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Nouvelle catastrophe pour le système de santé britannique préfigurant ce qui se passera en France si la politique néolibérale continue dans les hôpitaux

par Évariste

 

Du jamais vu : 68 des plus importants spécialistes de médecine d’urgence de toute l’Angleterre et du Pays de Galles ont adressé une lettre ouverte à la première ministre pour dénoncer le « grave et chronique » sous-financement des services d’urgence hospitaliers (A&E), certains soins n’étant plus sûrs dans le royaume1. 10-12 heures d’attente dans les services d’urgence pour trouver un lit. Des patients qui meurent sur les chariots. Dans certains services, plus de 50 personnes attendent en même temps avant de voir quiconque.

En fait, les plans d’austérité se succèdent et il est maintenant patent qu’il manque du personnel, des lits et de l’argent pour les soins médicaux.

La première ministre Theresa May a suggéré aux journalistes que c’était dû à la grippe. Pour les médecins spécialistes de la médecine d’urgence, c’est une crise à l’échelle du système, provoquée par 7 années d’austérité croissante. Comme le dit le journal « le Guardian », la succession des plans d’austérité ne fabrique pas des lits d’hôpital ni ne crée de nouveaux postes pourvus en médecins et infirmières.

Le débat fait rage sur le mode de financement du système de santé. Il est à noter que le financement de la sécurité sociale britannique est totalement fiscalisé et qu’en période d’austérité néolibérale, il est alors très facile chaque année de restreindre de plus en plus drastiquement le budget de la santé. À noter également que le président Macron a accéléré la politique de ses prédécesseurs Sarkozy et Hollande, à savoir de ne plus partir des besoins pour établir le budget de l’Assurance-maladie.

La fiscalisation croissante de la Sécurité sociale en France favorise, non pas en soi, mais dans le cadre du modèle politique néolibéral, de suivre les modèles soit britannique soit étasunien. Le modèle britannique est une forte austérité sur un service de santé publique coûtant 9 à 10% du PIB. Le modèle étasunien est un service de santé entièrement privatisé qui coûte plus de 17% du PIB, avec plusieurs dizaines de millions d’étasuniens sans couverture sociale malgré l’usine à gaz de l’Obamacare. Avis aux amateurs français. Hé oui, le modèle anglo-saxon va devenir de moins en moins désirable pour une partie croissante de la population. Pas plus dans le domaine de la santé et de la sécurité sociale que dans le développement du communautarisme si cher à la cinquième colonne qui s’est immiscée dans la gauche de transformation sociale en France.

Bien sûr, la France n’en est pas encore là, bien qu’elle en prenne le chemin. Nous avons encore des dépenses de santé avec près de deux points de PIB au–dessus des britanniques mais le chemin pris par le gouvernement Macron sur la Sécurité sociale est dans le sillage de la politique britannique à ce sujet. Mais plusieurs exemples viennent encore montrer le danger d’une politique de rentabilité pour l’hôpital public et les conséquences pour les usagers. On pense notamment à l’hôpital Henri-Mondor avec la fermeture annoncée de services. La mobilisation à l’appel de l’intersyndicale FO-CFDT-CGT-SUD démontre la capacité de résistance des premiers concernés, mais il conviendrait de globaliser cette lutte et de la soutenir davantage en tant qu’usager pour gagner.

Il devient donc urgent de se mobiliser contre la destruction par le gouvernement Macron des services publics en général et du service public de santé en particulier. Il suffit de regarder le programme en cours d’Action publique 2022 et de son comité d’experts (CAP 22) qui doit privatiser des services publics et supprimer 150.000 fonctionnaires. L’agenda d’Action publique 2022 prévoit de prendre des décisions d’ici l’été 2018. il devient donc urgent de se mobiliser avec la Convergence nationale Services publics2, qui va populariser dans les jours qui viennent un questionnaire alternatif à celui d’Action publique 2022.

