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  1. chronique d'Evariste
    1. Respecter les non-croyants et les laïques, par Évariste
  2. combat laïque
    1. Croix hors la loi ! Aucun signe religieux sur un lieu public (loi de 1905), par LAIQUES - Laïcité & Libre Pensée, UFAL
  3. débats républicains
    1. Démocratie et politique extérieure de la France, par Corine Lepage
    2. Contre le droit de vote aux étrangers, par Stéphane Arlen
    3. Albert Camus, ou l'exigence de la vérité, par Thierry De Larochelambert
  4. université populaire laïque
    1. Quatre jours de débats animés, par Lucette Guibert
  5. Proche-Orient
    1. Comité pour 2 Etats : la Palestine aux côtés d'Israël. Israël Hors des Territoires Occupés !, par Comité Pour 2 Etats
  6. courrier des lecteurs
    1. Proche Orient : Evarise ne regarde pas les choses en face, par Gérard Les Philanthropes
    2. Proche-Orient : Enfin une analyse qui sort du manichéisme, par Hélène Palma
    3. De l'intervention de l'Etat d'Israël au Liban, par Pascal Polisset
    4. Pour un vrai troisième camp, par Yves Durrieu
  7. université du ps
    1. Le programme du Parti socialiste pour 2007 est un programme d'accompagnement social du turbocapitalisme, par Bernard Teper
  8. Ségolène Royal
    1. Présidentielle : les sondages de l'été ne font pas l'élection, par Union Des Familles Laïques
  9. Europe libérale
    1. Vers une nouvelle architecture monétaire européenne, par Jacques Sapir
  10. Nicolas Sarkozy
    1. Asnières : laboratoire du communautarisme pour la "France d'Après", par Ariel Weinberg
  11. droits de l'homme
    1. La barbarie au pays de George W. Bush et dans certains états islamisques, par Rosa Valentini
  12. anti-américanisme
    1. Et si Chavez réussissait ?, par Anne-Laure Fournier
  13. extrême-droite corse
    1. Deux nationalistes corses tués par leur bombe près de Corte, par Patricia Tourancheau
  14. à lire
    1. " Règlement de comptes pour l'Elysée ", " la manipulation Clearsteam dévoilée " de Jean-Marie Pontaut et de Gilles Gaetner, par Jean-François Chalot
    2. " Institutrices, s½urs laïques de la République ? ", de Pierre Mazataud, par Jean-François Chalot

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Respecter les non-croyants et les laïques

Dans les années 1980, sur mon lieu de travail, j'ai été confronté à une situation particulière. Je travaillais avec un homme qui s'affirmait profondément catholique. Jusque là, pas de problème. La particularité était que ce collègue, par ailleurs fort sympathique, avait besoin de prier plusieurs fois par jour, et qu'il le faisait devant moi. D'esprit tolérant, je quittais la pièce pour laisser le dialogue ouvert entre le brave homme et le ciel. Et puis, rapidement, j'en ai eu marre. Pourquoi est-ce que cela devait être moi qui sorte ? J'ai donc demandé à ce salarié d'aller prier ailleurs que sous mes yeux.

Cette anecdote résume un ensemble de situations qui, aujourd'hui encore, malgré la loi du 9 décembre 1905, ne sont pas résolues.

En vacances, lors de marches en montagne, nombre de promeneurs sont confrontés à la présence, sur les sommets, de gigantesques croix chrétiennes. Je connais quelques amis qui ne supportent pas cela, et qui font parfois le nécessaire pour ne plus avoir à le supporter...

Sans aller aussi loin, nos camarades du regroupement " LAIQUES - Laïcité & Libre Pensée, UFAL ", demandent, devant ce constat, aux collectivités de la République de respecter la neutralité laïque qui permet à tous les citoyens de vivre ensemble, quelle que soit leur option spirituelle (philosophie ou religion), ou leur origine. Que dirait-on si l'on érigeait sur un lieu public un signe bouddhiste ou musulman, ou encore gaulliste ou communiste ?

Autre cas, un lecteur d'Antibes nous fait part de son émotion et de son exaspération. En face de chez lui, son voisin a fait construire une croix géante de deux mètres sur son toit, et tous les matins, quand il ouvre ses fenêtres, il se sent agressé par cette vision. Il nous demande de quels moyens légaux dispose-t-il pour s'opposer à cela. Nous l'avons mis en contact avec des amis juristes.

En vacances, quand on a marché longuement dans nos superbes montagnes, on peut espérer, le soir, bénéficier d'un repos mérité et paisible dans un sympathique gîte d'étape. Pourtant, dans les Vosges, cela a été un peu plus compliqué, le 11 août dernier. Le propriétaire du gîte a été confronté à la présence de deux femmes voilées, qui avaient réservé sur Internet cinq places. L'homme a demandé aux femmes de retirer leur voile dans les lieux publics (télévision, déjeuner), en leur précisant que, dans leur chambre, elles faisaient ce qu'elles voulaient, mais qu'elles devaient respecter la neutralité d'un lieu public. Refus des deux femmes, qui ont quitté immédiatement les lieux, et ont porté plainte dès le lendemain à la gendarmerie, soutenues bien sûr par le Mrap, qui s'est constitué partie civile, voyant là une discrimination raciale. Le propriétaire, qui affirme bien entendu qu'il n'y a là aucun racisme, mais simplement le respect de la laïcité, risque, si la thèse du Mrap était retenue, deux ans de prison et 30.000 euros d'amende.

Cette affaire, naturellement, en inclut beaucoup d'autres. D'abord, le voile est-il seulement une question religieuse ? Je fais partie (mais le débat est ouvert) de ceux qui pensent qu'en le situant sur la seule question religieuse, on passe à côté de l'essentiel. Pour moi, le voile est le symbole de l'oppression des femmes, et le signe visible de l'inégalité hommes-femmes. Il est, d'autre part, l'uniforme de l'intégrisme islamique, et son nombre grandissant montre l'ampleur de l'offensive de cette mouvance.

Je suis agressé chaque fois que je vois un voile, et je ne supporterai pas, à la fin d'une balade de montagne, de devoir manger dans une salle commune en face d'une personne qui m'impose sa vision réactionnaire de la société par sa tenue.

Je me rappelle, jeune étudiant, dans les années 1975, avoir été confronté dans un train à des voyageurs qui portaient tous les matins des badges et des maillots : " Avorter, c'est tuer ". J'avais vis-à-vis d'eux la même réaction de violence, je ne supportais pas le modèle de société qu'incarnait leur tenue et leur message.

Aujourd'hui, quand je croise une voilée, j'essaie de m'en sortir par l'humour. J'avoue que des pensées impures me traversent l'esprit, car je vois tout de même la bouche de la bougresse. Je me suis toujours dit qu'un jour, il fallait que je me paye cette audace : lui demander de cacher sa bouche, pour protéger mon imagination débordante de pensées concupiscentes impures dont ses lèvres visibles sont seules responsables.

Je ne peux pas dire cela aux nouvelles Belphégor, voilées de la tête aux pieds, gantées, dont on ne voit pas un centimètre carré de la peau, sinon une minuscule fente de deux millimètres à hauteur des yeux. Comment faire de l'humour et de la dérision devant un tel spectacle ? Lui demander si elle porte un string en dessous ?

A part cela, comment de telles tenues, qui avaient ému les Français quand des images venues d'Afghanistan avaient révélé la mode vestimentaire des femmes conçue par les Talibans, peuvent-elle s'installer de plus en plus en France, sans guère susciter de protestations ?

De même, ma fille va rentrer à l'université cette année. Elle était protégée, l'an passé, au lycée, de toute présence de signes religieux ou discriminatoire. Cette année, elle peut être confrontée à des élèves voilées. C'est consternant que cela soit possible.

Je n'ai aucune formation de juriste, et ne suis donc pas un spécialiste du droit, de ce qu'il est possible de faire, et des précautions à prendre. Je sais aussi que le droit évolue en fonction du rapport de forces. Mais enfin, les Turcs réussissent à interdire le voile à l'université, la Cour européenne des droits de l'Homme leur donne raison, et nous, en France, on n'arrive pas à régler ces problèmes là ?

Je sais que ces questions suscitent des débats importants chez les laïques, et que certains d'entre eux craignent, par excès de rigueur législative, une conception de la société qui soit liberticide, et contraire aux principes laïques. Ces inquiétudes les honorent, car en aucun cas la laïcité ne doit se confondre avec la volonté d'éradiquer les religions, quelles qu'elles soient.

La laïcité, c'est la liberté de croire ou de ne pas croire. Elle doit aussi préserver le droit des non-croyants, ou des croyants laïques qui ne veulent pas voir la foi s'afficher dans l'espace public.

Nul doute que d'autres situations que celle de notre ami d'Antibes, où que celle du gîte des Vosges, verront le jour prochainement. Il faudra bien alors affiner certaines lois, définir des règles qui permettent à chacun de vivre ensemble, et mettre des limites à certains comportements et à certaines tenues vestimentaires qui, selon moi, ne peuvent avoir leur place partout.

Ce débat, comme bien d'autres, doit être mené sereinement.

Vous pouvez faire confiance à Respublica, qui a montré ces dernières semaines sa capacité à aborder, sans se laisser intimider, des sujets aussi peu consensuels que " prostitution et proxénétisme ", " Sans-papiers et République ", " Peut-on manifester pour la paix avec le Hezbollah ", pour mener celui-ci, et bien d'autres, tout-au-long d'une année électorale où la pêche aux voix peut être porteuse de toutes les dérives démagogiques et anti-laïques.

Évariste

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2 - combat laïque

2.1 - Croix hors la loi ! Aucun signe religieux sur un lieu public (loi de 1905)

LA CROIX DU PIC DE CHARANCE (Gap, Hautes-Alpes) vient d'être abattue par la foudre, après 15 années d'existence. C'est également le feu du ciel qui avait supprimé l'illégale croix du pic de Bure. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, le maire de St-Paul-sur-Ubaye a permis récemment, à l'armée, d'installer une croix sur le plus haut sommet du département. Et dans les Bouches-du-Rhône, le maire de St-Victoret a fait construire une croix (en 1999), puis un chemin d'oratoires toujours sur le domaine public, et instauré une procession municipale ! (Pour plus d'information sur les croix du pic de Bure et de St-Victoret, voir sur les pages du site www.laicite.biz).

DES EXEMPLES MERIDIONAUX des agressions régulières contre la liberté de conscience par l'imposition de monuments religieux illégaux sur des lieux publics. Des attaques répétées contre la neutralité spirituelle instituée par la loi de séparation des églises et de l'Etat, du 9 décembre 1905.

EN DECEMBRE 2005, nous avons fêté le centenaire de cette loi laïque, de liberté, rendant leur liberté, tant aux religions qu'à l'Etat. Et l'article 21 du titre V de cette loi libérale précise que désormais aucun signe ou emblème religieux ne pourra être élevé sur un emplacement public. C'est-à-dire que TOUS les oratoires, croix et divers signes religieux, érigés sur un lieu public après le 9 décembre 1905, sont ILLEGAUX.

" Titre V. Article 21. IL EST INTERDIT A L'AVENIR, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture privée ainsi que des musées ou expositions. "

" LAIQUES - Laïcité & Libre Pensée, UFAL " demande aux diverses collectivités de la République de respecter cette neutralité laïque qui permet à tous-toutes les citoyen-ne-s de vivre ensemble, quelle que soit leur option spirituelle (philosophie ou religion), ou leur origine. Que dirait-on si l'on érigeait sur un lieu public un signe bouddhiste ou musulman, ou encore gaulliste ou communiste ?

" LAIQUES - Laïcité & Libre Pensée, UFAL " s'adresse aux élu-e-s, fonctionnaires et Préfets des départements et régions, en particulier, pour leur demander de veiller au respect de la neutralité laïque et républicaine, au respect de la loi de séparation des églises et de l'Etat.

