n°930 - 20/04/2020
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Face à « l’inanité sonore » de l’État, le peuple doit entrer en action !

par Évariste

 

« Abolie bibelot d’inanité sonore », Mallarmé décrivait son poème comme « un sonnet nul… se réfléchissant de toutes les façons », bref une « forme fermée sur sa forme » écrivait-il à son éditeur.

 

La prestation du 13 avril du président de la République pourrait en être une illustration par sa pauvre déclamation. Elle marque une étape nouvelle dans la dégénérescence de la sphère politique française. Plus de trente minutes de glose lénifiante écoutée avec attention par 38 millions de Français confinés. Deux éléments surnagent de cette mauvaise prose : le confinement devrait durer jusqu’au 11 mai et les enfants seront les premiers déconfinés. Trente secondes pour ces deux annonces au cours de 31 minutes de cours de morale donné par un mauvais maître de CE1.

 

Du Covid-19 au 49.3 sur les retraites

Tout remettre à plus tard, c’est-à-dire au 11 mai, est simplement la conséquence du premier trimestre calamiteux que nous venons de vivre. Sans masque, ni matériels sanitaires suffisants, sans tests, sans hôtels médicalisés de confinement pour malades peu gravement atteints, sans zonage précis des lieux à confiner pour longtemps, etc. rien n’était possible de toutes façons. Les mauvaises décisions de janvier, février et de début mars se payent aujourd’hui comptant et imposent… un mois de pause supplémentaire pour bâtir enfin un plan et faire venir les masques ou les fabriquer, masques considérés il y a peu comme inutiles !

C’est toute la Macronie, aréopage politique improbable et sans envergure, qui en est responsable. Si nous ne pouvons qu’imaginer (aisément) à quoi pensaient Griveaux ou Buzyn, nous savons par contre avec certitude ce qui préoccupait Philippe fin février. Le conseil des ministres extraordinaire consacré au Covid-19… accoucha du 49.3 sur la « réforme » des retraites ! La cerise gâtée de ce gâteau empoisonné fut un premier tour électoral en plein confinement, entraînant des millions de déplacements dans toute la France des « mal inscrits » (par exemple, ceux qui votent dans la commune de leurs parents) ou « bien inscrits » mais dans la commune de leur résidence secondaire, et bien sûr la diffusion du virus dans les bureaux de votes dépourvus de masque, de gants ou de gel.

 

Une mise en danger des enfants ?

Alors que l’on ne connaît encore presque rien de ce coronavirus (le séquençage complet de son ADN ayant moins de deux mois et demi), le président propose le retour des enfants en classe et dans les cours de récréation à partir du 11 mai. Des premières constatations sur le passage de ce type de virus dans le système nerveux central ou son impact dans certains cas sur le système immunitaire devraient inciter à la plus grande prudence, en particulier pour les jeunes qui ont la vie devant eux. D’ailleurs, l’Ordre national des médecins, organisation proche de l’État s’il en est, s’est retrouvé dans l’obligation de s’opposer à cette mesure dangereuse pour la santé publique de la jeunesse. Quant au « comité scientifique » mis en place par la présidence de la République, il n’a curieusement rien à dire sur cette décision1.

Dans cette allocution du 13 avril, les mesures dangereuses se mêlent à des décisions incohérentes comme par exemple l’annonce, sur un ton martial, du maintien du blocage des frontières… hors de l’Europe, alors même que le principal foyer de la pandémie se trouve justement… en Europe (Italie, Espagne, Royaume-Uni, Belgique).

 

Silence sur les EHPAD comme sur les décès de la canicule de 2003

Le dernier point, et le plus douloureux, est le fait que le président, toujours fier de lui-même tel une « forme fermée sur sa forme » comme disait le poète, laisse supposer que notre système de santé a tenu le coup sans faire de sélection. Nous savons que nombre de malades en EHPAD ont été laissés à eux-mêmes, entraînant un ravage qui approche aujourd’hui plus de 9 000 morts. La décence aurait été de dire la vérité et d’annoncer une commission d’enquête parlementaire… Mais en France on fait silence comme ce fut déjà le cas lors de la canicule meurtrière de la décennie précédente.

