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Combat social, combat laïque, l’écologie en embuscade ?

par Jean Claude Boual

 

La gauche n’est pas seulement éclatée, elle est sans projet, sans utopie, sans travail ou recherche pour sortir de l’ornière dans laquelle elle s’est mise. Confrontée à un paysage politique et idéologique plus complexe que l’opposition binaire gauche/droite, elle s’avère incapable de proposer une politique qui réponde aux aspirations des populations et notamment des couches populaires qu’elle considère disparues du paysage social et politique pour se consacrer uniquement aux couches petites-bourgeoises urbaines, auto-proclamées « éduquées ». Aussi, le courant républicain, universaliste, issu des Lumières se trouve sans représentation politique et sans organisation.

Les Lumières sont aujourd’hui réinterrogées parce que les promesses d’émancipation, de liberté, d’égalité, de fraternité ne seraient pas advenues mais au contraire la colonisation, le « racisme systémique » en seraient ses enfants. Elles sont au mieux présentées comme « un projet inachevé », voire comme un échec car elles n’ont pas tenu leurs promesses, l’émancipation individuelle étant un mythe.

Les dérèglements climatiques, la chute de la biodiversité, l’épuisement des ressources naturelles engendrés par un système économique prédateur dont le seul objet est d’obtenir le profit maximum le plus rapidement possible par tous les moyens à disposition accentuent les inégalités sociales au niveau mondial et dans les sociétés. Les rapports sociaux et à la nature s’en trouvent modifiés en profondeur sans une conscience nette dans les populations car les effets concrets sont différés ; ce qui favorise à la fois la procrastination sur les dispositions à prendre, toutes les démagogies et le développement de pensées et solutions magiques.

Le courant républicain universaliste, en but de façon classique à la droite et à une extrême droite démagogique dont l’idéologie complaisamment relayée par beaucoup de médias et reprise par une partie de la droite de gouvernement se diffuse dans toute la société, doit aussi s’affronter aux plans idéologique et politique à une partie de « l’extrême gauche » et une partie d’elle-même qui ont abandonné la lutte de classe et l’émancipation pour des luttes essentialistes basées sur la race, le genre, la victimisation, la repentance, la religion.

L’incompréhension de la mobilisation des « Gilets jaunes » de la part de la « classe politique » à gauche, des médias, y compris ceux se réclamant alternatifs, comme des partis de gauche et des organisations syndicales et associatives quasiment sans exception, peut s’analyser comme emblématique de la coupure des forces de gauche et de ces organisations avec les couches populaires. Cette mobilisation sociale, porteuse de revendications et d’exigences précises sur le pouvoir d’achat, contre des taxations abusives, sur les services publics, la dignité, autant de thèmes classiques des mouvements sociaux depuis des siècles, n’a pas été comprise et a été abordée avec suspicion et mépris, parce qu’il ne s’agissait pas des couches sociales traditionnellement dans les luttes sociales et que leurs modes d’action étaient atypiques. Cela illustre à la fois la méconnaissance de la société d’aujourd’hui par les forces de gauche et leur soumission idéologique aux analyses de la bourgeoisie (l’oligarchie) au pouvoir. C’est d’autant plus remarquable que les « gilets jaunes » ont été capables dans leur majorité d’intégrer les questions climatiques et écologiques à leurs revendications en refusant d’opposer « la fin du mois et la fin du monde » ; même si l’expression « fin du monde » est sujette à caution. Ils ont dans la pratique et par l’action remis la question sociale au centre du village(1)Voir : Dix thèses à propos des « Gilets jaunes », dix thèses pour les associations, dix contre-thèses à propos du macronisme, par Jean-Claude Boual, décembre 2018, éditions Collectif des associations citoyennes..

La laïcité aussi est contestée, souvent par les mêmes. Issue d’un long combat pour la liberté de pensée et la liberté de conscience, pour les libertés individuelles et collectives, la liberté de croire ou ne pas croire, consacrée par la séparation des Églises et de l’État, elle est un acte de souveraineté et d’indépendance de l’État vis-à-vis des religions et réciproquement des religions vis-à-vis de l’État. Elle est à la fois un acte et un principe de liberté avec un caractère universel indéniable car elle est applicable dans tout pays qui se réclament des droits humains et de l’État de droit, notamment dans des sociétés qui se sécularisent. Or, la sécularisation est un long phénomène multiséculaire qui touche aujourd’hui toutes les sociétés dans le monde entier, sans exception. C’est bien pour ses caractéristiques de liberté absolue, de liberté de conscience et d’universalité qu’elle est constamment remise en cause et attaquée par les religieux de toutes obédiences qui veulent imposer leur domination sur les sociétés. L’histoire conflictuelle entre l’État républicain et l’Église catholique doit être rappelée à ce sujet, car elle démontre, contrairement à ce que prétendent les tenants de « l’islamophobie », qu’il ne s’agit de stigmatiser ni les musulmans, ni la religion musulmane. Paradoxalement, dans ce monde en voie de sécularisation, dans lequel toutefois les religions subsisteront, la laïcité, parce qu’elle assure la liberté de conscience à chacun, est la meilleure garantie de pouvoir exercer sa religion sans discrimination pour ceux qui le souhaitent comme de n’avoir aucune religion. L’État est neutre au regard des religions, de toutes les religions ; la théologie n’est pas son affaire. Ferdinand Buisson peut alors affirmer que l’État républicain est souverain et seul souverain, l’individu est absolument libre dans ses options spirituelles, les Églises sont libres comme toute association qui respecte la loi. Délivré de la tutelle de l’Église catholique et de toutes les Églises, l’État républicain peut alors assurer la pleine souveraineté du corps politique des citoyens, dont une des expressions les plus abouties sera la création de la Sécurité sociale en 1945 avec un mode de gestion dans lequel le citoyen/producteur était l’élément central.

Les laïques ont cru naïvement et trop longtemps que la laïcité était définitivement installée dans notre pays. Ils ont sous estimé les batailles qui la sapaient depuis au moins la fin des années 1980. Certains de ses promoteurs et défenseurs traditionnels l’ont relativisée et ont promu l’idée d’accommodements « raisonnables » avec ses adversaires. Elle est aujourd’hui instrumentalisée par toutes les droites et notamment l’extrême droite qui se sont engouffrées dans le vide idéologique créé et s’en sont faites formellement les « meilleurs défenseurs », alors qu’historiquement elles l’ont toujours combattue. Certes, les vieux réflexes ressurgissent parfois comme avec la « manifestation pour tous » à propos de la loi sur le mariage des homosexuels, mais ça ne change pas la vision que les médias dominants donnent de la question. Le baiser de la mort en fait. Chaque fois que les laïques baissent la garde, chaque fois que les institutions de la République tergiversent et font des « accommodements raisonnables », à chaque opportunité quand le rapport de force leur semble favorable, les organismes religieux de toutes obédiences relèvent le défi (souvent concomitamment) et se mobilisent pour essayer d’imposer, même partiellement, la loi divine.

Le débat sur la laïcité, quelles qu’en soient les formes – port des signes religieux dans l’espace public, « islamo-gauchisme », extrémismes religieux… – dans lesquelles trop d’organisations politiques et associatives se réclamant de la gauche se sont perdues, donne une idée du marasme et des impasses où elles se sont engluées. Marasme reposant sur une série de thèses : intersectionnelles, le racisme systémique, la branchitude, la suprématie et les privilèges blancs, le décolonialisme victimaire et repentant, la culture « woke », la culture d’effacement, le « féminisme décolonial » et l’écriture dite à tort « inclusive » qui segmentent la société, divisent et égarent les luttes sociales dans des impasses.

En se qui concerne l’articulation du social, de l’écologie et de la laïcité, la ou les ruses, la partie de poker menteur ne se limitent pas à la culture « woke » et consorts, de nouveaux « concepts » font leur apparition régulièrement. Par exemple, Greenpeace vient d’entrer dans l’ère des permaconcepts, avec les notions indéfinies de perma-consult, perma-leader, perma-organisation, perma-juice, perma-RH, permanagement, permamanagement, permaéconomie, permentreprise(2)Cf notamment : Sylvain Breuzard, président de Greenpeace France depuis 2012 : La PERMAENTREPRISE- Un modèle viable pour un futur vivable inspiré de la permaculture, illustré par Étienne Appert, mars 2021 ; ainsi que « La permaentreprise » de Nadia Marty article sur son blog coachingnouvellegeneration ; ou La permaéconomie, Emmanuel Delannoy éditions wildproject 2016, et édition de poche 2021., etc.

Aussi, la nécessité d’un combat global, intégrant les questions sociales et laïques est plus que jamais d’actualité. Déjà dans les années 1900, Jean Jaurès soulignait que la République serait laïque et sociale ou ne serait pas. Nous y sommes aujourd’hui à nouveaux confrontés. Encore faut-il prendre le social dans toute sa dimension et sa véritable acception, l’économie doit être au service du social et non l’inverse, comme ont réussi à nous le faire admettre avec trop de succès les « économistes distingués », le patronat et les gouvernements. Aussi faut-il intégrer aujourd’hui l’économie dans le social et y inclure les questions climatiques et écologiques, tant les dégâts occasionnés par le système économique dominant – le capitalisme – sont en passe de reconditionner les conditions de vie de l’humanité sur la seule planète qui nous héberge.

Sans prétendre faire le tour de la question et encore moins apporter des solutions qui ne peuvent que découler d’un processus démocratique éclairé, je voudrais amorcer le débat de façon laïque, c’est-à -ire en évitant autant que possible les pensées magiques, les dogmes néolibéraux, écologiques ou « de gauche », et partir des fondements, c’est-à-dire l’utilisation de l’énergie.

