n°890 - 09/12/2018
Sommaire

A la une

Combat social

ReSPUBLICA

Mode d'emploi

Soutenir et financer

Bien que le journal électronique soit rédigé par des contributeurs non rémunérés, nous devons faire face à des frais (notamment informatique). C'est pour cela que votre aide financière est la bienvenue pour nous permettre de continuer à vous informer sur les combats de la Gauche Républicaine et Laïque. Pour ce faire vous pouvez faire une adhésion de soutien en vous inspirant du barème ci-après et en nous envoyant sur papier libre vos Noms, Prénoms, Adresse et courriel à :

Les Amis de ReSPUBLICA
27, rue de la Réunion
75020 PARIS

Barème indicatif :
Chômeurs, RMIstes, Etudiants : 10 €
SMIC et au-delà : entre 25 € et 100 €

 
A la une
Rubriques :
  • A la une
  • Chronique d'Evariste
  • Combat social
  • Politique française
  • ReSPUBLICA
  • gilets jaunes
  • lettre 890

Comprendre la séquence

par Évariste

 

NDLR : Ce texte a été rédigé à la veille du samedi 8 décembre.

« La promptitude à croire le mal sans l’avoir examiné est un effet de l’orgueil et de la paresse. On veut trouver des coupables, et on ne veut pas se donner la peine d’examiner les crimes ! » La Rochefoucault

Beaucoup de militants geignaient que la mobilisation était difficile. Bien évidemment, en tant que responsables associatifs, ils pensaient que gérer les affaires courantes en ressassant quelques slogans plus ou moins justes sans aucun projet politique était une pratique normale. En tant que responsables syndicaux, ils pensaient qu’organiser des randonnées paisibles de « syndicalistes rassemblés sur le moins disant revendicatif » sans aucune efficacité entre République, Nation et Bastille (ou l’équivalent en province) était la pratique normale d’un syndicat. Rappelez-vous les records de France de démobilisation des 22 mai, 9 octobre et 1er décembre derniers. En tant que responsables politiques de gauche, ils trouvaient normal de faire des campagnes électorales sans étudier les conditions nécessaires de la transformation sociale et politique. L’apothéose mystique fut la dernière législative partielle de la première circonscription de l’Essonne où tous les candidats de gauche sans exception ont bénéficié de la grève du vote de la grande majorité des couches populaires ouvrières et employées, y compris des couches populaires d’origine maghrébine (alors que la candidate de gauche restant au deuxième tour était d’origine marocaine) ! Record de France avec 83% d’abstention aux deux tours dans une circonscription gagnable pour la gauche. Et des militants déboussolés car même ceux qui ont fait du porte-à-porte ne connaissaient pas le réel de cette circonscription.

Dans le monde, l’extrême droite continue à progresser malgré les lignes stratégiques sublimes des grands leaders. L’alternance des néolibéraux mondialistes et des néolibéraux de l’union des droites s’effectue inexorablement. Jusqu’à l’Andalousie où la gauche vient de perdre 17 sièges (les socialistes ont perdu 14 sièges et Podemos 3 sièges), si bien que l’union des droites est aujourd’hui majoritaire dans ce parlement.

Et sans crier gare, le mouvement des gilets jaunes est arrivé depuis quelques semaines. Et sa mobilisation est supérieure actuellement au syndicalisme rassemblé et semble davantage rassembler que les partis politiques de gauche. Et surtout, il est soutenu par l’opinion publique ! Alors, on crie que cela n’est pas clair, que l’extrême droite soutient le mouvement, que les gilets jaunes ne sont pas polis, qu’ils ne sont pas respectueux de l’ordre ancien, etc. Jusqu’à l’arrivée du programme en 42 points de la délégation des gilets jaunes (voir le texte ci-après dans ce numéro). Et le militant de gauche de dire : « mais je suis d’accord sur 90 % des revendications » ! Et même : « certaines revendications justes des gilets jaunes n’apparaissent même pas dans le programme de mon organisation » !

Eh oui, pour les couches populaires ouvrières et employées qui ne votent plus, pour les couches moyennes déclassées ou en voie de déclassement, pour la France périphérique qui souffre de la gentrification, c’est le ras-le-bol ! Et, elles ne se sentent pas concernées aujourd’hui par les syndicats organisateurs de randonnées « qui font où on leur dit de faire ». Ils ont refusé d’être parqués au Champ de Mars alors que les syndicats ont accepté, il y a peu, de faire des tours de manège près de la Bastille. Ils sont malpolis comme l’étaient les jacqueries du Moyen Age, les sans-culottes en 1791 lorsqu’ils ont vu les monarchistes constitutionnels leur voler leur mouvement, comme les communards, etc.