Ce triste constat sur la gestion par l’État de la pandémie depuis le début de l’année, propulsant notre pays à la quatrième place de la planète en terme de morbidité, doit nous instruire sur l’avenir : le deuxième et troisième trimestre seront dans la lignée du premier ! Ce dispositif politique, cet exécutif présidentiel, n’est tout simplement pas « à la hauteur » de la période historique que nous vivons. N’en déplaise au ministre Le Maire, il n’y aura pas de « sauvetage » de l’économie après un déconfinement qui s’annonce déjà fort chaotique. Car les conséquences économiques vont être redoutables et certainement aggravées par un gouvernement en retard perpétuellement sur une bonne décision, ou, le plus souvent, prenant plutôt la mauvaise.

 

Sortir de la torpeur car le rapport de force est favorable

Il est donc indispensable pour le pays que le peuple français sorte de sa torpeur et prenne son autonomie par rapport a «  l’inanité » de l’État. Pour cela, il faut que ce peuple, et d’abord son aile marchante c’est-à-dire les classes populaires prennent conscience de leur force ! Après trente ans de défaites sociales, cet élément subjectif est certainement des plus compliqués ! Pour cela, il nous faut regarder le camp d’en face, et la réalité est là : le rapport de force objectif est favorable comme il ne l’a jamais été depuis les années 1970. Trois éléments concrets justifient cette affirmation. Tout d’abord le fait que le pouvoir décide le chômage partiel au lieu d’imposer, comme dans la majorité des pays développés, le chômage tout court, à savoir 88 % du salaire plutôt que 55 %. Ensuite, la prise de position du groupe LREM pour suspendre la « réforme » des retraites, cette casse méthodique aux profit des assurances. Enfin, la décision d’accorder une prime de 1 000 à 1 500 euros aux fonctionnaires actifs pendant le confinement, ainsi d’ailleurs que des primes plus modestes pour les foyers en difficulté. À moins de croire à l’immense bonté d’âme du Capital, ces « reculades à froid » révèlent en fait une trouille gigantesque, reprise d’ailleurs par les services de renseignements policier !

Comme nous l’avons souvent dit dans Respublica, le fait d’avoir eu 15 mois sans discontinuer de guerre de classes entre le mouvement des « gilets jaunes » et le combat pour la défense des retraites, est un incroyable atout par rapport aux autres pays développés. En effet, le patronat et le gouvernement français ont très peur d’un mouvement social renaissant qui, certes n’a pas vaincu, mais n’a pas été défait en rase campagne. Le « phénix » de la Révolution française a de nouveau rougeoyé sous les cendres un certain 17 novembre 2018 sur les ronds-points. Il faut donc lever ce premier barrage, la défiance des classes populaires dans leurs propres forces. Il faut redonner confiance !

 

Aux salariés de contrôler la protection sanitaire

Le second point, qui est d’ailleurs dialectiquement lié au premier, est d’imposer d’abord  le « contrôle populaire sanitaire » pour demain marcher vers une « gestion populaire » des conséquences de la crise.

Ce « contrôle populaire sanitaire » connaît déjà des prémisses comme on l’a vu dans la réaction des travailleurs d’Amazon bien guidés par le syndicat SUD de l’entreprise et de la direction de sa fédération du commerce. Mais prenons un autre exemple : si le port du masque est une mesure positive, comme toutes les données l’indiquent depuis trois mois, pourquoi les mettre que le 11 mai et non pas tout de suite ? Les travailleuses et travailleurs des grandes surfaces et de la logistique n’ont pas à risquer d’être contaminés aux caisses ou dans les rayons, ils doivent imposer le port du masque obligatoire, même en tissu, pour tous les clients entrants, sinon le magasin doit être fermé immédiatement  ! Et que dire des usines ou des chantiers, le déconfinement doit se faire dans la sécurisation parfaite, sinon pas de reprise à la va-vite qui conduirait les employés à l’hôpital. Les salariés doivent contrôler leur protection sanitaire partout !

Contrôle populaire sanitaire et gestion populaire

Ce contrôle populaire sanitaire doit construire la base d’une « gestion populaire » s’étendant de proche en proche et constituant ce que nous appelons un « double pouvoir » face à l’État. Les mois qui viennent seront ceux de la crise financière et monétaire avec la tentative de faire « payer les pauvres » ! Le mouvement social doit être à l’offensive pour prendre en main le plus possible le cours des événements. Plutôt que d’attendre passivement les consignes de l’État, le mouvement populaire devra gérer la pénurie qui s’annonce sur le base les plus justes et égalitaires possibles. Soyons clair, si une dynamique n’est pas enclenchée maintenant dans le camp populaire, le capital rejettera comme un noyau de cerise « l’inanité sonore » Macron qui l’aura bien servi mais qui est presque au bout de son utilité pour les intérêts de l’hyper bourgeoisie. Il sera brusquement remplacé par une régime autoritaire de répression brutale.

