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  1. chronique d'Evariste
    1. Delanoë bénit la place Jean-Paul II, sous la protection de Sarkozy, par Évariste
  2. Droits des salariés
    1. En trente ans, les salariés ont perdu beaucoup d'argent, par Pierre Cassen
  3. néo-libéralisme
    1. Augmenter les profits et baisser les salaires, voilà l'oeuvre des néolibéraux, par Jérôme Manouchian
  4. services publics
    1. Une gestion de mauvais père de famille, par Roland HUREAUX
  5. combat laïque
    1. Manifestation à Paris : Delanoë et la police interdisent la contestation, par Jocelyn Bézecourt
    2. Inauguration de la place Jean-Paul II : la police de Sarkozy arrête arbitrairement manifestants et passants !, par Union Des Familles Laïques
    3. Défendre la laïcité dans un pays laïque devient un délit !, par Lucette Guibert
  6. énergies
    1. Fusion GDF-Suez, par Yves Durrieu
  7. rentrée scolaire
    1. A propos de l'article "De l'éducation" de Lionel Ganier (Respublica 465), par Evelyne Bigou
  8. violence au quotidien
    1. Mina 52 ans, martyrisée dans son quartier, par Frédéric Antoine
  9. no pasaran
    1. Les sandinistes à droite de la droite sur le droit à l'avortement, par Jean-Paul Damaggio
  10. Proche-Orient
    1. Nasrallah va-t-il sauver Olmert ?, par Danny Rubinstein
  11. courrier des lecteurs
    1. Merci d'avoir égayé ma journée, par Maryse Haslé
    2. Vous êtes sur la ligne du Christ, par Guillaume Plas
    3. Votre humour fait du bien, par Murielle Lucie Clément
  12. à voir
    1. Allez voir le film de Ken Loach, par Geneviève Confort-Sabathé

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Delanoë bénit la place Jean-Paul II, sous la protection de Sarkozy

Quel spectacle lamentable et révoltant, en ce premier dimanche de septembre, sur le parvis Notre-Dame. Entouré de tous les mitrés, main dans la main avec l'archevêque de Paris, André Vingt-Trois, le maire socialiste se déshonorait, aux yeux de tous les laïques, des féministes, des homosexuels et de tous les militants combattant les ravages du Sida en donnant le nom de l'espace public du parvis de Notre-Dame à l'ancien chef réactionnaire de l'Eglise catholique.

La tradition parisienne veut que l'on attende cinq années avant de donner le nom d'une personnalité décédée à une rue ou à une place. Pour l'ami du sinistre Pinochet, pour le représentant de l'extrême droite catholique, une année aura suffi, et cela sera une majorité socialiste de gauche, malgré l'opposition des autres composantes municipales, qui aura commis cette forfaiture.

Grâce à Delanoë, on souhaite à présent bon courage à tous les élus de gauche qui, minoritaires, chercheront à s'opposer aux majorités UMP-UDF qui vont bien sûr s'engouffrer dans la brèche pour multiplier sépultures, noms de rues et de place à la mémoire de Wojtyla.

Bien évidemment, une telle cérémonie devait se dérouler sans le moindre désordre. La police avait donc reçu des consignes précises de la part d'un ministre de l'Intérieur qui ne veut rien refuser aux Eglises, et entend remettre en cause la loi de séparation des Eglises et de l'Etat s'il était élu en 2007.

Il fallait donc que les duettistes Delanoë et Vingt-Trois puissent bénir en paix la plaque du défunt Pape. La police embarqua donc dans les fourgonnettes tout ce qui se situait à proximité de Notre-Dame, et qui ne ressemblait pas à un catholique bon teint.

Des passants et des manifestants se retrouvèrent donc manu militari embarqués sans ménagement, parfois brutalement, dans les camionnettes de police, et maintenus à l'écart pendant plusieurs heures.

Parmi eux, des militants Verts, des militants d'Act Up, des militants de l'Ufal, et deux animateurs de Respublica.

En agissant de concert, en se prosternant devant la hiérarchie catholique, en malmenant les laïques, Delanoë et Sarkozy incarnent plus que de longs discours leur conception de la laicité, et la convergence entre les principaux dirigeants de l'UMP et le PS pour en finir avec les principes laïques.

Sarkozy veut acheter la paix sociale en s'appuyant sur les Eglises, pour panser les plaies du modèle libéral. Pour cela, il caresse dans le sens du poil tout imam, pasteur, curé, rabin ou même scientologue, pour remplacer la solidarité républicaine par la charité des religions, qu'il entend subventionner généreusement.

Le ministre de l'Intérieur, adepte du modèle communautariste anglo-saxon, nous montre donc, en privant de liberté de manifestation et d'expression des militants hostiles à l'apologie de Jean-Paul II sur la place publique, ce que serait, sous sa direction, une France dont il souhaite se débarrasser de son héritage laïque.

Ses hommes de main, le député du Gard Roubaud, et le député de Seine-Saint-Denis Raoult, concoctent des projets de loi entendant interdire toute critique des religions, pour la plus grande satisfaction des organisations islamistes. Un autre godillot UMP, Grosdidier, veut lui que l'Etat finance en Alsace-Moselle les imams, au nom de l'égalité des religions, tout comme il finance déjà les curés, pasteurs et rabins.

Mais face à eux, que propose la direction du Parti socialiste ? Nous savons que nombre des militants de ce parti sont attachés aux principes laïques. Mais c'est à cause du sénateur Charasse que les communes, aujourd'hui, sont obligées de financer le projet de loi voté par la droite en décembre 2004, obligeant les municipalités à subventionner les écoles privées catholiques des communes voisines quand un enfant la fréquente.

Delanoë, quand il ne bénit pas la plaque de Jean-Paul II, milite activement pour le retour du retraité de la politique, Lionel Jospin.

C'est ce dernier qui, en 1989, a autorisé les signes religieux à l'école publique, reniant la circulaire Jean Zay de 1937, et ouvrant pendant quinze années la boîte une boîte à Pandore dont les islamistes surent user et abuser jusqu'à la loi du 15 mars 2004, que Sarkozy combattit de toutes ses forces.

Jospin-Delanoë sont du même moule que les Lang, ses dérogations aux adventistes du septième jour et ses écoles Diwan, que Martine Aubry et ses piscines communautaristes, que Strauss-Kahn et ses écoles Loubavich, ou que Ségolène Royal qui, à l'époque de l'affaire des caricatures, disait à un ami : " N'aie pas peur, Jean-Pierre, je ne laisserai pas insulter Dieu " (http://vigilance-laique.over-blog.com/categorie-772107.html).

On les a vus marcher main dans la main pendant la campagne sur le TCE, pour nous convaincre de voter oui. Leur différence se situe aux marges, et sur quelques sujets sociétaux mineurs.

Sarkozy rêve de diriger la société française avec la bénédiction de toutes les Eglises, en reniant les principes laïques.

Après ce qu'on a vu cet après-midi, on aura compris, pour qui ne le savait pas déjà, que ce n'est pas du côté de certains dirigeants socialistes qu'on trouvera un modèle alternatif à la droite cléricale.

Oui, c'est plus urgent que jamais de renforcer le camp des laïques et des républicains, même s'il risque de ne pas être représenté lors des échéances de 2007.

Organisez-vous, contactez-nous, menez des batailles dans vos partis, associations, syndicats, pour empêcher que la conception UMP-PS ne mette à mal un principe fondateur de la République.

