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Chronique d'Evariste
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  • lettre 874

Réparer le lien entre l’Église et l’État ou séparer l’Église et l’État ?

par Évariste

 

Emmanuel Macron démarre fort devant ses amis évêques : « nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Église et l’État s’est abîmé, et qu’il nous importe à vous comme à moi de le réparer. » Cette phrase provocatrice et toutes celles qui l’ont suivie ont entraîné des réactions pavloviennes des groupes laïques en défense de la loi de 1905. Bien sûr, le discours macronien est une forte atteinte à la loi de 1905. Disons seulement  que cela ne suffit pas d’être un gardien du temple pour empêcher sa destruction. Pour promouvoir la liaison du combat laïque et du combat social, il faut analyser le réel dans l’église, dans la réalité sociale et politique, et voir alors ce que nous devons faire pour nous remettre sur le chemin de l’émancipation et donc en conséquence avec le retour à une séparation des églises et de l’Etat telle qu’elle fut votée le 9 décembre 1905 et avec l’application des trois circulaires de Jean Zay du Front populaire réactivées par la loi du 15 mars 2004.

Bien sûr, l’ensemble du discours d’Emmanuel Macron est un appel à continuer le détricotage de la loi de 1905. Mais il est plus que cela, il annonce le système et le mode d’alliances du mouvement réformateur néolibéral pour les 4 ans qui viennent. Que ne peuvent pas voir ceux qui ne lient pas le combat laïque au combat social. Que ne peuvent pas voir ceux qui négligent de regarder la dérive néo-concordataire du mouvement réformateur néolibéral visant à intégrer dans le système d’alliances dominant l’église la plus puissante et si possible toutes les autres. Tout simplement parce qu’ils ne veulent pas comprendre que l’alliance du néolibéralisme avec les communautarismes et les intégrismes est une alliance aussi nécessaire pour le capitalisme d’aujourd’hui que le développement de la démocrature.

Analyser l’évolution de l’Eglise catholique en parallèle de l’évolution du mouvement réformateur néolibéral

Après le soutien de la hiérarchie de l’Eglise catholique de France au régime de Pétain, l’église doit, pour survivre, modifier son orientation. C’est le rôle de Vatican II qui retisse le lien entre la gauche catholique et son église, permet le développement de l’engagement de cette gauche catholique en politique.

Mais très vite, la résistance interne dans l’Eglise s’organise contre cette orientation. L’Opus dei, organisation de l’extrême droite catholique, ne reste pas de ce point de vue les deux pieds dans le même sabot. La mort suspecte de Luciani alias Jean-Paul Ier, jamais autopsié, permet à un membre de l’Opus dei, Woytila, alias Jean-Paul II, de prendre le pouvoir au Vatican et de nommer suffisamment de cardinaux pour permettre de garder l’extrême droite au pouvoir au Vatican par la papauté de Ratzinger, alias Benoît XVI. L’alliance de fer entre l’impérialisme américain et le Vatican d’alors dans la bataille contre l’URSS et le communisme est aujourd’hui bien connue. A la chute de l’UURSS, il s’agit de mettre aussi à bas le régime yougoslave ; le Vatican et l’Allemagne sont les premiers États à reconnaître le régime croate, démarrage du conflit pour la destruction de l’ex-Yougoslavie qui fera plus de 200 000 morts, avec la « neutralité » de la France socialiste et de l’ensemble de l’Union européenne.

Mais plusieurs éléments vont changer la donne. Des scandales à répétition de pédophilie minent l’édifice papal car le mal est bien plus important que ce que rapporte la presse. Des scandales financiers font plus qu’éclabousser le Vatican. La chute de l’URSS modifie la stratégie du Vatican et ravive les divisions dans la Curie. L’élection  au Vatican de Bergoglio, alias François, est un adjuvant pour  la division de la Curie.

Malgré un engagement très remarqué pour l’écologie et le lien affirmé avec la question sociale développé par l’encyclique Laudato Si, une extrême droite catholique relookée se développe autour du retour à certains dogmes tombés en désuétude et de la volonté de revenir en politique. La conférence des évêques français résiste difficilement à ce développement de l’extrême droite catholique. Puis, la Manif pour tous, mobilise des centaines de milliers de personnes. Un parti d’extrême droite en est issu, Sens commun, qui intègre LR et permet à Fillon de terrasser Juppé et Sarkozy dans la primaire de droite. Mais Fillon n’est plus le candidat de l’oligarchie capitaliste et l’électorat de la droite catholique modérée vote pour Macron, nouveau préposé gérant du capital.

Le discours du président de la République devant la conférence des évêques vise à aller plus loin qu’une simple alliance électorale. Le dispositif macronien pressent, comme conséquence de sa politique anti-sociale, une perte de soutien d’une partie de son électorat. Comme il sait qu’en tant que gérant du capital, il ne peut pas freiner de lui-même cette politique anti-sociale, il a donc besoin maintenant d’un soutien politique plus affirmé de la part de l’Eglise catholique dans une sorte de démocrature chrétienne d’un nouveau genre.
Notamment pour faire reculer LR soutenu par l’extrême droite catholique mais fortement représenté chez les maires et élus municipaux dont l’élection est prévue soit en mars 2020 soit en mars 2021.

L’agenda politique va nous renseigner sur les suites concrètes du discours macronien

D’abord,  nous attendons la deuxième lecture de la loi (et de son article 38) « Pour un État au service d’une société de confiance ». Alors que le lobby catholique avait réussi à mettre tous ses amendements dans le projet de loi soumis à la commission des lois de l’Assemblée nationale, ce même lobby a réussi à les réintroduire par un vote solennel au Sénat. On attend de voir si le nouveau discours du président aux évêques aura une suite législative sur les amendements de l’article 38 contre la loi de 1905 : possibilité pour les associations cultuelles de gérer des immeubles de rapport avec exemptions d’impôts, suppression du droit de préemption de l’État sur des immeubles des associations cultuelles, non-obligation de déclarer les actions de lobbying de l’église catholique qui serait étendu aux élus !

Puis, nous attendons aussi les arbitrages macroniens sur la bioéthique et sur la façon dont il va maquiller sa politique sur les migrants.

Et enfin, alors que sous le règne des prédécesseurs de Macron, ce fut déjà « open-bar » pour les subventions publiques aux écoles privées catholiques, au point qu’il y ait plus d’argent par tête d’élève pour elles par rapport aux écoles publiques, on attend concrètement la suite sur ce chantier.