Rien n’est joué car rien n’était prévu. Faisons en sorte que l’initiative et l’audace du peuple travailleur aient le dernier mot et qu’enfin le dispositif d’exploitation soit « aboli » !

 

1 Un certain nombre des médecins qui « pérorent » sur les écrans sont en conflit d’intérêt. Dès à présent, sans attendre les résultats de commissions d’enquête, il serait nécessaire de connaître les sommes qu’ils touchent des labos pharmaceutiques, pas toujours personnellement mais aussi au profit de leur service de recherche (voir Sanofi et l’IHU Méditerranée du Pr Raoult).
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Emmanuel Macron invoque « les jours heureux » ? Chiche !

par Henri Pena-Ruiz

 

Dans sa quatrième allocution depuis le début de la crise du coronavirus, ce lundi 13 avril, Emmanuel Macron en a appelé au retour des  « jours heureux », en référence à l’intitulé du programme du Conseil National de la Résistance. Une conversion crédible ? [Une chronique intempestive initialement paru dans Marianne].

 

Les jours heureux… L’intitulé du programme du Conseil National de la Résistance (15 mars 1944), repris par le Président de la République, inaugure-t-il un tournant politique radical ? On aimerait bien le croire, tant la crise actuelle ébranle de fond en comble le monde comme il va, ou plutôt comme il allait, c’est-à-dire très mal. Que penser du discours ambiant et de sa mise en scène politique par le Président ? « Il y aura un avant et un après… Cette fois ci, on a compris et tout va devoir changer. Plus jamais çà ! » Il contraste avec le programme néo-libéral dont Denis Kessler avait indiqué le but en octobre 2007 : « Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ».

Le premier de cordée, lui, semble faire amende honorable, et changer de héros. Les petites mains des sans grade sauvent quotidiennement leurs patients, pour un salaire dérisoire, en raison inverse de leur dévouement. Infirmières et aide-soignantes, applaudies par le peuple, s’entendent promettre des lendemains qui chantent. On redécouvre leur rôle humain et social, à rebours des égoïsmes lucratifs.

« DUR AUX PAUVRES, AUX RICHES S’ATTENDRIT »

Une conversion crédible ? Depuis plus de deux ans le président d’avant, « dur aux pauvres, aux riches s’attendrit » (Ruy Blas aux « ministres intègres »). Avec Madame Buzyn, il a écarté sans états d’âme les avertissements du monde médical qui disaient la grande misère des hôpitaux publics, l’insuffisance dramatique de leurs lits et de leurs moyens. Il a réduit l’impôt de solidarité sur la fortune en même temps que les droits des travailleurs et l’allocation-chômage, et voulu une réforme régressive des retraites. Mais voilà qu’il se réinvente… Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 (article premier) : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ».

Plaît-il ? Macron sans-culotte ? Il vient de promettre « la santé gratuite, délivrée de la loi du marché ». Maintenant, il appelle à revaloriser les plus bas salaires. Bientôt peut-être il rétablira le code du travail qui avait forcé le capitalisme à se civiliser. Peut-être va-t-il également restaurer l’ensemble des services publics, démantelés au nom de la « concurrence libre et non faussée » chère à l’Europe de Jean Monet. Ce même Jean Monet prétendait que la paix requiert le capitalisme imposé à tous les peuples. Faire l’Europe par l’économie… en oubliant le social, réduit à un supplément d’âme facultatif. Le bonheur c’est toujours pour demain…

 

FRÉNÉSIE DE PROFIT

On rêve… Mais réveillons-nous ! Le souvenir d’un passé proche nous interdit toute illusion. Les dires d’un bavard masquent l’essentiel et taisent la cause première de la détresse actuelle : la logique d’un système qui n’a cure de l’intérêt général, dont le minimum serait la souveraineté sanitaire. Pourquoi sinon, depuis vingt ans, avoir délocalisé la fabrication des masques, des respirateurs, des bouteilles d’oxygène médical, des médicaments, dans des pays lointains, sans souci des stocks stratégiques dont dépend la santé de la population ? Pourquoi avoir aliéné la prévision et la prévention, la recherche fondamentale, en même temps que la souveraineté politique de la France en matière économique, donc sociale et sanitaire ?

