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  1. chronique d'Evariste
    1. Pourquoi faut-il soutenir par tous les moyens Robert Redeker et la liberté d'expression ?, par Évariste
  2. Pétition à signer
    1. Contre la barbarie, le soutien à Robert Redeker doit être sans réserve, par ReSPUBLICA
  3. Texte datant de 2003
    1. L'islamophobie, l'arme des islamistes contre la laïcité., par Robert Redeker
  4. Quelques réactions
    1. La République doit protéger les victimes des fatwas, par Union Des Familles Laïques
    2. On achève bien les chevaux..., par Marie Perret
    3. Faut-il brûler Redeker ?, par Maxime Vivas
    4. Fatwa contre la République !, par Antoine Peillon
    5. Soutenir Robert Redeker, par Jocelyn Bézecourt
    6. Il faut toujours résister, par Claude Baratier
    7. Redeker n'est pas seul, par Thierry Kakouridis
    8. Merci de m'avoir envoyé votre journal, par Hélène Lotthé-Covo
  5. Débat autour du soutien à Robert Redeker
    1. Soutien très critique à Robert Redecker, par Tewfik Allal
    2. En réponse à Tewfik Allal, par Pascal Hilout
  6. Pour le droit à la libre critique de tous les cultes
    1. Delanoë akbar : la Mairie de Paris fête le Ramadan au stade Charléty, par Jocelyn Bézecourt
  7. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Pourquoi faut-il soutenir par tous les moyens Robert Redeker et la liberté d'expression ?

Dès la publication du dernier Respublica, où nous avons fait savoir que nous allions transmettre tous les messages de soutien qui nous parviendraient à Robert Redeker, la rédaction a été submergée par plusieurs centaines de textes adressés au professeur de philosophie, que nous lui avons fait suivre, bien entendu. Nous n'avons pas vu un tel nombre de réactions depuis ce jour d'octobre 2004 où un journaliste du Monde, Xavier Ternisien, avait calomnié gravement notre réseau, cherchant à nous tuer politiquement, relayé immédiatement par la direction du Mrap et les sites islamistes. Votre réaction massive et l'ampleur des soutiens que nous avions rencontrés alors avaient obligé la direction du Monde à accepter un droit de réponse, symbole de l'échec de la man˝uvre.

Nous sentons aujourd'hui, amplifiée, cette même indignation, ce même élan, ce même besoin de solidarité autour de Robert Redeker.

Nous avons donc décidé de publier un numéro spécial de soutien a professeur de philosophie traqué. Nous y impulsons une pétition, signée par des personnalités représentatives d'un maximum de sensibilités, pour montrer que Robert Redeker n'est pas isolé, et que les citoyens de ce pays, après l'affaire de l'Opéra de Berlin (dont la directrice a préféré retirer de la programmation l'Idoméné de Mozart) et l'affaire des caricatures, ne sont pas décidés à accepter que des lois religieuses dictées dans d'autres pays ne rencontrent en France que le silence et la lâcheté.

Nous encourageons, d'autre part, nos lecteurs à signer ce texte, mais aussi à multiplier les initiatives, localement ou nationalement, à monter des comités de soutien, pour défendre le droit à la liberté d'expression, à la libre critique de tous les dogmes, et donc de toutes les religions, libertés conquises de haute lutte par le peuple français, au prix de luttes, souvent sanglantes, qui ont duré des siècles.

Ne comptant absolument pas sur le gouvernement en place, ni sur tous ceux qui veulent en finir avec les principes laïques, notamment l'article 2 de la loi de 1905, la rédaction de Respublica appelle l'ensemble des citoyens de ce pays, les réseaux militants, à organiser, localement ou nationalement, des collectifs pour défendre la liberté d'expression, et le droit à la libre critique de tous les dogmes.

Elle est prête, comme lors d'autres grandes batailles (la bataille pour une loi contre les signes religieux à l'école, la bataille pour le non au TCE, la bataille pour l'abrogation du CPE) à mobiliser toutes ses forces pour cela, et à répondre aux sollicitations de réseaux militants pour monter des réunions, ou les animer.

Merci de continuer à nous lire, à nous faire connaître, et à ne pas accepter la dictature de la bien-pensance islamiquement correcte.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Pétition à signer

2.1 - Contre la barbarie, le soutien à Robert Redeker doit être sans réserve

Le 20 septembre dernier, le cheikh islamiste Youssef al-Qaradawi livrait Robert Redeker à la vindicte des fous de dieu. Désigné comme islamophobe pour s'être demandé, dans une tribune du Figaro (édition du 19 septembre), ce que doit faire le monde libre face aux intimidations islamistes, Robert Redeker est aujourd'hui menacé de mort. Victime d'une fatwa, il a été forcé, lui et sa famille, à la clandestinité. Contraint de se mettre sous la protection de la DST, de quitter sa fonction de professeur de philosophie, de changer de résidence tous les deux jours, de faire face aux frais que cette situation peut occasionner, Robert Redeker a vu son existence basculer, et vit désormais en homme traqué.

Car telle est bien la sinistre réalité : du jour au lendemain, un homme se retrouve, de fait, déchu de son statut de citoyen et livré à l'état de nature. Voici un homme qui se trouve dans l'impossibilité de jouir des libertés les plus élémentaires -à commencer par celle de se déplacer. Voici un homme qui se trouve dans l'impossibilité de faire valoir ses droits, car à la barbarie, on ne peut opposer un droit quelconque. Voici un homme, enfin, qui se trouve rejeté de l'espace public et assigné à une existence de fantôme. Il faut, tout de même, se représenter l'effet exorbitant que produit cette fatwa : c'est toute une existence qui est brisée et qui bascule, de façon irréversible, dans la terreur. Etre victime d'une telle fatwa, c'est être un mort en sursis : cela signifie très exactement que la mort peut surgir n'importe quand, n'importe où, sous n'importe quel trait. Cela signifie très exactement que l'autre, celui qu'on croise dans la rue, celui qui sonne à la porte, celui qui passe en voiture, est un assassin potentiel. C'est à cette absolue précarité que se trouvent acculés Robert Redeker et sa famille. Pourquoi ? Pour avoir usé d'un droit constitutionnel, d'un droit pour lequel Spinoza, Locke, Voltaire, et bien d'autres encore, ont combattu, d'un droit que les révolutionnaires de 1789 ont conquis, d'un droit, enfin, que l'on croyait définitivement acquis : le droit de manifester sa pensée et ses opinions.