 

Le problème de l’énergie

La question de l’énergie est centrale dans tout développement humain. Toutes les révolutions agricoles et industrielles se sont produites à partir de l’utilisation de sources d’énergie de plus en plus performantes. L’humanité est passée progressivement de l’énergie humaine, à la maîtrise du feu, à l’énergie animale, à l’énergie hydraulique et éolienne, puis à l’énergie du carbone, d’abord le charbon avec la vapeur, puis le pétrole et le gaz et enfin l’énergie nucléaire et la bioénergie plus récemment. Chaque fois, le saut s’est effectué à partir de découvertes technologiques et/ou scientifiques. Les 2/3 de la croissance des trois décennies d’après guerre s’expliquent mécaniquement par le simple afflux d’énergie fossile.

L’électricité qui semble appelée à être l’énergie d’usage dominant en raison des dérèglements climatiques est une énergie dérivée d’énergies primaires (hydraulique, éolienne, solaire, carbone ou nucléaire). C’est une énergie fabriquée car nous ne savons pas capter l’énergie électrique de la nature. C’est une énergie technologique qui demande un appareil industriel sophistiqué, donc fragile avec intervention humaine permanente. Dans tous les cas, la production d’énergie se heurte aux lois de la physique, notamment de la thermodynamique (l’entropie). Il est illusoire, voire trompeur, de croire ou faire croire qu’il peut exister une « énergie propre », exempte de transformation de la matière. Même si nous arrivons à la « neutralité carbone », les transformations qu’impliquent la production de l’énergie que nous utilisons ne sont pas sans conséquences sur la nature, les écosystèmes, l’environnement, le climat. Elles auront aussi d’importantes répercussions dans le domaine social avec des risques d’inégalités encore accrus ainsi que sur l’organisation sociale, politique et les rapports sociaux entre individus et les rapports collectifs.

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Aujourd’hui, l’électricité représente 25 % de la consommation totale d’énergie pour notre pays, dont 71 % produite à partir de l’énergie primaire nucléaire. Les 75 % de consommation autre sont de l’énergie carbonée (pétrole, gaz, charbon). Il est question, pour sortir des énergies carbonées d’ici 2050 comme le prévoient l’Union européenne et la loi française, d’augmenter l’usage de l’électricité en la produisant à partir d’énergies primaires « renouvelables », éolien terrestre et maritime, photovoltaïque, essentiellement. Cette « électrification » de notre société touche pratiquement de très nombreux secteurs d’activités, les transports avec le développement de la voiture électrique et des transports collectifs, la numérisation à marche forcée, les télécommunications, le retour du chauffage électrique, la réindustrialisation souhaitée. Même la production d’hydrogène verte, à partir de l’électrolyse de l’eau, présentée comme l’énergie d’avenir, ne peut se faire sans électricité. Certes, le KW/h le plus écologique est celui qui n’est pas consommé, donc pas produit, mais il est plus probable que l’augmentation des usages de l’électricité va entraîner une augmentation de sa consommation et donc de sa production. En 2019, la production d’électricité était de 538 TWh, les prévisions pour 2050 sont de 650 à 700TWh, soit une augmentation de plus du tiers ; ce qui implique des milliards d’euros d’investissements dans les infrastructures et ne représenterait que 50 % de l’approvisionnement en énergie du pays. Ce qui laisse une part importante aux énergies fossiles quoi qu’on en dise.

Les process de production, donc la richesse créée, sont aussi très dépendants du type d’énergie utilisée. Il est évident que sans électricité il ne peut y avoir d’automatisation dans l’industrie, la numérisation de nombreuses activités ne peut se faire et certaines productions industrielles sont impossibles.

La mobilisation des « gilets jaunes » a démarré sur une question de taxe sur l’essence, soit sur l’énergie. Le prix de l’électricité ne cesse d’augmenter, des chèques énergie sont attribués aux personnes les plus pauvres et l’on parle de « précarité énergétique » dans toute l’Union européenne. Nous voilà au cœur des questions sociales.

L’approche religieuse des questions énergétiques qu’ont beaucoup trop d’écologistes, en ne prenant pas en compte les contradictions et le fait qu’il n’y a pas de solution univoque et sans inconvénients tant sur le plan social qu’environnemental, climatique ou de la biodiversité, ne permet pas de dégager des axes politiques et des politiques publiques qui permettent d’affronter les questions que rencontrent nos sociétés. La cristallisation de désaccords au sein de la gauche et des écologistes sur le nucléaire reflète en fait ce manque d’approche rationnelle et laïque sur l’énergie dans son ensemble. Il n’est donc pas possible de dégager, au-delà de toute considération de programmes et de personnes, une vision de société commune. L’énergie étant à la base du développement de nos sociétés, un consensus minimum sur son utilisation est indispensable pour tout projet de société. De fait, le capitalisme s’est développé sur un consensus implicite sur l’utilisation successive des différentes formes d’énergie primaire dont il est fait état au début de ce texte.

Pour une part essentielle l’avenir de l’humanité est donc conditionnée par l’utilisation et l’usage de l’énergie, car c’est elle qui est à la base de toutes les activités humaines, agriculture, industrie, transports, services, numérique, téléphone… rien ne peut se faire sans dépense d’énergie. Les rejets de gaz à effet de serre (CO2, NH4, sauf pour les ruminants,…) sont tous liés à l’utilisation de l’énergie sous une forme ou une autre.

La théorie économique dominante, quasi-exclusive, veut que le progrès technologique soit la principale source de la croissance économique et des gains de productivité. Il est évident que ce sont les progrès scientifiques et technologiques qui ont permis les passages d’une énergie à une autre plus performante. Mais ces progrès doivent être corrélés à leur dimension énergétique et à l’utilisation de plus en plus d’énergie en liaison avec leur extension. Les gains de productivité de l’industrie sont historiquement tous dus aux passages d’une énergie à une énergie plus performante, avec un volant de gain d’efficacité d’un siècle environ pour chaque mode énergétique. Nous sommes au bout des gains du passage à l’énergie électrique carbonée (produite à partir du pétrole, du gaz après le charbon). C’est ce qui explique les très faibles taux de progression de la productivité dans les pays développés. La dernière « révolution énergétique » a atteint ses limites. Contrairement à ce qui est trop hâtivement affirmé, le numérique n’est pas de ce point de vue une révolution technologique majeure pouvant apporter de nouveaux gains de productivité : en cinquante ans il n’a pas tenu les promesses que les économistes avaient annoncées. Il n’y a pas de paradoxe de Solow(3)Robert Solow, prix « Nobel d’économie » 1987, qui observait que l’on voyait des ordinateurs partout sauf dans les statistiques de productivité., mais simplement un phénomène physique, l’entropie qu’ignorent les économistes atterrés ou non. Le numérique est certes une technologie nouvelle qui modifie en profondeur les relations humaines, voire les rapports sociaux, la pandémie de la Covid-19 est là pour nous le démontrer avec l’extension quasi-illimitée des rencontres virtuelles (par Zoom et autres services), la prolifération du « télétravail », mais ce n’est pas une révolution industrielle capable d’apporter de nouveaux gains de productivité. Comme les fausses bonnes idées ont la vie dure, la 5G devrait enfin donner « un coup de fouet pour la productivité »(4)Article de Maya Bacache, professeure de sciences économique à l’institut interdisciplinaire de l’innovation (i3), Telecom Paris. sous trois conditions : i) la 5G peut(5)Souligné par moi, JCB. être la technologie de rupture qui permet de catalyser l’ensemble des autres innovations, ii) la 5G est une innovation de réseau et non d’usage,iii) la 5G porte une promesse d’amélioration directe de la productivité du capital. Deux promesses hypothétiques qui prolongent celles non tenues du numérique signalées plus haut et trois affirmations plus ou moins contestables. Comment la 5G pourrait-elle catalyser l’ensemble des innovations, comme si une seule technologie pouvait englober toutes les autres. L’innovation de réseau et non d’usage ne change rien aux questions énergétiques, au contraire, la 5G aura besoin d’électricité pour fonctionner et sa consommation va augmenter avec le développement du réseau et des usages en découlant. La « productivité du capital » exception faites des formes diverses de spéculation et d’évasion fiscale n’est jamais due qu’au travail qui seul crée de la richesse.

Il convient à ce stade de préciser que, depuis la crise de la financiarisation des économies, l’augmentation du PIB de la France, désindustrialisation aidant, est dû essentiellement à la spéculation financière et à la spéculation foncière et immobilière.

Par contre, la 5G et la numérisation vont servir à contrôler encore plus les personnes, régimes « démocratiques » et régimes autoritaires compris. Sujet que le combat laïque et social devra aussi traiter tant les libertés collectives et individuelles ne peuvent s’épanouir qu’avec la justice sociale et la laïcité. Comme toujours ce contrôle social s’effectue sur les couches populaires en priorité, et fini par toucher tout le monde.

 

Le climat, l’écologie, l’environnement

Les travaux du GIEC nous montrent que les rejets des gaz à effet de serre ont considérablement augmenté depuis le début de la révolution industrielle, soit les 150 dernières années, et que cette augmentation est d’origine anthropique, due à l’activité humaine. Le climat s’en trouve perturbé, avec une augmentation des températures moyennes de 1,5° celsius, et nous sommes sur une trajectoire de 4 à 6° celsius avant la fin du siècle si nous poursuivons sur la lancée actuelle. Les conséquences de cette élévation des températures moyennes font l’actualité : fonte de la calotte glacière, des glaciers en haute montagne, du permafrost, étés caniculaires de plus en plus fréquents, incendies monstres et de moins en moins maîtrisables, précipitations et inondations de plus en plus fréquentes, ouragans et cyclones plus puissants et plus nombreux… etc. ; la biodiversité en subit aussi les conséquences tant pour la flore que pour la faune.