AUCUN PRIVILEGE, aucune discrimination positive ne doit être accordé à une option spirituelle, car cela induit une discrimination négative pour les autres options spirituelles, religieuses et philosophiques. Rappelons par exemple, que près d'un tiers des citoyens français ont une option spirituelle philosophique indifférente aux religions (athées, agnostiques, rationalistes, libres-penseurs, indifférents, francs-maçons, etc.) selon les sondages des media la Croix et Sélection du reader's digest.

" LAIQUES - Laïcité & Libre Pensée, UFAL " demande aux représentant-e-s de notre République laïque : - de faire déposer tous les signes religieux érigés après le 9 décembre 1905 sur un lieu public - de veiller à ce que la croix de Gap-Charance ne soit pas reconstruite sur le domaine public, de même que l'illégale croix du Pic de Bure (05) - de veiller que de tels actes illégaux ne se reproduisent pas - de surveiller que les diverses associations d'amis des oratoires respectent les lois laïques, celle de 1905 en particulier, et cessent leurs constructions illégales sur le domaine public.

" LAIQUES - Laïcité & Libre Pensée, UFAL " se réserve la possibilité de s'adresser à la justice face à ces actes illégaux.

POUR VIVRE ENSEMBLE, et faire quelque chose ensemble, principes de la nation républicaine ou communauté des citoyens, les citoyens ont besoin de la neutralité laïque de la République. Les options spirituelles, philosophiques ou religieuses, doivent demeurer une affaire privée, intime.

Avignon, Digne, Gap, Marseille, Nice, Nîmes, Toulon, le 14 juillet 2006 P / LAIQUES, Philippe Isnard

LAIQUES 44, av. E. Herriot 13200 Arles- laiques@lapostenet - tél. 06 19 58 40 84 - www.LAICITE.biz

LAIQUES - Laïcité & Libre Pensée, UFAL

LAIQUES
44, av. E. Herriot 13200 Arles
laiques@lapostenet
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3 - débats républicains

3.1 - Démocratie et politique extérieure de la France

Pourquoi la question de la politique extérieure de la France et accessoirement de sa politique de défense est -elle sortie du champ démocratique ?

Sans doute, ces sujets sont-ils délicats et une part non négligeable d'éléments d'information qui touchent à la sécurité nationale ne peuvent être divulgués. Mais, cette observation n'est pas dirimante sur un sujet majeur, car il conditionne notre sécurité et notre avenir. Faut-il rappeler que dans les nouvelles formes de conflits auquel notre monde est confronté, les populations civiles sont souvent les premières victimes, et pas seulement sur le théâtre, hélas habituel des hostilités. Les attentats que nous avons connus en 1986 et en 1995 à Paris étaient le résultat de choix de politique étrangère (la premier en relation avec le contentieux Eurodif et l'Iran, le second avec la politique en Algérie) et ce sont nos concitoyens qui en ont été les victimes, sans qu'aucun débat n'ait jamais eu lieu sur les origines de ces attentats, autres que la recherche de leurs causes immédiates (arrestation des terroristes auteurs de ces crimes).

Dans le monde très complexe dans lequel nous vivons, où intérêts économiques et intérêts diplomatiques sont parfois en opposition frontale (même si cette opposition n'est pas exprimée et surtout peut-être si elle ne l'est pas), il serait particulièrement important qu'un débat se déroule sur nos choix stratégiques, car une chose est certaine. C'est la communauté nationale qui en paiera les conséquences.

Certes, nos journaux sont remplis d'articles plus ou moins compassionnels sur les horreurs des guerres, avec du reste des indignations très sélectives, inacceptables sur le plan éthique, car une victime civile est toujours une victime civile, et sans autre justification que des choix idéologiques et complètement déconnectés de ce qui devrait être les intérêts de notre pays sur le plan géostratégique. Or, c'est précisément là que le bât blesse ! Quels sont-ils ? L'absence de débat démocratique ne cache- t-elle pas une immense faiblesse quant à la définition de la hiérarchie de nos intérêts et la réalité de nos alliances à ce jour ?

L'exemple du Liban et au-delà de notre politique à l'égard de l'Iran sont à cet égard très éclairant. Tout d'abord, quelles sont nos priorités ? S'agit-il d'abord de sauvegarder, voire d'encourager des intérêts pétroliers et nucléaires français en Iran ou de s'inscrire dans une réflexion plus générale sur nos intérêts géostratégiques avec une république islamique iranienne, détentrice de la force nucléaire (à laquelle hélas nous avons pour partie contribué en laissant à l'Iran 10% du capital d'Eurodif et en vendant notre savoir-faire nucléaire), capable d'atteindre Tel Aviv mais aussi Londres et Paris. Comment expliquer que nous vendions, avec un certain nombre de pays du Moyen Orient de l'essence à l'Iran pour l'aider à constituer des stocks stratégiques, que nous poursuivions une politique de la main tendue, allant jusqu'à qualifier ce pays de puissance stabilisatrice ? Quels intérêts nous animent ? Est-ce la peur d'attentats sur notre sol et dans ce cas, pour paraphraser la fameuse formule de Churchill, ne risquons nous pas d'avoir le déshonneur et la violence ? Est-ce l'intérêt de grands groupes gazier, pétrolier et nucléaire ? Mais , dans ce cas, encore faudrait-il que les choses soient claires et qu'il soit dit que les intérêts économiques de groupes français - qui ne se confondent évidemment pas avec les intérêts économiques de la France- doivent l'emporter sur toute autre considération.

En définitive, quelle est notre politique diplomatique. Certes, la politique arabe de la France est une constante du Quai d'Orsay. Mais l'Iran chiite n'est pas arabe et les " valeurs " véhiculées par ce pays, qui revendique de surcroît une hégémonie belliqueuse devraient mobiliser tous les démocrates et défenseurs de la laïcité et de l'égalité des droits dans une réprobation massive. Or, il n'en est rien et pire encore, aucun débat public ne s'ouvre réellement sur ce thème. Peur, indifférence, souhait des intérêts économiques de rester dans l'opacité, priorité donnée à l'antiaméricanisme et à la haine antisioniste expliquent probablement ce silence , où convergent des intérêts très puissants.

Mais est-ce profondément notre intérêt collectif ? Ne pas choisir est un choix : celui de laisser les autres le faire à sa place. C'est aussi l'expression d'une incapacité collective qui nous renvoie à des questions encore plus profondes : celles de notre identité et de nos valeurs en ce début de XXI éme siècle. Or, précisément, notre indétermination, notre non-débat sur ces sujets majeurs est probablement notre plus grande faiblesse. Quelle que soit la position choisie, elle doit être explicitée et ne pas apparaître comme un véritable choix stratégique et motivé.

Il est impératif que dans les semaines qui viennent, chacun ait le courage de répondre sur ses priorités. Les miennes sont claires. La bataille contre le totalitarisme intégriste est la priorité et ni les intérêts économiques (dont on a vu avec l'affaire pétrole contre nourriture ce qu'ils pouvaient dissimuler), ni l'esprit munichois ne doivent nous en détourner. Cela ne signifie pas entrer dans d'autres dérives liées aux présupposés de la politique américaine, mais choisir clairement son camp et en assumer les conséquences, y compris en terme de choix économiques.

Certes, la tentation de la troisième voie est attrayante, amis encore faut-il avoir les moyens de sa politique ; or, la faiblesse de notre contingent au Liban après les envolées lyriques sur notre volonté de diriger la FINUL au Liban laisse planer plus que quelques doutes sur nos capacités réelles et les conséquences de notre désirs trop éloignés de nos réalités.

Les Français assumeront sur le plan international les décisions prises en leur nom. Le moins que l'on puisse demander, c'est que nous sachions ce que nous voulons et ce que nous défendons.

Corine Lepage

ancienne ministre

3.2 - Contre le droit de vote aux étrangers

Depuis quelques années, d'abord à gauche puis maintenant à droite, l'idée de permettre aux étrangers résidant en France de voter à des élections locales fait son chemin et gagne même du terrain. Il n'y a plus sans doute que l'extrême droite pour s'y opposer.

Bien que fondamentalement de gauche et profondément humaniste dans le sens où je me sens humain avant toute nationalité, je suis aussi républicain et attaché à certaines valeurs, comme celle de l'appartenance volontaire à une nation, et c'est pourquoi je suis opposé au droit de vote des étrangers, quel que soit le type d'élection.

On entend souvent que les étrangers vivant en France et y payant leurs impôts ont bien le droit de participer à la vie politique de leur commune, par exemple. C'est vrai. Mais la politique, ce ne sont pas seulement les élections, c'est aussi la vie associative. Il est tout à fait possible à quiconque de s'investir dans la vie culturelle, cultuelle, sociale, humanitaire, sportive... de sa ville sans forcément avoir le droit de vote.

D'ailleurs, le mode de fonctionnement du monde associatif est un bon moyen de comprendre mon point de vue. Quand une association fait une assemblée, il y a les membres et les personnes invitées. Si un repas a été organisé, on a pu demander une participation à toutes les personnes présentes, même les invités. Chacun a le droit de s'exprimer, de donner son avis, de faire des propositions. Mais si une décision doit être votée, seuls les membres peuvent prendre part au vote. Si des invités veulent voter, il leur suffit de devenir membres, ce n'est pas compliqué.

Dans la vie, c'est pareil. Les étrangers vivant en France peuvent se faire entendre par tous les moyens mis à la disposition des habitants, à savoir les associations, les médias et l'intervention directe auprès des élus. Les étrangers payent des impôts, ce qui leur permet de bénéficier, comme les Français, des services publics, ni plus ni moins. Mais quand une décision politique doit être votée (élection, référendum), l'étranger qui veut participer au vote doit demander à devenir Français.

On me rétorquera que l'accession à la nationalité française n'est pas toujours aisée. Je veux bien accepter l'argument. C'est pourquoi je souhaite que les formalités soient simplifiées, afin que ceux qui désirent vraiment devenir citoyens de France puissent le faire sans tracasseries administratives interminables.

Il me semble que ce n'est pas trop demander. Il me semble aussi que c'est se prémunir contre certains dangers. En effet, on pourrait très bien imaginer que des dizaines d'étrangers s'installent dans une certaine ville afin, sans devenir Français, d'obtenir de la municipalité des avantages pour leur communauté, leur religion, etc. En devenant Français, c'est-à-dire en adhérant à la Constitution qui fait de la France un pays indivisible et laïque, les étrangers feront publiquement le v½u de respecter les devoirs d'un citoyen en en obtenant les droits.

Je sais bien que cette façon de voir n'est pas politiquement correcte, à une époque où les candidats à la présidentielle cherchent par tous les moyens à gagner des voix, en flattant le plus possible le communautarisme. Pourtant, il me semble qu'on pourrait aisément gagner des voix en mettant en avant des valeurs républicaines, des valeurs de gauche républicaine.

Stéphane Arlen

président de l'association Faire Le Jour
www.fairelejour.org

3.3 - Albert Camus, ou l'exigence de la vérité

S'il est un écrivain, un philosophe, un journaliste et un homme qui a marqué et orienté ma vie depuis mon entrée dans l'age adulte, Albert Camus est celui-là avant tout autre.

Et je reviens sans cesse à son oeuvre immense et essentielle, à ces romans sublimes que sont " L'étranger " , " La peste " et " La chute "; aux travaux sans concession de la pensée du " Mythe de Sisyphe " et de " L'homme révolté ", aux mises en scène de l'absurde dans " Caligula ", " Le malentendu " ou " Les justes "; aux chants magnifiques des " Noces ", de " L'été ", de " L'exil et le Royaume "; à ces émouvants portraits de " L'envers et l'endroit " et du " Premier homme "; aux réflexions extrêmement justes et modernes des " Chroniques algériennes " et " Chroniques " dans Combat...

Et c'est avec un bonheur intense que j'ai pu écouter, comme beaucoup d'entre nous, le grand hommage que France-Culture lui a rendu de 9 h à 12 h 30 durant toute la semaine qui vient de s'écouler (nonobstant cette interruption désuète et tellement décalée de la messe du 15 août).