L'affaire des caricatures de Mahomet, il y a tout juste un an, avait déjà sonné le tocsin. L'affaire Redeker nous rappelle aujourd'hui cette triste évidence : rien n'est jamais acquis. La barbarie n'a pas disparu. Sous la hideuse figure de l'intégrisme religieux, elle impose désormais, sur le sol de la République, le régime de la terreur, et menace la liberté d'expression.

C'est la raison pour laquelle nous tenons à apporter un soutien inconditionnel à Robert Redeker. Exprimer sur cette affaire la moindre réserve, c'est déjà faire une concession à la barbarie. Aussi dénonçons-nous cette rhétorique insidieuse qui consiste à assortir la condamnation de la fatwa dont est victime Robert Redeker d'un même si ou d'un bien que.

Nous dénonçons les propos de G. de Robien, ministre de l'éducation nationale, qui, au lieu de manifester son indignation face à la barbarie intégriste, a cru bon, après avoir mollement exprimé sa solidarité, de donner à Robert Redeker des leçons de bienséance.

Nous dénonçons le discours quelque peu dévot de ceux qui soutiennent Robert Redeker du bout des lèvres, pour la forme, parce qu'il faut bien être démocrates, pour mieux se livrer ensuite à une analyse indécente de ses propos. Analyse indécente, en effet : n'est-il pas pour le moins déplacé de disserter, entre gens de bonne compagnie, sur l'article de Redeker quand celui-ci est, de fait, exclu de l'espace du dialogue et réduit au silence ? On ne sait que trop où conduit cette rhétorique insidieuse quand on la pousse jusqu'au bout de sa logique : on en arrive à excuser la barbarie ou, tout du moins, à comprendre l'incompréhensible, à savoir qu'un homme puisse mériter d'être condamné à mort pour avoir critiqué une religion.

Nous dénonçons, enfin, cette curieuse conception de la liberté d'expression qui tend à s'imposer aujourd'hui et qui devrait faire la joie des intégristes de tous poils : contrairement à ce que certains sont en train de faire accroire, la liberté d'expression ne s'arrête pas là où commence les opinions des autres. Car, à ce compte, on ne pourrait s'exprimer que sur des sujets absolument consensuels. La liberté d'expression, dans le cadre des lois interdisant les propos racistes et négationistes, ne saurait se réduire au droit de parler tant que l'autre est d'accord. La liberté d'expression, ne saurait se réduire au droit de tout dire sauf ce qui est susceptible de heurter l'opinion de l'autre, ou sa croyance, ou même sa foi, qui, dans le droit républicain, n'est qu'une des figures possibles de l'opinion. Face à certains commentaires, particulièrement nauséabonds, qui ont pu s'exprimer à propos de la situation de Robert Redeker, il paraît nécessaire de rappeler que le droit de critiquer une religion, un livre sacré, ou un prophète fait partie de la liberté d'expression, au même titre que le droit de critiquer une croyance, un livre, ou une personne quelconques. Appeler au respect des croyances de chacun est une façon d'inviter chacun à l'autocensure. Pire : c'est une façon de donner aux religions un statut particulier, d'en faire une chose intouchable et sacrée. C'est une façon de céder sur le principe de laïcité.

En signant cette pétition, nous souhaitons manifester à Robert Redeker et à sa famille un soutien sans réserve. Nous entendons aussi faire valoir le droit contre le fait, la justice contre l'arbitraire, la civilisation contre la force brutale. Il ne s'agit pas de jouer une civilisation contre une autre : il s'agit de faire valoir la civilisation - dont aucune culture en particulier n'a le monopole- c'est-à-dire les principes de liberté, de droit, et de justice contre la barbarie.

Premiers signataires:

Michel Onfray, philosophe, Corinne Lepage, présidente de Cap 21, Alain Finkielkraut, philosophe, Yvette Roudy, ancienne ministre, Bernard Teper, président de l'Ufal, Pierre-André Taguieff, philosophe, Michèle Tribalat, démographe, Alain Calles, ancien président du Mrap, Chahla Chafik, Sociologue et écrivain, Nicolas Gavrilenko, président des Amis de Respublica, Michèle Vianes, présidente de Regards de Femmes, Catherine Kintzler, philosophe, Mohamed Pascal Hilout, initiateur du nouvel Islam, Nadia Kurys, vice-présidente du Mrap, Jean-Claude Milner, philosophe et linguiste, Marie Perret, philosophe, Simon Blumental, président d'Algérie Ensemble, Anne Zelensky, présidente de la Ligue des Droits des Femmes, Antoine Peillon, président de France Radicale, Annie Sugier, présidente de la Ligue Internationale du Droit des Femmes, Catherine Kriegel, psychanalyste Paris, Alain Vincenot, écrivain, auteur de La France résistante, C.E.R.F (Cercle d'etude de reformes feministes), Martine Storti, Inspectrice générale de l'éducation nationale, Jean-Claude Santana, président de l'Ufal Rhône-Alpes, Robert Albarèdes, animateur de laïques en réseau, Catherine Deudon, photographe, Christian Gaudray, président de l'Ufal Gironde, Marc Knobel, président de j'Accuse, Brigitte Bré Bayle, enseignante, Ufal Marseille, Frédéric Dupin, professeur agrégé de philosophie, Jocelyne Clarke, enseignante, présidente de l'Ufal Paris, Emmanuel Itié, syndicaliste CGT, Virginie Hermant, agrégée de mathématiques, Jocelyn Bézecourt, site atheisme.org, Jean Loup Bidot, professeur de philosophie, Nancy, Hélène Lotthé, professeur agrégée ès Lettres, Thierry Kakouridis, professeur (Marseille), Sylvie Dinse, professeur de philosophie, Libre Pensée Aveyron, André Perrin, agrégé de Philosophie, Georges Torres, demandeur d'emploi, Marseille, Lionel Avon, professeur de mathématiques, Liliane Chalon, inspectrice de l'éducation nationale dans le Val de Marne, Lisa Schmitt, féministe, Michel Fichant, professeur de philosophie à l'Université Paris, Névine Marchiset, mère de famille, Lucette Guibert, militante associative, Philippe Raynaud, Professeur à l'Université de Paris 2, Membre de l'Institut Universitaire de France, Franck Raynal, ouvrier du web.

Signer la pétition

ReSPUBLICA

3 - Texte datant de 2003

3.1 - L'islamophobie, l'arme des islamistes contre la laïcité.