En jouant la géographie contre l’histoire, le capitalisme mondialisé veut s’affranchir des droits sociaux que les luttes ouvrières l’ont forcé à concéder. Le coût dérisoire du travail d’un prolétaire du tiers monde, quasi esclave, est une aubaine pour une frénésie de profit qui n’épargne pas les moyens matériels de la médecine et des soins. L’argent n’a pas d’odeur. La finance internationalisée est indifférente aux finalités sociales de l’économie. Elle montre l’inanité de la métaphore de la main invisible chère à Adam Smith. Il n’est pas vrai qu’en visant leur intérêt personnel, les capitalistes servent l’intérêt général. Pas plus d’ailleurs qu’au moment de la première révolution industrielle, quand les conditions de travail mutilaient les ouvriers faute de carters de protection sur les machines et réduisaient leur espérance de vie à 50 ans. Le résultat des injonctions européennes est connu : au début de la pandémie, la France manquait de presque tout : masques, respirateurs, lits d’hôpitaux en soins intensifs.

 

NON-DIT DE TAILLE

Il y a donc un impensé, et un non-dit de taille, dans le discours présidentiel : quelle est la cause structurelle non de la pandémie, mais de notre relative impuissance devant ses ravages ? Deux décennies d’abandon des services publics, des capacités hospitalières, et la logique marchande de la tarification à l’acte ne sont pas pour rien dans la situation que nous vivons. Remarquons que l’Allemagne, si souvent citée en exemple de l’orthodoxie financière qui a martyrisé la Grèce, a su pour sa part préserver ses grands laboratoires pharmaceutiques, et s’est bien gardée de délocaliser ses industries médicales. Que n’avons nous fait de même !

Alors, que sera « le monde d’après » ? Ne laissons surtout pas le système se remettre en place à l’identique ! Les égards de Monsieur Le Maire pour les entreprises, et leurs échos dans le discours présidentiel, sont de mauvais augure pour la suite. Ils ne doivent pas compromettre la rigueur de la lutte contre la pandémie. Est-il vraiment nécessaire que Toyota recommence à fabriquer des voitures, quand les routes et les rues sont désertées ? Prévision ? Mais il est dramatique que celle-ci n’ait pas prévalu pour les stocks stratégiques de masques et de respirateurs. M. Macron, en réouvrant les écoles le 11 mai, veut-il vraiment lutter contre les inégalités sociales, ou libérer les travailleurs de leur progéniture pour faire redémarrer la machine à profit ? Une telle réouverture, du point de vue médical, est insensée voire irresponsable, car il est bien connu que les établissements scolaires sont de redoutables incubateurs. Il faut espérer qu’elle sera abandonnée au regard du risque qu’elle ferait courir.

ÉTAT SOCIAL DE DROIT

Le souci de l’économie avancé par les ministres qui sont aux ordres du Medef est scandaleux dès lors qu’il compromet la lutte contre le Covid-19. L’économie et la santé ne sont pas opposables, et il est invraisemblable que l’on songe à les comparer, alors qu’ils s’agit de deux choses incommensurables. Mon collègue André Comte-Sponville insiste pour rappeler que la mort est mêlée à la vie, et que c’est ainsi. Certes, mais qui le nie ? Le vrai sujet, c’est la mort qui survient alors que dans de nombreux cas elle pourrait ne pas survenir si la politique publique de santé n’était pas privée des moyens nécessaires. Or elle l’est, du fait du néolibéralisme, qu’obsède la « réduction de la dépense publique », donc des cotisations sociales indûment rebaptisées charges.

M. Macron semble découvrir les vertus de ce qu’il appelle l’État-providence mais il se trompe de vocabulaire. Il serait plus juste de parler d’État social de droit. Car les droits sociaux ne relèvent pas d’une manne providentielle tombant du ciel comme dans les tableaux de Poussin. Ils mettent en jeu des cotisations sociales paritaires, avec réciprocité des droits et des devoirs. Tel est le sens de la Sécurité Sociale mise en place à la Libération par le ministre communiste Ambroise Croizat, qui en fit un outil de redistribution solidaire et de salaire différé. Lui substituer une « protection sociale » financée par l’impôt serait une régression, ardemment désirée par le patronat pour alléger ses « charges » en se soustrayant à la cotisation sociale.

QUI ASSISTE QUI ?

