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  1. chronique d'Evariste
    1. La Paix instrumentalisée, par Évariste
    2. On a envie, devant de telles horreurs, de demander des comptes, par Évariste
  2. Débat autour du soutien à Robert Redeker
    1. Ce que je fais pour aider Robert Redeker, par Michel Naud
    2. Abject, par Denis Pelletier
  3. débats laïques
    1. Pourquoi l'unité des laïques est difficile ? Comment s'engager sur la voie du rassemblement ?, par Bernard Teper
    2. Contre le rapport Machelon, la résistance s'organiserait-elle ?, par Robert Albarèdes
  4. combat laïque
    1. El Jazouli c'est gagné !, par Nicolas Pomiès
    2. La loi de 2004 reste lettre morte au lycée Gand à Amiens, par Maryse Haslé
  5. Les laïques sur le terrain
    1. Messe dans le cadre du 88ème anniversaire de l'armistice de la Première Guerre Mondiale, par Philippe Guglielmi
  6. Les limites du communautarisme
    1. Aounit de plus en plus contesté au Mrap, par Nadia Kurys
    2. Quand communautarisme rime avec victimisation : petite tranche de vie dans le 93, par Emmanuel Itié
  7. débats républicains
    1. Légalité et légitimité versus légalité sans légitimité?, par Bernard Teper
    2. Ce que disait la gauche, à l'époque des négociation du programme commun, par Pierre Caspi
    3. Reconstruisons la police de proximité, par Sébastien Roché
  8. élections présidentielles 2007
    1. Jurys citoyenns, non ! Souveraineté populaire, oui ! Pour une république citoyenne !, par Eric Coquerel, Pierre Carassus
  9. Altermondialisme
    1. Avenir d'Attac : pour une Attac de deuxième génération, par Matthieu Laurent
  10. santé
    1. La santé sacrifiée sur l'autel du libéralisme, par Lucette Guibert, Raymond MARI
  11. à lire
    1. Une école sous influence, de Jean-Paul Brighelli, par Jean-François Chalot
    2. Coup de pub: Le Parti radical-socialiste et le front populaire, 1934-1938", de Pascal-Eric Lalmy, par Pascal-Eric Lalmy
  12. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - La Paix instrumentalisée

Je passe une semaine de vacances à Marseille. Je me suis promis de ne participer à aucune réunion politique, et de ne voir que quelques amis. Ainsi, ce mercredi, bien qu'il y ait un rassemblement de la communauté juive pour soutenir le droit à la défense d'Israël, je n'y mets pas les pieds. Je me connais, je vais m'accrocher avec des religieux et leur kippa, ou avec des juifs de droite. J'évite donc ce rassemblement, et reste avec des amis, profitant de la mer. Le lendemain, j'apprends, en lisant la presse locale, qu'un rassemblement pour la Paix au Liban, appelé par des communistes libanais et les Comité Palestine, ainsi qu'une dizaine d'associations, soutenu par le PCF et la LCR, aura lieu le soir même, sur le Vieux Port. Même politique, je n'y vais pas, chaque fois que je rencontre les comités Palestine, cela ne se passe jamais bien. Je rentre chez moi, après une bonne soirée, aux alentours de 22 heures, et tombe sur la fin du rassemblement, que j'avais d'ailleurs totalement oublié. Il reste une cinquantaine de personnes avec les drapeaux libanais. Je ne peux m'empêcher d'approcher et d'écouter, en promettant à une amie marseillaise qu'on reste deux minutes, que je vais me taire, pour cause de vacances militantes.

Je vois donc des drapeaux libanais, des drapeaux palestiniens, des bougies, des photos d'enfants ensanglantés, avec des mots d'ordre hostiles à Israël.

Habitué à jauger rapidement des forces en présence, je comprends qu'il y a essentiellement des citoyens libanais de gauche, les comités Palestine (majoritaires) et quelques militants du PCF. C'est la fin du rassemblement, et les discussions vont bon train.

Une femme libanaise, qualifiée de droite par les comité " Palestine " raconte qu'elle est là pour le Liban, et pas pour la Palestine, et dit que ce ne sont pas les Israéliens qui ont cassé le Liban en 1975, ni qui viennent d'assassiner son président, qu'elle n'en a rien à faire du Hamas et de la Palestine, et qu'elle n'est là que pour le Liban. Cela commence à s'engueuler dur, j'écoute, mais je décide de ne pas intervenir, pour tenir ma promesse.

Mon amie félicite la manifestante libanaise pour avoir le courage de défendre un point de vue minoritaire dans le rassemblement, ce qui n'est pas la meilleure façon de passer inaperçu, comme je le souhaitais. D'autres disent qu'il faut la virer, et qu'elle met la pagaille.

C'est alors qu'une militante du PCF, porteuse de panneaux très hostiles à L'Etat hébreux, compare à haute voix les Israéliens aux Nazis, en faisant référence à Sabra et Chatila. Je décide immédiatement de rompre ma promesse de silence, et lui rentre franco dans le chou. " Madame, c'est scandaleux ce vous venez de dire ! Il y a eu, hélas, au vingtième siècle, des dizaines de Sabra et Chatila, alors que le nazisme est unique. En faisant de tels parallèles, en comparant les Juifs aux Nazis, vous banalisez le nazisme, et je trouve cela très grave de la part d'une communiste. ".

Grand silence, la militante, interpellée, dit que je l'ai mal comprise. Je lui dis que j'ai tout-à-fait entendu son discours, que j'ai déjà vu ces parallèles dans certaines manifestations parisiennes, et que je trouve cela inadmissible.

Je suis immédiatement entouré d'une bonne dizaine de militants des comités Palestine. C'est l'artillerie lourde. Je viens troubler un paisible rassemblement, je suis contre la paix, je roule pour Israël, pendant que des enfants innocents se font massacrer, etc. On m'intime l'ordre de regarder les photos.

J'arrive à reprendre la parole, et peux placer que j'ai manifesté contre la guerre de Bush, que je suis pour deux Etats, deux Peuples. J'affirme que la majorité du peuple israélien et palestinien est pour la Paix. Je dis en élevant la voix que les pires ennemis de la Paix sont les intégristes juifs et l'extrême droite, qui a assassiné Rabin, ainsi que les intégristes islamistes du Hamas et du Hezbollah.

Je sens que je touche juste et que plusieurs personnes présentes approuvent mes propos, cela se voit sur les visages, et j'entends plusieurs manifestants dire que j'ai raison.

Mais je suis au bord du lynchage, côté Comité Palestine, cela hurle de partout. Un militant m'interpelle brutalement, et me dis que tous les Iraéliens sont pareils, et qu'ils sont contre les Arabes. Je l'interromps immédiatement : "Si moi je dis que tous les Arabes sont pareils, et qu'ils sont contre les israéliens, ce serait du racisme. Il y a des israéliens de gauche et d'autres d'extrême droite, comme il y a des palestiniens de gauche et d'autres d'extrême droite."

Le ton monte, cela s'échauffe bien. Un militant, le plus vindicatif, me fusille du regard, me rappelle l'histoire de 1948, et cherche à justifier le terrorisme actuel en s'appuyant sur l'expulsion des Palestiniens, à cette époque. Immédiatement, je l'interromps : " On n'est plus en 1948, on est en 2006. Je te pose une seule question camarade : es-tu pour l'existence de l'Etat d'Israël, et donc son droit de se défendre, ou pour son anéantissement ? ". L'autre bredouille que ce n'est pas la question, je lui réponds qu'au contraire, tout est là, et lui demande de répondre à ma question.

Il me dit en criant que les vrais terroristes, ce sont Israël et les Etats-Unis. Du tac-au-tac, je lui réponds qu'il a raison de combattre la politique de Bush, notamment sa guerre en Irak, appuyée par Israël, mais qu'il ne sera crédible que s'il s'oppose de la même façon à l'extrême droite islamiste, aux attentats suicides du Hamas en Israël, et aux tirs de roquette du Hezbollah contre des civils israéliens, dont certains sont arabes. Et je l'interpelle brutalement : "Comment peux-tu organiser un rassemblement pour la Paix, et n'émettre aucune critique contre le Hezbollah ?"

La tension est à son paroxysme, je sens qu'une patate peut partir à tout moment.

Le responsable du rassemblement, voyant cela, se lance dans un discours ½cuménique. " Le Liban vit sous les bombes, il faut la Paix, on n'est pas là pour se disputer, ni pour faire de la politique, mais pour penser aux victimes innocentes Je vous supplie, respectez cela. " Il tient cinq minutes, espérant calmer tout le monde.

Quand il a fini, les discussions reprennent malgré tout de plus belle. Je sens que je suis écouté attentivement par quelques personnes, mais haï par la majorité. Je réitère des critiques contre Sharon, les colonies, réaffirme que je suis favorable aux frontières de 1967, mais je dis aussi qu'il faut se rappeler que ce n'est pas l'Etat hébreux qui a détruit Beyrouth, mais la Syrie.