Un néologisme[1] vient de tailler sa place de façon fracassante sur notre scène politique: " islamophobie ". Ce mot, proche accoustiquement de " xénophobie ", est autant destiné à faire peur - en évoquant subliminalement la haine, les persécutions, les discriminations - qu'à culpabiliser. Quelques uns voudraient le voir devenir synonyme de " racisme " et symétrique d' " antisémitisme ", deux monstres qui ne dorment que d'un oeil. Son usage, pourtant, est-il bien adéquat à la double exigence républicaine: sauvegarder la laïcité et combattre le racisme?

N'engendre-t-il pas des amalgames aux résultats ruineux pour la République, ses valeurs et son héritage?

Une enquête (conduite par Caroline Fourest et Fiammetta Venner dans leur livre: ) sur ses origines et son histoire réserve des surprises, donnant à voir les intentions de ses concepteurs. Il n'est pas innocent que le vocable d' " islamophobie " ait été forgé initialement (dans les années 1970) par des islamistes radicaux s'attaquant aux féministes. La guerre contre les femmes est le berceau de ce terme; ainsi, Kate Millet, célèbre militante du mouvement de l'émancipation féminine, fut violemment insultée puis traitée d'islamophobe pour avoir incité les iraniennes au refus de porter le voile. C'est à nouveau autour de la question de l'apartheid des femmes - foulard à l'école, dans des institutions, dans la rue, autoségrégation dans des piscines - que se concentre la crispation, et que l'accusation d'islamophobie menace quiconque s'élève contre la tentative d'officialisation de cet apartheid.

Dans les années 1990 le terme d' " islamophobie " a été diffusé plus largement par les islamistes londoniens dans le cadre des campagnes anti-Rushdie. L'écrivain et les défenseurs de la liberté de penser et de publier se trouvaient accusés du crime d'islamophobie tout en étant menacés de mort. Le concept d' " islamophobie " est originairement une arme forgée par les islamistes dans le but d'imposer leur vision totalitaire du monde. Il plonge ses racines dans le plus sordide obscurantisme. Au départ " islamophobie " était donc un mot de combat - et chacun se souvient de la formule du poète révolutionnaire Maïakovski, " les mots sont des balles "! En le réutilisant naïvement, de sincères amis de la liberté se placent sur le terrain de ses adversaires. Peut-on, comme le souhaitent les islamistes, identifier l'islamophobie avec un racisme et l'équivaloir avec l'antisémitisme?

L'amalagame entre l'islamophobie et le racisme est destiné à se retourner contre toute critique de la religion, si importante dans notre culture depuis Bayle et Voltaire, si importante aussi dans l'élaboration de l'idée républicaine. Est-il " raciste " de refuser les exactions qui se pratiquent, de la Mauritanie jusqu'au Pakistan, au nom de l'Islam? De refuser la charia, les lapidations, les mutilations, l'esclavage (encore vivace dans des sociétés musulmanes), la criminalisation de l'homosexualité, le statut inférieur des femmes, etc? Est-il raciste de rappeler que dans aucun pays musulman les droits de l'homme ne sont à l'honneur, pas plus d'ailleurs que la démocratie? Est-il raciste d'estimer que des centaines de millions d'êtres humains vivent quotidiennement sous le joug imposé par cette religion? Est-il raciste de s 'inquiéter des exigences dans notre société d'une religion qui a aussi peu fait la preuve de sa capacité à intérioriser les valeurs issues des Lumières?

Est-il raciste de se poser la question: un Islam à visage humain est-il possible, comme on se demandait naguère si un socialisme à visage humain est possible?

Si le racisme (par exemple: l'arabophobie) est absolument condamnable, le combat contre les empiétements du religieux sur la vie civique, combat dont sont issues les valeurs républicaines, ne l'est aucunement. L'Islam est une religion - un ensemble d'idées, de mythes, de superstitions et de rites - pas une " race " (si ce mot a un sens) ni une ethnie. Il existe des musulmans de tous les types humains; cette religion, semblablement au christianisme, vise l'universalité. Etant une religion, l'Islam est aussi une idéologie, comme le communisme et le libéralisme. Doit-on condamner l'antilibéralisme ou l'anticommunisme, le refus de leurs idéologies et de l'organisation du monde qu'elles impliquent, comme s'il s'agissait de racisme? L'attitude accusée d' islamophobie n'est pas du racisme dans la mesure où loin d'être la haine de tel ou tel peuple, elle est le refus véhément de ce que certains prêchent et veulent imposer au nom de l'Islam. Elle est le refus des aspects archaïques et incompatibles avec les valeurs républicaines que véhicule une certaine interprétation l'Islam.

L'antisémistisme, pour sa part, ne stigmatise pas une religion, mais un peuple. Or, il n'y a pas un peuple musulman comme il y a un peuple juif; par suite, la mise en parallèle de l'islamophobie et l'antisémitisme est abusive. L'Islam est un attribut accidentel, applicable - du fait de sa nature prosélyte - à tout être humain, quelle que soit son ethnie et sa couleur de peau. Au contraire Juif ne désigne qu'un seul peuple, à cause de son non-prosélytisme. Loin d'être le simple combat contre une religion, l'antisémitisme est la haine immotivée et inextinguible d'un certain peuple, le peuple juif. Les Juifs pourraient bien être athées, changer de religion, que l'antisémitisme persisterait. S'il existe des Juifs athées (parce que le mot " juif " énonce l'appartenance à un peuple, quelles que soient les idées de ceux qui sont ainsi indexés), la locution " musulman athée " s'avère absurde (parce qu'être musulman signifie adhérer à une croyance).

Les islamistes voient dans la bataille du vocabulaire un enjeu d'importance. Le terme d'islamophobie cache le piège tendu aux institutions laïques par les intégristes musulmans pour empêcher la critique de la religion tout en soumettant des segments de l'existence sociale (spécialement celle des femmes) à une emprise totalitaire. Perdre la bataille sémantique, en réutilisant le vocabulaire mis en circulation par les islamistes comme s'il allait de soi, est désastreux. Le mot " islamophobie " rabat à faux-titres la défense de la liberté et de la laïcité sur l'intolérance et sur la haine. Il réussit à contraindre les valeurs républicaines à demeurer sur la défensive: ce sont elles désormais qui, mises en difficulté par la sophistique d'un tour de passe-passe lexical, se voient accusées d'intolérance et d'intégrisme.

La prestidigitation de ce mot consiste à renverser la réalité en plaçant l'obscurantisme en position de victime et la laïcité d'agresseur. La laïcité doit maintenir le mot " islamophobie " hors du cercle des débats, tout en pourchassant le racisme, en particulier l'arabophobie.

