n°869 - 02/03/2018
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Combat laïque + combat social, encore et toujours

par Évariste

 

Agir en même temps sur la question sociale et la question laïque est un impératif catégorique (au sens de Kant) pour tout citoyen et salarié qui résiste au mouvement réformateur néolibéral – allié aux communautarismes et intégrismes ethniques ou religieux – et souhaite une alternative post-capitaliste. Bien sûr, la partie de la gauche et de l’extrême gauche qui pactise avec les communautarismes et les intégrismes constitue une cinquième colonne empêchant la souveraineté et le rassemblement de la classe populaire ouvrière et employée et la mobilisation du peuple. Nous interviendrons le plus souvent sous ces deux éclairages.
Cela dit une fois de plus, force est de constater que le comité central macronien a décidé, après la sinistre loi Travail passée avec une mascarade anti-démocratique de concertation en juillet-août, de frapper de nouveau et encore plus le monde du travail. Nous devons donc répondre par le combat social. Contrairement à notre camp qui malheureusement se disperse dans un nombre incroyable de dossiers sans rapport de forces véritable, le comité central macronien agit en rangs serrés sur les seuls dossiers prioritaires pour les gérants du capital. Il décide d’abandonner l’opération Notre-Dame-des-Landes par peur de l’enlisement et surtout pour se concentrer sur ses priorités. Et bien sûr les médias aux ordres organisent exclusivement des débats entre journalistes, commentateurs et « experts » macroniens. Jamais on n’a vu une telle asymétrie dans les commentaires médiatiques. L’attaque est ciblée sur l’assurance-chômage, la formation professionnelle, les cheminots, les retraites, les services publics et la fonction publique. Là, nous sommes dans le dur de l’attaque.

L’assurance-chômage

Contrairement aux déclarations médiatiques qui n’engagent que ceux qui y croient, il n’est toujours pas question d’un droit équivalent à celui des salariés pour les travailleurs indépendants : refus du patronat d’une cotisation pour la financer.
Suppression du congé individuel de formation par le patronat qui fut un conquis social important ouvrant sur des formations diplômantes à l’initiative des salariés. Et remplacement par un nouveau processus qui devait ouvrir des droits pour les salariés démissionnaires. Mais avec des conditions patronales draconiennes : sept ans d’ancienneté dans l’emploi sans interruption ou cinq ans chez le même employeur à condition de construire un projet avec un conseil en évolution professionnelle (CEP), de faire adopter ce projet par le Comité paritaire interprofessionnel régional pour l’Emploi et la Formation (Coparef ), puis de le faire valider par Pôle-emploi. Vous avez compris que le principal critère sera l’adéquation aux souhaits du patronat. Belle usine à gaz, non ? Et tout cela aux conditions patronales c’est-à-dire que le plafonnement financier sera de 150 millions d’euros pour toute la France, permettant de couvrir seulement quelques milliers de travailleurs. Et ces formations ne seront plus diplômantes mais seulement basées sur des formations courtes.
En dernier lieu, développement des contrats précaires conformément à la loi Travail, dans toutes les branches et non seulement dans 4 branches. Bien évidemment, refus d’une augmentation des cotisations.
On voit là toute la différence avec l’alternative d’une sécurité sociale professionnelle permettant un revenu de remplacement à toutes et à tous.

Formation professionnelle

Cette négociation est menée en parallèle à celle sur l’assurance-chômage. Le patronat souhaite remplacer le congé individuel de formation (CIF) par un dispositif de transition professionnelle. Mais avec un montant de cotisations patronales en baisse.
Puis une refonte de l’apprentissage, de la certification et une aggravation des conditions de travail des jeunes apprentis (suppression des prud’hommes, augmentation du temps de travail, diminution des protections en matière de santé et de sécurité, etc.)

