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Le suicide collectif des fédérations d’éducation populaire est-il une nécessité ?

par Hubert Hurard

 

La demande d’éducation populaire dépasse très largement aujourd’hui l’offre d’éducation populaire. Cette demande ne se traduit pas exclusivement et formellement par la soudaine soif de se libérer collectivement des chaînes de l’oppression mais par le constat douloureux de voir se déliter l’esprit critique au bénéfice de la résignation collective. 

Après cent ans d’éducation populaire revendiquée haut et fort par des fédérations devenues soumises aux politiques institutionnelles qui prennent malin plaisir à les diviser à travers les appels d’offres ou autres appels à projets quel constat devons-vous faire aujourd’hui ? Ont – elles réussi à atteindre leurs objectifs ? Ont – elles su s’émanciper de leur tutelle étatique qu’elles ont contribué, délibérément ou pas, à enrichir ? Ont – elles su et pu mobiliser des énergies et des outils pour faire de l’éducation populaire sur les territoires ? 

La résignation gagne du terrain. Tous les indicateurs le démontrent. Les médias de masse, propriétés d’un conglomérat d’industriels, fabriquent l’opinion collective depuis de trop nombreuses années. Ils sont aidés en cela par un pouvoir obnubilé par la rentabilité de tout acte qui ne souhaite pas des esprits éclairés mais de la main d’œuvre au service du PIB.  Cette connivence avance à grands pas et, il faut l’avouer, a réussi son pari.

L’oppresseur se grime en seul et unique acteur capable d’adapter la société française aux exigences d’un contexte de mondialisation. Tout le reste ne serait qu’utopie et cris d’orfraies d’une poignée de gauchistes. Quoiqu’il en soit, la culture de l’esprit critique ne fait pas partie des objectifs de l’État. 

Il devrait dès lors être la priorité de ceux qui se réclament de l’éducation populaire. Libre arbitre, estime de soi, émancipation culturelle, curiosité intellectuelle sont des armes. Elles devraient être en vente libre au sein des fédérations ! Il n’en est rien. 

En lieu et place d’éducation populaire les mouvements ont décidé de se concentrer sur la formation d’animateurs techniciens et purement techniciens en y ajoutant quelques saupoudrages lexicaux qui auraient le rôle de rendre leur projet aussi cohérent aujourd’hui qu’il l’était peut-être hier. Ainsi, nous retrouvons « éducation nouvelle » pour certains ou « animation volontaire » pour d’autres. Nous ne sommes pas dupes. La proximité politiques des dirigeants avec le pouvoir, qu’il soit national ou régional, n’est pas un marqueur de souveraineté. La dépendance aux subventions ciblées et volontairement encouragée par un mode de relation descendante et hiérarchique institution – associations ne prouve pas non plus la volonté de promouvoir l’éducation populaire car occupées à répondre aux appels à projet et à essayer de survivre, les associations ne peuvent de toutes façons, le voudraient-elles, se mobiliser sur des projets qui ne rapportent « rien » d’autre qu’une dynamique collective conscientisée au service de l’émancipation.

L’animation socio-culturelle est donc devenue au fil des années le faire valoir d’une éducation populaire Canada Dry (pour reprendre l’ancien slogan de la marque). Et cette posture des fédérations, cette inertie idéologique, encore une fois volontaire ou pas, fait le bonheur des institutions politiques. Avec des acteurs aussi dociles et soumis il n’est en effet pas difficile de poursuivre l’œuvre de destruction massive des esprits libres. La connivence devient complicité entre assassins. L’un tue avec préméditation, l’autre s’est enfermé dans une relation symbiotique dont il ne sait plus s’extraire pour certains, dont il ne veut pas s’extraire pour d’autres. 

Combien de fédérations, de mutuelles ou autres mouvements associatifs ont été, malgré des projets ambitieux et certainement sincères, de simples escabeaux utilisés pour atteindre pouvoir et reconnaissance ? Ces stratégies individuelles ou collectives ont depuis des années discrédité les actions militantes du terrain.

Les soldats de l’éducation populaire sont bien entendu tenus éloignés de ces enjeux par des organisations pyramidales et complexes mais ils le sont aussi par la nécessité de faire vivre la structure qui les nourrit. Quel que soit, et nous pouvons l’entendre, le prix idéologique à payer. 

Depuis Jean Macé et la création de la Ligue de l’Enseignement quel est donc le bilan à porter à l’actif de ces projets dits d’éducation populaire ? Main dans la main avec les mairies, les départements et les régions socialistes quelques fédérations ont sans doute bien relayé les messages du parti mais ont – elles eu une quelconque influence sur le projet politique ? Elles ont souffert sous Hollande comme jamais elles n’auraient dû souffrir sous un gouvernement se réclamant de la gauche mais leurs dirigeants pouvaient – ils dénoncer l’organe politique qui nourrissait leur ambition pour assurer le développement de l’organe associatif qui les avait fait naître ? Comment présider à l’indépendance politique d’un mouvement quand on préside celui-ci et qu’on entretient une connivence régionale via le conseil économique et social ? Comment ne pas voir une quelconque volonté d’accointance quand on préside une fédération nationale et que l’on doit son évolution de carrière à l’administration d’État ? Le système de corruption idéologique est donc bien huilé et il accouche d’un copinage qui engendre à son tour des idées qui se complaisent à n’être qu’une écume d’éducation populaire. 

