Mode d'emploi

Soutenir et financer

Bien que le journal électronique soit rédigé par des contributeurs non rémunérés, nous devons faire face à des frais (notamment informatique). C'est pour cela que votre aide financière est la bienvenue pour nous permettre de continuer à vous informer sur les combats de la Gauche Républicaine et Laïque. Pour ce faire vous pouvez faire une adhésion de soutien en vous inspirant du barème ci-après et en nous envoyant sur papier libre vos Noms, Prénoms, Adresse et courriel à :

Les Amis de ReSPUBLICA
27, rue de la Réunion
75020 PARIS

Barème indicatif :
Chômeurs, RMIstes, Etudiants : 10 €
SMIC et au-delà : entre 25 € et 100 €

 
A la une
Rubriques :
  • A la une
  • Chronique d'Evariste
  • Combat laïque
  • Combat social
  • combat laïque
  • combat social
  • lettre 867
  • ReSPUBLICA

« Combat laïque Combat social – Fédérer le peuple »

Première rencontre des signataires de l’Appel

par Évariste

 

Le 10 février 2018, près d’une centaine de personnes – sur les 1 800 à ce jour dont on retrouve la liste sur le site www.combatlaiquecombatsocial.net – ont participé dans le 12e arrondissement de Paris à une rencontre destiné à donner chair au texte de l’appel. Cet appel a été publié le 15 décembre 2017 par le journal Marianne et par notre journal électronique.
Certains avaient envoyé des témoignages écrits ou filmés. D’ores et déjà, il a été évident que l’initiative redonnait confiance à ceux qui se sentent isolés dans la liaison du combat laïque et social, et le courage d’aller défendre cette idée si nécessaire au sein de leurs milieux respectifs, de prendre la parole dans l’espace public face aux communautaristes, aux identitaires et aux néo-concordataires, face à ceux qui ont une vue brouillée des enjeux : une ligne de démarcation raisonnée sera désormais plus facile à défendre au sein de la gauche, même s’il y a loin de la coupe aux lèvres…
La succession des prises de parole à la tribune tout au long de l’après-midi n’eut heureusement rien d’un défilé convenu de représentants d’organisations, comme c’est souvent le cas. Pour répondre à la question « Pourquoi ai-je signé cet appel ? », les intervenants ont parfois emprunté un langage très personnel, ainsi l’écrivain et journaliste Areski Metref, la directrice du Théâtre du Soleil Ariane Mnouchkine, ou le journaliste « rescapé » de Charlie Hebdo Antonio Fischetti. Les interventions de l’universitaire de l’éducation Jean-Louis Auduc et de l’historien Jean-Paul Scot ont été remarquées. Tandis que d’autres puisaient dans leur expérience concrète, comme l’élue FI de Montreuil Riva Gherchanoc ou le président communiste du Conseil départemental du Val-de-Marne, Christian Favier, ou encore Danielle Simonnet, co-présidente du Parti de gauche, et Marinette Bache de République et socialisme. La parole du syndicaliste Julien Gonthier, responsable de Sud industrie, l’intervention de Christian Gaudray, président national de l’Ufal, de Francis Vanhée de l’association laïque CREAL de Normandie, élargissaient le panel des interventions. Furent présents aussi Michel Jallamion, président de la Convergence nationale services publics, Patrice Hemet du MS21, Michèle Desseine du Pardem, les animateurs du Réseau Education Populaire. Ces derniers ont d’ailleurs reçu des demandes d’intervention en province dans les semaines et les mois qui viennent de la part de signataires de l’appel.

Les perspectives

Plusieurs projets sont prévus : créer une entité capable de prendre place dans le débat public par des interventions liées à l’actualité, le développement de partenariats/essaimages en régions, des cycle de formation (le matin du 10 février, l’exemple en fut donné sur place)
Au cœur de cette initiative, notre journal ReSPUBLICA continuera à couvrir le développement de cette campagne. La liaison du combat laïque et du combat social est dans l’ADN de notre journal depuis sa création au début de ce siècle. Nous souhaitons accueillir des arguments pour prolonger les réflexions et alimenter les débats sur la liaison entre les combats laïques, sociaux, démocratiques, féministes et écologiques qui restent ouverts. Par exemple, sur le combat social et politique contre le néolibéralisme, pour la défense de l’école publique, de la Sécurité sociale et des services publics, sur les solidarités internationales, mais aussi sur tout ce qui touche de près ou de loin à la bataille laïque. Nous souhaitons donc de nouvelles contributions mais aussi pouvoir les articuler, entre théorie et pratique, avec les actions d’éducation populaire correspondantes, celles de notre partenaire REP comme d’autres. N’hésitez pas à utiliser votre journal ReSPUBLICA comme un outil au service de la liaison entre combat social et combat laïque !