Évariste

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2 - Droits des salariés

2.1 - En trente ans, les salariés ont perdu beaucoup d'argent

Souvent, j'entends mon ami Bernard Teper nous dire que le capital a pris 10 points du PIB au travail, soit l'équivalent de 160 milliards d'euros par an, dans les vingt dernières années. Même si le chiffre peut paraître énorme, il ne parle pas beaucoup à la majorité des auditeurs de ses conférences. Aimant les choses concrètes, j'ai donc recherché, en compagnie d'un ami "ouvrier du Livre CGT" ses vieilles feuilles de paie, et ai décidé de les examiner de près.

En 1979, il payait 4,50 % de cotisations sociales sur l'assurance maladie, 4,70 % sur l'assurance vieillesse, et 0,60 % pour les Assedic. Ses cotisations dans les caisses professionnelles s'élevaient à 4,60 %.

Vingt-sept ans après, en mai 2006, il est toujours régi par la même convention collective, et son coefficient est le même (spécificité de la profession). Mais le montant de sa cotisation assurance-maladie est passé de 4,50 % à 7,50 %.

Celui de son assurance vieillesse est passé, lui, de 4,70 % à 6,65 %. Sa cotisation pour les Assedic a progressé de 0,60 % à 4,9 %.

Ses cotisations professionnelles ont explosé, ainsi que la cotisation de sa mutuelle.

S'ajoute, grâce à l'action de Michel Rocard d'abord, puis celle d'Alain Juppé plus tard, la CSG, qui n'existait pas à l'époque. Il paie, comme tous les salariés, 5,1 % de CSG déductibles, et 2,4 % de CSG non déductible. A cela s'ajoute le RDS de Juppé, qui se monte à 0,5 %.

Je me livre à un rapide calcul. En 1979, le montant de ses cotisations sociales se montait à 11,1 % de son salaire brut.

En 2006, je constate que la différence entre le brut et le net se monte à 26,5 %.

J'ajoute un fait qui a son importance. Auparavant, grâce aux accords professionnels et au rapport de force syndical, il y avait dans cette branche l'échelle mobile des salaires.

Quand les indices annonçaient 3 % d'augmentation, il y avait automatiquement les 3 % de majoration, plus 10 %, soit 3,3%, ce qui limitait les dégâts face à des indices défavorables au monde du travail.

Grâce au " camarade " Delors, qui a voulu lutter contre l'inflation, il n'y a plus eu d'échelle mobile des salaires depuis 1982.

Depuis le passage à l'euro, qui s'est traduit par une augmentation très forte des prix, très peu répercutée dans les indices, mais qui se cumule à la fin de l'échelle mobile des salaires, je peux considérer que, depuis 1982, la perte de 0,5 % par an, avec effet cumulé, a fait baisser la valeur de son salaire d'environ 15 %, et je n'ai pas l'impression d'exagérer.

Pour être précis, ce camarade bénéficie d'un salaire de base d'environ 2500 euros par mois, mais tout compris, treizième mois, heures supplémentaires et primes inclus, il gagne 36.000 euros l'année, soit 3000 euros par mois. Pour ceux qui le traiteraient de nantis, je précise qu'il travaille tous les dimanches, cinq soirs par semaine et tous les jours fériés.

Je commence donc à faire les calculs avec lui.

Si Delors n'avait pas bloqué son salaire (et personne ne l'a débloqué depuis), il gagnerait aujourd'hui, non pas 3.000 euros par mois, mais quinze pour cent de plus, soit 3.450 euros nets, soit donc, avec les 26,5 % de cotisations sociales actuelles, 4350 euros brut.

Si le montant de ses cotisations sociales (je ne dis jamais charges sociales) était demeuré le même qu'en 1979, il gagnerait donc, en net, onze pour cent de moins que 4350 euros, soit la somme de 3875 euros.

Conclusion simple : par rapport à l'année 1979, il gagne, en valeur constante, la somme de 875 euros de moins tous les mois, quand j'ajoute le blocage de son salaire et à ses 15,5 % d'augmentation de cotisations sociales. Il me dit par ailleurs que pendant cette période, les employeurs n'ont eu de cesse de remettre en cause son salaire de base, et qu'ils ont été mis en échec par le rapport de forces syndical.

Certes, il est ravi d'avoir contribué à ce que les personnes âgées vivent plus longtemps, mais il constate qu'il est nettement moins remboursé qu'auparavant, que ses frais pour les yeux et pour les dents ne sont pratiquement pas pris en charge par le régime général. Mais ses cotisations vont payer, cette année, l'assurance des chirurgiens, dans une profession où les gros pontes libéraux se servent bien sur la bête.

Il est également ravi d'avoir contribué à ce que les anciens puissent profiter d'une retraite décente. Mais il constate que les nouvelles conditions créées par Balladur en plein été 1994 ont fait passé le mode de calcul des dix meilleures années aux vingt-cinq meilleures années, et que les modes de calculs indiciaires ont fortement amputé le niveau des retraites. Un camarade lui a démontré que sa retraite sera amputée, grâce à ce nouveau mode de calcul, de plus de 150 euros par mois.

Mais que dire des pertes subies par les citoyens en trente ans ?

En 1979, le montant de la TVA était de 17,6 %, et qu'aujourd'hui, elle se monte à 19,5 %, sans parler des taxes sur l'essence.

Le montant des impôts sur le revenu n'a pas diminué. Par contre, celui des impôts locaux à explosé, notamment le prix du ramassage des ordures ménagères, et le financement de ces nouveaux échelons d'élus que sont la Région, les communautés d'agglomération (sans oublier, sur d'autres budgets, les élus européens).

Cela n'a pas empêché la dette de la France de s'aggraver, les déficits des régimes de santé de continuer de s'accroître, malgré nombre de plans de redressements qui se traduisent par des cotisations sociales supplémentaires, et une privatisation accrue.

La richesse du pays, de par la vente, parfois la braderie, de ses services publics et son patrimoine, n'a cessé de diminuer.

Je ne parlerai pas de l'explosion du prix du mètre cube d'eau, des transports, des prix de rentrée scolaire et autres.

J'entendais deux propos, en quelques jours. Nicolas Sarkozy s'est fait ovationné debout par le Medef. Il a trouvé le remède à tous les maux, ce qui ne va pas en France, ce sont les 35 heures. " Comment a-t-on pu promettre aux Français qu'en travaillant moins, ils allaient gagner plus " glapit le démagogue, qui par ailleurs veut que les grèves se fassent maintenant par le vote à bulletin secret dans les entreprises. Mais ce que veut Sarkozy, ce qu'il n'ose pas dire à haute voix, à la veille d'une élection, et il ne fait que rejoindre le créneau de tous les libéraux, c'est que les Français doivent " travailler plus, et gagner moins ". Le smic est encore trop élevé, voilà le credo des patrons du Cac 40. Ce qui a été volé au monde du travail depuis trente ans ne leur suffit pas.

J'ai lu d'autre part une interview de Laurent Fabius, qui prétendait qu'il serait le candidat de la feuille de paye, et qui annonçait quelques mesures - bien timides - pour concrétiser cela.

Je ne doute pas de la bonne foi de Laurent Fabius, mais qu'il paraît loin du compte !

A part cela, celui qui montre une volonté politique, et donne une méthode pour aller vers la récupération de ces dix points du PIB au profit des salariés aura une oreille très attentive de la part du monde du travail.