Mon interlocuteur pro-palestinien hurle que le Liban appartient à la Syrie. Les Libanais présents protestent, le somment de s'expliquer, ils ont un échange très vif en Arabe, et tout le monde s'engueule à nouveau

Puis, très agressif, ce militant me lance : " Mais qu'est-ce que tu fous là, toi, tu n'es ni Arabe, ni Juif, cela ne te concerne pas, tire-toi. "

Il se fait engueuler par ses voisins.

Je sens par ailleurs que si je dois partir, c'est maintenant, sinon, cela va devenir difficile à gérer, vu la tension qui monte de plus en plus. Je salue donc les présents, leur dis que puisque je ne suis arabe ni juif, je m'en vais, et leur donne rendez-vous pour les prochains rendez-vous pour défendre la Paix, à condition qu'on critique TOUS les fauteurs de guerre.

Je réussis donc ma sortie, pas mécontent que cela se termine ainsi. En m'éloignant, j'entends le ton qui monte. Mon amie, amusée, me dit que j'ai mis un sacré bordel, pour quelqu'un qui avait promis de se taire.

Je n'en suis pas ravi, mais je me doutais que cela finirait ainsi. Je ne peux m'empêcher de penser aux regains de tension et à l'accumulation de haine que tout cela va encore alimenter partout dans le monde, et en France également.

Et je n'ai pas l'impression que c'est avec de tels pacifistes que cela va s'améliorer.

Évariste Pour réagir aux articles,
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1.2 - On a envie, devant de telles horreurs, de demander des comptes

Une jeune femme de vingt-six ans, vivant dans les quartiers Nord de Marseille, a vu son destin basculer tragiquement en cette soirée du samedi 28 octobre. Aujourd'hui entre la vie et la mort, cette personne, si elle survit, restera à jamais marquée, physiquement et moralement, par les terribles brûlures sur tout le corps, causées par le geste criminel d'un groupe de jeunes qui a cru bon de mettre le feu au bus, sans se préoccuper des personnes qu'il y avait à l'intérieur. Je n'ai même pas le goût d'insister sur le fait que j'assistais, la semaine dernière, à un colloque organisé par une association, Marseille Espérance, regroupant les sept principales religions de la ville, qui expliquaient que c'était grâce à elles que la paix régnait à Marseille, et donc qu'il fallait assouplir les règles laïques pour mieux les financer et les aider (du Machelon et du Sarkozy dans le texte). Comment ne pas hurler sa rage, son dégoût, sa révolte devant cette vie brisée, et devant ce drame que tout le monde sentait venir. Quand, depuis plusieurs jours, d'abord en région parisienne, puis ailleurs, le nouveau jeu des néo-psychopates consiste à brûler les bus, à caillasser les pompiers, ou à agresser les policiers, chacun se doutait que cela allait finir par un drame et des morts.

On a envie, devant de telles horreurs, de demander des comptes.

D'abord au ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy. Dans sa culture libérale, on ne récompense que les gagnants. Or, depuis qu'il est à Bercy, il parle certes beaucoup, mais cela ne marche pas. Imaginons que des faits d'une telle gravité arrivent sous un gouvernement de gauche, que n'entendrait-on pas sur le laxisme supposé et l'incapacité du gouvernement à faire régner l'ordre ? En ayant joué une stratégie totalement axée sur la répression, le maire de Neuilly est en train de perdre la partie, et se montre incapable de protéger les citoyens des quartiers populaires des exactions de jeunes garçons qui sont aujourd'hui des criminels potentiels. Mais il serait bien trop facile de se contenter du pointer du doigt Nicolas Sarkozy, son abandon de la police de proximité, et ses provocations, et de se dire que tout est la seule faute du ministre de l'Intérieur. Il serait temps, au contraire, de pointer du doigt la responsabilité, devant la situation explosive dans laquelle les quartiers populaires sont plongés, de tous ceux qui, pendant des années, et encore aujourd'hui, ont nié, ou totalement sous-estimé, la gravité de la situation, et ont insulté les militants et les citoyens dès qu'ils osaient aborder la question de la sécurité.

Tous ces journalistes (Le Monde, Libé et les Inrokuptibles), sociologues (dont la caricature est Laurent Mucchielli), psychosociologues, gauchistes et autres bobos bien pensants, qui refusent de prendre le problème à bras le corps et qui ne regardent que le malaise des jeunes et non le caractère illégitime d'une violence au sein du peuple.

Les mêmes, et d'autres à l'extrême gauche, qui parlaient de "lepénisation des esprits". Ceux qui taisaient les violences d'agressions gratuites contre une fête techno, place de la Bastille. Ceux qui ont traîné dans la boue Jean-Pierre Chevènement, quand il a employé le terme "sauvageon", le faisant passer pour un fasciste raciste.

Ceux qui n'aiment pas la France, et n'arrêtent pas de parler d'elle comme d'un pays raciste, colonialiste et ségrégationniste, quand ils ne parlent pas d'apartheid. Ceux qui, avec ce discours, encouragent les jeunes à haïr leur pays, et à insulter les "Cefrans" blancs, tout en alimentant l'antisémitisme dans l'Hexagone. Ceux qui ont applaudi quand l'hymne national a été sifflé par tout un stade, laissant des citoyens ébahis devant leur poste de télévision, lors d'un mémorable France-Algérie qui a coûté cher à Jospin et à toute la gauche.

Ceux qui ont toujours voulu expliquer les émeutes et les scènes de guerillas urbaines par la seule question sociale, en stigmatisant toujours les flics, en excusant la fuite en avant des jeunes délinquants, toujours présentés comme des victimes et en n'ayant aucun mot pour les couches populaires victimes de ces agressions. Ceux qui ont nié la gravité des attaques racistes, au faciès, contre les lycéens, en 2004, lors d'une manifestation, préparation aux agressions spectaculaires contre les manifestants du CPE, un an plus tard, où il faudra toute la mobilisation des services d'ordre syndicaux pour protéger les étudiants et leurs portables. Que dire des dramatiques émeutes de l'an passé, où le photographe et le retraité, frappés à mort, gratuitement, ne comptent guère, et où seules sont célébrés les deux jeunes de Clichy, dont la mort est tout aussi dramatique.

Que dire de ces pousse-au-crime, sur les sites, ou dans les discours, qui voient dans les jeunes nihilistes criminels les descendants de mai 68 pour impulser la révolte sociale dans les banlieues ? Que dire de ces militants de la gauche bien-pensante, autistes au phénomène du 21 avril, incapable d'entendre les demandes de sécurité du peuple, qui ont lynché littéralement Ségolène Royal lorsqu'elle a commencé à parler de cette question en sortant du discours politiquement correct ? Respublica, qui pourtant ne fait pas partie des groupies de la présidente de Charentes-Poitou, avait, sans partager l'ensemble de ses propos, montré du doigt le véritable suicide politique de ceux qui calomniaient Ségolène pour ses propos sans proposer la moindre alternative en dehors de propos laxistes et consentants à la violence. Ces gens là faisaient passer un message terrible au peuple : si la gauche revient, cela sera de la prévention sans la répression, en laissant entendre qu'à gauche, le mot répression est toujours un gros mot pour beaucoup, et que suspects sont ceux qui s'en revendiquent ! Mais avec la droite et l'extrême droite, on aura la répression sans la prévention. Donc, si on voulait dégoûter les habitants de notre pays de la politique, on ne ferait pas mieux !

Alors que les vrais gens (ceux qui ne sont pas des militants politiques incapables de répondre aux aspirations du peuple) savent bien qu'il faut :

Tout cela est nécessaire, mais il faudra du temps. En attendant, les citoyens ont besoin d'entendre un signal fort, qui fasse comprendre que le discours de gauche bobo, c'est fini, et qu'aujourd'hui, la volonté de faire régner l'ordre républicain dans les quartiers populaires sera sans faille, en s'en donnant tous les moyens. On ne peut plus accepter des comportements qui mettent en danger la vie d'autrui, pourrissent la vie quotidienne des citoyens, ne soient pas sanctionnés d'une manière exemplaire, qui ne donne pas envie aux coupables de recommencer de sitôt. Nul ne sait, aujourd'hui, comment les jours qui suivent vont se dérouler. Mais nul ne peut ignorer que dans trop de quartiers populaires, les chauffeurs de bus, souvent syndiqués, ont peur, et subissent tous les jours insultes et agressions. Nul ne peut ignorer que dans trop écoles, on fait de la garderie, on ne transmet plus de savoirs, que les enseignants sont insultés, et que le remarquable rapport Obin est hélas en dessous de la vérité. Nul ne peut ignorer que dans beaucoup de cités, les délinquants mafieux ont mis sous coupe des quartiers entiers, et que les intégristes religieux complètent le travail en encadrant politiquement les populations, et surtout les femmes. Mais le premier qui ose proposer des solutions qui sortent du moule du "politiquement correct" sait que les commissaires politiques de l'extrême gauche communautariste, loin de se lancer dans l'autocritique de toutes les sornettes qu'ils ont prononcées depuis vingt ans, participeront au rappel à l'ordre, et au lynchage du déviant. Pendant que Sarkozy est face à l'échec, que les socialistes font comme si ce problème n'existait pas, que le non de gauche (bien discrèt sur ces questions) cherche l'homme ou la femme providentiel, Le Pen, lui aussi fort discret, boit du petit lait devant une situation dont l'embrasement ne pourrait que lui profiter.