Face au terrorisme
Rubriques :
  • 13 novembre
  • Face au terrorisme
  • Laïcité
  • Conspirationnisme
  • endoctrinement
  • internet
  • lettre 867
  • radicalisation

Jeunes sous emprise. L’endoctrinement par le Net

par Jacqueline Costa-Lascoux

 

Source : http://www.laicite-republique.org/jeunes-sous-emprise-l-endoctrinement-par-le-net-j-costa-lascoux.html (3 février 2018)

Le net est un redoutable outil de propagande aux mains des extrémistes. La rapidité de diffusion, l’ampleur de l’audience, le ciblage des internautes par les algorithmes, l’interactivité sous couvert d’anonymat. Il permet de toucher les plus désenchantés et les plus vulnérables dans leur intimité, il étend son influence en multipliant les connexions en réseau tout en laissant croire à chacun qu’il est l’objet unique de l’attention. La toile devient ainsi l’univers où se projettent les frustrations et où se déploient les rêves, parfois les plus délirants. L’emprise mentale prospère sur la victimisation de ceux qui se sentent humiliés, atteints dans leur dignité et leur identité. La religion surgit souvent au cœur de cette blessure.
Les pouvoirs publics tentent de lutter contre le cyber-endoctrinement, notamment en bloquant certains sites. Toutefois, la fermeture d’un site risque d’entraîner l’ouverture de plusieurs autres. Et, surtout, la liberté d’expression est la raison d’être des réseaux sociaux : elle s’oppose à des interventions intrusives. Comment analyser ces nouvelles formes d’embrigadement chez des jeunes qui restent plusieurs heures devant leur écran ? Certainement en aidant à construire un ensemble de défenses contre la manipulation, en apprenant à décrypter les messages, à exercer son esprit critique, à argumenter et débattre sur le sens des paroles et des actes de propagande… et d’abord à comprendre.
Le travail mené avec l’association Olympio dans les Yvelines, l’Essonne, le Val-de-Marne, les départements normands, sur le cyber-endoctrinement chez les jeunes internautes révèle les réticences des adultes à se pencher sur ce que regardent les adolescents1. « Cela n’est pas dans mes références culturelles », « Cela nécessiterait une requalification technique que je ne suis pas prêt à engager », « C’est pour les ados, c’est leur univers, je n’ai pas le temps de m’amuser » « Cela me fait peur, je ne veux pas finir sur le fichier des signalés ». Pour aborder la question du cyber-endoctrinement, il est donc nécessaire d’inciter les adultes à se confronter à un monde qu’ils redoutent et qui est pourtant familier à la majorité des adolescents.

Une démarche originale

Les actions de sensibilisation réalisées avec l’association Olympio2, dans le cadre des politiques de prévention de la « radicalisation », ont touché plusieurs milliers de personnes, dans une trentaine de villes, depuis novembre 2015. Les séances avec des élus, des éducateurs, des associatifs, des parents, des animateurs, des élèves, se sont déroulés sur des journées entières, par petits groupes, dans des Maisons de quartier, des établissements scolaires, des mairies, des lieux institutionnels ou associatifs.
Dans un premier temps, l’animation consiste à libérer la parole et à susciter des débats en visionnant un support audiovisuel réalisé par trois game designers s’inspirant de jeux vidéo, clips, films, réseaux sociaux et sites propagandistes. Le décryptage du graphisme, de la bande son, du montage des images, des thèmes abordés permet de mieux saisir leur impact sur ceux qui les regardent en boucle. Dans un deuxième temps, les participants sont invités à monter des saynètes sur les situations dont ils ont à connaître dans leur vie quotidienne – « en vrai » – ou sur des cas cités.
Le thème général proposé s’intitule Jeunes sous emprise et le propos est d’analyser la relation aux écrans, telle qu’elle peut apparaître sous forme d’une véritable addiction. Les mécanismes du cyber-endoctrinement sont étudiés avec l’analyse des stéréotypes et archétypes véhiculés par les écrans. Un parti pris : aucune référence, dès l’abord, à la religion.
Les différentes étapes du processus d’emprise sont caractérisées par des mots-clés marquant les changements d’attitudes ou de postures des internautes. Dans toutes les réunions, les participants ont exprimé, dès la bande annonce, le désir d’aller plus avant dans le visionnement du support audio-visuel, avouant l’attrait que cela exerçait sur eux. Un comédien professionnel anime le débat tout en favorisant une certaine distanciation pour éviter des implications personnelles trop fortes. Les échanges sont ponctués d’informations sur le net, sur des données sociologiques et juridiques, et des pratiques observées sur d’autres territoires3. Les études de cas et les saynètes, choisies par les participants, sont l’occasion d’une expression libre sur les difficultés du quotidien. Les participants donnent leur interprétation des faits, leurs opinions, critiques ou suggestions. Un verbatim est établi. Par ailleurs, pour ouvrir le dialogue avec les lycéens et les collégiens, des journées d’animations scolaires sont organisées, à partir des mêmes supports (plusieurs centaines d’animations ont eu lieu avec l’appui des rectorats, des CAF, des Conseils départementaux et des préfectures).

