s’il ne s’agissait alors que d’un entre-femmes où la couleur de peau n’entrait pas en compte ?

Approuver cette non-mixité «de genre et de race» (je continue à reprendre les mots du site), c’est illico presto se faire accuser de cautionner, au choix ou en même temps, le communautarisme, le racisme anti-Blancs, la sécession d’avec la République française, et peut-être même l’islamisme et le terrorisme !

Mais désapprouver cette non-mixité, c’est aussitôt récolter d’autres accusations, là encore au choix ou en même temps : raciste, agente – à tout le moins – complice du néocolonialisme et de l’impérialisme blanc, et même suppôt de l’extrême droite et de la fachosphère. Encore ne suis-je – c’est une chance ! – qu’une affreuse féministe blanche. Car si j’étais noire ou métisse, je prendrais en pleine figure, comme la journaliste Audrey Pulvar ou l’élue municipale parisienne Lunise Marquis, l’accusation la plus infamante, celle d’être une «traître» à ma communauté ainsi qu’à mes sœurs et frères de couleur. «Traître», le mot toujours utilisé pour refuser le débat et disqualifier le désaccord, traître le mot qui signe un fonctionnement totalitaire, quel que soit le courant politique.

Donc que des coups à prendre. Et se sentir coincée. Alors, réagir, certes, mais en tentant de desserrer l’étau, d’écarter les branches de la tenaille.

Un combat de femmes noires, un combat mené à la fois contre le patriarcat et contre le racisme, oui, mille fois oui. Et cette lutte a une longue histoire. Le collectif Mwasi rappelle à juste titre que dans les années 70 existait en France une coordination des femmes noires. Il est actuellement très chic et très post-col ou décolonial de dire qu’à cette coordination les «féministes blanches» ont été totalement indifférentes. C’est chic, post-col ou décolonial mais c’est faux. Nombreuses ont été les «féministes blanches» de l’époque à militer avec cette coordination et à travailler avec Awa Thiam qui en était alors la principale animatrice. Pas inutile, en revanche, de rappeler que ses principaux opposants étaient les «camarades révolutionnaires», aussi noirs que les femmes, qui leur expliquaient que leur combat était secondaire, voire petit-bourgeois, et que de toute façon tous leurs problèmes seraient résolus avec et après la grande révolution anticoloniale !

Quels étaient les thèmes de lutte de cette coordination ? Lutte contre le racisme dont les femmes noires sont victimes, assurément et lutte contre le patriarcat, mais sous toutes ses formes : le patriarcat colonial et néocolonial qui s’allie au racisme, bien sûr, mais aussi le patriarcat de leur propre communauté, ou pays, ou culture, qui se manifeste par exemple dans la polygamie, ou les mutilations sexuelles féminines, ou les mariages forcés, ou les inégalités entre filles et garçons, autant d’enjeux qu’Awa Thiam développait en 1978 dans son livre la Parole aux négresses ((La Parole aux négresses, Awa Thiam, préface de Benoîte Groult, Denoël – Gonthier, 1978.)), balayant ainsi tout le champ de l’oppression. Retrouve-t-on dans le collectif Mwasi qui prétend à la succession une telle ampleur de perspectives ? Absolument pas.

Un ennemi principal : «Le système raciste, hétéropatriarcal, capitaliste, néocolonial», nommé aussi «blantriarcal» et des ennemis secondaires, si je puis dire, au sens où ils secondent le principal, tantôt «le féminisme blanc», tantôt «les féministes blanches». Mais du patriarcat sans ou avec couleur, dont des femmes noires, françaises ou en France peuvent être victimes, pas un mot, en tout cas, j’ai cherché, sur le site du collectif Mwasi, pas un mot, en effet, de la polygamie, des mariages forcés, de l’excision…

Analyser et lutter contre toutes les formes d’oppressions, dessiner des chemins qui pour ne pas être identiques visent le même but, celui de l’émancipation, celui donc du droit à la liberté, à l’égalité, et j’ajouterai à la singularité, cela se dit dans un mot ancien, un beau mot, un mot que je me permets d’aimer, celui d’«universel».