Stéphane Rozès disait que la principale aspiration des classes populaires, les 7 millions d'employés et les 6 millions d'ouvriers, était une demande de sécurité, physique et sociale, pour eux et leurs enfants. Seul un candidat de gauche au discours républicain, a aujourd'hui une chance d'empêcher le balancier d'aller de l'autre côté, comme un dimanche soir d'avril 2002.

Mais pour cela, il lui faudra se montrer particulièrement convaincant, courageux et audacieux pour que, au delà des mots, les électeurs comprennent qu'avec lui, il y aura une volonté politique de ne plus accepter ce qui est toléré en France depuis vingt ans.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Débat autour du soutien à Robert Redeker

2.1 - Ce que je fais pour aider Robert Redeker

Bonjour Evariste,

Compte tenu du développement de l'actualité sur Redeker, et si cela te semble utile, je t'autorise à publier (intégralement) ce message que j'ai posté le 7 octobre sur les pages php du site brightsfrance, avec peut-être cette intro,

amicalement à toi,

Michel

J'ai reçu également directement l'appel à soutien financier que Respublica a choisi de relayer pour contribuer à faire face au coût de l'errance imposée à Robert Redeker. Tout comme Respublica j'ai choisi de reproduire cet appel à soutien financier sur les pages php du site brightsfrance consacrées au "dossier Redeker".

A titre personnel j'ai choisi d'adresser un chèque. En explication générale de la posture qui est la mienne, en particulier de signataire de la pétition lancée à l'initiative de Respublica, je n'ai rien à rajouter au message que j'ai posté le 7 octobre dernier dans le dossier ci-dessus référencé. Aujourd'hui 29 octobre 2006, un mois jour pour jour après que Le Monde ait diffusé la nouvelle de l'existence des menaces pesant à l'encontre du chroniqueur du Figaro, nous ne savons toujours pas si Robert Redeker a porté plainte; ce serait pourtant le seul moyen d'apporter la clarification nécessaire tant sur le plan factuel que sur celui des instrumentalisations politiques diverses que nous constatons :

Beaucoup si ce n'est tout a été dit sur "l'affaire Redeker" ... il est vrai que tout le monde, moi y compris, donne son grain de sel sur le contenu de sa tribune... mais la question lancinante est que Robert Redeker n'est pas en mesure de répondre et de se défendre par lui-même. Certes il a répondu par avance, tel que nous l'avons lu, aux accusations de racisme ou de proto-racisme lancées contre lui par d'aucuns (Tévanian et al.) mais il n'empêche que les détracteurs de Robert Redeker instruisent un procès à charge sans que la défense n'ait à aucun moment la possibilité de prendre la parole.

Beaucoup de communiqués ont fleuri ; certains que je trouve bons (comme celui de l'union rationaliste), d'autres que je trouve excellents (comme celui de la fédération des groupes de libre-pensée de Loire Atlantique), et d'autres enfin que je trouve mauvais (comme celui de la commission administrative nationale de la libre-pensée).

Une véritable floraison de pétitions a également germé ; Patrice Deramaix, dans un message précédent de ce fil de discussion, a présenté et expliqué pourquoi il soutenait la pétition de ResPublica, celle dont il nous a présenté également la critique de Philippe Boisnard. D'autres pétitions ont été évoquées ici (celle de ResilenceTV, la première, celle du Monde dont Jean Baubérot ne comprend pas la posture)

Je ne signe usuellement qu'assez peu de pétitions ; une maladie fréquente me semble être le "délayage" de ces textes ; la contradiction la plus fréquente réside dans la pétition qui en appelle à l'unité la plus large ... sur une prise de position multipliant tellement les analyses et idées connexes à la question centrale qu'elle multiplie les raisons de ne pas être d'accord avec telle ou telle partie du texte et donc de ne pas la signer (si on est un peu vigilant sur ce qu'on signe).

La "littérature" excessive de la pétition de ResPublica et quelques points secondaires au regard de l'objet m'ont retenu jusqu'à présent de signer cette pétition même si je souscris totalement à sa partie centrale :

Citation: Nous tenons à apporter un soutien inconditionnel à Robert Redeker. Exprimer sur cette affaire la moindre réserve, c'est déjà faire une concession à la barbarie. Aussi dénonçons-nous cette rhétorique insidieuse qui consiste à assortir la condamnation de la fatwa dont est victime Robert Redeker d'un même si ou d'un bien que. Nous dénonçons les propos de G. de Robien, ministre de l'éducation nationale, qui, au lieu de manifester son indignation face à la barbarie intégriste, a cru bon, après avoir mollement exprimé sa solidarité, de donner à Robert Redeker des leçons de bienséance.

L'appel publié dans Le Monde du 2 octobre, lui aussi, pêche par ses épanchements "littéraires"... à ma connaissance l'Idoménée de Mozart n'a jamais prévu que l'on présente les têtes de Mahomet, Jésus et Bouddha sur un plateau, mais bel et bien l'unique tête de Poséidon ... Ce n'est pas Mozart qui a été censuré mais bel et bien la lecture contemporaine et la mise en scène qui en ont été faites (censure injustifiée, mais rendons à Mozart ce qui est à Mozart ...) ... de même cet appel met en cause le SNES : justifié ou injustifié, je ne sais pas [1] , mais là aussi, cela me semble aussi inutile et bête que la mise en cause de l'UFAL par le communiqué national de la libre pensée ... néanmoins je souscris à la partie centrale de cet appel :

Citation: Quel que soit le contenu de l'article de Robert Redeker, il s'agit là d'une attaque extrêmement violente contre la souveraineté nationale. Une menace de meurtre sur notre territoire est formulée en toute impunité, et c'est absolument inadmissible. (...) C'est pourquoi nous en appelons solennellement aux pouvoirs publics afin, non seulement, qu'ils continuent de protéger comme ils le font déjà Robert Redeker et les siens, mais aussi que, par un geste politique fort, ils s'engagent à maintenir son statut matériel tant qu'il est en danger

Je ne suis pas complètement naïf et je sais bien que ces écarts de langage peuvent être volontaires car, bien choisis, ils permettent d'écarter ceux avec lesquels les rédacteurs ne veulent pas être mêlés sur une liste de signatures : c'est ce que d'aucuns appellent, semble-t-il, "cliver" (réaliser un clivage). Je reconnais aussi qu'il faut savoir le faire quand on l'estime nécessaire (l'unité pour l'unité n'a évidemment aucun sens).

Mais je constate, jour après jour, la montée en ligne progressive des "idiots utiles" (la ligue des droits de l'homme, le MRAP même s'il convient de souligner que sa vice-présidente Nadia Kurys est signataire de la pétition de ResPublica, Pierre Tévanian, Jean Baubérot, Bernard Langlois, etc.) pour insinuer la calomnie et condamner la victime plutôt que les censeurs criminophiles.

Tout ceci me conduit à rajouter ma signature ès qualité de "bright, rationaliste et libre-penseur" à la fois à la pétition proposée par ResPublica et à la pétition publiée dans Le Monde datée du 2 octobre (le blog de Prochoix indique qu'il suffit d'envoyer sa signature à les.temps.modernes@free.fr alors que le site du Monde suggère qu'il convient d'écrire à pourrobertredeker@yahoo.fr ... j'ai fait les deux)

J'entends néanmoins insister sur la suggestion excellente faite par la fédération des groupes de libre-pensée de Loire-Atlantique et qui n'a été reprise à ce jour par personne d'autre, à savoir :

Citation: ''Au moment où ce communiqué est publié, nous ignorons si Robert Redeker a usé de ses droits de citoyen français en portant plainte. Une telle plainte est pleinement recevable en République. C'est encore une fois le devoir des autorités de l'Etat de soutenir une telle plainte et de lui donner toute sa portée en droit national et international. Nous ne manquerons pas de soutenir une telle démarche qui apporterait une clarification alors même que "l'affaire Redeker" fait l'objet de multiples instrumentalisations médiatiques et politiques.''