La SNCF

Disons d’abord que cette attaque est une attaque qui nous vient des traités et des décisions de l’Union européenne qui obligent les Etats-membres à pratiquer sur les mêmes rails la fameuse concurrence libre et faussée, si bien que le secteur privé pourra exploiter que les lignes rentables (de même que les actionnaires se jettent sur les cliniques privées à but lucratif qui ne travaillent que sur les actes rentables, en concurrence avec l’hôpital public qui lui pratique tous les actes). Et pour la SNCF, engager la suppression de nombreuses gares et de lignes secondaires (comme l’actuelle diminution des horaires de La Poste et la fermeture des bureaux de poste). On se rappelle les catastrophes ayant suivi les privatisations des trains britanniques décidées par Mme Thatcher. Seules les régions riches pourront pallier ce retrait de l’Etat. Et tant pis pour les régions pauvres !
Par ailleurs, cela va de pair avec la volonté macronienne de remplacer le rail par la route : avantager le transport routier en finançant la route par l’Etat, alors que c’est la SNCF qui doit financer ses voies au prix d’une dette que l’Etat ne veut pas prendre à sa charge. Sans oublier le caractère anti-écologique du report modal du rail vers la route. Idem pour le fret ferroviaire en chute libre. C’est là que l’on mesure la mascarade de la COP21 !
Dernier point, le comité central macronien veut casser le statut des cheminots pour permettre encore plus de précarité et pour détruire le service public, car quel service public sans un statut protecteur des agents des services publics ?

Les retraites

Là encore, il est question de passer du système actuel – sans négociation – à un système par points ou en comptes notionnels. Accompagné du refus patronal, donc macronien, d’une hausse des cotisations, seule façon d’améliorer les conditions de vie des petites retraites sous le seuil de pauvreté. Donc, dans les deux cas, les pensions des retraites seront sur une tendance baissière comme elles le sont depuis la réforme de 1993 (baisse de plus de 20 % des pensions de retraite).
Le comité central macronien peut bien faire de la propagande pour masquer cette réalité en utilisant de façon prématurée les 37 milliards du Fonds de réserve des retraites, tant pis pour les jeunes qui arriveront à la retraite dans quelques décennies. Ils auraient intérêt à se mobiliser fortement car là, ce sera pire que ce qu’ils ont pu croire précédemment !

Action publique 2022

Nous vous renvoyons à notre dernière chronique, au site de la Convergence nationale Services publics et  du dernier communiqué relayé dans ce numéro de ReSPUBLICA. Reste désormais à répondre au questionnaire de la convergence, puis de vous mobiliser le 22 mars à l’appel d’une Intersyndicale et le 24 mars dans la salle Henaf de la Bourse du travail de Paris.

Sans oublier le combat laïque !

Là encore, nous vous convions à vous reporter à notre dernière chronique appelant à une première réunion de discussion de la campagne «  Combat laïque Combat social » au Maltais rouge (40 rue de Malte 75011) le samedi 10 mars 2018 de 13h 30 à 18h 30. Des réunions en province se préparent à Mulhouse, en Auvergne, dans l’Ouest, dans le Limousin, etc… Entrez dans la dynamique ! Contactez-nous !
Nous vous suggérons également de lire un texte de Marie Perret sur le double jeu macronien sur l’école et les limites du « en même temps » . Soulignons également le scandale des nombreuses suppressions de classes en maternelle et primaire (par exemple plus de 180 classes rien que dans le Val-de-Marne, quelle saignée incroyable !).
En dernier lieu, toujours se méfier des dithyrambes de ceux qui ne lient pas le combat laïque et social. L’entreprise Paprec qui avait eu son heure médiatique avec « une charte laïque » pour l’entreprise, a licencié un délégué CGT, Mamadou Kanté. Le tribunal a décidé sa réintégration1. Mais avec beaucoup moins de flonflons médiatiques!

Conclusion provisoire : mobilisez-vous ! Et engagez-vous dans nos campagnes qui lient le combat laïque au combat social ! N’hésitez pas à nous contacter.

  1. cgt.fr/Mahamadou-Kante-obtient-une-decision-favorable-de-la-Cour-d-appel-de-Paris.html []
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Actualités féministes

par ÉMILIE

 

Trois ans pour obtenir l’application (partielle) de la loi !