... Combat, ce journal de la Résistance au fascisme, de la résistance à l'absurde, de la résistance aux facilités des idéologies totalitaires, un journal duquel ReSPUBLICA pourrait se revendiquer, auquel il devrait pouvoir s'identifier et dont il pourrait prendre le relais.

Car notre époque est marquée des mêmes blessures et tendue par les mêmes enjeux que l'époque de Camus. Elle pose les mêmes questions et appelle des réponses aussi exigentes que celles que Camus a pu apporter à la misère, au racisme, au fascisme, au communisme, à la guerre, aux meurtres de masse, au terrorisme: la vérité des faits et des sentiments, le refus de la soumission aux idéologies et aux totalitarismes, la fraternité de tous les hommes, l'amour de la vie, le désir d'être au monde, l'exigence d'une morale sans dieux.

Thierry De Larochelambert

4 - université populaire laïque

4.1 - Quatre jours de débats animés

Cher Evariste

Rendre compte, comme ça , en quelques lignes, et dans l'urgence, de la richesse, de l'intensité, de la vivacité des débats à l'Université Populaire Laïque d'Annonay, dans les locaux du Gola, n'est pas facile si je suis optimiste, et impossible si je suis réaliste. Alors ce sera un compte rendu partiel et partial.

Il n'a pas fait très beau, mais ça ne nous a pas gênés. Nous avons à peine été distraits par les trombes d'eau qui se sont abattues sur notre charmant gîte (château du grand Murier à Annonay dans l'Ardèche) pendant le débat sur le développement durable. Il y a quand même un atelier qui s'est déroulé en plein air, et ça avait quand même un air de vacances avec les tables et chaises de jardin et le soleil qui jouait dans les feuilles du platane.

VENDREDI

Première séance de travail de l'UPL " Le mouvement social " avec Bernard Defaix, porte parole de la Convergence nationale des Services Publics et Bernard Teper, président de l'Ufal.
Il ne suffit pas d'analyser et de faire comprendre comment fonctionne le néolibéralisme, il est indispensable de s'appuyer sur le mouvement social, si nous voulons la transformation sociale.
Ce mouvement social et citoyen doit
- se structurer autour d'un certain nombre de principes indispensables pour une société se réclamant de la Liberté, de l'Egalité et de la Solidarité.
- développer l'alliance la plus large possible, avec mise en réseau de mouvements, mais surtout, convergence des forces politiques syndicales et associatives (le trépied).
- être connecté à l'exigence de droits fondamentaux.
Lutter, non pour défendre, mais pour promouvoir de manière offensive des services publics sur la santé, l'école, l'énergie, mais aussi l'eau, le logement répond à ces exigences. La mobilisation passe par la définition démocratique des besoins concrets, exige des alternatives cohérentes. La mobilisation a besoin de victoires partielles, comme des marches de transition, marquant ainsi les étapes pour atteindre le but.

La soirée " Histoire des idées laïques et républicaines " par Guylain Chevrier, président du conseil scientifique fut passionnante. La Laïcité n'a pas été un long fleuve tranquille et ne sent toujours pas la naphtaline. Lier le combat laïque et le combat social est une nécessité devant l'alliance du néolibéralisme et du neo-communautarisme. Guylain, n'hésita pas à mettre les pieds dans le plat, sur cette alliance, et évoquant des situations précises, notamment sur les conséquences quotidiennes de la polygamie, qui eurent le mérite de sortir des sentiers battus, et de permettre un vrai débat républicain sur des sujets souvent sensibles.

SAMEDI

" L'Europe ", celle que nous voulons, à été développée par Bernard Teper.
. Europe laïque, avec séparation de la sphère publique et de la sphère privée, les mêmes droits pour tous et le respect de la laïcité dans les pays décidant de l'appliquer.
. Europe démocratique, avec des élus ayant le pouvoir d'amender les lois et l'exigence de séparation des pouvoirs législatif et éxécutif.
. Europe écologique, solidaire avec les générations futures en promouvant le développement durable.
. Europe républicaine, permettant l'application de 9 principes, développés au cours de la dernière conférence de l'UPL.
Pour la mettre en place, il est indispensable d'agir sur l'économie
. la Banque Centrale Européenne doit être sous direction de l'exécutif européen,
. il est nécessaire de modifier le pacte de stabilité, d'augmenter le budget européen, soustraire les services publics de la loi du marché, avoir une politique de l'emploi et favoriser une croissance forte non destructrice de l'environnement
. Pour rompre avec le libre échange, un néoprotectionnisme social original a été proposé.......
Pour en savoir plus, ne pas rater les vrais compte-rendus!

L'atelier sur les Etats généraux de la santé et de l'assurance maladie, animé par Lucette Guibert, a permis de repréciser
. l'importance de la prochaine session des 21 et 22 octobre à Bobigny dans le mouvement social,
. comment dans cette période politique de campagnes électorales, nous allons nous appuyer sur ce manifeste antilibéral pour susciter le débat et faire de l'éducation populaire. De nombreux amendements ont été écrits.
L'atelier sur la consommation était animé par Thierry Kopernik (maintenant membre de l'équipe des permanents du siège). Thierry sut être très précis sur certains sujets, et donner un éclairage précis sur le rôle des grandes surfaces, et la manière de se défendre contre certaines de leurs pratiques.

La deuxième plenière de la journée avait comme thème " Les enjeux contemporains de la laïcité ", elle était animée par Pierre Cassen.
L'orateur a d'abord rappelé, citant des exemples en Irlande, en Pologne, aux Etats-Unis, en Espagne, en Israël ou en France, que le vingt-et-unième siècle verrait, dans de nombreux endroits, un combat entre les cléricaux et les laïques.
Il a reprécisé que la laïcité était :
-la liberté de conscience
-le droit de croire, ou ne pas croire
-le droit à la libre critique de l'ensemble des dogmes
-la séparation de la sphère privée de la sphère publique
Il a montré la connivence anti-laïque entre Sarkozy et les communautaristes de gauche et d'extrême gauche
Il a conclu en rappelant que le modèle laïque français, de loin le plus élaboré, était regardé dans le monde entier, notamment par les femmes qui souffrent aujourd'hui le plus dans leur chair du cléricalisme. Le rôle du Cri (collectif contre le racisme et l'intégrisme) dans la reconquête laïque du mouvement antiraciste a été également évoqué.

Nous avons d'ailleurs vérifié au cours du repas et des discussions en petits groupes dans la soirée, combien la laïcité nous donnait plaisir à vivre (et boire) ensemble et fêter deux de nos amies Mathilde Fremion, pour son inestimable apport à notre mouvement, et Marie Perret pour son anniversaire.

DIMANCHE

" Energie et développement durable " par Christian Gaudray (président Ufal 33) et Guillaume Campioni (chercheur au CEA) fut un des ateliers les plus denses de cette UPL. Les informations apportées, les notions abordées, les questions suscitées et les pistes de propositions nous ont obligés à reporter en soirée les ateliers prévus pour continuer à débattre.
La solidarité envers les générations futures nous oblige à être économes des énergies fossiles, à un moment où des pays ont une croissance très forte. Le développement nécessite de l'énergie et la maîtrise des énergies fossiles sera (et est déjà) l'objet de conflits armés.
L'animation du secteur thématique " développement durable " a bien débuté.
Le diaporama support sera à disposition sur le site interne de l'Ufal.

" L'école " avec Marie Perret et Isabelle Voltaire fut très passionnel, pour ne pas dire violent. Il a souligné d'une certaine manière, la difficulté à prendre conscience des limites des responsabilités entre pouvoir politique et professionnels de l'éducation nationale dans les échecs de " l' école ". La multiplicité et la multiplication des missions données à " l'école " peuvent être considérées comme une entreprise de sabotage de notre système d'instruction. S 'appuyer sur les écrits de Condorcet pour explorer des pistes de reconstruction d'une école dont le but serait de " donner les savoirs propres à assurer l'indépendance " et " empêcher l'aliénation " n'a pas été possible. Nous avons trébuché sur le " pédagogisme " et les techniques d'apprentissage.
Comprendre pourquoi il y a tant d'illettrés, pourquoi il n'y a plus de fils d'ouvriers à l'université et dans les écoles d'ingénieurs, nécessite peut être que le débat soit posé par des non professionnels de l'éducation?

L'atelier " petite enfance ", animé par Monique Vézinet, a montré combien la politique de la petite enfance privilégiant des mesures individuelles en direction des femmes aisées au détriment d'équipements collectifs instituait " une lutte de classe dès le berceau " et aggravait l'inégalité entre hommes et femmes.
Mais nous avons des propositions permettant de casser cette logique !

LUNDI

" Le modèle alternatif au turbo capitalisme " développé par Bernard Teper, a été l'occasion de préciser la signification des mots " turbocapitalisme ", l'importance des principes (9) pour avoir un modèle alternatif " cohérent " " républicain " et " crédible ".
Avec ce modèle nous pouvons " déclarer l'insécurité sociale illégitime " Nous n'allons pas à l'aveuglette de nos sentiments de révolte devant l'injustice et le découragement n'est plus de mise.
" Le socialisme, c'est la République poussée jusqu'au bout " disait Jaurès. Il nous reste à définir les étapes et continuer de discuter d'affiner les propositions faites au cours de cette séance.

PS : pour les impatients, les 9 principes sont : Liberté, Egalité, Fraternité, Laïcité, Démocratie, Solidarité, Sureté, Souveraineté populaire, Développement durable.

Lucette Guibert

5 - Proche-Orient

5.1 - Comité pour 2 Etats : la Palestine aux côtés d'Israël. Israël Hors des Territoires Occupés !

Nous appelons les syndicalistes et autres militants à soutenir l'appel ci-dessous, à travailler avec le Comité pour 2 Etats, et à faire entendre la revendication de " Deux Etats : Israël hors des Territoires Occupés ! " au sein de vos propres organisations.

S'il vous plait : signer cette déclaration et rejoignez le Comité pour 2 Etats. Faites signer cette déclaration et retournez les signatures au Comité pour 2 Etats à l'adresse : PO Box 823, London SE15 4NA.

Tel : 07950 978083. Web : _www.links-not-boycott.org.uk <http://www.links-not-boycott.org.uk/>_.

. Nous dénonçons à la brutalité de l'occupation israélienne dans les Territoires occupés.

. Nous nous opposons à la destruction de la vie économique et politique dans les Territoires occupés.

. Nous voulons le retrait immédiat de l'Etat israélien des Territoires occupés.

. Nous sommes opposés au ciblage et au meurtre de citoyens israéliens innocents par des militants palestiniens.

. Nous sommes opposés aux commandos-suicides islamistes qui se tuent en tuant des civils juifs, nous nous opposons politiquement au Hamas et au Djihad Islamique qui ne combattent pas seulement l'occupation israélienne mais qui visent la destruction d'Israël et l'instauration d'un état théocratique.

. Nous nous prononçons en faveur d'un Etat palestinien complètement indépendant sur la Rive Ouest, à Gaza et à Jérusalem Est, aux côtés d'Israël.

. Nous sommes en faveur d'un traitement généreux d'Israël envers les réfugiés palestiniens, basé sur un accord commun et un compromis entre les deux peuples.

. Nous sommes contre la vision communément répandue dans la gauche britannique qui tente de présenter comme un argument " raisonnable " la destruction d'Israël par la création d'un seul " Etat démocratique et laïque " (en fait arabe).

. Un tel Etat ne peut être créé que par la soumission forcée des Juifs israéliens. Ce qui n'est ni souhaitable, ni raisonnable.

. Un futur commun de ces nations, au sein d'une future fédération démocratique de toute la région, est à désirer. Mais de telles relations ne peuvent s'établir qu'au moyen d'un accord volontaire des peuples concernés. C'est à dire sur la base de la reconnaissance que tous les peuples ont droit à leur propre Etat et le droit de ne pas être incorporé de force dans un autre Etat.

. Nous sommes en faveur de deux Etats pour ces deux peuples car c'est la solution la meilleure et la plus équitable, la solution la plus démocratique possible. C'est le seul compromis concevable pouvant mener à la fin du conflit entre les Juifs israéliens et les Arabes palestiniens.