A affirmer cela nous conviendrons ainsi que les fédérations reprocheraient dans leur texte ce qu’elles encourageraient soi-disant par leur fonctionnement, toujours liées à un parti socialiste qui a souhaité et entretenu cette servilité pendant des années en privilégiant ses amis complaisants, même incompétents, à des partenaires peut-être certes incommodants mais sincères. Ce dernier meurt lentement aujourd’hui de ces pratiques et, malheureusement, nous sommes forcés de constater aujourd’hui que les raclées d’hier ne lui ont pas servi à sortir du coma. 

Si agir collectivement à la transformation sociale est un enjeu démocratique dans une société où l’individualisme croît et où la montée du fascisme est constatée sur tous les territoires alors nous affirmons en conclusion que le manque de courage politique des chefs et des chefaillons des mouvements qui se réclament de l’éducation populaire ne permettra pas plus demain qu’aujourd’hui aux projets qu’ils sont censés porter d’être à la hauteur des enjeux. Qui évaluerait désormais le développement de l’éducation populaire sur les territoires ? Les Conseillers d’Éducation Populaire et de la Jeunesse du Ministère de la Jeunesse et des Sports se transforment en contrôleurs et n’ont plus les moyens d’aller à la rencontre des pratiques. Ils sont de plus en plus écartés de leur compétence pédagogique pour vérifier la conformité des paperasseries. L’intention déclarative des acteurs prendra le pas sur la démonstration et la dérive du tout animation technique exclura toute dimension d’éducation populaire telle que nous venons de la définir. Les régions, de droite comme de gauche, ne paraissent pas plus attachées à l’éducation populaire que l’État. Elles ont besoin de former des demandeurs d’emploi et qu’importe le fond de la formation des animateurs. Quand bien même l’ignorance des méthodes d’éducation populaire anéantirait de toutes façons toute exigence éducative il est clairement démontré par les résultats que l’institution n’a pas intérêt à vouloir d’un projet qui pourrait critiquer le socle de son fonctionnement démocratique et donc son ADN. 

Nous remarquons donc désormais que les logiques économiques ont isolé les acteurs et que les formations en animation sont devenues un marché où sont volontairement conviés à s’entretuer ceux qui sont censés combattre le système anti éducation populaire. Tant que les postures, fonctionnements internes et méthodes ne seront pas remis en cause il sera bien difficile de sortir collectivement et unis de ce piège tendu par le capitalisme et par les arrivistes qui le portent. Il sera certainement très difficile aussi d’amener celles et ceux qui tiennent les ficelles de la servitude à reconnaître qu’ils doivent changer de paradigme. C’est le travail que doit entreprendre leur base. 

Pour sortir de ce marasme suicidaire, nous appelons donc à un dialogue franc et sans langue de bois entre tous les acteurs d’éducation populaire qui n’aurait d’autre finalité de faire comprendre aux institutions qui les instrumentalisent qu’ils seront désormais au service d’un projet de transformation sociale initiée par une refondation de l’éducation populaire. Ce projet, loin de gommer toute singularité et toute identité, ne pourrait reposer que sur un collectif indépendant. Il nous paraît de surcroît fondamental, vous l’aurez compris, qu’il émane et soit enrichi de celles et de ceux qui font de l’éducation populaire en direction des publics et sur les territoires et non de celles et de ceux qui la gouvernent. Ce n’est qu’au prix de cette rencontre que nous serons en capacité de lutter. Ces assises de l’éducation populaire peuvent échouer et elles échoueront inexorablement si elles ne sont portées que par les querelles d’égo des chefs et chefaillons cités plus haut mais si ceux-ci, dans un sursaut de clairvoyance, venaient à comprendre que la finalité du projet doit dépasser leurs chapelles et leurs ambitions alors cette force serait à coup sûr un adversaire redoutable et indiscutable pour lutter contre le modèle du monde qu’ils nous préparent. 

Source : http://huberthurard.over-blog.com

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Du pain et de la sauce tomate. Comment un aliment raconte une société.

par Rachel Haller

 

Depuis une dizaine d’années, la multiplication des émissions de cuisine et des livres de recettes ont fait de nos assiettes un sujet de société de premier plan, à la croisée d’enjeux économiques, environnementaux et sociaux. D’ailleurs, en ce moment, à la suite des États généraux de l’alimentation, le Parlement finalise une loi « pour l’Équilibre des relations commerciales et une alimentation saine et de qualité ». À cette occasion, des associations comme Greenpeace se mobilisent pour l’introduction de menus végétariens dans les établissements scolaires : selon elles, notre manière de produire de la nourriture mais aussi de nous alimenter devrait être entièrement repensée pour être compatible avec la sauvegarde de l’environnement et de la biodiversité. L’alimentation est un effet un formidable reflet du fonctionnement d’une société et constitue par conséquent un grand levier d’action pour initier un changement. À quel point la cuisine est-elle liée à l’organisation de notre économie ? Que peut-on raconter à partir de ce que nous mangeons ? Hier un historien, Steven Kaplan, aujourd’hui un journaliste, Jean-Baptiste Malet, ont chacun répondu à cette question avec leurs méthodes et leurs palais respectifs et ont dessiné une histoire pour l’un du pain, pour l’autre de la tomate.