Sans compter que nous devons rester vigilants devant les censures préfectorales au service du lobby catholique ou d’autres structures religieuses1

Nos tâches

  • Sur l’affaire du discours de Macron devant la conférence des évêques, partager l’entièreté de ce numéro de Respublica avec cette Chronique et les textes de l’historien Jean-Paul Scot et du philosophe Henri Pena-Ruiz.
  • En termes de campagne longue, continuer à faire signer l’appel du 15 décembre 2017 paru dans Marianne et Respublica (sur www.combatlaiquecombatsocial.net ).
  • Puis organiser des comités « Combat laïque-Combat social » (lire http://www.gaucherepublicaine.org/breves/7401504/7401504). Dans ces comités, vous pouvez demander au Réseau Education Populaire de venir vous faire une conférence sur « le décryptage du discours de Macron aux évêques ».
  • Mettre en discussion les livres de la Librairie militante de Respublica que vous pouvez vous procurer en vous les faisant  adresser par poste.
  • S’inscrire dans les collectifs régionaux de l’appel en écrivant à combatlaiquecombatsocial@gmail.com
  • Enfin, s’inscrire dans l’agenda 2018-2019 des initiatives politico-culturelles dans les différents lieux qui seront mis à notre disposition (fêtes populaires, théâtres, salles de cinéma, maisons des associations, bourse du travail et MJC, etc.).

 

  1. Voir https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/art-culture-edition/la-prefecture-de-la-sarthe-censure-une-piece-de-theatre-apres-des-plaintes-de-catholiques-integristes_2707220.html  []
Combat laïque - Combat social
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M. Macron aux Bernardins : une confusion significative

par Henri Pena-Ruiz

 

Une version de ce texte a paru dans le journal Marianne du 14 avril  2018 sous le titre “Discours aux catholiques : Macron semble se tromper d’époque”

 

A défaut d’un discours sur la laïcité, annoncé, le président de la République vient de tenir au Collège des Bernardins, sur un mode confus, des propos qui ont une tonalité antilaïque. Un commentaire de deux citations permet de le montrer.

« Nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Eglise et l’Etat
s’est abîmé, et qu’il vous importe à vous comme à moi de le réparer ».
Que veut dire vraiment le président ? On n’abime que ce qui existe. Or depuis la loi de séparation laïque du 9 Décembre 1905, le concordat napoléonien qui liait l’Etat et l’Eglise n’existe plus, sauf en Alsace Moselle, où les religieux se cramponnent à leurs privilèges. Le Président d’une République laïque se doit se traiter de façon égale les convictions des athées, des agnostiques, et des croyants. Ce n’est pas le cas avec Monsieur Macron, qui semble se tromper d’époque. Il se prend pour un monarque qui aurait à restaurer l’alliance du trône et de l’autel propre à l’Ancien Régime. Ses propos sont plus proches d’une posture concordataire, néogallicane, que d’une approche laïque. Au passage, il invente une histoire imaginaire, en prétendant contre l’évidence que les religieux ont été bannis des débats démocratiques.
Pour mémoire, ils ont été si peu absents de la politique qu’ils ont obtenu de Michel Debré une loi anti-laïque de financement public d’écoles privées religieuses en 1959. Avec Jean Royer et le professeur Lejeune ils se sont opposés, en vain, à la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse par Simone Weil en 1975. Le 24 juin 1984 une manifestation animée entre autres par l’Eglise catholique et son réseau d’écoles privées a été organisée contre le projet Savary de service public unifié de l’éducation nationale (SPULEN). Le cardinal Lustiger, dans un discours à Versailles, a calomnié ce projet en le prétendant liberticide. Comme on sait le projet a été abandonné par François Mitterrand. En 1998 nombre de catholiques traditionnalistes, représentés par Christine Boutin, se sont opposés à la création du PACS. En vain. En 2012 l’archevêque de Lyon Barbarin a affirmé que la Loi Taubira ouvrait la voie à la «polygamie» et à «l’inceste». Puis la « Manif pour tous » a tenté de faire échouer le « Mariage pour tous », au passage rebaptisé « mariage homosexuel » pour tenter d’en masquer la portée universelle. Quand on compare l’exposition médiatique des religieux et celle des athées, les premiers sont nettement privilégiés.

« Je considère que la laïcité n’a certainement pas pour fonction de nier le spirituel au nom du temporel, ni de déraciner de nos sociétés la part sacrée qui nourrit tant de nos concitoyens.»
Ce propos impute à la laïcité une position qui n’a jamais été la sienne. Loin de vouloir nier la vie spirituelle, l’émancipation laïque rend possible sa libération et son pluralisme en l’affranchissant de toute censure théologique ou politique. Le temps n’est plus où le pape pouvait demander à Daniele Da Volterra (« il braguettone ») de peindre des voiles et des culottes sur les corps un peu trop nus de l’admirable fresque de Michel Ange (Le Jugement Dernier) qui se trouve dans la Sixtine. Le temps n’est plus où l’Index librorum prohibitorum tenu par l’Eglise censurait les œuvres littéraires ou philosophiques jugées non conformes, et les travaux scientifiques contraires à la littéralité de la Bible. Plus récemment on ne peut oublier l’attentat contre un cinéma du quartier latin qui projetait La dernière tentation du Christ, de Martin Scorcese.
Le propos de M. Macron atteste une conception clairement discriminatoire de la vie spirituelle. Celle-ci n’est pas le monopole des religions. La laïcité ne récuse pas du tout la spiritualité religieuse, mais entend que soient également respectées les convictions spirituelles des athées ou des agnostiques, et toutes les formes culturelles qui expriment l’esprit humain. Les humanismes sans dieu de Diderot ou de Condorcet, de Sartre ou de Camus, pour ne citer qu’eux, n’ont pas à être passés sous silence. Il est significatif que M. Macron ne mentionne que des penseurs catholiques ou protestants. Aucun respect de la déontologie laïque, pourtant simple et limpide.
Libre au président, dans sa sphère privée, de préférer le catholicisme. Mais dans l’exercice de ses fonctions, il ne peut pas manifester des égards pour les uns sans le faire aussi pour les autres. Une telle attitude est antilaïque, car elle déroge à la neutralité qui est la condition de l’égal respect de toutes et de tous. Devise républicaine oblige. A propos du lieutenant Beltrame, pourquoi faire le lien entre sa foi chrétienne et son dévouement héroïque, mais passer sous silence son appartenance à la franc-maçonnerie ?
Quant à la thématique des racines chrétiennes, elle atteste une fois de plus une approche discriminatoire, par omission. Les racines chrétiennes de l’Europe et de la France sont indéniables. Mais elles ne sont pas les seules. Pourquoi ne pas mentionner l’humanisme de l’Antiquité remis à l’honneur par la Renaissance, l’âge classique du rationalisme et de la pensée scientifique, le siècle des Lumières et du droit naturel qui prépare la Révolution Française, puis la pensée sociale du dix-neuvième siècle ? Etrange livre d’histoire que celui qui ne comporte qu’un seul chapitre ! Le 4 janvier 2018, recevant les cultes à l’occasion des vœux, M. Macron déclarait déjà : « il est impensable de penser trouver le bien commun de notre société sans prendre pleinement en considération les religions.» On le voit, l’obsession sélective est constante, comme elle l’est chez tous ceux qui ne pensent la laïcité que dans son rapport aux seules religions : Monsieur Collomb, Monsieur Wauquiez, etc…

Le parti-pris évident du Président s’ordonne à l’idéologie qui tente de promouvoir une « Laïcité de reconnaissance ». Cette expression, contraire à l’article deux de la Loi de 1905, est contradictoire, et constitue le nom pudique d’une hiérarchisation des convictions. L’athéisme confiné dans le privé, la religion reconnue d’utilité publique. Vous avez dit « égalité » ?

