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  1. chronique d'Evariste
    1. Après la politique du pire des leaders du non de gauche, les Indigènes pointent leur nez !, par Évariste
  2. bonne nouvelle
    1. Les Amis de Respublica reprennent leurs débats, par ReSPUBLICA
  3. Droits des salariés
    1. Les régimes spéciaux dans le collimateur de la droite, par Gérard Filoche, Jean-Jacques Chavigné
  4. combat laïque
    1. La dangereuse raison antilaïque de Benoît XVI, par Pierre Hayat
    2. À intégriste, intégriste et demi, par Stéphane Arlen
    3. A propos des paroles de Benoit XVI : bruit, fureur et " face cachée ", par Robert Albarèdes
    4. Bientôt une statue de 10 mètres de haut de Jean-Paul II à Ploermel, par Anonyme
  5. Nicolas Sarkozy
    1. Sarkozy du communautarisme au républicanisme incantatoire, par Rudy Reichstadt
  6. Islam et République
    1. La LDH fait la promotion du " féminisme islamique ", patriarcal et intégriste, par Caroline Fourest
  7. école publique
    1. " Les porcs, venez manger ", par Mireille Popelin
  8. combat féministe
    1. Machisme, par Fabienne Courvoisier
  9. société
    1. Statistiques ethniques, c'est possible, par François Héran
  10. Europe libérale
    1. La fin programmée en France des entreprises publiques à caractère industriel ou commercial, par Charles Rafalovicz
  11. à lire
    1. " Et si la gauche changeait... Génération Hollande ", de Stéphane Bugat, par Jean-François Chalot
  12. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Après la politique du pire des leaders du non de gauche, les Indigènes pointent leur nez !

Décidément, la situation est de plus en plus confuse, à gauche. Il y a bientôt dix-huit mois, les partisans du " non " avaient un véritable boulevard, tandis que la direction du PS était sonnée par l'ampleur de sa défaite. Aujourd'hui, le comble est que par un renversement de tendance qu'il serait trop simple de n'attribuer qu'à la seule volonté des médias, une candidate qui a sorti des énormités lors du débat européen apparaît comme le seul rempart à un deuxième tour Sarkozy-Le Pen !

Lors du débat télévisé organisé par Arlette Chabot ("Mots croisés") sur France 3, le 19 mai 2005, Ségolène Royal avait dit : "Si le non gagne, je serai obligée de privatiser les cantines scolaires en Poitou-Charentes". "La constitution est très belle". Sur une chat du Monde, le 29 mars 2005, elle ajoutait que la victoire du non " serait une forme de décadence. Au sens où l'Europe est à la fois notre famille, notre identité et notre avenir. Lorsqu'on quitte sa famille, lorsqu'on renie son identité et lorsqu'on a peur de l'avenir, alors il y a une forme de régression. " Pourtant, aujourd'hui, tout cela parait oublié, et seul un coup tordu des éléphants du PS parait pouvoir mettre fin à l'irrésistible ascension de Ségolène Royal.

Au-delà des dernières empoignades qui vont secouer le parti de la rue de Solferino, notamment la candidature de Lionel Jospin, et les chances très réduites d'un Laurent Fabius (qui vient par ailleurs de trouver LA formule assassine contre Sarkozy, le qualifiant de caniche de Bush), force est de reconnaître que cette situation est d'abord la faillite des leaders du non de gauche, si brillants jusqu'au 29 mai, et si lamentables ensuite.

Nous avons jusqu'à ce jour eu droit à la valse des trois B : Buffet, Besancenot, Bové. Depuis la faillite de la réunion " unitaire " de Saint-Denis, d'autres croient que leur heure est venue.

On a d'abord eu la candidature de Clémentine Autain, apparentée PC, adjointe à la mairie de Paris. Un peu de jeunisme et un peu de féminisme, cela c'est moderne, coco !

Seul problème, cette jeune personne a quand même signé l'appel des " Indigènes de la République ", avant de se rétracter un peu tardivement, ce qui ne change en rien la gravité de sa signature, et montre sa fragilité aux thèses communautaristes et son absence de culture républicaine.

Patrick Braouezec, l'ancien maire de Saint-Denis, député, président de la communauté d'agglomération, rénovateur communiste, est lui aussi prêt à se sacrifier, et a fait savoir qu'il était d'accord pour y aller !

Seul problème, sous son règne, Saint-Denis est devenu un véritable laboratoire du communautarisme, des associations culturelles qui ne sont que le cache sexe d'organisations religieuses y sont financées de manière conséquente, et de nombreux Indigènes de la République sont dans la garde rapprochée de Braouezec. D'autre part, ce député a prononcé un discours, au Parlement, lors du débat sur la loi contre les signes religieux à l'école, qui est un modèle de dérive anti-laïque.

On commence à prononcer le nom d'un autre candidat, Yves Salesse. Peu connu du grand public, ancien trotskiste de la LCR, puis membre du cabinet de Jean-Claude Gayssot, il est le président de la fondation Copernic, qui se voulait un outil pour mettre au service de la gauche antilibérale des dossiers bien argumentés, comme la fondation Saint-Simon le faisait pour la deuxième gauche. Mais la fondation Copernic a été rapidement instrumentalisée par l'extrême gauche et les communautaristes, et a choisi de passer sous silence les principes laïques. Résultat : de nombreux Indigènes de la République, dont la démarche n'a jamais été condamnée par Salesse, y sévissent.

Bref, devant l'impasse des trois B et des leaders du non de gauche, les Indigènes et leurs proches s'agitent. Il ne manque plus que la candidature de Mouloud Aounit, et le spectacle serait complet.

D'ailleurs, à l'heure de la discrimination positive, pourquoi ne lui donnerait pas sa chance, à notre ami Mouloud Aounit ? Il n'a certes pas animé beaucoup de réunions, mais i l était place de la République, à quelques jours du 29 mai, sur la tribune, avec tous les leaders du non. Il avait d'ailleurs beaucoup souffert, ce jour là, puisqu'il avait dû assister à l'ovation réservée à notre collaboratrice Jocelyne Clarke, qui, au nom de l'Ufal, avait tenue un discours laïque et féministe qui avait décoiffé le président du Mrap, mais conquis les 15.000 spectateurs.

Finalement, plus je réfléchis, plus cela aurait de l'allure, que Mouloud postule à son tour ! D'ailleurs, il y a une contradiction énorme : les Indigènes et leur mouvance ne présentent que des candidats dont les parents ont été des colonisateurs ! Pas un enfant de colonisé parmi les candidats, ce ne serait pas la preuve que même chez eux, la gangrène du racisme sévit ? Donc, pour faire bonne mesure, il faut que Mouloud y aille à son tour, c'est de l'honneur de la mouvance qu'il s'agit. Lui, quel comité de soutien il pourrait réunir ! Comme il a appuyé la plainte contre Charlie Hebdo, on aurait toutes les composantes du Conseil Français du Culte Musulman, dont l'UOIF, qu'il a invité à manifester contre le racisme en 2004 !

Comme il défend le droit à ce que la viande hallal soit servie dans les cantines scolaires de l'école publique, il aurait le soutien sonnant et trébuchant de toutes les boucheries hallal de France et de Navarre, et naturellement des trois mosquées qui ont le monopole de la commercialisation, et qui passent à la caisse à chaque vente de la viande sacrée.

On aurait les s˝urs Levy et leur père, et naturellement toutes les voilées exclues de l'école publique à la rentrée 2004, à cause de la loi raciste et colonialiste, sans oublier la dernière victime des racistes français, dans le gite des Vosges.

On aurait toutes les voilées vertes, comme Siham Andalouci et les Verts de Roubaix, et toutes les sections fortement infiltrées par les amis de Frère Tariq.

On aurait les représentants du Hamas et du Hezbollah, avec qui Mouloud et bien d'autres ont défilé tout l'été.

Et puis, j'aurais envie de voir les réunions publiques du candidat Aounit, avec, à sa tribune, Tariq Ramadan, les voilées de service, les Indigènes de la République, les Geisser, Tevanian, Dieudonné, Soral et autres hurler leur haine des laïcards et stigmatiser le racisme de l'Etat colonial, avec bien sur quelques mots sur l'agresseur sioniste des paisibles mouvements du Hamas et du Hezbollah, cela animerait la campagne.

Comme il ne faut pas avoir une vision colonialiste de la politique et des rapports hommes-femmes, pourquoi pas des salles où les hommes sont d'un côté, et les femmes de l'autre, avec naturellement interruption du meeting quand c'est l'heure de la prière (comme cela s'était fait à Montreuil, quand les trotskystes de la LCR tendance SWP cautionnaient ces pratiques).

Mais il est vrai qu'au-delà de la franche rigolade que cela occasionnerait, il y a quand même un obstacle majeur à la candidature du président du Mrap : à chaque fois qu'il intervient, Le Pen se frotte les mains, et progresse dans les sondages. La situation est assez préoccupante pour ne pas jouer la politique du pire de manière irresponsable, donc, tout bien réfléchi, la candidature Aounit, ce n'est pas une bonne idée.