Notes

[1] additif du 16 octobre 2006: je viens de trouver le communiqué du SNES du 29 septembre ; pour permettre à chacun de se faire une idée, le SNES a écrit: "A la suite d'une tribune dans le journal "Le Figaro", R. Redeker, professeur de philosophie, est menacé de mort. Ces menaces sont suffisamment précises et sérieuses pour qu'il ait été placé sous la protection de la police. Au delà de l'avis que chacun peut porter sur cette tribune, il est en tout état de cause inacceptable, dans notre République, que des propos tenus par un citoyen conduisent à une telle situation. Aucune philosophie, aucune idéologie, aucune religion n'est au dessus de la loi. Notre République laïque a, parmi ses principes, le respect de la liberté de conscience et de la liberté d'expression. Le développement de l'intégrisme religieux de quelque religion qu'il vienne ne peut qu'inquiéter, sa traduction étant souvent de placer la pensée religieuse au dessus des lois, d'interdire sa critique et de tenter d'imposer une pensée unique allant jusqu'à remettre en cause les contenus d'enseignement voire les vérités scientifiques (théorie de l'évolution par exemple). L'école a un rôle important à jouer pour lutter contre ces obscurantismes en développant, dans la stricte neutralité, chez les jeunes l'esprit critique. Le SNES défendra R. Redeker dans son droit à la libre expression. Il appelle l'Etat et en particulier le Ministre de l'Education Nationale, à assurer, dans toutes ses dimensions et sans réserves, la défense et la protection de notre collègue." A Paris, le 29 septembre 2006

Michel Naud Initiateur du réseau brightsfrance.free.fr/

2.2 - Abject

"Abject". C'est le qualificatif qu'a utilisé Henri Pena-Ruiz pour crier son dégoût face au réquisitoire éructé par Mouloud Aounit à l'encontre du professeur Redeker, lors du débat télévisé "l'Arène de France". C'est bien le seul terme qui convienne quand on entend l'ineffable président du M.R.A.P. annoncer sans rougir que Redeker est l'équivalent de Ben Laden.

Mettre sur le même plan d'une part l'inspirateur des lâches et sanglants attentats terroristes de New York, Madrid et Londres et, d'autre part, un professeur que l'on persécute pour avoir, dans un article du Figaro, critiqué une religion ; renvoyer dos à dos celui qui brandit le poignard et celui qui est désigné pour être égorgé ; confondre celui qui émet une fatwa avec celui qui en est la victime : voilà à quel joli jeu s'adonne celui qui prétend agir pour "l'Amitié entre les Peuples" comme l'indique les initiales du mouvement antiraciste que, malheureusement, il préside encore à ce jour.

Mais il y a de la concurrence pour M. Aounit sur le terrain de cette abjection qui consiste à sembler défendre le droit de chacun - donc de Redeker - à la liberté d'expression, puis à très vite assortir cette affirmation d'une "explication" : après tout, en écrivant un tel article, Redeker a bien cherché les ennuis. Autrement dit, il n'a que ce qu'il mérite.

Au nombre des concurrents en abjection de Mouloud Aounit, certains seront surpris de découvrir les "membres de la Commission Administrative Nationale de la Libre Pensée" qui, dans un communiqué du 3 octobre dernier, "estiment devoir indiquer clairement leurs sentiments sur cette affaire".

Après avoir expédié en huit lignes qu'elle "condamne fermement cette tentative (sic) d'oppression intellectuelle" - c'est ainsi qu'elle caractérise les menaces de mort pour blasphème dont est victime R. Redeker - et qu'elle "s'adresse aux pouvoirs publics pour qu'ils assurent la protection à leurs frais du citoyen Robert Redeker", la Fédération Nationale de la Libre Pensée passe alors aux choses sérieuses, c'est-à-dire à la descente en flammes de Redeker et de ses écrits. Pas moins de douze paragraphes et soixante-dix lignes y sont consacrées dans le communiqué.

Voici, dans ce torrent d'abjection, trois passages parmi les plus nauséabonds.

1 - "Pour l'auteur, le débat ne se situe pas dans une critique globale des religions, mais bien dans l'établissement d'une hiérarchisation des systèmes de croyances selon un étalon de valeur qui est le sien. Cela ne peut donc déboucher que sur un contexte d'affrontements religieux, voire de guerre civile" (souligné par moi). Pour la FNLP, il était inéluctable que les écrits de Redeker déclenchent la violence. Redeker serait donc le premier et réel fautif dans l'histoire. Le communiqué précise d'ailleurs que "c'est le point de départ de cette affaire".

2 - "Force est de constater qu'une bien curieuse union nationale se crée autour de ce problème avec un certain nombre de gens peu connus pour leur attachement à la liberté de conscience et à la laïcité, du journal démocrate-chrétien le Monde, au ministre de Robien en passant par le Figaro. C'est un peu louche."

Distrait que je suis, je n'avais pas perçu chez de Robien un soutien de poids à Redeker. J'avais plutôt remarqué que, comme Aounit et comme les dirigeants de la FNLP, le ministre soutenait son professeur comme la corde soutient le pendu. Au reste, la FNLP se réserve la compétence à décerner les brevets de bons démocrates que ne mériteraient ni les journalistes du Figaro, ni même ceux du Monde. La tautologie est imparable : vous avez le soutien d'un quotidien de droite - auquel, circonstance aggravante, vous avez transmis un article -, donc vous êtes réactionnaire et, donc, il est illégitime de vous soutenir même si vous risquez la mort pour avoir exprimé votre opinion. Et ceux qui le font sont des gens louches, aussi peu fréquentables et aussi peu connus pour leur attachement à la liberté de conscience et à la laïcité que le sont les cent premiers signataires de la pétition "Contre la barbarie, le soutien à Robert Redeker doit être sans réserve", parmi lesquels Michel Onfray, Henri Pena-Ruiz, Catherine Kriegel, Yvette Roudy, Chahla Chafik, Jean-Claude Milner, Pierre-André Taguieff, Jocelyn Bézecourt ... c'est-à-dire un bon nombre d'intellectuels et de militants laïques avec lesquels la FNLP s'enorgueillissait naguère de collaborer. Les dirigeant de la FNLP ont une fâcheuse tendance à brûler ce qu'ils ont adoré... On est loin de la philosophie voltairienne, dont se réclame pourtant la Libre Pensée : défendre la liberté d'expression y compris pour ses propres adversaires.

3 - "Faire de Robert Redeker le nouveau "Salman Rushdie" est donc totalement abusif."

Sur quelles bases devons-nous hiérarchiser les préjudices entre deux menaces de mort, entre deux contraintes à vivre caché ? Robert Redeker n'a pas à se plaindre : il n'est pas autant persécuté que Salman Rushdie. Puisque ce sont nos maîtres en argutie de la FNLP qui nous l'affirment, nous n'aurons tout de même pas le front de les contredire !

La FNLP était naguère mieux inspirée quand elle jouait son rôle normal et soutenait le professeur d'histoire Louis Chagnon, victime de sanctions administratives parce que des parents d'élèves n'avaient pas accepté qu'il enseigne la vérité historique que sont les meurtres et pillages commis par Mahomet.

C'était le bon temps. Le temps où la Fédération Nationale de la Libre Pensée était fidèle aux principes de la Libre Pensée. Aujourd'hui, ses dirigeant consacrent leurs efforts à piétiner l'homme à terre, à lui dire qu'il a bien cherché ce qui lui arrive et, donc, à justifier les exactions des fous de dieu.

Denis Pelletier

3 - débats laïques

3.1 - Pourquoi l'unité des laïques est difficile ? Comment s'engager sur la voie du rassemblement ?

Pourquoi n'arrivons-nous pas à coordonner nos forces ? s'est interrogée à haute voix Anne Zélensky dans le numéro 480 de Respublica. Position reprise par Robert Albaredes dans le numéro 481.

Pour répondre à ces questions, il faut agir dans l'ordre des raisons et ne pas crier "union, union, union" sans réflexion comme il est inutile de crier uniquement "europe, europe, europe" pour la construire.

D'abord,il faut se mettre d'accord sur l'analyse du monde actuel.Est-on d'accord par exemple ,que ce qui caractérise la période est un monde ou le néolibéralisme est allié au néocommunautarisme? Et donc qu'il faut combattre les deux en même temps!!! Si oui,il faut se regrouper dans une organisation qui reprend les idées de Jean Jaurès: "lier le combat laïque et le combat social pour pousser la république jusqu'au bout!!!". On ne me fera pas croire que l'on peut rassembler les laïques sans fixer le cadre politique de ce rassemblement.

Aujourd'hui pour différentes raisons (en particulier l'effondrement de la bourgeoisie nationale, creuset historique des républicains de droite et du gaullisme), la stratégie d'alliance des républicains des deux rives est une impasse (que ce soit pour Chevenement ou pour d'autres). C'est pour cela que les gaullistes de gauche conséquents sont passés de l'alliance gaulliste à un positionnement à gauche! Refuser l'organisation des laïques et des républicains de gauche et d'extrême gauche, c'est refuser de mener à terme la bataille laïque et républicaine tant nous avons besoin d'une organisation pour cela.

Venons-en à cette autre question. Oui ou non, est-il nécessaire de s'organiser dans une organisation démocratique ou suffit-il de fonctionner en collectif sous la règle implicite anti-démocratique du consensus sans fondement explicite? Croire un instant que l'on peut lutter pleinement pour la laïcité sans construire un espace démocratique avec délibération démocratique, c'est continuer à croire au pére Noël !!!