Les premiers enseignements

Les séances auprès des adultes ont fait apparaître des points importants, similaires d’une ville à l’autre, malgré les différences notables de l’environnement local et de du profil des participants. Ces enseignements ont été complétés par ceux collectés lors de formations auprès d’éducateurs spécialisés et de Juges des enfants, lors de rencontres avec des bailleurs sociaux et des élus, avec des psychiatres tunisiens et algériens.
Le parti pris initial était de ne pas parler de confession ou de radicalisation (seulement de cyber-endoctrinement, de « jeunes sous emprise »). Pourtant, dès les premiers échanges, les participants firent référence à la radicalisation religieuse et les saynètes sur les thèmes choisis par les participants furent centrées sur des pratiques se réclamant du culte musulman (femmes voilées, refus des hommes de serrer la main d’une femme, revendication de temps de prière, refus de se joindre à une fête d’anniversaire, d’écouter de la musique, de sortir avec une fille non-musulmane, de participer à des activités mixtes…). L’irruption des pratiques liées à l’islamisme fut un enseignement majeur, reconnu non sans gêne par tous les participants, ceux qui se déclaraient musulmans ou ceux qui affirmaient leur volonté de ne pas stigmatiser les musulmans, de ne pas céder à « l’islamophobie ».
Ce premier constat s’est accompagné d’autres observations. Tout d’abord, le grand désarroi, la « sidération » des professionnels, des éducateurs, des associatifs, des parents, face à des situations qu’ils ne comprennent pas. La prise de conscience d’une possible fracture générationnelle au-delà de l’apparente familiarité de la vie quotidienne, semblait difficilement acceptable à ceux qui prônaient la communication avec les jeunes comme le remède aux accrocs de la vie adolescente. Parallèlement, tous les adultes ont exprimé, à quelques rares exceptions près, un manque d’information sur les attitudes à adopter, sur les dispositifs actuellement mis en place, y compris le Numéro vert, relativement peu connu ou qui est parfois associé à un signalement voire, par certains parents, à une « dénonciation », aux autorités, une délation : « Je ne vais pas dénoncer mon enfant à la police. Je ne suis pas une balance ».
Autre constat, la demande de solutions rapides. Chacun attend une liste précise de « signes d’alerte » et un « kit de bonnes pratiques » qui permettraient une intelligibilité immédiate des faits et laisseraient espérer des réponses pouvant endiguer le phénomène, aussi bien pour des cas individuels que collectivement. S’ajoute à cela l’idée répandue que, lorsqu’il s’agit d’une radicalisation religieuse, les solutions ne peuvent venir que de « bons docteurs » partageant la même confession et donc « en mesure d’expliquer aux jeunes embrigadés que ce qu’ils voient sur les écrans n’est pas la vraie foi ». Cet espoir est naïf. La réponse n’est évidemment pas théologique, même si la connaissance des sources religieuses est susceptible d une réflexion critique. En vérité, les facteurs de la radicalisation sont multiples et le processus est intimement lié à des archétypes et aux ressorts psychologiques des idéologies totalitaires, confessionnelles ou non. La réponse ne peut être que citoyenne et républicaine.

L’emprise, un processus partiellement invisible

Le processus d’emprise s’observe chez des jeunes de milieux différents, chez des garçons ou des filles : il n’y a pas de profil type. En revanche, on observe plusieurs étapes qui obéissent à une véritable programmation. En grande partie invisible à l’entourage, le processus se caractérise par quatre faits récurrents : la rapidité de la radicalisation par le cyber-endoctrinement (parfois une ou deux semaines suffisent) ; l’aveuglement de l’entourage, qui « n’a rien vu venir » ; le rôle déterminant des applications sur les smartphones, plus efficaces que les leçons des parents ou les prêches du religieux local ; l’influence des fratries et des fraternités virtuelles du net.
En travaillant sur les sites, les jeux vidéo, les clips, on mesure la fascination de l’image, du son, des montages, qui renforcent la logique manichéenne du bien et du mal, du pur et de l’impur, du croyant et de l’impie, du soldat de Dieu et de l’apostat. Une logique binaire qui se nourrit de deux terreaux fertiles : la victimisation et le complotisme. Les clichés prennent appui sur des archétypes, auxquels toutes les religions ou les idéologies ont eu recours : la lumière qui surgit des ténèbres, les éclairs qui suggèrent la création et la puissance, des guerriers exhibant des armes et portant une cape ou un habit qui ne permet pas d’identifier une personne, la main tendue vers celui qui se sent humilié, le noir de la mort salvatrice et purificatrice, le blanc de la sainteté… Le virtuel confère à ce symbolisme une universalité qui peut atteindre des jeunes de cultures différentes. Mais si les archétypes sur lesquels s’appuie l’embrigadement ont traversé les siècles, il est remarquable que le graphisme et les codes visuels utilisés pour le cyber-endoctrinement sont largement inspirés des films et des séries de science fiction, de recueils de BD tel Marvel. Curieusement, les sites djihadistes reproduisent, dans leur graphisme et leur bande son, les spots destinés à l’enrôlement dans l’armée américaine !
Citons des phrases clés recueilles sur les sites : « Toi qui est isolé, humilié, je te reconnais » ; « Tu vas découvrir un monde sans corruption, ni perversion, ni injustice, un monde de fraternité » ; – « Il te faut rompre avec tes amis, ta famille, ton identité (en changeant d’apparence et de nom) » ; – « Tu deviendras alors un héros, un homme nouveau » ; – « Tu porteras la promesse d’un monde purifié, transformé, et ton martyr ouvrira les portes du Paradis à toi et à ta famille » ; « Avec nous, tu terrasseras le dragon du Mal, les feux de l’enfer ». Les professionnels eux-mêmes se prennent vite au jeu de ce genre de Star Wars ou de Matrix. Le cyber-endoctrinement a quelques années d’avance sur nos méthodes pédagogiques ; il jour sur l’émotionnel, le symbolique et les fantasmes !
L’un des fils rouges de cet embrigadement est l’image d’un univers fortement sexué, où l’homme « viril », le guerrier, a besoin d’une femme à sa dévotion, « sa perle », sans laquelle il n’y aurait pas de héros ni de martyr. Parfois, la femme, surtout si elle a été « souillée », peut accéder au statut de martyr, en donnant sa vie. La place croissante des filles sur le net montre une extension du cyber-endoctrinement par des méthodes de propagande spécifiques, avec un jeu de persuasion fondé sur des représentations sexuées valorisées. La complémentarité dissymétrique est fondatrice d’un intégrisme religieux, qui prétend combler le mal être des adolescentes. Les jeunes filles rêvent du prince charmant et d’offrir leurs services à une cause humanitaire : elles préfèrent l’illusion du choix (sur photo) au choix réel qu’elles ont dans une société démocratique. Mais il est vrai que l’enfermement dans les quartiers accentue ce paradoxe « « Vous croyez que les mecs de mon quartier me font rêver ! » Les manipulateurs ont alors beau jeu d’utiliser les traditions : « Ne cherche pas l’égalité qui est l’indifférenciation. Affirme ta dignité dans la complémentarité de l’homme : tu seras la femme du héros et tu lui donneras une descendance pour la propagation de la foi ». La répartition des rôles donne des repères, un semblant d’intelligibilité de soi et du monde, une apparence de loyauté aux ancêtres. Les adeptes acquièrent ainsi une identité qui les prémunit contre une alliance avec un mécréant.