. Nous sommes pour la paix, la réconciliation et le compromis. Nous sommes contre le chauvinisme et la bigoterie.

. Nous sommes contre l'antisémitisme et la haine anti-musulmane. Rejoignez le Comité et aidez-nous !

Comité Pour 2 Etats

www.links-not-boycott.org.uk

6 - courrier des lecteurs

6.1 - Proche Orient : Evarise ne regarde pas les choses en face

J'aimais bien RESPUBLICA, son ton nouveau, sa défense des idées de laicité, mais EVARISTE ne regarde pas les choses en face. Israël n'est pas un état laique !
Avant l'arrivé des juifs il y avait des habitants, arabes et non arabes qui vivaient en paix. Le sionnisme leur a pris leurs terres et les a transformé en apatride. Les juifs n"ont pas plus de droit que les autres à cette terre, sauf de dire que la religion est d'Etat et qu'Israël est raciste.


Réponse d'Evariste

Notre lecteur "philanthropes" illustre parfaitement cette position traditionnaliste d'une partie de l'extrême-gauche.
Le sionisme étant pour eux illégitime, Israël le devient aussi et sa destruction demeure un objectif.
Cette certitude de l'illégitimité d'Israël justifie ainsi la jubilation de nos traditionnalistes d'extrême-gauche de voir le nationalisme iranien bombarder le nord de l'Etat hébreux.
Cette même certitude pousse les mêmes à nous accuser de sionisme et d'être des agents stipandiés du gouvernement israëlien lorsque nous nous refusons de voir un coupable unique et diabolique à la bataille qui vient de se dérouler.
Qu'Israël comme tout Etat ait le droit de se défendre est légitime. Mais la critique des méthodes militaires et de la stratégie adoptée est un autre problème.
Car si on s'aperçoit qu'Israël a menée une guerre lourde en évitant l'engagement intensif de ses troupes au sol, c'est aux spécialistes militaires de disserter sur le sujet.
En attendant, la dissertation sur la légitimité du projet sioniste n'est vraiment pas à la décimale du temps, Israël existe, plusieurs millions d'israëliens y demeurent, c'est un fait accompli.
Il faut donc tout mettre en oeuvre pour que toutes les populations vivent en paix.
Etudions les conditions requises pour une véritable paix durable, soutenons les vrais pacifistes où qu'ils se trouvent.
Mettons en réseau ce troisième camp qui refuse la logique du bouc émissaire et qui refuse de se mettre au service de la géopolitique du pétrole. La paix se fera sur des principes, défendons-les !!!!


Gérard Les Philanthropes

6.2 - Proche-Orient : Enfin une analyse qui sort du manichéisme

Je vous connais depuis quelques temps et observe avec intérêt vos articles et réactions. Née dans un milieu sincèrement de gauche, j'ai beaucoup souffert, durant de longues années, de l'analyse manichéenne du conflit israélo-arabe que la gauche française en général (à quelques exceptions près) proposait à ses militants et sympathisants.

Je ne peux donc que me réjouir qu'enfin une analyse plus fine, plus détaillée, moins schématique nous soit offerte et qu'enfin, on regarde le fondamentalisme religieux (fût-il musulman) dans le fond des yeux.

Il y a bien longtemps que je n'avais plus entendu rappeler que le Hezbollah est pro-iranien (la dernière fois que cette précision avait été donnée, autant que je m'en souvienne, c'était au moment de sa création dans les années 82-83) : or ce rappel est salutaire pour souligner l'étroite accointance entre l'Iran et cette formation terroriste qui asphyxie le sud du Liban depuis deux décennies au moins et se sert éhontément de civils comme boucliers humains (lorsque des combattants se cachent sciemment parmi les civils et opèrent depuis des zones peuplées, rappelons qu'ils se rendent coupables de crime de guerre).

L'autre chose qui me fait infiniment plaisir c'est que, désarçonnés par cette nouvelle manière de comprendre le conflit israélo-arabe, les détracteurs systématiques de l'Etat hébreu perdent leur calme et tombent enfin le masque (un masque bien peu épais qui ne trompait pas les esprits subtils comme celui de Léon Poliakov: voir son excellent "De Moscou à Beyrouth, essai sur la désinformation") : l'intervention d'Alain Soral dans votre dernier bulletin est à ce titre édifiante.

J'ai toujours eu le sentiment que les antisionistes viscéraux avaient tout simplement un problème avec les Juifs. Aujourd'hui ce sentiment est devenu une certitude.

Cordialement et encore merci,

Hélène Palma

6.3 - De l'intervention de l'Etat d'Israël au Liban

Les vacances permettent de rencontrer des amis, que la travail éloigne de notre quotidien... La guerre qui se déroule en Palestine rend ces rencontres étranges.

Parce que les questions abordées se doivent d'être simplifiées, il n'a que peu été question de religion...

Par contre, il a toujours été question de politique, avec cette notion moderne qui fait que chacun n'est autorisé à être qu'un élément de son origine ou, au mieux de son rapport politique avec son origine partagée ou non, admise comme telle ou contestée. Est-ce mieux ? Les trois moments au cours desquels je me suis plutôt tu, ont commencé un soir, à l'apéro, où sommé de donner un avis sur la question de la guerre en cours, le point de départ, posé entre un verre de vin rouge et un bol d'olive, était défini comme tel : " la responsabilité de cette guerre est celle de l'existence de l'Etat d'Israël... ".

La suite de la " conversation " a tourné autour du fait qu'il existe ou non une " question juive " bien qu'elle ait été l'objet de réflexions de la part de Marx, de Trotski, voire de Sartre ou tant d'autres...

Poser la question juive relevait, peu ou prou, à s'obliger d'adhérer aux théories sionistes... ou d'abjurer le fait juif, une des mes amies, de même origine, intervenant dans ce sens.

Qu'importait ce que chacun savait de mon militantisme trentenaire, ne pas admettre que l'existence de l'Etat d'Israël était la seule raison de cette tragédie faisait de moi un soutien de l'Etat sioniste...

La seconde discussion était bucolique : nous pêchions dans le Tarn avec un ami et néanmoins camarade, quand il m'a demandé mon avis sur ces événements. Une fois que j'ai eu dit ce que je pensais de la situation politique, affirmant que seule une solution politique, qui verrait la constitution d'un Etat laïque en Palestine, permettrait de se sortir de ce bourbier insupportable.. mon ami, entre deux captures de gardons, faisant référence à ses multiples participations à des manifestations parisiennes, m'a indiqué qu'il fallait considérer que " les gens concernés " considéraient le Hezbollah comme la : Résistance libanaise...

Sa famille, celle de son mariage est chrétienne libanaise...

De nouveau je me suis tu...

La troisième étape fut la lecture...du bulletin de " Culture et Révolution ", qui écrit : " L'État israélien, sous sa forme d'avant-poste des puissances impérialistes, vient de montrer à nouveau que sa fonction principale consiste à faire la guerre aux peuples de la région. Il fait la guerre de façon permanente depuis plus de soixante ans au peuple palestinien. Il a profité de ses bombardements sur les populations du Liban, pour intensifier ses agressions dans la bande de Gaza. ".

Culture.révolution@free.fr

Alors une grande lassitude m'a envahi... longue et lente inquiétude.

Tous les protagonistes de cette fatigue sont mes amis, mes camarades...

C'est pourquoi je vais me réfugier dans la quiétude de l'ébauche d'un texte écrit, en connivence avec l'Histoire.

Non ! La création de l'Etat d'Israël n'est pas le seul fruit de la volonté des puissances de l'impérialisme de construire une tête de pont de leur politique afin de guerroyer contre les peuples de la région...

L'Etat d'Israël s'est constitué contre la volonté de l'impérialisme britannique, suite à la Shoah.

A la suite de a seconde Guerre mondiale, " certaines " victimes raciales de cette guerre ont décidé de construire une terre de survie pour leurs descendants.

La terre de Palestine participait d'une histoire, celle du peuple juif... Sur quelle autre terre pouvait-il être accueilli ?

Sur aucune autre, puisqu'il n'a jamais été question qu'il en soit une ... autre. Tout simplement ! Tout crûment !

La spoliation d'une partie des terres de Palestine par les quelques survivants de la Shoah n'est pas le seul fait de ces derniers. D'abord parce qu'il existait depuis la fin du XIXème siècle une émigration juive en Palestine.

Et qu'ensuite ce phénomène de spoliation relève d'une longue pratique des impérialismes français (au Maghreb, en Indochine...), anglais (aux Indes, en Afrique du Sud et de l'Est..), espagnol (en Amérique du sud), portugaise (en Angola...)...

Il est évident et reste insupportable que les palestiniens, arabes ou non, aient été exclus de leur terres, souvent achetées à des bédouins... et trop souvent volées par la violence militaire.

Mais alors que dire des terres de Jordanie et du Liban qui constituent depuis toujours La Palestine et n'ont jamais fait l'objet de quelconques négociations internationales ? Sans commentaires des amis de l'OLP !

En dehors de la perspective historique, aucune solution politique ne s'annonce. L'Histoire campée, s'ouvre le gouffre de la politique...

Entre l'Israël de 1948 et celle de 2006, s'est construite une Histoire, Mais qui peut contester qu'entre la France des mêmes dates, il ne se soit pas fait autre chose ?

Qu'entre L'URSS de Staline et L'Etat russe de Poutine, beaucoup de choses se soient déroulées....

Qu'entre Roosevelt et Bush, leur propre monde n'aie pas changé ? Et mes camarades, mes amis se répétant à l'infini, ne s'inquiètent pas de ce qu'ils répètent ?

Si le Monde a changé de base, ne peut-il faire fait table rase de ce passé ? Aujourd'hui le gouvernement israélien, comme souvent dans le passé, s'affirme comme le gendarme de l'impérialisme capitaliste, qu'il soit celui des Etats Unis, de la Grande Bretagne, de la France ou de tant d'autres...

Serait-il plus le représentant légitime de son peuple que ne serait Chirac à Paris, Bush à Washington, Poutine à Moscou et tant d'autres aux noms inconnus habitants des contrées inconnues (je plaisante à, souhait..) !

Ceci étant admis ou en tout cas admis comme élément d'une réflexion, il n'y a aucun doute quant au caractère inadmissible de la politique guerrière de l'actuel gouvernement de l'Etat d'Israël.

Mais le Hezbollah, même constitué de libanais, palestiniens ou non, est autre chose que l'expression de la " résistance libanaise ".

Et ceux qui connaisse son histoire le savent : Le Hezbollah est une organisation intégriste religieuse engagée dans un combat autre que celui de la démocratie... une organisation politique aussi dangereuse que les protestants pro-Bush.

Alors se révèle criminel l'aveuglement imbécile et tortueux de ceux qui marchent à leurs côtés, dans les rues paisibles de Paris ou de Toulouse..

A moins qu'ils aient une cane blanche comme guide..

Pascal Polisset

6.4 - Pour un vrai troisième camp

J'ai été séduit naguère par votre compétence et votre dynamisme pour défendre le NON au referendum européen (quoique déplorant vos excès polémiques). J'ai pris connaissance, également avec plaisir, de votre volonté d'appartenir à " un troisième camp " en ce qui concerne le conflit proche-oriental. Moi-même je me sentais incapable d'accorder une réelle préférence soit à Israel, soit au Hezbollah.

Ce qui m'étonne, en prenant connaissance de votre dernière publication, c'est qu'en fait, vous semblez nettement défendre " le droit à la guerre pour Israel ", regrettant seulement que cet Etat n'ait pas su la gagner. Je citerai simplement Boutros Galli ( que personne n'oserait considérer comme un Islamiste dangereux !) qui constatait , sur France-Inter, que, lors de précédentes provocations ( certes condamnables) du Hezbollah, Israel ouvrait une négociation, avec échange d'otages, alors que, cette année, il a refusé tout compromis, montrant ainsi que les militaires avaient pris le dessus sur les civils. Je pense également qu'Israel est victime de cette domination des militaires que vous devriez condamner au même titre que les " Fous de dieu ", le sabre étant aussi dangereux que le goupillon pour notre civilisation et pour la République.