Je ne me lasserai pas de le répéter : en ces temps d’assignations et de manipulations identitaires conduites par des bords prétendument opposés, de folie partagée des racines et de l’origine, de séparation entre les «de souche» et les «pas de souche» pour les uns, entre les «Blancs» et les «non-Blancs» pour d’autres, binarisme qui fonctionne selon le même logiciel, il y a dans l’affirmation de valeurs et de principes politiques universels, dans la volonté de faire exister un universel réel, concret, une subversion dont il convient de ne jamais se déprendre.

Protection sociale
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Accueil collectif des 0-3 ans : l’Allemagne a largement dépassé la France

par Zohra Ramdane

 

L’Allemagne était très en retard sur ce dossier. La conséquence fut sans appel. Le taux de fécondité des femmes est devenu l’un des plus bas d’Europe (il est descendu à 1,4 bébé par femme), idem pour le taux d’emploi. La crise du régime de retraites se profilait. L’Allemagne a décidé une construction massive de crèches collectives avec un taux de réalisation de plus de 90 %.

La France qui avait une avance certaine en ce domaine a décidé de construire peu de crèches collectives avec un taux de réalisation aux alentours de 55 %. Son taux de fécondité a frôlé les deux bébés par femme et a tendance depuis à baisser légèrement. Depuis 2003, la politique familiale vise à renvoyer les femmes à la maison notamment les femmes à bas salaires avec des aides pour cela.

Résultat :  l’Allemagne a construit (en tenant compte du taux de réalisation) plus de 4 fois plus de crèches collectives que la France depuis 2005. Elle a dépassé la France en 2010 et a une part des enfants en crèches collectives supérieure à celle de la France (27 % contre 20 %).

A noter que cela va de pair avec une mobilisation croissante de l’extrême droite catholique sur la politique familiale (de 100.000 personnes le 31 janvier 1999 lors de la manif anti-Pacs jusqu’à la Manif pour tous d’aujourd’hui avec des centaines de milliers de manifestants sur des positions haineuses). Par ailleurs, cette extrême droite catholique a petit à petit pris des positions dans l’appareil politique de la droite jusqu’à permettre à Fillon de battre Sarkozy et Juppé aux primaires de la droite. On ne dira jamais assez que la poussée politique de Fillon a été principalement due  à l’accord qu’il a passé avec Sens commun, le parti politique de la Manif pour tous, dont les dirigeants ont été intégré dans l’état-major de LR. Tous les observateurs du rassemblement du Trocadéro ont bien remarqué que les quelques dizaines de milliers de participants étaient là grâce à Sens Commun. Et le PS d’Hollande, d’Ayrault et de Valls qui a décidé le mariage pour tous comme avancée sociétale, a poursuivi une politique familialiste anti-sociale en matière de petite enfance.

Voir les données : http://www.strategie.gouv.fr/note-danalyse/places-creche-lallemagne-mieux-france-dix-ans

Combat laïque
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L’émancipation en Guyane : c’est pour quand ?

par Bernard Teper

 

Nous avons déjà pointé dans notre journal que la Guyane était le département avec les plus mauvais chiffres sociaux : échec scolaire, inégalités sociales de toute nature, chômage, pourcentage des habitants en dessous du seuil de pauvreté, pouvoir d’achat, désertification des services publics, etc. Pour le social, on voit là les résultats des politiques de l’oligarchie et on comprend bien le mouvement social de ces derniers mois.

L’actualité nous pousse à regarder cette fois-ci du côté de la laïcité. Dans ce département-région d’outre-mer (DROM), la dernière décision du Conseil constitutionnel déclarant conforme à la Constitution l’ordonnance royale de Charles X du 27 août 1828 montre une fois de plus comment l’oligarchie capitaliste fonctionne.