Les étapes de l’embrigadement

L’endoctrinement se présente comme un chemin initiatique, marqué par des épreuves, qui sont autant d’étapes vers la naissance d’un « homme nouveau ».
1. La première étape est celle de la séduction. Le repérage se fait par le moyen d’algorithmes permettant de cibler progressivement un noyau de personnes à la recherche d’un « ailleurs », d’une autre vie. C’est la métaphore du pêcheur qui jette son filet pour attraper quelques poissons. Le ciblage prend en compte une batterie de critères qui vont de caractéristiques psychologiques et familiales à des différences culturelles, linguistiques, de genre, des trajectoires migratoires…il utilise des langages différents et certains sites visent plus particulièrement les filles, les convertis, les étudiants. Cette première phase de la séduction joue sur l’isolement, sur des failles narcissiques, l’ennui de soi et du monde, les addictions. Elle reste le plus souvent invisible, car elle a besoin du secret pour manipuler la personne dans son intimité.
2. La deuxième étape de l’embrigadement requiert l’implication du manipulé, qui va devenir à son tour manipulateur. Elle est celle du prosélytisme visible qui recourt à des attitudes, des gestes, des paroles, une apparence, destinés à être remarqués. Des applications sur les smartphones servent d’aide-mémoire pour indiquer la liste de ce qu’il est permis ou interdit de faire, ce qui rapporte des points pour aller au paradis et ce qui en fait perdre. L’endoctrinement demande alors à l’internaute de devenir à son tour manipulateur en l’alimentant de slogans et de réponses-types, en indiquant les lieux où se montrer et où tester la résistance des impies. Le manipulé/manipulateur se sent choisi, « élu ».
Les signes visibles de l’implication sont récurrents : changements d’apparence physique (maigreur, barbe), de vêtement (djellaba, niquab, pantalons au dessus des chevilles et qui « ne montrent pas l’entrecuisse »), de modes de vie (enfermement dans sa chambre) ; respect formel de prescriptions et de rituels (nourriture, prières, jeûne). Ces changements visibles s’accompagnent de comportements en rupture : décrochage scolaire, abandon d’activités de loisirs ou sportives (sauf les sports de combat) ; éloignement de l’entourage, des anciens copains et copines ; refus de serrer la main d’une personne d’un autre sexe ou d’un mécréant (geste qualifié de « symptôme de schizophrénie » par une psychiatre tunisienne) ; refus de la mixité ; rupture avec la famille ; transformation de la personnalité tel le renoncement à la séduction, l’absence de coquetterie (« on s’enlaidit sciemment ») ; la perte du sens de l’humour, de l’esprit critique et l’interdiction du rire. Si certains de ces signes rappellent des provocations adolescentes, les changements opérés par un processus de radicalisation participent d’une transformation profonde de la personnalité.
3. La troisième phase est celle de la dissimulation, l’effacement de toute manifestation extérieure. La personne, déterminée dans son engagement, se « fond » dans l’environnement pour mieux agir. C’est l’étape de la taqiya (dissimulation) où il s’agit de « tromper l’ennemi de la foi ». S’arrêter à qualifier la radicalisation à travers quelques signes visibles est donc en partie un leurre, alors que le moment le plus irréversible et dangereux ne se voit pas : « Il était gentil, il tenait toujours la porte et il sortait avec des filles, je ne comprends pas » disent les voisins. La crainte de se signaler conduit, aujourd’hui, à entrer plus rapidement dans cette troisième phase. Le cyber-endoctrinement peut favoriser des passages à l’acte en quelques jours. La rapidité de l’élément déclencheur rend le phénomène particulièrement difficile à détecter. Lors de la troisième phase, les recrutés sont aux ordres. Ils peuvent commettre des actes graves ou former le « deuxième cercle » de ceux qui fournissent un appui logistique aux auteurs d’agressions. Ils n’ont plus besoin de partir dans un pays éloigné, ils peuvent agir sur le territoire national et, de plus en plus, « infiltrer » les institutions ou les organismes en contact avec des jeunes.