Encore ne s’agit-il que d’un aspect particulier, qu’on en juge. En avril 2015 Julien Bayou, conseil régional écologiste en Île de France, auquel s’associait l’association les Effronté-e-s, a déposé auprès du Tribunal Administratif de Paris un recours pour obtenir a liste des entreprises sanctionnées pour inégalités salariales entre femmes et hommes, que le secrétariat d’État des Droits des femmes refuse de divulguer. La décision devrait être connue le 15 mars prochain. Le recours pour excès de pouvoir s’appuie sur la loi du 2 novembre 2010 applicable aux structures de plus de 50 salariés. Parmi les sanctions applicables aux entreprises condamnées pour inégalités salariales, figure l’interdiction de soumissionner aux marchés publics. Comment rendre effectif cet effet dissuasif  si on ignore quelles sont les entreprises en question ? 

Plus généralement, il reste les sanctions pécuniaires sont insuffisantes et que le recours excessif au temps partiel devrait également être pénalisé. Rappelons que depuis 1972, année de l’inscription de l’égalité salariale dans le code du Travail, pas moins de sept lois ont été adoptées, assorties d’une kyrielle de décrets, de transpositions de directives européennes et d’accords interprofessionnels.

Initiatives syndicales pour le 8 mars

On lira le communiqué intersyndical “Pour l’égalité professionnelle, nous voulons des actes” sur http://www.egalite-professionnelle.cgt.fr/communique-de-presse-intersyndical-legalite-professionnelle-voulons-actes/

Et concernant les violences spécifiques au monde du travail, l’initiative d’un appel à témoignages sur https://8mars15h40.fr/grande-enquete/

Depuis 20 ans, les chiffres ne bougent pas : 20 % des femmes subissent ou ont subi des violences sur leur lieu de travail. Pourtant, 82 % des employeurs n’ont toujours pas mis en place de mesures de prévention. Cela peut changer.
Vous avez vous-même été victime de sexisme, de harcèlement sexuel, d’agression ou de viol sur votre lieu de travail ? Ou bien vous en avez peut-être été témoin ? Avant le 8 mars, répondez à la grande enquête sur les violences au travail, afin de rendre visible cette réalité méconnue.

 

 

 

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Courrier d'un lecteur et réponse d'Emilie

par ReSPUBLICA

 

Réaction à l’article d’Émilie du 17 janvier 2018

Voir : http://www.gaucherepublicaine.org/combat-feministe/et-les-femmes-dans-la-liaison-du-combat-laique-et-du-combat-social/7401043

Le combat féministe est tout à fait juste et légitime, mais la façon dont il est présenté est agaçante, car dans son discours il donne l’impression d’accuser le patriarcat de tous les maux et de mettre tous les hommes dans le même panier. C’est intolérable. Personnellement, pendant des décennies de syndicalisme, j’ai toujours milité auprès de femmes qui étaient d’ailleurs dans mon syndicat plus actives et majoritaires que les hommes, présentes dans les instances, et nous avons toujours eu hier comme aujourd’hui une femme secrétaire nationale et j’ai toujours invité toutes les autres à s’engager. Sans oublier que professionnellement j’ai toujours eu sans problèmes des femmes comme responsables hiérarchiques.
Aujourd’hui, dans le combat de certaines féministes, je ressens parfois la haine de l’homme, tout simplement. J’entends certaines réclamer qu’après des millénaires de domination patriarcale il faudrait une domination matriarcale, comme une juste compensation. Comment être d’accord avec ce discours ?
Comment être d’accord avec ces discours qui n’émettent que des obligations et des contraintes.
Vous critiquez celles qui ont signé une tribune qui portait un discours différent, personnellement je l’ai trouvée maladroite, mais elle a eu le mérite d’exister et d’ouvrir un débat alors qu’on entendait depuis des semaines qu’un seul discours avec lequel on avait intérêt à être d’accord sous peine d’être traité de tous les noms d’oiseaux, car depuis quelque temps déjà sur ce sujet comme sur d’autres, c’est comme cela que ce déroule le dialogue. On ne peut discuter la pensée dominante émise par les universitaires adeptes de sciences sociales et humaines (qui sont des sciences que pour ceux qui veulent bien le croire), qui veulent déconstruire pour mieux reconstruire un humain façonné selon leurs aspirations.
Dans les faits, il faudrait s’adresser avant tout aux parents, et à tous ceux qui participent à la formation des esprits des enfants sans tomber dans la caricature.
Aux mères, pourquoi transmettent-elles des valeurs qui leur sont défavorables ?
Pourquoi ce sont des mères qui emmènent leurs jeunes filles se faire exciser ?

