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Dans quelle crise sommes-nous ? n°11

par Philippe Hervé

 

« La crise c’est quand le vieux se meurt
et que le jeune hésite à naître.
»
Antonio Gramsci

 

La période entre juin 2018 et aujourd’hui a été marquée par deux événements importants : d’une part, une accélération des contradictions au sein du capital financier global, visible au travers d’un Brexit qui n’en finit pas ; d’autre part, un retour tonitruant de la lutte de classe à l’état brut dans l’une des puissances économiques des pays de l’OCDE, la France, avec le mouvement des Gilets jaunes.

Une révolte sociale dans l’espace OCDE

La onzième édition de notre chronique annuelle est forcément influencée par ce mouvement social qui dure maintenant depuis six mois.
Car depuis l’ouverture de la crise en 2007-2008, dite des « subprimes-Lehman », que nous rubriquons depuis plus d’une décennie (textes repris dans un ouvrage disponible sur ce site http://www.gaucherepublicaine.org/librairie#!/Dans-quelle-crise-sommes-nous/p/136493097, Ed. du Borrego, 2019), il n’avait pas été constaté de véritables révoltes sociales dans l’espace de l’OCDE. Certes, des crises politiques avaient eu lieu, en Espagne avec le mouvement des Indignés en 2011 puis en Grèce en 2015. Toutefois, l’aspect social avait été supplanté par l’aspect politique ou moral, principal vecteur de ces mouvements. En revanche, pour la première fois, émerge une confrontation de pure lutte de classe et c’est dans notre pays qu’elle prend place. Autre élément essentiel : la mobilisation des Gilets jaunes est « autonome », c’est-à-dire qu’elle ne résulte pas d’une intervention ou d’une manipulation politique, officielle ou non. Elle n’a pas non plus été profilée par les « communicants », comme ce fut le cas pour SOS Racisme dans les années 1980 ou aujourd’hui avec la mobilisation européenne de la jeunesse pour le « climat ».

 

La France, maillon faible de l’Europe capitaliste

Nous avions raison sur un point : la France est bien le maillon faible de l’Europe capitaliste, comme nous le supposions dans la conclusion de l’ouvrage précité. Jusqu’au 17 novembre dernier, le « grand radiateur monétaire », c’est-à-dire l’injection monstrueuse de liquidité monétaire par le haut (quantitative easing), égale ou peu différente d’une soustraction de la masse monétaire par le bas, par une « politique de rigueur » imposée, fonctionnait relativement bien. Les peuples des pays développés subissaient leur paupérisation sans grande réaction. Nous avions d’ailleurs signalé cet état de fait dans notre cinquième article de juin 2013 : « la crise n’a engendré aucune révolution sociale ». Cette passivité a pris fin en novembre 2018 avec le blocage des ronds-points partout en France.
Ainsi, le dispositif d’aliénation idéologique du capitalisme financier a montré ses limites, expliquant d’ailleurs l’affolement du « gestionnaire » Macron en décembre 2018, et l’octroi en catastrophe de 10 milliards d’euros, puis quatre mois plus tard de 7 milliards, avec l’autorisation de la Commission européenne. La tension sociale en France justifiait toutes les dérogations à la politique d’austérité, subitement mise entre parenthèses.

 

Gilets jaunes, acteurs et maîtres d’œuvre dans le processus de « transformation de la valeur en prix »

