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  1. chronique d'Evariste
    1. Le caniche de Bush lève de plus en plus le voile, par Évariste
  2. bonne nouvelle
    1. Les Amis de Respublica reprennent leurs débats, par ReSPUBLICA
  3. combat laïque
    1. Toilettage de la loi de 1905: chronique d'un saccage annoncé, par Union Des Familles Laïques
    2. Nicolas Sarkozy : INJUSTIFIABLE, INACCEPTABLE, POLITICIEN, par Gérard Delfau
    3. Que le CFCM porte plainte contre Benoît XVI !, par Stéphane Arlen
    4. La Libre Pensée est-elle en retard d'une guerre ?, par Charles Arambourou
  4. débats laïques
    1. L'erreur de Benoît XVI, par Henri Pena Ruiz
    2. Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ?, par Robert Redeker
    3. Islam et guerre sainte : bonne question et réponses de mauvaise foi, par Pascal Hilout
  5. république et enjeux de mémoire
    1. Sortir des mythes et lutter ensemble, par Guylain Chevrier
  6. consommation, pouvoir d'achat
    1. La libération de l'énergie fait monter les prix, par Bernard Maris
    2. Fruits et légumes : les conseilleurs ne sont pas les payeurs, par CGT ONIGC-AUp
  7. violence sociale
    1. Violences et banlieues : le cri d'alarme du préfet du "9-3", par Piotr Smolar
    2. La République laïque ou le retour aux tribus ?, par Mireille Popelin
  8. école publique
    1. Fronde des maires ruraux contre un "cadeau" au privé, par Martine Laronche
    2. Il y a urgence, par Jean-Dominique Reffait
    3. Refondation de l'école, par Catherine Kintzler
  9. courrier des lecteurs
    1. Je suis fier de ce dont vous m'accusez, par John Mullen
    2. Petite contradiction verte, par Pascal Tagot
  10. à lire
    1. " Traces de feux furieux, La philosophie féroce II ", de Michel Onfray, par Jean-François Chalot
  11. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Le caniche de Bush lève de plus en plus le voile

Nicolas Sarkozy annonce de plus en plus ouvertement le couleur, et il n'est pas certain que la couleur annoncée lui réussisse pour 2007.

Dans un article paru dans " La Croix " (bien sûr !) le 20 septembre, il annonce qu'il a reçu le rapport de la fameuse commission Machelon, qui devait plancher sur les aménagements possibles de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat du 9 décembre 1905. Le ministre de l'Intérieur, ministre des Cultes, n'a jamais fait mystère de sa volonté de remettre en cause cette loi.

Il a pour ce faire constitué cette commission, où on n'a pas vu trace d'un membre ayant mené des batailles laïques. Pour faire contrepoids, il a demandé également un rapport à André Rossinot, maire de Nancy. Si nombre de mesures proposées par l'élu vont dans le bon sens, la conclusion du ministre de l'Intérieur, à la lecture du rapport de la commission Machelon, est édifiante : " La commission Machelon propose d'abord une palette de mesures techniques qui permettraient de rendre plus aisé et plus transparent le financement de la construction des lieux de culte : bail emphytéotique avec option d'achat, garanties d'emprunt, avances remboursables. Et elle suggère d'aller plus loin, en autorisant les communes à subventionner directement la construction de lieux de culte. Des élus de tous bords y sont favorables. D'autres, je le sais, sont réticents. Sur ce point essentiel comme sur la question de l'aménagement de " carrés confessionnels " au sein des cimetières communaux, je souhaite qu'un vrai débat ait lieu. C'est pourquoi, comme ministre des cultes, j'adresse aujourd'hui le rapport Machelon aux responsables des grandes religions de France, ainsi qu'aux présidents des associations d'élus locaux, afin de recueillir leur point de vue.
J'entends, dans les mois qui viennent, les inviter à cet égard à un débat sans tabou. Il y va de la liberté de conscience et de l'égalité entre les Français. Il y va aussi de la vitalité de la laïcité, à laquelle nous sommes tous tellement attachés. ".

Ce que propose de discuter le maire de Neuilly, qui ne fait que confirmer les écrits de son dernier livre, est bien la remise en cause des principes républicains et de la spécificité française.

Son député Grosdidier a proposé que le concordat d'Alsace-Moselle soit étendu aux musulmans, ce que veut la commission Machelon, répondant aux souhaits du ministre de l'Intérieur, c'est que les principes du concordat revus par Grosdidier s'étende à la France entière, et que le contribuable finance les constructions de mosquées, puisque le gros dossier est là !

Pour les carrés confessionnels au sein des cimetières, il avait promis cela à l'UOIF, en 2003, quand il leur avait livré clés en mains le Conseil Français du Culte Musulman. Les intégristes islamistes, loin de se contenter de cette reconnaissance, ont depuis multiplié les nouvelles offensives contre la République, allant, ce vendredi, jusqu'à oser traîner devant les tribunaux l'hebdodomaire Charlie Hebdo (avec qui nous sommes solidaires) pour une caricature du prophète. Beau résultat, Nicolas Sarkozy !

Par ailleurs, ce dernier revient d'un voyage fort commenté, aux Etats-Unis, où il a osé dire, devant Bush, qu'il condamnait ce qu'il appelait " l'arrogance française ". Pour lui, la France est arrogante quand elle continue à réaffirmer des principes laïques, notamment par la loi du 15 mars 2004 contre les signes religieux à l'école, qu'il a combattue de toutes ses forces au gouvernement. Pour lui, la France est arrogante quand, deuxième (et dernier) bon point décerné à Chirac, elle tient tête aux Etats-Unis, et mène campagne dans le monde contre la guerre du pétrole de Bush. On sait qu'avec Sarkozy, les soldats français seraient en Irak, à l'heure actuelle (et on aimerait être certain qu'il n'en serait pas de même avec les socialistes).

L'arrogance française, c'est ce qu'on a entendu pendant des mois, chez tous les éditorialistes et les leaders de l'UMP, du PS, de l'UDF et des Verts, qui nous disaient que refuser le TCE était encore une forme d'arrogance de notre peuple. C'est ce que disent tous ceux, de droite comme de gauche, qui veulent voir disparaître l'Etat-Nation, le modèle républicain, pour mieux faciliter la marchandisation de toutes les activités humaines.

Bush avait trois alliés solides en Europe : Aznar, Berlusconi et Blair. Les deux premiers ont disparu, et le troisième est sur le départ. Il n'est pas certain que la carte choisie par Nicolas Sarkozy (qui par ailleurs se fait chambrer par la presse, pour une photo où on le voit à la même hauteur que Bush, alors qu'il fait vingt centimètres de moins) soit la meilleure, car les Français étaient tous derrière Chirac quand il a refusé l'aventure irakienne, et il est certain qu'ils n'accepteront pas un candidat relayant en Europe la politique américaine.

Chirac n'a d'ailleurs pas loupé son ministre de l'Intérieur, sur Europe 1, en remettant les pendules à l'heure, et en multipliant dans la presse les phrases vachardes à son encontre. On peut faire confiance à l'Ancien, pour son dernier mandant, pour vouloir faire perdre Nicolas Sarkozy, via entre autres la carte Villepin, ce qui serait son ultime vengeance contre quelqu'un dont il n'a pas oublié la trahison balladurienne, en 1994. Allez, je suis aujourd'hui bien disposé, je vais donner un conseil gratuit à Chirac pour affaiblir Sarkozy : il demande à Villepin d'organiser une conférence de presse, au cours de laquelle le Premier ministre rappelle qu'il est le chef du gouvernement. Il brandit le rapport de la commission Machelon, et le déchire sous les yeux des caméras. 10 points de plus dans les sondages, et Sarkozy humilié !

Les nuages noirs s'accumulent, pour le ministre de l'Intérieur. Le préfet de Seine-Saint-Denis, dans une lettre rendue publique, exprime toute son inquiétude sur la situation dans son département, et l'échec des politiques pour juguler la violence (lire ci-dessous). Certes, le tribunal de Bobigny y est épinglé pour son laxisme, mais ce sont les méthodes de Nicolas Sarkozy qui montrent leurs limites. Les violences augmentent, les agressions contre les individus (les plus traumatisantes) sont en progression constante, on peut dire qu'au niveau des résultats, Nicolas Sarkozy est le plus mauvais ministre de l'Intérieur de ces dernières années.

Autre mauvaise nouvelle pour lui, l'entrée en lice du président du Front national, qui a osé choisir Valmy pour lancer sa campagne, lui qui est l'antithèse des valeurs de la République. Le Pen peut faire très mal à Sarkozy, car il va taper comme une brute sur les sans-papiers, sur la montée des violences, sur l'incapacité du ministre de l'Intérieur à faire régner l'ordre, et sur ce terrain, il peut être redoutable, et faire un carton au sein d'un électorat qui se sent abandonné par les élus, et qui préférera le modèle original pour exprimer sa révolte.