A part cela, la politique a horreur du vide, et aujourd'hui, les seuls à gauche qui occupent de manière crédible l'espace présidentiel sont les partisans du " oui ", qui n'ont tiré aucune conséquence que leur désaveu du 29 mai.

Bravo à tous les apparatchiks et brillants stratèges qui grenouillent dans les appareils des partis, et qui passent leur temps à élaborer des plans plus brillants les uns que les autres !

A cause d'eux, la droite et l'extrême droite risquent de capitaliser la victoire d'un non qui était majoritairement de gauche.

Car enfin, si Sarkozy gagne la présidentielle, alors qu'il est porteur d'un programme communautariste anglo-saxon rejeté par la majorité des citoyens, c'est vraiment qu'en face, on aura été plus que mauvais !

Évariste

2 - bonne nouvelle

2.1 - Les Amis de Respublica reprennent leurs débats

Dans une année 2007 décisive, les Amis de Respublica, après une année marquée par des réunions publiques en province et des banquets républicains parisiens, a décidé d'intensifier les réunions publiques, partout où cela est possible, partout où vous solliciterez nos collaborateurs.

Nous entendons multiplier les conférences, débattre sans sectarisme, dans la clarté, avec des groupes ou personnalités qui ne partagent pas forcément toutes nos positions (et vice-versa), comme nous l'avions fait l'an passé avec le groupe Vive la République.

Le vendredi 22 septembre, nous avons invité à Paris, bourse du Travail, salle Varlin, à 19 heures, le groupe Démocratie et Socialisme, et son porte-parole le plus célèbre, Gérard Filoche, inspecteur du Travail, syndiqué à la CGT, membre du Parti socialiste, et du courant Force Militantes Démocratie Sociale (FMDS).

Le thème de la soirée sera : 2007, enjeux sociaux et enjeux laïques, et notre collaborateur Pierre Cassen interviendra pour les Amis de Respublica. Le débat sera animé par Marie Perret, professeur de philosophie, collaboratrice de Respublica et présidente de l'Ufal de Paris-12.

Nous sommes sollicités sur d'autres thèmes, notamment " Energie et développement durable ", " Santé et Sécurité Sociale ", " l'Ecole de la République " " Laïcité et Féminisme ", " Immigration et République ", etc.

Si vous souhaitez nous contacter, n'hésitez pas à solliciter Evariste, evariste@gaucherepublicaine.org

ReSPUBLICA

3 - Droits des salariés

3.1 - Les régimes spéciaux dans le collimateur de la droite

Les régimes spéciaux de retraites (salariés de la SNCF, de la RATP, d'EDF-GDF) se retrouvent confrontés à un véritable tir de barrage. François Fillon affirme qu'il faudra réformer ces régimes de retraite " dès le début de la prochaine législature ". Pour la Cour des comptes, il faut leur imposer " les principes prévus par la loi de 2003 ". Pire, ils sont défendus par de Villepin. Le promoteur du CNE et du CPE appelle, en effet, " à ne pas monter certains Français contre d'autres " !

Querelle tactique et accord sur le fond

L'opposition entre Fillon et de Villepin relève de la tactique politicienne. Fillon veut embarrasser de Villepin au moment du débat sur la fusion Suez-GDF. De Villepin ne veut surtout pas que de l'huile soit jetée sur le feu. Mais, sur le fond, il n'y a aucune illusion à se faire : si la droite gagne les élections en 2007 (quel que soit son candidat à la présidentielle), elle cherchera à réformer les régimes spéciaux de retraites et cela ne sera que l'une des multiples régressions sociales que nous aurons alors à subir.

Horace et les Curiaces

Jean-Louis Debré (président UMP de l'Assemblée Nationale) pose une question intéressante à François Fillon : " Pourquoi lorsqu'il était ministre, n'a-t-il pas fait une réforme des régimes spéciaux ? " La réponse est simple : il fallait diviser le salariat pour pouvoir l'affronter sur un sujet aussi sensible que les retraites. Horace choisissait d'attaquer l'un après l'autre chacun des trois Curiaces : le secteur privé, la fonction publique, les régimes spéciaux. En 1993, Balladur avait commencé à la besogne en s'attaquant aux retraites des salariés du secteur privé (40 ans de cotisations, retraite calculée sur les 25 meilleurs années et non sur les 10¦) En 1995, Juppé, s'appuyant sur l'inégalité créée par Balladur entre salarié du privé et du public s'attaquait, au nom de l'égalité, à la retraite des fonctionnaires et aux régimes spéciaux. L'énorme mobilisation de novembre-décembre 1995 l'obligeait à reculer. Fillon en a tiré les leçons : en 2003, il ne s'est attaqué qu'aux seuls fonctionnaires.

Il estime mAintenant qu'il est temps d'en finir avec les régimes spéciaux, toujours au nom de sa conception de l' " égalité ", celle du nivellement par le bas.

En 1995 les salariés du public ont défendu les intérêts de tous les salariés

En 1995, les salariés de la fonction publique, ceux de la SNCF, d'EDF-GDF, de la Ratp ont été accusés de défendre des " intérêts corporatistes ".

En réalité, en défendant leurs propres retraites, ils ont défendu les retraites de tous les salariés, du privé comme du public. Pendant 8 ans, aucun gouvernement n'a osé remettre en cause les retraites dans le public mais aussi dans le privé. Il n'était pas possible, en effet, d'exiger des salariés du privé une augmentation de leur durée de cotisation tant que les salariés du public bénéficiaient de 37,5 années et demie.

Mais en 2003, Fillon ne s'est pas contenté d'obliger les salariés du public à cotiser 40 annuités. Dès 2008, la loi qu'il a fait voter, augmentera d'un trimestre par an ans la durée de cotisation dans le privé et dans le public.

Les 45 annuités préconisées par le Medef sont en bonne voie.

Pourquoi les salariés sont-ils les seuls visés ?

Curieusement, le tir de barrages contre les régimes spéciaux de retraites ne vise que les salariés. Pourtant, au nom de l' " égalité ", il existerait d'autres cibles.

Les " retraites chapeaux ", tout d'abord. Elles sont financées à grands frais par les entreprises et permettent à bien des dirigeants d'entreprise de bénéficier d'une retraite approchant souvent de très près leur salaire d'activité. Ce sont autant de sommes qui sont détournés de l'augmentation des cotisations retraites patronales et qui nuisent à l'équilibre des régimes de retraite des salariés du secteur privé.

Ensuite, les transferts entre régimes de retraite, ce qu'on appelle la " compensation ". Ils se font au détriment des régimes de salariés et au profit des régimes de non-salariés (agriculteurs, professions indépendantes, commerçants, professions libérales¦). En quoi est-ce acceptable alors que ces professions paient des cotisations nettement inférieures à celle des salariés (cotisations salariés + cotisations employeurs) et ont toujours refusé un alignement de leurs cotisations sur celles des salariés ?

Un enjeu financier au total peu important

Il s'opère, tout d'abord,une confusion entre les régimes spéciaux de retraite des trois Fonctions publique (Etat, collectivités territoriales, hôpitaux) et les régimes spéciaux de la SNCF, de la RATP, d'EDF-GDF, des mines. Or, seuls ces derniers sont concernés puisque les trois fonctions publiques ont été au nombre des victimes de la loi Fillon de 2003. L'enjeu est donc beaucoup moins important que ce qui est suggéré.

La Cour des comptes précise, ensuite, qu'il faut réformer ces régimes " en raison des perspectives démographiques " : le nombre de retraités augmente et le nombre de cotisants diminue. C'est un argument un peu court car il ne prend pas en compte les causes de cette évolution démographique. La cause fondamentale de cette évolution est pourtant évidente : la dégradation du service public et le fait que depuis plus de 20 ans, les embauches nécessaires à un fonction correct du service public n'ont pas été effectuées. Il est donc normal que la solidarité nationale intervienne pour financer les retraites de ces régimes. Si tel n'était pas le cas, quel serait le sort des mineurs retraités ?

Enfin, lorsque l'on analyse la question des retraites, il est nécessaire d'envisager l'avenir, de faire un peu de prospective. En effet, si la situation démographique des régimes spéciaux n'est pas très favorable aujourd'hui il n'en sera pas de même dans 20 ans. A condition, toutefois que cesse la dégradation du service public. Car la diminution des embauches depuis plus de 20 ans se traduira par une diminution des départs en retraite en 2025. Aujourd'hui, il y a environ 500 000 retraités (certains ne bénéficiant, d'ailleurs, que de pensions de réversion) relevant des régimes spéciaux pour un total de 12 millions de retraités, soit 4,2 %. En 2025 les chiffres seront tout à fait différents : environ 300 000 pour environ 18 millions de retraités, soit 1,6 % du total.