Un dernier mot sur un phrase récurrente de Monsieur Macron : “L’Etat est laïque mais la société ne l’est pas”. La distinction est inepte. Car la société pourrait-elle exister sans une organisation minimale de la coexistence d’êtres humains divers dans leurs traditions et leurs références ? Ce qui est vrai, c’est que la diversité des options spirituelles, pour faire société (ex pluribus unum), requiert un dispositif juste pour tout le monde. Tel est le rôle de la laïcité, qui fonde un cadre universaliste de principes émancipateurs.

Henri Pena-Ruiz
Dernier ouvrage paru : Dictionnaire amoureux de la laïcité (Plon), Prix National de la Laïcité 2014

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Lettre ouverte au président de la République sur ce qu’est et n’est pas la laïcité

par Jean-Paul Scot

 

C’est en toute connaissance de cause que vous avez répondu avec solennité à l’invitation inédite que vous avez reçue de la Conférence des évêques de France. Vous venez ainsi de confirmer avec éclat toutes vos interventions précédentes devant ceux que vous qualifiez de « représentants des autres religions » quand bien même « la République ne reconnaît aucun culte » comme institution publique depuis la loi de 1905. Permettez que j’use librement de ma liberté d’analyse et que je décrypte votre long discours pour en révéler tout le sens caché qui n’a pu échapper qu’aux lecteurs trop pressés.

Aux évêques qui vous demandaient un « dialogue permanent » vous avez répondu d’emblée que vous partagiez avec eux « le sentiment que le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abimé et qu’il vous importe à vous et à moi de le réparer ».

Pourquoi affirmer d’emblée un « lien » entre l’Eglise et l’Etat ?

La séparation entre les religions et l’Etat instituée par la loi de 1905 exige que tous les fonctionnaires, et d’abord le premier d’entre eux, vous-même, soient tenus non seulement au devoir de réserve mais plus encore à la neutralité laïque afin de respecter l’égalité de droits de tous les citoyens et citoyennes aux opinions religieuses ou philosophiques si diverses. Vous aviez déjà rejeté ce principe de neutralité laïque en arguant que « d’après la loi de 1905, c’est la République qui est laïque, pas la société ». Certes la société rassemble des personnes fort diverses par leurs origines, leurs cultures, leurs religions, leurs philosophies, et chaque individu peut penser et agir selon sa liberté de conscience comme le garantit la République. Mais vous ne pouvez ignorer qu’il n’y a pas de société démocratique et de vie collective qui ne repose sur les principes de liberté et d’égalité, et que la laïcité, définie par ces principes, est la condition du respect mutuel de tous dans le respect mutuel de chacun. A titre privé vous êtes libre de vous déclarer laïque ou pas laïque, catholique ou mécréant, mais pas en tant que Président de la République ! sauf à déroger au devoir de votre fonction !

En quoi ce « lien » se serait-il « abimé » ?

Vous déplorez comme les évêques que « ce pays de France ne ménage pas sa défiance à l’égard des religions » et que le catholicisme soit devenue « une minorité militante contrariant l’unanimité républicaine ». Mais en quoi l’Etat serait-il responsable de la désaffection des églises et de la sécularisation d’une société où les incroyants et agnostiques sont aujourd’hui majoritaires ? Que je sache depuis 1958 la République s’est montrée bonne fille à l’égard de l’Eglise en finançant à parité les églises confessionnelles, en leur conférant même la mission de service public, en leur accordant toujours plus de privilèges tout en les dispensant des charges de l’enseignement public. En 1996, la Conférence des évêques, rappelez-vous, se félicitait des « concessions » de l’Etat à la « laïcité publique » et reconnaissait « le caractère positif de la laïcité […] non pas telle qu’elle a été à l’origine, mais telle qu’elle est devenue ». Que veulent de plus aujourd’hui les évêques de France ?

Pour vous, les tensions actuelles ne seraient pas « le fruit d’une décision de l’Eglise » mais « le résultat de plusieurs années pendant lesquelles les politiques ont profondément méconnu les catholiques de France » et « ont trouvé toutes les raisons de ne pas écouter les catholiques ». Aurait-il fallu pour que « les inquiétudes des catholiques » soient entendues que les dogmes de l’Eglise demeurent la norme publique niant ainsi la liberté des femmes à disposer de leur corps et l’égalité des droits des homosexuels ? Admettez que ce sont des mouvements se réclamant du catholicisme, avec souvent le soutien direct du clergé et de certains évêques, qui ont instrumentalisé la foi religieuse pour s’opposer dans la rue aux lois de bioéthique et sur le mariage pour tous. Leur droit de manifester a été respecté et les lois votées n’ont jamais été imposées de force à ceux qui n’en partagent pas l’éthique, pourvu qu’ils respectent la liberté et l’égalité des autres. Pourquoi voudriez-vous encore bloquer les recherches sur les cellules souches et interdire demain le suicide assisté puisque vous, catholiques, resterez absolument libre de vivre, d’aimer et de mourir comme vous l’entendez !

Pour « réparer » ce « lien abimé » il n’est, dites-vous, « pas d’autre moyen qu’un dialogue en vérité ». Mais, au préalable, un gage de bonne volonté de l’Etat vous semble nécessaire puisque vous vous engagez à accroitre encore la place des « représentants » es qualité des religions dans le Conseil national d’éthique sous prétexte d’« enrichir » les débats !

Dialogue entre qui et qui ?

Dialogue avec l’Eglise de France que vous reconnaissez comme une « institution », une « autorité » et même une « juridiction » ! Que je sache l’Eglise catholique n’est plus depuis la loi de 1905 un « établissement public du culte », plus une « institution de droit public » comme elle le fut sous le régime concordataire des cultes reconnus de 1802 à 1905. Elle est un organisme de droit privé à but non lucratif comme toutes les autres associations, partis ou syndicats. Que je sache le droit canon ne s’applique qu’aux clercs, soumis par ailleurs au droit commun que l’Eglise a bien du mal à admettre dans les affaires de pédophilie ! Voudriez-vous lui conférer un statut d’« institution » spécifique ou lui reconnaitre une « autorité » privilégiée ?