Les autorités publiques prennent des décisions martiales et de plus en plus spectaculaires pour des horizons plus ou moins lointains. Ne pas dépasser les 2° d’augmentation moyenne des températures terrestres à la fin du siècle et, si possible s’en tenir à 1,5° mais sans obligations pour la COP 21 lors des accords de Paris en 2015. Or, les 1,5° sont déjà dépassés ! L’ Union européenne a pour objectif la « neutralité carbone » : c’est-à-dire ne pas rejeter plus de CO2 que la nature peut en absorber pour 2050. Elle vient, afin d’atteindre cet objectif, de fixer la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % par rapport à 1992 en 2030. La France s’est alignée sur ces objectifs.

Pour bien comprendre ce que cela signifie concrètement pour chacun d’entre nous, il n’est pas inintéressant de ramener cet objectif, fixé technocratiquement et qui ne parle pas et ne soulève pas de question parce que trop global, à ce qu’il signifie au niveau individuel.

Chaque français rejette selon les sources entre 10 000 et 11 500 tonnes de CO2 par an. Ce tonnage comprend toutes les sources, le CO2 produit sur le sol français et le CO2 importé. Pour atteindre la neutralité carbone, il faut descendre à 2 000 tonnes par an par personne (à population constante). Soit une diminution de 80 % en 30 ans ce qui implique une diminution de 5 à 6 % par an. Voilà qui est beaucoup plus concret et parlant que les chiffres globaux et pose la question autrement que l’affirmation péremptoire que la neutralité carbone en 2050 est possible avec les énergies renouvelables, sans le nucléaire.

En attendant, les rejets de CO2 et gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter d’année en année. Malgré les décisions de réduction des gouvernements ou de l’Union européenne jamais les objectifs fixés ne sont atteints et plus le temps passe, plus les objectifs en matière de limitation de l’augmentation de la température, fixés lors de la COP 21 en 2015 paraissent inatteignables.

 

Les comportements et propositions

Il ne s’agit pas ici d’analyser les positions et propositions des différents courants de la société civile, ni celles des partis politiques qui aujourd’hui s’auto-déclarent tous écologiques et ont tous leurs solutions miracles pour résoudre les problèmes. Il ne s’agit pas non plus d’entrer dans le débat sur les solutions techniques et industrielles proposées : la voiture électrique est-elle une bonne solution du point de vue écologique compte tenu de son bilan global environnemental, les éoliennes sont-elles une solution écologique à la question énergétique en raison de leurs conséquences sur l’environnement, les paysages, la biodiversité avifaune, la pollution des sols avec les socles qui mobilisent chacun 1500 tonnes de béton et sont indestructibles, les pales non recyclables et donc enterrées polluant à nouveaux la terre, etc. ? Les exemples pourraient être multipliés. Ces débats sont nécessaires et démontrent que les solutions mises en œuvres pour agir sur les dérèglements climatiques comme sur les dégradations des sols, des forêts, de la biodiversité, de l’eau, de l’air, de la mer et tenir compte de la limite des ressources n’ont rien d’évident et que ceux qui s’aventurent à affirmer que « nous savons ce qu’il faut faire » sont souvent bien présomptueux. Le GIEC lui-même se garde bien de donner des solutions, il alerte sur une situation qu’il a scientifiquement analysée et donne à voir aux décideurs pour qu’ils… décident.

Aujourd’hui, « on ne désespère plus Billancourt ». Ça fait longtemps que l’usine est démolie et que les terrains sont l’objet de spéculation, mais on « désespère les nouvelles générations ». Il faut donc affirmer que l’on a les solutions. C’est d’autant plus urgent que le discours dominant est que nous sommes entrés dans la décennie décisive et que, si les mesures ne sont pas prises au cours de cette période, nous sommes fichus. Pour une part, les « jeunes générations » considèrent que se sont les générations antérieures qui sont la cause des malheurs d’aujourd’hui ; elles se seraient contentées de « consommer et jouir sans entraves »(6)Le discours de Greta Thunberg, icône des médias de complaisance est fortement teinté de cette idéologie mortifère qui oppose les générations. sans se préoccuper des conséquences de leurs actes sur le climat, les ressources naturelles, la biodiversité…

La posture dominante est la poursuite des modes de production et de consommation antérieurs en « verdissant » le discours et en promouvant des objectifs à atteindre dans dix, vingt, trente ou quarante ans en votant des lois qui sont parfaitement compatibles avec le système capitaliste le plus prédateur, en s’abritant, si besoin, derrière des « amuse citoyens » du type de la Convention citoyenne sur le climat initiée par E. Macron. Faire semblant de tout changer pour continuer comme avant selon le théorème de Tancrède dans le Guépard de Guiseppe Tomasi di Lampedusa.

Venons-en aux deux idéologies et comportements en question.

I – Poursuivre comme avant en « verdissant ». L’ Union européenne a décidé avec son « Pacte vert » en 2020, la neutralité carbone en 2050, avec une diminution des émissions de CO2 de 55 % en 2030. La France s’est alignée sur ces objectifs. Pour reprendre les propositions de la Convention citoyenne le gouvernement a fait adopter la loi dite « Climat et résilience » que les membres de la Convention analysent comme une trahison de leur travaux et des promesses que le Président de la République leur avait faites. De leur côté, les associations environnementales et les partis politiques de gauche et écologistes estiment les dispositions de la loi très en-deçà des exigences minimales pour lutter contre les dérèglements climatiques. Chaque formation politique décline alors la liste à la Prévert des mesures indispensables qu’elle préconise, qu’elle n’a jamais mis en œuvre quand elle était au gouvernement et qui, le plus souvent, soulèvent autant de problèmes qu’elles en résolvent.

Les plans de relance suite à la crise sanitaire due à la Covid-19 sont tous tournés vers « l’offre » c’est-à-dire vers l’aide aux entreprises, la croissance, les investissements dans le pétrole et le gaz sont toujours aussi importants, les solutions industrielles dites de la transition écologique sont toutes sujettes à caution comme la voiture électrique ; la spéculation financière et la spéculation immobilière et foncière sont toujours les moteurs de l’économie. La recherche du profit maximum, le plus vite possible est toujours le cœur de l’activité économique, la course aux innovations dans le numérique (5G, les nouveaux smartphones… mais aussi numérisation frénétique de toutes les activités humaines possibles) en sont la démonstration. Le glyphosate est interdit mais avec des dérogations et partiellement, certains néonicotinoïdes sont interdits, mais des nouveaux parfois encore plus nocifs pour l’environnement et les insectes sont autorisés etc.

Le comble de cette politique prédatrice de ressources rares basée sur la publicité pour créer des besoins de plus en plus artificiels sources de profits est sans doute le « tourisme dans l’espace » développé par Richard Branson avec Virgin-Galacit, Elon Musk avec Spacex et consorts . Tourisme qui est toujours présenté comme répondant à un désir (besoin) de milliardaires puisqu’il y a une demande de voir la terre de l’espace, désir montré en modèle de comportement et de consommation auxquels « nous aspirons tous » et que nous pratiquerions si nous en avions les moyens financiers.

II – Les restrictions pour les personnes. Deux propositions légèrement différentes sont mises en avant.

L’instauration d’une « comptabilité matière/énergie » avec des quotas individuels, plafonnés démocratiquement par référendum, diminuant jusqu’à obtenir la neutralité carbone et l’équilibre entre l’utilisation des ressources et leur renouvellement(7)Mesure 4 du livre de Dominique Bourg . Gauthier Chapelle. Johan Chapoutot. Philippe Desbrosses. Xavier Richard Lanata. Pablo Servigne. Sophie Swaton :   Retour sur Terre. 35 propositions, Puf, mai 2020.. Sans entrer dans les détails, les auteurs expliquent : « Il s’agirait de plafonner démocratiquement, les consommations d’énergie/matière […] De tels plafonnements pourraient être mis en place non seulement pour les achats directs d’énergie, mais pour tous les produits; chaque produit serait marqué d’un « prix » en énergie/matière, et chaque achat serait reporté sur un compte personnel […] Sans de tels plafonnements absolus et non négociables, il est impossible de faire baisser les émissions sur un territoire donné autrement qu’en laissant le marché déterminer le prix des consommations « hors quota » (nous refusons les quotas individuels échangeables. ».

La deuxième proposée par « Les assises du climat » initiées par des « personnalités » autour de la Fondation pour le progrès de l’homme (FPH) avec des représentants des institutions européennes (Parlement, Commission) et d’institutions nationales comme l’Ademe début 2021 consiste à mettre en place des quotas individuels de carbone, avec réduction de 5 à 6 % par an pendant 30 ans , avec une « bourse carbone » pour échanger des parts de carbone, créant ainsi « une deuxième monnaie carbone », afin de passer de 11000 tonnes de carbone émis par chacun en 2019 à 2 000 tonnes en 2050 pour obtenir la neutralité carbone, objectif fixé arbitrairement par les instances communautaires. Les restrictions de la demande se feraient automatiquement chaque année « sous la responsabilité des citoyens, la seule possible face aux urgences sur le climat » mais avec une gouvernance technocratique, afin d’éviter que les alternances politiques puissent remettre en cause le processus. La neutralité carbone atteinte, les restrictions et les quotas devront subsister pour que les rejets ne repartent pas à la hausse.