En Guyane, les 26 prêtres catholiques sont des fonctionnaires catégorie B et l’évêque catholique est fonctionnaire de catégorie A. En ce moment de pression sociale forte, 1 million d’euros par an est dépensée par la collectivité territoriale de Guyane (CTG) pour la seule Eglise catholique (rien pour les autres religions). Cela ne gêne personne dans l’oligarchie. Pourtant la majorité des élus guyanais sont pour l’abrogation de cet archaïsme. La CTG a demandé cette abrogation. Refusée par l’oligarchie, par le gouvernement y compris par Madame Taubira lorsqu’elle était garde des sceaux. Cette dernière avait pourtant déclaré lors de sa campagne de 2002 au club de la presse de Guyane que la laïcité devait être appliquée en Guyane. Propos qu’elle a dû oublier quand elle a vote contre la loi sur les signes religieux en 2004. Propos qu’elle dû oublier quand, garde des Sceaux, elle ne demande pas que la loi de séparation des églises et de l’Etat soit appliqué en Guyane (alors qu’elle est appliquée à la Réunion, à la Martinique, en Guadeloupe depuis 1911 !), mais pire, avec le gouvernement Hollande-Valls, elle demande au représentant de l’Etat en Guyane de faire respecter la loi et donc l’ordonnance royale de 1828 !

Mais comme la Collectivité territoriale de Guyane (CTG) a déposé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) pour se débarrasser de cet archaïsme réactionnaire, le Conseil constitutionnel a déployé tout son savoir-faire oligarchique pour repousser cette demande avec des arguments qui amènent des avocats à croire « avoir ingéré des substances illicites à la lecture de cette décision » !

Nous vous laissons lire les arguments du Conseil constitutionnel :

Il ressort (…), qu’en proclamant que la France est une – République … laïque -, la Constitution n’a pas pour autant entendu remettre en cause les dispositions législatives ou réglementaires particulières applicables dans plusieurs parties du territoire de la République lors de l’entrée en vigueur de la Constitution et relatives à l’organisation de certains cultes et, notamment, à la rémunération de ministres du culte“, note-t-il.

De plus, “le principe d’égalité ne s’oppose ni à ce que le législateur règle de façon différente des situations différentes“, dit-il, et “en imposant à la  collectivité territoriale de la Guyane la prise en charge de cette rémunération, (il) a traité différemment des collectivités placées dans une situation différente“.

Il va falloir qu’il nous explique la différence « colossale » entre d’une part la Guyane et d’autre part, la Guadeloupe, la Réunion et la Martinique !

Parce qu’il y a eu un droit colonial bâti autour d’une religion d’Etat, cela suffirait pour justifier une différence de traitement en droit à ce jour entre les religions, le Conseil constitutionnel estime que la dérogation a été voulue par le constituant. Le tout sur la base de vagues travaux parlementaires à une époque où il n’était pas question de QPC. Bravo les « sages » de la rue Montpensier ! On aimerait pouvoir demander entre autres aux « socialistes » Jospin, Fabius, Charasse, ce qu’ils en pensent dans une émission de télévision libre. Mais c’est rêver,  quand les chaînes de télévision et de radio sont sous le contrôle de l’oligarchie…

A lire, à voir ou à écouter
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« Marketing et communication politique » sous la direction de Frédéric Dosquet

par Bernard Teper

 

Ce livre de 300 pages paru aux Editions EMS (22 euros) dans la collection « Question de société » mérite le détour. Surtout pour les citoyens éclairés et les militants. Rien que pour comprendre comment est traité la citoyenneté en France et ailleurs. L’ouvrage est construit autour de cinq chapitres.