Notes

[1] Ce texte a été publié dans La Dépêche du Midi le 21 octobre 2003.

Robert Redeker Philosophe.
Professeur au lycée Pierre-Paul-Riquet à Saint-Orens de Gammeville

4 - Quelques réactions

4.1 - La République doit protéger les victimes des fatwas

Communiqué de presse

L'Union des FAmilles Laïques (Ufal) s'indigne des menaces de mort, brandies notamment par le leader des Frères Musulmans, Youssouf Qaradhawi, que subit le professeur de philosophie Robert Redecker, suite à la parution d'un article du Figaro du 19 septembre dernier qui dénonçait le côté violent de certains passages du Coran.

Elle s'inquiète que cet enseignant, pour assurer sa sécurité, ne puisse plus loger chez lui, ni enseigner, soit sous haute protection policière, et doive, à ses frais, changer de domicile tous les deux jours.

L'Ufal regrette que, pendant plusieurs jours, à l'exception du soutien de plusieurs organisations laïques et républicaines, Robert Redecker a été totalement lâché, dans cette épreuve difficile, par son ministre de l'Education nationale, et qu'il n'ait pas trouvé, tout au long de ces difficiles heures, le soutien que la situation aurait mérité.

Il aura fallu une longue semaine pour qu'enfin l'indignation de la population soit telle qu'elle a obligé les plus hautes autorités de l'Etat, les syndicats enseignants et diverses organisations à s'indigner enfin que des forces obscurantistes et intégristes, qui ont des relais en France, puissent décider de condamner à mort un citoyen qui a exercé le droit républicain à la liberté d'expression, et à la libre critique de tous les dogmes, donc de tous les cultes, donc de l'islam.

Elle ne peut que constater, après l'affaire des caricatures, la lâcheté et la frilosité des dirigeants de ce pays, quand il s'agit de défendre la liberté d'expression face aux intimidations islamistes.

En ces moments difficiles, l'Ufal réaffirme toute sa solidarité et son amitié pour Robert Redecker et les siens.

Elle demande que la République continue d'assurer leur sécurité, mais ne les laisse pas démunis financièrement devant la nouvelle situation avec laquelle il doit vivre.

De même, l'Union des Familles Laïques considère qu'il est du devoir de la République d'accueillir, au nom du droit d'asile, des citoyens dans le monde victimes de fatwas, comme Anas El Jazouli, militant laïque marocain, refugié en France depuis deux ans, et condamné à mort par les islamistes.

Cet homme est aujourd'hui menacé d'expulsion. Soutenu par l'Ufal du 77, par la Gauche républicaine, par le RESF 77, il est contraint d'observer une grève de la faim pour éviter une expulsion qui le mettrait gravement en danger.

L'Ufal interpelle les autorités de ce pays pour que la situation d'Anas El Jazouli soit régularisée au plus vite, et participera à la conférence de presse, mardi 4 octobre, au Sénat, à 14 h 30, pour contribuer à ce cette situation dramatique se finisse au mieux, dans la meilleure tradition républicaine du respect du droit d'asile.

Union Des Familles Laïques www.ufal.org

4.2 - On achève bien les chevaux...

La bassesse peut atteindre des profondeurs insoupçonnées. Pendant qu'Evariste dénonçait dans sa chronique la rhétorique féroce des gentils dévots (Respublica 474), Pierre Tévanian poussait celle-ci jusqu'à l'obscénité. Dans un article publié dans La nouvelle république du 1/10/2006, le maître à penser des Indigènes de la République rivalisait d'abjection avec Tartuffe. Après avoir concédé, du bout des lèvres, que rien ne justifie la mise à mort, ni même le recours à des simples menaces, contre qui que ce soit (voilà de quoi se composer un masque démocrate et avenant), Pierre Tévanian verse dans l'immonde. Avec le courage qui caractérise les faux dévots, il commence par lyncher un homme à terre : Robert Redeker, si l'on en croit le justicier du communautarisme, est un être violent et raciste qui déshonore (...) la corporation des professeurs de philosophie.Si, aux yeux de Pierre Tévanian, Robert Redeker ne mérite même pas d'être appelé philosophe, on est en droit de se demander quel nom mérite celui qui insulte un homme baillonné, traqué, livré à la violence brutale.

Mais Pierre Tévanian ne s'arrête pas là. Le faux dévot entend que justice soit rendue : il faut, dit-il en substance, que l'éducation nationale prenne ses responsabilités. Comprenez : il faut qu'elle exclut Robert Redeker, qui n'a pas sa place à l'école publique. Pourquoi ? Parce qu'il est raciste. On peut s'étonner qu'un professeur de philosophie aussi prompt à décréter qui est philosophe et qui ne l'est pas manque à ce point de rigueur conceptuelle. Car, sous la plume de Pierre Tévanian, la notion de racisme a des contours si flous qu'elle est dangereusement extensible : est raciste tout individu qui ose critiquer la religion musulmane. Je me réjouis presque que ce soit G. de Robien qui soit ministre de l'éducation nationale, et non pas Pierre Tévanian. Car mon compte serait bien vite réglé. Il y a fort à croire que je me verrais signifier mon exclusion dans l'heure ainsi que mon départ dans un camp de rééducation : étant professeur de philosophie, considérant que la liberté d'expression, dans le cadre des lois républicaines, comprend le droit de critiquer les religions, je dois conclure que je n'ai pas non plus ma place à l'éducation nationale.

Robert Redeker sait désormais comment occuper ses journées : comme le suggère Tévanian le nouveau dévot, il peut toujours faire son introspection, sonder son âme pour éradiquer le mal raciste, et s'adonner ensuite à quelques séances d'autoflagellation. Je suis au moins d'accord sur un point avec Pierre Tévanian : face à tant de zèle et de dévoterie, il vaut mieux rire que pleurer. Dans son homélie finale, Pierre Tévanian propose à ses ouailles de méditer ensemble "cette phrase du jeune Marx : qui éduquera les éducateurs ?". Je n'ai pas le goût des homélies, mais je me pose une question : qui démasquera les faux dévots ?

Marie Perret professeur agrégée de philosophie

4.3 - Faut-il brûler Redeker ?

Toulousain comme lui, je connais bien Robert Redeker. La première fois que je l'ai rencontré, c'était à la fête de l'Huma de Toulouse où nous signions nos livres. Il avait l'air d'être au mieux avec un autre écrivain, membre du PCF. J'ai alors cru qu'il était communiste.