Sans aller jusqu’au soupçon d’infiltration, même avec quelques centaines de casseurs, on peut se demander pourquoi la police n’est pas intervenue immédiatement [le samedi 1/12] comme on l’a vu lors du cassage de l’hôpital Necker ou lors de la manifestation du 1er mai 2018 à Paris ! On peut aussi s’indigner de la façon dont viennent d’être traités les lycéens de Mantes-la-Jolie et des violations de la loi pénale relevées par Régis de Castelnau (dans https://www.vududroit.com/2018/12/mantes-jolie-castaner-belloubet-duettistes-de-honte/).

Ici et là, des structures syndicales locales en appellent à la convergence des luttes (voir les « Documents significatifs » dans ce numéro) ; c’est encore peu développé mais derrière ce slogan, il y a la perspective de construire ensemble et non que l’un rejoigne l’autre !

On nous rétorquera qu’ici ou là, il y a eu des dégradations et des propos critiquables de certains gilets jaunes. Certes ! Et nous ne les excusons pas ! Mais est-ce qu’un tag sur un édifice public est plus important que l’impossibilité de manger correctement, de se soigner, de vivre, ou de hurler aux injustices sociales, etc ? Plus de 8 millions de personnes sous le seuil de pauvreté ! Voilà ce que nous devons questionner dans le débat. Oui, il faut lutter contre le racisme et l’homophobie, mais il faut aller aux causes et agir sur les causes. Et de ce point de vue, les pouvoirs publics ont une grande responsabilité car ils n’agissent pas sur l’ensemble des causes du racisme et de l’homophobie. Et est-ce que les organisations associatives, syndicales et politiques de gauche sont toutes immunisées contre le racisme ? Bien sûr que non ! Le racisme anti-arabe, anti-musulman, anti-juif, anti-blanc est malheureusement présent dans ces organisations. Conclusion provisoire avec Albert Einstein : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal mais par ceux qui les regardent sans rien faire ! »

Reste le débat sur le projet politique pour faire converger toutes ces colères. Or le projet politique ne se résume pas à un programme. Ou dit autrement, un catalogue de mesures n’est pas un projet politique. Nous sommes dominés par un modèle politique néolibéral, nous devons travailler à un modèle politique alternatif. Le nommer et le mettre en débat démocratique dans un dispositif d’éducation populaire refondée et enfin définir le chemin pour y aller. Tout cela s’appelle un projet politique. Alors, on nous demande de participer à des débats « les raisons de la colère » ou sur le projet et le modèle politique. Mais pourquoi si peu de débats organisés sur ces sujets ? Allez ! Hauts les cœurs !

Combat social
Rubriques :
  • Combat social
  • Politique française
  • ReSPUBLICA
  • gilets jaunes
  • lettre 890

Les revendications des Gilets jaunes : un vrai « cahier de doléances » 

par Philippe Hervé

 

Jeudi 29 novembre dernier, jour où une délégation de gilets jaunes devait être reçue par Edouard Philippe et qui tourna finalement au fiasco, les têtes de réseaux des principales pages Facebook faisaient remonter le « cahier de doléances » ci-dessous. Ces revendications, discutables pour certaines, montrent tout de même le profond caractère égalitaire de la base de ce mouvement. Ce cahier revendicatif, pourtant publié sur le site web de Franceinfo, a été très peu médiatisé et l’on comprend pourquoi. L’exécutif pour le moment préfère diffuser l’idée d’un mouvement illisible, incompréhensible et sauvage.

Par ailleurs, les directions syndicales, de la CGT ou de la FSU par exemple, devraient bien lire attentivement ce « cahier de doléances » pour enfin comprendre quelque chose à ce mouvement populaire.

Voici la liste des demandes (Source: Franceinfo) :

• Zéro SDF : URGENT.

• Davantage de progressivité dans l’impôt sur le revenu, c’est-à-dire davantage de tranches.

• Smic à 1 300 euros net.

• Favoriser les petits commerces des villages et centres-villes. Cesser la construction des grosses zones commerciales autour des grandes villes qui tuent le petit commerce et davantage de parkings gratuits dans les centres-villes.