Dans ces deux propositions, la responsabilité de la lutte contre les changements climatiques est renvoyée sur les individus. C’est la demande qui créera l’offre, les gens n’ayant plus les moyens d’acheter les produits à fort impact de gaz à effet de serre, les entreprises ne les fabriqueront plus. C’est faire fi, un peu naïvement des rapports de force et du fait qu’en économie capitaliste c’est l’offre qui précède la demande. Le marketing et la publicité sont les premiers et plus efficaces vecteurs de l’idéologie capitaliste consommatrice en créant des besoins toujours nouveaux en fonction de l’offre nouvelle induite par la recherche de l’avantage concurrentiel et du monopole. Ils envahissent toutes les activités humaines, non seulement l’économie dans son ensemble, mais aussi la santé, l’éducation, la recherche, les arts sans exception, le domaine associatif. Ils sont en forte expansion dans la mesure où aujourd’hui tout doit devenir marchandise, y compris les relations humaines. Rien ne porte à penser que l’inversion se ferait et que la demande créerait l’offre par le miracle de décisions technocratiques, même argumentées par des objectifs climatiques, alors qu’elles augmenteraient les inégalités, déstructureraient les sociétés comme jamais, que les couches populaires comme toujours seraient les premières à en faire les frais, et qu’elles provoqueraient des révoltes incontrôlables.

Que dire de cette analyse ?

Nous savons que l’attitude dominante aujourd’hui du verdissement de l’économie capitaliste ne répond à aucun des défis auxquels nous sommes confrontés, que ce soit sur le plan social (ce n’est pas nouveau), des libertés ou de écologie et, qu’a contrario, elle augmente et aggrave toutes les difficultés. Certes, la conscience qu’il faut donc changer augmente, notamment dans les jeunes générations, mais le rapport des forces est encore ultra-favorable au système capitaliste tant au plan national, européen que mondial. Certes, de plus en plus de mobilisations portent sur les questions climatiques, mais l’articulation avec la lutte de classes est encore insuffisante ; souvent elle est même rejetée, ce qui conforte le « greenwasching ».

Les deux propositions visant à instaurer des quotas et des restrictions à perpétuité, ont au moins le mérite de montrer concrètement l’ampleur des problèmes auxquels nous sommes confrontés face aux dérèglements climatiques et d’entrevoir les conséquences sociales, politiques, économiques, éthiques que nous devons affronter. Par leur caractère technocratique et a-démocratique, elles soulignent aussi la méthode à ne pas employer ; les citoyens sont des personnes adultes, capables de débattre sur les questions les plus complexes et d’en déduire les conséquences.

Pour les forces militantes il est urgent aussi de dépasser les débats sclérosants en voulant imposer de force (par une forme de sectarisme totalisant) le point de vue de sa minorité aux autres minorités et à la majorité. L’avenir des combats à mener, n’est pas dans l’intersectionnalité, le « racialisme », le « différentialisme », la culture « woke » ou la « cancel culture », l’accusation permanente de son voisin et la victimisation dans la récrimination, le « féminisme décolonial » etc., mais dans l’articulation entre les injustices sociales, économiques et l’insoutenabilité écologique. Il s’agit d’introduire l’écologie dans la lutte de classe dans toutes ses dimensions. C’est pourquoi combat social, combat laïque, combat écologique sont non seulement indissociables mais ne peuvent se mener que dans le même mouvement, doivent être pensés ensemble et faire l’objet de la même lutte. Pour utiliser une image écologique ils forment le même écosystème de luttes.

Il est clair encore aujourd’hui que le rapport de force est en faveur du capital et que la trajectoire dominante est le verdissement, plus ou moins foncé selon les options politiques, de nos modes de production et de consommation afin d’assurer la croissance, mantra des économistes et indispensable au système pour perdurer. Nous assistons même à une forme de fuite en avant avec les projets fous de la géo-ingénierie du climat, modification de l’albédo, injection de sels marins dans les nuages, injection d’aérosols stratosphériques, réflecteurs en orbite etc, qui relève plus de la catégorie de « apprentis-sorciers » que de la science, mais peuvent être source de profits avant catastrophe.

Le capitalisme peut assimiler, intégrer, digérer pratiquement toute les mesures préconisées aujourd’hui par les partis et associations qui se revendiquent de l’écologie. Les mesures listées par la Convention citoyenne sur le climat sont à ce sujet un bon exemple. La longue liste des 149 propositions, égrainées sectoriellement, même appliquées toutes « sans filtre » améliorerait, certes, la situation environnementale dans beaucoup de domaines, mais nous maintiendrait dans la trajectoire du « greenwashing » et du « socialwashing », quand ce n’est pas dans la trajectoire de la casse des conquis sociaux par les luttes syndicales et politiques. Il n’y a pas de « bifurcation » avec ces propositions.

La seule mesure qui impactait les conditions d’exploitation des salariés et remettait en cause l’extraction, certes partielle mais réelle, de la plus-value du travail, à savoir la réduction du temps de travail à trente-deux heures, combattue par le patronat et les économistes mainstream, a été retirée par la Convention sous la pression des « garants », avec comme argument que la Convention allait se « discréditer » si elle retenait cette proposition. Affirmer, comme le fait Yannick Jadot et beaucoup « d’écologistes », que l’écologie est compatible avec le marché, soit dans les conditions actuelles le capitalisme prédateur, est non seulement une incongruité, mais implique l’acceptation de son « verdissement » et du « business as usual » sans changement réel de trajectoire. Cela implique aussi la priorisation des questions « sociétales » sur les contradictions sociales et de classes.

Il est clair aussi que le capitalisme actuel peut assimiler l’interdiction du glyphosate, l’arrêt de certains aménagements tels l’aéroport de Notre-Dame-des-landes ou Europacity, la gratuité des transports pour les usagers, le plafonnement du trafic aérien pour les grands aéroports, le recyclage des déchets et une économie « circulaire » qui par ailleurs seront source de profits et bien d’autres mesures sectorielles de cette nature. Il résistera toujours le plus possible, jusqu’à l’inversion du rapport de force partiel. Il peut même les assimiler toutes, dégager toujours plus de profits et conserver sa position sociale. Ça ne veut pas dire que ces mesures sont inutiles et qu’il ne faut pas les mettre en œuvre ; dans tous les cas elles amélioreraient considérablement la situation. Il est donc indispensable de se battre pour leur application mais dans le cadre de ce que les syndicalistes de la CGT de 1906 appelaient dans la Charte d’Amiens « la double besogne », c’est-à-dire les mesures immédiates pour améliorer les situations concrètes sans perdre de vue les transformations plus fondamentales pour l’émancipation collective et individuelle.

L’effort à faire pour formaliser politiquement l’«écosystème» combat social/combat laïque/combat écologique est colossal tant sur le plan théorique, que dans la pratique militante quotidienne. Nous vivons aussi avec une floraison d’initiatives locales qui recherchent la transition concrètement avec des solidarités nouvelles mais très localisées. Beaucoup de ces initiatives sont articulées autour de quelques personnes, d’un groupe qui, quand il se disperse, emporte avec lui l’initiative, quelle que soit la forme juridique utilisée. Bien que dispersées, même si elles sont de plus en plus documentées, ces initiatives relèvent bien de la recherche de modes de vie plus respectueux de l’environnement vers une transition en cours. Les travaux sur les communs dans leur diversité et parfois dans leurs contradictions et utopies relèvent aussi de ces recherches. Mais est-ce bien à la hauteur des enjeux ?

L’histoire n’est pas écrite, les rapports de force ne sont jamais figés définitivement, ils sont en évolution constante. Il relève donc des individus, de la société civile, des organisations citoyennes dans leur diversité dans le débat, avec rigueur et sans complaisance de s’atteler à les modifier.

 

Notes de bas de page

1 Voir : Dix thèses à propos des « Gilets jaunes », dix thèses pour les associations, dix contre-thèses à propos du macronisme, par Jean-Claude Boual, décembre 2018, éditions Collectif des associations citoyennes.
2 Cf notamment : Sylvain Breuzard, président de Greenpeace France depuis 2012 : La PERMAENTREPRISE- Un modèle viable pour un futur vivable inspiré de la permaculture, illustré par Étienne Appert, mars 2021 ; ainsi que « La permaentreprise » de Nadia Marty article sur son blog coachingnouvellegeneration ; ou La permaéconomie, Emmanuel Delannoy éditions wildproject 2016, et édition de poche 2021.
3 Robert Solow, prix « Nobel d’économie » 1987, qui observait que l’on voyait des ordinateurs partout sauf dans les statistiques de productivité.
4 Article de Maya Bacache, professeure de sciences économique à l’institut interdisciplinaire de l’innovation (i3), Telecom Paris.
5 Souligné par moi, JCB.
6 Le discours de Greta Thunberg, icône des médias de complaisance est fortement teinté de cette idéologie mortifère qui oppose les générations.
7 Mesure 4 du livre de Dominique Bourg . Gauthier Chapelle. Johan Chapoutot. Philippe Desbrosses. Xavier Richard Lanata. Pablo Servigne. Sophie Swaton :   Retour sur Terre. 35 propositions, Puf, mai 2020.
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Dans quelle crise sommes-nous ? n°13

par Philippe Hervé

 

Note de la Rédaction :

Voir dans la Librairie militante du site  la compilation des chroniques de 2009 à 2019 parues dans ReSPUBLICA sous forme d’ouvrage, ainsi que  le n°11 et le n°12, pour les deux dernières années.