Pierre Cassen

3 - néo-libéralisme

3.1 - Augmenter les profits et baisser les salaires, voilà l'oeuvre des néolibéraux

Quelle belle illustration de l'analyse de Bernard Teper que ce papier ci-dessus de Pierre Cassen ! ll a raison de dire que nous devons parler concret pour être compris de tous et des couches populaires en particulier. Il serait d'ailleurs intéressant que d'autres lecteurs de RESPUBLICA qui ne sont pas dans la même couche sociale que son ami ouvrier du Livre fasse le même exercice pour montrer que cette ponction sur les revenus directs et sur le salaire socialisé (les cotisations sociales) ont touché la majorité des couches moyennes, l'ensemble des couches populaires et a augmenté le nombre et l'intensité des citoyens lumpenisés (les sans).

Mais partons de la fin de son texte. Où sont partis les 160 milliards d'euros par an ponctionnés à la part des revenus directs du travail et du salaire socialisé dans la valeur ajouté ? Au profit, bien sûr! Et qu'est-ce que le profit ?

3 choses : les investissements de demain, les rémunérations des actionnaires et le financement de l'économie parralèle et de l'argent sale. Et comme les investissements ont également diminué en pourcentage dans la même période, il convient de dire que ces 160 milliars d'euros sont partis pour les rémunérations des actionnaires et pour le financement des économies parralèles via les paradis fiscaux (dont le Luxembourg dans l'Union européenne) entre autres.

Le système est bien connu maintenant. L'augmentation des cotisations sociales dont parle Pierre Cassen est certes dû aux besoins croissants des besoins sociaux (allongement de la durée de la vie, mieux-être, etc.) mais il est dû principalement aux éxonérations de cotisations sociales faites par les gouvernements de gauche comme de droite (comme vient de le faire Villepin) non compensées par le budget de l'Etat ! Oui,il faut dire que toute exonération de cotisations sociales est un scandale car elle diminue les recettes de la Sécu !

Elles est également due au chômage et à la précarité dont les victimes ne cotisent plus ou peu. Donc ce sont les actifs au travail qui sont ponctionnés. Oui, pour garder un système de protection sociale solidaire, il faut une politique de plein emploi !!!!!

Mais il faut dire que même avec une augmentation du salaire socialisé (cotisations sociales), notre collaborateur Bernard Teper a raison de dire que si on rajoute ce salaire socialisé et les revenus directs, cette nouvelle somme a diminué de 10 points de PIB dans la valeur ajoutée.

Il va sans dire que si vous ajoutez que le gouvernement ne peut plus avoir une politique monétaire ou une politique budgétaire à cause des traités de Maastricht et des suivants qui ont défini le pacte de stabilité qui n'avantage que les rentiers de l'Union européenne.De ce point de vue,on peut s'étonner qu'il y ait eu près de 45% pour voter oui au TCE qui était de la même veine.

On peut rajouter que les gouvernements depuis près de ces dernières décennies ont accepté le travail au noir (qui ne cotise pas à la Sécu) pour créer une cinquième colonne contre le système de protection soildaire français pour le grand profit des néolibéraux. Les politiques néolibérales étant cosubstancielles au turbocapitalisme sont le principal ennemi du monde du travail.

Vive le combat social, vive les solidarités internationales contre le turbocapitalisme, rassemblons-nous, organisons-nous, faîtes connaître les idées qui circulent dans votre journal RESPUBLICA.

Jérôme Manouchian

4 - services publics

4.1 - Une gestion de mauvais père de famille

Ce que nous rapporte Jean Roux est si effarant qu'on a peine le croire. Les privatisations opérées en France depuis 1987 auraient été faites, en moyenne à la moitié de la valeur des entreprises: la plus grande spoliation du patrimoine public depuis la vente des biens nationaux. Elles ont rapporté de 1984 à 2002 au total 90 milliards euros à l'Etat ; elles auraient dû lui en rapporter deux fois plus.

Tout cela est énorme. Que faut-il en penser ? Jean Roux est un homme sérieux : commissaire aux comptes, financier international et historien, lauréat du Conseil supérieur de l'ordre des experts-comptables, il a dépouillé pendant cinq ans toutes les informations et commentaires de la presse économique et les rapports officiels sur les privatisations. Ses sources sont donc publiques. Il n'a pas de préjugés politiques apparent et en tous les cas ne remet jamais en cause les privatisations dans leur principe. C'est un homme simplement soucieux de la gestion du patrimoine public, de notre patrimoine.

On est d'ailleurs loin en la matière d'un clivage gauche droite : la gauche entre 1997 et 2002 ( gouvernement Jospin) a privatisé davantage ( 50 milliards d'euros) en cinq ans que les trois gouvernements de droite qui l'avaient précédée en dix ans ( 40 milliards euros ), et dans des conditions généralement plus douteuses.

En 1980, le secteur productif public représentait 1 088 000 salariés ; en 1984, soit après la grande vague des nationalisations Mitterrand, il passe à 1 762 000 salariés ( 16 % du secteur productif, 17 % du CA, 40 % des immobilisations). Après ce pic historique vient la décrue : il ne représente plus que 1 132 000 salariés en 2003, moins encore aujourd'hui. Il est passé de 10,5 % de l 'emploi productif en 1984, à 5, 3 % en 2000.

L'estimation d'un rabais global de 50 % est une moyenne entre des opérations relativement convenables et des cessions d'actifs publics particulièrement scabreuses. Parmi celles-ci , on citera le cas du BRGM qui vend en 1993 pour 788 millions de F un patrimoine minier estimé ultérieurement à 12 milliards de F ou encore celui de la SFP cédée pour 4,5 milliards euros en 2001 , un montant que la profession cinématographique française dans sa totalité qualifia de scandaleuse, une opération intervenue après que l'Etat, obligeant les chaînes de télévision à acheter les programmes hors du secteur public, lui eut coupé les ailes. Comment ne pas évoquer aussi la cession en 2001 des Autoroutes du Sud de la France qui permettent à l'acheteur final de réaliser en 2005, et cela sans le moindre risque, une marge brute d'exploitation de 65 % ! L'Aérospatiale elle-même a été cédée à un prix que l'on estime généralement très sous-évalué.

Aux privatisations d'entreprises proprement dites, s'ajoutent la cession du patrimoine immobilier de l'Etat ou des entreprises publiques, souvent en " bloc " , c'est-à-dire avec des rabais de 50 % : appartements ou bureaux de la Banque de France, de la SNCF, d'EDF, du Crédit lyonnais ou encore la cession d'une partie du stock d'or de la banque de France , " fausse bonne idée de Nicolas Sarkozy " (La Tribune 18 /11/04) , à un moment où tout laisse supposer que l'or est durablement à la hausse.

A cela s'ajoutent différentes techniques dont l'effet est aussi la réduction du patrimoine public : externalisation ( on en a vu les effets fâcheux dans l'affaire du Clémenceau) , titrisation etc.

Au chapitre de la gabegie de l'Etat et de la légèreté de sa gestion au cours des dernières années, Jean Roux décrit aussi les effets dévastateurs de l'affaire du Crédit lyonnais ( 1 milliard euros au moins pour la seule affaire Executive Life : on dira à juste titre que ces erreurs là sont l'effet de la nationalisation, mais cela ne justifie pas que l'on privatise n'importe comment ), la légèreté de la gestion de France-Télécom , qui a fait cadeau de 11 milliards euros à sa filiale allemande Mobicom ( dont 8 milliards sont revenus à l'Etat allemand par le biais de la vente d'une licence finalement inutile !).