Terminons par la troisième condition. Toute tentative de vouloir sanctuariser la laïcité du reste des principes républicains est vouée à l'échec.La laïcité n'est pas un principe désincarné sans lien avec les autres principes. Prenons un exemple: les banlieues populaires. Croire un instant qu'il suffit seulement de la laïcité ou seulement de la sûreté ou seulement du social est une imposture!!! Pour un laïque et un républicain de gauche ou d'extrême gauche, il n'y a pas de combat républicain qui ne lie pour la période les principes de liberté, d'égalité, de fraternité, de laïcité, de solidarité, de démocratie, de sûreté, de souveraineté populaire et de développement durable. Toute séparation dans ces principes voue ceux qui l'organise à rester dans une impasse théorique et pratique. On ne peut pas raisonner en dehors de l'analyse du monde. Si je paraphrase Condorcet, je dirais que si un des principes énoncés n'est pas appliqué, nous ne sommes plus dans une république. Voilà dans quel cadre, la laïcité peut être un principe révolutionnaire!

Bernard Teper

3.2 - Contre le rapport Machelon, la résistance s'organiserait-elle ?

Saluons le communiqué de presse du 26-10-06 commun à 16 députés (4 PS, 4 UDF, 4 PC, 4 UMP) s'opposant vigoureusement aux conclusions du rapport Machelon (commandité par le ministre de l'Intérieur), et réitérant leur attachement à une application stricte et rigoureuse de la loi de 1905, institutionnalisant une laïcité "fondement de notre pacte républicain".

Saluons le d'autant plus qu'il montre bien que la défense de la laïcité et la reconnaissance de ce principe fondateur comme mode d'organisation et de fonctionnement de notre société transcendent les clivages politiques traditionnels et concernent chacun d'entre nous, comme individu légitimé à vivre librement , sereinement et à égalité avec l'autre, ce qu'il est ; comme individu appartenant au Tout qui l'organise dans le strict respect de la loi générale dominant toutes les lois particulières d'un groupe, d'une croyance, d'une coutume.

Saluons le aussi parce qu'il corrobore les analyses que les "Laïques en Réseau" ont pu faire de ce rapport, qui s'efforce de vider de sa substance la loi organique en supprimant son article 2 et en effaçant son article 19 par la transformation des "associations cultuelles" en "associations culturelles , sociales , voire d'utilité publique", de manière à leur permettre l'accès à l'argent public .

Saluons le enfin car il montre que rien n'est encore gagné pour ceux qui ont comme volonté avouée ou cachée de "toiletter" une loi qui les gêne pour construire l'espace politique européen à l'anglo-saxonne dont ils rêvent , en déstructurant la nation par une régionalisation exacerbée , en émiettant l'espace sociétal en communautés fermées et concurrentes .

Saluons le, mais, surtout, engageons le combat...comme le font "Les Laïques en Réseau" à travers le questionnaire qu'ils ont soumis aux candidats déclarés et/ou potentiels à la future élection présidentielle, questionnaire destiné à les faire se prononcer nettement (oui / non) sur des questions précises et fermées, caractérisant de manière concrète ce qu'est la laïcité dans notre quotidienneté...

Première étape indispensable pour que chaque candidat affirme sa position face à l'érosion du socle laïque de notre République que prépare le rapport "Machelon", mais qu'organisent aussi les pratiques gestionnaires des élus locaux et territoriaux socialistes ,enclins à anticiper les conclusions de ce rapport en prenant en charge financière la construction de lieux de culte, affublés souvent d'oripeaux culturels !

On connaît, en ce domaine, les exemples accablants de Rennes, Montpellier ou Paris. On ignore parfois qu'il y a les mêmes exemples au Mans ( subvention à un abattoir réservé aux musulmans), à Ste Geneviève des Bois ( centre culturel/cultuel islamique pour 1 million d'euros), à Alfortville(projet de mosquée pour 650 000 euros, terrain donné en sus)...On a oublié ceux d'Evry ou de Lille !

Alors, devant de telles pratiques coutumières qui gomment l'article 2 de la loi de 1905 (et surfent sur les ambiguïtés des textes l'édulcorant en permanence), on est en droit de se demander ce qu'en pensent les candidats à l'investiture socialiste...On est en droit de se demander si Jean Glavany, au nom du PS, dans sa proposition de loi sur la laïcité déposée le 29 /06 /06 ( et qui sera portée par le projet socialiste) a prévu l'application stricte et rigoureuse de cet article 2 ....

Que nenni !!!

Les impétrants socialistes, lors du débat du 24 /10 dernier, n'ont fait aucune allusion à ces faits ni affirmé qu'ils en interdiraient la pratique...Quant à la proposition de loi, elle n'évoque en rien cette situation, oublie de citer expressément et de manière juste l'article 2 , n'évoque nullement la nécessité de réserver l'argent public à l'espace public .... Pire, à propos du concordat Alsace-Moselle, elle préconise,dans les écoles, l'enseignement de l'islam ...sans doute par des imans payés sur les deniers publics comme les prêtres !

Rapport "Machelon"-Proposition de loi socialiste- silence dans la campagne électorale- pratiques gestionnaires d'élus de tous bords : le système est mis en place , qui conduira à l'effacement progressif des principes fondamentaux portés par la loi institutionnalisant la laïcité...

Voilà qui justifie le bien-fondé de l'action menée par "Les Laïques en Réseau". Voilà qui justifie le rassemblement sans exclusive des défenseurs de la laïcité en ses principes essentiels.

Voilà qui justifie la prise de parole, haute et ferme, nécessaire, des laïques républicains face aux dérives constatées et aux projets refoulés ( pour le moment) des politiciens de tous bords auxquels il va falloir rappeler que le gain électoral qu'ils espèrent obtenir du côté des communautaristes et autres intégristes religieux peut devenir un solde négatif face à la déferlante de la "majorité invisible" qu'ils voudraient ignorer .

4 - combat laïque

4.1 - El Jazouli c'est gagné !

Toute la famille El Jazouli possède enfin les papiers qui vont lui garantir de vivre libre en paix sur notre territoire. Le refus d'octroyer des papiers à l'épouse d'Anas El Jazouli a été qualifié d'erreur par la Préfecture de Seine-Et-Marne, les centaines de messages (courriels, télécopies, coups de téléphone) expédiés à la préfecture de Melun et au Ministère de l'Intérieur n'y sont sans doute pas pour rien ?

Nicolas Pomiès Pour l'UFAL de Seine et Marne

4.2 - La loi de 2004 reste lettre morte au lycée Gand à Amiens

Une adhérente du CVDL (Comité du Vendômois pour la Défense de la Laïcité), professeur à Amiens vient de m'envoyer copie de la lettre qu'elle a, avec deux autres collègues, envoyée au proviseur du lycée Gand à Amiens le 16 octobre 2006. En voici la teneur:

"Monsieur le Proviseur,

Professeurs au Lycée Thuillier, nous travaillons à l'intérieur de la même enceinte que vous et vos administrés.

Nous tenons à vous faire savoir que nous sommes très choqués de rencontrer quotidiennement plusieurs élèves, scolarisées dans le lycée dont vous avez pris cette année la direction, qui entrent dans la Cité Scolaire la tête couverte d'un voile islamique, et pour certaines le corps également couvert d'un costume islamique.

C'est le cas par exemple, le lundi à 12 heures et le mardi à 13 heures: tous les gens qui passent devant la Cité Scolaire à ce moment-là peuvent les voir aussi.

De toute évidence, c'est dans cette tenue, illégale dans un établissement d'enseignement public puisqu'elle constitue un signe religieux ostensible que ces élèves se présentent en cours.

Il nous paraît très préoccupant que nos lycées, sis à l'intérieur de la même enceinte, donnent l'image d'un espace hors la loi.

Nous avions déjà pris contact avec votre prédécesseur à ce sujet, en février 2005. A la suite de diverses démarches, Madame la Rectrice avait décidé d'intervenir à la fin de l'année scolaire dernière.

Nous pensions qu'avec un nouveau proviseur à sa tête le lycée Gand respecterait plus facilement la loi républicaine et nous espérons encore que cela va être le cas. C'est pourquoi nous vous demandons de bien vouloir user de votre autorité pour faire cesser cette violation quotidienne d'une loi très nécessaire à la paix civile. Dans l'attente d'un règlement rapide de cette question, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Proviseur, l'expression de notre considération."

Il faut dire que dans le lycée Thuillier, les collègues ne sont pas des foudres de laïcité: sur 200 professeurs, trois prennent la question au sérieux; quant au lycée contigu, le lycée Gand, il semble que ce soit un nombre avoisinant le zéro pointé! Quand les collègues avaient écrit en février 2005 au précédent proviseur, celui-ci avait d'abord nié la situation lors d'une première rencontre, puis avait fini par recommander à ces collègues d'être "compréhensives" et "d'accepter la diversité".

La rectrice qui avait reçu une lettre des collègues (elle s'appelle Mme Campion) a brillé par son silence: au plus haut niveau, l'inertie tient lieu de politique!. Il a fallu que les collègues rencontrent le député (Dr Olivier Jardé, ex-suppléant de de Robien, UDF); celui-ci a adressé un courrier à la Rectrice pour lui demander d'intervenir. Au début de l'été, le député leur a signalé qu'elle était intervenue. Visiblement en pure perte puisqu'à la rentrée 2006, le lycée Gand ayant un nouveau proviseur, les choses sont restées en l'état: les élèves voilées, au nombre de cinq au moins, entrent librement dans l'enceinte du lycée Thuillier et dans leur lycée (le lycée Gand). Une des collègues a rencontré le nouveau proviseur à l'occasion d'une réunion de professeurs d'histoire qui se tenait chez lui: il s'est étonné du ton agressif de leur lettre et a juré n'avoir jamais vu dans ses murs aucune élève voilée. Toujours le déni! La CPE, présente également, a précisé: "Euh, cela dépend de ce qu'on appelle voile....!