Reste aux candidats de gauche à se montrer capables de ne pas laisser ce terrain là aux seuls Sarkozy-Villiers-Le Pen, à savoir reconnaître la gravité de la situation, les échecs passés, la faillite du compassionnel et du victimaire, et surtout montrer une détermination, s'ils revenaient au pouvoir, d'être capables d'assurer la sûreté, des classes populaires et de l'ensemble de la population. Certains candidats seront-ils capables de tourner le dos aux discours incantatoires de certains gauchistes, qui voyaient, en décembre 2005, dans les émeutiers, l'avant-garde de la future révolte des quartiers ! Seront-ils capables d'assumer, à gauche, un discours qui se revendique de la République, quitte à affronter les insultes hystériques des certains groupuscules et des bobos bien-pensants style Jack Lang et ses artistes ?

Je disais, lors de la fin de ma dernière chronique, la semaine dernière, que tout était réuni pour battre le ministre de l'Intérieur, en 2007. Il ne manque qu'une chose : un discours qui relaie la victoire du non au TCE, offre d'autres perspectives à cette victoire que les querelles d'appareils et les discours incompréhensibles, un discours qui marque l'attachement aux prérogatives de l'Etat-Nation, au combat social, à la laïcité et à la République.

Certes, sur le social, les leaders socialistes ne sont pas ovationnés debout aux assises du Medef, comme l'a été Sarkozy début décembre, ils ont des nuances. Mais ce n'est pas Ségolène Royal, ni la plupart des candidats à la candidature socialiste, peut-être Fabius excepté, aujourd'hui qui portent un discours alternatif. Sur l'Europe et ses contraintes, sur le communautarisme diviseur, sur la laïcité qu'ils combattent de concert, sur la régionalisation qui continue à faire éclater l'unité de la République, au-delà de certaines précautions oratoires dont ne s'encombre pas le maire de Neuilly, on cherche, sur le fonds, ce qui les sépare vraiment.

Finalement, la seule chance de Sarkozy, c'est la gauche actuelle !

Évariste

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2 - bonne nouvelle

2.1 - Les Amis de Respublica reprennent leurs débats

Dans une année 2007 décisive, les Amis de Respublica, après une année marquée par des réunions publiques en province et des banquets républicains parisiens, a décidé d'intensifier les réunions publiques, partout où cela est possible, partout où vous solliciterez nos collaborateurs.

Nous entendons multiplier les conférences, débattre sans sectarisme, dans la clarté, avec des groupes ou personnalités qui ne partagent pas forcément toutes nos positions (et vice-versa), comme nous l'avions fait l'an passé avec le groupe Vive la République.

Le vendredi 22 septembre, nous avons invité à Paris, bourse du Travail, salle Varlin, à 19 heures, le groupe Démocratie et Socialisme, et son porte-parole le plus célèbre, Gérard Filoche, inspecteur du Travail, syndiqué à la CGT, membre du Parti socialiste, et du courant Force Militantes Démocratie Sociale (FMDS).

Le thème de la soirée sera : 2007, enjeux sociaux et enjeux laïques, et notre collaborateur Pierre Cassen interviendra pour les Amis de Respublica. Le débat sera animé par Marie Perret, professeur de philosophie, collaboratrice de Respublica et présidente de l'Ufal de Paris-12.

Nous sommes sollicités sur d'autres thèmes, notamment " Energie et développement durable ", " Santé et Sécurité Sociale ", " l'Ecole de la République " " Laïcité et Féminisme ", " Immigration et République ", etc.

Si vous souhaitez nous contacter, n'hésitez pas à solliciter Evariste, evariste@gaucherepublicaine.org

ReSPUBLICA

3 - combat laïque

3.1 - Toilettage de la loi de 1905: chronique d'un saccage annoncé

En octobre dernier, Nicolas Sarkozy chargeait la commission Machelon de plancher sur des aménagements possibles de la loi du 9 décembre 1905, loi de séparation des Eglises et de l'Etat, véritable pierre angulaire de la laïcité. Alors que la commission s'apprête à rendre sa copie, le ministre de l'Intérieur et des cultes lève le voile sur les propositions de la commission dans un article du journal La Croix (Edition du 20 septembre 2006). L'Union des Familles Laïques, ainsi que tous les défenseurs de la laïcité, avaient raison, il y a un an, de s'attendre au pire lorsque Nicolas Sarkozy s'était fait fort de " toiletter " la loi de 1905 : car c'est bien le pire qui est en train d'arriver. Sous couvert de " rendre plus aisé et plus transparent le financement de la construction des lieux de culte ", la commission foule aux pieds le principe même de séparation de la sphère privée et de la sphère publique : si l'on en croit Nicolas Sarkozy, elle suggère en effet d'autoriser les communes à " subventionner directement la construction des lieux de culte ". La commission Machelon ne propose donc pas moins de biffer d'un trait de plume l'article 2 de la loi du 9 décembre 1905, qui déclare que "La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte".

La rhétorique est désormais connue : Nicolas Sarkozy présente comme un progrès ce qui constitue en fait une régression sans précédent, à savoir le retour au régime concordataire instauré par Napoléon. La stratégie est on ne peut plus claire : il s'agit d'instrumentaliser l'Islam pour détruire le principe de laïcité. Arguant du fait que l'Islam est devenue la deuxième religion de France, Nicolas Sarkozy voudrait que les contribuables financent les mosquées. Au lieu de traiter l'Islam comme n'importe quelle religion, au lieu de l'assigner à la sphère privée, Nicolas Sarkozy semble penser que la religion musulmane a droit à un traitement spécial, puisqu'il entend réinstaurer pour elle le financement public des cultes.

L'UFAL rappelle que la séparation de la sphère publique et de la sphère privée constitue un principe non négociable, au même titre que les principes de liberté et d'égalité : remettre en cause ce principe, comme Nicolas Sarkozy s'apprête à le faire en s'autorisant du rapport de la commission Machelon, c'est vouloir s'attaquer aux fondements mêmes de la République. L'UFAL, aux côtés de toutes les organisations qui défendent la laïcité, sera donc particulièrement vigilante dans les jours prochains, et mettra tout en oeuvre pour éviter que, sous couvert de toilettage, on ne se livre au saccage de la loi de 1905.

Fait à Paris, le 21 septembre 2006,

Union Des Familles Laïques

www.ufal.org

3.2 - Nicolas Sarkozy : INJUSTIFIABLE, INACCEPTABLE, POLITICIEN

Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, vient d'annoncer la publication, avec plusieurs mois de retard, du rapport de la " Commission de réflexion sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics ". Il y confirme sa volonté de réviser la loi de Séparation des Églises et de l'État et de prendre la laïcité en otage.

Visant notamment les collectivités locales, à travers le financement des lieux de culte, il y développe une liste de bonnes intentions dont les contreparties financières ne sont ni explicitées ni même anticipées. Ces conclusions, qui plus est, sont soumises à la seule appréciation des représentants des religions et des associations d'élus locaux. Ce débat, au coeur de notre pacte républicain, ne doit pas avoir lieu en catimini, entre initiés. Il doit être étendu au Parlement et ouvert à la société dans son ensemble. Il ne peut se bâcler à la veille d'échéances électorales primordiales pour notre pays.

La loi de 1905 n'est pas révisable, l'Etat doit plutôt renforcer les moyens de la faire appliquer pleinement. Se servir de la laïcité, après la sécurité, comme enjeu électoral serait irresponsable dans notre pays, un an à peine après les émeutes dans les cités et dans un climat international délétère.

Gérard Delfau

Sénateur de l'Hérault
Président de l'association EGALE Egalité Laïcité Europe
Auteur de " Du principe de Laïcité - Un combat pour la République ", Editions de Paris, 2005
Vice-président du Parti Radical de Gauche

3.3 - Que le CFCM porte plainte contre Benoît XVI !

À chaque fois que quelqu'un, en France, s'en prend à l'islam, le Conseil Français du Culte Musulman (organe créé par Sarkozy dans une République ne reconnaissant aucun culte...) porte plainte, pour une raison ou une autre, le but étant de faire peur à ceux qui osent dire ce qu'ils pensent de l'islam ou du Coran.

Dernièrement encore, le CFCM a porté plainte contre Charlie Hebdo qui avait commis le crime sans nom de publier des caricatures sur Mahomet et ses suppôts. On a alors parlé d'atteinte au sacré, de blasphème et autres balivernes pour illuminés cherchant à faire taire toute critique.

Aujourd'hui, c'est le brave intégriste Benoît XVI qui entre mille choisit justement le texte qui reflète sa pensée de chrétien de base : l'islam, c'est mal, et par comparaison, l'Église catholique, par exemple, c'est bien. Bien sûr, connaissant l'histoire et l'actualité du christianisme, cela fera rire tout le monde, sauf les musulmans qui manquent cruellement d'humour, comme ils l'ont si souvent montré.

Alors qu'attend donc le CFCM pour porter plainte contre le pape pour islamophobie ? Qu'attend-il pour demander réparation, avec dommages et intérêts ? On est impatients de voir ça : des adeptes d'un livre criminogène (le Coran) demanderaient des comptes aux adeptes d'un autre livre dangereux (la Bible) parce qu'ils ont osé dire ce que tout homme libre ayant lu ces ouvrages sait depuis longtemps.

À quand un procès où intégristes juifs, chrétiens et musulmans viendront défendre leurs crimes respectifs en accusant l'autre ? À quand des médias expliquant vraiment aux citoyens le contenu des livres qu'on nous présente comme base de culture et de civilisation ? À quand des hommes et femmes libres prenant enfin toutes ces fables pour ce qu'elles sont ?