N’en déplaise à notre fierté nationale, le meilleur ambassadeur de notre chère baguette est américain, il s’appelle Steven Kaplan et enseigne aujourd’hui à l’université de Cornell et à la Sorbonne. Étudiant en histoire dans les années soixante, Steven Kaplan a été profondément marqué à son arrivée en France par l’École des Annales, courant historique français fondé par Lucien Febvre et Marc Bloch, qui promeut une histoire transversale et transdisciplinaire, sur des temps longs. Le jeune historien chercha alors une « problématique totalisante »1pour inscrire son travail dans la lignée de ses maîtres ; après avoir songé au vin, à la mort et à l’amour, il tomba finalement sur le pain et eut l’heureuse surprise de constater que c’était un sujet en apparence si banal qu’il n’avait pas encore été étudié en tant que tel. Or de cet aliment de base, à la fois objet matériel et symbolique (il représente le corps du Christ dans la religion catholique), on peut explorer les dimensions sociales, politiques, institutionnelles, religieuses et politiques. Son poids culturel est ancré jusque dans notre langue puisqu’étymologiquement, un compagnon est « celui avec qui l’on partage le pain ». L’historien américain choisit de se concentrer sur son siècle favori, à savoir le XVIIIe siècle, ce qui est d’autant plus cohérent qu’en France les premières réformes libérales ont eu lieu à la fin de l’Ancien régime avec la dérégulation du commerce des grains. Ces tentatives, en 1762 et 1774, se soldèrent d’ailleurs par des famines qui entraînèrent des révoltes. De plus, durant le règne de Louis XVI, de mauvaises conditions climatiques provoquèrent des faibles récoltes qui causèrent une hausse du prix de pain de 75 % entre janvier 1787 et juillet 1789, plongeant le royaume dans une crise économique qui fut une des causes de la Révolution française, même si le principal motif de révolte paysanne demeurait l’impôt.

Steven Kaplan commença laborieusement ses recherches. En effet, comment s’approcher d’une réalité quotidienne à partir de sources historiques constituées pour la majeure partie par les puissants ? Naïvement, l’apprenti chercheur se rendit aux Archives nationales et demanda où se trouvait la lettre « p » comme pain2, cependant une telle classification des archives n’existait pas : il dut chercher dans les vingt millions de contrats que comptent les archives notariales de Paris ceux qui concernaient les boulangers, les meuniers, les marchands de grains et autres professionnels du pain, mais cela revenait à chercher une aiguille dans une botte de foin… L’historien passait donc souvent des journées entières à parcourir les archives sans trouver un seul document permettant d’alimenter ses recherches. Il sollicita alors l’aide de ses voisins de lecture aux Archives nationales, leur demandant de lui indiquer s’ils trouvaient par hasard des contrats en rapport avec son objet d’étude. Ces derniers lui laissèrent ensuite aux toilettes ou sur sa chaise des petits bouts de papier renfermant de précieuses références, comme par exemple un constat de police d’un boulanger qui contrevenait à la taxation du pain. Sa patience a parfois été généreusement récompensée, comme ce jour où dans un dossier de faillite d’une boulangerie, le chercheur trouva des miettes de pain vieilles de deux cent ans (cet été, des archéologues ont fait encore mieux en trouvant dans une cheminée d’un désert jordanien des restes de pain vieux de 14 000 ans : soit quelques milliers d’années avant l’apparition de l’agriculture dans cette région3) ! Parlant avec beaucoup de sensualité de la croûte et de la mie de pain, l’historien, qui a même été jusqu’à passer un CAP de boulangerie, est devenu un vrai « docteur ès baguettes » (il a d’ailleurs publié un guide des meilleures boulangeries de Paris).

Pour ce qui est de l’histoire du pain à partir de ces sources, Steven Kaplan a pu reconstituer la circulation des grains, depuis les champs de blés jusqu’aux repas du peuple et il a scruté avec beaucoup d’attention l’action de l’autorité royale exercée sur celle-ci. Car il ne faut pas oublier que, sous l’Ancien régime, le pain représentait plus de 80 % de l’alimentation, c’était véritablement le moyen de subsistance de base, la ration de survie. Or le roi, père nourricier, devait protéger le peuple de la famine pour garantir l’ordre, ce qui, dans un monde où la technique ne permettait pas de faire face aux aléas climatiques, nécessitait un contrôle important (notamment pour éviter la spéculation) et ce parfois au détriment du commerce : dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, en dehors des deux épisodes libéraux, les représentants de l’autorité royale interdirent les trafics, surveillaient les prix et taxaient si besoin était. Les Français ne manquèrent pas de rappeler ce devoir au roi avec leur mot d’ordre « le boulanger, la boulangère et le petit mitron » en 1789. Pour Kaplan, cette « tyrannie des grains » est un aspect important du régime monarchique français : la question des céréales était perçue comme une question politique et non pas économique. Cette tension entre un interventionnisme réaliste et la doctrine du laisser-faire a eu des répercussions tardives, puisqu’en France le prix du pain a été fixé par le gouvernement jusqu’en… 1986 ! Et, en dépit de la fortune du pain au chocolat, le prix de la baguette reste un indicateur de référence du pouvoir d’achat. Enfin, malgré des rendements bien meilleurs aujourd’hui, la sécurité alimentaire conditionne toujours la stabilité des États : en 2011 pendant le printemps arabe, les manifestants égyptiens clamaient « pain, liberté et justice sociale ».