Dans l’immédiat il faut interdire le mariage et même interdire à deux adultes de sexes opposés de vivre sous le même toit sous peine que s’installent entre eux des rapports de domination.

Je ferai toujours une différence entre la femme qui se jette sur du Nutella lors d’une promotion, celle qui va perdre son emploi chez Carrefour, celles à qui on met des baffes pour qu’elles portent un foulard et la petite bourgeoise universitaire férue de mixité, qui mange bio, vote écolo et qui met ses mômes dans l’enseignement privé, celle qui a été pendant des années la patronne des patrons et n’a rien fait, toutes celles qui ont été ministre et qui n’ont pas fait plus, etc.
Mais vous avez raison, il ne peut y avoir d’égalité et de fraternité dans un système capitaliste qui par essence est inégalitaire et injuste. Une inégalité et une injustice qui sont  autant défendues  par des hommes que par des femmes.

H. Domergue

Réponse d’Emilie

Si nous avons conscience qu’au cours des dernières décennies, des hommes en plus grand nombre se sentent féministes ou sont féministes, nous regrettons qu’ils ne représentent pas une majorité au sein des associations, des syndicats, des partis politiques. Car eux aussi luttent contre la prison patriarcale dans laquelle la société les enferme, attendant d’eux des comportements « masculins » au sein de la famille,  comme en entreprise.

Dans notre tribune, nous évoquons les fléaux du patriarcat qu’ils relèvent des obscurantismes religieux, du conservatisme ou/et de la société capitaliste. Il ne s’agit pas de la guerre des sexes, ni de la revendication d’une société matriarcale. Tout simplement de l’abolition du patriarcat.

Les mouvements féministes, dans leur majorité,  souhaitent une société égalitaire et non la lutte de pouvoir que représente justement la société patriarcale dominatrice et oppressive.

Le patriarcat est antérieur au capitalisme comme aux religions qui cheminent main dans la main pour maintenir leur pouvoir de domination sur les individus et plus particulièrement sur les femmes.

Si assez d’hommes avaient fait leur révolution vis-à-vis du patriarcat, la violence institutionnelle serait abolie : égalité des droits sans devoir passer par des outils comme la parité, qui gomment à peine les inégalités entre les femmes et les hommes. L’éducation non sexiste serait instaurée depuis des décennies et nous n’aurions pas vu poindre les journées de retrait promues par des associations comme Sens commun pour obliger un gouvernement à annuler la mise en place des ABCD de l’égalité.

Les statistiques en matière de violences familiales, conjugales, démontrent que quel que soit le milieu social, elles se perpétuent.  Certes, cela ne s’appelle pas la guerre des sexes, tout simplement le contrôle de…., le  pouvoir sur…, la  domination.

Nous espérons que votre souhait d’interdire la cohabitation entre hommes et femmes est une boutade… Et nous serons avec plaisir à votre disposition si vous souhaitez organiser une conférence autour du féminisme.

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Rapport Clavreul sur la laïcité : retour à la réalité après 10 ans de déni ?

par Charles Arambourou

 

Le rapport du préfet Clavreul « Laïcité, valeurs de la République et exigences minimales de la vie en société » rompt heureusement avec le déni ou la sous-estimation de la réalité, entretenus depuis 10 ans par l’Observatoire de la laïcité. D’où les attaques de cet organisme (encadré ci-après). Sont ainsi confirmées les observations de terrain des militants laïques, que le rapport du Collectif laïque national relève chaque année. Le mérite du rapport Clavreul est de ramener au « principe de réalité ».