Alors pourquoi tant de bruit pour si peu ?

Parce que la droite veut briser les reins de ceux qui ont été le fer de lance des mobilisations de salariés en 1995 et en 2006. C'est aussi l'un des buts des privatisations, même si ce n'est pas le plus important. Parce que la droite veut aller au-delà de l'allongement d'un trimestre par an de la durée de cotisation et aller le plus rapidement possible vers une retraite à taux plein pour 45 années de cotisation. En effet, sans augmenter les cotisations (ce que le Medef lui interdit) il ne sera pas possible d'équilibrer le financement des régimes de retraite par répartition.

L'article 5 de la loi Fillon lui permet très clairement d'agir ainsi. Mais cela ne sera possible politiquement que quand aura sauté l'ultime verrou des 37,5 années de cotisation dans les régimes spéciaux.

Pourquoi pas un seul régime de retraite ?

La question est judicieuse. Mais il faudrait d'abord la poser au gouvernement qui, avec la loi Fillon, a fait le lit des fonds de pension et mis à mal la possibilité d'un seul régime unifié de retraite par répartition.

Il faudrait ensuite la poser à tous les non-salariés qui ont toujours refusé l'intégration à un régime qui les obligerait à aligner leurs cotisations sur celle du salariat. Il faudrait, enfin, prendre en compte le fait que EDF-GDF et la RATP ont commencé à intégrer (adosser) les retraites de leurs salariés au régime général. Cette intégration a amené le versement d'une soulte par les entreprises concernées, afin de compenser le transfert de charges.

L'égalité des droits

Il reste cependant une question de fond : pourquoi les salariés d'EDF, la SNCF, la RATP pourraient-ils profiter de conditions de départ en retraite qui seraient plus avantageuses que celles des salariés du privé ou des trois fonctions publiques ?

Les salariés des entreprises visées ont la possibilité de partir en retraite à 55 ans, voire à 50 ans. Ils cotisent 37,5 années contre 40 dans les autres secteurs. Leurs retraites sont calculées sur le dernier salaire. Est-ce acceptable au regard du sort imposé aux salariés du privé ou de la Fonction publique ?

Que 18 000 agents de conduite de la Sncf (10 % des agents de la Sncf) puissent prendre leur retraite à 50 ans ne paraît pas scandaleux au regard de la nature de leur métier et de la sécurité des usagers. D'ailleurs, les militaires peuvent la prendre bien avant cet âge mais ne font pas l'objet d'une attention aussi soutenue. Ce qui est regrettable, par contre, c'est que la pénibilité du travail et la sécurité (des usagers de la route par exemple) ne soient pas prise en compte dans le secteur privé.

Que les 160 000 autres agents de la Sncf puissent partir à 55 ans correspond au versement de cotisations retraites beaucoup plus élevées que dans le secteur privé. En 2000, ces cotisations s'élevaient à 26 % de son salaire pour un salarié du privé (régime général et ARCCO) mais à 36 % de son salaire pour un salarié de la Sncf. Une partie de ces 36 % est certes payés par l'Etat mais c'est aux dépens d'un salaire direct plus élevé.

Leur retraite est calculée sur leur dernier salaire. Mais ce ne serait certainement pas une bonne solution pour les salariés du privé : à la différence du public, un salaire peut considérablement régresser au cours de cette dernière année. La vraie égalité avec les salariés du public serait de revenir au calcul de la retraite sur la base des 10 meilleures années.

Les salariés relevant des régimes spéciaux peuvent bénéficier d'une retraite à taux plein au bout de 37,5 années de cotisation. Alors qu'il faut 40 annuités pour les salariés du privé. Alors qu'il faudra (dans le meilleur des cas) ajouter un trimestre par an à ces 40 annuités à partir de 2008 aussi bien pour les salariés du privé que pour ceux des trois fonctions publiques.

Il n'y a donc pas égalité. Mais tout le problème est de savoir comment établir cette égalité.

L'espérance de vie après 60 ans augmente (même si elle le fait beaucoup moins rapidement que ne l'affirme la loi Fillon). Il pourrait, donc, être possible de discuter d'un allongement de la durée de cotisation Mais cela n'aura aucun sens tant que sévira le chômage de masse et que différer le départ à la retraite obligera des centaines de milliers de jeunes à rester au chômage.

Cela n'aura aucun sens, non plus, tant que la durée moyenne d'une carrière dans le secteur privé sera, comme aujourd'hui, égale à 37 ans. Dans les conditions actuelles, en effet, obliger les salariés du privé à cotiser au-delà de 37,5 ans pour bénéficier d'une retraite à taux plein relève d'un déni de réalité, d'une volonté de faire chuter dramatiquement le niveau des retraites sans oser l'avouer. Le patronat licencie à tour de bras les salariés de plus de 50 ans et le gouvernement vient de supprimer le seul frein à cette frénésie : la contribution Delalande qui obligeait à verser entre 8 et 12 mois de salaire pour le licenciement d'un salarié âgé. De plus en plus de salariés du privé (notamment les femmes) partent avec des retraites amputée, de plus en plus proches du minimum vieillesse. Ils seront sans doute la majorité dans 30 ans.

Certes, l'égalité est nécessaire. Mais la seule égalité possible, aujourd'hui, si l'on ne veut pas baisser le niveau des retraites, c'est les 37,5 annuités, dans le privé comme dans le public (fonction publique et régimes spéciaux).

Comment financer les retraites ?

L'alignement des régimes spéciaux de retraites sur les autres régimes de retraite des salariés ne concernerait que 1,6 % des retraités en 2025. Il serait donc, de toute façon, parfaitement vain d'attendre de cette réforme une solution au financement des retraites. . C'est pourquoi il est nécessaire de revenir sur la question du financement des retraites. C'est là que se situe la clé du problème. La réforme Fillon ne crée pas de nouvelles ressources pour les retraites. Pour cette loi, l'équilibre financier sera le produit de l'allongement de la durée de cotisation et de la baisse du montant des retraites. Ce qui signifie que dans 30 ans, vieillesse et pauvreté redeviendront synonymes pour la majorité des salariés en retraite, comme il y a 40 ans !

Pourtant, selon le Conseil d'Orientation des Retraites et le rapport Charpin avait calculé qu'il était possible de maintenir le niveau des retraites à condition d'augmenter les cotisations retraites de 15 poins en 40 ans. Cela représente une augmentation de 0,38 point par an. A part le Medef, qui peut prétendre qu'une augmentation de 0,25 point pour les cotisations patronales et de 0,13 points pour les cotisations salariales serait insupportable ?

C'est, au contraire, non seulement possible mais souhaitable. Cela serait possible car cela n'empêcherait ni les profits ni les salaires directs d'augmenter. Cela permettrait de financer des retraites égales à 75 % du salaire et (en augmentant plus rapidement le taux des cotisations patronales) de commencer à répartir autrement les richesses. Cela permettrait de commencer à reprendre au capital les 160 milliards d'euros annuels gagnés par les profits au détriment des salaires au cours des 25 dernières années.

L'égalisation des retraites se ferait alors par le haut et non par le bas comme le veulent le gouvernement et le Medef.

Gérard Filoche

www.democratie-socialisme.org

Jean-Jacques Chavigné

www.democratie-socialisme.org

4 - combat laïque

4.1 - La dangereuse raison antilaïque de Benoît XVI

Le 12 septembre 2006, le pape a eu l'idée innocente de faire état à l'Université de Ratisbonne de sa lecture récente du " dialogue " qui eut lieu en 1391 entre un empereur byzantin et un persan lettré sur le Christianisme et l'Islam. Après avoir cité les paroles aimables que l'Empereur prononça sur Mahomet, Benoît XVI a rappelé à son auditoire l'" argumentation " impériale: " Ne pas agir selon la raison (...) est contraire à la nature de Dieu (...) Celui qui veut conduire quelqu'un vers la foi, doit être capable de bien parler et de raisonner correctement et non d'user de la violence ".

C'est que le " thème " choisi par le pape pour sa conférence était: " Foi et raison ". On n'a pas besoin d'être un grand théologien pour supposer que, d'après le pape, l'islam sépare la foi de la raison et adore un Dieu irrationnel qui provoque la violence, tandis que le christianisme unit foi biblique et raison grecque.

Le pape aurait pu utilement assurer que son Église excluait (désormais) la violence militaire et la conversion forcée. Mais au lieu de se contenter d'exposer les vues pacifiques de son Église, il a opposé sa religion à une autre.

On ne peut que s'inquiéter d'un tel " dialogue entre religions ", lorsque l'une d'entre elles juge que l'autre est par nature réfractaire au dialogue, pour se désoler le lendemain d'avoir été mal comprise... Les guerres de religions ont fait dans l'histoire des ravages, au nom précisément d'un Dieu qui se plaint du Dieu de l'autre, jugé inapte au dialogue. Et aujourd'hui, des musulmans modérés soulignent que le pape a fait le jeu d'islamistes empressés de se reconnaître dans le portrait flatteur dressé par l'empereur Manuel II.