Malgré les recettes des privatisations, les années 1980, 1990 et 2000 voient l'endettement public français croître de manière considérable. La dette publique était en 1969 de 15 milliards euros , soit 14 % du PIB, en 1981 de 75 milliards (20 % du PIB ), en 1986 de 180 milliards (30 % du PIB ) , fin 2003 de 1000 milliards euros (60 %du PIB ) , début 2006 de 1120 milliards euros (66, 4 %du PIB) , soit 18000 euros par habitant et bien davantage par famille, dont plus de 50 % sont détenus par des institutions étrangères. Et rien ne laisse à ce jour prévoir que la dérive de la dépense publique ( 5 milliards euros par mois de déficit ) puisse être enrayée.

Non seulement l'Etat s'est appauvri ( 807 milliards d'actifs en 1980, 290 milliards en 2002 selon le rapport Pébereau ) sans que cela ait un véritable impact sur les finances publiques mais la politique menée a largement favorisé la mainmise de capitaux étrangers sur l' économie française. On connaît la malheureuse prise de contrôle de Péchiney par Alcan, prélude à son démantèlement : il a été donné à l'auteur de cet article d'assister au spectacle obscène de la remise, sous les applaudissements de la fine fleur de la finance française, du " prix de la meilleure fusion-acquisition de l'année " au PDG d'Alcan. Mais qui sait que la politique fiscale a pour effet de favoriser cette prise de contrôle ? Un décret de 1993 pris par Nicolas Sarkozy, ministre du budget, exonère de tout impôt les dividendes versés à des fonds de pension étrangers tout en leur maintenant l' avoir fiscal ( dispositif auquel un accord franco-britannique ajoute des avantages supplémentaires). Selon une estimation du Conseil national des impôts, là où le dividende versé est de 100, l'investisseur national reçoit 54, le fonds de pension 100 et s'il est anglais, 145 ! Mais de quoi faut-il encore s'étonner quand on voit fin 2005 le gouvernement français appuyer une action d'une mystérieuse société basée à Jersey contre Etamet dont le principal actionnaire est l'Etat français, cette action conduisant à déposséder cette dernière au bénéfice de la société étrangère d'un des principaux gisements de nickel de Nouvelle Calédonie ! Ceux qui agissent ainsi ne commettent pas seulement un crime vis-à-vis des intérêts français, ils ridiculisent notre pays face à la communauté financière internationale !

Les intérêts étrangers qui profitent des privatisations au rabais sont souvent des fonds de pension américains ( propriétaires par exemple de 43 % d'EADS ) . Autrement dit , alors que l'avenir des retraites n'est pas assuré en France, l'Etat français subventionne les retraités américains ! Cela n'est d'ailleurs pas propre à la France : ce qui se passe dans notre pays s'inscrit dans une politique de prédation de dimension mondiale. On sait comment la Commission européenne a systématiquement encouragé la politique de privatisation, notamment en permettant cette aberration comptable : prendre en compte les recettes de privatisations dans le budget de fonctionnement de l'Etat, ce qui permet une réduction optique du déficit .

On sait moins comment, malgré le coup de semonce du 29 mai 2005, cette politique s'est aggravée, en particulier par la cession de ce qui restait d' autoroutes publiques à vil prix. Le projet en cours de discussion de cession de GDF à Suez va dans le même sens. Les sociétés qui ne sont pas encore privatisées, les grands services publics comme EDF, GDF, SNCF, La Poste, sont en réalité les proies les plus juteuses : jouissant d'un monopole durable , ils présentent une sécurité pour l'investisseur bien plus grande que les actifs proprement industriels, surtout s'ils sont acquis au rabais.

Ce panorama affligeant nous interdit désormais de considérer de haut des pays comme la Russie ou certains pays d'Amérique latine où les privatisations ont été l'occasion d'un pillage généralisé du patrimoine public, générant des fortunes aussi rapides qu'illégitimes : il n'est pas certain qu'en définitive, nous ayons fait beaucoup mieux. Il est décidément bien difficile dans un pays comme la France de trouver les marques du vrai libéralisme responsable, respectueux des deniers publics et par là distinct de la recherche effrénée du profit , de la pure et simple corruption ( que l'on devine dans la pénombre des pratiques que dénonce Jean Roux ) et de l'irresponsabilité technocratique.

L'auteur prédit à la France une faillite à la mode argentine pour les toutes prochaines années : cette prédiction est à rendre au sérieux. On lui reprochera en revanche d'entretenir quelques illusions sur les syndicats, seuls défenseurs à son gré du patrimoine public : il semble ignorer que ceux-ci, trop souvent serrés de près par les procédures judiciaires, n'opèrent qu'une mobilisation de façade contre les pratiques qu'il dénonce : leur discrétion dans l'affaire Suez-GDF est stupéfiante. De même Jean Roux apparaît bien naïf quand il s'imagine que les élus locaux sont plus vertueux que les politiques nationaux ! Sur le plan formel, on lui reprochera seulement d'avoir exagérément élargi son sujet ( prédation de l'environnement, gaspillages sociaux, exode des ˝uvres d'art etc.), ce qui peut affaiblir la crédibilité de son ouvrage qui demeure néanmoins une mine de renseignements.

Voilà au total un travail sérieux et courageux : sa large diffusion est souhaitable : que ces faits scabreux soient connus nous paraît le préalable au redressement des moeurs qui seul peut sauver notre pays du désastre annoncé.

Roland HUREAUX

5 - combat laïque

5.1 - Manifestation à Paris : Delanoë et la police interdisent la contestation

"Delanoë honore un assassin." Trois heures avant l'inauguration de la place Jean Paul II à Paris, Bertrand Delanoë a été conspué par des manifestants venus s'opposer à cette tragique rebaptisation d'un lieu public, au centre exact de la capitale. Le maire de Paris a choisi son camp ce 3 septembre : en plus d'insulter la mémoire des victimes du SIDA, il s'affirme aussi comme un ennemi de la laïcité et fait honte au combat antifasciste (les amitiés de Jean Paul II et de quelques fascistes sont connues). A l'appel des Verts, dont les élus ont affiché une présence remarquée (Sylvain Garel, Yves Contassot, Denis Baupin), et d'Act Up, un rassemblement a été organisé à l'angle nord ouest de la place rebaptisée "place des morts du SIDA". Mais les antipapistes n'étaient pas seuls : alors qu'ils étaient encerclés par la police, quelques militants d'extrême droite les narguaient, libres de leurs mouvements et reconnaissables au petit écusson catholique au coeur sur fond de drapeau tricolore.

Si la Brigade activiste des clowns (BAC) a amusé les passants comme les manifestants par la dénonciation des déclarations criminelles de Jean Paul II, les militant(e)s d'Act Up affichaient une détermination grave et sombre : "Delanoë a oublié; SIDA : 25 millions de morts." A la mémoire des camarades qui ne sont plus et de tous ceux qui, dans les pays pauvres, continuent de mourir à cause de l'intransigeance ignoble du Vatican contre la prévention du SIDA, les manifestants se sont allongés sur le bitume, quai du Marché neuf, devant la préfecture de Police. La place Jean Paul II sera surtout la "place des mortes du SIDA". Le trajet du défilé avait conduit les 150 manifestants à faire le tour de la Préfecture, puis les a dirigés vers la place du Châtelet au son de "Ni dieu, ni maître, ni ordre moral", résonnant entre le Palais de Justice et la Préfecture. Quant à la composante laïque de la manifestation, elle a été assurée par les militantes de l'Union des Familles Laïques.