Les « manifestations d’affirmation identitaire inspirées par la religion se multiplient et se diversifient », quoique de façon hétérogène, géographiquement et socialement. L’islam « rigoriste », majoritairement impliqué, n’en a pas le monopole : extrémistes catholiques, évangéliques, juifs sont cités. Elles touchent « les activités en commun » scolaires, péri-scolaires, socio-éducatives, culturelles et sportives ; l’hôpital public. La volonté de séparation filles/garçons, hommes/femmes, et les exigences de nourriture rituelle en sont deux points forts. L’UFAL note que la question des tiers accompagnateurs de sorties scolaires est prudemment laissée de côté…

Quant à la contestation directe de la laïcité, elle se manifeste de façon inégale, mais bien réelle. Les jeunes sont touchés, mais également, relève le rapport, des personnels de l’éducation populaire et des collectivités locales (voire des formateurs du plan « valeurs de la République » !).

On se permettra de corriger ici deux erreurs juridiques, qui n’entachent pas fondamentalement le constat : 1) les assistantes maternelles à domicile (p. 10) ne sont pas des agents publics soumis à l’obligation de neutralité : elles exercent une activité privée et sont simplement « agréées » par le département ; 2) il ne peut exister (art. L 131-14 du code de l’éducation) « d’université » catholique (p. 11), ce titre étant réservé aux établissements supérieurs publics.

Le rapport regrette que les efforts de pédagogie de la laïcité et de la citoyenneté entrepris depuis 2015 aient tendance à s’essouffler, et que les acteurs potentiels s’y impliquent inégalement. La Charte de la laïcité de la Caisse d’Allocations Familiales, avec le dispositif mis en place dans ses services, est citée en exemple. De même que la ville de Rennes… ce que l’on trouvera beaucoup plus contestable, s’agissant d’une championne du financement des lieux de culte par les deniers communaux ! L’éducation nationale, notamment avec son nouveau ministre, est clairement engagée ; en revanche, souligne le rapport, le mouvement sportif se fait attendre.

Les propositions du préfet Clavreul suivent trois axes :

  • « clarifier les objectifs » pour « mobiliser les acteurs ». Ainsi tous les agents de l’Etat devraient être formés à la laïcité d’ici 2020. De même, la laïcité pourrait être intégrée dans les épreuves du BAFA (fonctions de l’animation).
    Sur le plan du contenu, Clavreul propose « d’assumer plus ouvertement les divergences d’approche » de la laïcité en s’efforçant de les « faire comprendre » de façon « distanciée ». Délicat, mais intéressant : c’est en tout cas la ligne suivie par l’UFAL en récusant les clivages du type « Valls vs Bianco » qui polluent le nécessaire débat républicain. La réaction agressive de l’ODL (encadré ci-joint) va exactement dans le sens contraire : à ce jour, JL Bianco a été rejoint par le Collectif contre l’islamophobie en France (les Frères musulmans), Edwy Plenel, Pascal Boniface : encombrants amis !
  • décloisonner les actions sur la laïcité, en les reliant aux autres politiques de promotion des valeurs de la République : lutte contre les discriminations, le racisme, les dérives sectaires ; prévention de la radicalisation. Par exemple, le soutien de l’État à des projets ou évènements (subvention, agrément) pourrait être conditionné à « l’engagement de respecter et promouvoir » ces valeurs, notamment par la signature d’une Charte. Remarque de l’UFAL : attention à la rédaction de ces Chartes, compte tenu des précédents échecs (suspension de celle de la ville d’Aix-en-Provence par le juge des référés, sur recours de la Ligue des Droits de l’Homme, en septembre 2016).
  • « raffermir » le pilotage local des actions de l’Etat et des collectivités, et les appuyer sur des « outils et modalités de travail souples », adaptés au « terrain » et « opérationnels » – par exemple une cartographie nationale des « situations problématiques » « dans le secteur sanitaire et social, et dans le milieu sportif ». Cette partie n’est pas toujours la plus convaincante du rapport, le vocabulaire technocratique sonnant parfois un rien creux, et la multiplication des « comités » proposés risquant d’affaiblir le « pilotage » revendiqué.