Le terreau fertile de la radicalisation

La radicalisation est donc un processus de rupture qui a pour but la transformation de soi et la transformation du monde, quels que soient les moyens pour y parvenir, y compris la violence jusqu’au terrorisme. Pour se développer, elle a besoin d’un terreau fertile qui réunit un ensemble d’éléments : la victimisation, le complotisme, le rejet des valeurs républicaines et de la laïcité.
1. La victimisation chez ceux qui se sentent peu reconnus, discriminés ou humiliés par la société, par l’école, favorise l’endoctrinement. Mais l’attitude victimaire est ambivalente : certains revendiquent d’être « stigmatisés » pour exister en renvoyant en miroir la culpabilité à « l’homme dominant », la responsabilité à la « société occidentale » ; d’autres, à l’inverse, cherchent le chemin initiatique du héros combattant. Les jeunes radicalisés rejettent la première attitude et la condescendance de ceux qui les assignent à une identité de « victimes de la société », ils veulent devenir des acteurs de leur vie. La question est alors posée du comportement des professionnels et des associatifs, qui, avec de bonnes intentions, entretiennent les images conjointes de l’exclusion et de la compassion. Le regard condescendant est jugé insupportable par les jeunes entrés dans un processus de radicalisation. Entre la bienveillance et le paternalisme, il n’y a qu’un pas. Celui qui possède le savoir, qui exerce le pouvoir, qui est bien « assis » et arbore son paternalisme, est honni – les « idiots utiles » n’ont pas compris que leur crainte de stigmatiser les jeunes des « quartiers » est ridiculisée et rejetée par ces mêmes jeunes. Et c’est là où se noue le lien avec la théorie du complot : « On vous ment », « Les choses ne sont pas telles qu’elles apparaissent » : les radicalisés se veulent des « chercheurs de vérité » pas des assistés.
2. Le recours fréquent à la « théorie du complot » est utilisé pour justifier la recherche d’une vérité qui serait « ailleurs », et révèlerait « les mensonges » des médias et des puissants. Le « complotisme » entretient une paranoïa qui favorise le projet d’actions destructrices et mortifères contre « une société du mensonge ». La violence devient alors une catharsis. Mais il permet aussi de se sentir distingué, « d’être dans le secret ». Le complotisme est fréquemment alimenté par un antisémitisme qui s’exprime avec virulence, mêlé à la dénonciation des illuminati, des banquiers, des francs-maçons, de la CIA…La récurrence des images archétypales du complot est étonnante. Elle rassure ceux qui ont été traités de « nuls » à l’école et qui se croient au dessus des lois. Désormais, ce sont eux qui sont dans le vrai ! Avec la théorie du complot, ils se distinguent des autres, arborent le savoir occulte et prédisent « l’avenir sombre d’un monde dépravé », « l’apocalypse ». « Ils savent, les autres sont ignorants ».
3. Le rejet du pluralisme des convictions, considéré comme de l’impiété, et de la laïcité, entendue comme une série d’interdits « islamophobes » font le lit de l’embrigadement. Celui-ci se veut la réponse à une série d’interrogations qui n’ont pas été entendues, à une quête de vérité qui n’a pas été satisfaite, à une initiation aux valeurs qui n’a pas été engagée. Cela s’accompagne fréquemment d’un discours sur la dégradation des mœurs, la corruption des politiques, la vanité de la société de consommation. Et les intellectuels, les élus, les éducateurs, qui se croient obligés de dénigrer systématiquement les valeurs de la République, pour prouver leur liberté de pensée et leur compassion à l’égard des « damnés de la terre », développent en fait le tapis rouge sous les pas des nouveaux dictateurs, à l’instar de la fin de la République de Weimar. Certains discouraient pendant qu’Hitler utilisait la propagande par l’image et le son, le symbolisme et les fantasmes.
Nous sommes tous partie prenante de la prévention du cyber-endoctrinement : l’éducation nationale, la culture, les médias, les politiques, les parents. Arrêtons de feindre la découverte du phénomène, de nous servir d’alibis pour nier les ravages de la victimisation auprès de jeunes que l’on enfonce dans l’échec, d’ignorer les liens entre antisémitisme et complotisme comme lors de la sortie du dernier sondage sur le Conspirationnisme commandé par Conspiracy Watch et la Fondation Jean Jaurès, cessons d’accréditer les interprétations fumeuses de l’islamophobie à chaque dénonciation des pratiques liberticides commises par des intégristes. Le net ne doit pas conduire à la forclusion du débat démocratique. Il peut aussi montrer la beauté de la complexité du monde.

 

  1. Une étude récente du Centre Hubertine Auclert montre un phénomène semblable concernant la sexualité. Les filles sont 1,5 à 2 fois plus touchées par le cybersexisme que les garçons. []
  2. Olympio est une association qui développe des outils destinés à des débats avec des jeunes et avec des adultes sur les grandes questions liées à la citoyenneté. Elle touche environ 150 000 personnes par an. contact@olympio.fr []
  3. Proposés en ma qualité de chercheure au CNRS ayant la triple formation de juriste, sociologue et psychanalyste. []
Féminisme
Rubriques :
  • Brèves
  • Féminisme
  • #MeToo
  • lettre 867
  • macron

Montrer une véritable détermination politique à éradiquer les violences faites aux femmes 

par un collectif

 

Cette tribune de responsables de structures féministes et d’élues rend hommage au travail antérieur  des associations dans l’émergence de la révolte actuelle, tire le bilan de l’application défaillante des lois,  critique les mesures totalement insuffisantes et sans moyens prônées par Macron le 25 novembre. Elle a été publiée dans le journal « Le Monde ».