Il faut dire que l’alerte a été, et est encore, chaude pour la gouvernance française et européenne et pour deux raisons : d’une part, par la place des Gilets jaunes dans les rapports de production du capitalisme financier contemporain, et d’autre part par l’exemplarité d’un tel phénomène à l’orée d’une nouvelle crise financière qui pourrait éclater à court terme et se montrer extrêmement violente.
Sur le premier point, l’élément principal est la place sociale du mouvement des Gilets jaunes. Pour mieux la comprendre, reprenons la grille de lecture de Karl Marx. En dehors des jeunes retraités pauvres, de femmes à la tête de foyers monoparentaux, de chômeurs ou de précaires, le mouvement a rassemblé beaucoup de professionnels de la logistique ou encore d’auto-entrepreneurs reliés aux circuits de distribution et de communication des produits de consommation. Pour ces catégories, le prix du diesel est essentiel à leur survie économique ; son augmentation a d’ailleurs été l’étincelle qui a mis le feu aux barils de pétrole. Si nous reprenons la catégorisation du Capital du philosophe allemand, ces couches sociales ne sont pas participantes directement ou indirectement à l’extraction de la plus-value, ni en tant que fournisseurs de « travail vivant », comme la classe ouvrière laborieuse, ni en tant que réalisateurs du « travail mort », comme fabricants de machines outils ou de robots par exemple. Les travailleurs Gilets jaunes sont plutôt acteurs et maîtres d’œuvre dans le processus de « transformation de la valeur en prix ». Ils sont donc le chaînon permettant à la Sur-Valeur de se réaliser en Profit et de devenir un vecteur monétaire de reproduction du Capital. 
Or dans la France d’aujourd’hui, la politique volontaire de désindustrialisation a « délocalisé » une partie de la classe ouvrière en Chine ou dans d’autres pays au coût du travail faible. Par ailleurs, contrairement au dispositif productif allemand, notre pays a aussi perdu la fabrication des machines-outils ou des robots constituant l’essentiel du « travail mort ». En grossissant le trait, il ne reste que la « logistique », le « commercial » et son accompagnement communicationnel. D’où l’aspect stratégique de ce secteur en France, amputée qu’elle est d’une partie de la chaîne de création de Valeur pour métamorphoser la plus-value en profit. La captation du profit par les quelques monopoles français encore existants ne tient que par la circulation des marchandises (ce qui explique d’ailleurs en partie la qualité des infrastructures routières françaises… et le nombre de ronds-points !). Or, certes lentement mais sûrement, le coût du travail « vivant » en Chine ou ailleurs en Asie augmente. Par ailleurs le coût global du « travail mort » des robots ou des machines-outils numérisées est à la hausse également si l’on intègre les recherches et développements (R&D) très coûteux dans ce secteur. Ainsi, pour que le taux de profit se maintienne dans les pays de l’Europe du sud (hors du « dispositif » industriel allemand), une pression à la baisse est exercée sur les rémunérations des professionnels liées à la transformation de la valeur en prix, en particulier la logistique, le commercial et la communication, entraînant la baisse du niveau de vie des travailleurs de ces secteurs.
En tentant de bloquer les ronds-points et donc la circulation des marchandises, les Gilets jaunes ont montré que l’on pouvait perturber la réalisation du profit monétaire, remettant en cause le principe même des « circuits longs » mis en place depuis la fin des années 1970.
Second point important : le mouvement des Gilets jaunes constitue un précédent exemplaire pouvant servir de « répétition générale » dans la crise paroxystique qui s’annonce à très court terme, selon toute vraisemblance. Il y a aujourd’hui une sorte de consensus partagé par tous les « experts » sur le fait que la situation de déluge de liquidités ne pourra pas perdurer très longtemps. Or en France, le mouvement des Gilets jaunes sera passé par-là : l’expérience accumulée par des dizaines de milliers de citoyens devenus des militants de terrain et maillant le territoire français est un acquis formidable pour l’avenir. Par ailleurs, ce qui s’est passé depuis six mois prouve de nouveau que le cœur battant de la lutte de classe ne peut se situer que dans les couches sociales impliquées dans la réalisation du Profit et la circulation du Capital, et non à sa marge comme dans la fonction publique ou les « quartiers difficiles » par exemple. N’est vraiment potentiellement révolutionnaire que le mouvement des exploités au sens des acteurs de la circulation du Capital. Les couches périphériques, fonctionnaires, travailleurs intellectuels, jeunesse scolarisée, etc. ne sont que des renforts souhaitables, voire indispensables pour constituer une hégémonie politique, mais non le centre du mouvement social et de la pérennité de la résistance. Le mouvement des Gilets jaunes démontre qu’une révolution sociale est possible, même dans un pays dont le cœur de la classe ouvrière a été transplanté sur d’autres continents… aujourd’hui la démonstration est faite !

 

« Peuple travailleur » : la synthèse

Notons enfin que les débats théoriques de fond sont toujours tranchés par la réalité concrète. L’opposition entre les concepts d’hégémonie de la « classe ouvrière et de ses alliés » et la nouvelle définition d’un « Peuple » comme expression principale de la contradiction historique, vient peut-être de trouver une sorte de synthèse avec le mouvement de Gilets jaunes. Une classe sociale doit se définir objectivement et subjectivement : si la classe ouvrière n’est plus centrale en France, il existe bien un « Peuple travailleur » ayant conscience de lui-même mais aussi « central » dans la dialectique des rapports de production du capital financier. 
Mario Tronti, fondateur de l’Opéraïsme en Italie avait cette préscience en 2010 lorsqu’il écrivait : « Pour que la défaite politique ne se traduise pas en fin de l’histoire, il faut se ressaisir du fil là où il a été rompu, en refaire le nœud et repartir et aller de l’avant. L’issue est totus politicus. « Peuple travailleur » comme classe générale n’est possible qu’aujourd’hui, dans les conditions du travail étendu et parcellisé, diffus et morcelé, territorialisé et globalisé, travail marxien qui va de la besogne des mains à la besogne du concept, de l’emploi que l’on aime pas à l’emploi que l’on ne trouve pas, archipel d’îles qui font un continent. »
Ce débat théorique est d’une grande importance et doit se dérouler en particulier à la France insoumise où la tension est extrême entre un « populisme » théorisé par Ernesto Laclau, politologue argentin souvent qualifié de post-marxiste, et les tenants d’une ligne de « gauche ouvrière » plus classique.