Les trois collègues se préparent -sans illusions- à envoyer une nouvelle missive à la rectrice. Nous devons donc faire connaître le plus largement possible ces refus d'appliquer la nouvelle loi. Il serait souhaitable que tous les collègues ayant vent de ce type de comportement en fassent le recensement pour qu'il soit porté à la connaissance de tous: le ministre ne pourra balayer les informations d'un revers de la main. Comme d'habitude le problème c'est le manque de courage et de volonté politique. En tout cas, bravo aux collègues qui restent mobilisées devant tant d'inertie et de mauvaise volonté. Il est tout de même étrange que des fonctionnaires d'un établissement public laïque qui devraient être à la pointe de la promotion de la laïcité soient si peu nombreux à être actifs et si massivement passifs. Il semble que dans les IUFM, on ait vraiment bradé la laïcité! Petite précision: il y a trois lycées dans la même enceinte qui constituent une grosse Cité Scolaire; il y a une entrée principale et une entrée secondaire, communes aux trois établissements.

Maryse Haslé

5 - Les laïques sur le terrain

5.1 - Messe dans le cadre du 88ème anniversaire de l'armistice de la Première Guerre Mondiale

Madame le Maire,

Je viens de recevoir le carton d'invitation pour les cérémonies du 88ème anniversaire de l'Armistice de la Première Guerre Mondiale.

Je suis très surpris de lire en haut à gauche de cette invitation : "une messe sera célébrée à 9 heures..." suivent ensuite les détails horaires des différentes manifestations patriotiques.

Cette mention d'un office religieux dans le cadre de cérémonies officielles appelle les remarques suivantes :

Au plan historique, les troupes engagées lors de la première guerre mondiale comprenaient certes des chrétiens mais également des bouddhistes, musulmans, israélites, mais aussi des athées et agnostiques. Il ne m'appartient pas d'ailleurs, de défendre cette légitimité dans laquelle je ne me retrouve pas à titre philosophique personnel.

J'interviens au plan des principes républicains qui font que l'exercice d'un culte relève de la sphère privée et que donc mention ne peut en être faite dans le cadre du déroulement protocolaire d'une journée qui implique les autorités représentatives de l'Etat et des élus.

En l'occurrence je vous demande de prendre toutes mesures pour que cette invitation soit retirée de la diffusion, et qu'elle soit rectifiée en conséquence.

Faute de quoi, ce onze novembre je vous remettrai symboliquement, en signe de protestation, mon écharpe aux couleurs de la République et je n'assisterai pas aux cérémonies. De toute manière, si les choses rentraient dans l'ordre, je ne participerai aux cérémonies qu'à partir de 9 h 45 pour le rassemblement devant la Mairie.

Veuillez agréer, Madame le Maire, l'expression de mes salutations républicaines les plus courtoises.

Philippe Guglielmi Maire adjoint de Romainville

6 - Les limites du communautarisme

6.1 - Aounit de plus en plus contesté au Mrap

Communiqué de presse :

Qu'est venu faire le président du MRAP, mouvement laïc né de la résistance au fascisme et au racisme, dans l'émission de Stéphane Bern du lundi 25 octobre2006 ?

En participant au débat "Peut-on critiquer les religions ?", le président du MRAP aurait dû défendre l'exercice d'un droit fondamental: la liberté d'expression. Mais notre président a choisi un autre camp : celui des religieux qui voudraient limiter cette liberté. Il invoque la loi contre le racisme, mais il en tord l'esprit. Car la loi concerne les hommes - pas les croyances ni les dieux.

Le président du MRAP a été jusqu'à établir un lien entre Redeker et Ben Laden. Si nous ne pouvons admettre les théories d'un professeur qui s'inspirent du choc des civilisations, nous ne pouvons oublier qu'il est menacé de mort, pour une pensée et une parole, par des fanatiques qui entendent imposer leurs idées partout.

En confondant de nouveau critique des religions et racisme antimusulman et antimaghrébin, Mouloud Aounit entretient une confusion permanente, en relativisant la lutte contre le racisme au profit de la défense des religions, sous prétexte qu'elles sont pratiquées par une partie des peuples opprimés.

Si le droit de pratiquer une religion doit être défendu, il importe de dire aussi que la liberté de conscience et d'expression, et la séparation des Eglises et des Etats représentent des valeurs universelles, historiquement portées par les démocrates à l'échelle internationale, qu'il convient de défendre partout.

Nous déclarons nous désolidariser de cette dérive du président de notre mouvement. Nous ferons tout pour que le MRAP ne se perde pas, ni ne se divise, en cédant à certaines pressions communautaristes ou religieuses.

Le MRAP restera cet espace de fraternité militante qui rassemble croyants et non croyants dans l'unique but de lutter contre l'intolérance et le racisme. Le 26 octobre 2006 Premières signatures

Nadia Kurys Vice-présidente du MRAP

6.2 - Quand communautarisme rime avec victimisation : petite tranche de vie dans le 93

Suite à un aléas dans ma vie privé, je me vois contraint de déménager de Meudon (92, Maire UMP) à Noisy le Grand (93, maire PS). Et ce, début octobre.

Ayant un mois à rattraper dans les communications scolaires, je m'empresse de demander le cahier de liaison de mon bout de chou, en moyenne section à l'école maternelle où il est inscrit.

Et je lis, non sans plaisir, un petit texte rappelant aux parents l'obligation faite aux enfants d'avoir une tenue vestimentaire ne comportant aucun signe religieux ostentatoire.

Le mot voile n'est pas employé mais on le devine en filigrane !

Malheureusement, mon plaisir fit place à l'amertume.

Car pourquoi placer un texte pareil dans un carnet de liaison justement parce que le problème s'est déjà posé ?

Le même carnet de liaison, l'année auparavant à Meudon, ne portait pas cette directive.

Il faut dire aussi que peu de personnes (issues de l'immigration ou françaises de souche) ont les moyens de vivre à Meudon : 900 euros de loyer pour 60 m2, ça calme.

En fait, je ne me rappelle pas avoir vu beaucoup de maghrébins dans cette précédente école. Une seule famille, je crois.

Pourquoi cette différence marquée avec Noisy le Grand, ville du "neuf-trois" ?

Depuis un mois que je vis dans ma nouvelle demeure, je n'ai jamais autant vu de femmes voilées de ma vie !

A l'exception d'un voyage en Egypte. Et quand je dis voilée, ce n'est pas un simple fichu : c'est des pieds à la tête, et tout de noir vêtu.

J'ai été choqué par cette "invasion" (oups, je me mets à employer les mêmes mots que Le Pen, deviendrais-je raciste ?)

Il n'est donc pas étonnant que face à une certaine recrudescence, l'école de la République ait eu besoin d'agir et d'afficher une certaine fermeté à imposer nos valeurs.

Mais n'est ce pas la preuve d'un échec ? Y a-t-il eu intégration ? Dans une ville comme Noisy le Grand, nous sommes loin des clichés et des citées : l'intégration sociale existe.

Certes la population a des revenus plus bas que dans le 92, mais elle n'est pas pauvre et stigmatisée d'être "de la racaille".

Il y a deux citées où il est déconseillé de s'installer, mais sinon rien de dramatique : ce n'est pas les Tarterets ou les Mureaux !

Par ailleurs, ces femmes voilées sont de tous les ages, et sont nées sur le sol français sans l'ombre d'un doute pour certaines.

Peut-on encore dire qu'elles sont "issues de l'immigration" pour ces dernières ?

Et alors comment expliquer ces manifestations ?

L'intégrisme religieux est bien entendu la réponse et de nombreux articles dans Respublica évoquent la montée de l'islamisme, s'arc-boutant sur une prétendue islamophobie pour culpabiliser le républicain, le laïc, cherchant à l'assimiler à un "Le Pen de gauche" écrirait Evariste.

Il est clair que la position de la gauche et surtout de l'extrême gauche, vis-à-vis de l'Islam a été des plus ambiguës ces derniers temps (manifestation anti-israélienne il y a quelques mois lors du conflit au Liban).

En oubliant cette référence qu'est le principe laïc, et en favorisant l'antilibéralisme (pour ne pas dire l'antiaméricanisme) la gauche n'a fait que laisser un intégrisme rampant s'immiscer dans notre vie politique.

Les partis de gauche, en panne, et en recherche d'un électorat, n'ont-ils pas été tentés de ménager la chèvre et le chou ?

De ce côté, Sarkozy a eu une attitude sans ambiguïté : il joue clairement sur le communautarisme musulman.

Mais Sarkozy comme certains partis de gauche veulent alors oublier qu'au-dessus de tout, il y a les valeurs républicaines justement seules garantes de l'existence des partis, de la liberté d'expression.