” Le travail des associations féministes qui reçoivent les femmes victimes de violence, les écoutent, les hébergent, les accompagnent, expriment des revendications, participent à l’élaboration de propositions de loi et en rédigent même, luttent et manifestent, rejointes par des élus, trouve enfin un large écho. Ces missions de service public, faute d’être prises en charge par l’Etat, sont ainsi assumées par des associations, sans moyens suffisants, sans réelle reconnaissance, et dont l’existence est parfois menacée.

La révolte #MeToo révèle l’ampleur du phénomène. La parole des victimes parvient enfin à être entendue. Nous ne voulons plus que les femmes victimes vivent bâillonnées avec la maladie et la mort au bout du silence. Une vague de fond déferle malgré les tentatives des thuriféraires de l’ordre ancien. Les historiens nous disent que l’accusation de puritanisme, d’entrave à la libre sexualité, de victimisation des femmes est un classique de l’antiféminisme depuis le XIXe siècle !

Le potentiel émancipateur est là, cinquante ans après mai-68. Une grande révolte politique, au sens noble du terme, peut permettre une accélération considérable dans la conquête des droits des femmes.

Instaurer une norme symbolique référentielle. Il est urgent d’apporter une réponse adaptée en matière de politiques publiques, au niveau national comme dans les collectivités, par l’application des lois existantes et par la rédaction de nouvelles lois, en y mettant les moyens nécessaires. Comme dans bien d’autres domaines légiférer permet d’instaurer une norme symbolique référentielle qui contribuera à faire changer les mentalités.

Quel bilan tirons-nous aujourd’hui ?
L’application des lois est-elle défaillante ? Oui, puisque nombre de plaintes pour violences conjugales sont encore transformées en main courante. Oui, puisque le crime de viol est encore très souvent jugé comme un délit en correctionnelle et qu’il ne donne lieu qu’à 1 % de condamnations. Oui, puisque les violences psychologiques au sein du couple ne sont jamais sanctionnées en tant que telles. Oui, puisque la formation des professionnel.le.s, rendue obligatoire seulement en 2014, n’est pas mise en œuvre de façon accélérée. Oui, puisque les droits des femmes étrangères victimes de violences sont très peu respectés. Comme ceux des enfants d’ailleurs qui subissent eux-mêmes ces violences. Il ne suffit pas de voter des lois puis « de s’en laver les mains », il faut se donner les moyens de les faire appliquer.

Faut-il rédiger de nouvelles lois ? Oui, il est nécessaire d’aller plus loin, comme l’Espagne l’a fait en 2004 avec une grande loi globale contre les violences faites aux femmes. Car il se trouve qu’en France sur les violences on légifère « radin », on hésite, on ratiocine, on marchande et, au coup par coup, au gré de l’urgence. quatre lois en douze ans : 2006, 2010, 2014 et maintenant 2018. On crée une « ordonnance de protection » mais on en limite la liste des bénéficiaires aux femmes victimes de violences conjugales ou menacées de mariage forcé. On ne fait rien pour protéger au travail les victimes de violences, le gouvernement venant même de les priver d’un outil important en supprimant les CHSCT. On laisse encore fleurir sur les murs de nos cités des images dégradantes des femmes et des hommes et des rapports entre eux. On n’assure aucune prévention obligatoire devant les élèves à l’école, bien plus on supprime l’existant. On ne se demande pas pourquoi les victimes portent si peu plainte. On ne réfléchit nullement à l’évolution de l’application de la procédure pénale, si difficile pour la victime et qui représente un véritable parcours de la combattante.

Le Président Macron va donc lui aussi légiférer, il l’a répété le 25 novembre 2017. Mais ce qu’il a annoncé ne répond que très partiellement à l’urgence de la situation. En réalité, il ne fait souvent que reprendre des mesures déjà préconisées ou impulsées par les gouvernements précédents, tel l’arrêt des bus à la demande ou le fait de mettre en place, dans les unités médico-judiciaires, un système de recueil de preuves sans dépôt de plainte afin de faciliter les démarches des victimes.


Enfin, on se demande comment il va financer ne serait-ce qu’une mesure réellement nouvelle qu’il promeut telle la création de dix unités pilote de psycho-traumatologie dans les hôpitaux. Par le budget, exsangue, des hôpitaux ?


Les femmes n’acceptent plus les promesses en l’air, l’amateurisme de réformes tronquées, les ambitions médiocres pour lutter contre les violences qui leur sont faites.
Il est encore temps de réagir en montrant une véritable détermination politique à éradiquer ces violences, en défendant enfin une loi globale et en délivrant les moyens nécessaires à son application. Nous y veillerons. “