Mais la conférence du pape est inquiétante aussi par son dogmatisme doctrinal, s'agissant du rôle que le chef du Vatican entend faire jouer à la " raison de la foi " dans le monde d'aujourd'hui.

Benoît XVI assure que le christianisme a récupéré " le meilleur " de la rationalité grecque. C'est sans doute pourquoi il ignore l'injonction contenue dans le Poème de Parménide de juger selon sa raison, au lieu de croire aux opinions issues des conventions. Il oublie également l'invention de la Cité qui est un espace commun et public, égalitaire et symétrique, lieu de débat et principe d'auto-organisation de l'ordre politique. Quant à l'exhortation de Socrate, dans le Phédon de Platon, à ne pas devenir " misologue ", en prenant en haine la raison, elle est évoquée par le pape de façon tronquée. Le pape omet en particulier de mentionner le lien que Platon établit entre " misologie " et " misanthropie " - le mépris des raisonnements et la perte de confiance en l'humanité.

L'intérêt, d'après le pape, de la raison grecque est " l'analogie " qu'elle établit entre la pensée humaine et le logos divin. Contre un Dieu absolument impénétrable, le Dieu de Benoît XVI, héritier en cela des grecs, n'est pas excessivement distinct de notre raison qui nous éclaire sur le bien et le vrai... Un esprit laïque ne devrait-il pas être rassuré par ce Dieu qui semble, somme toute, inoffensif? Quel inconvénient un " homme simplement homme ", seulement éclairé, comme Descartes, par sa lumière naturelle, verrait-il à ce qu'un homme de religion estime que son Dieu " s'est montré comme logos "? Aucun. L'ennui est que la thèse aux apparences " humanistes " du pape a un revers: si Dieu n'est pas hors de toute raison, il faut dogmatiquement admettre que notre raison est un " miroir du divin "!

Pour le pape, si la foi est fondée en raison, c'est que la raison s'est mise à l'écoute du divin. Cette infaillible circularité doctrinale appelle une conclusion politique: " Une raison qui est sourde face au divin (...) est incapable de s'insérer dans le dialogue des cultures. "

Il ne faut donc pas s'étonner que le dogmatisme du pape ne se porte pas seulement sur l'islam. Il vise aussi la Réforme du seizième siècle accusée de considérer la foi comme " un élément inséré dans la structure d'un système philosophique ". Aux protestants, il est ainsi reproché de ne pas avoir compris que la philosophie doit demeurer la discipline ancillaire de la théologie. Pas question donc pour le pape d'admettre une religion morale de type kantien car celle-ci dénie à la foi " l'accès à la totalité du réel ". Pas question surtout de reconnaître à la rationalité scientifique une autonomie par rapport aux dogmes de sa religion. Ce n'est pas à partir d'une spiritualité et d'une morale ouvertes à tous les hommes, qu'ils aient ou non une religion, que les résultats de la science et de la technique peuvent selon lui être discutés, mais sur la base de la dogmatique vaticane, " comme par exemple la foi dans la divinité du Christ et dans la Trinité de Dieu ".

Pour le pape, la " pathologie " qui menace la Vraie Raison et la Vraie Religion est la morale laïque, lorsque " le sujet décide, sur la base de ses expériences, ce qui lui paraît religieusement soutenable, et (que) la 'conscience' subjective devient en définitive l'unique instance éthique ". La " raison " du pape se présente comme le remède violent à la maladie laïque de la liberté de conscience et du respect des itinéraires spirituels de chacun.

Le discours du chef du Vatican fournit la preuve par l'absurde de l'impérieux besoin de plus de laïcité en France, en Europe et dans le monde. À travers l'exigence laïque, s'affirme l'idéal concret d'une vie politique indépendante de l'humeur, des intérêts et des dogmes des chefs religieux, d'une liberté de conscience partout préservée, et d'une raison critique qui ose examiner, douter, essayer, objecter et se corriger elle-même.

N.B. Les citations sont tirées du texte intégral de la conférence tel qu'il figure sur le site du Monde, dans la traduction de Sophie Gherardi.

Pierre Hayat

4.2 - À intégriste, intégriste et demi

Le pape, intégriste chrétien notoire, fait des déclarations méprisantes sur l'islam, et des intégristes musulmans lui demandent des excuses. Dans ce jeu de dupes où l'on feint de croire qu'on a le respect de l'autre (cet autre qui pense détenir l'unique vérité et qu'on aimerait voir disparaître), les musulmans sortent vainqueurs, ayant pour eux l'avantage de la menace et de la terreur, hier apanages de l'Église catholique mais aujourd'hui pratiquement abandonnées.

Les papes font semblant d'être ouverts aux autres religions, tout en ne cessant de dire que l'Église catholique romaine est universelle et qu'elle est donc seule habilitée à savoir ce qui est vrai. Les beaux messages de paix ne sont que de vagues tolérances noyées dans un profond sentiment de supériorité.

Aussi, quand un pape dit publiquement ce qu'il pense et ce que l'Église écrit tous les jours, cela fait scandale ! On déclare alors que ses paroles ont été mal comprises, qu'il regrette d'avoir blessé les musulmans, prenant les auditeurs pour des idiots quand les paroles prononcées sont aussi claires.

Qu'a dit Benoît XVI, ce bon pape qui vient de réintégrer les intégristes, ce pape qui s'est opposé à la théologie de la libération, celui qui a écrit que la femme n'avait qu'un rôle de mère, d'épouse et de veuve, celui qui a demandé qu'on ne parle pas à la justice des affaires de prêtres pédophiles, oui, qu'a-t-il dit ? Simplement que l'islam s'était propagé par la violence. Or, qui peut le démentir sans mauvaise foi ? Qui peut soutenir que Mahomet était non violent et qu'il n'a pas massacré à tour de bras ses opposants et quelques tribus juives gênantes ? Le pape ne fait que dire la triste réalité connue par tous, et volontairement ignorée par les amnésiques.

Mais le pape ne fait que du racolage : il essaie désespérément de faire croire que sa religion vaut mieux qu'une autre, alors qu'évidemment elles se valent toutes, alors qu'évidemment l'Église catholique est sans doute la plus mal placée des religions pour parler de la violence des autres.

Ce brave vieux de Benoît XVI s'était permis de faire des déclarations de soutien aux musulmans suite à l'affaire des caricatures de Mahomet. Et aujourd'hui il doit se dire qu'il aurait mieux fait, comme à chaque fois, de se taire. Bientôt il en appellera à la liberté d'expression, constamment combattue par l'Église.

Le non-croyant, l'homme de raison, regarde ce spectacle avec amusement : un intégriste présente ses excuses à plus intégriste et dangereux que lui. Ah ! que le monde serait triste sans ses clowns !

Stéphane Arlen

président de l'association Faire Le Jour
www.fairelejour.org

4.3 - A propos des paroles de Benoit XVI : bruit, fureur et " face cachée "

Que la violence soit consubstantielle à l'islam, c'est l'Histoire qui le prouve : Muhammad fut un chef de guerre qui s'est imposé par la force à Médine comme à La Mecque ; à sa mort , le schisme intervenu se réalise dans les massacres (et cela dure encore avec la même cruauté) ; ses différents " héritiers " partent à la conquête " du monde " à la tête d'armées puissantes qui imposent la nouvelle foi et la nouvelle loi : l'Islam porte sa " parole " comme un gonfanon au très haut d'une lance...

C'est son Livre (et ses exégèses) qui le montrent : on n'y compte plus les préceptes, directives, énoncés divers qui en appellent à la soumission, à la destruction, de celui qui ne professe pas la " vraie foi " (Il est vrai que des textes inverses existent : comment se fier à une " telle auberge espagnole " ?)

C'est le monde musulman actuel qui l'illustre , traversé par le refus de toute autre foi , les persécutions les plus diverses, les soumissions les plus éhontées, les violences les plus inacceptables, sans parler de l'instrumentalisation des foules " chosifiées " que l'on envoie vociférer contre un discours jamais ouï ou des caricatures jamais observées , exemple parfait de la soumission la plus obscurantiste et de l'oppression la plus déshumanisatrice . . . Le cheminement sanglant de la religion chrétienne (sous toutes ses formes) à travers les siècles ne justifie en rien le parcours historique fait de sang et de larmes de la religion islamique . . . L'un et l'autre sont à rejeter , et au même titre : celui du respect de l'Homme en tant que tel , , de l'Homme libre de conscience , de pensée , d'initiative . . . libre de choisir , seul - face au mystère du Monde - la réponse qui lui convient. Par parenthèse, il faudra bien un jour se demander ce qu'est cette religion qui interdit à chacun le droit dexaminer son histoire , d'analyser et de juger ses productions , de critiquer ses préceptes et autres lois . . . bref , qui interdit à celui qui la professe comme à celui qui ne la professe pas de faire preuve de raison , de liberté de jugement , de sens critique , de curiosité intellectuelle . Cela me semble la disqualifier . . .