 

Le « Grand radiateur monétaire » ne sert plus seulement aux banques

Certes, Macron est toujours en place, ce qui est finalement un moindre mal car une solution politicienne à une éventuelle démission du Président aurait imposé au pouvoir la droite dure alliée à l’extrême droite, en raison du rapport de force électoral actuel et sans dynamique révolutionnaire. Mais les dernières élections européennes ont révélé en France un pouvoir faible, soutenu par 11 % environ du corps électoral. A noter également que le Rassemblement national ne pèse pas plus et qu’il a même baissé en pourcentage par rapport au scrutin européen de 2014.
L’octroi, l’obole diront certains, de 17 milliards d’euros accordés aux Gilets jaunes n’est pas sans conséquences sur le plan de la politique financière : une petite partie de la création monétaire monstrueuse et permanente commence aussi à servir à éteindre les incendies sociaux. Ainsi, le « Grand radiateur monétaire » que nous avons souvent décrit ici, est utilisé maintenant pour un peu tout, et plus simplement à sauver les banques. D’où une contradiction terrible, car le risque d’inflation augmente et nécessiterait une hausse des taux directeurs des banques centrales… ce qui est impossible car cela entraînerait immédiatement la faillite pour les banques les plus exposées, en particulier en Italie, et également une crise obligataire dévastatrice.

 

Une politique monétaire Open bar

Loin de diminuer, comme l’avaient pourtant promis l’année dernière les banques centrales, la main sur le cœur, les « quantitative easings » ont augmenté encore à un rythme extravagant. Cette création monétaire a pris plusieurs formes :
– poursuite de rachat par les banques centrales des créances douteuses des banques par la modification des règles en vigueur pour le calcul de l’assiette des bilans des banques centrales,
– nouveaux prêts directs aux banques (TLTRO) par centaines de milliards d’euros à partir de septembre 2019,
– continuation, malgré les promesses, de la politique du taux d’intérêt à 0 % pour les banques.
Cette politique monétaire open bar a pour conséquence l’augmentation irrationnelle de certains actifs, en particulier les actions d’entreprises, totalement déconnectées de leurs rentabilités réelles, et celle de l’immobilier dans le centre des global cities, par exemple à Paris. Cette inflation est concomitante avec un ralentissement général de la croissance au niveau planétaire, et particulièrement accentué en Europe et en zone euro.
Cela ressemble à un sauve-qui-peut. Contrairement à la période 2010-2016, avant la prise de pouvoir par Trump aux États-Unis et le Brexit au Royaume-uni, il n’y a plus de stratégie financière globale cohérente. La contradiction au sein même du capitalisme, que nous avions signalée dans notre chronique de l’année passée, commence à provoquer une dislocation hors de tout contrôle.

 

L’option guerrière en embuscade ?

Une chose est certaine, cette situation ne peut perdurer longtemps. L’option guerrière peut revenir une nouvelle fois comme ultime possibilité pour dévaloriser des actifs et reprendre le contrôle sur des populations dont la combativité augmente, comme l’ont prouvé les Gilets jaunes. Mais c’est une option qui n’est pas sans risque, ce qui a fait d’ailleurs reculer Trump sur le dossier de la Corée du Nord. Une guerre contre l’Iran ne serait pas une promenade de santé. Et le Pentagone, après ses échecs en Afghanistan, en Irak et dernièrement en Syrie, est plutôt méfiant. L’Arabie Saoudite a beau mener un lobbying intense pro-guerre, celui-ci se heurte pour l’instant au scepticisme de l’US Army. Bref, pour le capitalisme financier intégré, comme il n’y a que des mauvaises solutions, il s’agit pour lui d’en choisir la « moins pire ».

 

Un si long Brexit

Sur le plan de l’Union européenne, le Brexit qui n’en finit pas est le symptôme d’un début de divergence au sein même de la finance. Car pour l’instant, et sans verser dans un emblématisme de mauvais aloi, nous assistons plutôt à une contradiction entre capitalisme industriel et capitalisme financier, en particulier aux États-Unis. Le débat sur le Brexit est intéressant car il semble indiquer qu’une fraction de la City, deuxième place financière mondiale, commence à soutenir l’option de la dislocation européenne. Boris Johnson en est l’instrument politique. L’idée d’instituer un paradis fiscal à 13 kilomètres du continent européen prend corps, avec la perspective d’un « Brexit dur », qui permettrait au Royaume-uni de reprendre sa pleine liberté sur l’établissement des règles commerciales et les règlements des échanges monétaires et financiers sur l’île. Un éventuel Brexit dur serait une catastrophe pour la zone euro, qui verrait certainement un déplacement massif d’actifs financiers vers Londres, actifs plus libres et mieux rémunérés. Cette perspective explique la lente érosion de l’euro depuis des mois. Dans ce cas de figure, les banques commerciales du continent, déjà fort mal en point à l’exemple de la Deutsche Bank, connaîtraient une baisse de leurs réserves disponibles. Les États européens devraient une nouvelle fois courir à leur secours. En ont-ils encore les moyens comme en 2007-2008 ? Rien n’est moins sûr. Si le Brexit n’en finit pas, c’est que la zone euro risque tout simplement une implosion.