• Grand plan d’isolation des logements pour faire de l’écologie en faisant faire des économies aux ménages.

• Impôts : que les GROS (MacDo, Google, Amazon, Carrefour…) payent GROS et que les petits (artisans, TPE, PME) payent petit.

• Même système de Sécurité sociale pour tous (y compris artisans et auto-entrepreneurs). Fin du RSI.

• Le système de retraite doit demeurer solidaire et donc socialisé. Pas de retraite à points.

• Fin de la hausse des taxes sur le carburant.

• Pas de retraite en dessous de 1 200 euros.

• Tout représentant élu aura le droit au salaire médian. Ses frais de transports seront surveillés et remboursés s’ils sont justifiés. Droit aux tickets-restaurant et aux chèques-vacances.

• Les salaires de tous les Français ainsi que les retraites et les allocations doivent être indexés à l’inflation.

• Protéger l’industrie française : interdire les délocalisations. Protéger notre industrie, c’est protéger notre savoir-faire et nos emplois.

• Fin du travail détaché. Il est anormal qu’une personne qui travaille sur le territoire français ne bénéficie pas du même salaire et des mêmes droits. Toute personne étant autorisée à travailler sur le territoire français doit être à égalité avec un citoyen français et son employeur doit cotiser à la même hauteur qu’un employeur français.

• Pour la sécurité de l’emploi : limiter davantage le nombre de CDD pour les grosses entreprises. Nous voulons plus de CDI.

• Fin du CICE. Utilisation de cet argent pour le lancement d’une industrie française de la voiture à hydrogène (qui est véritablement écologique, contrairement à la voiture électrique.)

• Fin de la politique d’austérité. On cesse de rembourser les intérêts de la dette qui sont déclarés illégitimes et on commence à rembourser la dette sans prendre l’argent des pauvres et des moins pauvres, mais en allant chercher les 80 milliards de fraude fiscale.

• Que les causes des migrations forcées soient traitées.

• Que les demandeurs d’asile soient bien traités. Nous leur devons le logement, la sécurité, l’alimentation ainsi que l’éducation pour les mineurs. Travaillez avec l’ONU pour que des camps d’accueil soient ouverts dans de nombreux pays du monde, dans l’attente du résultat de la demande d’asile.

• Que les déboutés du droit d’asile soient reconduits dans leur pays d’origine.

• Qu’une réelle politique d’intégration soit mise en œuvre. Vivre en France implique de devenir français (cours de langue française, cours d’histoire de France et cours d’éducation civique avec une certification à la fin du parcours).

• Salaire maximum fixé à 15 000 euros.

• Que des emplois soient créés pour les chômeurs.

• Augmentation des allocations handicapés.

• Limitation des loyers. Davantage de logements à loyers modérés (notamment pour les étudiants et les travailleurs précaires).

• Interdiction de vendre les biens appartenant à la France (barrage, aéroport…)

• Moyens conséquents accordés à la justice, à la police, à la gendarmerie et à l’armée. Que les heures supplémentaires des forces de l’ordre soient payées ou récupérées.

• L’intégralité de l’argent gagné par les péages des autoroutes devra servir à l’entretien des autoroutes et routes de France ainsi qu’à la sécurité routière.

• Le prix du gaz et de l’électricité ayant augmenté depuis qu’il y a eu privatisation, nous voulons qu’ils redeviennent publics et que les prix baissent de manière conséquente.

• Fin immédiate de la fermeture des petites lignes, des bureaux de poste, des écoles et des maternités.

• Apportons du bien-être à nos personnes âgées. Interdiction de faire de l’argent sur les personnes âgées. L’or gris, c’est fini. L’ère du bien-être gris commence.

• Maximum 25 élèves par classe de la maternelle à la terminale.

• Des moyens conséquents apportés à la psychiatrie.

• Le référendum populaire doit entrer dans la Constitution. Création d’un site lisible et efficace, encadré par un organisme indépendant de contrôle où les gens pourront faire une proposition de loi. Si cette proposition de loi obtient 700 000 signatures alors cette proposition de loi devra être discutée, complétée, amendée par l’Assemblée nationale qui aura l’obligation, (un an jour pour jour après l’obtention des 700 000 signatures) de la soumettre au vote de l’intégralité des Français.

• Retour à un mandat de 7 ans pour le président de la République. L’élection des députés deux ans après l’élection du président de la République permettait d’envoyer un signal positif ou négatif au président de la République concernant sa politique. Cela participerait donc à faire entendre la voix du peuple.