À quand, surtout, une République laïque montrant le chemin de la raison et renvoyant dans les poubelles de l'Histoire les textes au nom desquels on tue chaque jour ?

Stéphane Arlen

président de l'association Faire Le Jour
www.fairelejour.org

3.4 - La Libre Pensée est-elle en retard d'une guerre ?

On peut le croire, à la lecture de sa condamnation de la loi du 15 mars 2004. Le législateur a tranché, et l'opinion publique y est largement favorable : s'agit-il donc pour la LP d'ouvrir un combat nouveau ? Alors, il faut carrément exiger l'autorisation du port des signes religieux ostensibles à l'école ! Et de préférence les signes musulmans, pour faire dans la discrimination positive... Je n'ose imaginer la LP tombant dans dans de telles absurdités !

Donc cette condamnation est sans effet, et ne peut qu'isoler ses auteurs dans une posture idéologique dépourvue de conséquences pratiques. Certes, l'argument de la "loi de circonstance" et de la stigmatisation unilatérale n'est pas méprisable : mais il est derrière nous, et c'est en pratique qu'il faut apprécier si l'on a eu raison de l'écarter. Or les enseignants, parents d'élèves, et chefs d'établissement reconnaissent très majoritairement la situation d'apaisement créée par la loi. Les faibles chiffres des "exclusions" le confirment : la baudruche anti-laïque des cléricaux islamiSTes a été dégonflée.

Au reste, on rappellera que la loi du 15 mars 2004 ne fait que reprendre sur le fond une partie des dispositions de la circulaire Jean-Zay de 1937 (pas vraiment un anti-laïque...), qui était devenue contraire à la Constitution (s'agissant de réglementer une liberté individuelle, il faut une loi, et c'est heureux). Laissons donc la dramatisation aux ennemis de la République et de la laïcité. Personnellement, je partage par ailleurs l'opposition de la LP à une réglementation du port des signes religieux dans la rue ("en public", ce n'est pas "l'espace public", qui doit s'entendre exclusivement des pouvoirs et des services publics). Evidemment, je n'en pense pas moins sur le port de la burka qui fait son apparition dans certains quartiers : mais il s'agit davantage de la situation de la femme que de la laïcité proprement dite, et c'est un combat parallèle.

Un dernier mot : par la loi de 1905, la République "assure la liberté de conscience" -non la liberté ABSOLUE, qui ne saurait se concevoir dans un Etat de droit : l'ordre public et le respect de l'intégrité des personnes en sont des bornes légitimes. La liberté "absolue" de conscience n'est concevable que dans des groupes humains unis par des valeurs humanistes communes -légales et légitimes (contrairement aux sectes), et non dogmatiques... Amitiés laïques

Charles Arambourou

militant laïque

4 - débats laïques

4.1 - L'erreur de Benoît XVI

De quel côté, dans l'histoire humaine, se sont trouvés le rejet de la raison et le recours à la violence pour imposer la religion ? Prétendre, comme l'a fait le pape Benoît XVI à Ratisbonne, que l'islam seul est en cause relèverait d'un singulier oubli. D'abord, il y a évidemment injustice à confondre islam et islamisme. Comme il y en aurait à confondre la foi chrétienne et le cléricalisme catholique, inspirateur des guerres de religion, des croisades, des bûchers de l'Inquisition, de l'Index des livres interdits, et de l'antijudaïsme converti en antisémitisme sans qu'un tel glissement soit dénoncé.

Ensuite, on ne peut passer sous silence le fait que l'idée de répandre la foi par le glaive a été soutenue par des théologiens chrétiens autant que par certains islamistes. Saint Anselme lui-même affirmait que l'Eglise doit user de deux glaives : le glaive spirituel de l'excommunication et le glaive temporel du châtiment corporel, allant jusqu'à la mise à mort des hérétiques et des mécréants. "Tuez-les tous ! Dieu reconnaîtra les siens" : c'est la réponse effectuée par le légat du pape, Arnaud Amaury, à ceux qui, lors du siège de Béziers, en 1209, souhaitaient distinguer les catholiques des hérétiques. On trouve la fameuse expression sous la plume de saint Paul : "Le Seigneur connaît les siens" (IIe Epître à Timothée). Saint Augustin n'était pas en reste, qui affirmait : "Il y a une persécution juste, celle que font les Eglises du Christ aux impies... L'Eglise persécute par amour et les impies par cruauté."

Si le christianisme est religion de paix et de dialogue rationnel, comment comprendre que, pendant les quinze siècles de sa domination temporelle, l'Eglise qui disait s'en inspirer ait pu couvrir tant de violences faites aux hommes qui ne croyaient pas comme il faut ? Emmanuel Kant, que Benoît XVI cite dans sa conférence, dresse un bilan raisonné de l'histoire réelle du christianisme et le confronte à l'orientation morale qu'il attribue à Jésus Christ. "Cette histoire du christianisme, ... quand on l'embrasse d'un seul coup d'oeil, comme un tableau, pourrait bien justifier l'exclamation "Tantum religio potuit suadere malorum" ("Tant la religion a pu inspirer de maux"), si l'institution du christianisme ne montrait pas toujours d'une façon suffisamment claire qu'il n'eut pas primitivement d'autre fin véritable que d'introduire une pure foi religieuse" (la Religion dans les limites de la simple raison). Quant à Victor Hugo, croyant, il ne transige pas non plus : "Nous connaissons le parti clérical. C'est un vieux parti qui a des états de service. C'est lui qui monte la garde à la porte de l'orthodoxie. C'est lui qui fait défense à la science et au génie d'aller au-delà du missel et qui veut cloîtrer la pensée dans le dogme. Tous les pas qu'a faits l'intelligence de l'Europe, elle les a faits malgré lui. Son histoire est écrite dans l'histoire du progrès humain, mais elle est écrite au verso" (discours du 20 janvier 1850).

On voit qu'il est abusif d'affirmer que la religion chrétienne a respecté la raison, alors que ses représentants officiels n'en ont longtemps admis l'exercice que dans les limites du dogme, comme le montrent la mise à mort, en 1600, à Rome, de Giordano Bruno, et, trente-trois ans plus tard, la condamnation de Galilée par l'Inquisition. Quant aux philosophes grecs, c'est au travail de penseurs arabes, comme Averroès, que l'on doit en large part le sauvetage de leur héritage, à une époque où la chrétienté ne retenait d'eux que ce qui pouvait concorder avec la doctrine religieuse. Ainsi l'idée que le monde est incréé, chère à bien des philosophes grecs, fut longtemps censurée, et l'on n'admit d'Aristote que ce qui pouvait "servir la théologie". La raison elle-même restait singulièrement bridée, comme chez saint Augustin : "Credo quia absurdum" ("Je crois ceci parce que c'est absurde").

Le contraste mis en exergue par Benoît XVI ne tient donc que sur la base de deux arguments peu recevables : d'une part, la thèse de la solidarité historique entre christianisme et raison. D'autre part, le silence fait sur l'islam des Lumières, notamment celui d'Averroès, qui reconnaissait à la raison humaine le pouvoir d'interpréter les versets du Coran lorsque leur sens littéral la heurte (voir le Discours décisif).

Quant à la récente déclaration attribuée à Al-Qaeda qui s'en prend à la laïcité en y voyant une invention des "croisés", elle révèle également une singulière erreur historique. L'idéal laïque, on le sait, stipule l'égalité de principe des divers croyants, des athées et des agnostiques, en même temps que leur liberté de conscience. Il fut conquis, en France, non contre le christianisme, mais contre le cléricalisme catholique qui prétendait dicter la loi au nom d'une foi. Bref, si l'on veut, contre les modernes "croisés". Les lois laïques de séparation ont reconduit la manifestation de la foi à la sphère privée, individuelle ou collective, des seuls fidèles. Ce qui est du ressort de la foi de certains ne peut s'imposer à tous. Dans cet esprit, les crucifix, notamment, furent ôtés des monuments publics, afin que tous les citoyens, quelle que soit leur conviction spirituelle, puissent se reconnaître à égalité dans un espace commun, soustrait à la tutelle particulière d'une confession. L'exigence de neutralité des institutions communes à tous leur permet d'assumer pleinement leur raison d'être : promouvoir ce qui est d'intérêt commun. Il n'est donc pas exact de voir dans une telle conquête une victoire des "croisés".

Quelle est l'erreur commune au pape et à Al-Qaeda ? Celle qui consiste à se référer à des traditions closes, territorialisées, et à confondre les civilisations avec les religions. Prétendre que les "bonnes valeurs" sont d'un lieu particulier est irrecevable. On tend ainsi à dresser les uns contre les autres les groupes humains, comme le fait l'ouvrage de l'idéologue américain Samuel Huntington, le Choc des civilisations, en hiérarchisant des "cultures" traitées comme des blocs monolithiques. On renoue ainsi implicitement avec la thèse ethnocentriste naguère dénoncée par Lévi-Strauss dans sa conférence "Race et Histoire". On se dote d'histoires particulières, valorisées contre les autres histoires, et l'invective sourde ou avouée n'est alors que la conséquence d'un tel "esprit de clocher".