Vous citez quarante fois l’Eglise, et cinq fois la papauté, mais seulement quinze fois les « catholiques » : vous vous adressez bien plus au haut clergé qu’aux fidèles contrairement à ce qu’affirme l’éditorial du Monde. Alors que la République ne connait que des citoyens et des citoyennes dans la diversité de leurs opinions et de leurs pratiques, vous voulez que l’Etat entretienne un dialogue privilégié, comme exigé par les papes Jean-Paul et Benoit XVI, avec une hiérarchie de clercs auto-investis et sensés représenter des croyants. Au profit d’un néo-cléricalisme conquérant et au péril de la laïcité de l’Etat ! Sachez cependant que Ferdinand Buisson, un des pères de la loi de 1905, précisait en 1904 que « la laïcité consiste à séparer les Eglises de l’Etat, non pas sous la forme d’une partage d’attributions entre deux puissances traitant d’égal à égal, mais en garantissant aux opinions religieuses les mêmes libertés qu’à toutes les opinions. »

Dialogue avec l’Etat laïque dont vous vous dites le « chef » même si l’Etat ne se réduit pas à votre personne. Vous êtes soumis, ne l’oubliez pas, au respect de la Constitution et des institutions. Mais vous préférez vous présenter comme « chef de l’Etat » plutôt que comme « président de la République ». « Je suis, dites-vous, comme chef de l’Etat, garant de la liberté de croire et de ne pas croire ». Vous répétez à la fin de votre discours que vous assurerez à tous vos « concitoyens » « la liberté absolue de croire comme de ne pas croire » mais que vous leur demanderez de « toujours respecter absolument et cela sans compromis aucun les lois de la République ». Cela suffit pour que le ministre de l’intérieur et nombre d’éditorialistes du Figaro à Libération vous accordent avec légèreté un brevet en laïcité.

Je ferais deux objections.
1°) Vous vous défendez d’être « le promoteur d’une religion d’Etat substituant à la transcendance divine un credo républicain ». Mais la laïcité n’a jamais été en France une religion civile ni une hostilité à la croyance religieuse, car elle a été fondée sur les principes des droits naturels des êtres humains auxquels vous ne vous référez jamais dans ce discours alors que vous ne cessez de rappeler les « devoirs de l’homme » et de vous réclamez de la « transcendance divine ».
2°) Vous définissez la laïcité comme « une règle d’airain pour notre vie ensemble qui ne souffre aucun compromis, une liberté de conscience absolue et cette liberté spirituelle que je viens d’évoquer ». Curieuse façon de compléter la liberté de conscience assurée par la République par votre conception particulière de la « liberté spirituelle ». Pensez-vous qu’il n’y a de spiritualité que religieuse ? Pensez-vous que la République ne se fonde pas sur des principes idéaux ? Voulez-vous dire qu’il faut réconcilier les « droits de l’homme » et les « devoirs envers Dieu » ? Vous invoquer la liberté de religion et d’expression mais jamais l’égalité des droits entre croyants, agnostiques et athées, et jamais la devise républicaine ! Ferdinand Buisson écrivait pourtant que « l’Etat laïque et souverain doit être neutre entre tous les cultes, indépendant de tous les clergés, dégagé de toute conception théologique. »

Un « dialogue permanent » légitimé par quoi ?

« Ce dialogue est indispensable, et si je devais résumer mon point de vue je dirais qu’une Eglise prétendant se désintéresser des questions temporelles n’irait pas au bout de sa mission, et qu’un président de la République prétendant se désintéresser de l’Eglise et des catholiques manquerait à son devoir. » Bafouant ouvertement le principe de séparation, vous présentez l’Eglise et l’Etat comme des partenaires et des alliés suivant un « chemin commun » bien que relevant de « deux ordres institutionnels différents »

Sous prétexte de fonder un « monde nouveau », vous ne faites que reprendre les schémas de la plus traditionnelle théologie thomiste et jésuite : l’Eglise et l’Etat appartiennent à deux ordres spécifiques car la première, dépositaire de la vérité du Christ et affirmant la transcendance de l’homme, dispose du pouvoir spirituel, de la potestas divine, alors que le second, d’ordre séculier, n’a reçu que le pouvoir temporel, l’auctoritas politique. Les deux pouvoirs sont distincts, autonomes, mais pas séparés, car ils ont la même finalité, assurer le salut des croyants. L’Eglise doit se soucier des choses temporelles et les catholiques doivent témoigner de leur foi par leur charité et leur humilité. Mais l’Etat bien qu’autonome doit servir les orientations spirituelles de l’Eglise. Je n’extrapole pas : vous justifiez « la nécessité de ce dialogue car nous vivons chacun dans notre ordre à des fins communes qui sont la dignité et le sens ». La distinction entre les pouvoirs spirituel et temporel relève du langage d’Eglise et n’est en rien synonyme de la laïcité qui est un principe juridique et politique fondant la société sur les principes de liberté et d’égalité de tous les êtres humains.

Vous êtes plus qu’à l’écoute de « la voix de l’Eglise », vous l’avez adoptée : « nous l’écoutons avec intérêt, avec respect et même nous pouvons faire nôtre nombre de ses points. » Certes, vous déclarez aussitôt qu’à l’égard de l’Etat cette voix « ne peut être injonctive », mais qu’elle peut être « questionnante ». Philippe le Bel et Louis XIV l’avaient déjà fait déclarer par leurs légistes définissant les « libertés gallicanes ». Rien de nouveau comme le révèle votre conception des rapports entre l’Eglise et la nation dans l’histoire !

Un dialogue pour « réparer » ?

Un historien ne peut que s’étonner de ce verbe « réparer » : la « réparation » appartient au vocabulaire des prélats catholiques depuis la Contre-Réforme et plus encore des papes ayant condamné comme « diaboliques » les idéaux de 1789, mais aussi des opposants les plus acharnés à la loi de séparation des Eglises et de l’Etat et à la suppression du budget des cultes en 1905.

Je ne vous soupçonne pas de vouloir réactiver tout le conflit entre l’Eglise catholique et la France mais je ne peux que m’interroger sur votre affirmation « des liens les plus indestructibles entre la nation française et le catholicisme » depuis les temps les plus anciens jusqu’aux tragédies les plus récentes. Sous la monarchie de droit divin, ce « lien » entre l’Eglise catholique et l’Etat confessionnel était « consacré » et le roi « sacré » ; mais on ne parlait encore que de « nation picarde » ou « provençale », pas encore de « nation française ». C’est en juillet 1789 que la « Nation française » est enfin définie comme « la personne juridique composée par l’ensemble des individus composant l’Etat » au moment où elle est proclamée souveraine, suite à l’abolition du lien organique entre l’Eglise et la monarchie de droit divin. Sachez qu’en 1789 et 1790 l’Assemblée constituante a refusé que le catholicisme reçoive le statut de « religion d’Etat », ou de « religion de la nation » et pas même de « culte reconnu ». La séparation entre l’Eglise et l’Etat vient de loin !