Les signataires de la tribune : Hélène Bidard, adjointe à la Maire de Paris chargée de toutes les questions relatives à l’égalité femmes/hommes, la lutte contre les discriminations et des Droits Humains, PCF ; Laurence Cohen, sénatrice (PCF) du Val-de-Marne ; Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes. Ont également signé : Fatiha Aggoune, conseillère départementale du Val-de-Marne, vice-présidente en charge de la jeunesse, de la vie associative, de l’observatoire de l’égalité, de la lutte contre les discriminations, des droits humains et des droits des migrants ; Irène Ansari, coordinatrice de la Ligue des femmes iraniennes pour la démocratie ; Eliane Assassi, sénatrice (PCF) de Seine-Saint-Denis, présidente du groupe CRCE ; Marinette Bache, conseillère de Paris, République et socialisme ; Francine Bavay, conseillère d’arrondissement Paris XIe, EELV ; Maryvonne Blondin, sénatrice PS du Finistère ; Brigade anti-sexiste ; Fanélie Carrey-Conte, ancienne députée et membres de Génération. s ; Monique Dental, présidente du réseau féministe Ruptures ; Michelle Ernis, conseillère municipale de Saint-Etienne-du-Rouvray, Mouvement Ensemble ! ; Corine Faugeron, adjointe au Maire de Paris IVe ; Jocelyne Fildard, co-présidente de CQFD lesbiennes féministes ; Léa Filoche, conseillère déléguée à la Mairie de Paris, chargée des solidarités auprès de l’adjointe à la Maire en charge des solidarités, de la lutte contre l’exclusion, de l’accueil des réfugiés et de la protection de l’enfance, élue Génération-s ; Francine Goyer, première adjointe à la mairie de Saint-Etienne-du-Rouvray, PCF ; Victoire Jasmin, sénatrice (PS) de Guadeloupe ; Françoise Laborde, sénatrice PRG, Haute-Garonne ; Claudine Lepage, Sénatrice (PS) représentant les Français établis hors de France ; Claudie Lesselier, co-présidente de la Maison des femmes de Paris, militante du Réseau pour l’autonomie des femmes immigrées et réfugiées ; Céline Malaisé, conseillère régionale Ile-de-France, présidente du groupe PCF FDG ; Emmanuelle Pierre-Marie, élue EELV en charge de l’égalité femme-homme et de la lutte contre les discriminations XIIe arrondissement de Paris ; Myriam Martin, conseillère régionale Occitanie, porte-parole de Ensemble ! ; Nelly Martin, coordinatrice de la Marche mondiale des femmes ; Michelle Meunier, sénatrice (PS) de Loire-Atlantique ; Marie-Pierre Monier, sénatrice (PS) de la Drôme ; Solmaz Ozdemir, porte-parole du SKB, union des femmes socialistes (Turquie) ; Lorraine Questiaux, Mouvement du Nid, Paris ; Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole d’Osez le féminisme ; Roselyne Rollier, présidente de la Maison des femmes Thérèse-Clerc, Montreuil ; Barbara Romagnan, ancienne députée, Génération.s ; Amina Shabou, présidente de Femmes migrantes debout ! ; Danielle Simonnet, conseillère de Paris, coordinatrice du Parti de Gauche ; Marie-Pierre Vieu, Députée européenne (PCF).

Ecologie
Rubriques :
  • Ecologie
  • Energie
  • decroissance
  • lettre 867
  • NDDL
  • productivisme

Appel : bientôt il sera trop tard… Que faire à court et long terme ?

par un collectif

 

Note de la Rédaction – L’appel « Bientôt il sera trop tard… », repris ci-dessous, fait un constat qui nous semble  juste mais les solutions proposées posent question.
1- Cet appel des écologistes, altermondialistes, objecteurs de croissance et décroissants prône une rupture avec le productivisme, la techno-science et le capitalisme, appel qui relève beaucoup de l’incantation mais n’apporte aucun positionnement politique (par ex. vis-à-vis de l’UE, du libre échange) et des problèmes concrets (modèle industriel, réindustrialisation du pays, modèle agricole, énergie, santé, services publics).
2- Cet appel manque cruellement d’une vision holistique liée à une nécessité de globalisation des combats. Car pour nous il n’y a pas seulement une crise écologique, mais aussi une crise démocratique, laïque, sociale et économique. Un appel fait uniquement aux écologistes, altermondialistes, objecteurs de croissance et décroissants est clairement trop restrictif pour organiser le rassemblement nécessaire pour renverser le modèle politique néolibéral et construire une alternative post-capitaliste.
3- Cette faiblesse de l’opposition au système capitaliste a différentes causes, mais l’éparpillement et l’entre-soi  sont sans aucun doute un des écueils au rassemblement nécessaire des nombreuses  composantes de la mouvance écologiste.

Source : http://initiatives-decroissantes.net/

Pourquoi cet appel ?