Mais tous les slogans n'ont pas pu être exprimés; Jean Paul II est un saint avant l'heure et le servile Delanoë comme l'agressif Sarkozy en sont le valet et l'escorte dévoués. Ainsi, avant le début de la manifestation, alors que je déambulais quai de Montebello, un policier en civil remarque la tige de ma pancarte, elle-même masquée par une grande poche. L'homme, habituellement toujours présent en tête des manifestations parisiennes, m'arrête, prend la pancarte et, accompagné de deux collègues en civil eux aussi, m'emmène. Après quelques tergiversations, il est finalement décidé de me parquer avec les Verts qui, à un angle de la place, étaient encerclés par la police. Si, finalement, ni mon identité ni mon sac n'ont été contrôlés, la fébrilité de certains policiers demeurait néanmoins très inquiétante et trahissait la volonté du gouvernement de réprimer tout mouvement de contestation du pape, de l'Eglise catholique et des religions en général. Alors que j'étais seul et n'affichais aucun comportement agressif, un des policiers, qui semblait être un chef, montrait une nervosité disproportionnée. L'homme m'affubla d'un pluriel ahurissant : "Ils ont des pancartes, ils les cachent dans des poches !", panique délirante face au moindre écart à la norme et à un danger fantasmé.

Cet incident était en fait annonciateur de la répression qui devait sévir dans l'après-midi : une cinquantaine de personnes, dont plusieurs membres de l'UFAL, ont été interpellées par la police !

Quiconque ose s'opposer à la papolâtrie, tant du Parti Socialiste que de l'UMP, devient un hérétique à éloigner et enfermer. Ne surtout pas gêner les autorités dans l'exhibition de l'éternelle alliance du sabre, du sceptre et du goupillon. Voilà où en est la laïcité française : après les multiples projets de loi pour la réinstauration du délit de blasphème déposés par des élus UMP, avec les menaces de révision de la loi de 1905 par Sarkozy, après la complaisance de nombreux politiciens dans l'affaire des caricatures de Mahomet, la moindre opposition au pouvoir et à l'impunité des religieux est réprimée par la seule méthode qui assure, depuis toujours, la pérennité des religions. La force brute, l'interdiction de parole, l'acoquinement des puissants avec la cléricanaille, voilà la réalité du message délivré par Saint Bertrand Delanoë ce dimanche à Paris.

Jocelyn Bézecourt

co-auteur avec Gérard da Silva de "Contre Benoît XVI. Le Vatican, ennemi des libertés"
Editions Syllepse 2006
www.syllepse.net/lng_FR_srub_37_iprod_297-Contre-Benoit-XVI.html

5.2 - Inauguration de la place Jean-Paul II : la police de Sarkozy arrête arbitrairement manifestants et passants !

L'Union des Familles Laïques a élevé une vigoureuse protestation lorsqu'elle a appris la décision du conseil municipal de la Mairie de Paris, le 13 juin dernier, de donner le nom du chef de l'Eglise catholique Jean-Paul II au parvis de Notre-Dame (Communiqué du 14 juin 2006).

Elle a appelé, avec d'autres organisations comme Act-Up et les Verts, à manifester pacifiquement, ce dimanche 3 septembre, à partir de 12 heures, à proximité du lieu de l'inauguration (communiqué du 1er septembre 2006).

Il s'agissait, pour les manifestants, de dénoncer le fait de donner le nom d'une place publique, à Paris, à un chef de l'Eglise catholique qui a combattu inlassablement, tout au long de son règne, la laïcité, le droit des femmes et les homosexuels.

Par ses discours, il a contribué à la catastrophe du sida en Afrique. Il a soutenu, d'autre part, les régimes d'extrême droite comme celui de Pinochet au Chili.

Ce dimanche, alors que la manifestation était terminée, les forces de l'ordre ont décidé d'arrêter préventivement tout citoyen qui ne ressemblait pas, physiquement, à un catholique traditionnel.

Par dizaines, des passants et des manifestants ont été, comme de vulgaires malfrats, traînés sans ménagement dans les camionnettes de police, et neutralisés pendant le temps des cérémonies officielles.

L'Ufal, dont plusieurs militants ont été malmenés par les forces de l'ordre, proteste contre ces violences, et contre ces actes qui remettent en cause le droit de manifester, et le droit à la liberté d'expression sur la voie publique.

Alors que deux députés UMP, Roubaut et Raoult, sous la pression d'organisations islamistes, veulent remettre en cause le droit à la libre critique des religions, suite à l'affaire des caricatures, et réintroduire le délit de blasphème en France, l'Ufal constate qu'à Paris, la police d'un ministre de l'Intérieur, qui veut en finir avec la loi de 1905, interdit, au faciès, à des citoyens d'assister pacifiquement à une inauguration sur la place publique.

Bertrand Delanoë et la majorité socialiste de Paris, en ayant répondu positivement à la sollicitation de l'UMP et de l'UDF, portent une énorme responsabilité sur ces incidents. Ils ont donné un mauvais coup à la défense des valeurs émancipatrices dont se réclame la gauche.

Le ministre de l'Intérieur montre par ailleurs, s'il devait accéder à de plus hautes responsabilités, quelle serait sa conception de la laïcité : celle qu'espèrent de lui tous les cléricaux et tous les intégristes, l'interdiction de la libre critique de tous les dogmes, et la réintroduction du délit de blasphème.

L'Ufal saura, lors des prochains mois, rappeler l'importance du principe laïque lors des prochaines échéances électorales.

Elle organisera, dans l'unité, toutes les initiatives pour démontrer la nocivité du modèle anglo-saxon que le ministre de l'Intérieur, mais aussi d'autres communautaristes entendent substituer au modèle laïque de la République.

Fait à Paris, le 3 septembre

Union Des Familles Laïques

www.ufal.org

5.3 - Défendre la laïcité dans un pays laïque devient un délit !

Première arrestation par les forces de police.... et dans des conditions surprenantes. J'ai été arrêtée parce que je refusais d'enlever mes autocollants UFAL "Pour un combat laïque social et féministe" et "Lier le combat laïque et le combat social".

Je n'étais même plus sur le parvis où nous avions réussi à nous glisser avec 3 copines, et dont nous avions été éjectées dès l'exhibition de nos autocollants objets du délit. Bien sur, j'ai demandé à voir les papiers des personnes qui m'ont interpellée : j'ai eu droit au brassard "police" sous le nez et comme les 4 gars semblaient manquer d'humour, je n'ai pas insisté, d'autant qu'il m'ont fermement empoignée et rapidement encagée.

Quand le car a démarré, c'est sous les encouragement et les applaudissements de soutien des personnes choquées qui ont assisté aux arrestations. Nous étions 37 dans ce premier car, militants de la lutte contre le sida, homo gays et lesbiennes, et laïques. Mais nous n'étions même pas tous militants : et le fait d'avoir assisté à la manif du début de l'après midi a été le motif d'arrestation pour 4 d'entre nous. Une souricière d'ailleurs cette manif : impossible de revenir en arrière et encerclés pour rester tranquilles le temps de sécuriser le parvis pour l'inauguration officielle!

Hugo (Victor) revient ! Le parvis qui a servi de décor à ta superbe histoire d'amour entre une gitane trop belle, coupable d'avoir "tenté" un ecclésiastique et un bossu, va être souillé du nom d'un pape particulièrement réactionnaire. Ton slogan : "l'Etat chez lui, l'église chez elle" redevient encore plus d'actualité maintenant.

Pendant 3 heures au commissariat du 18ème, nous avons eu le temps de discuter entre nous : une femme va rendre sa carte du PS, deux autres personnes ont décidé de s'engager dans un mouvement plus construit.

J'ai tenté d'obtenir "un certificat d'arrestation" : ça ne se fait pas! Il aurait fallu pour ça, que je reconnaisse avoir troublé l'ordre public : un comble!

