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Chronique d'Evariste
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La dialectique de la lutte des classes a franchi un nouveau cap

par Évariste

 

L’apport du mouvement des gilets jaunes déclenché en novembre 2018 et celui déclenché par la RATP et la SNCF le 5 décembre 2019 ont fait avancer la ligne stratégique du mouvement social après de nombreuses années de recul. De nombreux autres secteurs ont également réussi à déployer une résistance exceptionnelle ou un élargissement de la pratique de masse face aux politiques néolibérales de l’oligarchie capitaliste (mouvement hospitalier, mouvement des enseignants, avocats, opéra de Paris, ouvriers raffineurs, ports et docks, etc. car la liste est longue).

On ne le dira jamais assez : la crise du capitalisme et donc du capital, comme élément central qui explique ce que nous vivons en ce moment, développe en fait une dialectique de lutte des classes entre deux pôles antagoniques, celui de la grande bourgeoisie qui se développe en oligarchie, et celui d’un nouveau bloc historique populaire en construction et non encore finalisé mais qui a le potentiel de rassemblement nécessaire. Ce potentiel constitutif d’un nouveau bloc historique populaire ne peut se réaliser efficacement qu’autour d’une grande majorité de la classe populaire ouvrière et employée (objectivement 53 % de la population française si on la déduit de la classification INSEE) et des couches moyennes intermédiaires (objectivement 24 % de la population française si on la déduit de la classification INSEE). Bien évidemment, cette réalité objective (la classe en soi) doit devenir une réalité subjective (la classe pour soi) pour être pleinement efficace. Car faire partie de telle ou telle catégorie socio-professionnelle n’implique pas que chaque salarié de cette catégorie s’estime en faire partie ou que chaque salarié mesure le pouvoir collectif qu’il peut avoir si la réalité subjective rejoint la réalité objective. Là, l’impératif catégorique de l’éducation populaire refondée liée aux luttes sociales est indispensable mais est malheureusement nié par de nombreuses directions syndicales et politiques. Comme l’enseignement scolaire est indispensable pour la formation du citoyen, l’éducation populaire refondée est indispensable pour la constitution du nouveau bloc historique populaire mais elle doit se déployer massivement et ne pas se satisfaire d’une formation élitiste pour une infime minorité de dirigeants syndicaux et politiques.

Le mouvement des gilets jaunes a permis à une partie significative des ouvriers et des employés qui avaient déserté le mouvement syndical et qui ne votaient plus, et aux couches moyennes en voie de paupérisation accélérée, de se créer en mouvement social et donc de réintégrer la lutte collective.

Le mouvement syndical du 5 décembre 2019 a permis une prise de conscience interprofessionnelle nouvelle pleine de potentialités car soutenue par une large fraction de l’opinion publique. C’est de bonne augure pour la bataille décisive de la nouvelle hégémonie culturelle sans laquelle le vieux monde néolibéral ne peut pas mourir.

Mais nous ne sommes qu’à la croisée des chemins. Car la façon de se mettre en mouvement social est elle-même en crise. Car la persistance des vieilles pratiques bureaucratiques syndicales et politiques perdurent en même temps que naissent les formes stratégiques nouvelles. Et pourtant, les syndicats et les organisations politiques sont indispensables pour prendre le chemin de la victoire.

Nous sommes encore dans l’augmentation du nombre d’organisations syndicales alors que l’idée de la restructuration et la recomposition syndicale nécessaires se déploient dans les discussions. Par exemple, deux nouveaux syndicats à la RATP (la Base et le Rassemblement syndical), décrochage du syndicat des conducteurs SNCF de la CFDT, etc.

Dans les pratiques de lutte, nous venons de vivre deux types de pratique de lutte, celle qui se développe par l’auto-organisation des travailleurs pour le blocage non-violent nécessaire de l’économie et celle de la multiplication frénétique des manifestations « saute-moutons » qui épuisent in fine les citoyens travailleurs car elles n’ont comme débouché que la prochaine manifestation « saute-moutons » avec épuisement final des combattants.

Du côté de l’exigence d’efficacité sociale, une préparation méticuleuse, prévue de longue date, avec éducation populaire refondée en interne, de la grève générale RATP du 13 septembre 2019 et de son passage à la reconductible du 5 décembre 2019 en vue du blocage de l’économie est plus efficace. Avec l’effet boule de neige qui a suivi des cheminots et d’autres professions. Et qui a entraîné une intersyndicale représentant au moins 56 % de salariés (CGT, FSU, Solidaires, FO, CGC) soutenus par des syndicats UNSA et CFDT en désaccord avec leurs directions confédérales face à une autre intersyndicale qui souhaite la cogestion « des petits fours » dans le néolibéralisme qui représente 39 % des salariés (CFDT, CFTC, UNSA). Comme en 1936, comme en 1968, le mouvement est partie d’en bas et non sur la croyance qu’on lance des mouvements d’envergure sur des slogans d’en haut.