La bataille est donc enclenchée. A vous de vous mobiliser !

 

  1. https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/jan/11/guardian-view-nhs-crisis-not-just-the-flu []
  2. https://www.convergence-sp.fr/ et convergenceservicespublics@gmail.com []
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Et les femmes dans la liaison du combat laïque et du combat social  ?

par ÉMILIE

 

L’appel « Combat laïque Combat social »  récemment lancé, et que nous avons signé, nous conduit à réinterroger dans la période, la place de notre engagement en tant que militantes féministes… mais pas que. Et à affirmer qu’à notre sens le combat laïque et le combat social, pas plus séparément qu’ensemble, ne sauraient être complets sans l’émancipation féminine.

Alors même que les intégrismes religieux pèsent tout particulièrement sur les femmes (et les enfants), « Fédérer le peuple », comme l’indique le sous-titre de l’appel en question, c’est ne pas faire abstraction du combat féministe dans la question laïque ; c’est reconnaître au combat féministe une dimension universaliste, humaniste, une vision émancipatrice de la société.

Le combat « pour les droits des femmes » nous semble indispensable mais il ne contient toujours pas l’embryon d’une transformation sociale. Si nous ne discutons pas ou si nous ne remettons pas en cause la société patriarcale, la question des droits sera toujours dans une perspective de demande d’égalité des droits, qui reste théorique et ne permet pas de changer en profondeur la société.
Mais comme il faudra toujours aller des droits théoriques aux droits effectifs, il reste un bon marqueur des luttes à mener.

La recherche de « l’égalité entre les femmes et les hommes » (objet de notre actuel secrétariat d’État, ce qui est un signe) se distancie des notions de parité ou de discrimination positive et semble dire qu’il y a là un objectif atteignable par paliers dans le cadre de la société telle qu’elle est. Ce que nous récusons.

Que signifie en effet l’égalité entre les sexes dans une société capitaliste fondée sur les inégalités économiques, qui se nourrit par ailleurs de multiples discriminations, brutales, et qui accroît les différences entre les individus et les classes sociales ? Être les égales des hommes dans l’exploitation économique ? Être les égales de dominants eux-mêmes dominés voire opprimés par ailleurs… ? Non, il faut regarder au-delà de l’existant vers une égalité qui résulterait de la disparition des raisons d’être du patriarcat et du capitalisme.

L’émancipation des femmes reste une notion qui fait sens si l’on veut bien admettre que les femmes ne sont pas les seules à devoir être émancipées du fait de quelque retard congénital ! Au sens premier qui est celui de l’autonomie juridique par rapport à un maître, l’émancipation semble acquise dans nos pays. Reste l’émancipation des esprits et des comportements qui a des racines multiples : les hommes comme les femmes doivent s’émanciper des représentations et des rôles stéréotypés qui les contraignent les uns et les autres, mais rares sont celles/ceux qui y parviennent contre leur milieu social et, bien entendu, les femmes sont dans des positions qui les entravent dans la voie de l’émancipation, que ce soit sur le plan du couple, de la famille, de la vie professionnelle. C’est pourquoi le combat laïque, le combat social et le combat féministe doivent aujourd’hui être simultanés, trouver des lieux d’expression et des formes d’action conjointes.

S’agissant de la lutte idéologique/culturelle, beaucoup reste à inventer (comme l’éducation populaire féministe) pour résister au rouleau compresseur de la société du spectacle, de la consommation et des violences qui conditionne les femmes et les hommes dès leur jeune âge. Les femmes ont été assignées à être les gardiennes “symboliques” des traditions patriarcales. A cet égard, la tribune « Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle » (e Monde du 9 janvier 2018) est un exemple saisissant de la persistance de cette aliénation.