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 « La crise c’est quand le vieux se meurt
et que le jeune hésite à naître. »
Antonio Gramsci

La Covid-19, qui a causé des millions de morts à travers le monde, en particulier dans les pays développés de l’OCDE, a eu un effet de remise à niveau générale. Certains « grands prêtres », à la suite de Klaus Schwab, patron du Forum de Davos, ont même parlé de « réinitialisation ». En fait, en cette année 2021, nous constatons surtout une incertitude historique. Jamais n’a été aussi pertinente la citation de Gramsci que nous avons mise en exergue de notre série d’articles depuis treize ans… Oui, « le jeune monde hésite à naître » ! Nous sommes arrivés au moment où nos hypothèses initiales, émises dès 2009, date de notre première édition, deviennent réalité : la fermeture du pli historique ouvert au XVIe siècle et la fin définitive du capitalisme de marché. Ainsi, deux possibilités étaient théoriquement ouvertes : soit l’émergence d’un nouvel âge du capitalisme que l’on commence à nommer « capitalisme numérique », soit une sortie révolutionnaire de ce mode de production… Nous semblons nous orienter vers la première branche de cette alternative… pour le moment, et sans présager aucunement de l’avenir.

Limites du capitalisme assisté et capitalisme de contrôle

Pour la bourgeoisie financière mondialisée, le danger était pourtant énorme. Son pouvoir pouvait être remis en cause par son incapacité à gérer les conséquences de l’implosion du dispositif financier et boursier lors de la crise dite des subprimes Lehman de 2007-2008. Le système fut touché à la tête par une sorte d’AVC bancaire. En fait, cette crise n’a jamais connu de résolution. Une batterie d’expédients, extrêmement dangereux à terme sur le plan monétaire, a été mise en place pour simplement gérer au jour le jour les conséquences de la banqueroute par l’injection massive de liquidités (quantitative easing). Bref, la fausse monnaie a chassé la vraie ! Ces expédients ne pouvaient durer toujours. La mise en place d’un « capitalisme assisté », par ce que nous nommions le grand radiateur monétaire (injection de liquidités par le haut et soustraction d’une masse monétaire plus ou moins équivalente par érosion des prestations sociales et dévalorisation des biens communs, par le bas), a trouvé ses limites.
La contestation sociale pouvait renverser l’ordre financier, à l’instar du mouvement des « gilets jaunes » en France. Dans cette conjoncture, la pandémie est arrivée comme une « divine surprise » pour la bourgeoisie mondialisée. Certains penseurs de la gauche radicale, en particulier en Italie, prophétisent la victoire définitive d’un « capitalisme de contrôle », disposant de tous les atouts pour réduire l’ensemble des contestations du système d’exploitation. Cette vision d’un pessimisme noirâtre est fausse. La réalité est une contradiction dialectique permanente : plus l’ordre du Capital développe son contrôle, plus il suscite une opposition et une prise de conscience de son injustice érigée en système. La mise en place de ce « capitalisme de contrôle » est une usine à fabriquer des soulèvements et à produire des consciences anticapitalistes.

Pendant la pandémie, la lutte des classes continue, surmultipliée

Il est vrai que la crise sanitaire que nous traversons devait rester sous contrôle de la classe dominante… et c’est bien le cas, jusqu’à aujourd’hui. Les différentes bourgeoisies nationales ont réussi partout à garder le contrôle de la situation, sauf peut-être dans quelques pays latino-américains. La lutte de classe, moteur de l’histoire, continue en période de guerre ou de pandémie mais sur un rythme surmultiplié. Or, complètement sidérées par la situation sanitaire, les couches populaires n’ont pas pu prendre leur autonomie, même partiellement, en créant un double pouvoir, c’est-à-dire en prenant en main la lutte sanitaire contre la pandémie, sauf au Chili semble-t-il. Les contraintes liées au coronavirus tueur ont été admises, faute de mieux, y compris lorsque ces mesures décidées par les gouvernements étaient absurdes ou reflétaient une désorganisation crasse… notamment en France.

Cela dit, tentons de résumer la situation liée à la pandémie Covid-19 et d’en dégager les facteurs d’oppression et les facteurs de soulèvement. Il s’agit bien d’une contradiction fondamentale. La source de cette opposition entre oppression et révolte se trouve dans la dialectique contradictoire du développement des forces productives et des rapports de production. Laissons la parole à Karl Marx, car cette citation éclaire exactement de la période historique que nous traversons :

« Dans la production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté ; ces rapports de production correspondent à un degré donné du développement de leurs forces productives matérielles. L’ensemble de ces rapports forme la structure économique de la société, la fondation réelle sur laquelle s’élève un édifice juridique et politique, et à quoi répondent des formes déterminées de la conscience sociale. Le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale, politique et intellectuelle. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. À un certain degré de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en collision avec les rapports de production existants. » (Préface de la Contribution à la critique de l’économie politique,1859)

La pandémie réorganise la composition organique des forces productives

Tout est dit, car la tension entre ces deux pôles, forces productives et rapports de production, a évolué et s’est renforcée comme jamais. Illustrons avec un exemple relatif à l’innovation et à la production, donc à l’évolution des forces productives : il n’a fallu que quelques mois pour créer, expérimenter et produire des vaccins efficaces. Un processus qui prend entre cinq et dix ans en période « normale ». Encore plus fort, la vaccination par ARN messager semble être la plus efficace. Cette application du principe de l’ARN messager ouvre des perspectives immenses, en particulier en matière de lutte contre le cancer. C’est un exemple parmi d’autres car l’ensemble de l’économie high-tech connaît une explosion depuis une quinzaine de mois. Il est clair que la pandémie réorganise la composition organique des forces productives et, par là même, la nature de l’extorsion de la plus-value.

La fin de l’économie de bureau et des bullshits jobs ?

Sur le plan des rapports de production, l’évolution du télétravail ouvre par exemple des perspectives de rebonds de productivité et de réduction des coûts justement dans la plupart des secteurs high-tech, moteurs des profits capitalistiques de demain. « L’économie de bureau », c’est-à-dire le travail posté dans des vastes espaces organisés et surtout financés par l’entreprise, appartient-elle au passé ? Microsoft vient d’annoncer qu’un tiers de ses employés en Recherche et Développement ne retourneraient plus au bureau… car ils n’en auront plus ! Se dégage un autre élément important de la conjoncture : la dégénérescence des bullshit jobs (« job à la con » en français) comme le regretté penseur David Graeber avait conceptualisé ces activités professionnelles parfaitement inutiles. En fait, ces « occupations rémunérées », ineptes et vides de sens, ne constituent pas une forme fondamentale de l’extorsion de la plus-value et de sa transformation en Valeur. La généralisation des bullshit jobs est due à la mondialisation et à la création d’un atelier du monde en Chine, qui ont entraîné la fermeture massive de sites industriels dans nombre de pays développés du premier monde. Cette allocation à l’inutilité pour préserver l’alliance de classe entre bourgeoisie et classes moyennes est un poids financier que le capital n’est plus prêt à payer en période de « vaches maigres » et de réorganisation complète de la chaîne de création de valeur. L’alibi du télétravail et la fermeture d’espaces bureautiques vont accélérer la liquidation de ces activités assez proches du chômage déguisé, qui ne servaient qu’à maintenir la paix sociale.

Dernier élément d’évolution des rapports de production, les secteurs archaïques ou sans valeur stratégique comme la restauration, le tourisme, les casinos ou les discothèques reviennent à leur véritable nature d’activités périphériques ou carrément parasitaires.

Ainsi, la réorientation du développement des forces productives, dont le réseau Internet est le média central, et l’adaptation indispensable des rapports de production vont créer une formidable vague de bouleversement humain et de contestation sociale et politique.

Le désespoir gagne les classes moyennes

Nous constatons d’ailleurs les premières prémisses de cette contestation, qui peut d’ailleurs se transformer dans quelques pays en une situation « ingouvernable ». En effet, cette modification des rapports de production induit une rupture du bloc bourgeois. Jusqu’à présent, la bourgeoisie monopoliste mondialisée et la bourgeoisie moyenne nationale des différents pays pouvaient compter, bon an mal an, sur le soutien de la piétaille de la petite bourgeoisie et surtout des classes moyennes. La limitation et la « délocalisation intérieure » par le télétravail et aussi la liquidation progressive des bullshit jobs provoquent une implosion progressive des classes moyennes. D’ailleurs, le désespoir les gagne et des symptômes apparaissent. Nous observons en Europe un véritable effondrement de la natalité dans ces couches sociales intermédiaires, de manière assez similaire à ce qui s’était passé en URSS dans les années 1980.

La monnaie, clé de répartition du profit

Toutefois, avant de poursuivre sur la question sociale, nous devons obligatoirement faire un détour par la question monétaire. Car en période de mutation fondamentale, celle-ci devient la question principale et l’indicateur des rapports de forces entre classes sociales bien sûr, mais aussi entre différentes fractions du Capital, tant au niveau mondial que national. Enfin, la question monétaire est un indicateur objectif du rythme de la crise et de son évolution.