La deuxième fois, c'était dans un salon du livre dans le Tarn. J'ai déjeuné avec lui et un de ses potes qui avait eu des responsabilités nationales dans un parti d'extrême gauche. Ils m'ont entrepris, à deux contre un, sur Israël. Ils avaient l'air d'être imbattables sur le sujet et je ne me souviens pas avoir jamais trouvé le temps aussi long devant une table abondante où je déjeunais gratis.

J'ai compris-là qu'il n'était pas du tout communiste et qu'il fallait que j'affûte mes arguments sur les problèmes du Moyen-Orient.

Quelques mois après, l'Education nationale, qui désapprouvait sa prolixité journalistique nonobstant son excellente notation et les éloges de l'inspecteur d'Académie, décida de le muter d'office dans un autre lycée.

Depuis que Voltaire a défendu un Toulousain nommé Callas, zigouillé par les obscurantistes religieux, j'ai tendance à me référer à l'ermite de Ferney et j'ai fait mien son mot célèbre que chacun cite en général de mémoire (avec des variations) : Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je défendrai jusqu'à ma mort votre droit de le dire.. Alerté par Robert Redeker, je suis donc intervenu auprès du vice-président du Conseil Régional de Midi-Pyrénées (instance qui finance les lycées et qui dispose de moyens d'intervention, ne serait-ce que pour s'étonner) lequel était alors le président du Centre Régional des Lettres. J'ai aussi proposé à Robert Redeker de lancer, s'il le souhaitait, une pétition auprès des écrivains de la région. Tout cela fut inutile car, très rapidement, l'affaire s'est arrangée.

Depuis, il me communique régulièrement par courriel les articles qu'il publie dans la presse française et étrangère. C'est dire si je suis au courant de son discours. A chacun de ses envois, je le remercie en m'abstenant de tout commentaire. Il m'arrive en effet d'être sensible à des gestes d'amitié et de répugner à croiser le fer sans discontinuer, avec tous et sur tout. D'autres sujets m'occupent, aussi importants, sur lesquels j'interviens assez pour que mes heures y passent. Donc, et Robert Redeker ne l'a jamais ignoré, je ne le suis pas dans sa défense de la politique d'Israël.

Seulement, il ne m'est jamais venu à l'esprit d'encourager pour autant les oukases des extrémismes religieux, d'approuver les menaces de mort, ni de trouver normal qu'un mouvement comme le MRAP envisage de poursuivre un intellectuel parce qu'il a critiqué une religion en des termes que la loi permet.

On me rétorquera en me citant des extraits édifiants de ce qu'il a écrit dans le Figaro. Inutile, je l'ai lu. Dépassons l'article et malheur à qui, faisant profession de penser, feint de croire, par choix idéologique, que le problème est dans le contenu de la tribune alors qu'il s'agit désormais de savoir si une idée peut s'exprimer.

Or, des exégèses démocrates s'empressent de démontrer qu'il n'aurait pas dû, qu'il a été instrumentalisé, tandis que des fanatiques religieux, peu nombreux semble-t-il, mais bruyants à souhait et bien médiatisés, appellent quasiment à la fatwa comme s'il leur importait avant tout de donner raison à celui qui écrit que haine et violence sont dans le Coran, comme s'ils devaient absolument multiplier par dix le préjudice causé à leurs coreligionnaires par l'article incriminé.

Robert Redeker ne peut plus exercer, la police le protège, Le Pen attend sans inquiétude les présidentielles de 2007.

C'est pourquoi, athée et respectueux des croyants, ami de la Palestine et de tous les peuples arabes dont la terre a été foulée par Tsahal, je n'hésite pas à exprimer mon soutien au philosémite Robert Redeker.

Maxime Vivas

4.4 - Fatwa contre la République !

Robert Redeker, professeur agrégé de philosophe, est aujourd'hui menacé de mort pour avoir écrit une tribune titrée Face aux intimidations islamistes que doit faire le monde libre, dans Le Figaro daté du 19 septembre. En conséquence, placé sous la protection de la gendarmerie, il est désormais obligé de changer tous les deux jours de domicile et ne peut plus enseigner librement dans son lycée. Robert Redeker a pu indiquer, hier, que les menaces qui le visent s'accompagnent d'un plan indiquant comment venir chez (lui), avec (sa) photo, celle des lieux où (il) travaille et (ses) numéros de téléphone. Le même jour, le ministre de l'Education nationale, Gilles de Robien, n'a rien trouvé de plus courageux que d'accabler le professeur menacé en déclarant : En signant une tribune libre, cet enseignant a impliqué l'Education nationale. Un fonctionnaire doit se montrer prudent, modéré, avisé en toutes circonstances.

En France, pays républicain et laïque, nation souveraine, il n'est pas tolérable qu'un citoyen sans reproche soit condamné à mort par des fanatiques religieux, que ce soit à partir de territoires étrangers ou, pis encore, sur notre propre territoire national. Il n'est pas tolérable, aussi, que la libre communication des pensées et des opinions, c'est-à-dire un des droits les plus précieux de l'homme (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, août 1789, art. 11), ne soit pas intégralement respectée, voire protégée, et ceci sans commentaire, par ceux qui ont la haute charge d'administrer la République. Il n'est pas tolérable, enfin et surtout, que la liberté, la sûreté et la résistance à l'oppression soient mises en cause, que ces droits imprescriptibles de l'homme (art. 2 de la Déclaration de 1789) soient à ce point bafoués, sans déclencher une réponse exempte d'ambiguïté des pouvoirs publics et de l'ensemble des institutions civiles de la Nation.

En vertu des valeurs les plus fondamentales de notre République et de la démocratie, au nom, surtout, de l'humanisme, nous assurons Robert Redeker de notre solidarité la plus fraternelle. Nous affirmons que ceux qui le menacent sont aujourd'hui nos ennemis et que nous les combattrons de toutes nos forces. Nous mettons aussi en garde ceux qui, alors que c'est leur premier devoir, ne le soutiennent pas totalement, et sans condition, car ils sont dès lors, plus que jamais, nos adversaires. Nous sommes en des temps menaçants où le peuple de France juge sévèrement toute dérobade au devoir de défendre, sans faiblesse, ses droits fondamentaux contre la barbarie, d'où qu'elle vienne. Nous ne laisserons personne échapper à ce jugement. C'est notre engagement.