 

Une conclusion sur les crypto-monnaies et la Chine

Concluons cette onzième édition par l’évolution des crypto-monnaies et la situation de la Chine. Sur le premier point, nous allons suivre systématiquement les évolutions dans les années qui viennent du Bitcoin et autres « altcoins » car, comme nous l’avions déjà signalé dès 2010 et rappelé ensuite, leur développement est important en tant qu’alternative de dernière instance. En effet, et ce fut le cas au XVIIe siècle et au début du XVIIIe avec le passage de la monnaie métallique à la monnaie papier, le changement de support monétaire est une possibilité extrême pour éviter un collapse inflationniste. Après une année 2018 où le Bitcoin a perdu près de 80 % de sa valeur, les monnaies électroniques ont marqué en 2019 une étape importante dans leur acceptation au niveau mondial. Le point déterminant est l’annonce du projet de Facebook (avec ses filiales Instagram et WhatsApp) de créer en 2020 une monnaie électronique. Pour ce projet nommé « Libra », Facebook avance au pas de charge, depuis une filiale suisse, pour proposer un système de paiement à ses 2 milliards d’utilisateurs. C’est une étape qui pointerait encore une fois l’hégémonisme américain sur la circulation monétaire mondiale, cette fois cryptographique. Certains investisseurs ne s’y sont pas trompés et le cours du Bitcoin a bondi pour se retrouver à 7 000 euros au 5 juin dernier, alors qu’il végétait à 3 300 euros au début de l’année. Les crypto-monnaies commencent à apparaître comme une solution à une nouvelle crise systémique… N’oublions pas que le Bitcoin fut créé en 2009 en réaction à la crise financière de 2007-2008.
Enfin, terminons comme à notre habitude sur la Chine. Celle-ci sort encore une fois victorieuse de la confrontation commerciale avec les États-Unis. L’augmentation massive des droits de douane décidée par Trump n’a pas fait baisser les importations chinoises aux États-Unis. Par contre, les droits de douane chinois, augmentés en réaction à l’offensive US, ont eu pour effet une réelle baisse des importations américaines en Chine. De fait, et c’était prévisible, Trump ne peut pas d’un claquement de doigt, ou d’un tweet, changer un dispositif industriel dont la mise en place s’est construite sur les quarante dernières années. Face à cette impasse, Trump joue la surenchère en black-listant Huawei avec le soutien des GAFA. Un pari risqué car les Chinois sont maintenant technologiquement supérieurs dans la télécommunication 5G. Tenter de bloquer le progrès est rarement une stratégie gagnante pour une puissance capitaliste. Trump risque une nouvelle fois d’être obligé de reculer, comme il l’a fait l’année dernière sur le dossier coréen.

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La réforme Blanquer : une vision d'ensemble et un projet à long terme

par Chantal Evano

 

NDLR – Pour prolonger la réflexion autour de la réforme « Blanquer » entreprise dans un précédent article de ReSPUBLICA, nous publions avec l’accord du Comité de réflexion et d’action laïque de la Seine-Maritime – CREAL 76 -, leur excellente brochure sur ce thème.
Cette brochure présente d’autres aspects de la réforme entre autres : les réseaux derrière Blanquer, les aspects d’amplification des inégalités sociales, les réformes du baccalauréat et du lycée professionnel. Ainsi qu’une bibliographie des plus intéressantes sur ce sujet.
Vous pouvez vous procurez et diffuser la brochure du CREAL 76 en la téléchargeant grâce au lien suivant : http://www.creal76.fr/medias/files/brochure-la-reforme-blanquer-c.evano.pdf

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La réforme Blanquer peut sembler décousue et sans horizon, les mesures étant présentées sans que soit soulignée leur cohérence, qui ne peut être avouée telle quelle. Il s’agit en effet de poursuivre la destruction systématique de l’école publique laïque pour promouvoir l’école privée, et de renforcer l’école de classe. Cette entreprise est poursuivie de longue date par un réseau politique identifiable, où convergent les courants les plus réactionnaires et autoritaires.

Le propos de ce texte est d’insister sur l’inscription de la réforme dans cette orientation politique constante, de souligner le rôle de groupes d’influence très actifs et influents.

La continuité du projet est soulignée par les prédécesseurs de l’actuel ministre. Tout en le félicitant, ils soulignent avoir eux-mêmes œuvré dans le même sens, mais dans un contexte moins favorable : Jean-Pierre Raffarin, Xavier Darcos, Luc Ferry, François Bayrou, Luc Chatel… Xavier Darcos est particulièrement explicite, lors de son interview dans la Revue des deux Mondes, le 23 février 2018 – dont j’ai mis en gras des mots-clés :