En novembre, suite à la publication de l’alerte “Demain il sera trop tard” de 15 000 scientifiques, s’engage une discussion entre décroissant-e-s. Il est alors décidé de lancer un appel à la convergence des forces écologiques et altermondialistes. Cet appel est très vite signé par une centaine de personnalités diverses et variées. Nous vous invitons à le découvrir et le signer.
Nous avons entendu l’appel de plus de 15 000 scientifiques de 184 pays paru le 13 novembre 2017 dans lequel ils tirent la sonnette d’alarme sur l’état désastreux de notre planète. Nous avons compris qu’il s’agit de la dernière mise en garde, car si nous ne prenons pas les mesures adaptées « bientôt il sera trop tard ».
Nous, écologistes, altermondialistes, objecteurs de croissance, décroissants, souhaitons tirer les conséquences pratiques de cet appel, puisqu’il est bientôt « trop tard », c’est maintenant qu’il faut agir. Personne n’a aujourd’hui de réponses toutes faites mais nous savons que nous devons changer de paradigme dominant. L’issue n’est pas du côté de l’austérité et de la croissance mais plutôt d’une rupture avec le productivisme, l’extractivisme, la foi béate dans la techno-science, l’autoritarisme, le capitalisme.
Nous devons changer nos modes de production et d’existence, car ils sont à l’origine de la situation actuelle, et l’effondrement des ressources pourrait nous conduire à la barbarie. Mais nous ne partons pas de rien, nous savons que des alternatives existent déjà à l’échelle mondiale, qu’il faut faire converger ; nous savons aussi que le rêve des 99 % n’est pas d’imiter les 1 % contrairement à ce que voudraient faire croire les dominants.
Nous devons changer nos modes de production et d’existence mais nous savons que demain devra être mieux qu’aujourd’hui tout en divisant immédiatement par trois nos émissions de CO2 et en préservant les écosystèmes. Nous ne croyons plus aux lendemains qui chantent parce que nous voulons chanter au présent. La planète est suffisamment riche pour permettre à dix milliards d’humains de vivre bien si nous en préservons la biodiversité et savons vivre en harmonie avec les autres espèces.
Nos combats d’aujourd’hui doivent nous rapprocher de la société de demain.
Si le réchauffement climatique n’est pas endigué drastiquement, cela va provoquer des sécheresses massives et des famines mondiales. Pour que l’humanité ne disparaisse pas comme une entreprise en faillite, nous vous invitons à signer et à faire signer cet appel afin de prendre date en disant que la solution à moyen et long terme est du côté d’une société de la gratuité, émancipée de la contrainte du « toujours plus » de richesses économiques et de pouvoir sur les autres humains, les autres vivants et la planète.
Pour que l’humanité ne disparaisse pas comme une entreprise en faillite, nous vous invitons à signer et à faire signer cet appel afin d’exiger, dès maintenant, la fin des Grands Projets Inutiles imposés (de l’aéroport NDDL à Europacity en passant par le Grand Prix de France de F1), une réduction drastique du temps de travail (travailler moins pour travailler tous mieux), la généralisation des communs et de la gratuité (des transports en commun, des cantines scolaires, des services culturels et funéraires), une réduction drastique des inégalités de revenus et de patrimoine, un élargissement de la démocratie pour aller vers plus d’autonomie et de responsabilisation des peuples.
Tout doit être repensé dans le cadre de la critique de la croissance car la décroissance que nous soutenons ce n’est pas faire la même chose en moins, ce n’est pas l’éloge du sacrifice, c’est déjà construire une écologie des revenus avec un minimum et un maximum décents et revenir à des taux de prélèvement sur la nature supportables, c’est offrir un avenir dans un monde qui n’en offre plus.
Nous, écologistes, altermondialistes, décroissants, objecteurs de croissance amoureux du bien-vivre, appelons à une démarche commune pour construire un projet de transition vers une société d’a-croissance, juste et démocratique. Nous devrons pour cela dire notre volonté de nous rapprocher, afin de créer un mouvement d’idées riche de sa diversité, de mettre en réseau nos compétences et alternatives, de prendre des initiatives, d’initier des résistances, et de préparer des convergences avec tous ceux et toutes celles qui s’opposent à la barbarie qui vient.

Le collectif de décroissant-e-s à l’initiative de l’appel

Paul Ariès, Vincent Bruyère, Thierry Brugvin, Vincent Liegey, Stéphane Madelaine, Jean-Luc Pasquinet, Anne-Isabelle Veillot, Christophe Ondet, Michel Simonin, Christian Sunt

Education populaire
Rubriques :
  • Brèves
  • Education populaire
  • Ciné-Forum
  • lettre 867
  • REP

Du Réseau national d’Éducation Populaire - Travail Social et Culturel

par le REP

 

1/ Ciné-forum à Gaillac (81)
Catherine Withol de Wenden (dernière publication: « La question migratoire au XXIe siècle ») présentera avec nous le film de Ai Wei Wei, Human Flow, le 8 mars 2018.
Et toujours à Gaillac, Jean-Baptiste Vidalou le 29 mars (« Être Forêts: Habiter les Territoires en Lutte », avec le film Pas Res Nos Arresta.
Je vais recontacter comme prévu Michelle Zancarini Fournel, pour qu’elle nous parle en début mai des «Luttes et des Rêves : de Mai 1968 à Mai 2018 ». Je cherche LE film qui irait bien pour accompagner son intervention. Si vous avez des idées….! Après je m’attaquerai au thème « La Chine, un Etat, une économie, capitaliste ou marxiste ? », pour fin mai/début juin. Et si cela vous intéresse je peux vous donner, avec leur accord, les adresses de tous et toutes ces intervenant(e)s pour les accueillir sur vos territoires.

2/ Claire Lecomte, psychologue chercheuse, en chronobiologie, à l’université de Lille (voir https://www.youtube.com/watch?v=myv1Tp_r-Ew), militante du droit des enfants à un rythme biologique personnalisé et organisé collectivement est prête à intervenir sous forme de Ciné/Forum auprès  de tout public intéressé (familles, enseignants, élus….). Le non respect de ces rythmes est l’un des facteurs aggravant des  inégalités devant les cursus scolaires, particulièrement en REP. Si vous êtes intéressé(e)s, appelez-moi.

Christian Dulieu, co-animateur. Tél. 06 07 51 17 24



Si vous ne souhaitez plus recevoir cette lettre, désinscrivez-vous en cliquant ici.

ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine est édité par l'association :
"Les Amis de ReSPUBLICA"
27, rue de la Réunion
75020 PARIS
Courriel : respublica@gaucherepublicaine.org
Site: gaucherepublicaine.org