Je n'ai pas eu le droit de serrer la main des codétenus hommes dans la cellule d'à côté, mais nous nous sommes attendus à la sortie. Cette histoire de parvis, ce n'est qu'un début...

Lucette Guibert

6 - énergies

6.1 - Fusion GDF-Suez

Pour information, quelques arguments pour mener campagne contre cette fusion, par Yves Durrieu

La défense des consommateurs

L'argument principal avancé par les promoteurs du projet est la défense du consommateur à travers le maintien de prix de l'énergie décents et la sécurité des approvisionnements. A cet effet, ils soutiennent que le groupe GDF/SUEZ sera plus puissant que GDF seul face aux producteurs de gaz. Cet argument ne tient pas, du fait que les gaziers européens se sont regroupés depuis longtemps en un consortium pour discuter, dans les meilleures conditions, des termes des contrats de livraison à long terme du gaz. La Commission Européenne, après des hésitations résultant de son éternel souci de préserver la concurrence, a finalement accepté cette coopération entre entreprises gazières. Il n'y a donc pas besoin d'une fusion GDF/SUEZ pour défendre la sécurité et des prix d'achat raisonnables du gaz si ce consortium subsiste.

D'autre part, ces messieurs affirment que les actionnaires d'un groupe privé comme GDF/SUEZ ne prélèveront pas des profits supérieurs à ceux que prend l'Etat sur GDF : en fait, l'Etat se contente de rentabiliser son capital à 5%, alors que l'actionnaire privé cherche un profit supérieur à 10%, comme c'est actuellement la règle, ce qui pèsera sur les prix.

Enfin Mr.Mestrallet fait campagne pour la suppression de tous les tarifs règlementés, sous prétexte que ce type de tarif s est en contradiction avec les règles de concurrence. Pense-t-il à la défense des consommateurs lorsqu'il mène cette campagne ?

La défense de SUEZ

Cette défense est présentée comme partie intégrante d'un " patriotisme économique " ; il n'est que d'analyser la composition de Suez pour constater que l'entreprise à défendre n'est que de très loin nationale(constituée en partie de capitaux belges,d'un conseil d'administration dont 7 sur 15 des membres sont étrangers et dont 40% seulement du personnel est français). En fait,

Suez veut s'emparer de GDF pour s'imposer sur le marché du gaz et disposer ainsi d'une offre triple : eau, gaz, électricité. D'ailleurs le président de la nouvelle société ne serait-t-il pas Mr.Mestrallet qui pourrait ainsi mener à bien son " projet industriel " et devenir " le premier groupe énergétique européen ", comme il le proclame sur ses nombreuses publicités ?

L'assaut contre EDF

L'ambition de Suez est de l'emporter sur EDF, dans le cadre d'une " saine concurrence " et d'obtenir le démantèlement de cet opérateur historique, déjà affaibli en France par la division verticale de l'entreprise, la perte de 10 à 20% de ses clients industriels et, si la fusion Suez/GDF se réalise, le démariage EDF/GDF, suivi de la privatisation d'EDF. Des hommes politiques, de droite comme de gauche, ont déjà dénoncé la man˝uvre : Mr. Gonnot (UMP) a déclaré : " Comme il y a difficulté à laisser filer les prix vers le haut, la volonté de maintenir le plus de gens possible dans un tarif ne va-t-il pas conduire un jour à abaisser la participation Etat à 34% dans EDF " ( Enerpresse 20/07/06). Mr.Bayrou (UDF), quant à lui, s'est dit tout simplement hostile à la fusion Suez/GDF parce qu'il y voit un danger majeur pour EDF.

A contrario, n'est ce pas le moment opportun pour reprendre le projet alternatif de fusion EDF/GDF, en l'habillant de propositions préservant les règles concurrentielles, chères à la Commission européenne ( du type umbunding transport-distribution ) ?Dans un contexte où les fusions entre firmes gazières et électriques se multiplient,il faudrait tout particulièrement se prévaloir de l'antécédent EON-Rhurgas (dont le poids financier est plus lourd que celui d'EDF/GDF), accepté en 2003 par la Commission européenne, qui doit, d'après les traités européens, appliquer les mêmes règles aux entreprises publiques qu'aux entreprises privées

A votre disposition pour toute collaboration sur ce grave sujet.

Yves Durrieu

Ex-chargé des relations européennes (Direction de la Distrib. EDF/GDF)

7 - rentrée scolaire

7.1 - A propos de l'article "De l'éducation" de Lionel Ganier (Respublica 465)

Il emporte ma quasi totale adhésion(aussi,son mail m'intéresse).

L'Education Nationale mérite autre chose que les présents battage, agitation et colonisation médiatiques sur les méthodes de lecture ou l'effarement (volontaire) du privé sous contrat qui ne peut soi-disant pas satisfaire les demandes soit-disant massives de parents désireux d'y scolariser leurs enfants; ainsi, ils pourront demander une augmentation des aides de l'Etat...

Elle mérite une réflexion, une concertation et une action à court, moyen et long termes, avec les acteurs de terrain(enseignants, parents....), leurs représentants, les syndicats enseignants(6% du personnel est syndiqué je crois), et avec des représentants du gouvernement dignes de ce nom, c'est-à- dire connaissant bien les dossiers et convaincus que l'intérêt général prime sur le particulier...

(j'envoie demain un petit chèque de soutien à Respublica)

Evelyne Bigou

64140 Billère

8 - violence au quotidien

8.1 - Mina 52 ans, martyrisée dans son quartier

Frappée deux fois par le " petit ami " de sa fille, qui lui a cassé la jambe, et martyrisée quotidiennement par les " caïds " du quartier notamment à cause de son remariage, Mina dénonce ceux qui ont fait de sa vie un enfer.

" Ma femme est dépressive depuis plusieurs années.

C'est une personne fragile. Les jeunes du quartier s'en prennent souvent à elle. Ils lui ont volé son téléphone une vingtaine de fois, ainsi que son sac à main. Cette fois, elle a été victime d'une vengeance crapuleuse...", raconte Richard, opérateur à l'usine Peugeot de Poissy, âgé de 56 ans. L'homme semble un peu perdu et très marqué par ce qui est arrivé à sa femme au début du mois d'août.

" J'ai été agressée trois fois cette année. Le même homme m'a frappé deux fois de suite. C'est le petit ami de ma fille, il habite le même quartier que moi", explique calmement Mina. À 52 ans, clouée dans son fauteuil roulant et affaiblie par ses blessures, elle conserve la rage de dénoncer son calvaire.

Richard ouvrier à la chaîne chez Peugeot-Poissy et Mina vivent dans un HLM du quartier des Musiciens aux Mureaux, allée Frédéric Chopin, depuis sept ans.

Le 9 août, alors qu'elle marchait dans la rue, près de chez elle, Mina a eu le tibia et le péroné fracturés par un violent coup de pied envoyé de côté par son agresseur qui a pris la fuite. Une plainte a été déposée.

À l'hôpital de Meulan-Les Mureaux où elle a subi une opération de la jambe le 10 août, Mina raconte :

" C'était le 9 août, vers 18 heures 30. Je marchais dans la rue avec mon mari, lorsque j'ai aperçu ce garçon. J'ai dit à Richard, ne te retourne pas. Il est passé en courant à côté de nous deux et m'a frappée à la cheville comme un karatéka. Je me suis effondrée au sol, j'ai hurlé. Il était déjà loin. J'ai dit à mon mari de prévenir les secours, ma jambe me faisait un mal atroce."

" Une arabe musulmane mariée à un Français, ça gêne..."