Vous semblez ignorer en effet que la Nation française s’est constituée en dépit de l’hostilité de l’Eglise catholique aux idéaux de 1789, que celle-ci a béni la Restauration monarchique en 1815, appuyé le parti de l’Ordre en 1851 et conspiré entre 1898 et 1906 contre la République comme les archives du Vatican le prouvent. La « part catholique de la France » est bien peu républicaine et « la sagesse de l’Eglise » n’a guère « enrichi » la nation, même si l’Eglise a fini par accepter le régime républicain pour ne pas perdre plus encore de catholiques ralliés à la démocratie.

Vous ne faites allusion aux catholiques « résistants de 1940 » que pour faire oublier « la divine surprise » que l’Eglise de France a éprouvé en se ralliant au régime de l’Etat français de Vichy. Et puisque vous invoquez le général De Gaulle, sachez qu’il exigea du Vatican une épuration radicale de l’épiscopat français sans obtenir vraiment gain de cause en 1945. Sachez encore qu’à une délégation des cardinaux et du nonce apostolique venus lui demander en 1958 de supprimer l’épithète « laïque » de l’article 1er de la Constitution il répondit : « Nous pouvons penser que la France est catholique par son histoire, mais la République est laïque ». Ce qui ne l’empêcha pas d’accorder un an après la loi Debré pour sauver l’enseignement confessionnel. Même s’il avait été élève comme vous des jésuites, il connaissait mieux que vous l’histoire de la France et ne demanda jamais aux catholiques de s’engager en tant que catholiques.

Un dialogue pour « engager » les catholiques « en politique »  ?

Vous demandez aux catholiques de faire « don de leur engagement ». Vous les incitez ouvertement à passer de l’engagement caritatif et associatif à un « engagement politique profond pour notre pays et pour l’Europe » afin qu’ils aient « une voix sur la scène politique nationale et européenne. ». Que vous vouliez les arracher à l’emprise du Front National et des Républicains est de bonne guerre mais ne légitime en rien l’appel que vous leur lancer pour rallier « En marche » sous prétexte que la précédente Conférence des évêques ai appelé fin 2016 à « retrouver le sens du politique ». Non content d’appeler à une résurgence de la démocratie-chrétienne, vous traiter les catholiques français comme une « communauté » homogène assignée à leur religion en faisant fi de leur liberté d’engagement personnel.

Pire encore, vous invitez l’Eglise à se mettre au service de l’Etat et à « initier, entretenir et renforcer le libre dialogue avec l’islam», à prendre la tête du « dialogue interconfessionnel » et à repenser « la relation entre religions, société et puissance publique ». Vous lui reconnaissez même une place centrale dans la refondation de toute la société car « elle sait guider les plus fervents comme les non-baptisés, les établis comme les exclus » et qu’elle partage avec la Nation française la « capacité à penser les universels ». Vous instituez le catholicisme comme le tuteur de toutes les religions et des non-croyants.

Ce faisant vous bafouez ouvertement la fonction que la nation souveraine vous a confiée. Ainsi vous justifiez le souci particulier que vous accordez prioritairement aux catholiques et à l’Eglise de France par « une exigence chrétienne importée dans le champ laïc de la politique ». Vous prétendez agir ainsi « d’un point de vue de chef d’Etat, d’un point de vue laïc ». Mais ici la sémantique vous piège et vous dévoile tel que vous êtes vraiment : vous vous dites « laïc » et non pas « laïque » : le vieil adjectif « laïc » relève du vocabulaire ecclésiastique et désigne le chrétien non consacré au service du clergé. Est « laïc » dit Le Littré, qui n’est ni ecclésiastique ni religieux », qui n’est pas membre du clergé mais qui y est soumis. Par contre, être « laïque », c’est depuis la Révolution française être au service du « laos », du peuple uni tout entier dans le respect de la diversité de toute la société.  Les deux adjectifs, communément confondus par les journalistes, ne sont pas synonymes ou équivalents, ils sont différents et même contradictoires !

Vous vous comportez plus en « fils aîné de l’Eglise » qu’en Président de la République. Vous aviez déjà dénoncé une « radicalisation de la laïcité » que l’Eglise qualifie de « laïcisme ». Vous avez déjà déclaré que « la laïcité ce n’est pas la négation des religions, c’est la capacité à les faire dialoguer dans un dialogue permanent ». La laïcité n’est certes pas l’athéisme, mais ce n’est pas non plus l’oecuménisme, ni même l’égalité de traitements des religions.

Vous venez d’illustrer ce qu’est en réalité la dite « laïcité de reconnaissance », la dite « laïcité de collaboration » entre Eglise et Etat prônée par tous les champions d’une « laïcité ouverte », « positive » et « européenne ». Vous venez de démasquer la « laïcité apaisée ». En fait, vous instrumentalisez votre foi et celle des catholiques pour justifier votre politique au service du libéralisme et du capitalisme. Vous prônez un néo-cléricalisme qui devrait être le complément d’âme à un monde sans âme.

Jean-Paul SCOT, historien, auteur de « l’Etat chez lui, l’Eglise chez elle ». Comprendre la loi de 1905, Paris, Points Histoire, Seuil, 2005 et 2015, 408 p.

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Comment monter un comité local « Combat laïque-Combat social » ?

par Bernard Teper

 

 

  • Parlez-en autour de vous. Discutez-en. On a toujours plus d’idées à plusieurs que tout seul.
  • Contactez les têtes de réseaux associatifs, culturels, syndicaux, politiques ainsi que les collectifs citoyens. Le mot d’ordre est le rassemblement de l’arc de forces le plus large possible pour décloisonner la lutte. Contre-productive est la méthode d’appeler à partir d’une ou plusieurs organisations. La politique des cartels d’organisations a montré son inefficacité.
  • Récupérer les adresses électroniques et téléphoniques des personnes intéressées.
  • Décider collectivement d’une date pour organiser une réunion publique locale à l’appel des signataires de l’appel.
  • Définir le lieu où peut se tenir la première réunion publique. Cela contraint parfois à passer par une structure référencée localement pour des questions d’assurance, suppose parfois des finances et comporte des obligations : disponibilité, horaires, capacité d’accueil, sono, chaises, tables, etc
  • Puis utiliser tous les canaux disponibles pour l’information : réseaux sociaux (facebook, twitter, etc.), mailing électroniques, tracts, journaux locaux, etc.
  • Intégrer l’action dans l’agenda des luttes progressistes de toutes natures. Participer à cet agenda. Le but est constamment d’élargir pour éviter de faire de l’entre-soi dans sa propre organisation.
  • Se faire connaître de ceux qui gèrent les médias de l’appel « Combat laïque-Combat social » pour diffusion large.
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Une fois tous les cinq ans, le mirage de l’Europe sociale

par Bernard Cassen

 

Les amateurs de comédies musicales connaissent bien Brigadoon, film de Vincente Minnelli sorti en 1954, et dont les principaux acteurs sont Cyd Charisse et Gene Kelly. On y voit deux Américains venus chasser la grouse dans les Highlands écossais où ils découvrent un village mystérieux, Brigadoon, frappé d’une malédiction : il existe seulement une journée par siècle. Dans la comédie politique européenne, c’est une malédiction du même type dont est victime l’ambition d’une « Europe sociale » : pendant quelques semaines, tous les cinq ans, elle fait surface dans les programmes des candidats aux élections au Parlement européen. Puis elle disparaît du paysage politique jusqu’au scrutin suivant.