Les droits de l'homme, la démocratie, les idéaux de liberté et d'égalité, de paix et de fraternité, l'émancipation laïque, ne sont pas les produits d'une histoire ou d'une civilisation particulières, encore moins l'héritage d'une religion. Ils sont des conquêtes de l'humanité refusant l'oppression, conquises souvent dans le sang et les larmes, à rebours de traditions rétrogrades. Leur portée universelle transcende tous les héritages et réside dans l'exigence d'une vie d'homme debout, rétif à toutes les servitudes.

Henri Pena Ruiz

Source : Libération du 20 septembre 06

4.2 - Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ?

Les réactions suscitées par l'analyse de Benoît XVI sur l'islam et la violence s'inscrivent dans la tentative menée par cet islam d'étouffer ce que l'Occident a de plus précieux qui n'existe dans aucun pays musulman : la liberté de penser et de s'exprimer.Robert Redeker

Les réactions suscitées par l'analyse de Benoît XVI sur l'islam et la violence s'inscrivent dans la tentative menée par cet islam d'étouffer ce que l'Occident a de plus précieux qui n'existe dans aucun pays musulman : la liberté de penser et de s'exprimer.

L'islam essaie d'imposer à l'Europe ses règles : ouverture des piscines à certaines heures exclusivement aux femmes, interdiction de caricaturer cette religion, exigence d'un traitement diététique particulier des enfants musulmans dans les cantines, combat pour le port du voile à l'école, accusation d'islamophobie contre les esprits libres.

Comment expliquer l'interdiction du string à Paris-Plages, cet été ? Étrange fut l'argument avancé : risque de "troubles à l'ordre public". Cela signifiait-il que des bandes de jeunes frustrés risquaient de devenir violents à l'affichage de la beauté ? Ou bien craignait-on des manifestations islamistes, via des brigades de la vertu, aux abords de Paris-Plages ?

Pourtant, la non-interdiction du port du voile dans la rue est, du fait de la réprobation que ce soutien à l'oppression contre les femmes suscite, plus propre à "troubler l'ordre public" que le string. Il n'est pas déplacé de penser que cette interdiction traduit une islamisation des esprits en France, une soumission plus ou moins consciente aux diktats de l'islam. Ou, à tout le moins, qu'elle résulte de l'insidieuse pression musulmane sur les esprits. Islamisation des esprits : ceux-là même qui s'élevaient contre l'inauguration d'un Parvis Jean-Paul-II à Paris ne s'opposent pas à la construction de mosquées. L'islam tente d'obliger l'Europe à se plier à sa vision de l'homme.

Comme jadis avec le communisme, l'Occident se retrouve sous surveillance idéologique. L'islam se présente, à l'image du défunt communisme, comme une alternative au monde occidental. À l'instar du communisme d'autrefois, l'islam, pour conquérir les esprits, joue sur une corde sensible. Il se targue d'une légitimité qui trouble la conscience occidentale, attentive à autrui : être la voix des pauvres de la planète. Hier, la voix des pauvres prétendait venir de Moscou, aujourd'hui elle viendrait de La Mecque ! Aujourd'hui à nouveau, des intellectuels incarnent cet oeil du Coran, comme ils incarnaient l'oeil de Moscou hier. Ils excommunient pour islamophobie, comme hier pour anticommunisme.

Dans l'ouverture à autrui, propre à l'Occident, se manifeste une sécularisation du christianisme, dont le fond se résume ainsi : l'autre doit toujours passer avant moi. L'Occidental, héritier du christianisme, est l'être qui met son âme à découvert. Il prend le risque de passer pour faible. À l'identique de feu le communisme, l'islam tient la générosité, l'ouverture d'esprit, la tolérance, la douceur, la liberté de la femme et des moeurs, les valeurs démocratiques, pour des marques de décadence.

Ce sont des faiblesses qu'il veut exploiter au moyen "d'idiots utiles", les bonnes consciences imbues de bons sentiments, afin d'imposer l'ordre coranique au monde occidental lui-même.

Le Coran est un livre d'inouïe violence. Maxime Rodinson énonce, dans l'Encyclopédia Universalis, quelques vérités aussi importantes que taboues en France. D'une part, "Muhammad révéla à Médine des qualités insoupçonnées de dirigeant politique et de chef militaire (...) Il recourut à la guerre privée, institution courante en Arabie (...) Muhammad envoya bientôt des petits groupes de ses partisans attaquer les caravanes mekkoises, punissant ainsi ses incrédules compatriotes et du même coup acquérant un riche butin".

D'autre part, "Muhammad profita de ce succès pour éliminer de Médine, en la faisant massacrer, la dernière tribu juive qui y restait, les Qurayza, qu'il accusait d'un comportement suspect". Enfin, "après la mort de Khadidja, il épousa une veuve, bonne ménagère, Sawda, et aussi la petite Aisha, qui avait à peine une dizaine d'années. Ses penchants érotiques, longtemps contenus, devaient lui faire contracter concurremment une dizaine de mariages".

Exaltation de la violence : chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame, tel se révèle Mahomet à travers le Coran.

De fait, l'Église catholique n'est pas exempte de reproches. Son histoire est jonchée de pages noires, sur lesquelles elle a fait repentance. L'Inquisition, la chasse aux sorcières, l'exécution des philosophes Bruno et Vanini, ces mal-pensants épicuriens, celle, en plein XVIIIe siècle, du chevalier de La Barre pour impiété, ne plaident pas en sa faveur. Mais ce qui différencie le christianisme de l'islam apparaît : il est toujours possible de retourner les valeurs évangéliques, la douce personne de Jésus contre les dérives de l'Église.

Aucune des fautes de l'Église ne plonge ses racines dans l'Évangile. Jésus est non-violent. Le retour à Jésus est un recours contre les excès de l'institution ecclésiale. Le recours à Mahomet, au contraire, renforce la haine et la violence. Jésus est un maître d'amour, Mahomet un maître de haine.

La lapidation de Satan, chaque année à La Mecque, n'est pas qu'un phénomène superstitieux. Elle ne met pas seulement en scène une foule hystérisée flirtant avec la barbarie. Sa portée est anthropologique. Voilà en effet un rite, auquel chaque musulman est invité à se soumettre, inscrivant la violence comme un devoir sacré au coeur du croyant.

Cette lapidation, s'accompagnant annuellement de la mort par piétinement de quelques fidèles, parfois de plusieurs centaines, est un rituel qui couve la violence archaïque.

Au lieu d'éliminer cette violence archaïque, à l'imitation du judaïsme et du christianisme, en la neutralisant (le judaïsme commence par le refus du sacrifice humain, c'est-à-dire l'entrée dans la civilisation, le christianisme transforme le sacrifice en eucharistie), l'islam lui confectionne un nid, où elle croîtra au chaud. Quand le judaïsme et le christianisme sont des religions dont les rites conjurent la violence, la délégitiment, l'islam est une religion qui, dans son texte sacré même, autant que dans certains de ses rites banals, exalte violence et haine.

Haine et violence habitent le livre dans lequel tout musulman est éduqué, le Coran. Comme aux temps de la guerre froide, violence et intimidation sont les voies utilisées par une idéologie à vocation hégémonique, l'islam, pour poser sa chape de plomb sur le monde. Benoît XVI en souffre la cruelle expérience. Comme en ces temps-là, il faut appeler l'Occident "le monde libre" par rapport à au monde musulman, et comme en ces temps-là les adversaires de ce "monde libre", fonctionnaires zélés de l'oeil du Coran, pullulent en son sein.

Robert Redeker

Philosophe.
Professeur au lycée Pierre-Paul-Riquet à Saint-Orens de Gammeville

Source : Le Figaro, 19 septembre 2006

4.3 - Islam et guerre sainte : bonne question et réponses de mauvaise foi

En ce mois de septembre 2006, le pape Benoît XVI a posé une bonne question théologique à la conscience des musulmans : peut-on raisonnablement concilier bonne foi et conversions avec usage de la coercition (Djihâd) ?

La majorité de ceux qui ont publiquement pris la parole au nom de l'islam, nous ont présenté de très mauvaises réponses. Je dirais même des réponses de mauvaise foi. C'est ce que je vais essayer de démontrer.

Il me semble que la seule bonne réponse, digne d'un musulman de bonne foi, est celle qui délivre un témoignage de notre temps : la vérité, rien que la vérité, toute la vérité ! L'islam aussi, tel que mes parents me l'ont inculqué, exige droiture, sincérité et respect des autres. C'est dans la fidélité à ces principes de base de toute bonne foi, que je délivre ici mon témoignage et ma petite vérité.

Les historiens musulmans les plus anciens nous expliquent que les polythéistes de la Mecque n'ont pas porté la main sur le prophète Mahomet qui prêchait pourtant un monothéisme vouant leurs divinités aux enfers. Ils l'invitaient à se restreindre à prêcher sa nouvelle foi tout en s'abstenant de s'attaquer à leurs divinités diverses et variées. Tabari, un des premiers grands chroniqueurs de l'islam, nous raconte qu'avant d'émigrer de la Mecque à Médine, le prophète Mahomet avait envoyé un émissaire qui réussit à convertir bon nombre des deux tribus de Médine. Au bout d'une année, il était revenu avec " soixante et dix personnes des chefs principaux habitants de Médine ... afin de ramener avec eux le Prophète...