• Retraite à 60 ans et, pour toutes les personnes ayant travaillé dans un métier usant le corps (maçon ou désosseur par exemple), droit à la retraite à 55 ans.

• Un enfant de 6 ans ne se gardant pas seul, continuation du système des aides Pajemploi jusqu’à ce que l’enfant ait 10 ans.

• Favoriser le transport de marchandises par la voie ferrée.

• Pas de prélèvement à la source.

• Fin des indemnités présidentielles à vie.

• Interdiction de faire payer aux commerçants une taxe lorsque leurs clients utilisent la carte bleue. Taxe sur le fuel maritime et le kérosène.

Les revendications des « Gilets jaunes » sont-elles vraiment illisibles ?

La tornade qui s’abat sur la France, véritable levée populaire à l’encontre d’un président des riches qui annonce peut être la destruction psychologique et politique d’un jeune homme qui voulait jouer à la start-up avec son pays, ignorant les puissants ressorts de la population française à une aspiration à l’égalité. Est-ce un profond mouvement qui s’exprime à l’encontre d’une caste moderniste et financière, analogue à une nouvelle aristocratie hautaine et méprisante qui a voulu imposer sans aucun discernement un modèle politique néolibéral anglo-saxon européiste incarné par Emmanuel Macron qui se prend les pieds dans le tapis. Les résultats des futures élections européennes en diront plus sur ce qui est en train de se jouer sur la scène politique actuelle.

Les revendications des « gilets jaunes » dépassent désormais la question du prix des carburants. Le mouvement a envoyé une liste d’une quarantaine de revendications qui est présentée dans les médias comme une liste hétéroclite, alors qu’elle illustre la variété des revendications du mouvement. Rien n’est moins sur. La France insoumise s’est livrée à un comparatif instructif (https://lafranceinsoumise.fr/2018/11/29/demandes-des-gilets-jaunes-les-propositions-de-la-france-insoumise-toutes-rejetees-par-en-marche/) entre les revendications portées par les « Gilets jaunes », le programme « L’Avenir en commun » et la position de la majorité macroniste actuelle. La comparaison montre évidemment la similitude de la plupart des propositions entre les deux mouvements et le rejet intégral des revendications par les élus macronistes au Parlement. Difficile à ce stade d’imaginer un dialogue et une négociation proposée par le gouvernement Macron. Comment sortir par le haut devant une telle situation : dissoudre le Parlement, « Macron démission », « nous avons entendu les revendications de la population, nous maintenons le cap, mais en même temps …. ». Pour démarrer, regardons d’abord les revendications.

Plusieurs d’entre elles ne peuvent aboutir dans la législature actuelle au titre de l‘article 40 de la Constitution « les propositions et amendements formulés par les membres du parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence, soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique » ; il s’agit concrètement de la retraite à 60 ans, la revalorisation des retraites à 1 200 € minimum et l’augmentation du SMIC à 1 300 €.

Si de telles revendications s’avèrent impossibles à l’heure actuelle, il faut donc envisager la satisfaction de tout ou partie des autres revendications. Plutôt que de les aborder comme une liste à la Prévert, il est possible de les présenter en différents thèmes, ce qui permet de mieux illustrer la nature du mouvement des « Gilets jaunes », de montrer sa singularité par rapport à la révolte « poujadiste », mouvement de la IVe République dans lequel Jean-Marie Lepen débutait sa carrière politique

Les questions de société pointent une urgence sociale à savoir zéro SDF, mais également la nécessité d’accorder des moyens conséquents à la police et à la justice, et de limiter dans le système scolaire au maximum à 25 le nombre d’élèves par classe.

La politique sociale est au cœur des revendications. Si la revalorisation des retraites et du SMIC s’avèrent impossible dans la législature actuelle, il est proposé l’arrêt de la hausse des taxes sur le carburant, l’indexation des salaires sur l’inflation, la fixation d’un salaire maximum à 15 000 €, la limitation du nombre de CDD dans les grosses entreprises, la limitation du montant des loyers, notamment pour les étudiants et travailleurs précaires, la renationalisation des services du gaz et de l’électricité pour qu’ils redeviennent des services publics, l’interdiction de faire du profit sur l’accompagnement des personnes âgées.