Jean-Michel Blanquer est parvenu à faire ce que tout le monde souhaitait depuis toujours. Sa réforme est celle que j’avais souhaité mettre en œuvre en tant que ministre, période pendant laquelle il était d’ailleurs mon collaborateur. La différence fondamentale est celle du climat politique et social dont il bénéficie. En 2007-2010, l’image du pouvoir et celle de Nicolas Sarkozy n’attiraient pas la sympathie naturelle des milieux de la culture, des enseignants et des étudiants. À cela s’ajoutait le fait que nous étions en période de retraits massifs d’emplois (nous ne recrutions qu’un fonctionnaire lorsque deux postes étaient supprimés) notamment dans l’Éducation nationale où l’on supprimait 13 500 emplois par an.
Si je proposais, comme le fait Jean-Michel Blanquer aujourd’hui, de passer de sept à quatre épreuves au baccalauréat, tout le monde me tombait dessus en disant que cela n’était pas dans l’intérêt des élèves, qu’il s’agissait d’une mesure destinée à justifier les suppressions d’emplois et que j’étais un ennemi du savoir. Le climat était tel que toucher au baccalauréat devenait le symbole d’une politique qui, par ailleurs, était mal comprise.
Aujourd’hui, Jean-Michel Blanquer bénéficie d’une accalmie politique générale. Personne ne considère qu’Emmanuel Macron est un ennemi de la culture et le macronisme est une machine à éliminer les opposants. La réforme peut donc passer, à la fois car ce qu’elle propose est intéressant et parce qu’elle intervient dans un kairos, un moment favorable qui la rend possible. »

Je vais m’appuyer sur les mots-clés de cette déclaration pour structurer mon propos :

1°) Tout le monde ? Qui est ce tout le monde qui souhaitait depuis toujours la réforme en cours ?

2°) Quel sens global de la réforme ? Quels objectifs ? Quels moyens ? Comment se manifestent-ils dans des mesures telles que les retraits massifs d’emplois dont se glorifie Xavier Darcos ?

3°) Quelle stratégie et quelles batailles ? Quelle stratégie a été adoptée en France pour réaliser la réforme depuis toujours et quelles batailles ont été menées depuis soixante ans ?

4°) Et la réforme Blanquer ? En quoi la réforme Blanquer relève-t-elle de cette entreprise ?

Lire la suite (PDF) : Reforme-Blanquer-Evano

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"Discipliner la finance", de Patrick Artus

par Yves Thiébaut

 

On peut ne pas être d’accord avec les orientations générales de Patrick ARTUS mais on ne peut lui retirer la qualité de ses analyses sur le contexte économique courant, souvent en phase avec les nôtres. Son dernier opus est à conseiller à tous ceux qui veulent comprendre ce qu’est « la finance » et son influence sur l’économie réelle. Petit livre bien documenté et que l’auteur s’efforce de rendre accessible.

Une première surprise est le constat que le monde rentre dans une phase de « dégloblisation » de l’économie réelle. La mondialisation a permis le développement de classes moyennes dans les pays émergents, au détriment de celles des pays développés, diminuant l’intérêt d’y délocaliser la production. Mais il y a aussi d’autres raisons. L’auteur analyse les effets de la mondialisation, elle n’est pas l’unique cause des inégalités croissantes.

Qui gagne à ce reflux ? La Chine et les USA en raison de l’importance de leur marché intérieur, mais pas l’UE qui voit au contraire les exportations intra UE baisser parce que le marché unique n’en est pas un en vérité. L’auteur cible deux raisons : le nationalisme des Etats dans de nombreux secteurs et la pratique de la concurrence par la Commission qui freine la constitution de grandes entreprises. Le modèle allemand d’exportations hors UE qui tire le PIB de l’UE ne va pas dans le sens d’une relocalisation. Celle-ci se heurte au partage des revenus au détriment des salariés ce qui appauvrit la classe moyenne dont la prospérité est facteur d’attractivité pour les investissements. Cependant ceci ne s’applique pas à la France, à l’Italie ni au Royaume-Uni mais surtout à l’Allemagne, l’Espagne, le Japon et les USA. Ainsi, « l’Allemagne [n’est] plus un modèle » pour cet économiste classique.

La réduction d’une classe moyenne prospère vient aussi de la destruction des emplois industriels (-20% depuis 1995 dans l’OCDE) au profit des emplois de la finance et à l’autre bout du spectre au profit des services domestiques. En résumé, il n’y a pas assez de gens aisés pour soutenir la demande de biens et de services. Ceci met à mal la théorie du ruissellement.

Mais fort heureusement, il y a des gagnants à ce mouvement, ce sont les pays émergents où l’investissement direct des entreprises suit une tendance croissante, mis à part la Chine depuis 5 ans.

Deuxième surprise, la taille de la finance « complexe » (dérivés, titrisations – l’auteur les définit) a diminué depuis la crise qu’elle avait propagée en 2007, mais reste énorme à 720 000 mds$. Le reste de la globalisation financière n’a pas cessé de progresser. Elle réunit l’encours de crédit, l’encours d’obligations, la capitalisation boursière et la masse monétaire. Depuis le plus bas de 2009 ces composants sont en croissance partout à comparer au PIB mondial de 90 000 milliards de dollars pour atteindre respectivement en 2018 100 000 mds$, 126 000 mds$, 76 000 mds$. La croissance de la masse monétaire s’exprime en points de PIB, elle est constante mais modérée à 100% du PIB environ sauf en Chine (200%).