Les dirigeants des Etats et des institutions de l’Union européenne (UE) semblent avoir compris que ce scénario, vieux de plusieurs décennies, ne pouvait pas se répéter indéfiniment car, au vu de l’expérience, plus personne n’allait prendre au sérieux ses promesses. C’est pourquoi, sans attendre la campagne des élections européennes du 26 mai 2019, et pour préparer le terrain, ils ont pris des initiatives visant à accréditer l’idée que l’UE pouvait aussi être « sociale ». C’est ainsi que, le 17 novembre dernier, lors du Conseil européen réuni à Göteborg en Suède, a été adopté un « Socle européen des droits sociaux » reposant sur vingt principes et droits essentiels, ordonnés autour de trois thèmes principaux : égalité des chances et accès au marché du travail ; conditions de travail équitables ; protection et insertion sociales.

Afin de lui conférer un maximum de solennité, ce texte a été signé par les présidents du triangle institutionnel : celui du Conseil, celui de la Commission et celui du Parlement. Cette mise en scène a une fonction bien précise : faire oublier que les grands principes énoncés dans ce socle n’ont aucun caractère contraignant. Ils sont simplement « proclamés », et leur concrétisation dépend du bon vouloir des gouvernements et de la Commission. On ne trouve ni objectif chiffré ni calendrier ni procédure de sanctions en cas de non respect de telle ou telle partie du socle par un Etat membre de l’UE. Il en va tout autrement en matière de politique budgétaire où les traités prévoient un plafond de 3 % des déficits publics et des amendes pour les Etats qui ne le respectent pas.

Cette différence de traitement en dit long sur la place du « social » dans la hiérarchie des politiques européennes. Et ce n’est pas l’annonce, par la commissaire Marianne Thyssen, de la création, en 2019, d’une Autorité européenne du travail (AET) qui modifiera radicalement cette hiérarchie. Structure permanente dotée d’un budget de 50 millions d’euros par an et d’environ 140 agents, l’AET serait chargée, entre autres responsabilités, d’articuler les modalités d’intervention des différents systèmes nationaux d’inspection du travail en cas de conflits sociaux transnationaux. Même si une telle structure – de taille très modeste – peut avoir un minimum d’utilité quant elle sera opérationnelle – en 2023 ! –, on a du mal à partager l’enthousiasme de la commissaire qui voit en elle « le joyau de la couronne d’un marché du travail européen fonctionnel »…

D’ici aux élections au Parlement européen, d’autres initiatives de ce type verront sans doute le jour pour tenter de donner un vernis « social » à l’UE et fournir ainsi quelques munitions électorales utilisables contre les partis et mouvements eurosceptiques. Mais il ne faut pas s’illusionner : elles ne pourront pas s’extraire de la logique libérale des traités et de sa traduction dans les politiques nationales. A cet égard, il est hautement significatif que, dans ses propositions de relance de l’UE, Emmanuel Macron ne soit intéressé que par l’intégration économique, financière et politique de la zone euro. Quid du « social » ? La réponse est simple : quelques mesures cosmétiques et des campagnes de communication à forts budgets pour les « vendre » aux opinions publiques…

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Journaux de référence et « fake news »

par Pierre Guerlain

 

Source : Chronique de la revue Recherches internationales (avril 2018)

Récemment Le Monde a publié un article renvoyant à un petit manuel de détection des « fake news », ce vocable qui fait florès depuis l’élection de Donald Trump renvoie à des techniques de désinformation ou propagande vieilles comme le monde. La rumeur, nous a appris Jean-Noël Kapferer dans un ouvrage datant de 2010, est le plus vieux média du monde. « ‘Fake news’ : Appliquer au Web les bonnes pratiques éditoriales des journaux » dit le titre de cet article du Monde qui constitue ainsi les journaux en exemples à suivre.

Les médias dominants de qualité apportent énormément d’informations et de commentaires qui sont précieux pour tout citoyen soucieux de la vie démocratique mais ils peuvent être aveugles sur…leurs propres points aveugles, leurs impasses, leur rhétorique proche des milieux d’affaires et leurs omissions calculées. Les médias dominants reflètent souvent les opinions, préjugés et philosophies des dominants. Ce n’est pas une découverte, les spécialistes des médias le disent depuis des décennies.

Il y a certes une critique des médias qui est complotiste et les insultes qui pleuvent sur les médias dominants de qualité sont aussi vulgaires qu’à côté de la plaque (merdias ou le « Lügenpresse » que les néofascistes de l’AfD (Alternativ für Deutschland) utilisent en Allemagne, en ligne directe avec le passé nazi de ce pays). Des gens comme Soral se sont fait les experts en désinformation sous couvert de correction des mensonges des médias dominants.

Revenons au point de départ : l’article du Monde. Il y aurait donc d’un côté les producteurs de « fake news », Trump, ses soutiens, les complotistes ou les dupes de Poutine et, de l’autre, les bons journaux de qualité.

Les choses sont bien évidemment bien plus complexes. Il y a tout d’abord dans le monde occidental, qui est le seul qui m’intéresse ici, les cas ou « les bonnes pratiques éditoriales des journaux » sont absentes de ces journaux qui publient de fausses informations. Inutile de remonter aux fausses informations publiées, par exemple, par le New York Times, au moment de la guerre d’Irak lorsque ce quotidien a fait croire à la présence d’armes de destruction massive dans le pays dirigé par le dictateur Hussein – qui avait bénéficié du soutien de l’Occident pendant des années. Ce journal a failli à ses obligations déontologiques et soutenu une guerre sous de fallacieux prétextes. Les excuses par la suite n’ont pas gommé les morts ou le chaos qui nous affecte toujours. Le fait que le New York Times n’ait probablement pas menti délibérément mais ait suivi la pente de ses croyances idéologiques n’est que secondaire. Il a produit de fausses nouvelles, des « fake news » alors qu’au moment des Pentagon Papers il avait publié des informations véridiques nécessaires au débat public. C’était il y a bien longtemps, en 1971.