La protection sociale est le second volet clé des revendications pour une vie digne : la mise en place d’un même système de Sécurité sociale, un système de retraite solidaire et socialisé et non une retraite à points, l’augmentation des allocations des personnes handicapées, des moyens conséquents apportés à la psychiatrie, la poursuite des aides pour la garde des enfants jusqu’à 10 ans.

Le système fiscal, source des inégalités criantes, est à réformer pour permettre par l’augmentation du nombre des tranches une meilleure progressivité dans l’impôt sur le revenu, une justice fiscale entre les niveaux d’imposition appliqués aux grosses sociétés multinationales et les artisans, moyennes et petites entreprises, l’abandon du prélèvement à la source, l’abandon de la taxe aux commerçants lorsque les clients utilisent le paiement par carte bancaire.

L’aménagement du territoire et les préoccupations écologiques sont loin d’être absentes, en voulant favoriser l’installation des petits commerces et de cesser la construction des grosses zones commerciales à la périphérie urbaine, l’utilisation des péages des autoroutes pour assurer leur entretien et des routes nationales, l’arrêt immédiat des fermetures des petites lignes, bureaux de poste, écoles et maternité, la priorité au transport des marchandises par voie ferrée, la mise en place d’un grand plan d’isolation des logements permettant à la fois de favoriser la transition énergétique et limiter les coûts aux ménages, la taxation du fuel maritime et du kérosène de l’aviation.

L’économie et les politiques européennes font l’objet de plusieurs revendications qui remontent au précédent gouvernement de F. Hollande : la protection industrielle, c’est à dire la protection d’un savoir faire et des emplois en mettant fin aux délocalisations, la fin du statut du travailleur détaché véritable moteur du dumping social, mettre fin au CICE et de créer plutôt des emplois pour les chômeurs, l’arrêt des politiques d’austérité par le refus de continuer à payer les intérêts illégitimes de la dette et de mettre fin aux quelques 80 milliards de fraude fiscale, interdire la vente des biens communs du pays que sont les barrages hydrauliques et les aéroports.

La question migratoire est également abordée avec des revendications qui abordent les causes des migrations forcées, l’accueil digne des demandeurs d’asile, la mise en œuvre d’un réelle politique d’intégration ainsi que la reconduction des déboutés du droit d’asile dans leur pays d’origine.

Les institutions de la République ne sont pas absentes des revendications lorsqu’il est demandé que tout représentant élu se limite à un salaire médian (1 800 €, 20 % inférieur au salaire moyen), l’insertion dans la Constitution du droit au référendum, le retour au septennat pour le président de la République et à la fin des indemnités présidentielles à vie.

ReSPUBLICA
Rubriques :
  • Combat social
  • ReSPUBLICA
  • convergence des luttes
  • gilets jaunes
  • lettre 890
  • Syndicats

Gilets jaunes : quatre documents significatifs

par ReSPUBLICA

 

Sommaire :

  1. Appel des Gilets jaunes de Commercy à des assemblées populaires partout
    Refusons la récupération ! Vive la démocratie directe ! Pas besoin de « représentants » régionaux !
  2. Appel « Syndicalistes contre la vie chère: agir maintenant ! » (27/11/2018)
  3. Les syndicats doivent prendre leur responsabilité (communiqué de Solidaires, 6/12/2018)
  4. « Gagner ensemble c’est possible ! » (tract de l’US CGT des Services publics parisiens, 4/12/2018)

1. Appel des Gilets jaunes de Commercy à des assemblées populaires partout

Refusons la récupération ! Vive la démocratie directe ! Pas besoin de « représentants » régionaux !

Depuis près de deux semaines le mouvement des gilets jaunes a mis des centaines de milliers de personnes dans les rues partout en France, souvent pour la première fois. Le prix du carburant a été la goutte de gasoil qui a mis le feu à la plaine. La souffrance, le ras-le-bol, et l’injustice n’ont jamais été aussi répandus. Maintenant, partout dans le pays, des centaines de groupes locaux s’organisent entre eux, avec des manières de faire différentes à chaque fois.

Ici à Commercy, en Meuse, nous fonctionnons depuis le début avec des assemblées populaires quotidiennes, où chaque personne participe à égalité. Nous avons organisé des blocages de la ville, des stations services, et des barrages filtrants. Dans la foulée nous avons construit une cabane sur la place centrale. Nous nous y retrouvons tous les jours pour nous organiser, décider des prochaines actions, dialoguer avec les gens, et accueillir celles et ceux qui rejoignent le mouvement. Nous organisons aussi des « soupes solidaires » pour vivre des beaux moments ensemble et apprendre à nous connaître. En toute égalité.