"...Le prophète leur fit prêter le même serment qu'il avait reçu des douze de l'année d'avant, en y introduisant seulement l'obligation pour eux de combattre ses ennemis, de le protéger comme eux-mêmes, et de sacrifier leur corps et leurs bien, jusqu'à ce que la religion soit répandue partout. Ils acceptèrent toutes les clauses de ce serment, qui est appelé serment de la guerre ou second serment "

Je ne sais pas si les musulmans sont offusqués par ce récit tiré du livre " Mohammed, sceau des prophètes. " Volume 3 de la Chronique de Tabari traduite par Hermann Zotnenberg et préfacée par Jacques Berque. Editions Sindbad. Paris 1980, pages 108-109.

Ibn Khaldûn, grand historien rationaliste arabe du XIVe siècle, nous a aussi légué des réflexions que beaucoup de musulmans d'aujourd'hui feignent d'ignorer. Voici ce qu'il écrit dans ses fameuses Prolégomènes au chapitre " XXXI - Les titres de pape et de patriarches, chez les chrétiens et le titre de kohen, chez les juifs " :

" ... Dans la communauté musulmane, la guerre sainte est un devoir religieux, parce que l'islam a une mission universelle, et que tous les hommes doivent s'y convertir de gré ou de force. Aussi le califat succession au Prophète comme défenseur de la foi et le pouvoir temporel y sont-ils unis, de sorte que la puissance du souverain puisse servir les deux à la fois.

" Les autres communautés n'ont pas de mission universelle et ne tiennent pas la guerre sainte pour un devoir religieux, sauf en vue de leur propre défense. Les responsables religieux n'y sont en rien concernés par les affaires du gouvernement. Ceux qui détiennent le pouvoir le font pour des raisons accidentelles, sans rapport avec la religion, comme simple résultat de l'esprit de corps, dont la nature est de rechercher le pouvoir, comme on l'a vu. Ils n'ont pas l'obligation de dominer les autres nations, comme dans l'islam. Tout ce qu'on leur demande, c'es d'établir leur religion chez eux. " (Extrait de " Le livre des Exemples, Autobiographie et Muqaddima ", texte traduit, présenté et annoté par Abdesselam Cheddadi, Gallimard, bibliothèque de la Pléiade. Paris 2002, pages 532-533)

Quand on est musulman, on a donc le choix entre :

s'assumer comme gendarme de la foi dans le monde et se doter, comme nos ancêtres, des moyens balistiques qui conviennent à ce rôle où on a vite fait de perdre son âme. préserver sa bonne foi en refusant clairement l'utilisation de la coercition comme moyen de conversion ; au passé, au présent et dans le futur. C'est pour cela que le nouvel islam en France, dont je suis l'initiateur, propose d'enterrer en grande pompe, le sabre du Djihad à côté de nos ancêtres et de refonder un nouvel islam sur la base de trois piliers : Liberté, Justice et Paix.

Pascal Hilout

nouvel-islam.org

5 - république et enjeux de mémoire

5.1 - Sortir des mythes et lutter ensemble

On voit aujourd'hui s'opérer un mouvement de repli communautaire sur la mémoire, du côté d'une partie des musulmans de France, de ceux qui se réclament d'une communauté noire. Un repli directement inspiré par l'idée que la France serait un pays de mise à part redevable de reconnaissance à ceux, qui se présentent comme victimes de son histoire, du colonialisme à l'esclavage. Examinons les faits.

Une France républicaine de tradition anti-raciste

On affirme que la France serait un pays de discrimination dans le sillage de l'héritage du colonialisme et de l'esclavage. Notons tout d'abord que, notre pays est doté d'un arsenal judiciaire qui condamne les discriminations, dont la Loi Gayssot dont personne ne conteste l'efficacité. SOS-Racisme fait régulièrement condamner ceux qui transgressent le respect dû à tout individu sur le territoire français, immigré ou non, en raison de discriminations. Rappelons au passage que les jeunes ou moins jeunes issus de l'immigration ont accès aux concours de la fonction publique en toute égalité, non-discriminatoire puisque par essence anonymes. D'autre part, lors des dernières élections Présidentielles, un test grandeur nature a eu lieu, en dehors des fantasmes idéologiques des uns ou des autres, pour montrer si oui ou non, la France était raciste, avec un Le Pen au second tour. Il en est résulté 82% contre Le Pen, pour montrer très précisément les limites de cette idéologie en France. Ceux qui jouent sur ce fantasme d'une France malade du racisme, pour obtenir la reconnaissance de droits à des minorités sous le signe d'un victimage exacerbé, tels les fameux " Indigènes de la République ", portent une lourde responsabilité en stigmatisant ainsi des populations qui ne leur ont rien demandé, en exaspérant des contradictions qui risquent fort de déboucher au final sur plus de racisme.
Concernant le squat de Cachan, même ici on peut trouver, par-delà la politique sécuritaire anti-immigration de Sarkozy, la preuve d'une France aux antipodes d'un racisme structurel : quel autre pays au monde pourrait proposer à des immigrés en situation régulière sans logement des accueils en hôtels pris en charge par les services sociaux, avec des aides pour l'entretient de leur famille, voire d'être prioritaire pour l'accès à un logement.
Certes, il s'y trouve des sans-papiers pour lesquels la situation est plus délicate, mais on propose à ces personnes de repartir dans leur pays avec une bourse de 6000 euros par personne, voire plus de 10000 euros par famille. On devrait sans doute permettre que parmi eux, puisse rester sur le sol français, particulièrement ceux qui ont été en situation régulière en possession d'un titre de séjour autorisant à travailler, perdu avec leur travail. Là il est question de leur faire justice. Encore faudrait-il regarder de près la situation de chaque famille en question dont certaines relèvent du droit d'asile. Mais on ne peut justifier que tous les immigrés venus en France puissent sans condition y demeurer, ce serait une fuite en avant qui à terme, signerait non seulement la fin de toute idée de droit, mais provoquer une situation d'affrontement entre ceux-ci et la population d'accueil que personne ne pourrait maîtriser.

Des frustrations détournées de leurs buts vers l'impasse identitaire

Cette mémoire identitaire propre à des groupes restreints, se fait en vérité sous le flux de sentiments qui ne font pas continuité avec l'histoire dont ils se réclament, mais ont plus à voir avec la recherche mythique d'une identité tournée vers le passé dans une société en manque d'avenir. Un sentiment de frustration légitime lié aux difficultés d'intégration qui atteint une partie des familles issues de l'immigration, est invité à être retourné contre les Français en général, contre le peuple, et détourné de ses vrais responsables, par des dénonciateurs de circonstances auto-désignés comme héros d'une mission historique de reconnaissance, entre gauchisme aux excès constants et une certaine " intelligentsia " de gauche désenchantée en recherche de sens, qui y apaise sa mauvaise conscience de faire vivre le système. On passe du coup, sous silence, la cause essentielle d'un manque d'intégration sociale propre à une crise de société voulue par le libéralisme qui joue les riches contre les autres. A défaut de répondre aux problèmes sociaux, une partie de la population française d'origine étrangère est incitée à chercher contre l'autre, après le mythe du peuple français raciste, le mythe du peuple français colonisateur et esclavagiste et d'obtenir, par la demande du pardon, une reconnaissance identitaire illusoire à défaut d'une reconnaissance sociale qui n'a pu être obtenue par la voie de l'intégration.
On parle concernant l'islam d' " un rejeton caché du passé colonial ". Un argument qui préfigure cette autre formule qui veut que "les jeunes issus de l'immigration" deviennent à dessein " les enfants des ex-colonisés ", qui ne sert qu'à justifier la ré-islamisation des banlieues. Un islam présenté comme le contraire du colonialisme par exemple, en Algérie, alors que les imams et les caïds (l'aristocratie locale), ont été les meilleurs collaborateurs de la colonisation et ceux sans lesquels sa perpétuation pendant 130 ans aurait été purement et simplement impossible. Ici, on accuse un peu vite la République d'être responsable de la colonisation en passant sous silence les intérêts capitalistes qui y étaient en jeu liés à un certain Impérialisme français dont l'Etat était l'instrument, détournant de beaux idéaux républicains pour en justifier l'entreprise. Au passage on oublie sciemment qu'en France, le peuple a pesé de tout son poids quand il a été en mesure de le faire, contre le colonialisme en étant un facteur déterminant en faveur des indépendances. Un peuple qui n'a jamais profité de cette politique pratiquant ici la domination de la classe ouvrière, et là-bas, l'exploitation des colonies. C'est faire oublier aussi, qu'entre tous les régimes, de la monarchie au régime impérial et à la République, seule cette dernière a mis fin au fléau de l'esclavage. Car le sens profond de la République laïque française était d'en porter en elle l'émancipation, dans cette liaison si française avec un héritage révolutionnaire très riche et une avant-garde trempée dans les luttes.