Mais le bruit et la fureur qui accompagnent quelques phrases prononcées par le Pape , et l'amplification exagérée qu'y donnent les média , occultent , en fait , l'essentiel de ses propos tout au long de son voyage " à Ratisbonne " . Et qui est autrement plus important pour nous , en notre " bon pays laïque "... Car il s'est agi , en permanence , pour Benoît XVI , d'en appeler à " l'union sur un mode nouveau de la raison et de la foi " , étant entendu que ce " mode nouveau " est celui de la soumission de la raison à la foi... Car il s'est agi , en permanence , pour Benoît XVI, de remettre la foi au point de départ de toute chose , y compris de la science , et de prêcher une sorte de " créationnisme " rénové... Car il s'est agi , en permanence , pour Benoît XVI , de réinventer " la crainte de Dieu " face au rationalisme et à l'athéisme pour " sauver " l'homme de son angoisse du monde... Car il s'est agi, en permanence, pour Benoît XVI, d'˝uvrer pour remettre son Eglise au centre de l'espace public des hommes dans une Europe qui se construit et où l'Eglise catholique n'a pas renoncé à s'imposer de toutes les manières... Le Pape a montré là qu'il était, aussi (et surtout) un homme politique : on n'a peut-être pas suffisamment porté attention au fait que l'Eglise catholique avait élu un pape allemand en un moment où se joue un essentiel géopolitique, celui de la construction européenne dont la réalisation est à moyen terme et dont la soumission à l'empire américain doit être manifeste. Gageons que, très bientôt , nous allons voir réapparaître une nouvelle mouture de traité constitutionnel européen... Gageons que, cette fois, l'Eglise catholique y saura imposer l'héritage et les valeurs chrétiennes . . . Gageons qu'elle saura agir pour y faire consacrer la réappropriation de l'espace public par les religions : sans risque pour elle , tant elle domine et tant elle sait " renvoyer l'islam dans les cordes " ( c'est aussi à cela qu'a servi le discours tant décrié)...

Au moment où, en France, on entend des voix multiples (et de toutes les sensibilités politiques) en appeler à la " régionalisation " de l'Europe, à la déstructuration de l'idée de Nation , à l'éparpillement communautariste de la société, à l'affaiblissement du socle laïque de notre République (par le contournement et le non-respect de la loi de 1905, notamment )... Au moment où se construit une Europe, économiquement " libérale " selon le modèle américain et " sociétalement " morcelée à l'anglo-saxonne... il n'est pas innocent que l'Eglise vaticane prenne date et place. Mais il est étonnant de voir tous ceux qui , ici , sont attachés au principe fondateur de laïcité et exigent son renforcement , continuer à se regarder " en chiens de faïence " depuis les fenêtres de leur chapelle respective , incapables de sortir du pré-carré qu'ils exploitent pour construire , devant notre peuple et avec lui, le " grand combat laïque " dont nous avons besoin et dont la nature politique est manifeste .

4.4 - Bientôt une statue de 10 mètres de haut de Jean-Paul II à Ploermel

PLOERMEL, petite ville du centre du Morbihan (56) s'est déjà illustrée par le comportement délirant de son maire Paul ANSELIN. C'est en effet la plus petite ville de France à posséder des caméras de surveillance de l'espace public, parfois plus...

Nouveau coup médiatique pour ce maire de droite extrême, mais cette fois, beaucoup plus grave car il s'agit d'ériger une statue haute de 10 m du pape Jean-Paul II sur l'espace public. Le projet est bien évidemment contraire à la loi de 1905 qui stipule " Titre V, article 21 : IL EST INTERDIT A L'AVENIR, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publiques ou en quelque emplacement public que ce soit à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture privée ainsi que des musées ou expositions ". Il est clair que dans le cas présent , il s'agit bien d'un monument religieux (orné d'une croix romaine) inauguré par l'évêque et un nonce apostolique(cf. pièce jointe)

Nous appelons donc à la mobilisation de tous les laïques et de tous les citoyens respectueux des lois.

Cette mobilisation pourrait s'exprimer de diverses façons :

Communiqués de presse, pétition, présence démontrant l'opposition ou l'hostilité, présence silencieuse, voire manifestation organisée, mais l'imagination est au pouvoir....

Merci d'avance de réserver votre journée du Dimanche 22 Octobre la présence de tous étant indispensable à l'expression de notre laïcité , lien de la République.

PETITE HISTOIRE DE LA STATUE

Elle est l'˝uvre de l'artiste russe Zurab TSERETELI.

Elle est offerte à Paul ANSELIN, maire de PLOERMEL, pour service rendu...

ANSELIN n'a pas voulu la mettre dans son jardin, il a donc cherché un lieu dans PLOERMEL. Les Frères de La Mennais, (Institution religieuse ploërmelaise) contactés, aux dires du maire, n'ont pas donné suite pour l'ériger dans leur propriété. Il a donc trouvé que l'espace public était une bonne solution. Ce qui n'a pas soulevé beaucoup de protestation localement, ni de la part de la Préfecture (qui n'aurait pas dû donné son aval).

Le projet initial était une statue de 15 m sur 8, à l'égal de la mégalomanie d'Anselin. Mais le projet actuel n'est pas mal non plus (10 m de haut).

Anonyme

5 - Nicolas Sarkozy

5.1 - Sarkozy du communautarisme au républicanisme incantatoire

Depuis ses premiers discours de campagne présidentielle de Nîmes et d'Agen, le probable candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy a troqué son discours habituel vantant les "identités" et les "spiritualités" pour se faire le héraut de la République et de ses valeurs. Une analyse sérieuse de ses positions et de celles de ses principaux lieutenants conduit pourtant à ne déceler dans ce soudain accès de républicanisme qu'un nouvel avatar de l'opportunisme politique et de la stratégie de corruption idéologique qui amène à répudier la République en son nom.

Nicolas Sarkozy Y a-t-il une " exception Sarkozy " en matière de communautarisme ? Tout porte à penser que le président de l'UMP, à l'instar de beaucoup de ses pairs de droite comme de gauche, pratique le clientélisme communautaire. Mais celui qui tente aujourd'hui de se refaire une virginité républicaine à travers des prises de position fortes sur la nation et la République, qui fulmine contre la " tentation communautariste " tout en entretenant un savant flou artistique sur ce qu'il entend concrètement par " discrimination positive ", échoue à convaincre.

Les récents discours de Nîmes (Pour la France, 9 mai 2006) et d'Agen (Pour la France du travail, 23 juin 2006) ont en effet marqué un infléchissement significatif de la vulgate sarkozienne. Au point que le candidat à l'élection présidentielle de 2007 séduit désormais d'anciens compagnons de route de Jean-Pierre Chevènement comme Max Gallo (1) ou attire la sympathie critique mais somme toute bienveillante d'un Alain-Gérard Slama (2) dont l'inflexibilité sur les questions de communautarisme n'a d'égal que la sagacité des analyses (son dernier opus, Le Siècle de Monsieur Pétain, traite admirablement de cette aspiration identitaire qui, alternativement, exclu et emprisonne l'individu (3)).

Pourtant, il y a loin de la parole aux actes et la geste sarkozienne est truffée de contradictions. Comment peut-on, en effet, flétrir ce communautarisme qui " menace d'enfermer chacun dans ses origines, dans sa religion et sa couleur de peau " (4), et se prononcer, dans le même temps, pour la prise en compte de l'origine ethnique dans les statistiques officielles (5) ?

Comment peut-on fustiger " ceux qui conspuent la France ", qui la " caricaturent au travers de son histoire ", prétendre également avoir tiré les leçons du non au référendum sur la Corse du 6 juillet 2003 et, en même temps, consentir à la ratification de la Charte des langues régionales et minoritaires (6), l'une des revendications les plus fondamentales des ethno-régionalistes ?

Comment peut-on appeler à une réforme de la loi de 1905 séparant les églises et l'Etat, au motif de " nationaliser " l'islam français, tout en s'en remettant, sur les questions touchant à la formation des imams ou au voile islamique, à l'avis d'une autorité religieuse étrangère (7) ?

Comment peut-on se dire préoccupé par l'égalité des chances, au point de prôner des méthodes radicales qui peinent à faire leurs preuves outre-atlantique (la fameuse " discrimination positive "), tout en affichant un bilan si peu convaincant ? Donner plus à ceux qui ont moins, très bien ! Encore faut-il ne pas se payer de mots ! Nicolas Sarkozy est, depuis 1983, à la tête d'une commune des Hauts-de-Seine - Neuilly - abritant moins de 800 logements sociaux, soit 2,5 % du parc résidentiel, ce qui est en totale infraction avec la loi SRU, qui exige un minimum de 20 % de logements sociaux (8). Alors quoi ? Volontarisme ici, immobilisme là ?!