Mais voilà que le gouvernement, et certaines franges du mouvement, nous proposent de nommer des représentants par région ! C’est à dire quelques personnes qui deviendraient les seuls « interlocuteurs » des pouvoirs publics et résumeraient notre diversité.

Mais nous ne voulons pas de « représentants » qui finiraient forcément par parler à notre place !

À quoi bon ? À Commercy une délégation ponctuelle a rencontré le sous-préfet, dans les grandes villes d’autres ont rencontré directement le Préfet : ceux ci-font DÉJÀ remonter notre colère et nos revendications. Ils savent DÉJÀ qu’on est déterminés à en finir avec ce président haï, ce gouvernement détestable, et le système pourri qu’ils incarnent !

Et c’est bien ça qui fait peur au gouvernement ! Car il sait que si il commence à céder sur les taxes et sur les carburants, il devra aussi reculer sur les retraites, les chômeurs, le statut des fonctionnaires, et tout le reste ! Il sait aussi TRÈS BIEN qu’il risque d’intensifier UN MOUVEMENT GÉNÉRALISÉ CONTRE LE SYSTÈME !

Ce n’est pas pour mieux comprendre notre colère et nos revendications que le gouvernement veut des « représentants » : c’est pour nous encadrer et nous enterrer ! Comme avec les directions syndicales, il cherche des intermédiaires, des gens avec qui il pourrait négocier. Sur qui il pourra mettre la pression pour apaiser l’éruption. Des gens qu’il pourra ensuite récupérer et pousser à diviser le mouvement pour l’enterrer.

Mais c’est sans compter sur la force et l’intelligence de notre mouvement. C’est sans compter qu’on est bien en train de réfléchir, de s’organiser, de faire évoluer nos actions qui leur foutent tellement la trouille et d’amplifier le mouvement !

Et puis surtout, c’est sans compter qu’il y a une chose très importante, que partout le mouvement des gilets jaunes réclame sous diverses formes, bien au-delà du pouvoir d’achat ! Cette chose, c’est le pouvoir au peuple, par le peuple, pour le peuple. C’est un système nouveau où « ceux qui ne sont rien » comme ils disent avec mépris, reprennent le pouvoir sur tous ceux qui se gavent, sur les dirigeants et sur les puissances de l’argent. C’est l’égalité. C’est la justice. C’est la liberté. Voilà ce que nous voulons ! Et ça part de la base !

Si on nomme des « représentants » et des « porte-paroles », ça finira par nous rendre passifs. Pire : on aura vite fait de reproduire le système et fonctionner de haut en bas comme les crapules qui nous dirigent. Ces soi-disant « représentants du peuple » qui s’en mettent plein des poches, qui font des lois qui nous pourrissent la vie et qui servent les intérêts des ultra-riches !

Ne mettons pas le doigt dans l’engrenage de la représentation et de la récupération. Ce n’est pas le moment de confier notre parole à une petite poignée, même s’ils semblent honnêtes. Qu’ils nous s’exprimer, s’entraîner, s’entraider. Si délégués il doit y avoir, c’est au niveau de chaque comité populaire local de gilets jaunes, au plus près de la parole du peuple. Avec des mandats impératifs, révocables, et tournants. Avec de la transparence. Avec de la confiance.

Nous appelons aussi à ce que les centaines de groupes de gilets jaunes se dotent d’une cabane comme à Commercy, ou d’une « maison du peuple » comme à Saint-Nazaire, bref, d’un lieu de ralliement et d’organisation ! Et qu’ils se coordonnent entre eux, au niveau local et départemental, en toute égalité !

C’est comme ça qu’on va gagner, parce que ça, là haut, ils n’ont pas l’habitude de le gérer ! Et ça leur fait très peur.

Nous ne nous laisserons pas diriger. Nous ne nous laisserons pas diviser et récupérer.

Non aux représentants et aux porte-paroles autoproclamés ! Reprenons le pouvoir sur nos vies ! Vive les gilets jaunes dans leur diversité !

VIVE LE POUVOIR AU PEUPLE, PAR LE PEUPLE, POUR LE PEUPLE !

Si vous vous retrouvez dans les bases de cet appel chez vous, dans votre groupe local de gilets jaunes, ou autre, contactez-nous sur giletsjaunescommercy@gmail.com et coordonnons-nous sur la base d’assemblées populaires et égalitaires !