Plus récemment le Washington Post a publié toute une série d’articles qui s’apparente plus à de la propagande pour dénoncer la propagande russe. Glenn Greenwald, le journaliste qui avait, avec Laura Poitras, permit la révélation du scandale de la NSA par Edgar Snowden et qui a reçu le prix Pulitzer, en a fait l’analyse. Il a produit une liste de bobards mis en circulation par divers organes de presse.

Impossible donc de croire béatement les journaux dont les bonnes pratiques sont parfois invisibles. Les « fake news » ne sont pas que le fait de Trump, de la Russie avec RT et Sputnik ou des sites complotistes. Elles sont aussi, parfois, au cœur de ces organes qui devraient servir de modèles.

Un autre phénomène important qui est bien moins remarqué est celui qu’un auteur américain, Andrew Bacevich, appelle les « vraies infos qui sont ignorées ». C’est évidemment la norme à la télévision qui passe sous silence quantités d’informations cruciales mais qui attend encore aujourd’hui une information de qualité de la part des boites à divertissement ? Il est bien plus grave que les journaux de référence pratiquent l’omission calculée car eux seuls sont la source intellectuelle pour les débats politiques de qualité.

Dans un autre article, Bacevich évoque le fait que la récente publication des archives américaines permet de mettre un terme au débat sur la promesse faite à la Russie de ne pas étendre l’Otan. Son article contient un lien vers ces archives et confirme ce que dit la Russie sur la promesse faite et non tenue. Bacevich, qui est un conservateur très critique de la politique étrangère de son pays, n’a aucune admiration pour Poutine qu’il décrit comme « plutôt un sale type ». Il pointe ici un défaut majeur des médias dominants : les aspects qui ne cadrent pas avec leur idéologie ou celle de leurs propriétaires disparaissent dans le grand silence. Le « no news » est souvent aussi grave que les « fake news » et induit des erreurs ou interprétations erronées qui ont un impact énorme dans la « fabrique du consentement » (Chomsky/Herman).

Sur l’affaire Skripal, l’ancien agent double victime d’une tentative d’assassinat en Angleterre Le Monde n’a pas publié d’analyse des mensonges du ministre des affaires étrangères britannique, Boris Johnson. Celui-ci est connu pour ses bobards sur le Brexit ou ses gaffes fort peu diplomatiques. Il avait affirmé lors d’une interview avec Deutsche Welleque le laboratoire d’analyse de Porton Down lui avait assuré que la substance chimique utilisée pour la tentative d’assassinat, le Novichock, provenait de Russie. Ce que le directeur de ce laboratoire, Gary Aitkenhead, a infirmé. Cette information sur les mensonges officiels, dans un pays connu pour sa propagande mensongère au moment de la guerre d’Irak sous Blair, est donc capitale. Ne pas la publier ou la commenter est une faute déontologique grave. Deux liens vers un article du Spiegel et une émission de Channel 4, deux autres médias dominants de qualité qui discutent cette information cruciale montre qu’il est possible de ne pas omettre les éléments importants sans tomber dans le complotisme. Aucun de ces deux médias dominants de qualité n’est pro-russe.

Si l’on veut lutter contre la propagande russe (ou celle de n’importe quel autre pays, Chine, Israël, États-Unis), il vaut mieux ne pas lui ressembler, même en mode mineur. Le mensonge par omission a les mêmes effets que le mensonge par commission. Sur de nombreux problèmes touchant à la Russie, un pays autocratique où la liberté de la presse est bien loin d’être garantie, les médias occidentaux s’autorisent raccourcis, « fake news » ou « no news » aux effets délétères. Aux États-Unis CNN et MSNBC se sont fait une spécialité de la dénonciation de Trump en marionnette de Poutine alors même que la relation États-Unis-Russie ne cesse de se dégrader sous le règne du président bouffon (qui peut-être ne décide pas vraiment de ses politiques). Les études sérieuses montrant que les tentatives d’influence russe n’ont pas pu avoir un effet significatif sont ignorées ou rejetées comme étant de la propagande russe. L’une d’entre elles est pourtant fort documentée et signée par trois professeurs d’université.

Le Monde répète que la ligne rouge d’Obama concernant les armes chimiques a été franchie en 2013 mais qu’Obama n’a pas réagi. L’ancien président américain a pourtant déclaré à The Atlantic que le directeur des services secrets, James Clapper, lui avait indiqué que ses services n’étaient pas sûrs à 100 % de l’origine de l’attaque chimique (not a « slam dunk »). Cette information change tout car s’il s’agissait d’une opération de com’ en « faux drapeau » des djihadistes l’objectif était peut-être d’impliquer les États-Unis dans une guerre sous de fallacieux prétextes. Cette information tronquée, donc fausse, est reprise dans un article daté du 9 avril 2018 et répétée dans l’éditorial du 11 avril. Il serait bon que Le Monde respecte les « bonnes pratiques éditoriales » dont il se fait le chantre et ne répande pas une fausse nouvelle.

Sur l’Ukraine, Le Monde n’a pas repris des informations sur la présence de groupes néonazis que la BBC avait mentionnés ou les analyses de politologues américains de renom comme Mearsheimer et a donc mutilé ses analyses sur la situation ce qui a conduit à créer l’impression qu’il y avait opposition manichéenne entre le camp du bien et le camp du mal. C’est précisément ce, qu’à juste titre, l’on reproche à RT de faire. La propagande russe est à bonne école en Occident où pourtant la liberté de la presse est bien plus grande.

Les grands médias de qualité ne pourront regagner la confiance de leur public qu’en évitant les fausses nouvelles, et les vides informationnels plus ou moins délibérés. En tant que lecteur, j’ai besoin de savoir que mon journal de référence ne choisit pas délibérément d’ignorer des aspects essentiels d’un phénomène.

Ni Le Monde ni le New York Times n’ont commenté le fait que la promesse de ne pas étendre l’Otan avait bien été formulée et donc,sans recourir aux « fake news », ces deux organes de presse se sont fait les auxiliaires d’une désinformation. Ils n’ont pas donné d’écho au fait que quatre sénateurs, dont Sanders, ont lancé un appel à la reprise des négociations sur le nucléaire avec la Russie. Ils participent ainsi à l’atmosphère de guerre froide qui n’est pas le fait de la seule Russie autocratique et ne semblent pas comprendre que la propagande russe se niche dans les omissions et les failles des médias occidentaux. La guerre de l’information bat son plein, sur la Syrie, Israël, l’Iran, le Venezuela ou la Russiemais trop souvent elle est manichéenne et parcellaire. Personne ne croit Poutine sur parole, ce qui est bien, il ne faut pas croire sur parole les services secrets américains ou les grands journaux de référence, même s’ils sont effectivement essentiels à notre vie démocratique.

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Depuis 18 ans, ReSPUBLICA alimente les réflexions et les débats de la gauche républicaine, laïque et sociale de façon indépendante des forces partisanes et a fortiori financières.