Antoine Peillon

4.5 - Soutenir Robert Redeker

Pour avoir écrit une tribune dans Le Figaro (19 septembre 2006) dans laquelle il dénonçait l'inouïe violence du Coran, Robert Redeker, professeur de philosophie dans la région toulousaine, est menacé de mort et contraint de vivre au secret. En écrivant que chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame, tel se révèle Mahomet à travers le Coran, Redeker exprime simplement ce qui peut être aisément vérifié en lisant le Coran comme les Hadiths. Face à la mise à nu de leur religion, les fascistes espèrent convaincre que l'islam n'est pas une religion violente en appelant paradoxalement au meurtre de l'intellectuel. Pour cela, des indications sur sa vie, son travail, son adresse ont été diffusées sur internet; les menaces de mort sont donc extrêmement précises.

L'islam n'en finit pas de tenter de masquer sa haine de la liberté par le recours à violence, procédés dont l'Eglise catholique a usé pendant des siècles et qu'elle reutiliserait si les moyens lui en étaient rendus. Devant cet islamo-fascisme, le moins qu'on puisse dire est que le soutien observé est loin d'être celui attendu. Le ministre de l'Education nationale, Gilles de Robien, a commis l'infamie de déclarer, après avoir affirmé qu'il était solidaire de l'enseignant, qu'un fonctionaire doit se montrer prudent et modéré en toutes circonstances (Le Figaro 29 septembre 2006).

La classe politique avait habitué les défenseurs des libertés à pareille trahison lors de l'affaire des caricatures de Mahomet. Jacques Chirac, Dominique de Villepin et François Bayrou avaient, bien sûr, affirmé leur attachement indéfectible à la liberté d'expression mais en l'assujetissant au respect des croyances. Pire, suite à la fatwa de mort prononcée par l'ayatollah Khomeiny contre Salman Rushdie, Jacques Chirac avait déclaré le mépriser et avait affiché sa compréhension envers les foules musulmanes offensées dans leur foi (L'Humanité 21 mars 1995), condamnant, certes, les appels au meurtre mais aussi ceux qui utilisent le blasphème pour des raisons commerciales. De même, lorsque Taslima Nasreen fut menacée de mort dans son pays, certains faiseurs d'opinions de la presse française avaient minimisé l'évènement (détails dans Taslima Nasreen, une femme contre les fanatismes, Sylvie Leprince et Benoît Mély, Bibliothèque de Travail 2nd degré, décembre 1995). Non ! Les croyances ne sont pas nécessairement respectables quand elles s'insèrent dans un corpus insécable de prescriptions autoritaires comme les textes dits sacrés. Respecter le droit de croire n'implique pas le respect de l'objet de ces croyances.

Après Salman Rushdie, Taslima Nasreen, Ayan Hirsi Ali, Theo Van Gogh, les dessinateurs danois et bien d'autres, Robert Redeker est une nouvelle victime du fascisme islamique, impérialisme religieux que les habituels antifascistes peinent à considérer comme tel. Pour certains antiracistes à courte vue, il est plus aisé de crier No pasaran ! en brandissant une pancarte contre le Front National que rejeter avec la même force la tyrannie du fascisme religieux propagée actuellement sur tous les continents par le meurtre, l'accusation de blasphème et l'imposition du voile. Dans le même mouvement à tombeau ouvert que les Verts, le MRAP ou les JCR s'affichant aux côtés des musulmanes voilées contre l'interdiction des signes religieux à l'école, une partie de la gauche, aveugle pendant des décennies sur les méfaits du stalinisme, persiste aujourd'hui dans sa cécité face à l'islam. Le MRAP a ainsi estimé, à propos de Redeker, que la provocation génère l'inacceptable (Libération, 30 septembre 2006), une ligne similaire, comme d'habitude, à celle de plusieurs responsables musulmans. La Mosquée de Paris avait eu une réaction identique lors des caricatures de Mahomet.

Il est donc très malvenu, et indécent, comme le font certains, de modérer son soutien à Redeker à cause de la grande clarté de ses propos : quand des menaces de mort sont proférées, quand la vie d'un homme est en danger pour ses écrits, quand il est contraint de quitter son domicile, son travail, que le risque est étendu à sa famille, un soutien large et massif doit s'exprimer sans nuance et sans snobisme de la part de ceux qui ne risquent rien, confortablement protégés par leur refus de la prise de risque. La politique, c'est oser déplaire. Redeker a osé quand d'autres se taisent.

Jocelyn Bézecourt co-auteur avec Gérard da Silva de "Contre Benoît XVI. Le Vatican, ennemi des libertés"
Editions Syllepse 2006
www.syllepse.net/lng_FR_srub_37_iprod_297-Contre-Benoit-XVI.html

4.6 - Il faut toujours résister

A Robert REDEKER

Je soutiens totalement la liberté la plus totale de critiquer les religions quelles qu'elles soient, celles ci ne se privant pas de se critiquer entre elles et de critique ceux qui n'en ont pas. Je pense cependant qu'il fallait sauf ordre express de la hiérarchie continuer à enseigner, après avoir demandé immédiatement la protection de la police publiquement et aussi en recommandé !

C'est l'Etat faible, la République laxiste qui mérite cette contrainte d'intervention.

Les idiots de dieu sont souvent très menaçants, mais ça s'arrête là s'ils sentent qu'on ne les craint pas. J'étais alors proviseur de lycée, loin de la Retraite, en 1993 quand j'ai reçu une élève qui préparait le bac, algérienne, me demandant sa protection parce que ses parents voulaient l'envoyer sans retour en Algérie pour la marier à un inconnu.

Tous les élèves du lycée (1400) et tous les personnels ont été informés, et invités à ouvrir l'˝il : à la première absence de MESSAOUDA, je fus alerté dans les 5 minutes. J'appelai le domicile, j'eus la maman, puis la séquestrée qui m'affirma être malade. Pas dupe, je lui dis que pour ses papiers de bac je m'occupais de tout. Elle comprit le message, sa mère aussi, je l'appris le soir.

J'appelai la police pour exiger la protection de personne mineure en danger. Sans nouvelle à 14 h, j'appelai le Préfet en annonçant que j'allais déposer plainte pour non assistance à personne en danger. A 16 h 30 le commissariat de la ville de résidence de la victime m'appela : ils avaient un gros problème, ils fermaient à 18 h et ne pouvaient la garder ! Accompagné de mon épouse, je fis le voyage, la jeune fille blessée, battue, en pyjama, sans ses affaires ni aucun rechange fut ramenée à la maison. J'eus droit au cinéma du blocage des routes derrière moi pour ne pas être suivi !