 

2. Appel « Syndicalistes contre la vie chère: agir maintenant ! » (27/11/2018)

Source : https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/271118/syndicalistes-contre-la-vie-chere-agir-maintenant (où on trouvera la liste des signataires)

De nombreux syndicalistes veulent s’engager collectivement dans le mouvement des «gilets jaunes». «Comme cela a déjà commencé dans plusieurs endroits, c’est dès maintenant que nos structures syndicales, à tous les niveaux, doivent débattre elles aussi des initiatives articulant lutte contre la vie chère, justice fiscale et développement des services publics – en particulier de transports collectifs – et revendications salariales.»

Le mouvement des « gilets jaunes », son développement dans les zones rurales et à la périphérie des grandes villes, témoigne d’une colère profonde contre la politique de Macron, une politique au service d’un patronat qui ne recherche que ses profits. Une politique qui se conjugue aux bas salaires, à l’explosion du chômage et de la précarité.

Extrêmement variée dans sa composition, dans ses mots d’ordre et dans ses modes d’actions, cette mobilisation est marquée par la colère contre les attaques subies par les classes populaires. Nous ne pouvons pas la négliger, ni la mépriser. Les nouvelles taxes injustes sur le prix des carburants pénalisent un peu plus celles et ceux qui n’ont pas d’autre choix que de prendre leurs voitures pour se déplacer.

Dans les entreprises, dans les services comme dans les territoires, le mouvement ouvrier et syndical se bat tous les jours contre la politique de classe de ce gouvernement. Nous ne découvrons pas ni ne sommes surpris·es par cette colère.

Syndicalistes, nous pensons qu’il est possible de s’engager collectivement dans cette bataille. Comme cela a déjà commencé dans plusieurs endroits, c’est dès maintenant que nos structures syndicales, à tous les niveaux, doivent débattre elles aussi des initiatives articulant lutte contre la vie chère, justice fiscale et développement des services publics – en particulier de transports collectifs – et revendications salariales.

Dans les jours qui viennent, c’est autour de ces revendications que nous proposons de soutenir, d’impulser des débrayages, des grèves, dans les entreprises, dans les services, mais aussi des blocages pour paralyser l’activité économique et mettre en cause les politiques gouvernementales. La construction d’une grève générale reste notre ordre du jour.

C’est une révolte contre la politique antisociale de Macron, massive et populaire, qui peut s’incarner aujourd’hui. Ni l’extrême droite ou la droite extrême, ni les organisations patronales n’y ont leur place et nous participerons activement à les en écarter.

Aucune agression, aucune violence raciste, sexiste ou homophobe n’est tolérable, quelle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne.

Quant à l’imposture écologique d’un gouvernement qui a imposé la réforme de la SNCF pour supprimer des lignes de trains, elle ne peut en aucun cas faire illusion.

Il n’y a que les classes populaires qui peuvent changer la société et répondre à l’urgence climatique. Pour la justice sociale et écologique, pour que ce soient l’égalité et la solidarité qui gagnent !

3. Les syndicats doivent prendre leur responsabilité (communiqué de Solidaires, 6/12/2018)

L’Union syndicale Solidaires n’a pas signé aujourd’hui le texte rendu public par toutes les autres organisations syndicales à la suite d’une réunion qui s’est tenue ce matin. Pour Solidaires il n’est pas possible : – de décider qu’il est urgent de ne rien faire – de s’engager dans des négociations à leur sens ouvertes par le gouvernement – de condamner uniquement « les formes de violence dans l’expression des revendications ». Cette déclaration des syndicats d’aujourd’hui est hors sol. La colère sociale exprimée depuis plusieurs semaines par les gilets jaunes et les maigres reculs consentis ne peuvent être transformés en « négociations » de circonstances voulues par le gouvernement. Cette colère n’est plus canalisable par de faux semblants. Nous avons proposé aux autres syndicats de construire rapidement une journée de grève générale pour peser dans le rapport de force et arracher des augmentations de salaire et des droits sociaux. Notre proposition est restée lettre morte. Une posture d’unité syndicale qui n’évoquent pas les violences subies par les manifestantes depuis plusieurs années, et encore plus gravement depuis les dernières semaines, est inconcevable pour Solidaires. Nous portons et continuerons à porter dans le champ syndical la parole de ceux et celles qui considèrent que la construction de convergence de luttes entre les lycéen-nes, retraitées, étudiant-es, salarié-es précaires, chômeur-euses, et toutes celles et ceux qui se battent pour la justice sociale, la justice environnementale est à mener. Nous appelons dès le 8 décembre à réaliser la convergence entre alarmes climatiques et sociales en étant présentes dans la rue. Nous appelons à amplifier les mobilisations dans les secteurs où elles sont en cours, notamment par la grève, nous sommes aux côtés de celles et ceux qui, partout aujourd’hui, exigent la justice sociale. Notre Union syndicale met à disposition son outil syndical partout où cela sera jugé utile.