Les crédits représentent la dette privée, en forte régression dans l’OCDE depuis la crise grâce au renforcement de la règlementation et à la surveillance de la croissance de la dette privée qui n’existait pas avant. La dette publique croissante dans l’OCDE compte pour 60% des obligations. Par ailleurs, les banques adossent certains de leurs crédits, immobiliers notamment, à des obligations qu’elles émettent : une part de la dette longue des banques finance la dette privée longue. Enfin, une part de l’endettement privé peut financer la détention d’actions voire de comptes à terme (masse monétaire).

L’auteur cumule ces masses pour mesurer la taille de la finance, bien qu’elles ne soient pas de même nature. Les crédits bancaires trop abondants présentent un risque de surchauffe ou d’insolvabilité des banques, mais ils ne sont pas des instruments financiers tant qu’ils restent dans les livres des banques et ne sont pas titrisés. Sauf que les banques assurent leurs engagements via le versement d’une prime d’assurance au travers de contrats, les fameux CDS. Et ceux-ci sont des instruments financiers qu’on peut acheter ou vendre. Ainsi, tout ceci représente des actifs qui font l’objet de spéculation sur leur valeur au travers du marché financier.

Une autre caractéristique de la finance est sa globalisation : les dettes et les créances des pays entre eux croissent de façon parallèle : les pays se prêtent autant qu’ils s’empruntent. Depuis 2008, les deux encours ont augmenté de 30%.
L’auteur explicite les origines de la croissance des actifs financiers par l’intermédiation bancaire rendue nécessaire pour recycler sans risque l’épargne privée. Elle a donc un rôle sur lequel P.Artus s’interroge, notamment sur la relation entre taille de la finance et croissance économique, sur la relation entre taille de la finance et inégalités, sur l’impact de la finance sur les crises, sur son coût, sur son efficacité.

Sur ce dernier point, la conclusion est sans appel : la finance de plus grande taille favorise la croissance des pays émergents mais dans l’OCDE ne guide pas l’épargne vers les investissements efficaces, est défavorable à la croissance, aggrave les récessions.

Il faut donc s’interroger sur les raisons de l’accroissement de la taille de la finance. Il a en fait de multiples causes, toujours présentes. Mais plus important encore, il faut étudier les conséquences sur le cycle financier mondial caractérisé par une extrême variabilité des flux de capitaux internationaux, donc sur les changes, qui rend plus difficilement tenable le régime des taux flexibles et de la libre circulation des capitaux. De plus, les mécanismes de contagion géographique des évènements financiers sont renforcés. Le célèbre triangle d’incompatibilité de R.Mundell ne se vérifie plus : le choix suivi par la plupart des pays d’une parfaite mobilité des capitaux associée à une politique monétaire indépendant est mis à mal en raison de la masse des flux mise en action de façon erratique. Comme les deux autres « solutions » du triangle demeurent impossibles, il faut changer des paramètres : soit réduire la mobilité des capitaux, soit modifier la politique monétaire. P. Artus développe ce dernier point sous le vocable de politique macroprudentielle coordonnée avec la politique monétaire et la politique fiscale. Le contrôle de la circulation des capitaux lui paraît inévitable mais sans aller jusqu’au financement autarcique. Ce point fait partie des solutions préconisées en fin d’ouvrage.

Entretemps il développe les effets de la variabilité excessive des capitaux sur les pays émergents qui n’ont pas les moyens de s’en protéger. Il démolit l’argument selon lequel la globalisation de la finance permettrait la meilleure allocation des ressources. Au contraire, les flux vont des pays pauvres vers les pays riches à cause de l’aversion au risque qui font des bons du Trésor américain le placement refuge par excellence, du fait du rôle central du dollar. Ainsi, les USA financent grâce aux pays émergents leur sur-consommation. Le besoin de liquidité, c’est-à-dire de pouvoir très facilement négocier leurs instruments contre du cash, des acteurs financiers contribue à l’appétence pour ces placements. On pourrait avoir un doute sur la solvabilité des USA si les détenteurs de ces créances venaient à les vendre en masse, mais tant que le dollar reste roi, cela n’arrivera pas. Notamment, le fait que les dettes publiques de la zone euro sont fragmentées par pays, empêche l’euro de mordre sur la suprématie du dollar.

Un autre effet est l’accélération des crises et surtout leur aggravation par la contagion : les prix des actifs évoluent partout dans le même sens. Comment éviter ces crises ? D’où viendra la prochaine ?

Sans-doute pas de la dette privée dans l’OCDE : la demande de crédit y a fortement baissé, comme la dette des ménages et le prix de l’immobilier ; la règlementation bancaire s’est constamment renforcée. Il n’y a pas de surchauffe du cours des actions : le ratio du prix des actions au profit est à 18 contre 37 à la veille de la crise de 2 000.

Le taux du déficit public (par rapport au PIB) souvent mis en cause dans la zone euro diminue en fait. Il est passé depuis 5 ans sous celui qui stabiliserait la dette. C’est bien sûr grâce à la politique monétaire de la BCE qui en a rendu le coût très bas. Mais cette politique « expansionniste » ne se maintient que parce que l’inflation reste faible. Si cela devait s’inverser, les taux courts des banques centrales comme les taux longs fixés par les marchés, remonteraient aussitôt et la dette repartirait en croissance. Or, l’inflation reste basse car il n’y a pas de poussée des salaires. L’enseignement qu’en tire P.Artus est glaçante : « tant que le pouvoir de négociation des salariés demeurera aussi faible, l’inflation sera faible », les banques centrales n’augmenteront pas leurs taux et la solvabilité des Etats sera maintenue. Sauf pour la zone euro où il n’y a pas un État mais 19 et où un pays, l’Italie par exemple, pourra rencontrer des difficultés malgré la politique de la BCE.