L'intéressée coucha à l'infirmerie, dès le lendemain elle était habillée (il y avait 100 internes filles au lycée). Elle reçut les cours photocopiés de ses professeurs, ne manqua de rien, devint interne avec les autres, partit en week end jusqu'aux vacances avec les copines : juives, cathos, et le plus souvent sans religion. Pendant l'été elle eut 18 ans, restée au lycée (l'infirmerie) et employée au bureau sous contrat jeunes (TUC) qu'elle garda jusqu'à son mariage l'année suivante, avec un garçon de sa communauté, beur comme elle. Il y avait de nombreux beurs dans ce lycée, aucun ne bougea. Je reçus des menaces de mort par courrier et par téléphone. Là je pouvais répondre que je les attendais de pied ferme dans mon bureau. Je n'ai jamais vu personne. Plus tard elle m'écrivit, elle avait renoué avec sa famille en commençant par la grand mère. Et tout allait bien.

Des histoires semblables, avec menaces non mises à exécution, j'en ai eu quelques autres, avec des gens du Front national au moment de l'affaire de Carpentras. J'avais exclu des élèves qui taguaient nos murs de slogans antisémites. Je pense qu'actuellement pour moins que ça de professeurs, des chefs d'établissements reçoivent des menaces de mort. Il faut résister. Ils en font leur affaire sans tapage ni publicité.

Vous pourriez retourner à vos cours après une démarche auprès du Recteur, et chez vous, après une démarche auprès de SARKO. Et avoir un ou deux copains qui vous aident à ouvrir l'˝il. La force de ces intégristes n'existe que par nos peurs et notre laxisme. Résistez ouvertement ! Vous pouvez changer les choses. Solidaire casse cou, comme vous.

Claude Baratier

4.7 - Redeker n'est pas seul

Bonsoir,

Une collègue et amie m'a transmis vos coordonnées afin que je puisse, par votre intermédiaire, manifester ma sympathie à notre collègue Robert Redeker.

Robert est, comme tout excellent philosophe, un penseur libre, libre de penser et, surtout, de dire et d'écrire ce qu'il pense, au profit de tous ceux qui, comme lui, ont ce besoin essentiel, inextinguible de penser et de s'interroger, librement. Je tiens aujourd'hui à le remercier chaleureusement de tenir aussi haut ce flambeau sans lequel nous, hommes libres, citoyens, n'existerions pas.

Robert Redeker a tout récemment fait l'objet de menaces de mort, qui l'obligent aujourd'hui à vivre ailleurs que chez lui, sous la protection de la DST. Je suis traumatisé, scandalisé, révolté, horrifié par ce qui arrive à Robert, que j'ai connu via la lecture de ses ouvrages et de ses articles mais aussi, personnellement, grâce à l'honneur qu'il fit au Syndicat des Agrégés de l'Enseignement Supérieur (SAGES), dont je fus un temps le secrétaire général, en assistant à l'une de ses assemblées générales. Je me rappelle un homme affable, simple, qui nous impressionna par son discours sur l'Ecole.

Je vous serais infiniment reconnaissant de transmettre toute mon affection et tous mes encouragements à Robert. Qu'il sache qu'il n'est pas seul dans cette épreuve, et que, comme beaucoup d'autres, je pense beaucoup à lui.

J'espère que mon message lui apportera ne serait-ce qu'un petit supplément de courage.

Thierry Kakouridis

4.8 - Merci de m'avoir envoyé votre journal

Je suis professeur de Lettres. Je reçois ResPublica à ma grande surprise depuis une semaine. je suis navrée de faire votre connaissance dans de telles circonstances.

Votre editorial m'est allé droit non au coeur mais à la tête... Les gentils dévots féroces sont bien là en effet comme les rats qui viennent crever sur les trottoirs à la veille des épidémies de peste.

Je ne suis qu'une citoyenne sans pouvoir ni influence - sauf celle que j'exerce sur des élèves qui m'écoutent généralement et à qui j'ai encore le droit quand même de parler de Voltaire et de ses combats, en les encourageant à faire tous les rapprochements possibles.

Je ne suis pas sûre de pouvoir être d'un grand secours à mon collègue Redeker, mais cette lettre-ci n'est probablement pas la dernière que j'envoie à son sujet. J'aimerais, si c'est possible, être tenue au courant des actions que vous engagerez. Si une manifestation de compassion et de totale solidarité peut lui être du moindre réconfort, soyez gentil de lui transmettre celle-ci.

Bien à vous, et merci de m'avoir envoyé votre journal que j'ai déjà transféré à plusieurs adresses[1].

Notes

[1] PS: Je suis catholique. Et républicaine. Et j'espère vivement que si Dieu existe, Il est largement au-dessus de tout ça. Cette information n'a pas grande importance, si ce n'est qu'elle traduit mon désir de ne pas voir votre protestation légitime cantonnée à l'univers intellectuel athée.

Hélène Lotthé-Covo Professeur

5 - Débat autour du soutien à Robert Redeker

5.1 - Soutien très critique à Robert Redecker

Nous dénonçons avec la plus grande force les menaces dont fait l'objet Robert Redeker, bien que nous soyons en désaccord avec ce qu'il a écrit, avec la médiocrité triviale de ses propos, avec ses outrances verbales en miroir avec les islamistes violents.

Nous appelons à défendre tout homme persécuté pour ses opinions, quand bien même la volonté de célébrité à tout prix des imbéciles n'a rien à envier aux motivations des martyrs.

Beaucoup trop d'hommes et de femmes dans le monde musulman subissent anonymement censure, persécutions, attentats, en raison de l'exercice réel de leur liberté de parole, pour que nous ne défendions pas inconditionnellement celui qui en use - même s'il en use en vue d'infliger des blessures imaginaires et de participer à répandre la peste émotionnelle des narcissismes de masse.

Tewfik Allal Le Manifeste des Libertés

5.2 - En réponse à Tewfik Allal

Bonjour Tewfiq,

Bonjour MM. Benslama et Bencheikh

Et bonjour tous les amis du Manifeste des Libertés.

Je viens de lire votre dénonciation inconditionnelle des menaces proférées contre M. Redecker ainsi que les précisions dont vous truffez cette dénonciation pour montrer que vous n'êtes pas du tout en phase avec ce pamphlétaire dangereux (pour faire court). Vous m'avez fait douter de ce que j'ai lu et j'ai du relire le texte incriminé, publié par M. Redecker le 19/09/2006.