Ainsi une instance régionale présidée par un magistrat serait chargée d’établir un « corps de doctrine » sur les « atteintes à la laïcité » – que le rapport entend distinguer à bon droit de ce qui serait une « police de la pensée ». Au niveau départemental, l’ancien CORA (comité placé auprès du préfet, contre le racisme et l’antisémitisme : qui le connaît ?) serait transformé en « comité de pilotage départemental laïcité et valeurs de la République ». Malheureusement, il est proposé d’adjoindre à celui-ci un « comité d’orientation pour la promotion de la citoyenneté et des valeurs de la République » (redondance et empilement)… étendu aux « représentants des cultes » ! Là, le rapport fait fausse route : dans une République laïque, il ne peut y avoir de « représentants », mais seulement des « responsables » des cultes. Et ils ne sauraient faire partie en tant que tels d’organes publics : en revanche, il est bien sûr loisible à ces derniers de les auditionner en tant que de besoin.

Quoi qu’il en soit, les propositions du rapport pointent bien en creux les insuffisances ou le manque de concrétisation des dispositifs et mesures actuels… y compris l’action de l’ODL, d’où les critiques acerbes de J.L. Bianco, qui défend son pré carré : ferait-il partie du « vieux monde » ? Sans nourrir trop d’illusions, compte tenu des ambiguïtés de la macronie en matière de laïcité, saluons au moins l’ouverture du débat au cœur des services gouvernementaux, et souhaitons que ce rapport ne soit pas enterré.

Source : http://www.ufal.org/laicite/rapport-clavreul-sur-la-laicite-retour-a-la-realite-apres-10-ans-de-deni/

 

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Le Programme Action Publique 2022 contre les services publics

par la Convergence nationale de défense et de développement des services publics

 

Le Programme Action Publique 2022 / CAP 22 a été lancé par le 1er ministre E. Philippe en octobre 2017. L’enjeu est clair : « accompagner rapidement la baisse des dépenses publiques avec un engagement ferme : réduire de trois points la part de la dépense publique dans le PIB d’ici 2022. »
Pour cela la destruction des services publics est au programme : « Cela pourra notamment conduire à proposer des transferts entre les différents niveaux de collectivités publiques, des transferts au secteur privé, voire des abandons de missions. »
Pour E. Macron, peu importe les besoins des citoyens et l’aménagement équilibré du territoire ; les économies et les besoins de rentabilité financière priment sur tout le reste.

Tous les services publics sont visés

Pour les activités qui ne peuvent dégager suffisamment de profits, c’est la perte de proximité et de qualité du service qui est visée, au nom de la baisse des dépenses publiques.
Pour les activités rentables c’est la privatisation, c’est-à-dire le transfert d’une activité socialisée à la sphère marchande.
Poste, SNCF avec l’ouverture à la concurrence, Énergie, fermetures et mutualisations à l’hôpital, EHPAD, Éducation nationale, Recherche, Logement social, Culture…Pas un service public n’y échappe ! Le récent épisode neigeux a pourtant montré les conséquences pour les usagers des « économies » réalisées sur l’entretien du réseau ferré et les moyens de la DDE.

Les collectivités territoriales aussi

Dès 2018, les collectivités territoriales seront mises sous tutelle financière de Bercy par des « contrats » leur imposant des suppressions de services, notamment sociaux, et des réductions de personnels.
La réorganisation de la région parisienne qui se trame vise le même objectif : en supprimant les conseils départementaux de la petite couronne, le gouvernement veut voir disparaître des services publics, des postes de fonctionnaires et éloigner les citoyens des lieux de décision.