La crise ne viendra pas de la Chine par sa politique dite de répression financière et le contrôle des capitaux. Les autres pays émergents peuvent subir des crises violentes qui ont peu de risque de se transmettre au monde en raison de leur faible poids économique.

Malgré la baisse récente des achats de dollars par les autres banques centrales, le rôle de monnaie de réserve du dollar n’est pas remis en cause. Ce serait la perte de ce statut qui aurait des conséquences très graves.
Les deux risques au final résident donc dans la remontée des taux des banques centrales de l’OCDE et dans la dette extérieure des USA. Pour P. Artus, le risque le plus grave est la remontée des taux d’intérêt réels de la Dette publique au-dessus des taux de croissance, ce que provoquerait mécaniquement une récession puisqu’on ne pourrait plus baisser les taux d’intérêts déjà à zéro. Pour éviter cela il faut que les salaires continuent d’être contenus. Mais il n’en déduit curieusement pas que cette politique justement est un facteur de récession dans un contexte de freinage de la globalisation, donc de baisse des exportations.

Il se contredit aussi car après avoir souligné le ralentissement de la dette privée des ménages et des entreprises, il évoque l’impact grave qu’aurait la remontée des taux courts des banques centrales.
C’est à partir de là qu’on peut exprimer un désaccord. P. Artus raisonne à contexte financier immuable. Il est chef économiste de Natixis, il ne peut donc proposer que des remèdes « acceptables ». Déjà préconiser un contrôle de la circulation des capitaux est très osé dans sa position. Il n’est surement pas sans savoir que la contrainte des salaires ne peut qu’induire une récession à terme ni que la solvabilité des États n’est en cause que parce que ce sont les banques, les marchés qui sont leurs prêteurs. Une politique faisant appel directement à l’épargne et organisant la monétisation partielle de la Dette peut contribuer à freiner l’accroissement de la Dette. De même qu’une politique fléchant la dette publique exclusivement vers les investissements. Mais bien sûr, il est impensable que P.Artus l’énonce et d’ailleurs il ne le pense sans-doute pas.

P.Artus propose des pistes douces : remontée très progressive des taux des banques centrales en période d’expansion économique et mesures macroprudentielles. La première proposition est mise en œuvre aux Etats-Unis depuis deux ans ; elle ne peut pas être mise en pratique en zone euro puisque trop de pays ne sont pas en croissance bien que l’ensemble de la zone le soit. Une preuve supplémentaire de l’absurdité de la monnaie unique. Et cela se heurte à une difficulté : une hausse des taux courts implique techniquement celle des taux longs, ce qui fait baisser mécaniquement le prix des obligations et donc un appauvrissement de leurs détenteurs (banques, assurances, fonds divers) en général étrangers. Les États-Unis n’ont pas ce souci, mais bien la zone euro.

Le contrôle de la circulation des capitaux, est proposé comme déjà indiqué, et on ne peut qu’approuver. L’auteur souligne que l’exigence de liquidité des investisseurs (sic) est néfaste et il préconise les financements à long terme stables en pénalisant les placements à court terme et les instruments financiers liquides. On en revient sans le dire à l’appel direct à l’épargne privée que nous préconisons. Mais il fait mine d’ignorer la vraie raison de la volatilité qu’est la recherche intrinsèque de gains spéculatifs, il ne dit pas un mot sur les instruments qui permettent de spéculer à crédit. Par définition, un investisseur engage des fonds sur le long terme, un investisseur qui veut s’assurer de la conversion rapide de son engagement en cash, est un spéculateur.

La dernière piste serait de d’obtenir des États-Unis qu’ils abandonnent la politique de déficit extérieur constant. Il avoue que la coordination internationale qui pourrait les contraindre est impossible.

En conclusion, l’analyse de Patrick Artus est percutante jusqu’au moment de proposer des solutions dont lui-même souligne la faible probabilité de réalisation. C’est un parallèle frappant avec son analyse de la crise de l’UE qui se conclue par un appel au fédéralisme qu’il relève comme impossible.
Il s’essaye à trouver des pistes convenables, comme des mesures macroprudentielles. Il y a un côté tragique dans cette pertinence d’analyse et l’impossibilité où il se trouve d’aller au bout des conclusions logiques par allégeance à l’idéologie dominante.

Cerise sur le gâteau, P.Artus finit de nous inquiéter en évoquant l’éventualité d’une dégradation des anticipations des investisseurs et une hausse de leur aversion pour le risque, qui seraient auto réalisatrices conduisant mécaniquement à une récession. Comme il l’écrit « Ne pas être trop optimistes cependant… »

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Quand les écrans deviennent neurotoxiques : protégeons le cerveau de nos enfants !