Opérée le lendemain durant quatre heures, Mina a maintenant trois plaques, des vis et des agrafes tout le long de la jambe. Les jours suivants, elle dit avoir encore beaucoup souffert et n'a trouvé de répit que grâce à la morphine que lui ont administré les médecins de l'hôpital.

Cette semaine, le médecin légiste a rendu son rapport.

Mina aura six semaines d'interruption temporaire de travail et devra passer par une longue période de rééducation avant de pouvoir remarcher.

La violence gratuite et la folie n'expliquent pas tout selon Mina et Richard. Ce dernier voit une raison simple qui entraîne autant de haine à leur égard :

" une arabe musulmane mariée à un Français, ça gêne beaucoup dans le quartier. Les insultes que nous subissons le montrent", témoigne Richard.

" Au printemps, j'ai appelé la police tous les jours à cause du tapage devant ma porte... qui a été forcée à deux reprises. Les jeunes veulent aussi se venger de cela : je ne tolère pas le squat devant mon entrée d'appartement !", complète Mina.

Mina, qui devra encore rester quelque temps à l'hôpital, n'envisage pas de retourner dans son appartement lorsqu'elle sera rétablie. Avec son conjoint, elle espère pouvoir déménager rapidement, et vivre une vie normale.

Frédéric Antoine

Source : Le Courrier de Mantes du 30/08/2006

9 - no pasaran

9.1 - Les sandinistes à droite de la droite sur le droit à l'avortement

Voici les propos de Rosaria Murillo, directrice de campagne de Daniel Ortega chef du FSLN au Nicaragua (l'héroïque parti sandiniste) dans le cadre des élections de novembre (Ortega espère les gagner vu les sondages) et sur un des sujets qui fait polémique. Depuis un siècle, l'avortement thérapeutique existe au Nicaragua, donc un avortement très rare (il a été refusé à une gamine de 9 ans enceinte suite à un viol, sous prétexte que sa vie n'était pas en danger !) et pourtant l'Eglise veut en finir avec cette anomalie !

Voici donc la réponse du FSLN :

"Nous sommes profondément croyants. Nous pensons que les valeurs religieuses sont un soulagement, une protection. La foi est une façon pour les êtres humains de rencontrer la paix. Les valeurs religieuses sont la force dont nous avons besoin pour conduire notre vie quotidienne qui a été ces dernières années très dure. La vie quotidienne nous oblige à affronter des défis très forts or, avec la protection et la consolation de la foi, les gens se nourrissent, se lèvent et l'âme se fortifie.

Nous, precisément parce que nous avons la foi et une religion, parce que nous sommes croyants et que nous aimons Dieu par dessus tout, nous avons pu survivre à tant de tourmentes, uniquement en apprenant de chaque difficulté que le Seigneur nous a envoyé comme une leçon, comme un moyen d'apprendre.

Voilà pourquoi nous sommes totalement d'accord avec l'Eglise et les Eglises en ce qui concerne l'avortement qui est un acte qui affecte fondamentalement les femmes car jamais on ne peut se remettre des douleurs d'un avortement, du traumatisme d'un avortement. Quand des personnes ont été obligées d'y recourir elles ne s'en remettent jamais. Et cette douleur nous ne la désirons pour personne.

De plus, c'est un attentat contre la foi, contre la vie. Pour ça, nous disons que nous nous unissons aux clameurs de l'Eglise, aux clameurs de la majorité des Nicaraguyens qui sont contre l'avortement. Le FSLN dit : "Non à l'avortement, oui à la vie!" Nos candidats, nos responsables, nos maires, nos députés vont se prononcer aujourd'hui. Je le répète clairement : Non l'avortement, Oui à la vie! Oui aux croyances religieuses, Oui à la foi, Oui à la quête de dieu, car c'est ce qui nous renforce tous, chaque jour pour reprendre la route. Oui à la foi, à la religion, et à la vision de nos guides pastoraux et spirituels du peuple comme son éminence le cardinal Obando y Bravo qui a offert aux Nicaraguyens le drapeau de la Réconciliation, et que l'Unité du Nicaragua nom du FSLN pour la campagne électorale triomphe. C'est ce qui portera en avant le Nicaragua".

Le FSLN est donc contre tout droit à l'avortement !

Cette déclaration, qui ne circulera pas en boucle sur les infos internet, confirme le triste positionnement du FSLN à droite de la droite (le gouvernement voulait améliorer la loi !). Que le soutien que lui apporte Chavez ne nous trompe pas. Depuis longtemps Ernesto Cardenal (figure de la théologie de la libération et sandiniste) qui soutient Chavez, dénonce le FSLN, un groupe politique n'ayant en vue que la défense de ses propres intérêts économiques. Peut-on comprendre enfin le nouveau statut des autorités religieuses ? Et à dénoncer le FSLN je n'en soutiens pas pour autant le candidat de Bush. Il existe un candidat de la rénovation sandiniste qui tourne autour de 15% dans les sondages. A suivre.

Hasta la informacion siempre.

Jean-Paul Damaggio

10 - Proche-Orient

10.1 - Nasrallah va-t-il sauver Olmert ?

Le surprenant discours de Hassan Nasrallah prononcé dimanche va presque certainement sauver Ehoud Olmert d'une commission d'enquête gouvernementale.
Le ministre de la défense, Amir Peretz, et le chef d'état-major Dan Haloutz peuvent eux aussi respirer. Car les déclarations de Nasrallah constituent un coup sévère donné aux mouvements de protestation, déjà en baisse.
L'explication est simple : les déclarations fracassantes du leader du Hezbollah ont été résumées en deux mots par la plupart des médias israéliens, palestiniens et étrangers : "Nasrallah regrette".

Si Nasrallah regrette vraiment, et s'il admet qu'il a fait une erreur, il s'agit en pratique d'un aveu d'échec, car la guerre est en général un jeu à sommes nulles. Si un côté perd, la conclusion est que l'autre a gagné. En d'autres termes, le gouvernement Olmert et l'armée commandée par Dan Haloutz ne s'en sortent pas si mal après le discours de Nasrallah.

Et si cela est vrai, pourquoi une commission d'enquête sérieuse ? Mais cela peut aussi être un règlement de compte intra-libanais, une tentative de rejeter la critique selon laquelle le Hezbollah a été la cause de la destruction du Liban. Les dirigeants iraniens ont eux aussi, sans aucun doute, un rapport avec les déclarations de Nasrallah. Dans une interview surprenante, de plus de deux heures, il y a eu un certain nombre de déclarations extraordinaires. Et avant tout, l'expression de regrets et l'aveu qu'une erreur a été commise. Les dirigeants politiques n'ont pas l'habitude de faire de telles déclarations.

L'interview a surpris le correspondant convoqué sur le lieu où se cache Nasrallah. Des journalistes palestiniens ont écrit hier que c'était la première fois depuis le début de la guerre que Nasrallah était interviewé par une chaîne de télévision libanaise non contrôlée par le Hezbollah. D'après les Palestiniens, les déclarations de Nasrallah n'étaient pas dictées par le désarroi, au contraire. Le fait qu'il ne craint pas l'autocritique est une preuve de sa crédibilité.

On pourrait relier le discours de Nasrallah à l'implication de l'Iran au Sud Liban et aux immenses bunkers qui viennent d'être découverts près de la frontière Nord d'Israël. "Une ville souterraine", disent les Israéliens, qui couvrait deux kilomètre carrés et comprenait des colonnes en béton, des lignes téléphoniques et autres équipements. Tout cela, qui devait servir à une campagne intensive, a été sans nul doute construit avec l'aide de l'Iran.