Je m'étonne enfin que vous ayiez attaqué, avec une telle hargne, le texte d'A. Gresh qui soutenait simplement qu'aucun Etat n'est au dessus des conventions de Genève, ce qui me parait une évidence. Au contraire, je me félicite de la proposition de l'ex- ministre israelien Beilin, au sujet de la tenue nécessaire d'un " second Madrid ", les problèmes libanais et palestinien étant inextricablement liés. J'espère que votre soutien vigoureux à cette ouverture prouvera votre volonté d'apparaître dans " le troisième camp ", plus nettement que présentement.

Yves Durrieu

7 - université du ps

7.1 - Le programme du Parti socialiste pour 2007 est un programme d'accompagnement social du turbocapitalisme

Le projet socialiste pour la France" adopté par le Parti socialetiste pour 2007 reste conforme au modèle néolibéral matiné de promesses sociales non chiffrées ni budgetées et qui donc n'engagent que ceux qui y croient ! Rien n'est dit sur le partage des richesses et sur l'affaissement en un quart de siècle de 10 points de PIB(richesses produites en une année) de la part des revenus du travail et des cotisations sociales(ce qui correspond à 160 milliards d'euros par an).C'est pourtant le point de départ d'une politique anti-libérale pour financer la demande sociale !
C'est un projet d'accompagnement social et d'ajustement structurel au turbocapitalisme. Bien sûr, on y trouve quelques mesures positives(mandat unique pour les parlementaires, page 22, accord majoritaire syndical page 24,nouvelle loi contre les violences conjugales, adoption permise pour les couples homosexuels, prise en compte du handicap dans chaque loi page 27,etc.) mais le compte n'y est pas. Ces mesures ne correspondent pas à la demande sociale, laïque, écologique et démocratique.
Le festival commence dès la page 6 : " Fidèles aux valeurs du socialisme démocratique(que ceux qui savent ce que cela veut dire aujourd'hui nous écrivent, ils ont gagné notre estime !)...,pour réguler le capitalisme(voilà qui a le mérite de la clarté !)... ". Toujours dans cette même page, on parle des droits de l'homme et non des droits de l'homme et du citoyen, on parle d'idéal laïc au lieu d'idéal laïque(le premier terme renvoie à des membres d'une communauté religieuse non-membre du clergé, le deuxième à un partisan du principe de laïcité), On parle d'intérêt général sans le définir, régression quand tu nous tiens !

Ce qui saute aux yeux à la lecture de ce document, c'est la facilité avec laquelle le PS s'accommode de la destruction du compromis social intervenu suite aux conquêtes du Front Populaire et de la Libération.
Pire, il s'en remet à de nombreuses conférences nationales (quand on veut noyer le poisson, on crée une commission !!!) pour définir les propositions que le peuple attend des partis politiques(pages 7,8 et suivantes).
Pour le droit opposable pour le logement, il commanditera un rapport(page 17).Et le droit opposable, c'est pour quand ?
Puis, il truffe son programme de phrases du genre : " Nous donnerons de nouveaux moyens ", " nous améliorerons les droits sociaux ", " nous favoriserons "(à presque toutes les pages on y a droit !!!) sans dire lesquels, comment et sans donner le financement. Autant dire que cela engage de nouveau que ceux qui y croient !!! C'est du " demain, on rase gratis " !!!!
Le pompon est atteint quand le PS déclare page 12 qu'il réduira la part du nucléaire à 20% en 2020 et à 50% à plus long terme(dans 3000 ans par exemple !!!)
En page 34,il renoue avec la méthode Coué en disant que " la croissance durable...dégagera des ressources nécessaires pour créer des emplois, réduire les déficits et garantir la protection sociale " sans dire comment. Affligeant !
Il ne remet pas en cause les avancées du néolibéralisme qui ont fait disparaître des dizaines de milliers d'emplois, qui ont appauvri la population, qui ont accentué massivement les inégalités sociales, qui ont déstructuré le lien social et qui ont porté atteinte aux libertés fondamentales et aux principes laïques et républicains :

- aucune remise en cause du principe du chômage structurel,
Le programme appelle plein emploi un chômage de 5% (page 7).
- aucune remise en cause de la concurrence entre les systèmes sociaux européens par continuation du respect du dogme du libre-échange de la force de travail.
- aucune remise en cause des privatisations Balladur-Juppé-Jospin ;
- aucune remise en cause des atteintes massives au droit du travail (au motif qu'il faut " repenser le système ");
- aucune remise en cause de la réforme Aillagon qui a démantelé le statut des intermittents du spectacle.
- aucune remise en cause des législations discriminatoires Pasqua-Chevènement;
- aucune remise en cause des lois liberticides Perben I et II;
- aucune remise en cause des décisions en faveur de l'enseignement privé confessionnel qui affectent la laïcité de la République. Il propose simplement page 14 d'augmenter la mixité sociale des écoles privées sous contrat.Comment ? En les subventionnant de nouveau ? - aucune remise en cause des statuts scolaires et des églises d'Alsace-Moselle, Guyane, Mayotte.
- aucune remise en cause des traités et accords européens et internationaux qui ont été négociés avec l'appui des gouvernements français de droite et de gauche et qui sont à l'origine des dérégulations massives, de la précarité grandissante et des inégalités croissantes.
-aucune prise en compte du Revenu social à l'enfant et au jeune(RSEJ) en lieu et place des allocations familiales dès le premier enfant et jusqu'au premier emploi stable qui incluent la revendication d'allocation autonomie des jeunes le tout organisé par la CNAF.
-aucune prise en compte de la demande d'une démocratie sociale incluant les usagers dans la détermination de la politique des services publics et de la Sécurité sociale.
-aucune prise en compte de la demande d'une harmonisation sociale et fiscale européenne
-aucune prise en compte de la demande d'un service public de la petite enfance dès la naissance. Page 14,il est dit que le nouveau service public commencerait à deux ans(ou est le plan pluriannuel de places de crèches collectives et familiales avec 40000 places de crèches immédiates avec déplafonnement de la prestation de service pour permettre à toutes les familles de choisir ce mode de garde la plus demandé ? Que fait le PS pour les classes maternelles de 2 à 3 ans existants ? )
-aucune prise en compte de la demande d'inéligibilité pour les élus qui n'ont pas engagé les travaux permettant à avoir 20% de logements sociaux par commune.
-aucune prise en compte de la demande sociale en matière de santé et sécurité sociale : rien sur le plan hôpital 2007,rien sur la T2A, sur le refus de la gouvernance public-privé de la sécurité sociale, rien sur le retour à un vrai code de la Mutualité qui ne soit pas un code assurantiel, rien sur le remboursement à 100% des soins efficaces et nécessaires par la sécu, rien pour supprimer les dépassements d'honoraires, rien sur le financement de la sécurité sociale sauf sa fiscalisation, rien sur le médicament. Rien sur comment financer la retraite à 60ans alors qu'il est stipulé page 19 que cela doit être un droit mais pour quelle retraite ? Rien sur le service public de la dépendance ni sur celui des personnes âgées.

Pour couronner le tout, en page 34,le projet maintient les exonérations de cotisations sociales qui diminuent les recettes de la Sécu en disant qu'ils en feront " une gestion plus rigoureuse ".
-aucune prise en compte de la demande d'explicitation du mode de changement de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme.
-aucune prise en compte de la demande que toute collectivité doit être élue au suffrage universel : les intercommunalités ne seront toujours pas élus au suffrage universel(page 23) !
-aucune prise en compte de la relance européenne nécessaire avec constitution d'un noyau
dur et d'un nouveau traité constitutionnel qui annule tous les anciens traités européens. -aucune réflexion sur l'Euro-méditérannée
-aucune réflexion sérieuse sur la France dans le monde et la politique de défense en dehors d'un bla-bla affligeant

Bernard Teper

8 - Ségolène Royal

8.1 - Présidentielle : les sondages de l'été ne font pas l'élection

Plébiscitée par les sondages comme meilleure candidate socialiste pour 2007, Ségolène Royal doit faire la preuve de sa capacité à durer: car nombreux sont les exemples d'engouements d'opinion qui, d'évidences à l'été précédant le scrutin, ont fait long feu. Ainsi à l'été 1980, tous les sondages font apparaître Michel Rocard comme le meilleur candidat du PS face au président sortant Valéry Giscard d'Estaing pour l'élection de 1981.

Même si la cote de François Mitterrand s'est améliorée depuis le début de l'année -où 55% des Français désignaient le député des Yvelines comme le meilleur candidat socialiste, contre 20% au premier secrétaire du PS- les enquêtes d'opinions restent favorables à M. Rocard.

Le 16 juillet 1980, un sondage Public SA indique que M. Giscard d'Estaing l'emporterait avec 52% des voix contre 48% face à M. Rocard, et avec 53% des suffrages contre 47% à François Mitterrand.

En 1987, les sondages de l'été présentent Raymond Barre comme le candidat favori à droite, devant Jacques Chirac. Le 29 juillet, un sondage BVA le donne même vainqueur du président sortant François Mitterrand au second tour avec 51% des voix contre 49%.

Il faut attendre l'automne pour voir le Premier ministre RPR commencer à réduire l'écart sur le député de Lyon. Le 30 septembre, un sondage IPSOS indique que François Mitterrand l'emporterait sur M. Barre avec 52% des voix contre 48%, et sur M. Chirac par 54% des suffrages contre 46%.

De la même manière, avant l'élection de 1995, Edouard Balladur à droite et Jacques Delors à gauche vont longtemps faire figure de grands favoris des sondages.

Alors qu'il n'a jamais fait acte de candidature, le président de la Commission européenne d'alors apparaît dans les enquêtes d'opinion comme le seul à gauche capable de l'emporter, face à une droite qui entend reprendre la main après 14 ans de "Mitterrandie".

En septembre 1994, un sondage Sofres le donne vainqueur face à M. Chirac au second tour avec 51,5% des voix. Il atteindra même 60%, selon ce même institut, face à M. Chirac en décembre 1994, quelques jours avant qu'il n'annonce officiellement qu'il n'est pas candidat.

Il est vrai qu'à droite la star des sondages n'est pas alors le président du RPR mais le premier ministre, également RPR, Edouard Balladur. De septembre 1993 à février 1995 il devancera systématiquement M. Chirac -de 7 à 25 points- dans les intentions de vote de l'institut IPSOS. En septembre 1994, il est donné vainqueur au second tour face à M. Delors avec 54% des intentions de vote contre 46%, selon un sondage IPSOS.

Pour la présidentielle de 2002, les sondages ont donné jusqu'aux derniers jours de campagne un second tour serré entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. En septembre 2001, une enquête Sofres donnait le Premier ministre socialiste l'emportant sur le président sortant avec 51% des suffrages, contre 49%.

Après le "séisme" du 21 avril qui avait vu Jean-Marie Le Pen devancer M. Jospin, plusieurs responsables socialistes avaient reproché à leur candidat de n'avoir mené qu'une campagne de second tour en négligeant le premier.

Dans un autre registre, les sondages précoces peuvent aussi donner une photographie de l'opinion très éloignée du résultat final. Ainsi, avant le référendum constitutionnel européen de mai 2005, longtemps les sondages ont prévu une victoire facile du oui et ce n'est qu'à la mi-mars que le non est devenu majoritaire dans les enquêtes

Union Des Familles Laïques

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9 - Europe libérale

9.1 - Vers une nouvelle architecture monétaire européenne

Il faut en revenir aux deux éléments fondamentaux de la problématique de la monnaie unique. Cette dernière peut avoir des avantages, mais présente des coûts importants à partir du moment où elle s'applique sans s'articuler à une politique fiscale et budgétaire commune à des pays dont les structures économiques et sociales sont fortement hétérogènes. Par ailleurs, l'autonomie de la politique monétaire, en particulier en matière de taux d'intérêt et de gestion du taux de change, est d'autant plus efficace que les capitaux ne circulent pas librement.