Rappel. Lors de la crise de 2008, « l’horreur économique » d’une finance aussi folle qu’irresponsable était déjà sur la sellette, de même qu’une mondialisation démente, noyée dans les eaux glacées du calcul égoïste et bénie par Attali comme par Minc. Le même discours de refondation nécessaire, tant des fins poursuivies que des moyens mis en œuvre, a été tenu alors… et suivi de lendemains qui déchantèrent. Très vite l’ordre néo-libéral fut réinstallé. Monsieur Sarkozy sauva les banques avec l’argent de l’État, alors que le néolibéralisme de l’École de Chicago (Milton Friedmann et Frédéric Hayek) refuse toute intervention de la puissance publique dans la vie économique ! Qui assiste qui ?

En France, la vraie droite et la fausse gauche ont continué à démanteler les services publics, à délocaliser les productions là où le coût du travail est moindre, quelle que soit leur importance vitale pour la nation. Masques, médicaments, respirateurs, sont fabriqués aux antipodes. Le temps court et l’immédiat, régis par l’impérieuse loi du profit, priment sur le temps long et la prévision, comme sur les exigences de la santé publique. « There is no alternative ». La dame de fer transforme ainsi un vœu de classe très marqué en loi fatale, pour le plus grand bien des profiteurs.

 

BESOIN D’UN ÉTAT STRATÈGE

Rappelons quelques-uns des retournements opérés dès que les sueurs froides des dernières crises ont été oubliées. Les tares de la mondialisation, auparavant travesties en mérites indépassables, ont été mises à nu, et rendus bien visibles… les distances abolies par le fret aérien ou maritime, la division internationale du travail exacerbée jusqu’à la désertification industrielle de notre pays, la suppression des stocks ou leur dévolution aux noria de poids lourds qui sillonnent les routes en polluant et en gaspillant l’énergie, avec en parallèle le despotisme du flux-tendu, le turn-over des emplois précarisés pour coûter moins cher, ont été dénoncés avec force, comme le creusement abyssal d’inégalités proprement écoeurantes. La loi du marché décrite dans le film éponyme de Stéphane Brizé a été exhibée dans sa froide cruauté mais aussi dans son irrationalité et dans son inhumanité.

Aujourd’hui, au cœur de la tragédie traversée, nombre de personnes se projettent dans un autre monde, le monde d’après, qui serait comme le négatif photographique de notre monde immonde. Circuits courts de proximité, relocalisations des ressources et des usines essentielles, réinvention d’un rapport maîtrisé à la nature, réhabilitation d’une authentique souveraineté populaire, refondation d’une politique de prévention et de sécurité sanitaire par la production nationale et le stockage des matériels nécessaires à la santé publique. Mais aussi mise en place d’approvisionnements sûrs car à l’abri des spéculations ou des abandons coupables… Tout cela requiert un État stratège non d’experts qui ne doivent régir que les moyens, mais de politiques animés par des finalités inséparablement humaines, écologiques, et sociales. Bref, de nouveaux « Jours heureux » en perspective. Une telle refondation ne naîtra pas spontanément, car le rapport de forces entre dominants et dominés devra pour cela être renversé. C’est ce renversement politique, plus certainement que les propos en forme de vagues promesses de M. Macron, qui rendra possible un tel avènement. Il y a du pain sur la planche…

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Chansons dé-confinées…

par Philippe Barre

 

Nous vous proposons des chansons pour accompagner votre confinement et aussi pour préparer dès maintenant le déconfinement…

 

Chanson confinée, Éric Charles (musique Renaud). C’est un copain, syndicaliste, animateur de comité de grève etc. : https://vimeo.com/407272513

Chorales des canulars. Pourtant vous verrez que c’est très sérieux… :

https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/080420/la-complainte-du-virus-chorale-des-canulars-chanson

Fous ton masque, Max !, Pascal Genneret. Quand l’humour vaut mieux que tous les discours… : https://youtu.be/90HbUzGasXE

HK, le chanteur à qui nous devons – entre autres – On lâche rien et qui est présent dans nos manifs, quitte à annuler certains de ces concerts, nous livre La fin du moi, le début du nous : https://youtu.be/f0LyWVeiklA

Grand corps malade nous offre là un slam engagé dont il a le secret… : https://youtu.be/4UX6Wsr8GMU

Quarantaine de Gauvain Sers. Moins radical que d’autres mais toujours poétique… : https://youtu.be/xl3oWZ0Q_gw

HK : Pour Les Autres. Et toutes les personnes qui soignent chaque nuit, chaque jour : https://www.youtube.com/watch?v=mektwQ2rFOM



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