4. « Gagner ensemble c’est possible ! » (tract de l’US CGT des Services publics parisiens, 4/12/2018)

Alors que depuis plusieurs semaines, la colère gronde dans le pays (blocage et manifestations des « gilets jaunes /», grève de raffinerie,)mobilisations contre le chômage et la précarité et pour le pouvoir d’achat du 1er décembre, mobilisation des lycéens), le gouvernement reste sourd. Il n’annonce rien de concret sur le plan écologique ou sur le plan de l’augmentation des salaires et des minimas sociaux.

Les différentes contre réformes (loi du 16 décembre 2010, HPST, MAPTAM et NOTRe de 2016) n’ont eu de cesse de détruire les services publics de proximité : dans nos collectivités, dans les hôpitaux, dans les services de l’État…

Tous les services publics, transports en commun, eau, logement, services de santé, aides à la personne, aide sociale à l’enfance, services culturels, sports, nettoiement, etc… sont détruits ou privatisés. Les salaires sont gelés depuis trop longtemps et les richesses crées sontaccaparées par les « premiers de cordée ». Les conditions de travail et de vie ne cessent de se dégrader.

La Maire de Paris a déclaré dans la presse qu’il faut « rétablir de la justice sociale », il serait bien si elle commençait à le faire pour ses agents… Suppression de jour de congés, coupes budgétaires pour les aides aux salariés comme à l’AGOSPAP), économies sur le dos des salariés au détriment de notre santé, et elle nous parle de « justice sociale » ?

Dans ce contexte et avec tous ceux qui luttent contre ce gouvernement, nous sommes solidaires des revendications visant la justice sociale.

Pour la justice sociale :

  • L’augmentation des salaires, des pensions et des minimas sociaux, SMIC à 1800€,
  • Rétablir l’ISF, et taxer les grandes entreprises du CAC40 qui font des milliards de bénéfices,
  • La sauvegarde et le développement de notre système de protection sociale,
  • Retraite à 60 ans et sauvegarde de notre système de retraite, à l’inverse du système par points voulu par le gouvernement.

Et pour les fonctionnaires, nous réclamons :

  • Le dégel immédiat du point d’indice de la Fonction publique, pas un salaire en dessous de 1800€,
  • Des services publics et sociaux de qualité, de proximité pour répondre aux besoins des populations,
  • Le recrutement massif d’emplois statutaires, la titularisation et l’ouverture de postes nécessaires, à l’opposé des régressions contenues dans le plan Action Publique 2022,
  • La réduction du temps de travail à 32h.

Imposer ces revendications ne se fera pas tout seul. C’est pourquoi l’Union Syndicale CGT des Services Publics Parisiens entend participer aux mobilisations des Gilets Jaunes, afin de construire la convergence des luttes. C’est le moment de revendiquer et de gagner, pour nos salaires, pour plus de justice sociale.

Il faut que dans tous les services, nous discutions de nos revendications et décidions de nos moyens d’action. L’Union Syndicale CGT propose de se retrouver le 8 décembre à 13h pour un départ collectif depuis la place de l’Hôtel de Ville afin de rejoindre les mobilisations.

Pour la CGT, l’action collective est notre force, et la grève pour paralyser le fonctionnement normal une arme. Dans la perspective de renforcer les mobilisations, construire la grève partout sera un élément décisif si le gouvernement reste sourd.
Samedi 8 décembre, mobilisons-nous avec les Gilets Jaunes !

 



Si vous ne souhaitez plus recevoir cette lettre, désinscrivez-vous en cliquant ici.

ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine est édité par l'association :
"Les Amis de ReSPUBLICA"
27, rue de la Réunion
75020 PARIS
Courriel : respublica@gaucherepublicaine.org
Site: gaucherepublicaine.org