Que le " d'où nous venons " ne prenne jamais le pas sur le " où nous allons "

A travers ce combat d'arrière-garde autour de la mémoire, c'est une régression à laquelle nous sommes invités à assister par effet de division des forces sociales en religions et en ethnies, rien qui n'aille vers l'avant mais des freins supplémentaires mis à l'égalité à travers un rapport litigieux cultivé entre Français et immigrés.
Il n'y aucune analyse rigoureuse dans cette démarche où il est d'abord question de donner raison à une lecture idéologique de l'histoire pour faire de la mémoire un enjeu de la réorganisation de notre société en groupes de droits concurrents, clientélisés. On en vient à revendiquer la discrimination positive à travers l'accès à des droits discriminés parquant des populations dans un cadre d'infirmité politique, qui pourrait bien nous préparer une nouvelle crise d'identité avec des violences encore plus forte, un nouveau malaise dans la civilisation.
Ce dont il est question, c'est de savoir si l'on veut regarder l'histoire vers l'avant tous ensemble et pour cela, il faut que les livres d'histoires fassent leur part à tous les faits pour mieux mutualiser ce dont on hérite et que l'on ne saurait réduire aux conflits du passé, à droite en défendant le colonialisme comme un fait positif (Art.4 de la Loi du 23 février 2005 abrogée) ou à gauche, comme toile fond mythique à la justification du communautarisme, autant de choses qui nous emmènent dans l'impasse.
Il ne s'agit pas de nier les difficultés réelles auxquelles les populations qui accumulent les difficultés sociales plus celles de l'intégration se confrontent, mais ce n'est pas sur le terrain d'une mémoire litigieuse et revancharde que les choses trouveront à avancer mais par la lutte pour plus d'intégration, de laïcité et de justice sociale pour tous, et une remise en cause de l'ordre capitaliste ici et ailleurs.

Guylain Chevrier

Docteur en Histoire

6 - consommation, pouvoir d'achat

6.1 - La libération de l'énergie fait monter les prix

La nigaude Commission européenne, qui construit l'Europe en dérégulant, en mettant tout et partout en concurrence, est bien convaincue que la concurrence fait baisser les prix. Bien entendu, la concurrence ne fait jamais, ou presque, baiser les prix. C'est le deuxième scandale de la libération de l'énergie après le sauvetage de Suez la chiraquienne.

Le 1er juillet 200, le marché de l'électricité a été libéré pour les entreprises, lesquelles ont eu le choix : soit aller sur le marché libre, soit rester dans le statu quo. Le 1er janvier, le marché sera libre pour tout le monde, citoyens de base compris.

Donc, ces entreprises, confiantes en la concurrence, sont allés sur le marché libre, où les tarifs ont explosé. Du coup, la Confédération générale des PME s'est fendue d'une tribune libre, dans le quotidien " La Tribune " précisément, pour dénoncer, je cite " la pression budgétaire exercée par les fournisseurs d'énergie ". Merci Beigbeder (le frère). La CGPME demandait de revenir aux tarifs réglementés, c'est-à-dire, si je sais lire, de revenir à la bonne vieille tutelle de l'Etat.

Le Medef s'est associé aux gérémiades de la CGPME pour dénoncer les scandaleuses augmentations de tarifs qui allaient de 70 à 100 % sur ces trois dernières années. L'année dernière, l'augmentation était de 48 %. Et de villipender les pratiques de fournisseurs d'électricité, qui je cite encore, mettent " le couteau sous la gorge " des entreprises.

En fait, il apparaît que ces braves entreprises, qui sont entrés sur le marché concurrentiel, se sont fait rouler et racketter par des contrats léonins avec des clauses d'exclusivité et des conditions de sortie draconniennes, comme n'importe quel consommateur qui croit n'importe quel prospectus publicitaire. Bien fait pour ces gourdes.

En cinq ans, le marché dérégulé (les fournisseurs autres qu'EDF) a augmenté ses tarifs de 75 %. Ce marché est l'un des plus chers d'Europe. Réponse de Beigbeder (le frère) et sa clique de dérégulateurs : " C'est la faute au prix du pétrole. Le prix du gaz est indexé sur celui du pétrole, les centrales thermiques fournissent de l'électricité, donc... ". Donc rien : 80 % de l'électricité est fournie en France par le nucléraire. Le magawatt-heure nucléaire coûte 7 euros. Le megawatt-heure thermique coûte 50 euros (indexé sur le prix du pétrole). Cherchez l'erreur.

En général, il n'y a pas assez de nucléaire pour couvrir la demande. On complète donc par du thermique. Et que fait EDF ? Il vend 7 euros sur le marché libre ? Eh non, il vend au prix du marché libre, 50 euros, et il serait bien con de ne pas le faire.

Car si je suis fournisseur d'électricité et que je vois plusieurs tarifs, même si je peux pratiquer le plus bas, je ne vais pas être stupide et me priver d'une manne en ne pratiquant pas le prix beaucoup plus élevé que mon concurrent. Lui sera heureux que je ne lui fasse pas trop de concurrence, et moi je serai heureux d'engranger des super-profits.

Heureusement, en France, nombre d'entreprises bénéficient encore du tarif régulé par le CRE (Centre de Régulation de l'Energie). Mais demain, en Europe, sans commission européenne de régulation ?

Un économiste a calculé que si le tarif dérégulé - libre, de la concurrence, de la liberté, n'ayons pas peur des mots - avait été appliqué à la totalité de la consommation française, c'est une ponction de 18 milliards d'euros par an qui aurait été réalisée sur ces pauvres Français.

Ce sera le racket de demain, n'en doutons pas.

Bernard Maris

Source : Charlie Hebdo du 20 septembre 2006

6.2 - Fruits et légumes : les conseilleurs ne sont pas les payeurs

"Adoptez la fraîche attitude : mangez tous les jours de 5 à 10 fruits et légumes frais". C'est bon pour la santé, oui mais* il faut avoir les moyens de les acheter !

On ne saurait nier l'incidence sur la santé d'une alimentation saine et équilibrée. Les nutritionnistes insistent à juste titre sur la place que doivent occuper les légumes et les fruits frais. Aucune raison donc de protester contre une campagne publicitaire qui pour une fois va dans le bon sens.

Pourtant toutes ces affichettes devant les boutiques, tous ces articles dans la presse, tous ces conseils bienveillants finissent par provoquer de l'agacement. Comment tous ces gens ne comprennent-ils pas que le contenu de nos porte-monnaies n'est pas au niveau de leurs prescriptions ?

Si tu es malade, c'est de ta faute puisque tu te nourris mal, que tu creuses ta tombe avec tes dents. Ce discours culpabilisant est trop souvent le complément des bons conseils et notamment les magazines féminins n'en sont pas avares, il faut bien " responsabiliser " la femme et la mère.

Quel dommage que ces discours moralisateurs ne s'attaquent pas de la même manière aux mauvaises conditions de travail, dont les conséquences sur la santé sont tout aussi patentes. Manger des fruits et des légumes frais préserve du cancer* à condition de ne pas être exposé à l'amiante ou aux pesticides ! Mais dénoncer l'irresponsabilité patronale peut faire perdre la manne publicitaire..

Les plus honnêtes parmi les concepteurs de cette campagne pour la " fraîche attitude " reconnaissent que ce n'est pas aussi simpliste que leur slogan, que ce n'est pas seulement un état d'esprit.

Une partie importante de la population n'a pas les moyens de consommer les produits conseillés par les nutritionnistes. Le pouvoir d'achat est ponctionné par l'augmentation des loyers, par celle de l'essence, du gaz. Quand les charges fixes ont été payées, il faut se débrouiller avec ce qui reste, rogner sur les loisirs et même sur la nourriture.

Quelques bons apôtres qui n'ont pas les fins de mois trop difficiles font tout de même la morale : les familles font de mauvais choix, l'éducation alimentaire des enfants et des adolescents est déplorable*

Et quand bien même, qui est responsable ? Les cantines ignorent le plus souvent les produits frais, trop chers, au profit de la bouffe industrielle et uniformisée. La pub des fabricants de boissons et de pâtisseries hyper-sucrées et trop grasses envahit les médias et cible les enfants. Les grandes surfaces présentent les bonbons à côté des caisses. Mais qui osera mettre en cause les vrais responsables de la " malbouffe " ?

(Info syndicale CGT ONIGC-AUp, office agricole des grandes cultures, céréales, oliviers, sucre - lundi.cgt@wanadoo.fr) Transmis par Philippe Isnard

CGT ONIGC-AUp

Office agricole des grandes cultures, céréales, oliviers, sucre
lundi.cgt@wanadoo.fr

7 - violence sociale

7.1 - Violences et banlieues : le cri d'alarme du préfet du "9-3"

Quatre pages de colère froide et argumentée : ainsi se résume la missive adressée juste avant l'été par le préfet de Seine-Saint-Denis à Claude Guéant, directeur du cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l'intérieur. Dans son courrier daté du 13 juin, Jean-François Cordet s'alarme - pour la quatrième fois, par écrit, depuis le début de l'année - de la montée de la délinquance dans son département.

Il dresse aussi un bilan très sévère de l'action du tribunal de Bobigny et s'inquiète des problèmes d'encadrement et de motivation chez les policiers, dans un des départements les plus criminogènes de France, qui, écrit-il, compte "sans doute plus de 1,5 million d'habitants (compte tenu des clandestins)". En Seine-Saint-Denis, où deux tiers de la population est étrangère ou d'origine étrangère, "les écarts se creusent, les envies s'exacerbent", assène M. Cordet.