C'est d'avoir été témoin d'un incident à une caisse qui m'a fait prendre conscience du mécanisme en place par la "communauté musulmane".

Deux femmes dans un magasin de jouets. Les deux pingouins que je vis n'étaient cependant pas des peluches de 1m70.

L'un d'elles voulut payer par chèque et présenta son passeport comme pièce d'identité.

Notre caissier fit son job benoîtement, vérifiant la pièce, avec un air attentif (en général, on ne vous présente pas un passeport pour un achat).

Et immédiatement nos deux musulmanes affichées si ostensiblement, émirent des commentaires chargés de sous-entendus (le non-dit est fortement implanté dans certaines cultures).

"C'est bien la première fois qu'on émet des doutes sur mon identité".

Leur positionnement de victime était tout aussi manifeste que leur tenue vestimentaire : agressivité ouatée (drapée ?) d'une d'arrogance, le tout relevé d'une pointe de provocation et baignant dans une fausse douceur malsaine.

Notre pauvre employé se crût dans l'obligation de préciser qu'il n'était pas douanier et qu'il faisait seulement ce pourquoi il était payé.

Cette nécessité d'avoir à se justifier pour un acte pourtant normal de la vie courante, était une victoire pour nos deux commères qui trouvèrent une satisfaction évidente à avoir ainsi remis à sa place cet intolérant.

Qui est finalement la victime ? Une femme intégriste ou un salarié contraint mentalement à une soumission ?

A bien y réfléchir, l'intégrisme religieux n'est jamais qu'un conditionnement pratiqué par un gourou pour formater ses ouailles.

L'art de se positionner en victime s'enseigne : c'est toujours le masque qu'il utilise quand le bourreau veut passer inaperçu.

Il semble évident que ces deux femmes ont appris à être des victimes pour mieux culpabiliser les autres, pas seulement lors d'une manifestation entre République et Bastille, mais aussi pour simplement acheter des produits dans un magasin. C'est dans la vie de tous les jours qu'on sait le mieux qui est quelqu'un.

Voici deux femmes qui gagneraient à aller voir un analyste : plutôt que de donner dans la perversion, elles apprendraient à avoir des rapports sains avec les hommes, dénués de pouvoir, mode de communication visiblement permanent avec les hommes de leur obédience.

Car le but de cette communication que j'ai observé par hasard, était bien de rabaisser un individu (ici un simple caissier) : c'est un comportement pervers, ceux-là même que pratiquent des scientologues dans leur prétendu enseignement.

La recherche du respect ? D'une morale plus élevée ? Drôle de façon de chercher ...

Nul besoin qu'une femme soit couverte de la tête au pied pour la respecter.

D'ailleurs Marianne n'a-t-elle pas les seins nus ?

Emmanuel Itié

7 - débats républicains

7.1 - Légalité et légitimité versus légalité sans légitimité?

Mon ami Daniel Cabuzel vient d'écrire dans le numéro 481 de RESPUBLICA: "Je suis désolé, mais je suis pour la loi républicaine: on ne peut pas accepter les entorses à la loi."

Cette phrase sous-entend que toute loi voté est un bienfait pour l'humanité. Malheureusement il n'en est rien. Si les laïques et les républicains de gauche avaient lutté contre les lois de discrimination de l'entre deux guerres, peut-être aurions-nous évité la généralisation en grand des lois liberticides et racistes du pétainisme et du nazisme! Voilà pourquoi la connaissance et l'analyse de l'histoire nous aide à comprendre les choses!!!

Le fait que ces lois en cotoyaient d'autres qui allaient dans le bon sens ne suffit pas à blanchir les gouvernements de droite et de gauche qui les ont promulgué entre les deux guerres.

Pour qu'une loi soit bonne, pour un laïque et un républicain de gauche ou d'extrême gauche ,il faut deux conditions qui doivent fonctionner ensemble.Si l'une des deux conditions n'est pas remplie ,il faut combattre!!!

Première condition: la légalité. La loi doit être voté selon un procerssus démocratique au sens de Condorcet(toutes les idées doivent être publiées dans tous les médias,le débat contradictoire et raisonné doit avoir lieu devant tous les électeurs,le suffrage universel intégral doit être appliqué).

Deuxième condition: la légitimité. Il faut analyser la loi par rapport aux 9 principes évoqués ci-dessus et si on estime qu'un de ces principes n'est pas respecté de façon flagrante ,il faut combattre la loi au nom de la légitimité.Comme nos ancêtres ont combattu en 1940 les pleins pouvoirs à Pétain voté par une majorité de la Chambre du Font populaire.

Oui à la légalité, d'accord à condition que la loi soit légitime!

Salut et fraternité,

Bernard Teper

7.2 - Ce que disait la gauche, à l'époque des négociation du programme commun

Georges Marchais : La venue de nouveaux travailleurs devra ête déterminée, chaque année, en fonction de la politique d'ensemble et des besoins de l'économie. Il faut qu'on accepte de répartir les immigrés dans toutes les municipalités, alors qu'ils sont, aujourd'hui, logés à environ 90 % dans les municipalités communistes. Leur présence y pose des problèmes presque insurmontables...

Gaston Defferre : Il faut admettre que Marchais a raison de souligner la gravité du problème. Ainsi, à Marseille, la présence de nombreux immigrés accable le budget de charges sociales les plus lourdes, dans le secteur hospitalier notamment. La France doit dire chaque année combien il lui faut de travailleurs immigrés. La situation actuelle provoque le racisme. Elle risque d'aboutir un jour à des pogroms.

François Mitterrand : Il est nécessaire de reconnaître aux travailleurs immigrés le droit aux prestations familiales, mais à condition de laisser place à toutes les précautions nécessaires.

Pierre Bérégovoy : Et le cas des pays où les maris ont plusieurs femmes ?

Extraits de "De battre mon coeur n'a jamais cessé", de Pierre Juquin, L'Archipel, 584 pages, 24 euros

Pierre Caspi

7.3 - Reconstruisons la police de proximité

Un an après les émeutes d'octobre-novembre 2005, l'heure est venue de faire un bilan de la politique de sécurité du gouvernement. L'intensité et l'habileté de la communication du ministre de l'Intérieur rendent cette tâche délicate, tant il a été tenté de laisser croire à un bilan exemplaire, en rupture avec celui des gouvernements précédents, suggérant que seuls les bons résultats lui seraient imputables, les mauvais (notamment les émeutes de 2005 qui sont les pires que la France ait connues durant son histoire contemporaine) relevant de l'accident.

La réalité est plus prosaïque. Non seulement les mesures les plus objectives de l'insécurité offrent un bilan sombre, mais, de surcroît, il reste improbable de lier les résultats positifs à des actions de police. Le nombre d'atteintes aux personnes a atteint un maximum encore jamais connu jusqu'alors, après une progression rapide et ininterrompue depuis 1985. La consommation de drogues (poppers, ecstasy, crack, cocaïne) donne une indication précise de la progression des trafics illégaux et donc du chiffre d'affaires de la criminalité organisée : il a progressé de 40 % depuis 2003. En matière de violences urbaines, l'année 2005 constitue également un sommet par le nombre de communes touchées (plus de 500), le nombre de policiers blessés ou encore de voitures détruites. Les assureurs ont versé 160 millions d'euros, et les dommages réels sont d'un montant supérieur.

La tension reste vive. Les événements de l'automne 2006 (à La Courneuve, Ris-Orangis, Épinay, aux Tarterêts) témoignent que la tension reste vive. Depuis 2002, le nombre de vols a bien diminué, surtout ceux qui touchent les voitures. Mais, l'Inspection générale de l'administration a rendu un rapport qui indique un demi-million de vols en " main courante " policière, ce qui veut dire qu'ils n'ont pas été pris en compte dans les bilans officiels. Les problèmes de sécurité ne semblent pas franchement derrière nous.

Analyse des délits. Si la baisse de la délinquance dépendait avant tout de l'efficacité de la police, elle devrait se manifester sur les délits que la police maîtrise le mieux. Or ce n'est pas le cas. Prenons des exemples précis et chiffrés dans un domaine où l'idéologie commande les préférences. La baisse concerne les vols, dont plus des trois quarts des auteurs ne sont jamais identifiés, alors que les violences aux personnes, pour lesquelles la police arrête l'auteur dans 73 % des cas, sont en hausse et à leur apogée. Les vols touchant l'automobile et les deux-roues à moteur sont les délits qui ont le plus diminué, or le taux d'élucidation (qui représente le nombre de vols élucidés divisé par ceux connus de la police) est parmi les plus faibles qui soient, 7 % en 2005. En 1997 comme en 2001, la police recense un peu plus de 1,1 million d'atteintes liées à l'automobile. En 2005, elles ne sont plus que 783.000, soit une diminution de 357.000 unités, soit 31 % par rapport à 2002.