Bien sûr cette indépendance a pour contrepartie les limites du bénévolat de la Rédaction et celles des coûts de structure, uniquement liés à l’informatique. Or ceux-ci sont difficilement compressibles lorsque l’audience auprès des militants s’élargit et qu’il s’agit de respecter une périodicité régulière. Nous tenterons dans les prochains mois d’améliorer notre système de publication et si possible de le rendre plus interactif.

Vous aurez remarqué dans une période marquée par les crises de fin de cycle du capitalisme, et plus nettement encore depuis les dernières élections et la présidence Macron, que ​beaucoup de certitudes dans les affiliations militantes vacillent ; les courriers que nous recevons recèlent de multiples « que faire ? »
Vous aurez aussi noté notre insistance à diagnostiquer les erreurs de parcours de la gauche, non pour satisfaire un penchant à la critique et fonder quelque nouvelle chapelle, mais pour mieux éclairer les changements de modèles économiques, politiques, écologiques, sociétaux… et promouvoir l’objectif ​de changement par ​l’éducation populaire.

L’exigence de formulation des débats de la gauche républicaine, laïque et sociale est la raison d’être du Réseau Education Populaire avec lequel nous coordonnons un grand nombre d’initiatives dans toute la France et dont l’agenda vous est proposé sur notre site.

Plus récemment, ReSPUBLICA a concrétisé son engagement pour la liaison des luttes sociales et laïques et signant l’Appel du 15 décembre 2017 « Combat laïque Combat social – Fédérer le peuple » et s’associe à la constitution de comités locaux.
Nous souhaitons que ce soit l’occasion de nouvelles rencontres avec vous pour prolonger et élargir la diffusion des analyses du journal.

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A propos du "discours des Bernardins"

Communiqué de l'OCL

par Jean Riedinger

 

En tant que chrétiens (pour la plupart catholiques) laïques convaincus, nous sommes en désaccord profond avec les propos du président Macron aux Bernardins.
Une phrase veut souligner l’objectif du discours : « Nous partageons, dit il, confusément, le sentiment que le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abîmé et qu’il nous importe à vous comme à moi de le réparer » Or le président ne pouvait ignorer que le terme même de « séparation entre les églises et l’État » figure dans le titre de la loi de 1905, et qu’il est donc le nom sous lequel elle est connue. On ne saurait, de ce fait, faire allusion à un « lien abîmé » entre l’Église catholique et l’État, puisque un tel lien n’existe pas légalement – ce qui n’interdit nullement le dialogue. Mais il ne saurait être question de « réparer » une relation qui donnerait à la hiérarchie catholique accès à l’élaboration de lois, ce qui ramènerait la France à la période monarchique.

En effet le président s’exprime en catholique, références à l’appui, ce qui est contraire à son rôle de président d’une République laïque qui doit se situer au dessus des options de sens des citoyens, dans le respect de la liberté de conscience personnelle et de toutes les associations religieuses ou non. La « neutralité » de l’Etat n’est pas l’absence de bases : les droits humains illustrés dans la devise liberté, égalité, fraternité.

Il affirme tout le long de son discours que la France doit toutes ces valeurs au catholicisme dans une continuité historique. C’est la vieille idée fausse des racines chrétiennes exclusives de l’Europe. Il oublie que le catholicisme, a longtemps constitué un Etat dans l’Etat, a été le promoteur des croisades, des guerres de religions, de l’inquisition, avec la chasse aux sorcières, de l’enrichissement du haut clergé, de certains ordre religieux et de la noblesse au détriment du tiers état, de défense de la monarchie contre la république et la démocratie. Le catholicisme institutionnel s’est illustré par le discours totalitaire de papes parmi les plus récents comme Pie IX (syllabus), Pie X (Vehementer nos) et même les accointances de Jean-Paul II avec des communautés sectaires et des théoriciens du franquisme. La réalité est donctrès différente des contes édulcorés pour petits enfants .

La spiritualité et l’engagement humanitaire ne sont pas des spécificités des catholiques ou des croyants. Des agnostiques, des athées vivent une riche démarche spirituelle qui ne repose pas sur des convictions religieuses mais, en tous cas, humanistes.
Monsieur Macron identifie l’Eglise à sa Hiérarchie , considérant les catholiques comme un bloc homogène et demandant à l’épiscopat de donner la seule position autorisée des catholiques de France sur les questions sociétale , objets du débat légitime entre citoyens responsables de diverses convictions, y compris au sein des communautés de foi.

le 13 avril 2018

Observatoire chrétien de la laïcité (OCL) – Temps Présent, 68 rue de Babylone 75007 PARIS

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Les phases du capitalisme et son dépassement

par ReSPUBLICA

 

Bonjour Evariste,

Le titre et le contenu de ton dernier article “Le capitalisme est aujourd’hui obligé de casser les conquis sociaux. Voilà donc l’ennemi : le capitalisme” désigne clairement l’ennemi. Hélas je n’ai pas trouvé dans l’article qui était l’ami ou les amis par le.s.quel.s il faudrait le remplacer. Si l’on supprime l’ennemi, j’imagine que l’on ne le remplace pas par le néant.
Un des amis serait ” la planification écologique “. J’y suis favorable. Cependant en quoi la planification (écologique) s’oppose-t-elle totalement au capitalisme ? Où celui-ci commence-t-il, où finit-il ? L’entreprise du CAC40 et la boulangerie de mon quartier (avec au moins un salarié) ne sont-elles pas toutes deux des entreprises capitalistes ? Lequel est un ennemi, lequel ne l’est pas ? Où est la frontière ?

D’avance merci de cette précieuse précision.

Christophe V.

Réponse d’Evariste

Bonjour Christophe,

Tout d’abord merci de reprendre discussion avec nous. Pour nous, le capitalisme est un système économique défini par un mode de production et de circulation dominant. La différence entre une entreprise du CAC 40 et votre boulangerie (les croissants sont-ils bons ?) se mesure en leur influence à définir ou pas le mode de production et de circulation dominant.
L’une des raisons de la chronique à laquelle vous réagissez est que beaucoup trop de citoyens et de responsables de gauche pensent que la politique actuelle n’est due qu’au bon ou mauvais vouloir des dirigeants et non au système lui-même. Nous insistons alors qu’aujourd’hui, contrairement à la phase précédente du capitalisme, les gérants du capital ne peuvent pas faire autrement pour restaurer les taux de profit dans l’économie réelle. D’où la nécessité de s’intéresser à un modèle politique alternatif.

Et sur une chronique de quelques pages peu nombreuses, on ne peut pas tout dire. Pour cela, il faut écrire un livre.
C’est ce que deux camarades ont fait. Vous trouverez donc le modèle politique “ami” dans les deux tomes de notre livre intitulé “Pensez la république sociale pour le 21e siècle” que vous trouverez en cliquant, sur la page d’accueil de notre journal sur le lien ” Librairie militante”.



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