n°917bis - 13/12/2019
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Mobilisation de décembre 2019 : « Ne nous regardez pas... rejoignez-nous ! »

par Évariste

 

Ce slogan, repris dans les cortèges du 5 et du 10 décembre, pourrait bien résumer la situation dans le camp de la grève. Certes, l’entame du jeudi 5 a été une réussite grandiose, certes la région francilienne, cœur économique du pays, est en partie paralysée. Constatons également que l’Éducation nationale est à la pointe du combat et que le secteur hospitalier rentre progressivement dans la danse. Toutefois, examinons l’état du rapport de force avec réalisme, tout en restant optimistes : le trafic routier n’est pas touché par des barrages systématiques, les raffineries ne sont pas encore suffisamment perturbées pour imposer un régime sec en essence et gasoil et les transports en commun hors région parisienne sont certes impactés par le mouvement mais sans provoquer pour l’instant une paralysie des métropoles régionales. Bref, nous sommes encore loin d’une grève générale interprofessionnelle. Le mouvement tient aujourd’hui par l’acharnement des personnels de la SNCF et de la RATP. Disons-le clairement, cette conjoncture est dangereuse en soi. Il est essentiel que le « Front de grève » s’élargisse dans les jours prochains. Sinon les grévistes du rail se retrouveront progressivement isolés puis réduits.

Parlons clair : la généralisation de la grève est possible, ce n’est pas une utopie. Pour s’en convaincre, il suffisait de voir les cortèges du mardi 10 décembre. Partout en France, les manifestations ont été massives, offensives, pugnaces et suffisamment autodisciplinées pour éviter de tomber dans les provocations policières pourtant nombreuses.

« En face », dans le camp du capital financier – dans lequel entre parenthèses Delevoye s’est révélé être un pion au service du lobby des assurances –, le dispositif commence à se mettre en place. Après un début de semaine cacophonique et une couverture médiatique pro Macron incomplète, les rangs se sont de nouveau ressoudés ce mercredi. C’est bien sûr parce qu’Édouard Philippe sent que le « front de grève » est tangent qu’il abat quelques cartes de guerre sociale. Il pousse son offensive à tel point que même Laurent Berger de la CFDT rechigne à endosser le costume de Nicole Notat de 1995 ; c’est dire ! Car, ce mercredi, au milieu d’un discours aussi fumeux que d’habitude afin d’avancer masqué comme le veut la tactique adoptée par le pouvoir, le chef du gouvernement a annoncé tout simplement… la retraite à 64 ans ! En dehors de cela, il a tenu des propos lénifiants qui n’engagent pas et le maintien des propositions iniques comme le « point » calculé par un dispositif politique qui peut à tout moment bloquer la hausse indiciaire. Enfin, l’éternelle volonté de diviser, par génération, pour mieux régner est encore une fois à l’œuvre. Le couplet « Cette splendide réforme ne s’appliquera que pour les jeunes nés après 1975 » ne trompe personne. Le pouvoir veut que les quarantenaires et cinquantenaires décrochent de la grève, un point c’est tout !

Nous le répétons : face à ce défi, le « front de grève » doit impérativement s’élargir et se durcir. Les jeunes, premières victimes de la réforme, doivent bloquer les facs et les lycées et venir en renfort des piquets interprofessionnels.

Nous l’avons déjà affirmé et nous persévérons : seule la généralisation de la grève avec occupation des locaux et organisation efficace des piquets de grève peut faire pencher la balance en faveur du peuple, car les temps forts c’est tous les jours !

Seul le verrouillage des ronds-points stratégiques, des raffineries et des entrepôts logistiques peut ralentir suffisamment la production pour devenir dangereux pour la captation des profits capitalistes.

La journée du 12 décembre, qui est dédiée à des initiatives locales et régionales, peut justement servir à étendre le mouvement à la base partout en France, sur les rails mais aussi sur les routes ou encore dans les transports aériens.

Le seul mot d’ordre réaliste et efficace est : « Bloquer, bloquer, bloquer ! »

Vive la grève.

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République et communisme. Un "communisme" pour la France ? 

par ReSPUBLICA

 

Reçu de Jean-Robert FRANCO, photographe (Paris)

Un peu de philosophie politique… Qu’est-ce que le communisme sinon le processus qui doit nous conduire à une toujours plus grande émancipation humaine ?  Notre Pays, la France, a su au XVIIIe siècle provoquer le plus grand bouleversement dans l’histoire de l’humanité, supprimant les privilèges de naissance, proclamant l’égalité en droit, affirmant la liberté et proposant la fraternité.
Malheureusement, une classe dominante remplaçant l’autre, ces principes sont demeurés souvent purement formels. Le « triomphe » même de la Raison et des Lumières s’est surtout effectué sous forme de victoire de la raison instrumentale (sciences et techniques…) mais peu dans la rationalité des rapports humains.
Dans ces conditions il me semble qu’être communiste en France aujourd’hui ne veut rien dire d’autre que de parachever le mouvement de libération humaine, en poussant jusqu’au bout la logique révolutionnaire.