Montrer son mécontentement par une simple manifestation, ou par une succession de manifestations de rue sans autre perspective que la manifestation suivante, ne suffit plus à désarçonner la grande bourgeoisie organisée en oligarchie car elle s’est habituée à vivre, sans dommage, ce type de manifestations pulsionnelles. Par le durcissement de la loi sur les grèves, par une répression ciblée et féroce sur les animateurs des luttes, par une formation nouvelle très poussée des DRH et du patronat (eux, ils se forment !!!), par une répression de plus en plus féroce (sortie des blindés de l’armée, utilisation d’armes de guerre, transformation des forces de police de forces censées défendre la volonté générale en supplétifs militarisés de la grande bourgeoisie oligarchique, etc.), par des médias aux ordres dont la quasi-totalité des intervenants sont des spécialistes de la société du spectacle capables de faire semblant de se disputer alors qu’ils sont d’accord sur l’essentiel (les débats télévisuels sont devenus des « jeux du cirque » comme du temps de l’empire romain).

Aucune négociation sérieuse n’est possible aujourd’hui sans la démonstration d’une capacité du blocage de l’économie. Voilà pourquoi le mouvement des gilets jaunes du temps des ronds-points, a obtenu 17 milliards.

Mais, nous avons vu que nous vivions aussi une crise de la direction des luttes (voir la précédente chronique). Il n’y a pas eu coordination et surtout pas synchronisation des luttes entre le mouvement RATP, le mouvement SNCF, le mouvement du secteur chimie en général et des raffineries en particulier, du secteur des ports et docks, du mouvement hospitalier, du mouvement enseignant, du mouvement dans la culture, avec le nécessaire soutien financier immédiat des grévistes par ceux qui, soutenant le mouvement social, mais qui ne faisaient pas la grève. La nécessaire convergence avec les préoccupations écologistes de la jeunesse reste à construire. Par contre les luttes contre les épreuves du bac (E3C) et les mouvements qui se dessinent dans certaines universités peuvent être des occasions de convergence avec une partie de la jeunesse.

Nous avons vu aussi que la faiblesse de l’interprofessionnel (UL, UD et confédération) est préjudiciable dans la période pour la nécessaire éducation populaire refondée et pour la coordination des luttes et surtout la synchronisation des luttes. Cette faiblesse ne vient pas que des « directions nationales» des syndicats. Elle est parfois d’ailleurs encore plus forte au sein d’équipes syndicales locales, combatives, mais enfermées dans leurs préoccupations locales. Cela doit nous questionner. Car l’avenir réside dans le développement de l’auto-organisation des travailleurs par le bas avec de vraies assemblées générales démocratiques (et non d’assemblées bureaucratiques manipulées) mais nous avons, en même temps besoin d’une coordination des luttes, d’une meilleure synchronisation des luttes et donc d’une refondation du syndicalisme interprofessionnel. Comme pour le mouvement des gilets jaunes (malgré les « assemblées des assemblées »), le « mouvement du 5 décembre » manque cruellement d’une centralisation minimum de la base du mouvement. La question d’une coordination nationale pour la défense des retraites doit être réfléchie par tous les grévistes et leurs soutiens. Ce comité national de la lutte est indispensable pour mener cette lutte prolongée qui est devant nous, pour la faire vivre, pour la rythmer et l’orienter, mais aussi pour faire exister le débat politique au sens plein du terme et in fine pour vaincre à la fin. L’État compte sur une dilution du mouvement, œuvrons au contraire à sa coordination et à son unité. Cette question est d’actualité car même si la longue grève reconductible est terminée, le mouvement contre le projet néolibéral des retraites du gouvernement garde du potentiel et peut rebondir s’il est capable de répondre aux conditions de ce redéploiement ici et maintenant.

Les intervenants de notre Réseau sont au service de la campagne de débats nécessaires qui s’ouvre sur toutes les questions qui tournent autour du thème « Et maintenant, que faire ? » et qui inclue la réflexion critique sur les lignes stratégiques et bien sûr l’articulation nécessaire de la « double besogne » des revendications immédiates d’une part et du modèle politique à construire d’autre part.