Sabine Duflo – Editions Marabout

par Philippe Champigny

 

Troubles massifs de l’attention, retard de langage, absence de sociabilité, hyperactivité, symptômes graves évoquant l’autisme …Tous les enseignants témoignent de l’augmentation de ces phénomènes dans les classes. Mais les parents eux-aussi doivent faire face à ces difficultés.

Sabine Duflo, psychologue clinicienne et thérapeute familiale exerçant dans un CMP (Centre médico-pédagogique infanto-juvénile) dans le 93, livre une analyse pratique et théorique dans son ouvrage. Elle met en lumière les études scientifiques « ignorées » de l’industrie numérique et des pseudo-experts qui travaillent avec cette même industrie. Elle articule cette réflexion avec des cas cliniques qui nous éclairent sur les causes, mais aussi sur les voies de résilience. Résilience qui ne passe pas forcément par un recours médicamenteux, mais bien des modifications de pratiques sociales et familiales.

Toutes les familles sont englouties dans un bain d’écrans. Mais les familles savent-elles que de 0 à 5 ans, la surexposition aux écrans peut développer des comportements de type autistique ? Que de 5 à 10 ans, cette surexposition peut développer des troubles massifs du comportement ? Que le monde des jeux vidéo, qui échappe totalement à la plupart des parents, est accessible aux plus jeunes avec toute la violence que comportent ces jeux et les incursions à l’écran d’images pornographiques ?
Un exemple parmi d’autre en Gironde, en cliquant ici.

D’autres études alertent sur les effets de la lumière « bleue » des écrans qui diminuerait la production de mélatonine, hormone du sommeil. Cette diminution expliquerait une partie les troubles du sommeil des enfants et des adultes…
Et qu’enfin il y a un risque d’addiction bien réelle.

Les dégâts sont considérables dans le rapport au monde réel, aux autres … Il y a là un enjeu de santé publique qui va bien au-delà d’un problème d’un « usage problématique ». C’est aussi un enjeu politique dans la mesure où c’est le rapport aux autres et la sociabilité qui sont remises en cause. Par ailleurs l’industrie du numérique a la main sur les principaux médias. Seuls des réseaux militants, associatifs peuvent engager le combat. Un combat pour les adultes prennent la mesure de cette question et reprennent la main pour que nos jeunes ne soient plus surexposés aux écrans.

Vous n’êtes pas convaincus ? Quelques chiffres qui datent de 2015 pour les familles en France:
♦ Chez les 7-12 ans : 19% possèdent un ordinateur, 67% une console de jeux, 16% leur propre télévision, 22 % un smartphone, et 36 % une tablette.
♦  Chez les 13-19 ans : 68% possèdent un ordinateur, 67 % une console de jeux, 35% leur propre télévision, 81% un smartphone et 34 % une tablette.
Ces chiffres sont sans doute supérieurs en 2019, du fait du succès des tablettes (22% des foyers en 2013 ; 71% en 2017), sans parler de l’irruption massives des smartphones !

Et la télé ? vidéo live ou à la demande
Chiffres IPSOS 2015 : 4-14 ans en moyenne 2H22 par jour ; 7-10 ans 2H53… ; 11-14 ans 3H34. Les chiffres étatsuniens parlent de 8 heures par jours chez les 8-10 ans.
Toujours pas convaincus ? Deux infos : dans la Silicone Valley, les parents d’élèves recherchent des écoles privées… sans écran. Autre exemple aux États Unis : Les parents d’Overland Park, dans la banlieue de Kansas City, en avaient assez. Ils voulaient que leurs enfants décrochent des écrans, mais ils avaient besoin de s’unir pour se sentir plus forts. D’abord parce que personne ne souhaite que son gamin soit le seul jeune un peu bizarre à ne pas posséder de téléphone portable. Ensuite parce que priver un collégien de son smartphone est vraiment très, très dur…pour la suite suivre le lien…

Une partie de la bourgeoisie, en particulier celle qui vit du numérique, prend conscience des dangers liés à la surexposition aux écrans. Le droit à la déconnexion, sera-t-il réservé aux enfants de la bourgeoisie ?
Sabine Duflo ne se contente pas d’être une lanceuse d’alerte, en tant que professionnelle, elle propose une méthode pour les parents :
– Pas d’écrans le matin ;
– Pas d’écrans durant les repas ;
– Pas d’écrans avant de s’endormir ;
– Pas d’écrans dans la chambre de l’enfant.
Tout en rappelant que les adultes sont aussi des modèles. Donc qu’ils doivent aussi avoir une attitude qui permet aux enfants ces 4 « PAS ». D’ailleurs, avoir une praxis critique de l’utilisation des écrans, est aussi une question qui concerne les adultes, et les militants n’y échappent pas !

Livre à lire et à offrir de toute urgence !

On peut aussi se renseigner sur les sites suivants : (sans tomber dans la surexposition !!!)
Association ALERTE (Association pour l’Éducation à la réduction du temps écran)
COSE : Collectif Surexposition Écrans



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