Pour autant, le pain, s’il continue d’occuper une place à part dans notre imaginaire collectif, a nettement décliné dans les habitudes de consommation : avec 90 grammes de pain par jour en moyenne, les Français en mangent actuellement trois fois moins qu’en 1950 et cinq fois moins qu’en 1900. Dans notre monde globalisé et industrialisé, quel serait l’aliment révélateur des processus économiques à l’œuvre ? Pour le journaliste Jean-Baptiste Malet, auteur de l’ouvrage L’empire de l’or rouge4, c’est la tomate d’industrie, utilisée dans la préparation de pizzas et de ketchup, deux avatars de la malbouffe, qui représente aujourd’hui la marchandise universelle. Et en effet, retracer le parcours de la tomate d’industrie offre un « concentré de capitalisme »5

Pour commencer, la tomate est le fruit des prémisses de la mondialisation : domestiquée par les Amérindiens, elle a été ramenée par les conquistadors espagnols en Europe au XVIe siècle. Depuis Naples, elle fut adoptée par les Italiens, dont la diaspora la rendit populaire outre-Atlantique, ce dont profita une entreprise fondée par un self-made man : Henry John Heinz. Jean-Baptiste Mallet révèle que celui-ci fut un véritable précurseur de l’organisation scientifique du travail ou taylorisme, puisqu’il introduisit des lignes de production et pratiquait la division du travail dans ses usines (dans lesquelles travaillaient majoritairement des femmes) dès les années 1890 (tandis que le fordisme naquit dans les années 1920). De plus, il eut l’intuition qu’il fallait rendre la conserve de tomate plus sûre au niveau sanitaire pour pouvoir en faire un produit de grande consommation : il eut alors l’idée de conditionner la tomate en bocaux transparents pour rassurer les consommateurs ; de même, pour enlever certains additifs et conserver la sauce plus longtemps, il eut l’idée de rajouter du sucre dans le ketchup, une composition qui est restée aujourd’hui. La tomate a aussi rencontré assez tôt la mécanisation. À la suite de la crise de 1929, des chômeurs en quête de travail partirent pour la Californie afin de participer aux récoltes de la tomate et ils furent exploités par les propriétaires des fermes. Mais la Seconde guerre mondiale provoqua le tarissement de cette main d’œuvre très bon marché. Les grands propriétaires sollicitèrent alors l’aide du président des États-Unis, Roosevelt, qui conclut un accord avec le président mexicain pour faire venir des travailleurs agricoles : le programme Bracero. L’immigration légale de centaines de milliers de travailleurs mexicains fut ainsi planifiée et permit de baisser le coût du travail (certains propriétaires utilisèrent ces immigrés pour remplacer des travailleurs locaux grévistes). Mais à force de luttes, durement réprimandées d’ailleurs, le gouvernement américain accepta de mettre fin au programme Bracero en 1963. L’industrie de la tomate trouva alors une parade pour éviter de payer plus cher les ouvriers : se passer d’eux. C’est ainsi, à force d’expérimentations génétiques (qui impliquent des excréments de tortues, mais passons les détails) que naquit une tomate adaptée aux machines, une tomate fort différente de celle que nous consommons en salade : de forme oblongue, se détachant plus facilement des plants, sa peau beaucoup plus épaisse la rend bien plus résistante pour le transport. Pionnière dans l’automatisation, la production de concentré de tomate américaine est aujourd’hui arrivée à des niveaux de rendement qui dépassent l’entendement : le leader Morning Star Compagy avec 400 employés au total et ses trois usines (sur les douze seulement que compte la Californie et qui représentent un quart de la production mondiale) produit à lui seul 12 % du concentré de tomates mondial, ce qui couvre 40 % des besoins des États-Unis. Évidemment, cette concentration de production de tomates dans une même région n’est pas sans lourdes conséquences environnementales.