On ne peut que vous remercier pour ces précisions qui permettent de mieux vous positionner par rapport aux autres démarches intellectuelles et philosophiques. C'est dans les moments difficiles que les choix déchirants se font. Lors de l'affaire Rushdi, c'était avec déchirement que j'ai du écrire à M. Arkoun pour lui signifier qu'il préférait qu'on déambule encore autour du pot sacré en usant de gros mots épistémo-gréco-latino-soporifiques. Aujourd'hui, je vous le dis aussi avec beaucoup de tristesse, à vous amis du Manifeste et amis tout court. Je vous aime, j'ai signé le Manifeste mais je choisis mon camp, celui qui nomme un chat un chat et une chatte une chatte.

Vous me confirmez dans ce que je pensais : l'islam (ou Islam) est bel et bien malade de ses intellectuels progressistes. C'est bien Averroès, Jabri, Arkoun, Meddeb, les Bencheikhs, Bouba et Benslama, en somme les tours de la ligne Maginot qui nous protège des barbares, qui nous prescrivent et nous livrent calmants et somnifères pour nous éviter de crever puis de videz l'abcès ancestrale.

Vous préférez les médecines douces avec bien des doses de sucre ou de ses succédanés. Même si certains d'entre vous ne sont pas croyants, vous croyez certainement que les révolutions tombent du ciel. Il est trop facile de déplorer les méfaits des islamistes sans jamais oser désigner leurs deux béquilles, les mêmes que celles dont usent les régimes arabes et les musulmans : Mahomet et le coran. Croyez-moi, c'est par cet index que la grâce divine nous touchera. Non pas grâce à vous qui ne nous désignez que l'écorce politique, la bulle protectrice et les feux de diversion allumés par les têtes brulées, mais grâce aux intellectuels qui osent être un miroir fidèle pour relater aux musulmans leur image toute nue et toute crue. Ceux qui osent désigner l'endroit où nous musulmans, de foi et/ou de culture, nous avons bien mal.

La bienséance est hypocrisie quand elle se fait fuyante dans des moments difficiles. C'est même de la lâcheté.

Votre texte et ma réponse seront publiés. Vous avez un droit de réponse imprescriptible.

Avec tous mes respects,

Pascal Hilout nouvel-islam.org

6 - Pour le droit à la libre critique de tous les cultes

6.1 - Delanoë akbar : la Mairie de Paris fête le Ramadan au stade Charléty

Bertrand Delanoë est un champion. Lors de la mobilisation contre les signes religieux à l'école, Respublica avait coutume de décerner un bonnet d'âne laïque au plus hardi des nouveaux cléricaux. Les candidats étaient nombreux, de mérites équivalents, et les départager était une tâche difficile. Or, depuis, les malheureux lauréats du bonnet d'âne laïque ont trouvé leur maître, un homme neuf qui les domine d'un oecuménisme sincère.

En un mois, le maire de Paris a ainsi cumulé les complaisances envers deux monothéismes agités : inauguration de la place Jean Paul II devant la cathédrale Notre-Dame (avec arrestation par la police de dizaines de présumés gêneurs), annonce de l'ouverture d'un centre des cultures musulmanes dans une ancienne école maternelle (quel symbole !) et, samedi 30 septembre, organisation d'une soirée au stade Charléty pour le Ramadan.

En mai 1968, la gauche s'était rassemblée à Charléty dans une très grande réunion publique; en 2006, elle est une gauche non laïque muée en organisatrice de spectacles. Et cela avec le soutien de L'Oréal. Rien n'étonne plus, pas même l'alliance du PS parisien avec la richissime société de cosmétiques. Et en ces temps où la moquerie et la critique des religions valent, au mieux, un billet aller pour le tribunal le plus proche, et, au pire, une fatwa de mort, est-on seulement autorisé à observer que ce soutien financier est apporté par une société pas franchement halal ?

L'usage de parfum, qu'il soit de L'Oréal ou autre, est interdit pendant la journée durant le mois de Ramadan. Mais Allah, dans son infinie mansuétude, a toujours permis que les dogmes soient arrangés (interprétés, en langage religieux) pour les accommoder aux goûts des riches et du pouvoir. La célébration du Ramadan, où le jeûne est censé approcher la situation des pauvres, n'est qu'une hypocrisie mercantile chez L'Oréal comme chez les rois du pétrole. La Mairie de Paris, bien que théoriquement laïque, n'a pas lésiné sur les attentions et la complaisance a été poussée jusqu'à s'aligner sur des prescriptions religieuses. L'ouverture des portes à 19h30 a ainsi permis d'inclure la rupture du jeûne (fixée à 19h35) dans le programme de la soirée : une collation complète (sandwich halal, dattes, pâtisseries, orange, eau) a été offerte à tous les participants (entrée gratuite sur invitation).

Pas d'alcool ni de cochonnaille bien sûr. Pour ne pas faire de jaloux, devra-t-on aussi procéder à une distribution d'hosties et de produits cashers dans les salons de l'Hôtel de Ville ? Présentée comme musicale, la soirée a accaparé un terme fort en vogue pour dissimuler l'intolérance monothéiste, la culture : Paris, confluence des cultures pouvait-on lire sur le carton d'invitation. Réduire une religion impérialiste à un patrimoine musical, culturel et gastronomique n'est pas la moindre des impostures. Et un invité de marque avait été convié par la municipalité : le maire de Casablanca, Mohammed Sajid, élu en partie grâce aux voix des islamistes du Parti Justice et Développement. Le programme musical a eu le succès qu'a toute manifestation placée sous le signe de la fête et de la bonne humeur. On y est venu en famille, entre amis, la musique est entraînante, des corps se lèvent, se déhanchent. Un moment convivial où chacun affiche un sourire radieux. Les barbus sont absents et très peu de femmes voilées ont fait le déplacement, trop festif. Une pléiade d'artistes défile sur scène, on salue Bertrand Delanoë et l'inévitable Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris. Tout cela fut beau et bon et chacun en a eu la conscience apaisée; l'esprit de pénitence, imposé par le jeûne, était loin. Que vaut le dolorisme quand il est suivi d'un bon repas et du plaisir de la danse ? La religion a, à Charléty, été réduite à ses marges folkloriques et inoffensives, une diversion destinée à anesthésier les mal pensants et faire du maire de Paris l'apôtre d'un nouvel oecuménisme.

Jocelyn Bézecourt www.atheisme.org

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