Car il faut bien comprendre le rôle de la monnaie. Chez Marx, dans le Capital en particulier, le phénomène monétaire est détaillé tout juste après les définitions et la description de la création de plus-value, du profit, de la valeur et de la réalisation de cette valeur en prix. Car la monnaie, et en particulier la « forme monétaire », est la clé de répartition du profit réalisé entre les couches sociales. Une modification de la « forme monétaire » est tout simplement l’expression d’un nouveau rapport de forces au sein de la bourgeoisie et plus généralement la réalité concrète d’un mode de production. Ainsi, le capitalisme de marché s’est construit progressivement au XVIIe et XVIIIe siècle autour de la création et de la généralisation de la monnaie papier. Notre hypothèse est que la fermeture du pli historique ouvert au XVIe siècle engendre une modification de la « forme monétaire » et la fin progressive des monnaies étatiques, vers l’établissement de monnaies privées.

Vers le dépérissement lent de l’État ?

Depuis la fin 2020, nous assistons sur le plan de l’avenir monétaire à une bataille titanesque dont personne aujourd’hui ne peut prédire qui en sortira vainqueur. Avec l’option crypto-monétaire, et en particulier le Bitcoin, l’aile marchante du capitalisme financier mondialisé tend à se désolidariser des États-nations… et donc également des bourgeoisies nationales. Elle considère, en tout cas pour le « milliard de riches » habitant dans les pays de l’OCDE, que le contrôle des populations est arrivé à un tel stade de sophistication que l’État et son administration ne sont plus aussi indispensables et peuvent dépérir lentement mais sûrement. Cette situation est porteuse à terme d’une spoliation monétaire des bourgeoisies nationales. Ce nouveau dispositif monétaire peut engendrer à brève échéance de terribles conflits d’intérêts aux conséquences politiques multiples. Les secteurs bourgeois spoliés peuvent devenir d’une extrême agressivité, à l’image de Trump et de la tentative de prise du Capitole par des groupes extrémistes chauffés à blanc !

Le Bitcoin ou l’Ethereum étaient des options de dernière instance, l’ultime possibilité en réserve en cas de cataclysme. L’option a été ouverte en novembre dernier et le retour en arrière est quasiment impossible. L’événement monétaire de fin 2020 avec le « décollage » du Bitcoin marque le tout début de la mise en place d’une sorte de système bi-monétaire, qui ne dit pas son nom, avec l’adoption par les fonds financiers américains du Bitcoin comme une des réserves de valeur, et de quelques cryptomonnaies comme l’Ethereum comme support d’une finance débancarisée (DeFI, l’acronyme de Finance + Décentralisée. En anglais : Decentralized Finance). Les monnaies classiques (« fiat ») pourraient être donc soumises à une inflation, en particulier le dollar, du fait des injections monstrueuses de liquidités. Le nouveau gouvernement de Biden a ainsi décidé de financer par l’emprunt trois plans de relance (chèques pour chaque citoyen, plan pour les infrastructures et plan en direction des familles et de l’éducation) pour 5 500 milliards de dollars ! Les cryptomonnaies, elles, seraient hors de toute inflation par leur nature même.

Les monnaies classiques sacrifiées par un déluge d’injection de liquidités

A noter que nous avions vu juste dans le numéro 12 de « Dans quelle crise sommes-nous ? », puisque nous indiquions que le passage de la crise de la Covid-19 de courte période en moyenne période (3 à 5 ans) pourrait entraîner la création d’un système bi-monétaire. L’avantage d’une double monnaie pour le Capital est essentiel. En effet, la mise en place d’un nouveau dispositif des forces productives et l’adaptation des rapports de production en conséquence exigent une masse financière gigantesque… qui n’existe absolument pas, surtout en période de crise sanitaire et financière globale.

Alors comment faire ? Il est possible que les monnaies classiques soient sacrifiées par un déluge d’injection de liquidités. En fait, nous pourrions avoir une monnaie soumise à l’inflation pour l’achat d’oignons et de tomates et le paiement des pensions de retraite, et une autre monnaie cryptographique non inflationniste pour les valeurs capitalistiques (immobilier haut de gamme, marché de l’art, actions…). N’oublions pas que les cryptomonnaies sont des monnaies privées. Les États pourraient être dépossédées de la monnaie capitalistique… et il pourrait avoir scission entre l’Etat national et les structures fédérales ou assimilées, comme l’UE pour l’euro, et le Capital mondialisé. La direction informelle du Capital étant de fait l’œuvre des tenants du réseau Internet tel que les GAFAM. Car nous sommes parvenus au deuxième âge de l’Internet : le réseau commence à gérer en propre l’ensemble des flux vitaux de l’économie politique.

 


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L’hypothèse de l’instauration d’un système bi-monétaire

Cette prise de pouvoir serait multi plans : contrôle des populations, contrôle politique (cf. la censure de Trump, président des USA), contrôle sanitaire, contrôle monétaire. Il est piquant de constater que cette option de prise de pouvoir politique et monétaire a eu lieu au même moment, soit en novembre-décembre 2020 : annonce de PayPal sur l’adoption du Bitcoin et simultanément coupure des médias sociaux de Trump. Bien sûr, il est impossible de prévoir l’avenir, en particulier dans ce cas de figure. Car l’hypothèse de l’instauration d’un système bi-monétaire entraînant une spoliation des petites et moyennes bourgeoisies nationales représenterait un séisme de très forte intensité. Comment réagiront ces « fractions archaïques du Capital » ? Dans certains pays, une réaction politique peut se mettre en place et imposer passagèrement un blocage vers la transformation des monnaies traditionnelles en monnaies de singe ! Cette tension monétaire est un autre facteur « d’ingouvernabilité ».

Ainsi, et pour nous résumer, trois facteurs sont donc porteurs de déstabilisation : la modification du dispositif des forces productives, la nécessaire adaptation des rapports de productions et enfin la modification de la « forme monétaire » permettant la transformation de la Valeur en prix.

Défaite de front de l’extrême-droite dans la forteresse du capitalisme

Pour illustrer ce danger de situation « ingouvernable », ou en tout cas difficilement gouvernable provisoirement, nous allons détailler l’exemple des USA au cours de l’année écoulée et celle de notre pays aujourd’hui, à la veille d’un possible choc politique en 2022.

Si, comme nous le disions plus haut, la pandémie n’a pas entraîné la révolution, on ne peut pas dire que le mouvement social n’a pas été actif. La victoire de Biden, ou plus exactement la défaite de Trump, est en grande partie due à l’immense mobilisation Black Lives Matter. Dans la forteresse du capitalisme des USA, l’extrême-droite vient de subir une défaite de front ! Comparable à la victoire de Roosevelt en 1932, cette modification du rapport de force politique pour l’Atlantique Nord est porteuse d’éléments positifs contre le danger d’une éventuelle fascisation générale de l’Occident. Pour rester dans cette comparaison historique, certains diront qu’après novembre 1932 viennent janvier 1933 et la victoire d’Hitler en Allemagne. Cette ambivalence dialectique est parfaitement possible hier comme aujourd’hui. En période de pandémie ou de guerre, nous pouvons tout voir arriver, comme par exemple Biden en 2020 aux USA… et Le Pen en France en 2022 ! C’est plausible mais, espérons-le, pour l’instant encore très incertain. Car, dans ces phases paroxystiques, les oppositions au sein du capital sont également très vives. Chaque fraction bourgeoise nationale et internationale joue sa partition, chaque fraction du capital, innovante ou archaïque, joue sa peau à la roulette russe de l’histoire. Oui,  la dernière élection américaine, en dehors de ses aspects spectaculaires et presque délirants avec la mouvance QAnon  et la tentative de prise du Capitole par les partisans de Trump, marque une vraie inflexion du cours  politique des États-Unis et donc de l’ensemble des pays occidentaux.

La victoire du nouveau capitalisme numérique 

La contradiction au sein du capital américain, dont nous avions souligné l’importance dans les numéros précédents de notre série d’articles, a atteint son paroxysme et a abouti à la victoire du « nouveau capitalisme numérique » d’une courte tête sur la désignation des grands électeurs mais avec une avance de près de 8 millions de voix tout de même pour Biden. Le « capitalisme archaïque » des secteurs immobilier, industriel à faible valeur ajouté, pétrolier ou encore mafieux (jeux et casinos) regroupés autour de Trump l’aurait emporté sans la crise de la Covid 19. La gestion catastrophique de la pandémie par le fantasque Donald Trump, l’immense mobilisation Black Lives Matter, ainsi que l’activisme tous azimuts des GAFAM contre Trump avec la censure de ses comptes Twitter ou Facebook, ont eu raison de la réaction d’un capitalisme d’un autre temps.
Bref, la globalisation sous hégémonie US peut continuer avec l’intégration de nouveaux marchés, en particulier avec éventuellement la généralisation des cryptomonnaies. Cela dit, la contradiction entre intérêts divergents du Capital va perdurer. Trump ne renoncera pas à son combat politique, à moins d’une élimination par une procédure judiciaire… Ce qui serait tout de même la solution la plus simple pour le faire disparaître politiquement. Si Biden ne réussit pas à relancer l’économie des USA et à sortir les classes moyennes de la paupérisation, la situation politique peut échapper à tout contrôle. Or il existe une totale contradiction entre l’envol du « capitalisme numérique » à la mode GAFAM et la préservation des intérêts matériels des classes moyennes. Biden est donc coincé dans un hiatus historique dont il est pratiquement impossible de sortir sans casse.