La tomate industrielle est également devenue un motif artistique grâce au tableau d’Andy Warhol 32 boîtes de soupe Campbell, dont l’une des variétés est à base de tomate. L’œuvre montre en tout cas que pour certains esprits, la tomate fait partie intégrante de l’american way of life et celle-ci a profité du phénomène d’uniformisation des goûts consécutif à la mondialisation pour s’implanter dans des zones où elle était absente de la gastronomie traditionnelle, c’est le cas de l’Afrique de l’Ouest. Or, pour répondre à la demande notamment de pays africains, de nouveaux acteurs se sont mis à produire de la tomate : aussi surprenant que cela puisse paraître, le premier exportateur mondial de concentré de tomate est aujourd’hui la Chine. Dans la province du Xinjiang, où c’est l’armée populaire qui gère cette production avec à sa tête de véritables « généraux de la tomate », des journaliers immigrés d’autres provinces chinoises, hommes, femmes et parfois enfants, passent leurs journées à remplir des sacs de tomates, payés environ trente centimes d’euros par sac. Il est d’autre part fort probable que des prisonniers politiques des Laogai (« camps de rééducation par le travail ») accomplissent leurs peines en participant à ces récoltes. En 2015, la Chine a produit plus de 5 millions de tonnes de concentré de tomates, destinés presque intégralement à l’export. C’est pourquoi une tomate peut parcourir 10 000 km aujourd’hui avant d’arriver dans l’assiette. Une partie de ce concentré de tomate arrive en Italie où il est simplement reconditionné et au passage parfois dilué. D’ailleurs, aucun droit de douane ne s’applique à ces conteneurs de tomates qui sont réexportés. C’est donc un business assez juteux dans lequel trempe notamment la mafia italienne (le chiffre d’affaires de cette agromafia a été estimé en 2011 à 12,5 milliards d’euros). Ainsi, des boîtes de concentrés de tomates étiquetées « fabriquées en Italie » contiennent en réalité des tomates qui ont poussé sous le soleil chinois, la législation européenne n’imposant toujours pas d’inscrire l’origine des ingrédients des produits transformés. À cette première tromperie s’ajoute le fait que la plupart des concentrés de tomate à destination de l’Afrique sont largement frelatés. Pour réduire encore les coûts, certains industriels chinois (qui ont inventé des marques aux couleurs italiennes telles que Gino) coupent le concentré de tomates avec des additifs comme de la fibre de soja, réduisant le taux de matière première parfois jusqu’au tiers. En plus de poser des problèmes sanitaires (car il arrive fréquemment que le concentré de tomate utilisé soit périmé), l’arrivée de ces tonnes de concentré de tomates ont déstabilisé les économies locales. Par exemple, au Ghana, les importations de concentré de tomate sont passées de 1225 tonnes en 1996 à 109 500 tonnes en 2013, mettant à mal les débouchés pour la production locale. Par conséquent, certains agriculteurs africains sont contraints au départ et se retrouvent parfois en Italie, employés comme l’on sans doute au noir, payés environ 4 euros pour 300 kg de tomates récoltées, dans des conditions que l’on peut qualifier d’esclavage moderne…

Vantée comme un produit du terroir italien à l’aide de grosses doses de marketing, la tomate et ses dérivés à toutes les sauces a envahi notre alimentation : chaque Terrien avale en moyenne 5,2 kilos de tomate transformée par an. Sa production de masse constitue un bon résumé de notre système capitaliste dans lequel on retrouve pêle-mêle le dumping social, la dégradation de l’environnement et la finance (car il existe des traders de concentré de tomates). La libre circulation des denrées alimentaires permise aujourd’hui par les accords commerciaux (et que de nombreux gouvernants souhaiteraient renforcer) permet au monde occidental de manger à peu près tout ce qu’il veut à n’importe quelle saison, mais ce, au prix d’un coût environnement et social exorbitant et en étant assujetti à de multinationales qui imposent un mode de consommation. A contrario, dans la société d’ordres d’Ancien régime, le renoncement à certaines libertés était consenti en échange de la protection du roi, dont les défaillances étaient sanctionnées par la colère populaire.

Cependant, il ne faudrait pas croire que notre bonne vieille baguette est restée à l’abri de l’industrialisation, cette dernière a aussi mis sa pâte dans les fourneaux. D’abord, il est devenu courant de pouvoir acheter une baguette dans un supermarché, ensuite la grande majorité des boulangeries utilisent des préparations quasiment prêtes à cuire qui sont seulement pétries et cuites sur place, composées en outre de farines de piètre qualité6. Comme pour la tomate, les acteurs du secteur qui perpétuent une tradition et des techniques anciennes, comme des cuissons plus longues et plus élaborées, et qui utilisent des productions locales, sont l’exception, mais grâce à eux, on peut encore se sortir du pétrin !

1Pour le parcours de Steven Kaplan, voir l’interview « Le pain est au centre de tout. Entretien avec Steven Kaplan », Thibault Petit, XXI, n°41, hiver 2018, p. 154-163.

2Sur cet aspect, écouter l’émission « Archives 4/4 », La Fabrique de l’Histoire, France Culture, 24/01/2013.

3Voir l’article « Archaeologists find earliest evidence of bread », Nicolas, Davis, The Guardian, 16/07/2018.

4L’empire de l’or rouge. Enquête mondiale sur la tomate d’industrie, Jean-Baptiste Malet, Fayard, 2017 (adapté en film documentaire).

5À défaut du livre, on peut écouter l’émission « Les fruits du capitalisme (2/4). Le ketchup, un concentré de capitalisme », Entendez-vous l’éco ?, France Culture, 15/05/2018.

6Pour en savoir plus sur ce sujet, écouter l’entretien du boulanger Christophe Vasseur dans l’épisode 6 « Le Pain, levain sans l’ivresse » du podcast Bouffons de Guilhem Malissen produit par Nouvelles écoutes.