6 - Islam et République

6.1 - La LDH fait la promotion du " féminisme islamique ", patriarcal et intégriste

Décidément, la commission " Islam & laïcité ", anciennement initiée par la Ligue de l'enseignement et désormais sous la houlette de la Ligue des droits de l'homme, préfère les musulmans réactionnaires aux musulmans progressistes.

Cette commission est très fière d'annoncer qu'elle organise à l'UNESCO, les 18 et 19 septembre prochain, sur le thème : " Qu'est-ce que le féminisme musulman ? "

Officiellement, il s'agit de soutenir un féminisme de l'intérieur, basé sur les références musulmanes. En réalité, ce " féminisme " islamique est un féminisme fondamentaliste, destiné à combattre le féminisme dit " occidental " sous prétexte de rester fidèle à une lecture fondamentaliste du Coran. Selon les mots mêmes de son principal promoteur, Tariq Ramadan, il s'agit d'un féminisme où la femme occupe des " activités conforme à sa nature ", porte le voile et ne " doit pas se libérer au détriment de la famille " (traditionnelle). L'homme est chargé de l' " orientation du foyer ", et les châtiments corporels envers les femmes sont justifiés au nom du Coran.

Parmi les invités vedettes de ces deux jours, on retrouve l'une des lieutenante du prédicateur : Siham Andalouci, membre de Présence musulmane et du Collectif des Féministes pour l'égalité et de la Commission islam et laïcité.

Mais aussi et surtout Nadia Yassine, la porte-parole du mouvement islamiste marocain Al-Adl wal Ihsan (Justice et Spiritualité), l'équivalent intégriste de Marine Le Pen au Maroc !

Parmi les références bibliographique de cette journée, les travaux de Asma Lamrabet, qui est effectivement l'une des auteures de référence du " féminisme islamique ".

Dans son livre, Musulmane tout simplement, préfacé par Tariq Ramadan et paru aux éditions Tawhid en 2002, elle justifie le verset 34 de la sourate 4 autorisant les hommes à battre leurs femmes si elles se montrent désobéissantes dans la mesure où " le Saint coran " oblige les femmes à se montrer soumises à des hommes croyants donc justes : " Dans ce verste, dieu s'adresse en premier lieu aux croyants.Or qui dit croyant dit un certain nombre de règles à respecter ; autrement dit le croyant est respectueux, bon et juste. En second lieu, Dieu parle des femmes " désobéissantes " et non pas des femmes en général .l'obéissance ici est certes une obéissance au mari, mais quel type de mari ? Il est évident qu'il s'agit du mari croyant, bon, qui lui même obéit à Dieu et à Ses directives. Il est donc question ici de femmes non obéissantes, non respectueuses d'une certaine morale conjugale " (p.71) Et que le " féminisme " islamique autorise donc à battre.

Bel encouragement. Merci à La Ligue des droits de l'homme pour tous ses efforts en faveur de l'intégrisme antiféministe, qui avait tant besoin d'être épaulé, contrairement aux musulmans féministes et laïques à qui la Ligue tourne le dos.

Caroline Fourest

Pour en savoir plus sur le colloque www.islamlaicite.org/article332.html
Pour en savoir plus sur la LDH et le " féminisme islamique ", lire Frère Tariq (Grasset, 2004) et la Tentation obscurantiste (Grasset, 2006)
www.prochoix.org/cgi/blog/2006/09/15/844-colloque-scandaleux-a-lunesco-la-ldh-fait-la-promotion-du-feminisme-islamique-patriarcal-et-integriste

7 - école publique

7.1 - " Les porcs, venez manger "

Cela se passe à la cantine d'une école de l'agglomération de Lyon .

Lorsque le menu prévoit de la viande de porc, les enfants ont deux options : la viande dite " sans porc " est prévue en remplacement . Les élèves sont alors appelés ainsi :
- " Les sans-porc , venez manger "

Pour ceux qui mangent sans distinction le menu élaboré par la Ville de Lyon , les élèves sont ainsi appelés :
- Les porcs , venez manger ! "

Cette phrase étant dite avec" un rire à peine caché " . Les personnels parlent arabe aux enfants de confession musulmane , et entre eux . ( lettre des parents )

Les élèves " sans porc " sont servis en priorité. Il n'est pas rare de voir à la récréation de la cantine des enfants de confession musulmane traiter les .. autres de " porcs " , de " rhallam " ( ce qui signifie " impur " )

Les bagarres ont été fréquentes, avec des enfants blessés. Toute l'année. L'enfant n'a pas pu en parler tout de suite , elle était menacée de représailles .

Aussi ce couple de parents excédé a fini par porter plainte : leur fille était injuriée, traitée de " sale pute " et menacée, quand elle est arrivée à l'école avec une jupe, et quand elle a déclaré ne pas croire en Dieu .

" La pratique d'une viande en remplacement de la viande de porc nous semble de nature à créer les conditions d'une irruption du religieux dans les affaires scolaires . En effet , il suffit maintenant d'avoir un prénom dont les origines pourraient évoquer la possibilité d'une confession musulmane pour que les autres enfants comme le personnel de cantine s'emploie à assigner une place à l'enfant : es-tu musulman ou peux-tu manger du porc ?

Cette pratique ne conduit en réalité qu'à renforcer le communautarisme ... Alors que l'école est un lieu commun... Sinon, nous aurons au sein de l'école des tables de juifs, de chrétiens, de musulmans, etc.

Or, c'est justement dans sa mission (de l'école) de préserver la liberté de conscience des enfants que l'école échoue quand elle admet de telles pratiques à la cantine "

Ces phrases, je les ai tirées de la longue lettre adressée aux élus, aux partis politiques, à la FCPE, à la PEEP etc .. et à l'UFAL du Rhöne.

Ces parents , profondément laïques, ont crié leur colère et porté plainte auprès du Procureur de la République de Lyon .

Nous les soutiendrons et nous les aiderons.

Mireille Popelin

8 - combat féministe

8.1 - Machisme

La lettre des frères Cohn-Bendit (le Monde daté du 15 septembre)"sexe faible s'abstenir",s'offusquant du "machisme politique" serait tout à fait recevable si elle n'émanait de deux personnes qui, me semble-t-il sont proches (voire membres) de l'"école pour tous" et autres "indigènes de la république" prônant la "liberté de porter le voile", locution qui n'est, à l'évidence, pas féministe, mais correspond tout à fait à un oxymore. "Les maos"(titre d'un livre tout récemment paru) ne sont pas les seuls à subir une involution : terme médical signifiant une évolution défavorable et irréversible (involution sénile par exemple).

Même les "Psy" (je ne crois paS que Freud soit à ranger parmi les féministes : il n'était même pas neutre) se sont aperçu(e)s que dans les difficultés des enfants (même grands) tout ne venait pas de la mère : il était temps même si c'est encore à l'état"idéel"!, mais l'"usage=vécu" tarde à suivre dans la vie de tous les jours (et pas seulement dans les milieux dits "religieux"). Quant à la caricature qu'est le "professeur" Amoroso,tout comme le professeur Jérome Lejeune en son temps (années 70) il fait beaucoup , à l'"insu de son plein gré", pour notre cause! une note plus frivole:le boom des ventes des "accessoires érotiques" me réjouit plutôt,car il n'est pas que les cinéastes "gênants" comme Brisseau pour s'intéresser au plaisir féminin!Nous allons bientôt avoir tous les droits ,même celui de ne pas VOULOIR d'enfants.

Que de justifications n'avons-nous (même si je ne suis pas directement concernée) pas dû avancer en ce domaine,au même titre que seules les femmes doivent renoncer à un enfant pour des exigences des employeurs(les mêmes qui sont natalistes...hors leur personnel!).S'il faur être Simone de Beauvoir pour pouvoir déclarer sa liberté de choix quant à la maternité .... et même maintenant,il serait avéré qu'une femme ne peut se"réliser " totalementque dans la maternité .. et la vie de"famille" (ce qui implique un mari!).

Si je ne soutiens pas Segolene Royal dans sa future candidature,c'est que je ne me sens pas proche de ses arguments politiques ,pas plus que de tous les autres prétendants PS (Laurent Fabius itou). Lui reprocher "ses mensuration, c'est à peu près aussi élégant que reprocher (naguère et peut-être encore) aux militantes d'"avoir du poil aux pattes"(sic), de "vouloir pisser debout" (resic) et d'être "mal baisées" rereresic (c'étaient peut-etre ceux qui le proféraient qui baisaient mal les "malheureuses"?) Et il semble qu'être plaisante, jolie, évite ce genre de réflexions si élégantes, mais n'est toujours pas admissible pour certain(e)s. Combien de fois avons-nous dû entendre (même sans écouter) : "je suis féminine, pas féministe". Il semble que le ridicule ne tue décidément pas, car je l'ai entendu tout récemment encore (il faut oser!).