Le premier élément suggère déjà une réponse: la monnaie unique ne fait sens aujourd'hui que là où les dynamiques sont homogènes. La Zone Euro telle qu'elle existe aujourd'hui n'est pas l'espace de référence pertinent.

Le second élément indique que ce n'est pas une loi de la nature qui a enlevé aux politiques monétaires leur pertinence, mais bien l'ensemble des décisions humaines qui ont abouti à la libéralisation des marchés des capitaux. Or, ce qu'une décision humaine a fait, une autre peut la défaire. Cette libéralisation des marchés des capitaux s'est faite au nom d'une vision idéologique de la réalité économique qui fait de l'homogénéité et de la liberté des flux un principe absolu. Pourtant, les mouvements de capitaux sont, dans leur nature comme dans leurs fonctions, hétérogènes. Les déterminants des flux d'investissements, soit des mouvements à long terme, n'ont rien à voir avec ceux des mouvements à court terme. Par ailleurs, la finance ne peut ni ne doit être séparée dans sa logique des structures productives, sous peine de conduire à des crises récurrentes. La nécessité impérieuse de la cohérence, en statique comme en dynamique, entre la dimension "réelle" et la dimension monétaire de l'économie doit être un des piliers de la nouvelle architecture institutionnelle.

Dès lors, on voit se dessiner ce que pourrait être l'architecture monétaire réaliste de l'Europe en réponse à la crise qui vient.

Il faut donc penser en termes de zones concentriques, où l'Euro pourrait éventuellement être monnaie unique, sur un espace nettement plus réduit qu'actuellement où cette solution serait pertinente, puis monnaie commune là ou les hétérogénéités structurelles rendraient la monnaie unique trop coûteuse mais où l'accrochage d'une monnaie nationale à l'Euro permettrait un gain en matière de lutte contre la spéculation financière et de crédibilité de la politique monétaire du pays concerné. Ce système de zones concentriques s'appuierait sur un encadrement des flux de capitaux visant à favoriser l'investissement matériel au détriment des opérations spéculatives.

Pour les pays de la première zone, l'Euro serait inchangé. Par contre les flux de capitaux hors de cette zone seraient contrôlés. Autant les mouvements à long terme pourraient être laissés libres (moyennant bien entendu des règles de sécurité stratégique), autant les mouvements à court terme pourraient être pénalisés. Des distinctions fonctionnelles dans les mouvements de ces capitaux seraient établies qui se combineraient avec la notion de temporalité pour déterminer la dureté du contrôle.

Pour les pays de la seconde zone, on aurait l'Euro comme monnaie commune, détenue uniquement par les banques centrales des pays adhérants à ce système, serait l'unité de compte globale ainsi que l'instrument de réserve pour ces pays. Elle viendrait se superposer aux monnaies nationales qui seraient alors rétablies pour les pays dont les structures économiques sont trop hétérogènes par rapport à celles de la première zone. Le fonctionnement des monnaies nationales serait encadré par les mécanismes de connexion à la monnaie commune. Une telle conception est rigoureusement cohérente avec la pensée keynésienne réelle. Dans les transactions entre les pays membres de ce système, seuls les soldes de fin d'exercice devraient être réglés. Ils pourraient faire l'objet, dans certains cas, de crédits de la part de la BCE pour éviter toute crise des paiements.

Ces pays européens conserveraient ou retrouveraient leurs monnaies nationales, mais ces dernières ne seraient convertibles que dans la monnaie commune, l'Euro. Il n'y aurait pas de cotation d'une monnaie en une autre, mais une cotation de toutes par rapport à l'Euro. Les taux de change entre les monnaies du système se déduiraient de cette cote, tout comme elles se déduiraient pour le change avec des monnaies hors du système de la cotation entre cette monnaie extérieure (par exemple le dollar ou le yen) et la monnaie commune.

Les taux de change entre chaque monnaie nationale et la monnaie commune, dans un espace financier où les mouvements de capitaux à court terme seraient étroitement contrôlés, pourraient être révisés de manière périodique de manière à tenir compte des évolutions dans chaque pays. On pourrait ainsi procéder à des dévaluations et des réévaluations concertées de manière à gérer les chocs macroéconomiques ou des divergences fortes dans le rythme de croissance de la productivité du travail. La BCE piloterait l'évolution du taux de change de l'Euro par rapport aux autres monnaies de référence pour éviter les mouvements destructeurs comme la récente brutale réévaluation de l'Euro face au dollar.

Les pays membres récupéreraient donc une souveraineté monétaire, mais hors du cadre de marchés libéralisés. Elle serait à la fois plus réelle et plus facilement coordonnée. La politique budgétaire ne serait plus condamnée à porter seule le fardeau des ajustements conjoncturels. L'existence de taux de conversion régulés entre les monnaies nationales et la monnaie commune ferait largement disparaître l'incertitude de change et diminuerait les coûts de transaction tout en évitant l'excessive rigidité du système actuel. En cas de crise un pays ne serait plus devant le choix dramatique d'avoir à supporter le coût de son maintien dans la zone Euro ou de se retrouver exposer au grand vent de la spéculation financière internationale. La deuxième zone monétaire, définie par l'Euro monnaie commune, jouerait alors le rôle de sas. Elle serait dans certains cas une solution de repli, dans d'autres une étape vers la monnaie unique. Dans tous les cas on sortirait de la logique actuelle du "tout ou rien."

Jacques Sapir

Source : intégralité de l'analyse : sortirdeleuro.over-blog.com/article-3561131.html

10 - Nicolas Sarkozy

10.1 - Asnières : laboratoire du communautarisme pour la "France d'Après"

A Asnières, le maire Manuel Aeschlimann, Sarko Boy activiste revendiquant le statut de "laboratoire du sarkozysme" pour sa ville, développe des approches étonnantes sur le thème du communautarisme, outillées par des pratiques agressives de marketing politique. Il n'est donc pas inutile d'y faire un tour pour qui voudrait se faire une idée s'il fera bon ou mal vivre dans la "France d'Après" promise par Nicolas Sarkozy.

source : u-m-p.org

Examinons le tract, glané sur un site d'opposition à la majorité municipale UMP d'Asnières, de la campagne électorale pour les cantonales 2004, dans les quartiers nord d'Asnières à forte population immigrée ou d'origine maghrébine :

Titre : "Algérie, Maroc, Tunisie, et les autres... avec Patricia Chavinier" : le tract s'adresse à des électeurs - donc de la nationalité française et majeurs. Mais il les identifie avant tout par leur appartenance à une communauté extra-nationale, qu'il entend flatter.

Suit une litanie des actions de la municipalité en faveur de la "communauté" : "La future rénovation de la mosquée d'Asnières, la création d'un carré musulman au cimetière d'Asnières, ... c'est à Manuel Aeschlimann que nous le devons". Au verso, les témoignages d'allégeance et de reconnaissance fusent, signés "Amar", "Tarik", "Naima"...

Accompagné d'un tract supplémentaire d'allégeance de M. Bentebra, président du club de football local et intronisé en quelque sorte en "chef de la tribu" des électeurs de la "communauté".

A lui seul, il résume l'approche communautariste et ses possibles dérives : Traitement différencié du citoyen vu comme une "cible" marketing : un discours différent est tenu selon l'appartenance ethnique, religieuse, l'âge, le sexe, etc. Gageons que ce tract ne fut pas diffusé dans les quartiers cossus d'Asnières, qui ressemblent plus à Neuilly qu'à Gennevilliers... La ville d'Asnières consacre d'ailleurs des moyens considérables à cette communication "ciblée" puisque, comme le relate Le Monde du 7 mars 2006, article "A Asnières, "il faut cibler chaque groupe"" : ""Rien de ce qui est groupe organisé sur Asnières ne m'est étranger", annonce fièrement Manuel Aeschlimann... Les critères plus classiques de l'âge et du sexe ont engendré pas moins de cinq publications mensuelles, éditées par la mairie et "envoyées nominativement" selon des "listes de diffusion propres à chaque support" : au généraliste Asnières infos s'ajoute Emploi du temps, pour les retraités, et Citadine, pour les femmes ; les jeunes reçoivent Passe l'info. Quant aux "petits Asniérois", ils peuvent lire un éditorial de leur maire dans Martin malin et Martin junior."

Relation clientéliste au citoyen : le politique ne vise plus à créer un espace commun, républicain, laïc, qui rassemble, au-delà des différences, autour de valeurs communes, tout en respectant les choix individuels de chacun, mais de satisfaire chaque groupe selon ses intérêts contradictoires, avec prime au plus fort. Il n'est plus le lieu du rassemblement, autour d'idées et de valeurs mais l'arène de la division et du morcellement, avec pour seul point de rassemblement le chef autocrate qui tient pour vassaux les chefs des communautés qui lui auront fait allégeance et qu'il récompense en retour. C'est ainsi que Manuel Aeschlimann théorise, au sein de l'UMP, la manière de "récupérer" l'électorat d'extrême-droite tout en "draguant" les communautés antillaises et maghrébines, par exemple dans Le Figaro du 7 juillet 2005, "Manuel Aeschlimann : L'homme qui renseigne le président de l'UMP" :

"Dans deux notes successives, il analyse la "volatilité" de l'électorat du FN et démontre - chiffres à l'appui - que "la moitié de l'électorat de Jean-Marie Le Pen est susceptible de voter pour Nicolas Sarkozy en 2007". "Petit à petit, le vote idéologique est remplacé par le vote sur enjeux, estime Manuel Aeschlimann. Et cela touche de plein fouet le FN, renchérit-il. On peut prendre des voix à la droite dure." Dans le même esprit, l'élu local expérimente chez lui, à Asnières, ses propres méthodes. En 2002, il lance un conseil des communautés qui permet, dit-il, d'identifier les problèmes de chaque communauté et d'y répondre. "En trois ans, on a vu les courbes électorales s'infléchir. Les trois quarts de l'électorat antillais et les deux tiers des électeurs d'origine maghrébine votent maintenant pour l'UMP", assure-t-il, validant ainsi la vision "communautariste" défendue par le président de l'UMP. Dans une de ses notes, Manuel Aeschlimann écrit "qu'un vote sur enjeux induit inévitablement une stratégie électorale adaptée qui passe par des argumentaires ciblés"."

Ces approches de la politique, fondées sur une "proximité" et un "pragmatisme" auto-proclamés, au risque de la contradiction et de la dissolution de la communauté de valeurs, sont prises en défaut, par exemple, sur les points suivants :

L'utilisation détournée des fichiers électoraux : Manuel Aeschlimann le déclare sans détour au Figaro (cf. article ci-dessus) : "Sans état d'âme, il suggère carrément que l'UMP "récupère" les listes électorales afin de cibler les problèmes des électeurs". On imagine sans peine quelques agents municipaux de la ville d'Asnières, passant en revue les listes municipales afin d'y dénicher "Amar", "Tarik" et "Naima", supposés musulmans, en prévision d'une lettre "ciblée" annonçant le démarrage des travaux de la future mosquée en présence du Maire... Les brimades des associations qui ne font pas allégeance : Le site www.asnierois.org rapporte, le 26 mars 2005 ("A Asnières j'ai retrouvé l'oeil de Moscou"), que les présidents des associations d'Asnières qui reçoivent une subvention de la ville auraient été "invités", lors d'un entretien en tête-à-tête avec l'adjoint délégué aux associations à livrer à la mairie les noms de leurs adhérents : quelle est la finalité de ce procédé illégal ? Probablement, compléter la cartographie de l'électorat asniérois en vue d'affiner la "stratégie marketing" de la Mairie ? Dans le même registre, L'Humanité du 8 novembre 2003, article "Asnières Les méthodes musclées du député maire UMP - Totalitarisme municipal" rapporte :

"AC !, le MRAP, le Planning familial, la JOC, la Ligue des droits de l'homme, Asnières quartier libre, Cité d'idées... de nombreuses associations qui travaillent dans les quartiers populaires du nord de la commune sont mises au ban : suppression de toute subvention, exclusion du forum annuel des associations, non accès aux salles municipales. La Conférence Saint-Vincent-de-Paul, association caritative locale liée à la paroisse, n'est guère mieux traitée...".