Si l’affaire Weinstein a déclenché une lame de fond qui a mis en lumière les violences sexuelles subies par les femmes, les choses sont bien plus profondes. Les violences sont nombreuses, en fait il ne s’agit pas seulement des violences physiques, des meurtres, des viols, des mutilations, des agressions, des sévices physiques, moraux et psychologiques. La violence structure la vie des femmes dans une société façonnée par la domination patriarcale et, atteignant les femmes dans leurs droits à la vie, à la santé et à l’intégrité physique, constitue l’une des principales formes de violation des droits humains.

La violence contre les femmes prend une forme spécifique car elle a une dimension domestique/privée ; c’est au sein même de la famille où elles pourraient se croire protégées que cette violence est la plus répandue. En 2017, 126 femmes en France ont été tuées par un mari, un amant, un compagnon, un “amoureux”. Cette violence est dans la majorité des cas camouflée, ou tout simplement niée par la société. Le traitement médiatique des féminicides en donne un exemple éclairant : ” crime passionnel”, “drame conjugal”… quand il ne s’agit pas de faire porter la faute à la victime. Dans les affaires de viol, de même, c’est souvent à la victime de prouver qu’elle n’était pas consentante ou provocante. “Elle était habillée comment”? “pourquoi elle a été à son hôtel ? “…. A travers les affaires qui défrayent la chronique médiatique en France, on se rend compte du travail de conscientisation, de formation, de déconstruction des stéréotypes qui reste à faire tout particulièrement auprès des juges, des avocats, des policiers, des institutions, pour sortir du déni du viol et féminicide qui garantit l’impunité des agresseurs.

Pour la première fois au niveau international (en 2011), la violence contre les femmes est considérée comme une violation des droits humains, avec la convention d’Istanbul qui définit un cadre de prévention et de lutte. Emmanuel Macron a fixé comme grande cause du quinquennat l’égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Les conventions et les déclarations sont-elles suffisantes pour un changement réel de la situation ? Il nous est permis d’en douter si les textes ne sont pas accompagnés par des moyens financiers et des mesures contraignantes.

L’éducation et le combat culturel en faveur de l’égalité sont-ils alors l’outil pertinent – et suffisant – pour faire évoluer profondément notre société, pour effacer les violences structurelle et institutionnelle ?

Si nous ne comprenons pas les relations de pouvoir qui régissent les relations hommes-femmes, si nous ne remettons pas en cause ce système de pouvoir basé sur la subordination des femmes, aucune solution efficace ne pourra être trouvée.

Avec la crise du capitalisme actuel, structurante, nous vivons dans une société où les inégalités économiques augmentent, les écarts de salaire entre les hommes et les femmes – en moyenne de 26 % – demeurent : 60 % des entreprises de plus de 300 salariés et 70 % des entreprises de 50 à 300 salariés n’ont pas signé d’accord sur l’égalité professionnelle. Peu ou pas de sanctions à ce jour…

Les lois qui régissent le travail depuis 2013 (loi de sécurisation de l’emploi, Rebsamen 2015, loi travail 2016, ordonnances d’août 2017 précarisent les salari-e-és et desservent du fait même la cause des femmes, rendue moins audible.

Si le combat pour l’égalité est aussi économique, nous savons que dans une société capitaliste le combat féministe n’est pas résolu par la seule demande d’égalité salariale. Les choses sont beaucoup plus complexes entre les rapports de genre, les rapports de classe et les différents rapports de pouvoir de domination et d’exploitation.

Comment les États pourraient-ils s’exonérer de leurs responsabilités face au poids des mentalités qui pèsent sur l’évolution du rôle des femmes et sa place au sein de la famille et de la société ?

A l’heure où le rôle et la place des femmes sont des sujets sensibles, nous nous interrogeons toujours : pourquoi l’absence dans le débat du lien entre laïcité et justice sociale, aussi bien pour l’égalité entre les femmes et les hommes que dans la lutte contre toutes les formes de discrimination ?