Alea jacta est

 

Brèves
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Après 7 mois et 4 jours de lutte : levée du piquet Chronopost d’Alfortville

Communiqué du CTSPV (Collectif des travailleurs sans-papiers), de SUD PTT et Solidaires 94 le 16/01/2020

par Collectif

 

En lutte depuis le 11 juin 2019, vingt-six travailleurs sans-papiers mobilisés et en grève devant l’agence Chronopost d’Alfortville ont obtenu leur régularisation avec autorisation de travail auprès de la Préfecture du Val-de-Marne.

Les dossiers des nombreux travailleurs sans-papiers d’autres entreprises, qui ont soutenu la lutte des Chronopost depuis des mois, ont été déposés en préfecture. La vigilance, la mobilisation et la solidarité restent entières concernant leur situation.

Le piquet devant l’agence Chronopost Alfortville a été levé ce jour.

Ces régularisations signent une victoire obtenue contre des employeurs (La Poste, sa filiale Chronopost, le sous-traitant Derichebourg, Mission Intérim) qui ont toujours refusé d’assumer leurs responsabilités, niant l’existence même de ces travailleurs qu’ils exploitent, tous complices dans un système de sous-traitance en cascade bien rodé.

Ce résultat est un encouragement à la lutte et à l’action collective pour tous les travailleurs victimes de ces méthodes d’exploitations par des patrons sans vergogne, y compris au sein des entreprises dépendant de l’État.

Ces régularisations sont le fruit de la mobilisation et de la ténacité exemplaire des travailleurs engagés pendant 220 jours dans ce combat pour obtenir leur droit au séjour, au travail et au respect de leur dignité.

Elles sont aussi le fruit de la mobilisation des nombreux soutiens présents sans relâche à leurs côtés, syndicalistes, associatifs, forces politiques, élu-e-s du Val-de-Marne ou nationaux, en particulier du Conseil départemental 94 et d’Alfortville.

Economie
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L'ABC de la dette contre les peuples

par Eric Toussaint

 

Nous reprenons ici l’introduction de l’article « L’ABC de la dette contre les peuples », la suite est à découvrir sur le site Internet du CADTM (Comité pour l’abolition des dettes illégitimes).

 

La Grèce des années 2010 montre comment un pays et un peuple peuvent être privés de liberté à cause du remboursement d’une dette clairement illégitime. Depuis le 19esiècle, de l’Amérique latine à la Chine en passant par Haïti, la Grèce, la Tunisie, l’Égypte et l’Empire ottoman, la dette publique a été utilisée comme arme de domination et de spoliation (Toussaint, 2017). Au bout du compte, c’est la combinaison de l’endettement et du libre-échange qui constitue le facteur fondamental de la subordination d’économies entières à partir du XIXe siècle. Les classes dominantes locales se sont associées aux grandes puissances financières étrangères pour soumettre leur pays et leur peuple à un mécanisme de transfert permanent de richesses des producteurs locaux vers les créanciers qu’ils soient nationaux ou étrangers.

Contrairement à l’idée reçue, ce ne sont généralement pas les pays endettés périphériques qui provoquent les crises de la dette souveraine. Ces crises éclatent d’abord dans les pays capitalistes les plus puissants ou sont le résultat de leurs décisions unilatérales qui entraînent par ricochets des crises de grande ampleur dans les pays périphériques endettés. Ce n’est pas l’excès de dépenses publiques qui amène la dette à des niveaux insoutenables, mais plutôt les conditions imposées par les créanciers locaux et étrangers. Les taux d’intérêt réels étaient abusivement élevés et les commissions prélevées par les banquiers étaient particulièrement élevées. La conséquence était évidente : les pays qui s’endettaient n’étaient pas en mesure de rembourser leurs dettes. Ils devaient constamment recourir à de nouveaux emprunts pour rembourser les anciens. Et quand ils n’y arrivaient pas, les puissances créancières avaient le droit de recourir à une intervention militaire pour se faire rembourser.

Les crises de la dette et leur dénouement sont toujours pilotés par l’action de grandes banques des principales puissances économiques et par les gouvernements qui les soutiennent.

Au cours des deux derniers siècles, plusieurs États ont répudié avec succès des dettes en arguant qu’elles étaient illégitimes ou odieuses. C’est le cas du Mexique, des États-Unis, de Cuba, de la Russie, de la Chine ou du Costa Rica. Les conflits autour du paiement de la dette ont donné lieu à l’élaboration de la doctrine juridique de la dette odieuse qui est toujours d’actualité.

C’est la combinaison de l’endettement et du libre-échange qui constitue le facteur fondamental de la subordination d’économies entières à partir du XIXsiècle.

 



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