Le soutien au développement de lieux de cultes : Dans la rubrique "Mosquée" du site d'opposition www.asnierois.org, le feuilleton de l'aide de la Mairie à l'association al-Hidayah al-Islamya pour la construction d'une mosquée est relaté : l'opposition reproche à Manuel Aeschlimann :

  1. de n'avoir communiqué sur le sujet que vis-à-vis des Asniérois d'origine musulmane au lieu d'une concertation avec tous (cf. le tract analysé en introduction)
  2. d'avoir laissé outrepasser les règles d'urbanisme pour la construction de la mosquée en question (modification du POS)
  3. d'aider financièrement cette association afin de contribuer, de manière détournée (car interdite par la loi de 1905 sur la laïcité), à la construction/agrandissement de la mosquée
  4. et surtout, de la position ambiguë de l'association concernée : elle a financé en effet la publication à des milliers d'exemplaires d'une traduction française de l'ouvrage de Sayeb Qutb, "A l'ombre du Coran" - inspirateur des mouvements salafistes les plus radicaux et prônant des moyens de lutte tels que : terreur, martyre et propagande, pour une purification de l'islam... Dans un registre très différent, les conditions suspectes voire subreptices d'attribution d'un permis de construire pour une salle du royaume à destination de la communauté des témoins de Jehovah d'Asnières (cf. article "les trois miracles des témoins de Jehovah d'Asnières") sont rapportées : aucune communication aux habitants ou aux élus sur le sujet (sujet découvert, par hasard, un an après le dépôt du permis, par un élu d'opposition), apparente illégalité de certaines dispositions du permis, ...

Enfin, on ne peut clore cette visite du communautarisme de la "France d'Après" sans s'attarder sur les relations privilégiées qui semblent lier la mairie d'Asnières à la République Islamique d'Iran - dans la lignée des relations obscures qui semblent avoir existé de tout temps entre la droite dure française et les dictatures moyen-orientales (charles pasqua ou jean-marie le pen et l'Irak, par exemple). Le site Iran-resist avait déjà écrit sur le "lobbying pro-mollah à la mairie d'Asnières" en retraçant le parcours du directeur de cabinet d'origine iranienne de Manuel Aeschlimann, et l'organisation d'une manifestation à l'Hotel-de-Ville d'Asnières, en janvier 2005, lors de laquelle Manuel Aeschlimann remit la médaille d'or de la ville à l'ambassadeur de la république islamique d'Iran.

Francis Ramine Pourbagher, ancien président de la chambre de commerce France-Iran, est le directeur de cabinet et attaché parlementaire de Manuel Aeschlimann, lui-même membre du groupe d'amitié France-Iran à l'Assemblée Nationale. Jusque-là tout va bien. L'affaire n'aurait pas fait grand bruit si Francis Pourbagher n'avait pas - en pleine crise sur le nucléaire iranien sur fond de discours révisionniste et antisémite du président Ahmadinejad - manifesté son allégeance au régime iranien à la télévision publique iranienne en août 2005. Le fait que son frère soutienne officiellement la politique nucléaire du Président Ahmadinejad (cf. article paru fin 2005 dans la presse iranienne, tendance intégriste, "les français mettent à l'écart un directeur pour délit de soutien à Ahmadinejad") et que sa mère, résidant en Iran, écrive un article dans laquelle elle explique attendre "l'Holocauste de l'Occident" (cf. article paru fin 2005 dans la presse iranienne, tendance intégriste, "le sens de la démocratie occidentale, c'est l'holocauste") ajoutent certainement quelques piments au profil peu modéré de ce collaborateur. L'ironie de l'affaire, c'est que le député Aeschlimann a déclaré récemment sur France 3 (domaine public du 4 février) :

"J'ai Manuel Aeschlimann été le premier à les condamner publiquement les mollahs au pouvoir en Iran ... C'est une espèce de polémique lancée par une opposition en mal d'idée, qui considère que mon directeur de cabinet Francis Pourbagher, sur le principe qu'il est iranien, est nécessairement en phase avec le système, ce qui n'est pas le cas puisque lui et sa famille se sont sauvés justement de l'Iran quand les mollahs sont arrivés".

Ariel Weinberg

www.communautarisme.net

11 - droits de l'homme

11.1 - La barbarie au pays de George W. Bush et dans certains états islamisques

Sur les 50 états américains, 37 conservent la peine de mort.

Les forces qui y sont favorables dans le Wisconsin (nord du pays) ont réussi à organiser un référendum pour le mois de novembre prochain espérant que les électeurs voteront pour la réintroduction de la peine capitale dans leur état.

Alors que 86 pays de par le monde ont aboli la peine de mort pour tous les crimes, certains américains rêvent d'injection létale, chaise électrique, chambre à gaz, pendaison ou peloton d'exécution.

Pourtant de plus en plus d'arguments devraient les faire réfléchir.

- 115 détenus dans 25 des 50 états ont été relaxés après que l'on a prouvé leur innocence.

- 95% des prisonniers dans le couloir de la mort ne peuvent pas se permettre de payer un avocat digne de ce nom. Par conséquent ceux qui ne sont pas coupables ne peuvent pas prouver leur innocence.

- Alors que le nombre de victimes blanches est pratiquement égal à celui des victimes noires, dans plus de 80% des cas de condamnation à mort la victime était blanche.

- Selon le Dallas Morning News, quotidien texan, un cas de condamnation à la peine de mort coûte en moyenne 2,3 millions de dollars, c'est-à-dire environ trois fois le coût de 40 ans d'emprisonnement en cellule individuelle au plus haut niveau de sécurité. Au Kansas le coût des cas de condamnations capitales est 70% plus élevé que celui des cas ne donnant pas lieu à une condamnation à mort. Ceci remet en question le vieil argument des défenseurs de la peine capitale, qui refusent que leurs impôts servent à maintenir en vie un assassin.

- Il y a 19000 meurtres chaque année aux Etats-Unis. Environ 75 personnes sont exécutées. Ceci prouve que la peine de mort ne dissuade pas les criminels de tuer et n'a aucun effet sur le taux de criminalité. Au Canada (où la peine de mort n'existe pas) il y a moins de crimes que dans le pays voisin.

- Le 2 mai dernier, dans la prison de Lucasville, dans l'Ohio, Joseph Clark a vécu un supplice lors de son exécution, qui a duré 90 longues minutes. Selon la procédure une intraveineuse doit être installée dans chaque bras. Après avoir placé une aiguille dans le bras gauche du condamné, l'équipe d'exécution a cherché une veine dans le bras droit pendant environ 25 minutes, en vain. Ils ont essayé de planter une aiguille dans la jambe droite, sans succès. Le produit létal pénétrait uniquement dans le bras gauche, dont la veine avait été fragilisée par l'injection du sédatif (thiopental de sodium). Les témoins ont entendu le condamné souffrir.

L'injection létale est un châtiment tout aussi cruel et inhumain que les autres formes de châtiment, donc contraire à l'article5 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, qui établit que personne ne doit être soumis à la torture ou à des châtiments cruels, inhumains ou dégradants. Rien ne prouve que la piqûre de barbiturique rend le détenu inconscient au moment où lui sont administrés les substances violentes qui le paralysent (bromure de pancuronium) et puis lui arrêtent le c½ur (chlorure de potassium).

Les américains se disent plus chrétiens que le Christ et prêtent serment en posant la main sur la Bible. Et pourtant ils ne respectent pas le commandement de leur Dieu qui dit : " Tu ne commettras pas de meurtre ". En effet ils institutionnalisent le meurtre. Les états dans lesquels la peine de mort a été abolie, la droite chrétienne est faible alors que dans les états de la Bible Belt (Virginie, Floride, Texas, Missouri, Utah), où les intégristes chrétiens se font le plus entendre, le nombre d'exécutions est le plus élevé des USA.

Dans certains pays comme l'Iran, la peine de mort est appliquée aux femmes si elles ont des relations sexuelles en dehors du mariage ou si elles sont victimes de viol. Au Nigéria les femmes peuvent être exécutées si elles accouchent d'un enfant mort-né.

En Iran, en Arabie Saoudite, en Mauritanie, au Soudan, en Somalie et au Yémen, l'homosexualité est passible de la peine de mort.

Quand comprendra-t-on enfin que :

- la peine de mort est une atteinte au droit à la vie tel qu'il est proclamé dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme

- la vie de tout homme est sacrée et nulle autorité ne devrait décider de la mort d'un être humain

- la peine de mort constitue un meurtre prémédité commis froidement par un Etat. Si l'on considère que tuer un être humain est un acte répréhensible et inacceptable, pourquoi l'Etat s'arrogerait-il le droit d'exécuter un homme ?

- la peine de mort est le châtiment cruel, inhumain et dégradant par excellence. Si on s'oppose à la torture, on doit forcément dire non à la peine de mort. L'attente même dans le couloir de la mort est une torture psychologique

- la peine de mort est irréversible. Des individus ont été reconnus innocents après leur exécution suite à des erreurs judiciaires, mais il était trop tard pour les sauver

- il s'agit d'un châtiment appliqué de manière disproportionnée aux pauvres, aux membres des minorités raciales et ethniques et aux handicapés mentaux.

- Ce châtiment est souvent utilisé comme un outil de répression, mais il n'a pas été prouvé qu'il soit plus dissuasif que d'autres

- Tuer un meurtrier ne ramène pas la victime à la vie. Si on estime qu'un meurtre est un acte bestial, inhumain et cruel, pourquoi réclame-t-on et applique-t-on la peine de mort, ce qui revient à commettre deux fois le même crime ? Pourquoi les autorités se comporteraient-elles comme le meurtrier au lieu de donner l'exemple ? Pourquoi réagirait-on viscéralement au lieu de faire appel à la raison ?

- La peine de mort est un acte de vengeance qui légitime la violence alors que la justice doit pacifier les relations sociales et les m½urs civiles.

- La peine de mort empêche le détenu d'effectuer tout travail de réhabilitation personnelle et sociale. Tous les actes positifs commis avant le crime et tous les actes positifs qui pourraient éventuellement être commis pendant le travail de réhabilitation personnelle et sociale sont réduits à néant

N'oublions pas de commémorer le 25ème anniversaire de l'abolition de la peine de mort en France et mobilisons-nous pour la Journée Mondiale contre la peine de mort (10 octobre).

Rosa Valentini

12 - anti-américanisme

12.1 - Et si Chavez réussissait ?

Hugo Chavez sera-t-il pour la troisième fois président du Venezuela en 2007 ? Pour comprendre les ressorts d'une politique se réclamant de la révolution bolivarienne, Maryse Mano a enquêté auprès d'une population qui lui est très favorable, tandis que l'oligarchie et les Etats-Unis affichent leur opposition au leader d'une voie nouvelle pour l'Amérique latine.

Depuis sept ans, le système Chavez a porté le Venezuela sur le devant de la scène internationale. Avec lui, le pouvoir a affronté le patronat, résisté au FMI, nationalisé l'industrie, revu les contrats avec les entreprises pétrolières étrangères, noué des alliances avec Cuba, modifié la constitution et entrepris une réforme agraire.

Celui qui briguera un troisième mandat présidentiel en 2007 est sur tous les fronts de l'anti-américanisme, de l'antimondialisation et de la lutte contre l'exclusion, brandissant le souvenir de Bolívar, figure emblématique de l'indépendance et de la révolution. Le leader vénézuélien irrite les pays du Nord et particulièrement les Etats-Unis. Mais dans les bidonvilles de Caracas, sa cote de popularité atteint des sommets.

Dans un pays où 70 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté, les programmes sociaux mis en place pour lutter contre la délinquance, 'analphabétisme et la misère ont eu un impact retentissant.