Depuis le début de 2006, la Seine-Saint-Denis a enregistré "une recrudescence de la délinquance peu connue jusqu'ici depuis de nombreuses années", soit + 7,64 %, note le préfet. Au cours du premier semestre, les violences contre les personnes ont progressé de 14,11 % par rapport à 2005. Les vols avec violences ont notamment augmenté de 22,62 %, les vols avec armes blanches de 16,19 %. La part des mineurs dans la délinquance de voie publique est passée de 44,23 à 47,67 %.

Face à cette tendance inquiétante, M. Cordet - qui occupe ses fonctions depuis décembre 2004 - regrette les défaillances de la chaîne pénale. Le tribunal de Bobigny est une nouvelle fois critiqué. La réponse judiciaire n'est, "plus que jamais, pas à la hauteur des problèmes" de la Seine-Saint-Denis, estime-t-il. Selon lui, l'augmentation très forte des vols avec violences "est due, à 70 %, à des mineurs, chez lesquels le sentiment d'impunité prévaut". Le préfet précise qu'en 2005, "sur 1651 mineurs déférés au parquet, seuls 132 ont été écroués, ce qui donne une idée de la marge de progression que le parquet possède actuellement, nonobstant le dogmatisme dont peut faire preuve le juge des enfants dans ce département".

Le 19 juin, soit quelques jours après l'envoi de cette note par le préfet, M. Sarkozy a adressé un courrier à Jean-Pierre Rosenczveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny, pour dénoncer son laxisme à la suite des violences urbaines de novembre 2005. Un seul mineur avait été écroué sur 85 déférés, selon la préfecture à Bobigny. "Je ne crois pas que cette réponse judiciaire soit à la mesure des enjeux", écrivait le ministre.

Le deuxième motif d'amertume exposé par M. Cordet concerne la réduction des effectifs. Soulignant une "diminution très perceptible", depuis 2002, du nombre de fonctionnaires affectés en sécurité publique, le préfet la met en parallèle avec l'augmentation de la population (environ 5 000 personnes par an) et de la criminalité. A cela s'ajoutent, selon lui, les diverses "sujétions" mobilisant une partie des effectifs, sans équivalent dans aucun autre département français : les vacations au tribunal et au centre de rétention administratif de Bobigny et les 25 à 30 soirées par an au Stade de France. M. Cordet rappelle que la Seine-Saint-Denis est "le premier département de France en termes de sécurisation de visites ministérielles, le nombre avoisinant 150 par an, ce qui là aussi obère d'autant la capacité d'intervention sur la voie publique".

Le préfet se dit aussi préoccupé par "l'extrême jeunesse des commissaires" nommés dans son département. Depuis 2004, sur 21 circonscriptions, "à peine deux responsables sont toujours en poste, note-t-il. Ce département a besoin de stabilité dans la présence et la connaissance des commissaires. Une durée moyenne de trois ans ne me semblerait pas exagérée même si la tâche y est pénible". La fidélisation des effectifs reste un problème majeur dans tous les départements de la petite couronne, malgré les incitations financières et l'accès facilité aux logements.

Jean-François Cordet met également en cause les modes d'intervention des compagnies républicaines de sécurité (CRS), tout en se félicitant de leur soutien dans la lutte contre la délinquance. "Axés sur les contrôles d'identité essentiellement", ils ne permettraient pas, selon lui, une bonne prévention des violences urbaines. En outre, le préfet note "la difficulté de fonctionnement conjoint sécurité publique et CRS, chacun tentant de reporter sur l'autre l'inefficacité des mesures de sécurité".

C'est à l'automne 2005 que Nicolas Sarkozy a décidé d'affecter 17 compagnies de CRS et 7 escadrons de gendarmerie aux quartiers les plus difficiles, en renfort de la sécurité publique (Le Monde du 25 octobre 2005). M. Cordet formule une suggestion concernant le dispositif des forces de l'ordre : la création d'une brigade anticriminalité (BAC) centrale, qui pourrait être sollicitée dans chaque département d'Ile-de-France en cas de nécessité.

Le préfet relaie aussi dans son courrier l'"émoi" que suscitent, dans les commissariats de son département, les interventions de la "police des polices". Exemple le plus marquant : entre 2000 et 2005, huit procédures judiciaires visant le seul commissariat de Saint-Denis - pour des viols avérés ou des faits de violences - ont été déclenchées, aboutissant à la mise en examen de 24 fonctionnaires. Selon les responsables policiers, dont M. Cordet se fait le porte-parole, les investigations "plus rudes et disproportionnées" de l'IGS, par rapport à d'autres départements, provoquerait une "frilosité" des forces de l'ordre dans leurs interventions.

Mais Jean-François Cordet ne se contente pas d'aborder la seule thématique de la sécurité. Il souligne aussi la paupérisation d'une partie de la population et l'aggravation des inégalités. Notant que "la Seine-Saint-Denis représente 35 % de la pauvreté d'Ile-de-France", il se félicite du développement économique constaté au sud de Saint-Denis ou d'Aubervilliers, à la porte de Paris, lieux d'implantation de grandes entreprises. Ce développement et "la reconquête dans ces mêmes lieux de l'habitat par les classes moyennes conduisent aujourd'hui à une confrontation permanente entre l'aisance des uns et la pauvreté des autres, s'inquiète-t-il. L'uniformité sociale et économique de la Seine-Saint-Denis, telle qu'elle existait depuis l'après-guerre, est en train d'exploser".

Le préfet évoque en particulier le sort des jeunes, principales victimes du chômage. "Ces classes d'âge sont aujourd'hui fortement travaillées par l'islam, et sans doute le plus intégriste", écrit-il, en donnant l'exemple des femmes intégralement voilées, de plus en plus nombreuses dans les lieux publics. L'influence des intégristes est visible "à chaque réveil de l'agitation dans telle ou telle cité", affirme M. Cordet : "Le relais de la gestion locale est pris par les 'barbus' que l'on voit en compagnie des 'animateurs' ou 'médiateurs' divers, dans des déplacements destinés (disent-ils) à calmer le jeu (parfois avec la complicité tacite de certains élus)."

Piotr Smolar

Source : Le Monde du 19 septembre 06

7.2 - La République laïque ou le retour aux tribus ?

La chronique de Jacques Julliard ( Nouvel Observateur - 13 Septembre 2006 ) : " La pire violence sociale, c'est la violence scolaire. N'ayons pas peur de la dénoncer."

C'est exactement ce que je pense . Violence des enfants les uns contre les autres, violence des enfants contre les enseignants .C'est bien une violence, avec injures et menaces qu'a subies la fille de parents d'élèves dans la cantine d'une école de l'agglomération lyonnaise : avec les enfants qui, comme elle, mangeaient du porc, ils ont été traités de... porcs, la fillette, portant une jupe, traitée de p... et menacée aussi parce qu'elle a dit ne pas croire en Dieu. Insultes, bagarres... Voilà l'école transformée en tribus qui se haïssent et s'affrontent, le communautarisme commence à l'école ?

Le chroniqueur de l'Obs se dit surpris de la réaction des enseignants : c'est la forteresse assiégée , on exagère les faits , ce n'est pas si grave .." Quand les maîtres ont peur de leurs élèves , c'est le début de la tyrannie " dit Platon ( OBS ) En fait , les enseignants pensent que la droite veut casser le service public , et l'école ! Et ils ont raison : mais c'est un projet tout droit sorti des cartons de l'Europe , et c'est sur le chantier depuis longtemps .. Et l'Europe , ce n'est pas que la droite ? Il y a bien une certaine gauche , celle qui a dit oui à l'Europe et depuis longtemps ? Oui à l'Europe des régions , à la décentralisation ,à l'abandon de la laïcité . Et le le NON majoritaire ne les empêche pas de continuer ..la même politique pour l'Europe , sans tenir compte du vote majoritaire des Français .

Dans le Monde du 20/9/2006, le préfet du 9-3, Jean-François Cordet, crie sa colère contre l'explosion de la délinquance en Seine -Saint- Denis : délits en augmentation, violences contre les personnes, vols avec violence, les délinquants sont des mineurs. Il accuse la justice, 1651 mineurs arrêtés.. et 162 écroués. Mais , répond la justice, ce sont des mineurs, on ne peut pas les emprisonner ! Alors, aucune solution ?

" Ces classes d'âge sont aujourd'hui fortement travaillées par l'islam le plus intégriste . Le relais de la gestion locale est pris par les " barbus" que l'on voit en compagnie des animateurs , parfois avec la complicité tacite de certains élus "

Quand les élus ont peur d'un groupe d'électeurs, qui fait pression sur eux... la tyrannie n'est pas loin non plus !

Hier , deux policiers ont été pris dans un guet apens : ils ont eu affaire à une bande d'une vingtaine de jeunes, ils ont été roués de coups et l'un est gravement blessé (aux Tarterêts). " C'était une tentative d'assassinat, car il y avait préméditation " a dit un de ses collègues.

La violence commence à l'école , avec la séparation des enfants en communautés ethniques et religieuses , qui s'affrontent comme des TRIBUS .

La violence continue dans les quartiers, avec la séparation des populations en communautés ethniques et religieuses, qui s'affrontent comme des tribus, et défendent leur " territoire ", contre l' Etat, la POLICE...

Il est grand temps de rétablir la République LAIQUE partout, à l'école, dans les quartiers !

C'est ainsi que l'on fera reculer la violence.