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Accueil et « désaccueil » des mineurs isolés étrangers :  le cas du Tarn

par Bérengère

 

Ce texte nous a été transmis par le Réseau Education Populaire – Travail social et culturel. On le rapprochera d’un précédent texte de Christian Dulieu publié dans ReSPUBLICA et qui concernait plus particulièrement les mineures (les “petites poucettes”). Dans le contexte actuel d’intolérance à l’immigration, il est important de mettre en lumière les situations de ces jeunes et de dénoncer les pratiques administratives, partout en  France car le cas du Tarn n’est certainement pas unique.

L’été aura été profitable au Conseil départemental du Tarn : suite aux évaluations et aux tris auxquels il a fait procéder, il s’est débarrassé de la très grande majorité des mineurs isolés étrangers qui étaient à sa charge, ou sous sa responsabilité, ces mineurs isolés que l’on appelle désormais des MNA1 et dont le Conseil départemental du Tarn a fait des SDF, ou pire encore. Pendant l’été, période propice pour faire en catimini les vilenies les plus basses, le Conseil départemental aura fait évaluer 81 jeunes, 75 seront déclarés majeurs, soit 92,6 %. Pour qui pratique une politique du chiffre, c’est une belle réussite, une opération gagnante. Car 75 jeunes déclarés majeurs, ça veut dire 75 jeunes dont le Conseil départemental n’aura pas à assurer la prise en charge… Ça veut dire aussi de substantielles économies pour le Département (elles seraient estimées à 1, 8 millions…). Mais 75 jeunes déclarés majeurs, ça veut dire encore 75 jeunes mis à la rue, livrés à eux-mêmes, privés de leurs droits fondamentaux, privés des moyens nécessaires pour faire les recours leur permettant de contester la décision prise à leur encontre2

MNA : bienvenue dans le Tarn !

Revenons quelque peu sur le contexte de cette opération massive de tri. Dans la législation française, la prise en charge des mineur.e.s incombe au Conseil départemental via les services de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), que ces mineur.e.s soient ou non étrangers-ères, puisque concernant les mineur.e.s c’est leur minorité qui prime sur toute autre considération. Enfin, en théorie, et avant que la loi n’évolue, ou plutôt ne régresse, dans un sens contraire3. Dans les faits, le/la mineur.e étranger-ère subit un traitement particulier : avant une prise en charge effective, on commence par s’assurer 1/ qu’il/elle est bien mineur.e, 2/ qu’il/elle est bien isolé.e. Ces dernières années, devant le nombre croissant de MNA qui arrivent dans les départements, l’évaluation est devenue la priorité, et les travailleurs-euses du social ont vu leurs missions s’infléchir pour les transformer en flics : à la protection et l’accompagnement se substituent l’évaluation et la suspicion. Sur le terrain, ça donne des résultats désastreux, tant pour certain.e.s travailleurs-euses du social que pour les jeunes soumis.e.s à ces mesures de tri. Le Tarn n’échappe pas à cette situation, et à ce désastre humain. Quelle est la situation dans notre département ? Dans le Tarn, comme dans d’autres départements, le nombre de mineurs isolés étrangers a certes sensiblement augmenté : au 1er janvier 2018, le Tarn comptabilisait 95 arrivées de MNA, 60 de plus qu’en 2017 à la même date. De là à dire qu’il y a une « arrivée massive », il y a un grand pas, voire un fossé, que franchit allègrement le Conseil Départemental, peu enclin à accueillir et obnubilé par la nécessité de « désengorger » ses services. La prise en charge effective de ces jeunes passe en second lieu. On se contente de les mettre à l’abri dans des hôtels où ils sont plus ou moins bien pris en charge (parfois très bien, et c’est une chance pour eux, parfois très mal, et c’est déplorable). Certains resteront dans ces hôtels plusieurs mois, souvent privés de leurs droits, leur droit à une scolarité, leur droit à des titres de transport, leur droit à un suivi médical et psychologique. Des conditions qui aggravent les traumatismes qu’ils ont subis pendant leur long et périlleux périple : Bienvenue en France ! Bienvenue dans le Tarn !