Que va dire José Bové à propos de la candidature de Clementine Autain (au demeurant pas plus opportune que celle de Bové)? Tiens,Bové lui aussi consent aux femmes une "liberté" : celle de porter le "voile"... et l'incursion de Clementine Autain chez les indigènes de la République? La politique n'est pas affaire d'appartenance sexuelle mais plutôt d'Humanisme... lequel concerne TOU(TE)S les Etres Humains.

Salutations

Liberté Egalite Fraternité Laîcité et... MIXITE

Fabienne Courvoisier

9 - société

9.1 - Statistiques ethniques, c'est possible

Les statisticiens et les démographes sont aujourd'hui soumis à une double injonction, parfaitement contradictoire. S'ils se désintéressent des origines des immigrés ou de leurs descendants, ils font preuve d'aveuglement et d'incompétence. S'ils s'y intéressent, ils mettent en péril le pacte républicain. C'est toujours trop ou trop peu, et les deux verdicts sont parfois rendus tour à tour par les mêmes juges, assurés d'avoir toujours raison.

On ne peut enfermer les statisticiens dans cet étau qu'au prix de sérieuses confusions.

Il est d'abord fondamental de préciser de quelles données l'on parle. Il existe, d'un côté, des fichiers d'enquêtes anonymes - ou anonymisés si les entretiens étaient initialement nominatifs - issus d'échantillons aléatoires, établis uniquement à des fins de connaissance scientifique et sans aucune incidence sur le sort des personnes. De l'autre, les administrations et les entreprises manient des fichiers de gestion exhaustifs et nominatifs ayant des effets directs sur les intéressés : fichiers du personnel, d'élèves, de locataires, etc. Comment peut-on confondre ces deux types de données ? Dans leur jurisprudence constante, les autorités de contrôle (dont la CNIL) autorisent les enquêtes sur échantillon, qui ont une pertinence à la fois statistique et sociale, tout en restant inflexibles sur l'enregistrement des données d'origine dans les fichiers de gestion. L'enquête expérimentale que l'INED a été récemment autorisé à conduire sur 1 000 adultes nés en France de parents marocains ou turcs, dans le cadre d'un réseau de recherche européen, relève évidemment du premier cas de figure et nullement du second.

Il est absurde d'affirmer qu'avec de tels échantillons on se livre à un "comptage" ou à un "fichage ethnique" de la population. Dira-t-on qu'un magazine qui commande un sondage d'opinion sur mille personnes se livre au "fichage politique" de la population ?

En réalité, la statistique publique étudie de longue date les origines des immigrés, y compris s'ils ont acquis la nationalité française. Contrairement à un préjugé tenace, elle a le droit de "faire des différences entre les Français selon les origines". Le recensement - qui est une opération de dénombrement collectif et non d'enregistrement individuel - distingue les étrangers, les Français de naissance et les Français par acquisition.

Depuis quand le fait-il ? Depuis 1871, c'est-à-dire depuis que la République est République. Quant au détail de la nationalité antérieure pour les étrangers naturalisés, il figure dans tous les recensements depuis 1962. Ce qui est vrai du recensement l'est a fortiori de la plupart des enquêtes de la statistique publique auprès des ménages, où l'on trouve couramment ce genre de données.

Peut-on maintenant remonter d'une génération et poser des questions sur les origines nationales et les pays de naissance des parents ? Cela se pratique dans les enquêtes qui portent sur la mobilité sociale, la mobilité géographique, la transmission de l'éducation, l'intégration des immigrés. Depuis 2005, la question sur les pays de naissance des parents figure même dans l'enquête "Emploi" de l'Insee, ce qui permet d'étudier l'insertion des enfants de migrants sur le marché du travail. On se trompe lourdement quand on prétend, comme je l'ai lu dans des dépêches récentes reprises par la presse régionale, qu'"un pas de plus a été franchi dans le fichage ethnique" parce que l'INED interroge un échantillon de 1 000 enfants de migrants.

Qu'on me permette enfin de citer le plus gros sondage de France, l'enquête Famille (ou Etude de l'histoire familiale) associée au recensement de 1999, une enquête menée par l'Insee avec le concours de l'INED : 380 000 personnes ont répondu à des questions sur leur nationalité actuelle et antérieure, sur leur pays de naissance et celui de chacun des parents, ainsi que sur les langues transmises dans l'enfance. De nombreuses publications en sont issues, dont la presse a rendu compte sans jamais y voir le moindre comptage ethnique.

Bien entendu, toutes ces opérations se sont faites au grand jour, avec un avis favorable des instances légales de contrôle, qui n'y ont pas vu des données "sensibles" (c'est-à-dire faisant apparaître des appartenances ethno-raciales), mais des données d'état civil ou des données culturelles. En clair, les statisticiens n'ont nul besoin de briser de prétendus tabous pour mesurer la sensibilité des origines nationales aux processus d'intégration ou de discrimination. Et ils ne voient guère l'intérêt d'appeler "ethniques" des données qui ne renvoient pas à des ethnies mais à des pays de naissance ou à des nationalités d'origine.

Allons plus loin : peut-on introduire dans les enquêtes de la statistique publique des questions sur l'appartenance ethno-raciale, comme par exemple la couleur de la peau ? Au risque de surprendre, la réponse est oui. Les questions classées comme "sensibles" par la loi de 1978 peuvent être posées à une double condition : qu'elles soient pertinentes pour le sujet de l'enquête et que les intéressés donnent leur accord écrit. Au citoyen, donc, d'en décider. Au chercheur de mesurer ensuite si les taux de réponse sont suffisants.

Tout ce qui précède constitue pour la statistique et la recherche publiques un socle de référence consolidé de longue date, malheureusement ignoré du grand public. Là où les opinions se séparent, y compris parmi les chercheurs, c'est sur la question de savoir si les origines nationales peuvent figurer de façon permanente et exhaustive dans les fichiers de gestion. Contre la législation actuelle, certains préconisent un système de type britannique ou canadien. J'y suis pour ma part opposé, mais cette opinion en vaut d'autres. La mission d'un institut comme l'INED n'est pas de trancher le débat mais de le nourrir.

L'expérience menée il y a quelques mois par un chercheur de l'INED dans quelques entreprises et universités a montré que les salariés et les étudiants faisaient une claire distinction entre les données ethno-raciales ("Blanc", "Noir", "Arabe", etc.) et l'information sur les pays d'origine, de même qu'entre les fichiers d'employeurs et les études scientifiques : ils rejettent les premiers tout en acceptant les seconds. Libre au législateur de modifier cet équilibre s'il le souhaite. Pour sa part, le démographe et le statisticien social ont une mission : éclairer la société sur l'ampleur et le ressort des inégalités et voir dans quelle mesure elles sont liées à des pratiques discriminatoires.

Il n'est pas simple de démontrer qu'une différence est une inégalité et qu'une inégalité est une discrimination : l'outil statistique peut y aider. La statistique démographique et sociale ne vaudrait pas une heure de peine si elle devait déserter ces questions.

François Héran

Directeur de l'Institut national d'études démographiques (INED).

Source : Paru dans Le Monde du 14 septembre 06

10 - Europe libérale

10.1 - La fin programmée en France des entreprises publiques à caractère industriel ou commercial

I) Par son adhésion aux traités successifs constituant la législation de l' Union Européenne, la République Française abandonnant sa souveraineté législative interne, a par des transferts de compétence obligatoires confié aux Institutions Européennes la mission de légiférer pour cette finalité d'un libre marché intérieur obligatoirement concurrentiel dans ces matières fondamentales et essentielles que sont l'économie-la Monnaie-les douanes-la pêche de haute mer- les transports...

Dans ces domaines, la compétence parlementaire et réglementaire française s'efface obligatoirement devant ce droit supérieur à la norme interne qu'est le droit européen qui édicte la législation obligatoire applicable. Il reste à la compétence du parlement Français les matières plus subalternes. Pouvons nous dès lors parler d'un " parlement croupion? "?

Cette règle obligatoire de la libre concurrence s'applique bien sûr et traditionnellement au secteur privé, mais il s'applique aussi aux " Services économiques d' Intérêt général " cette norme européenne rétrécie remplaçant désormais le " Service Public à la Française ". Bien entendu et à plus forte raison, le secteur public Français est directement concerné et visé dans " ses Etablissements Publics à caractère Industriel et Commercial " (E.P.I.C) Ces entreprises doivent obligatoirement s'ouvrir à la concurrence privée : d'où l'expression imagée " d'ouverture du capital " pour cession totale ou au moins partielle dans un premier temps de leurs actifs.

Ce processus du Droit Européen vise à permettre ou met un terme définitif à l'entreprise publique étatique et souvent monopolistique.

En droit national il appartenait au Parlement de décider souverainement, suivant les circonstances ou les partis politiques au pouvoir d'une nationalisation ou au contraire d'une privatisation.

Aujourd'hui le " Droit Européen " impose une privatisation générale et obligatoire. La programmation de la destruction de l' Entreprise publique française est en place dans le droit positif Européen.