Mireille Popelin

8 - école publique

8.1 - Fronde des maires ruraux contre un "cadeau" au privé

Un vent de fronde souffle dans le camp laïque et chez les maires ruraux. Depuis des mois, ceux-ci réclament l'annulation de l'article 89 de la loi du 13 août 2004 sur la décentralisation, qui impose une participation financière pour les municipalités dont certains enfants sont scolarisés dans une école privée située sur une autre commune. Jusqu'alors, les mairies payaient un forfait communal pour le fonctionnement des écoles privées situées sur leur territoire, et seulement en cas d'accord spécifique pour les établissements installés dans une autre commune.

Remonté contre ce qu'il considère comme "un cadeau" à l'enseignement privé, le Comité national d'action laïque (CNAL) réagit par une campagne de sensibilisation. Des tracts vont être distribués par ses membres - la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), la Fédération nationale des délégués départementaux de l'éducation nationale, la Ligue de l'enseignement, le SE-UNSA et l'UNSA-Education - pour appeler "toutes celles et tous ceux qui partagent les préoccupations - du CNAL - à saisir solennellement les parlementaires de leur circonscription pour demander l'abrogation" de l'article controversé.

De son côté, Gérard Pelletier, le président de l'Association des maires ruraux de France, demande à ses adhérents de ne rien payer sans accord délibéré". "C'est rendre service à notre République que d'aller systématiquement au contentieux, tout en demandant aux candidats aux élections diverses et futures de se positionner sur ce sujet", estime-t-il.

"COMPROMIS À L'ARRACHÉ"

M. Pelletier, maire (divers gauche) de Raze (Haute-Saône), en fait une position de principe : " Scolariser son enfant dans une école privée, c'est avant tout un choix personnel. Se tourner ensuite vers l'argent public communal pour le financement, c'est foncièrement inacceptable. " L'édile avance également des arguments budgétaires : "On ne sait pas à l'avance quels sont les enfants qui seront scolarisés dans les écoles privées. Au bout du compte, il faudrait payer une facture qu'on n'aura pas pu prévoir." Contrairement aux élèves du public, qui doivent s'inscrire en mairie avant d'être scolarisés, ceux du privé n'ont pas cette obligation.

Au total, quelque 300 000 enfants de l'enseignement primaire du privé sous contrat sont scolarisés en dehors de leur commune de résidence. Selon les calculs effectués par le CNAL, la facture pourrait s'élever à 275 millions d'euros. Selon ceux de l'enseignement catholique, elle serait de 132 millions d'euros. S'ajoute à ce contentieux un alourdissement de la liste des dépenses que doivent prendre en charge les communes pour toutes les écoles privées sous contrat, soit au total "un cadeau au privé qui dépasserait 500 millions d'euros", estime le CNAL.

En février, celui-ci a attaqué, devant le Conseil d'Etat, la circulaire du 2 décembre 2005, qui détaille l'application de l'article de loi controversé. Dans l'attente de la décision, un compromis a été trouvé entre le ministère de l'intérieur, l'Association des maires de France (AMF) et l'enseignement catholique. Il prévoit qu'on ne pourrait demander plus à une commune pour une école privée que pour une école publique. Concrètement, un maire devra payer pour le privé s'il n'a pas d'école sur son territoire, si ses capacités d'accueil sont insuffisantes ou dans certains cas spécifiques.

Las, le président de l'association des maires ruraux ne veut pas se soumettre. "Si le préfet me pique 1 euro, je rends les clés de la mairie le jour même", menace M. Pelletier. "Nous avons obtenu un compromis à l'arraché qui cantonne le risque, avec un parallélisme total entre le public et le privé, se défend le président de l'AMF et député (UMP) du Jura, Jacques Pélissard. Notre responsabilité, c'est de respecter la loi."

Les principaux syndicats d'enseignants du primaire veulent rencontrer les ministres de l'intérieur et de l'éducation pour leur demander de retirer l'article controversé. Pour sa part, le secrétariat général de l'enseignement catholique espère bien, à terme, que ses 300.000 élèves scolarisés en dehors de leur commune de résidence bénéficieront du forfait communal. Toutefois, soucieux de ne pas ranimer la guerre scolaire, il dit avancer "avec pragmatisme". "Nous demandons simplement la parité entre le privé et le public, mais nous ne réclamons pas une application brutale", estime-t-on au secrétariat général.

Et de rappeler que l'article controversé de la loi de décentralisation procède d'un amendement introduit par Michel Charasse, laïque militant. Au nom de la défense du service public, le sénateur socialiste du Puy-de-Dôme avait cherché une parade à l'attitude de certains maires qui, n'ayant pas d'école sur leur commune, incitaient leurs administrés à inscrire leurs enfants dans l'école privée de la commune voisine - pour ne rien avoir à payer - plutôt que dans l'école publique.

Martine Laronche

Source : Le Monde 21 septembre 2006

8.2 - Il y a urgence

Bonjour Evariste

Il y a urgence. A partir de la rentrée 2006, une circulaire du ministère de l'éducation nationale fait obligation aux communes de financer la scolarisation d'élèves dans l'enseignement privé d'une commune voisine. Cette disposition (amendement PS voté par l'UMP) vise à détourner une part des budgets communaux consacrés à l'école publique pour l'école privée. Cette mesure, apparut comme très technique, a mis du temps à éveiller la vigilance. Des maires se mobilisent pour demander le retrait de cette disposition et nous soutenons cette démarche.
Nous en sommes au début et nous avons besoin de votre soutien !

Plus d'infos sur le site : www.ecoledelarepublique.fr

Jean-Dominique Reffait

8.3 - Refondation de l'école

Chers amis,

A lire et si possible à faire circuler, cet appel pour la refondation de l'école (je l'ai relayé sur mon blog):

http://www.refondation-ecole.net/index.php

Amicalement,

Catherine Kintzler

9 - courrier des lecteurs

9.1 - Je suis fier de ce dont vous m'accusez

En tant que le camarade "LCR tendance SWP" de Montreuil que vous critiquez dans un déito récent, j'étais un peu déçu de voir que vous écrivez que j'avais "cautionné" l'idée de faire une pause dans une réunion politique où la majorité était des musulmans, pour que ceux qui veulent puissent aller faire la prière. Je soutenais l'idée avec enthousiasme, je ne la "cautionnais" pas.

Je suis fier de faire partie des gens que vous dénoncez!

John Mullen

LCR Montreuil

9.2 - Petite contradiction verte

J'ai vu avec plaisir que les Verts avaient participé massivement à la manifestation parisienne contre l'inauguration de la place Jean-Paul II par Delanoë. J'aurais envie de m'en réjouir si je ne savais pas que les mêmes Verts continuent à accepter les islamistes dans leurs rangs. Alors je m'interroge : opportunité tactique vis-à-vis de Delanoë, ou bien laïcité à sens unique ?

Pascal Tagot

10 - à lire

10.1 - " Traces de feux furieux, La philosophie féroce II ", de Michel Onfray

Encore une fois, pour notre réflexion et notre plaisir Michel Onfray sort l'arbalète.

Les sujets traités sont divers : de la vanité d "un " faux modeste présidentiable " qui nous rejoue la pièce de l'homme providentiel à la logique de quelque renégat de Mai 196 ! Avec en prime une bonne giclée qui atteint le pape, les islamistes et autres intégristes....

Le philosophe libertaire n'hésite pas à se mettre contre courant en tançant tous les hypocrites qui dénoncent le dopage de Lance Armstrong et de beaucoup d'autres alors que cet exercice découle de la logique d'un système....

Il rappelle que certains , comme hier Jean-Paul Sartre croquaient ou croquent des amphétamines...BHL qui estime fortement Sartre, " l'imite côté amphétamines ; il l'écrit dans Comédie et confesse avoir le même fournisseur que Sollers... "

Si cette question est abordée ainsi, ce n'est pas pour autant offrir sa caution de philosophe mais pour apporter un jugement d'hédoniste :

" Que conclure ? Qu'on a le droit de solliciter son corps comme on l'entend, y compris en payant une satisfaction tout de suite par la forte probabilité d'une dégradation plus tard. Ecrire la Critique de la raison dialectique, mais passer les dix dernières années de sa vie à pisser dans sa culotte, à la barbouiller de matière fécale, à errer cérébrale ment, à vivre en loque, à la merci du premier vautour venu ? Il existe des candidats pour cela. La forme prise par la haine de soi, variation sur la pulsion de mort, a plus d'un tour dans son sac. "

L'auteur aborde 30 sujets différents avec à chaque fois une cible différente, Jospin " l'oxymore vivant " n'est pas oublié ainsi que Mitterrand qui reçoit le plus gros pétard sans oublier Joseph Ratzinger qui semble suivre après la jeunesse que l'on sait les traces de Pie XII !

Personne n'est ménagé, ni les islamistes, ni non plus tous ceux qui n'ont pas vu dans les évènements d'octobre novembre 2005, la révolte d'exclus, continuant par là même à reprendre à leur compte certains clichés journalistiques.

Des vrais propos qui sortent du politiquement correct, des affirmations tranchées..le tout, comme à chaque fois avec un style incisif et une écriture soignée...

Mon seul regret : le prix élevé-18 euros pour un peu moins de 90 pages de lecture effective...

Pouvait-il faire aurement? J'en doute...

Éditions Galilée
18euros
124 pages

Jean-François Chalot

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