Les femmes sont confrontées aux archaïsmes de la société patriarcale en dépit de leur participation active à la construction de la société, elles sont toujours renvoyées à leur rôle traditionnel d’épouse et de mère. Parler de la laïcité sans son rapport avec les droits de femmes consisterait à faire abstraction du combat des femmes contre l’intégrisme et les pouvoirs politico-religieux pour l’émancipation des femmes et des jeunes filles.

Même si, dans nos sociétés occidentales et sécularisées, le lien entre le politique et le religieux semble s’être atténué, les femmes redeviennent l’enjeu idéologique sous la pression d’organisations politico-religieuses, obscurantistes, rétrogrades, en faveur du retour à l’ordre social communautaire et religieux qui mènent une bataille féroce contre les laïques et les progressistes. Les femmes sont ainsi assignées à être les gardiennes “symboliques” de la valeur suprême de la famille, des spécificités culturelles et des identités.

Sans se limiter à défendre la laïcité uniquement sur la base de la séparation du politique et du religieux, du respect des croyances, de la liberté de conscience, il est nécessaire, en inscrivant le combat féministe aux côtés du combat laïque et du combat social, de donner à cette liaison sa pleine dimension politique.

La laïcité est fondatrice de la citoyenneté. Elle contribue à la mise en place de l’égalité des droits des individus dans l’intérêt général. Elle est un acquis social majeur pour l’expression du principe d’égalité entre les femmes et les hommes et l’émancipation des citoyens et des citoyennes.

Le féminisme que nous défendons ici, parce qu’il veut lutter de façon théorique et de façon concrète contre les formes du patriarcat correspondant au capitalisme actuel, apportera sa pierre aux forces progressistes.

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Comprendre le Rojava kurde syrien

par ReSPUBLICA

 

Le Rojava est une entité autonome à majorité kurde de la Syrie qui s’est constitué à la suite du « printemps syrien » qui a débouché sur la guerre de Syrie. Très vite, les poussées sociales, démocratiques et laïques du « printemps syrien », sans organisation capable de porter cette utopie, ont laissé place au développement de la guerre de Syrie. Très vite, les impérialismes occidentaux ont soutenu et financé une opposition au clan Assad, opposition dirigée par des islamistes proches des djihadistes d’Al Qaïda, qualifiés par les ministres occidentaux « d’islamistes modérés (sic !) ». L’impérialisme russe soutenant, quant à lui, le clan Assad, majoritairement formé par des musulmans alaouites (qui est une scission du chiisme musulman).

Le désastre de la guerre d’Irak durant laquelle les Américains ont donné le pouvoir aux musulmans chiites irakiens a favorisé le développement des islamistes djihadistes de Daesh renforcés par des officiers musulmans sunnites de l’ancienne armée de Saddam Hussein. Une partie importante des kurdes syriens, proche du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), qui agit en Turquie, a formé les Unités de protection du peuple (YPG), avec une branche féminine (YPJ). Structures armées du Parti de l’Union démocratique syrien (PYD), les Unités de protection du peuple font partie des Forces démocratiques syriennes, qui comportent également en leur sein des organisations arabes.

Ce sont ces Forces démocratiques syriennes qui ont libéré Raqqa de l’emprise de Daesh et organisé un référendum et une proclamation d’indépendance du Rojava. Ce territoire semble porteur d’un projet de démocratie sociale et de laïcité, ce qui est étonnant dans cette région. Pour le dirigeant des YPG Salih Muslim, la relation des YPG « avec les États-Unis est simplement une alliance contre la terreur de Daesh. C’est le peuple de Raqqa qui décide sous quelle forme et comment gouverner la ville ».

Cela dit, l’avenir du Rojava n’est pas écrit car il suscite l’hostilité des dirigeants de l’Iran, de la Syrie, de la Turquie et de l’Irak. Par ailleurs, les dirigeants du Kurdistan irakien développent une grande hostilité vis –à-vis du Rojava car ils sont alliés au régime turc (pour le KPD de Barzani) et iranien (pour le YNK de Talabani).