Les joies de l’évaluation

Que le Conseil départemental du Tarn soit débordé et dépassé, nous pouvons le reconnaître. Ce que nous n’admettons pas c’est qu’au lieu de se battre pour obtenir des moyens supplémentaires afin d’assurer un accueil digne, le Conseil Départemental ait choisi d’évaluer et de trier, avec pour objectif cynique de se « débarrasser » d’un maximum de jeunes sous le prétexte qu’ils seraient majeurs, histoire précisément de « désengorger » ses services… et de faire des économies. Une politique administrative du chiffre au détriment d’une politique humaniste des droits. Pour mener à bien cette opération de « désengorgement », le Conseil départemental a requis les services du DDAEOMI4 , un dispositif d’évaluation mis en place par l’ANRAS5 dont les conséquences désastreuses pour les jeunes se sont déjà manifestées en Haute-Garonne, en Ariège et dans le Gers6. Ce dispositif a donc sévi dans le Tarn tout l’été sous le nom de DEE81 (Dispositif Expérimental d’Évaluation). Son but est clairement de trier les jeunes, objectif réussi, ce qui autorise le Président du Conseil Départemental tarnais, Christophe Ramond, à en louer l’efficacité ; à la fin de l’été, sur les 81 jeunes évalués, seuls 6 seront reconnus mineurs7 . Cette évaluation s’inscrit dans un cadre qui pour être légal n’en est pas moins inhumain, ce que dénoncent les collectifs d’aide aux sans papiers. Mais le DEE81 va plus loin encore et s’autorise des pratiques qui le mettent hors la loi : certains jeunes sont privés de l’interprète auquel ils ont droit ; les papiers d’identité dont certains disposent sont systématiquement mis en doute alors même qu’ils ont parfois été authentifiés8; les propos tenus par les jeunes sont déformés dans un sens qui leur est toujours défavorable… Et puis l’inhumain se cache aussi dans des détails et certaines pratiques sont tristement ridicules : à leur arrivée au DEE81, les jeunes se voient prêter une paire de vulgaires tongs, « prêter » ai-je bien écrit, car à leur sortie il leur est demandé de restituer ce dérisoire accessoire. Et puis ce n’est pas tout, quand on les congédie, on le fait avant midi, histoire de s’économiser un repas, et on les met dehors dans le plus grand dénuement, sans même une bouteille d’eau… Quand il fait parfois plus de 40°C, ça frôle la mise en danger. On leur dit bien qu’ils peuvent faire un recours mais sans leur indiquer ni auprès de qui ni comment procéder : vous avez survécu à la traversée de la Libye, vous saurez bien vous débrouiller dans le dédale administratif français même si vous en maîtrisez mal la langue ! On leur donne bien le numéro du 115, mais ce dernier les considère mineurs et, à chaque appel, leur rétorque qu’ils dépendent de l’ASE… Préfecture et Conseil départemental jouent au ping-pong avec ces jeunes, la balle (soit les jeunes) au centre, dans la rue. « Paroles, paroles, paroles » Interpellé sur ces pratiques qui maltraitent les jeunes et bafouent leurs droits, le Président du Conseil départemental tarnais reste droit dans ses bottes : satisfait des résultats obtenus, il affirme « manifester toute [sa] confiance aux professionnels chargés de la mission d’évaluation », et notamment à l’ANRAS, qui, après la Haute-Garonne, l’Ariège, le Gers et le Tarn, entend vendre son dispositif d’évaluation rémunérateur à d’autres départements. Cette attitude du Conseil départemental, les pratiques qu’il cautionne et met en œuvre concernant les MNA entrent en totale contradiction avec les propos que tenait Christophe Ramond en mars 2018 lors d’une entrevue accordée aux collectifs qui viennent en aide aux sans papiers. Il affirmait alors vouloir associer ces collectifs à la cellule spécifique MNA qui se mettait en place au sein du Département, il s’engageait à communiquer aux jeunes que le Département cesserait de prendre en charge les coordonnées de ces mêmes collectifs afin que ceux-ci puissent leur venir en aide. Dans les faits, il n’en fut rien. Il faudra un courrier, envoyé à la mi juillet au Président du Conseil départemental et dénonçant les pratiques mises en place, pour que figurent enfin, sur le document remis aux jeunes à leur sortie du DEE81, le numéro d’avocat.e.s et les coordonnées de collectifs de soutien tarnais. Mais comme il ne faudrait pas trop les renseigner tout de même, pour un collectif l’adresse donnée est erronée, pour un autre il n’y a pas de numéro, simplement une adresse électronique ; quant au dernier, celui qui a interpellé le Conseil départemental, il ne figure pas sur le document remis aux jeunes, trop « gauchiste » sans doute. Le Tarn, terre d’accueil « Le Tarn est une terre d’accueil », annonçait fièrement Christophe Ramond, lors de cette entrevue avec les collectifs de soutien aux sans papiers. « L’accueil », ce n’est certainement pas le Conseil départemental qui le pratique, on n’accueille pas quand on met sans scrupules ni état d’âme 75 jeunes à la rue. Pourtant, dans le Tarn, comme ailleurs en France, il y a bien un accueil. Grâce à l’aide précieuse de certaines personnes préoccupées par le sort de ces jeunes reconnus majeurs et jetés à la rue, RESF81 a pu entrer en contact avec une vingtaine d’entre eux. Des démarches ont alors été entreprises pour contester la décision prise à leur encontre : saisine directe de la juge des enfants, nous attendons désormais qu’elle leur donne audience. Mais il fallait aussi loger ces jeunes que ne veulent ni le 115 ni l’ASE. Un appel à hébergement solidaire a été lancé et il s’est avéré que, oui, dans le Tarn, comme ailleurs en France, il y a bien un accueil, celui de dizaines de familles et personnes qui, cet été, ont généreusement ouvert leur porte à ces mineurs que le Département rejette, des personnes qui sont aujourd’hui heureuses de partager le quotidien de ces jeunes, de les accompagner, les soutenir, des personnes qui ne raisonnent ni en « flux » ni en « taux, ni « en chiffres », des personnes qui voient leur propre humanité se dessiner sur les visages de ces jeunes et qui se paient des sourires qu’ils leur rendent.