La démocratie bafouée

De concertations bidons, en forums confidentiels entre amis, le gouvernement communique beaucoup, fait, presque chaque jour, de nouvelles annonces mais ne débat pas de ses projets. Les attaques contre le statut général des fonctionnaires et les statuts particuliers sont confirmées : développement du salaire au mérite, recrutement amplifié de non-titulaires, suppression de 120 000 postes de fonctionnaires (70 000 dans la fonction publique territoriale et 50 000 dans la fonction publique de l’Etat) à la seule fin de parvenir à 60 milliards d’euros d’économie sur le
quinquennat.
Le statut général, fondé sur les principes de responsabilité, d’égalité, de responsabilité et gage du haut niveau de qualification des personnels protège les citoyens et les citoyennes en leur assurant un traitement égal et impartial. C’est pourquoi nous, usagers des services publics, sommes tous concernés et voulons un plan de titularisation des non-titulaires.

Ce que nous exigeons

Convergence s’oppose à ces projets gouvernementaux. Ils ne doivent pas voir le jour.
Nous voulons les mêmes services de qualité et de proximité, déterminés démocratiquement, sur tout le territoire français et le remboursement des soins médicaux à 100 % par la Sécurité sociale.
Nous entendons travailler à l’amélioration de nos services publics et construire avec les personnels, les usagers et les élus, le service public du XXIème siècle.
Convaincus que ces objectifs nécessitent l’assentiment et la mobilisation de toutes et tous, nous engageons un grand débat populaire en invitant nos concitoyen-e-s à remplir un questionnaire disponible sur notre site.

Nous appelons toutes les associations et organisations qui se reconnaissent dans ces objectifs à le relayer le plus largement possible pour qu’il contribue à créer un élan pour les mobilisations qui seront indispensables.
Le 24 mars à la Bourse du Travail de Paris la Convergence appelle l’ensemble des organisations syndicales, associatives, politiques, les collectifs et les coordinations qui le souhaitent à établir collectivement les moyens d’actions pour participer à la contre-offensive pour la défense, le développement et la démocratisation des services publics. A cette occasion une première analyse des réponses à ce questionnaire sera effectuée.
• Convergence organisera une initiative nationale à la fin du printemps qui conclura une campagne de réunions locales, dont la 1ère se tiendra à Tours le 7 avril,
• Convergence apporte son plein soutien à la journée de mobilisation, de grève et de manifestations des fonctionnaires du 22 mars à l’appel de l’intersyndicale fonction publique CGT, FO, FSU, Solidaires, CGC, CFTC, FAPT.
Pour que vive le service public, associations, syndicats et organisations politiques travaillons ensemble pour mobiliser les usagers, les personnels et les élus !

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Je suis laïque

par Billon Denis

 

J’ai lu avec un certain intérêt la texte proposé intitulé « pourquoi je suis laïque » (NDLR : texte de Metref Arezki, publié dans le numéro 867 de ReSPUBLICA). Il est certain que chacun a des histoires différentes. Chacun vient d’où il était et arrive où il pense devoir être. La laïcité a des origines multiples. Et je ne refuserai à personne le droit de s’affirmer laïque. Mais je vais ici m’exprimer pour dire pourquoi je suis laïque :

Je suis laïque parce que je suis athée :

En effet l’athéisme est une réflexion personnelle, et l’athée ne cherche pas à persuader, à forcer, à embrigader. C’est la définition même de la laïcité.

Ensuite parce que l’athée a tout intérêt à la laïcité. Il y va de ses convictions. Et de la défense de ses idées. L’athéisme est de loin la « religion » la plus persécutée. Officiellement du moins, toutes les religions sont acceptées, tolérées au moins dans tous les pays. L’athéisme non. Dans certains pays, l’athéisme est puni de prison et même selon le texte de certaines lois puni de mort.

Et même dans des pays réputés laïques, comme le France, les incroyants sont écartés ou ostracisés. J’en ai fait l’amère expérience au cours de ma vie. Les gens se réfèrent aux coutumes ou aux fameuses racines chrétiennes de la France. Imaginez.