Il faut donc comprendre la difficulté qu’ont les forces démocratiques pour atteindre des objectifs dans une région d’affrontement entre les impérialismes occidentaux et russes d’une part et entre les 4 pays de la région à savoir la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran. Si les impérialistes américains et russes ont vu d’un bon œil l’action des Forces démocratiques syriennes, ils n’en soutiennent aucunement le régime démocratique, ni la déclaration d’indépendance, et travaillent plutôt avec leurs quatre pays vassaux. Notons simplement que le TEVDEM est l’alliance politique qui administre les régions du Nord de la Syrie libérées de Daesh. Elle est formée principalement du parti kurde PYD (Parti de l’Union Démocratique), du Parti de Gauche de Rojava, du Baris (parti de la Paix) et d’une fraction du KPD (Parti démocratique du Kurdistan) qui refuse la position de Barzani en Irak.
La charte de Rojava peut être consultée en ligne.
En ce qui concerne l’égalité hommes-femmes, c’est le régime le plus avancé de la région.

Comprendre les raisons géopolitiques du conflit en Syrie

 Tout d’abord, nous savons que le partage de la rente pétrolière à l’intérieur du Moyen-orient lui-même et l’approvisionnement énergétique des impérialismes occidentaux est un invariant de la géopolitique depuis que le pétrole et le gaz sont indispensables au développement économique et politique de ces pays. Cela explique notamment pourquoi les impérialismes occidentaux ont varié dans leurs alliances. Le clan Assad, d’abord aidé par l’impérialisme américain (guerre du golfe éliminant la dictature sunnite de Saddam Hussein voulant prendre le contrôle du pétrole du Koweït, et donnant de fait le pouvoir à la majorité chiite), puis aidé par l’impérialisme russe dans la reconstitution du continuum chiite du Liban à l’Iran, a su se mouvoir dans cette géopolitique compliquée. Dans cette évolution, la chute des « rebelles syriens », en fait dirigés par des djihadistes d’Al Qaïda, d’abord soutenu par les américains et les français, a entraîné les américains à soutenir in fine les Forces démocratiques syriennes à majorité kurde bien qu’ils soient opposés à la constitution de l’Etat du Rojava, qui est en fait le but de la poussée kurde dans cette région du nord de la Syrie.
Mais il existe, d’après le géo-économiste de l’Energie, Laurent Horvath, d’autres causes qui ont rendu cette région fragile et donc paroxystique. Il faut savoir qu’au début du siècle, 50% du PIB de cette région étaient constitués par l’agriculture et le pétrole. Les ressources en eau y ont diminué de moitié entre 2002 et 2008, engageant des sécheresses impressionnantes de 2007 à 2010. Les productions de blé, de betterave, d’orge ou de coton, de poulets, de moutons et de chèvres se sont effondrées. De l’autosuffisance en céréales, la Syrie est devenue importatrice de 4 millions de tonnes en 2012. Les prix doublèrent. L’exode des paysans sunnites a massivement rejoint les villes bastions des alaouites (religion dérivée du chiisme soutenu par le régime Assad).
Pour le pétrole, alors qu’en 1996, la production de pétrole était de plus de 600.000 barils par jour, la production est tombée en 2010 à 385.000 barils/jour puis en 2012 à 210.000 de barils/jour. En mai 2008, le gouvernement syrien a dû acheter le pétrole plus de 140 dollars le baril et a stoppé la vente de l’essence largement en dessous du prix de revient. En une nuit les prix ont triplé ! Puis l’abaissement du prix du baril après la crise de 2008 a asséché les finances syriennes.
Tout cela pour dire qu’au sortir de la guerre civile, rien n’est réglé sur ce plan économique. L’eau, la production agricole et le pétrole resteront encore longtemps un problème quels que soient les régimes en place.



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