Liberté : oui, mais liberté d’esprits libres, débarrassés des préjugés, informés sur la réalité  du monde, mais aussi doté d’un solide esprit critique pour pouvoir changer dans le monde tout ce qui doit l’être, pour que les femmes et les hommes puissent s’épanouir. Liberté, oui, mais à condition pour chacun de disposer de droits nouveaux d’intervention dans la cité et l’entreprise.

Egalité :  oui, mais pas seulement en droit mais en fait, c’est à dire la possibilité pour chacun de prétendre aux moyens d’avoir une vie libre, d’y effectuer un travail qui lui permettre d’affirmer son identité, sa conscience de soi, son utilité sociale, bref, un travail qui ait un sens et permette d’exercer une possible créativité. Vivre n’est pas survivre !

La Fraternité ne se décrète pas, elle ne s’établira que dans la justice.
Etre communiste aujourd’hui c’est donc, selon moi, tenter de réponse à la question de la République de Platon : qu’est-ce que la justice ?
On ne peut pas dire que rien n’a été fait dans ce sens depuis la Révolution française par les mouvements d’inspiration communiste : droits et protection des travailleurs, sécurité sociale, etc.
Prenons l’exemple de la Sécurité sociale de notre république : c’est la stricte application du principe « à chacun selon ses besoins de santé, de chacun selon ses possibilités de contribution ».  L’ambition communiste aujourd’hui devrait donc être de pousser cette logique jusqu’au bout, en contradiction absolue avec ce que réclame le capitalisme à son stade mondialisé et financiarisé, dans les domaines de la Liberté, de l’Egalité, de la Sécurité, de la Citoyenneté.Liberté : un homme libre est celui dont l’esprit libre et raisonnable lui permet d’exercer dans le monde sa puissance d’être (Spinoza) et de se relier librement aux autres. Cela exige socialement une éducation nationale qui forme chaque citoyen en lui permettant de dépasser certaines inégalités matérielles et culturelles de départ, d’être immunisé contre toutes les formes de régression et d’obscurantisme qui minent encore notre société, d’accéder aux savoirs et à la sagesse nécessaires pour devenir un citoyen libre, et critique, car le propre de l’homme libre est de ne pas se contenter du monde tel qu’il est. Cela exige aussi de disposer de droits nouveaux pour intervenir efficacement dans les différents champs de la société. On voit bien que cette conception s’oppose diamétralement à ce que veut la logique capitaliste : des hommes formatés pour être de simple rouages obéissants du système. La liberté est précisément ce qui peut mettre un terme aux déterminations mécaniques, aux rouages qui nous broient ou nous aliènent, pour aller vers un nouveau commencement, pour être à l’origine de quelque chose de neuf.

Egalité : Il ne peut y avoir d’un côté ceux qui jouissent (souvent de façon primaire) et décident, et de l’autre ceux qui subissent tout en essayant de survivre le moins mal possible. Chacun doit pouvoir disposer de la formation et des moyens matériels compatibles avec une vie digne, libre et enrichissante. Non seulement le développement de notre société le permettrait, mais ce serait la condition même d’un nouveau développement raisonnable et respectueux de la planète.

Sécurité : depuis l’homme des cavernes, les hommes ont besoin de vivre en lieu sûr. Ils ont besoin aussi que la société leur procure solidairement des soins et la protection de leur vie et de leurs biens. Le communisme d’aujourd’hui consiste alors a pousser plus loin le principe de la sécurité sociale dans le domaine de la santé en proposant des soins que permettent les nouvelles technologies, mais aussi dans le domaine du logement. Avoir un toit décent et beau doit être un droit et non un luxe. Ce besoin fondamental devrait essentiellement être assuré par un service public. Nous sommes là à nouveau à l’opposé des « cages à poules » pour la reproduction de la force de travail, comme de la spéculation foncière et immobilière que suppose l’application de la seule loi du marché.

Citoyenneté : la Révolution française a créé le citoyen. Le communisme d’aujourd’hui doit permettre à chacun d’exercer cette citoyenneté dans les faits : dans la cité et ses différents champs de décision, mais aussi dans le logement (un service public du logement traitant les locataires en citoyens et non en clients, ou en assistés) et surtout là ou se crée la valeur, dans l’entreprise. Ce qui veut dire non seulement des droits nouveaux pour les salariés dans le processus de prise de décision, mais une dissociation entre d’une part le salarié, ses compétences, ses revenus et d’ autre part les emplois qu’il est emmené à occuper. Dans cette période de rapides changements technologiques, la réponse communiste est adaptée et doit permettre qu’une nécessaire évolution des activités ne se fasse pas au détriment des travailleurs concernés.  Mais notre moment historique doit être aussi celui d’une sortie progressive du salariat, comme le réclame la révolution numérique et informationnelle, en reliant entre eux des travailleurs  libres. Mais là encore s’opposent deux versions, la version uberisée du capitalisme financier, et la version coopérative de travailleurs libres et associés.  On le voit dans ces quelques exemples, il ne s’agit pas de prétendre appliquer un quelconque modèle étranger à notre histoire, mais de lui donner une suite dans un seul but : l’émancipation humaine, c’est à dire donner à cette folle aventure des hommes sur terre (et un jour ailleurs) un sens qui permettra à la justice de triompher, et à l’idée neuve du bonheur de se répandre le plus largement possible, et pourquoi pas aussi la joie de comprendre enfin le monde.



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