La France, maillon faible des nations développées

Venons-en à la France. La Covid-19 a eu un effet dévastateur. Le peuple français vient de comprendre la véritable situation du pays. Les mythes ont la vie dure mais ils meurent aussi finalement un jour. Celui de la « première armée du monde » a pris fin en juin 1940 avec l’invasion allemande. Le pays du prix Nobel Monod, de l’Institut Pasteur et de Sanofi est décédé en 2020. La désindustrialisation, pire la « détechnologisation », si l’on peut employer ce néologisme, devient palpable pour le citoyen lambda. Nous avions à plusieurs reprises indiqué que notre pays pouvait être le « maillon faible » des nations développées. La crise sanitaire renforce notre conviction. Après la crise économique, sociale et idéologique, pointe à l’horizon la possibilité d’un tsunami politique en 2022, voire avant.

Comme toujours, et au travers des époques, c’est la faiblesse intrinsèque du capitalisme français qui pose problème. Une dizaine de monopoles financiers n’ayant quasiment plus de capacités productives tiennent le pays, à l’image de Sanofi. C’est au détour d’un procès comme celui de Dassault, ou d’une fuite rocambolesque comme celle de Carlos Ghosn au Liban, sous le contrôle du Hezbollah, que la vérité éclate, derrière le décor factice de la « bonne gestion » des quelques multinationales encore françaises ».

Rester dans le petit bain français

Par ces « faits divers », on entrevoit un instant dans sa réalité ce leadership un peu « canaille » avec comme figure de proue un Bolloré, reconnu coupable de corruption en Afrique. Ce dispositif capitalistique est dans l’incapacité de résister à la concurrence internationale. Ne sachant pas vraiment nager dans le « grand bain du capitalisme numérique », il peut être tenté de rester dans le « petit bain français ». Pourris de dettes garanties par l’État, ces groupes propriétaires des médias dominants n’ont qu’une solution : continuer à siphonner financièrement l’État en vivant aux crochets du contribuable. Ainsi, ils peuvent continuer à verser des dividendes de cavalerie à leurs actionnaires, alors même que ces entreprises sont des catastrophes financières. Bref, les dividendes totalement fictifs continuent à être distribués malgré les déficits… une belle performance de l’aberration comptable insincère !

Aussi, pourquoi n’envisageraient-ils pas en 2022 une solution autoritaire en France ? Devenue euro compatible, acceptant la bureaucratie européenne et la monnaie unique, Marine Le Pen est peut-être une option pour faire passer en force la liquidation d’un certain nombre d’acquis sociaux et mettre au pas définitivement la contestation sociale. Visiblement sur ce plan, Macron n’a pas rempli son office. L’épisode des gilets jaunes ou la contestation de la « réforme » des retraites ont peut-être amené les trusts parasitaires français à passer à une nouvelle étape : la prise de pouvoir par l’autoritarisme d’extrême-droite pour préserver leurs dividendes. Tout est possible même le pire ! Dans ce contexte, seule une mobilisation populaire pourrait changer le rapport de force politique. Mais, pour le moment, la situation est délicate pour les partisans de la République sociale. « L’appel des généraux » ou encore la manifestation policière devant l’Assemblée nationale en sont deux exemples révélateurs.

Du côté de la Chine, le grand rebond en avant

Comme à notre habitude, nous terminerons ce treizième numéro par la puissance montante de notre époque, la Chine. Seul pays important en croissance avec  2,3 % d’augmentation du PIB en 2020, « l’empire du Milieu » n’a pas reculé, alors même que ses principaux adversaires connaissaient la récession, et parfois gravement. La Chine est le cas particulier, le cas unique. Pendant le même temps, les États-Unis subissaient un affaissement de 3,5 % de leur produit intérieur brut (PIB), leur pire performance depuis 1946 ! La même année, la zone euro voyait son PIB s’effondrer de 6,8 %… et la France de 8,4 % !

Le redressement économique chinois après cette année noire est encore plus spectaculaire. Pékin a enregistré une croissance hallucinante de 18,3 % au premier trimestre ! Le redémarrage en trombe du mastodonte économique intervient à un moment où les chaînes logistiques sont encore perturbées. Mais il est clair que le rebond chinois est d’une intensité remarquable. Le Parti communiste chinois et son chef Xi Jinping vont tenter de capitaliser politiquement cet avantage, certainement comme à leur habitude par une dynamique propre mais aussi en profitant systématiquement des erreurs de leur adversaire principal les USA… comme ils l’ont démontré brillamment sous la présidence brouillonne de Donald Trump.

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«  Enseignements des deux tours des élections et conséquences sur nos futurs combats »

Compte rendu de la visioconférence du 29 juin 2021

par ReSPUBLICA

 

La visioconférence organisée le 29 juin par ReSPUBLICA, Combat laïque, combat social-fédérer le peuple et le Réseau Éducation Populaire était animée par Arnaud de Morgny. La présentation de Bernard Teper débutait par l’analyse de l’abstention record, déjà développée dans les deux derniers numéros du journal.  La « grève du vote » lors des dernières élections régionales et départementales est le fait principalement des jeunes et des couches populaires, principalement ouvriers et employés. Cette abstention qui atteint les 2/3 des électeurs est aggravée par la non inscription sur les listes électorales de 6 % des personnes en âge de voter.

La présence d’une partie minoritaire de jeunes autour d’un noyau de dirigeants fausse l’image d’une jeunesse impliquée dans la vie politique classique alors que la réalité indique que 79 % des jeunes de 25 à 34 ans ne se sont pas déplacés.

Cela ressemble fort à un suffrage censitaire, certes non intentionnel, mais de fait.

Nous aurions tort de penser que cette situation est provisoire et exceptionnelle et que les électeurs vont retrouver le chemin des urnes lors des élections présidentielles. Les tendances analysées par les instituts de sondages prédisent une forte abstention de 45 % en 2022.

La légitimité des élus remise en cause

Cette situation pose un problème démocratique. Le vote est légal et les candidats arrivés en tête sont légalement élus. Cependant, si légalité il y a, il manque la légitimité qui repose sur une reconnaissance sociale, inexistante du fait de l’abstention.

Les institutions de la Ve République, associées au néolibéralisme, ont pour conséquence de réduire de plus en plus la souveraineté du peuple. Les CSP+ font et défont les élus car les CSP- (le moins n’étant pas dans notre otique dévalorisant) refusent de plus en plus de participer aux élections.

Etiage à gauche, extrême-centre macroniste délégitimé, maintien à droite, recul du RN et de LFI

La comparaison entre 2017 et 2021 montre que 73 % des électeurs du parti RN de 2017 n’ont pas confirmé leur vote et que 67 % des électeurs du mouvement LFI ont fait de même. Le phénomène se vérifie, mais dans une moindre mesure, pour les autres partis. Le recul du RN est en partie dû à un recul parmi les ouvriers et les employés. LREM, le mouvement de Macron, subit une belle claque, pire que la gifle physique, en ne recueillant que 3 % des inscrits. Cela confirme le défaut de légitimité même si stratégiquement l’équipe autour de Macron espère enjamber les élections locales. Le parti LR s’en sort bien en conservant sept régions métropolitaines en raison de son ancrage local au travers de ses élus et tire son épingle du « jeu » entre l’extrême centre macroniste et l’extrême droite grâce à l’abstention. Le PS se maintient pour les mêmes raisons en contrôlant cinq régions.

Les grands perdants sont principalement les mouvements nationaux sans réelles implantions locales et qui se sont constitués autour de leaders : Macron pour LREM et Mélenchon pour LFI. LFI subit un échec cuisant avec 19 conseillers régionaux élus et, de plus, n’attirerait guère que 4,5 à 8 % des intentions pour 2022 (10 % avec les 2 % des voix du PCF).

Union de la Gauche : oui mais pas sans clarification

L’analyse des résultats, comme le montrent les suffrages obtenus dans les Hauts-de-France, une Union de la Gauche sans contenu et sans clarification sociale, comme l’affirme J-L Mélenchon qui, pour le coup, a raison, conduisent à un désastre et à une impasse pour le mouvement social. Clairement, déjà en 2017, le cumul des voix donnait à gauche 28 % (19,8 % pour Mélenchon avec le soutien du PCF, 6 % pour le PS et EELV). Ce ne sera guère mieux en 2022….

Sur l’abstention des couches populaires

Retrouver un enracinement social – Notre réseau s’articule autour de la lutte des classes, de la laïcité, de l’écologie. Une campagne d’explication s’impose dès septembre avec l’organisation de débat démocratique à gauche pour sortir de l’archipélisation de la société et de la gauche, pour recréer du lien social et donner du contenu et du sens à une éventuelle Union de la Gauche. Un discours authentiquement de gauche, c’est-à-dire visant la transformation sociale, écologique et démocratique dans un cadre laïque, est insuffisant s’il n’est pas enraciné dans le peuple.

Il appartient à des réseaux tel que le nôtre de réaliser ce travail que les partis ne font plus.

Ségrégation spatiale et sociale – Une analyse sur les liens de causalité entre le secteur d’habitation et les votes ou le taux d’abstention s’avère nécessaire en tant que symptôme de la ségrégation spatiale. Une telle étude est amorcée à Strasbourg.

Gestion du Covid – L’analyse des conséquences et du mode de gestion du Covid est encore à faire. La France a subi plus de morts que l’Italie, ce qui confirme le mauvais état de notre pays. On pointe notamment les jeunes qui ont abandonné les études au collège et au lycée. Les paroles politiques au plus niveau et même scientifiques ont été décrédibilisées et la confiance ruinée.

Démocratie représentative : un oxymore ?

Les interventions des participants mettent en évidence l’oxymore que recèle l’expression « démocratie représentative » qui permet à l’oligarchie de conserver le pouvoir, de cliver la population et qui génère de la violence car il y a des gagnants et des perdants. Débattre de l’organisation du pouvoir est indispensable. Une représentation des mouvements politiques plus « équitable » au parlement et à tous les niveaux, l’introduction de la proportionnalité, la mise en œuvre du RIC (référendum d’initiative citoyenne) s’imposent. Parler d’offre politique revient à choisir entre « plusieurs marchands d’oranges » et certains se refusent à entrer dans ce jeu.