Je monte dans un avion qui s’écrase. 200 morts. Catastrophe nationale.

Je retrouve ma dépouille à Notre dame de Paris, affublé d’un curé, d’un rabbin, d’un imam, d’un pasteur, avec en prime un président de la République et un premier ministre. Cela s’appelle l’œcuménisme.

Voilà, c’est dit.

Je suis laïque, car je suis partisan de la paix entre deux religions qui se font sans cesse la guerre, je veux parler des hommes et des femmes. Pour moi ces êtres certes différents sont rigoureusement égaux. Qu’ils soient neutres ou que la grammaire dise que le masculin l’emporte sur le féminin, si je dis un homme, je pense un homme ou une femme, un être humain.

C’est  là le second point de la laïcité.

Je suis laïque parce que je suis de Longwy, que j’ai forcément croisé des Polonais catholiques des Portugais adorateurs de Fatima, des Italiens vaticaneux ou communistes, des Algériens musulmans, des Espagnols tous anti-Franco, et bien d’autres encore. Mais tous travaillaient durement dans les usines sidérurgiques où ils suaient, mouraient gazés ou pétrifiés dans la fonte en fusion. Et tous étaient réunis par la fraternité du travail et le danger.

Je suis laïque enfin parce que j’ai été toute ma carrière instituteur. J’y avais des parents de toute origine et de toute confession. Tous attaché à l’avenir meilleur de leurs enfants.

J’y avais des enfants, garçons ou filles, fils de pauvre ou de riche, fils d’ingénieur ou d’analphabète. Et j’étais attaché à les faire tous progresser.

Enfin je suis laïque parce que nous avons une chance immense. Des élus qui un jour ont réalisé un petit prodige appelé loi de 1905.

Ce ne sont pas tous les pays qui bénéficient d’un tel progrès.

Cette loi fut appelée loi de séparation de l’église et de l’état. Normal vu la situation de l’époque, de conflit entre l’église catholique et la République.

Mais nos députés ont fait bien plus. Ils ont donné la liberté à toutes les religions qui se sont fait jour depuis en France.

On ne doit pas parler de liberté religieuse ou de liberté de religion, mais de liberté de conscience. Chacun est libre de monter son propre chemin, à travers  une religion ou une croyance.

L’état se porte garant de cette liberté et toute religion qui se verrait menacée verrait l’état se porter à son secours. Mais en toute indépendance réciproque. Et la loi précise, liberté de croire ou ne pas croire, ce qu’on veut.

L’athée que je suis aurait tendance à penser qu’il faut être un demeuré pour croire des sornettes inventées par des hommes. Mais ma laïcité m’impose de défendre cette liberté première.

La loi de 1905 n’a pas défini une obligation vestimentaire. Chacun peut porter kippa, soutane ou voile. Mieux, la démonstration publique de sa foi est acceptée à travers la droit de procession. A la seule condition de ne pas empiéter sur les convictions des autres.

Je ne développerai pas la nécessaire laïcité de l’école ou la neutralité des services publics.

Pour autant, elle n’est pas belle la laïcité de notre pays ?

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Lettre de Manouchian le 21 février 1944

par ReSPUBLICA

 

Nous reproduisons dans ce numéro  la lettre écrite par Missak Manouchian à sa femme Mélinée le 21 février 1944 à la prison de Fresnes, quelques heures avant que le chef du groupe de résistants, Manouchian soit fusillé au fort du Mont Valérien. 

“Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, je n’y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais. Que puis-je t’écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps. Je m’étais engagé dans l’Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous… J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d’avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’armée française de la libération. Avec l’aide des amis qui voudront bien m’honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d’être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l’heure avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fait de mal à personne et si je l’ai fait, je l’ai fait sans haine. Aujourd’hui, il y a du soleil. C’est en regardant le soleil et la belle nature que j’ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t’embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari. Manouchian Michel. P.S. J’ai quinze mille francs dans la valise de la rue de Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène. M. M. ”

Le groupe Manouchian était composé de :



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