II) Sans entreprendre ici une liste complète, la gauche républicaine procédait à des nationalisations pour le développement de la sphère publique. Citons simplement quelques dates : le Front populaire (1936), la libération: les Lois de 1945. La loi postérieure très importante du 2 Février 1982. Le principe des nationalisations figurait même dans le préambule de la Constitution de 1946 et à l'art 34 de la Constitution de 1958.

Les gouvernements de " Droite " privatisaient volontiers les nationalisations opérées par leurs adversaires de la gauche. Ainsi la Loi du 2 Juillet 1986 - instaure d'ailleurs un Comité de Privatisations-privatise les nationalisations antérieures de 1945 et 1982. Les auteurs rapportent l'excellente définition de Balladur : " Je voulais changer la société française et porter le fer dans l'édifice des nationalisations de 1945 ".

Aujourd'hui l'application du Droit Européen apporte le moyen radical et définitif.

Il est d'abord excipé savamment de l'idéologie de l'économie libérale comme développée par J.B Say et Adam Smith.

Mais au plan politique il s'agit bien de mettre un terme aux réalisations issues du socialisme.

L'état monopolistique ne doit-il pas laisser la place au secteur privé présenté comme concurrentiel?

Mais la phraséologie libérale tait volontiers l'aspect lucratif des privatisations au profit des groupes financiers privés. Ceux-ci devenus propriétaires du patrimoine public aliéné à " un bon prix " recherchait la meilleure rentabilisation possible, ce qui est normal dans le contexte privé, tous les procédés juridiques classiques sont normalement utilisés : cession totale ou partielle d'actifs ou de participations de sociétés ; concessions ; fusions absorption où l'entreprise publique apparente disparaît juridiquement dans la société absorbante privée...etc

L'actualité témoigne des derniers soubresauts à l'occasion de la transposition obligatoire au Droit Français interne des Directives Européennes dans les domaines cruciaux des Télécommunications-l'Energie-les Transports ferroviaires promis, eux à la découpe par " paquets "

Comment accepter, ou même concevoir, qu'une " Nouvelle Gauche " ait prêté son concours à ce mouvement de la privatisation du secteur public. L'a-t-il prêté " Volens-Nolens " ou sciemment ?

Il convient de juger.

III) Les institutions républicaines classiques impliquent la coexistence nécessaire des secteurs publics et privés. Le secteur privé à but lucratif comporte son dynamisme et ses risques. L'économie privée ressortit certainement " à la nature des éloges ". Cependant cela n'embrasse pas la totalité des activités. L'Histoire, l'histoire des doctrines politiques, l'aspiration sociale ont réservé une place importante au secteur public, à but non lucratif, visant au " Bien Collectif "-le Bien Public c'est à dire l'Intérêt Général.

Les services publics comprennent les services " Régaliens ", les services purement " Administratifs " et les Entreprises Publiques (EPIC). Si la notion de profit est étrangère aux services régaliens et administratifs, elle affecte les Entreprises publiques à caractère industriel et commercial. Des profits peuvent ou doivent être réalisés pour assurer l'équilibre financier, l'autofinancement dans la mesure du possible , l'amélioration et le développement de l'entreprise, au maximum.

Cependant la Notion de Profit est circonscrite à l' " Intérêt général "pour lequel fonctionne l'entreprise publique.

MM. Rivero et Waline dans leur précis de Droit Administratif exposent parfaitement " Le Profit n'a pas d'autre fin que l'amélioration du Service par la réalisation des investissements permettant une meilleure adaptation aux besoins de la population. L'Intérêt Général est le principal élément de la définition du Service Public "

Cette coexistence effective entre le secteur public et le secteur privé est nécessaire au bon équilibre de la République.

Cette coexistence nécessaire implique, bien sûr des rapports juridiques entre les deux parties Ils sont normalement régis par la matière des contrats et le Code des Marchés Publics.

Chaque secteur doit exister dans son autonomie, sans interférence nuisible au système, pouvant aboutir à la " Mort programmée de l'Entreprise publique " avec le concours efficace du Droit Européen.

Un bon Service Public constitue la seule garantie que peut offrir l'Etat républicain à tous ses citoyens, riches ou pauvres ; c'est le choix qu'il puisse et doit offrir à tous, toute autre considération pouvant apparaître comme vaine ou démagogique.Le combat républicain doit-être livré en premier lieu pour la sauvegarde du Secteur Public dans l'ensemble de ses branches.

Il est le " Minimum Social Garanti ".

A part les services " régaliens ", (police, justice, services fiscaux,..) non encore visés par la privatisation, toutes les autres branches du service public et en premier lieu l'Entreprise Publique à caractère Industriel et Commercial sont dans le collimateur du Droit Européen en faveur de la privatisation (moyens de communications, transports publics, santé, assurances sociales, enseignement).

IV) La survie de tout le Service Public et notamment celui de l'Entreprise Publique à caractère Industriel et Commercial passe nécessairement par une modification de la

position juridique de la France face au Droit Européen.

La question est maintenant extrêmement délicate. Pour cette question particulière, celle de la survie de ce Service Public, il conviendrait sans doute de quitter l'Institution, alors que d'autres aspects du Régime Européen sont bénéfiques pour certains. Mais il conviendrait au moins que la France obtienne dans ce domaine de la mise en place et de la gestion des services publics qu'elle considère comme nécessaire à l'Intéret Général, le bénéfice de " l'Exception à Subsidiarité ", qui permet à un état membre d'appliquer sa loi nationale quand elle est mieux à même de remplir son rôle dans le cadre du pays considéré,

Charles Rafalovicz

11 - à lire

11.1 - " Et si la gauche changeait... Génération Hollande ", de Stéphane Bugat

Ce livre est attendu par de nombreux journalistes et commentateurs politiques...

Quelle aubaine : trouver dans un même ouvrage l'itinéraire politique, voir la biographie de 27 dirigeant(e)s de la nouvelle génération du PS, celle qui attend patiemment, voire impatiemment qu'on lui laisse la place !
Beaucoup seront peut être ministres, secrétaires d'état ou chefs de cabinet dans le prochain gouvernement de la gauche, à moins que les éléphants quelque peu vilipendes ne gardent la place...

Cette ˝uvre ne nous livre pas seulement les itinéraires des prétendants et prétendantes, même s'il s'agit là de la partie la plus importante du document puisqu'elle occupe plus de la moitié de la surface écrite...
Il faut absolument que la gauche change surtout son personnel de premier plan, voici l le message essentiel délivré par Stéphane Bugat même si après un prologue intéressant et amusant, il nous présente les idées portées par les postulants.

La critique du système PS est sévère et juste... Le premier chapitre commence d'ailleurs par le bal des éléphants :

" Ils sont venus, ils sont tous là. L'élection présidentielle exerce sur les " éléphants " du Parti socialiste le même effet que la lumière sur les papillons. Elle les affole. Ils n'étaient guère encombrés par la modestie. Ils sont soudain en proie à des mégalomanies galopantes. Ils vont sauver la France. C'est leur destinée. Une voix le leur a dit ".. La critique est sans pitié ;
Tous les mêmes ces dirigeants nationaux... Tous ? Pas tout à fait, l'auteur de ce livre justifie le sous titre donné à son ouvrage " Génération Hollande " : le premier secrétaire du PS a su comme autrefois Mitterrand s'entourer d'hommes et de femmes de qualité et de terrain, il a ouvert le parti,avec sa campagne promotionnelle d'adhésion à 20 euros, à de nombreux nouveaux militants....
On devine là le choix du meilleur candidat possible, aux yeux de Stéphane Bugat : François Hollande lui-même, l'implicite est très fort....

Quant à la présidente de la Région Poitou Charente, elle a malgré tout deux atouts :

- " elle fait l'unanimité parmi les " éléphants socialistes " : ils la détestent tous "
- " A défaut d'être la plus éloquente, Ségolène Royal n'en est pas moins idéalement placée pour jouer sa carte maîtresse : le renouvellement. "

Quelles sont les orientations portées par cette nouvelle génération ?
Certaines idées notamment celles qui touchent l'école, la justice ou la démocratie locale sont parfois innovantes, d'autres au nom d'un réalisme à demi avoué ressemblent à s'y méprendre à une troisième voie...
" Gaétan Gorse, lui, se fait l'apôtre d'un nouveau " dire vrai " et ose même assumer le concept " d'intérêt général " qui transcende les clivages...
Sommes nous à l'aube d'un nouveau blairisme assumé ?

Le livre est intéressant, irritant parfois car s'il faut absolument changer de personnel politique, ce n'est certainement pas pour en arriver à un social libéralisme " new look " Les éléphanteaux poussent vers la sortie ceux qui ont si peu réussi, certes mais n'est-il pas urgent d'ouvrir de nouvelles perspectives politiques au lieu de reconduire un mai 1981 qui a montré toutes ses limites ?

Jean-François Chalot

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