La réalisatrice Maryse Mano est partie à la rencontre de ce peuple des quartiers pauvres, impliqué dans les différents comités créés pour apporter des solutions aux problèmes de logement, d'éducation ou de santé. Désormais, les habitants des bidonvilles peuvent prétendre à l'obtention d'un titre de propriété : un rêve inespéré pour des milliers d'occupants illégaux de terrains pourtant soumis aux inondations et aux glissements de terrain.

Dans les écoles bolivariennes, les enfants reçoivent un enseignement qui associe culture, art et traditions, et renforce le sentiment national. Le soir, les adultes prennent le relais pour apprendre à lire : une aubaine pour des millions d'analphabètes. Tandis que des unités mobiles délivrent leur première carte d'identité aux Vénézuéliens qui en font la demande, des centres médicaux permettent aux habitants des bidonvilles de bénéficier de soins gratuits.

Deux cent mille médecins cubains ont été affectés à ce service dans le cadre d'un programme de troc, mis en place par le gouvernement Chavez avec les pays d'Amérique latine : pétrole contre services en nature. Car là bien sûr réside la force du pouvoir : des ressources pétrolières gigantesques qui assurent une manne financière à l'Etat mais suscitent toutes les convoitises...

Anne-Laure Fournier

13 - extrême-droite corse

13.1 - Deux nationalistes corses tués par leur bombe près de Corte

Les corps de deux nationalistes corses qui ont sauté avec la bombe qu'ils transportaient ont été découverts hier, à l'aube, non loin de l'aérodrome de Corte en Haute-Corse. Un second engin intact a été retrouvé à leurs côtés.

Les enquêteurs de la police antiterroriste et la chef du parquet spécialisée Anne Kostomaroff, dépêchée sur place, tentent de comprendre les tenants et aboutissants de cet étrange "attentat qui a foiré et s'est retourné contre eux". D'après les premiers indices, l'explosion remonte à la nuit de jeudi à vendredi. Trois hommes encombrés de sacs contenant deux bombes progressent alors à pied dans le lit d'une rivière à Corte, pour aller les déposer on ne sait où. C'est le rescapé Antoine Peraldi, 27 ans, qui l'a dit à sa famille. Il a précisé qu' "ils devaient donner les colis à une autre équipe du Nord". Il a expliqué que ses deux compagnons de route plastiqueurs ont manipulé l'une des charges qui a pété et les a tués sur le coup. Stéphane Amati, 34 ans, et Antoine Schinto, 44 ans, ont été abandonnés sur place. Antoine Peraldi a été grièvement touché par les éclats, surtout aux jambes, mais a été secouru par "les gars de l'équipe du Nord" qui l'ont ramené à Ajaccio chez ses parents. Les policiers ont en effet retrouvé vendredi la voiture incendiée qui a servi à véhiculer le blessé. "Dans cette équipée, Il n'y avait donc pas que les trois victimes, c'est sûr", confirme un enquêteur. L'arrivée à l'hôpital d'Ajaccio d'Antoine Peraldi "dans un état grave" a déclenché l'enquête.

Objectif opaque. Prévenues du grabuge, les familles d'Amati et de Schinto ont déclaré dès vendredi aux gendarmes la disparition des deux autres, qui ont été localisés trois jours plus tard, déchiquetés, "à une cinquantaine de mètres de l'héliport de Corte". Selon un policier, "leur cible devait donc se trouver dans les parages, mais là, il n'y a que la base des hélicoptères bombardiers d'eau". L'objectif reste bien opaque : "Pourquoi faire sauter des bombardiers d'eau ? Ce serait comme tirer sur une ambulance. Comment un mouvement nationaliste clandestin pourrait-il attaquer des équipements destinés à lutter contre les incendies sans se rendre carrément impopulaire ?" Ces hélicoptères ont été loués pour l'été au service départemental d'incendie et de secours (Sdis) de Haute-Corse par une société privée. Les enquêteurs espèrent "retrouver sur les défunts des documents" qui les aiguillent, "comme une carte avec l'objectif désigné" pour élucider l'affaire. Ils attendent également les résultats d'analyse de l'explosif "puissant en tout cas et contenu dans du métal" qui peuvent les orienter. Ils attendent le feu vert des médecins pour auditionner Antoine Peraldi, impossible pour l'heure à cause de son état de santé.

"Pas des jeunots". Ils explorent les dossiers de renseignements des trois porteurs de bombe, et cataloguent les deux défunts comme des anciens de Corsica Viva. Le blessé, quant à lui, est le fils du fondateur de ce même mouvement, Jo Peraldi, 64 ans, qui a été condamné à quinze ans de prison comme "commanditaire" des attentats commis en plein jour, le 25 novembre 1999, contre les bâtiments de l'Urssaf et de la DDE d'Ajaccio. Ces actes spectaculaires avaient fait sept blessés. Ils intervenaient deux mois après une visite du Premier ministre Lionel Jospin, qui posait comme préalable à toute discussion la condamnation de la violence en Corse. Le procès d'assises de Jo Peraldi en avril 2005 a démontré que le groupe Corsica Viva et son bras armé le "FLNC du 5 mai 96", alors en état de faiblesse , espéraient ainsi s'imposer dans les négociations avec Matignon.

Aujourd'hui, selon les Renseignements généraux, "l'essentiel des militants de Corsica Viva ont basculé dans le "FLNC du 22 octobre"". Les policiers s'attendent à un communiqué du "FLNC du 22 octobre" à la mémoire des deux morts au champ de bataille, comme ce fut le cas pour Alexandre Vincenti. Ce chauffeur de camions âgé de 24 ans, très discret sur son engagement, avait lui aussi été tué la nuit du 21 au 22 janvier 2006 dans l'explosion de la bombe qu'il déposait sous une fenêtre du Trésor public à Aix-en-Provence. "Par manque d'expérience et suite à une soirée arrosée, souligne un policier en Corse, ce qui n'est pas le cas pour Schinto et Amati. Ce ne sont pas des jeunots, et ils n'étaient a priori pas sous l'emprise de l'alcool. On ne comprend pas comment ils se sont débrouillés."

En tout cas, les enquêteurs doutent de la "version donnée à sa famille par Antoine Peraldi, sûrement pour se dédouaner". Le coup des trois porteurs de colis partis d'Ajaccio vers Corte pour rejoindre une autre équipe venue de Bastia qui les délesteraient du fardeau "ne colle pas" selon un commissaire : "Nous soupçonnons les deux équipes de n'en former qu'une seule. Nous supputons qu'ils ont remonté ensemble le cours de la rivière. Les survivants ont ramené le blessé. Mais nous ignorons la nature de leur cible et leur mobile."

Patricia Tourancheau

Source : Libération du 22 août 06

14 - à lire

14.1 - " Règlement de comptes pour l'Elysée ", " la manipulation Clearsteam dévoilée " de Jean-Marie Pontaut et de Gilles Gaetner

Le livre-enquête défile rapidement. C'est un véritable roman que nous proposent ces deux journalistes de l'Express...

Il nous permet de nous remémorer l'affaire et de mieux comprendre les enjeux politiques voire financiers.

Tous pourris ? Presque, notamment ces grands commis de l'Etat présentés comme intègres, haut dessus de tout soupçon n'hésitant pas à choisir tel ou tel camp : Villepin ou Sarko... La récompense est au bout ?.Peut être.

L'histoire commence très tôt au moment de la vente des frégates de Tawaïn, au tout début des années 90 avec les manipulations financières, les commissions exorbitantes, les coups bas et les assassinats, le tout masqué grâce à ce fameux " secret défense ", écran mis en place par des gouvernements successifs de couleurs " différentes ".

Tous pourris ? Peut être pas ... et encore....

La concurrence industrielle fut dure, elle existe entre les grandes entreprises " françaises " et au sein de chacune d'elle avec les coups bas. Avec beaucoup de minuties, Jean Louis Gervorin, numéro 2 d'EADS, le géant européen de l'industrie aéronautique civile et financière livre un " secret " : l'existence d'une banque de blanchiment et de noircissement de l'argent : " Clearstream " avec des noms de titulaires de comptes, dévoilés. Un faux ou un vrai faux ? Connaîtra t-on la vérité ? La guerre est totale entre le Ministre de l'Intérieur et le Premier Ministre. Ce dernier n'a pas hésité à diligenter une enquête contre son ennemi, utilisant pour cela les rouages de l'Etat.

Sarkozy, première victime de cette nauséabonde affaire est-il blanc comme neige ?

" Au-delà de l'aspect moral-fondamental-évidemment, ce scandale d'Etat, un de plus sous la Vème République, ne fait qu'altérer un peu plus l'image du président de la République. Lequel se contente de vouloir tordre le cou à " la dictature de la rumeur ". Incapable de restaurer l'unité de son gouvernement, où le numéro 1 et le numéro 2 se battent quasiment à l'arme blanche. Incapable, en pleine tempête Clearstream-à moins qu'il ne l'ait fait exprès-, de mesurer l'impact de l'amnistie accordée à son ami Guy Drut, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports. "

Des industriels, des ministres, un général des services secrets, un juge pas assez vigilant et un Président de la République en fin de règne... voici les acteurs d'un des plus grands scandales de cette 5 ème République ... des copains et des coquins.

Il faut vraiment faire place nette .

Oh ! Editions 18,90 euros Juin 2006 223 pages

Jean-François Chalot

14.2 - " Institutrices, s½urs laïques de la République ? ", de Pierre Mazataud

C'est un livre qui pourrait passer inaperçu ou n'intéresser que quelques spécialistes ou historiens locaux...Ce serait bien dommage car toutes celles et tous ceux qui défendent l'école laïque et l'indépendance des enseignants pourraient y puiser des informations utiles sur la carrière de ces institutrices " pionnières " de la fin du 19ème siècle et du début du suivant.

Ces douze histoires personnelles et professionnelles reconstruites par l'auteur à partir des archives départementales du Puy de Dôme nous montrent le " combat " difficile menée par ces femmes pour à la fois défendre et promouvoir l'école laïque en construction et à la fois résister aux pressions parfois énormes qu'elles subissent.

" Ces bons vignerons républicains veulent bien une institutrice laïque à condition que ses m½urs soient celles d'une religieuse "...

Pour beaucoup de ces jeunes femmes sorties pour certaines d'entre elles de l'Ecole normale, la vie rude faite d'austérité et de renoncement sera leur seul horizon et gare à celle qui veut affirmer sa liberté de vivre libre en dehors de la classe !

" Une vie gâchée. Une jeune femme brillante qui n'a pas voulu se conformer à l'image conventionnelle de l'institutrice lorsqu'elle était en fonction et qui, démissionnaire, reste jusqu'à la fin de sa vie, et dans le dénuement le plus complet, attachée à l'idéal de l'institutrice laïque "

Certaines, catholiques pratiquantes seront surveillées, épiées, rejetées parfois par les républicains se méfiant de leur passé et aussi par les religieux doutant de leur foi... Toutes, qu'elles soient croyantes, agnostiques ou athées défendent la laïcité de l'école et doivent enseigner avec des moyens plus que limités et faire face à la concurrence de l'école confessionnelle.

L'indépendance n'existe pas pour ces enseignantes, il leur faut subir la pression des maires, du député, résister aux parents qui les surveillent et plaire à l'inspecteur.... Certaines de ces femmes ont essayé de s'extraire de cette dépendance et même de s'en affranchir...

Combat difficile. " Maires, inspecteurs, députés se voulaient tuteurs de ces frêles femmes : la plupart se voulaient paternels, mais certains restaient persuadés qu'une institutrice devait être dirigée avec plus d'attention qu'un instituteur. ".

Cette mise sous tutelle des instits, ce triple joug imposé par les potentats locaux, les inspecteurs et la direction d'école est bien décrit par l'auteur.

Dommage qu'il n'ait ni raconté ni même évoqué la construction durant cette même période de syndicats d'instituteurs et d'institutrices...Pourtant ce combat nécessaire et indispensable pour l'indépendance de la profession a été mené courageusement par de nombreux instituteurs et institutrices adjoint(e)s et ceci malgré l'interdiction qui leur était faite de se syndiquer.

Collection écrits société Editions Ouest-France Février 2006 167 pages 13 euros

Jean-François Chalot