NDLR – ReSPUBLICA et l’écriture inclusive
La Rédaction du journal n’entend pas se conformer à certaines injonctions féministes prônant l’écriture dite inclusive. Cette position s’appuie sur l’excellent dossier réuni par Catherine Kintzler dans Mezetulle (http://www.mezetulle.fr/ecriture-inclusive-separatrice-dossier/), sans nier que des évolutions sont en marche dans la langue française du point de vue du vocabulaire et peut-être demain de la syntaxe – évolutions dans l’usage que l’écrit se doit d’accompagner.
Au-delà de cette position de principe, il peut arriver que ReSPUBLICA  publie ou reproduise des textes émanant de mouvements qui considèrent cette pratique comme légitime et indispensable : dans ce cas, exceptionnellement et à condition que l’article reste d’une lecture aisée, nous n’interviendrons pas sur le choix d’écriture des auteurs.

 

  1. Depuis mars 2016, le signe MNA, Mineurs Non Accompagnés, remplace MIE, Mineurs Isolés Étrangers. []
  2. Pour les jeunes évalués dans le Tarn, nous utilisons le seul masculin car, à notre connaissance, aucune fille mineure ne s’est présentée pour demander une protection… []
  3. Depuis la fin de l’année 2017, est envisagé et discuté un transfert de compétences des départements vers l’État pour la prise en charge des mineurs étrangers. Cela consisterait à créer une différence de traitement entre les mineurs étrangers et les mineurs non étrangers, différence contraire à la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. []
  4. DDAEOMI : Dispositif Départemental d’Accueil, d’Évaluation, d’Orientation des Mineurs Isolés. []
  5. ANRAS : Association Nationale de Recherche et d’Action Solidaire. []
  6. Un premier service d’évaluation, le SEHO (Service d’Évaluation, d’Hébergement et d’Orientation) avait été mis en place dans le Tarn en novembre 2017, mais ces pratiques trop humaines le rendaient inapte à atteindre les objectifs de désengorgement visés par le Département. []
  7. Ces chiffres sont ceux dont nous disposons, ce ne sont pas les chiffres officiels du Département qui se refuse à nous les communiquer de manière claire et précise. []
  8. Ce qui est contraire à l’article 47 du Code Civil selon lequel « tout acte de l’état civil des Français et des étrangers fait en pays étranger et rédigé dans les formes usitées dans ce pays fait foi ». []
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Comprendre la crise... et soutenir votre journal

par ReSPUBLICA

 

Chers amis lecteurs,

En 2018, votre journal ReSPUBLICA fête ses 18 ans ! Mais aussi enregistre en ce mois de septembre le dixième anniversaire d’une crise, celle de 2007-2008, dont nous ne nous contentons pas de subir des contrecoups mais qui déroule toujours implacablement sa logique. Connaître et comprendre les mécanismes précède toute possibilité d’action, c’est pourquoi nous vous proposons aujourd’hui la reprise et l’actualisation de 10 ans d’analyses par notre collaborateur Philippe Hervé, sous la forme d’un petit volume de 98 pages.

En avant-première de la publication de ce recueil, nous aurons le plaisir de l’offrir en PDF à tous ceux d’entre vous qui ont effectué cette année un don financier à ReSPUBLICA, ou qui le feront d’ici la fin de 2018.
Il suffit pour cela de se rendre à l’adresse https://www.helloasso.com/associations/les-amis-de-respublica/collectes/campagne-de-dons-pour-aider-respublica/don où sont également indiquées les modalités de défiscalisation des dons. Vous recevrez alors le fichier PDF à votre adresse mél.

Nous rappelons que ReSPUBLICA est totalement indépendant et ne s’alimente que de votre générosité. Merci par avance de votre soutien  !

Présentation  de l’ouvrage de Philippe Hervé « 2008-2018 – Dans quelle crise sommes-nous ? »

« La crise, c’est quand le vieux se meurt
et que le jeune hésite à naître. » Antonio Gramsci

Depuis le choc des Subprimes-Lehman en 2007 et 2008, une crise sans fin s’est déclenchée. D’abord financière, elle est devenue économique et désormais politique. Le Brexit ou le phénomène Trump n’en sont que des conséquences.

Cet événement a changé les règles du capitalisme financier : ce qui était interdit pour préserver les « règles du marché » est devenu la norme… une espèce de « capitalisme assisté » s’est progressivement mise en place en sauvant les banques et en ruinant au passage les nations.

Mais cette déformation, ou pire cette désarticulation, ne sonne-t-elle pas le glas du capitalisme ? Car le pli historique, ouvert au 16e siècle avec l’émergence de la banque comme vecteur central des flux financiers, paraît arriver aujourd’hui à son terme.

C’est l’hypothèse que défend Philippe Hervé, qui analyse cette longue crise avec un point de vue iconoclaste. Son ouvrage reprend, à l’identique, les dix articles annuels publiés depuis 2009 dans le journal en ligne ReSPUBLICA.

Un monde finit, un autre émerge.

 



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