Le premier dresse « un panorama des idéologies politiques modernes ». Un peu à la façon des cours de première année de Sciences Po. Pas un mot sur le mouvement réformateur néolibéral fonctionnant à la tête du pouvoir politique depuis 1983. Même si le livre parle du fait que le libéralisme est la matrice et l’épicentre des idéologies politiques. Mais pas de caractérisation du néolibéralisme dans le libéralisme. En fait, le livre parle des organisations politiques à partir de leurs discours. Les partis sont classés selon des familles données : communisme, socialisme, conservatisme, fascisme. Ou encore libéral de gauche et libéral de droite. Ou bien anarchisme.  Par contre, concernant le fascisme, il n’y a pas d’analyse  des causes de son développement. Mais, intéressant dans ce livre la bibliographie qui permet à ceux qui veulent aller voir d’autres ouvrages plus spécialisés de le faire. Manque peut-être des livres de Laclau, Mouffe, ou des livres alternatifs récents. Intéressant dans ce livre, les « focus » sur des points spécifiques (l’anarchisme, l’anarcho-capitalisme, les textes de Marx, Machiavel, les nouveaux partis récents, le paradoxe d’Olson,  etc.). Non moins intéressant le début d’étude sur les idéologies transversales (écologisme, nationalisme, etc.), sur l’idéologie comme outil de polarisation de la bataille politique.
Le deuxième chapitre développe une étude sur 8 pays (Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Etats-unis, Italie, Belgique, Grèce, Brésil)  en précisant pour chacun les institutions, le système électoral et le système partisan. Beaucoup y trouveront matière à réflexion et apprendront de nombreuses différences qui sont souvent explicatives des comportements différents d’un pays à l’autre.
Le troisième chapitre concerne  le comportement des électeurs et les procédés de persuasion électorale. Dans ce chapitre se développent les visions sociologiques (libérale et critique) du comportement des électeurs. On explicite de façon simple, les modèles déterministes (Columbia, Michigan), stratégiques, économétriques, les modèles critiques (école de Francfort, le courant culturel critique de Birmingham, le courant de l’économie politique, Habermas, etc.). Puis les écoles psychologiques (usage des heuristiques de l’école cognitiviste, école constructiviste, etc.).
Le chapitre 4 est le chapitre sur les sondages. J’ai aimé la citation d’Alfred Sauvy : « dans toute statistique, l’inexactitude du nombre est compensée par la précision des décimales » ! C’est un article équilibré où les différents avis sont présents. Même s’ ils parlent de l’opacité des « redressements » effectués entre le sondage lui-même et la publication et de la réticence des instituts à leurs publications, ce chapitre très fouillée ne va pas au bout de la critique juste des instituts de sondages. Nous avons déjà montré que le traitement sondagier sur Chevènement en 2002 ou sur Hamon en 2017 est bien plus grave et scandaleux que ce qui est dit dans ce chapitre. Par contre, l’étude des différents stades d’un sondage est très éclairante. On comprend vite le principe de l’utilisation des panels avec gratifications pour les sondés (n’est-ce pas un biais ?), que l’avantage de la méthode des quotas pour les instituts est que les calculs d’erreurs ne sont pas aussi justes que dans les choix aléatoires et que donc cela justifie qu’on n’en parle pas à la télévision et à la radio, que la formulation des questions pose problème, etc. Il manque sans doute dans ce chapitre la réponse aux questions suivantes « Qui paye les sondages ? » «  Qui peut payer les sondages ?» car il y a bien un barrage financier quand on est pas un candidat de l’oligarchie.
Le chapitre 5 parle de l’e-marketing politique. Fondamental pour comprendre les manipulations modernes. On aurait préféré plus de traduction des formules anglo-américaines utilisées. Les différents outils du e-marketing politique sont présentés. Sans doute, il est dommage que cet article n’analyse pas l’utilisation des ces outils dans la dernière campagne présidentielle française. Dommage donc que le livre sorte trop tôt sauf si ce livre est prévu plutôt pour des étudiants à la rentrée prochaine. Et on aurait aimé plus de distance critique sur ces outils de communication et de e-marketing.

Cela dit, nous allons voir quand l’analyse sera faite que les résultats des élections législatives des 11 et 18 juin en France verront la plus grande asymétrie de toutes les élections depuis la Libération entre les candidats d’en haut et ceux d’en bas en matière de communication et de marketing politique. Il faudra donc revenir sur ce point lors des futures initiatives d’éducation populaire où nous serons présents.



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