Trahison de la volonté populaire par la majorité des élus

Les diverses trahisons – tournant austéritaire en 1983, non prise en compte du vote du peuple en 2005 contre le Traité constitutionnel européen, contre la fusion du Haut-Rhin et Bas-Rhin en 2013… – expliquent le renoncement de certains à se déplacer pour voter. Les diverses réformes territoriales aboutissant aux grandes régions, aux grandes métropoles, aux Communautés urbaines et d’agglomérations rendent illisibles les compétences des uns et des autres. L’hypertrophie de l’exécutif par rapport aux assemblées délibératives donne le sentiment que seule la présidentielle compte.

Influence des sondages

On souligne le rôle pervers de sondages qui fournissent des résultats à l’avance, donnant l’impression que ce n’est plus la peine de se rendre dans les bureaux de vote. Ces sondages multiples poussent les hommes et femmes politiques à ne plus présenter et construire des projets originaux mais à se conformer aux grandes tendances de l’opinion. A des nuances près, les programmes se ressemblent.

Quelles perspectives ? Que faire ?

Il faut agir pour créer un bloc historique de gauche à partir des couches populaires ouvriers et employés, soit 50 % de la population, bloc élargi aux couches moyennes soit, potentiellement, 30 % supplémentaires.

Une éducation ou formation historique s’impose pour que l’envie ou la naïveté de s’en remettre à un homme ou une femme providentiel comme solution aux problèmes actuels ne domine pas les débats. Quelles sont les raisons profondes des grands événements populaires, de la Révolution française aux lendemains de le Seconde Guerre mondiale avec le programme « Les Jours heureux » ? L’histoire nous apprend, contrairement aux idées dominantes, que ce ne sont pas les programmes, certes importants, qui imposent les transformations sociales, les réformes favorables au peuple et à l’intérêt général. Les intervenants développent les exemples suivants :

  • Les grandes idées des Lumières, même si elles ont préparé les esprits, ne furent pas les déclencheurs de la Révolution française mais le besoin de finances de Louis XVI obligé de convoquer les Etats généraux. Les députés ont alors estimé qui si on vote des impôts, il faut savoir ce qu’on fait de l’argent récolté. La prise de la Bastille par le peuple parisien fut un événement majeur.
  • Le Parti bolchévique ne fut pas le déclencheur de la Révolution russe mais bien la grande manifestation des femmes des quartiers populaires.
  • Les grandes avancées sociales tels que les 40 heures et les 15 jours de congés annuels payés ne figuraient pas dans le programme du Front populaire et furent imposées par la grande grève qui a suivi la victoire électorale du Front populaire, grande grève qui a créé un rapport de force favorable au peuple.
  • Les avancées issues de la Résistance et du programme du CNR au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Sécurité sociale, services publiques libérées du marché, nationalisations sont le résultat de l’implication des couches populaires contre l’occupant et de la décrédibilisation d’une grande partie du patronat français pour cause de collaboration.
  • La taxation punitive des carburants pénalisant principalement les couches populaires et moyennes fut le déclencheur du mouvement des « Gilets jaunes» qui ne trouva aucun débouché politique ou syndical sérieux. Cela aurait pu être l’amorce de la formation du « bloc historique » que nous évoquons…

Partir du réel pour aller vers l’idéal

La bataille pour l’hégémonie culturelle favorable au peuple, aux couches populaires, au bien public, à l’intérêt général humain ne se gagnera qu’en s’impliquant aux côtés des populations pour les services publics comme la Poste, la Sécurité sociale, les écoles, collèges, lycées publics et au-delà.

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(Re)lectures d'été : deux dossiers récents dans ReSPUBLICA

Amérique latine - Commune de Paris

par ReSPUBLICA

 

Six mois d’actualités électorales et politiques en Amérique latine

De janvier à juin 2021, onze article de notre correspondant, Lucho. Avec un retour sur les principaux scrutins ayant eu lieu depuis octobre 2019

Une année d’élections sur le sous-continent latino-américain : 2019-2020 – 1e partie Préambule – Argentine et Uruguay : gaucherepublicaine.org/respublica/une-annee-delections-sur-le-sous-continent-latino-americain-2019-2020-1e-partie/7419675

Une année d’élections sur le sous-continent latino-américain : 2019-2020 – 2e partie Bolivie, Colombie et Brésil : http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/une-annee-delections-sur-le-sous-continent-latino-americain-2019-2020-2e-partie/7419981

Une année d’élections sur le sous-continent latino-américain : 2019-2020 – 3e partie Venezuela : http://www.gaucherepublicaine.org/respublica-monde/une-annee-delections-sur-le-sous-continent-latino-americain-2019-2020-3e-partie/7420125

En Équateur, le libéralisme vacille Les élections présidentielles et législatives du 7 février : http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/en-equateur-le-liberalisme-vacille/7420486

Ingérences américaines et complicités européennes. Bien des questions se posent sur ces attitudes interventionnistes et partisanes : http://www.gaucherepublicaine.org/respublica-monde/ingerences-americaines-et-complicites-europeennes/7420883

El Salvador : élections législatives et municipales Une photo surprenante 30 ans après les accords de paix : http://www.gaucherepublicaine.org/respublica-monde/el-savador-elections-legislatives-et-municipales/7421296

Venezuela : une vision partagée. L’Amérique latine, chasse gardée de Washington : http://www.gaucherepublicaine.org/respublica-monde/venezuela-une-vision-partagee/7421473

Amérique latine : des élections sous l’œil des États-Unis, seigneurs d’un autre temps. Pérou, Equateur. http://www.gaucherepublicaine.org/respublica-monde/amerique-latine-des-elections-sous-loeil-des-etats-unis-seigneurs-dun-autre-temps/7422375

Colombie : la révolte en marche. Le premier producteur mondial de cocaïne déploie pourtant une main de fer contre les mouvements sociaux depuis des décennies. http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/colombie-la-revolte-en-marche/7423005

Chili : la revanche de Salvador Allende Élection historique pour une Constituante paritaire – Entretien avec Luis. http://www.gaucherepublicaine.org/a-la-une/chili-la-revanche-de-salvador-allende/7424234

Actualités de l’Amérique latine Pérou : second tour des élections présidentielles / Mexique : élections législatives-régionales et locales / Colombie : la révolte continue. http://www.gaucherepublicaine.org/respublica-monde/respublica-amerique/actualites-de-lamerique-latine/7424777

Commémoration de la Commune

Textes publiés au cours des dernières semaines, à l’occasion des 150 ans de la Commune de Paris.

Printemps 1871, la floraison des Communes dans toute la France… et au-delà même de l’Hexagone ! : http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/printemps-1871-la-floraison-des-communes-dans-toute-la-france-et-au-dela-meme-de-lhexagone/7421046

Les combats inachevés des Communardes : http://www.gaucherepublicaine.org/respublica-culture/respublica-histoire/les-combats-inacheves-des-communardes/7421532

Les Communes de Paris : l’émancipation anticipée : http://www.gaucherepublicaine.org/chronique-devariste/les-communes-de-paris-lemancipation-anticipee/7421540

Les Communes de Paris : l’émancipation anticipée. Seconde partie – Action culturelle et éducation politique des masses : http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/les-communes-de-paris-lemancipation-anticipee-2/7421671

La Commune de Paris, la banque et la dette : http://www.gaucherepublicaine.org/respublica-culture/respublica-histoire/la-commune-de-paris-la-banque-et-la-dette/7421889

« Hugo et la Commune », par Robert Duguet : un républicain radicalisé : http://www.gaucherepublicaine.org/respublica-culture/hugo-et-la-commune-par-robert-duguet-un-republicain-radicalise/7423902

Faire de l’histoire populaire. « Marx et la Commune de Paris. De la guerre des races à la lutte des classes » : http://www.gaucherepublicaine.org/a-la-une/faire-de-lhistoire-populaire/7424663

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La collecte de dons que ReSPUBLICA a lancée auprès de ses lecteurs en mai dernier s’est achevée au soir du 14 juillet dans une atmosphère de triomphe (républicain, comme il se doit) ! Non seulement l’objectif de recueil de 6 000 € fixé initialement a-t-il été rapidement atteint, mais au total, grâce à la plateforme KissKissBankBank, et aux chèques reçus par ailleurs, nous avons obtenu plus que les 10 000 € souhaités dans un deuxième temps pour compléter la refonte du site. Le travail est bien avancé déjà et, à compter du 6 septembre 2021, vous retrouverez votre média régulièrement, sous une forme plus agréable à consulter.

Ainsi, nous espérons non seulement donner satisfaction à nos lecteurs réguliers mais attirer de nouveaux habitués. Certes, cela ne sera pas seulement l’effet d’une opération cosmétique mais la pertinence des analyses publiées qui permettra d’y parvenir. Dans une période politique tendue à l’approche de l’élection présidentielle de 2022, face au mécontentement du peuple et à la désorientation des esprits, nous souhaitons poursuivre sur une ligne de combats résolument et simultanément républicain, démocratique, social et laïque, écologique et féministe…

Nos chaleureux remerciements à toutes celles et ceux qui nous ont matériellement aidés sur cette voie. Bon mois d’août (avec ci-après en rattrapage, si vous ne les avez pas lus, quelques-uns de nos derniers articles) !



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