La construction d'un système de ce type coûte une fortune et exige des compétences et des moyens. Si l'Iran, qui a fourni 13.000 missiles au Hezbollah et l'a aidé à construire ces bunkers, ce n'était pas pour lui permettre d'enlever deux soldats et les échanger contre une poignée de prisonniers libanais détenus en Israël. Apparemment, l'Iran avait des plans plus ambitieux, comme l'initiative d'une guerre contre Israël au cas où les Américains (avec ou sans l'assistance d'Israël) attaqueraient l'Iran pour empêcher le développement de son arsenal nucléaire.

Dans ce contexte, certains Iraniens se sont fâchés avec le Hezbollah, celui-ci ayant permis que la guerre se développe sans raison. D'après un analyste palestinien, c'est la pression iranienne qui a empêché Nasrallah d'utiliser des missiles à longue portée Zelzal capables de frapper Tel-Aviv. D'après cette théorie, les déclarations relativement modérées de Nasrallah ont un rapport avec ce qu'a dit le président iranien Ahmadinejad dans un discours il y a deux jours. L'Iran n'est une menace pour personne, "pas même pour le régime sioniste qui est pourtant l'ennemi juré de tous les peuples de la région ", avait dit Ahmadinejad.

L'Iran essaie-t-il de gagner du temps pour continuer à bâtir sa capacité nucléaire ? Tout cela reste du domaine des hypothèses. Pour le moment, il est clair que Nasrallah, influencé d'une manière ou d'une autre par l'Iran, a aidé Olmert, Peretz et Haloutz à passer à travers les gouttes.

Traduction : Gérard pour La Paix Maintenant

Danny Rubinstein

11 - courrier des lecteurs

11.1 - Merci d'avoir égayé ma journée

Morte de rire je suis, à la lecture de la chronique 466. Finalement il n'y a pas de meilleure arme que la dérision. Bravo Evariste. Rien ne pouvait mieux démontrer par l'absurde en allant jusqu'au bout de la logique des ethno-regiono-bobo-islamiste.

Merci d'avoir égayé ma journée de rentrée.

Maryse Haslé

11.2 - Vous êtes sur la ligne du Christ

Cher Evariste,

J'ai lu vos réflexions et sentiments exprimés dans l'article " Respecter les non-croyants et les laïques ". Je partage vos sentiments. Je pense notamment à ce collègue chrétien intégriste qui s'arrogeait le droit de prier au travail alors que le lieu de travail n'est pas un lieu pour l'exercice du culte. Tous les catholiques qui prennent les Evangiles comme la parole de Dieu devraient savoir que le Jésus mythique s'exprime de la façon suivante au sujet des prières publiques :

Lorsque vous priez, en soyez pas *comme les hypocrites*, qui aiment à *prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, _pour être vus des hommes_*_._

Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. *_Mais quand tu pries " entre dans ta chambre, ferme ta porte_*, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père qui voit dans le secret, te le rendra. (Matthieu, 6,5)

Les réflexions que vous avez faites, correspondent donc en réalité à ce qu'a dit le Jésus mythique dans les Evangiles, l'exercice du culte, les prières, la pratique de la religion *_doit doivent avoir lieu " dans la chambre, porte_* fermée " comme le dit le mythique Jésus. Les Evangiles confirment donc que c'est une affaire privée entre Dieu et le croyant, qu'il ne doit pas rendre publique par des prières hypocrites pour être vus des hommes. Ce n'est pas évidemment ce verset-là que le curé va lire pendant la messe, sinon il doit fermer sa boutique.

Vos réflexions et vos sentiments n'ont donc rien de contraire à ce que le Jésus mythique nous apprend dans les Evangiles et ne devraient donc pas déranger les croyants qui ne respectent pas leur propres Evangiles, selon Matthieu.

Salutations amicales,

Guillaume Plas

Belgique

11.3 - Votre humour fait du bien

Cher Evariste,

Superbe chronique 466 (encore plus que d'habitude!). C'est bon de vous lire avec tout cet humour qui soulage et réussit à capter l'absurdité de certains concepts.

Amicalement,

Murielle Lucie Clément

Amsterdam

12 - à voir

12.1 - Allez voir le film de Ken Loach

Cher Evariste,

Pour sortir un peu des querelles sur l'islamisme rampant sur lequel j'émets toujours un doute car notre beau pays laïque en a vu d'autres et a les moyens de se défendre.

Je te propose de faire un tour du côté du Mexique où les élections présidentielles donnent lieu à une empoignade entre le gagnant et le perdant qui se tiennent dans un mouchoir de poche. Le second accuse le premier de fraudes électorales massives, l'autre ricane, soutenu qu'il est par les Etats-Unis et la classe dirigeante.

Ce n'est pas tant la situation mexicaine qui m'interpelle que la manière dont les médias dominants français en parlent.

Ainsi, cette semaine, Alexandre le Grand (Adler pour les intimes de France Culture) a donné une lecture très intéressante de la "mexiconnerie". Le terme n'est pas de lui mais de moi. Il m'a été suggéré par le discours adlérien.

En effet, si l'on suit Alexandre le Grand, le candidat de gauche qui réclame le recomptage des voix au Mexique est un anti démocrate, tenté par la dérive totalitaire, le peuple qui le soutient, en campant devant le Parlement, est au moins aussi con que celui qui a voté, en France, contre la Constitution européenne.La preuve, c'est un peuple de pauvres et d'incultes.

Heureusement (sic), le présidentiable de gauche est, peu à peu, lâché par ses alliés. Je ne sais pas où Alder est allé chercher cette info, en tout cas, je ne l'ai trouvée nulle part sur des sites locaux en langue espagnole. Mais là, n'est pas la question.

Ce qui m'étonne c'est qu'Adler n'a pas eu le bon goût de rappeler que l'Ukraine s'est trouvée, elle-aussi, dans la même situation et que les médias dominants de toute l'Union européenne, des Etats Unis et d'ailleurs, n'ont pas trouvé si ringarde l'action du perdant de droite. Un perdant qui n'était pas tenté par la dérive totalitaire, lui, puisque le peuple qui le soutenait et campait devant le parlement, était composé de riches et d'intellectuels bobos pro-américains et surtout anti-russes.

Les médias dominants ont appelé ça la révolution Orange. Rien à voir avec France Télécom, il s'agissait ni plus ni moins que la couleur des tentes et des drapeaux fournis pas la belle Amérique... du Nord.

Aujourd'hui, l'Ukraine a sombré dans le chaos politique, c'est, sans doute, pour cela que plus personne n'en parle.

Je ne sais pas qui va gagner au Mexique et d'ailleurs ce n'est pas très intéressant car le candidat de gauche n'en a vraiment que le nom. Ce qui me paraît plus passionnant, c'est la désinformation qui est à l'oeuvre en France.

Alors que nous entrons dans une année électorale importante, cette donnée doit être prise en compte c'est bien pourquoi, je compte sur Respublica et quelques autres blogs pour donner une lecture honnête des enjeux en présence.

Non, le duel Sarko-Ségo ne fait pas l'unanimité. Il reste une page politique à écrire, celle de la gauche laïque et républicaine.

Pour terminer sur une note culturelle, j'invite les lecteurs de Respublica à aller voir le dernier film de Ken Loach, "Le vent se lève", en version originale si possible parce l'irlandais ce n'est pas de l'anglais. Ici, c'est une langue de résistance. No pasaran, ça se dit comment en irlandais?

Geneviève Confort-Sabathé