La police trouve-t-elle plus souvent les auteurs ? Elle a élucidé 78.450 atteintes à l'automobile en 1997, 62.000 en 2001 et 56.000 en 2005. En 2005, cela en fait 6.000 non pas en plus, mais en moins par rapport à 2001 et 22.000 de moins par rapport à 1997. Le taux d'élucidation est de 7,2 % en 1997 et de 7,1 en 2005. Nous sommes beaucoup moins souvent victimes alors que la police attrape moins d'auteurs et que, pour chaque vol, les risques d'interpellation sont inchangés. Dire que la baisse de la délinquance est due à la pression policière est, dans ces conditions, assez périlleux.

Les émeutes de 2005 auraient dû alerter sur les limites d'une orientation policière focalisée sur l'interpellation au lieu de chercher un équilibre avec une police de paix publique, soucieuse de rester humaine et au contact de la population, d'éviter d'être perçue comme une " force d'occupation " hostile et dont les pratiques sont contre-productives sinon discriminatoires.

Même un préfet, celui de la Seine-Saint-Denis, en convient et a mis en cause les modes d'intervention " axés sur les contrôles d'identité essentiellement " dans sa note au ministre. L'augmentation de la tension entre la police, les minorités et les banlieues est une menace pour la sécurité des policiers pris à partie de manière violente, alors qu'ils sont en patrouille et qu'aucun incident immédiat n'a eu lieu. Les relations entre polices et banlieues doivent être améliorées à l'intérieur de ces espaces et ne seront pas améliorées par des raids massifs et rares.

Pour sortir de cette spirale de l'affrontement en continuant à lutter contre la délinquance, les directions sont connues. Il faut construire une police de proximité avec des moyens réels concentrés dans les espaces les plus difficiles. Il faut donner une place aux minorités dans la police, définir une stratégie durable d'implantation dans les quartiers défavorisés, non pas en ouvrant des petits postes de police à mi-temps mais des commissariats de plein exercice, vouloir amplifier les contacts avec la population et le tissu social et former les policiers dans ces buts. Il faut être déterminé à y consacrer du temps et des personnels. La recherche de légitimité par la police n'est pas honteuse dans une démocratie, bien au contraire. Elle garantit la paix publique et la sécurité des fonctionnaires.

Sébastien Roché directeur de recherche au CNRS
Auteur du "Frisson de l'émeute", Le Seuil, oct. 2006.

Source : La Tribune, 25/10/2006

8 - élections présidentielles 2007

8.1 - Jurys citoyenns, non ! Souveraineté populaire, oui ! Pour une république citoyenne !

Le constat du déficit de démocratie qui affecte notre pays est la chose en France la mieux partagée. Ségolène Royal n'a donc fait aucune découverte en pointant du doigt "la crise démocratique" hexagonale, dont la résolution sera l'un des enjeux majeurs des élections de 2007.

Mais en proposant l'instauration de "jurys de citoyens" tirés au sort pour assurer une "surveillance populaire" des élus, la précandidate du PS se situe à l'opposé de la cause qu'elle prétend défendre. Car que fait Mme Royal, sinon reprendre à son compte la vieille rengaine de l'anti-parlementarisme ("tous pourris !"), avant d'adopter la posture bonapartiste de la femme providentielle en contact avec le bon peuple pour court-circuiter "les élites" ? Quant à la vraie nature de la crise de la démocratie française et aux mesures pour y remédier, elle n'en souffle mot, visiblement satisfaite, comme à l'accoutumée, d'une formule à usage médiatique qu'elle-même reconnaît encore imprécise. Sa proposition est en tout cas inacceptable :

Il y a un gouffre entre la formule à l'emporte-pièce de Ségolène Royal et la profonde exigence de rénovation démocratique qui s'est manifestée avec vigueur lors de la campagne référendaire de 2005. De plus, la grande transformation sociale que de très nombreux Français appellent de leurs v½ux est impossible si elle ne s'accompagne pas du plus large exercice de la citoyenneté, actuellement corsetée par les institutions.

C'est pourquoi la Gauche Républicaine et le MARS, qui continuent à poursuivre leur travail en commun, se prononcent pour une VIème République qui refonde la souveraineté populaire sur l'Assemblée Nationale. Ce n'est pas un gadget du genre des "jurys citoyens" qui redonnera au peuple sa souveraineté, mais une nouvelle architecture institutionnelle ainsi que l'extension des droits. Une Assemblée nationale qui vote les lois, définit les grandes orientations politiques, investit et contrôle le Gouvernement ; un Gouvernement qui exécute les décisions de l'Assemblée ; un Président de la République dont les pouvoirs seraient strictement limités : tel est le seul "ordre juste", Me Royal, car c'est l'ordre démocratique. Nous proposons que peu après les élections législatives de 2007 une consultation nationale refonde la souveraineté populaire sur l'Assemblée Nationale, en attendant qu'une Assemblée constituante définisse de nouveaux droits citoyens permettant l'exercice d'une démocratie active.

Citons par exemple le référendum d'initiative gouvernementale ou populaire,qui après un débat soigneusement organisé dans tout le pays, devrait trancher démocratiquement de grandes questions (le nucléaire, l'école, les retraites...). D'autre part, une procédure d'examen populaire des projets et propositions de loi, intégrant les syndicats et les associations, pourrait être mise au point. Bref, nombreuses sont les pistes permettant au peuple de France, et non à d'aléatoires "représentants" tirés au sort, d'être véritablement associé à la prise de décision politique et au contrôle de son exécution.

Démocratiser la France, refonder la République : ces deux impératifs seront au coeur de la campagne de 2007. La gauche doit formuler des propositions fortes et sérieuses, qui n'ont rien à voir avec les effets de manche et autres pirouettes devant les caméras, lesquels reviennent à considérer l'électeur comme un consommateur, et non comme un citoyen acteur.

Eric Coquerel Président du MARS (Mouvement pour une Alternative Républicaine et Sociale)

Pierre Carassus Secrétaire Général de la Gauche Républicaine

9 - Altermondialisme

9.1 - Avenir d'Attac : pour une Attac de deuxième génération

La contre-révolution néolibérale des années 80 affaiblit depuis presque 30 ans un grand nombre de mouvements sociaux. En France comme ailleurs, syndicats, partis politiques - notamment ceux ayant participé au pouvoir - et grandes ONG sont contraints à jouer un rôle essentiellement défensif.

Ceci se traduit encore trop souvent par une fragmentation des luttes, voire certains corporatismes, et rend très difficile la mise en lumière des mécanismes de la mondialisation et l'élaboration de véritables propositions alternatives. Lorsque Attac émerge en 1998, elle ouvre la perspective, y compris à l'échelle internationale, de porter une large offensive antilibérale.

Réanimant l'espoir d'un autre monde, elle ambitionne de rendre le décryptage de l'idéologie libérale accessible au plus grand nombre et de repolitiser activement les citoyens. Or cette conception, qui a notamment permis de gagner la bataille contre le TCE, est aujourd'hui remise en cause de l'intérieur même de l'association. C'est pourtant cette dynamique qui donne tout son intérêt à Attac, et l'appelle aujourd'hui à évoluer vers une organisation "de deuxième génération".

Les signataires de ce texte s'inscrivent dans la continuité de projet des deux premiers présidents d'Attac, Bernard Cassen et Jacques Nikonoff.

Les vraies divergences dans Attac

Les conflits à la tête de l'association sont trop souvent ramenés à de simples "luttes de pouvoir" ou à des "querelles de personnes". Si cette dimension ne peut être niée, les origines sont pourtant profondément culturelles et politiques.

Il est impossible d'occulter que certaines organisations fondatrices considèrent désormais Attac comme un concurrent. A l'exact opposé, nous pensons qu'Attac est un élément central de repolitisation et de resyndicalisation, pour peu qu'elle soit en mesure d'attirer un nouveau public.

Or, dans une déclaration récente, une majorité de fondateurs estime qu'Attac "vise à faire réfléchir et agir de concert tous ceux qui, sur des terrains divers, luttent contre les méfaits du néolibéralisme." Faut-il donc laisser "ceux qui ne luttent pas" là où ils sont, comme le dit implicitement cette définition ? Nous croyons au contraire qu'élargir la base sociale d'Attac aux classes populaires et moyennes dépolitisées, aux artisans, commerçants, etc., est indispensable et urgent. Attac doit sortir du cercle des convaincus d'avance.

Nous avons pour projet de faire de la politique "autrement". Pour cela, commençons par mettre fin aux comportements destructeurs. Les procès d'intention, attaques personnelles, accusations et querelles de procédure qui ont pollué les listes électroniques ont entravé les débats sur le fond et fait fuir des milliers d'adhérents. Ces élections doivent être l'occasion de mettre un terme à ces pratiques mortifères.

La fraude : une manipulation honteuse... et largement instrumentalisée Longtemps, nous n'avons pas cru la fraude possible, d'autant que les études statistiques censées la démontrer se sont révélées contestables. A présent qu'elle est prouvée, nous nous indignons que de telles pratiques aient pu entacher l'histoire d'Attac. Mais nous dénonçons également l'instrumentalisation qui en a été faite par les opposants à l'ancienne direction qui étalaient leurs accusations dans les médias, tandis que plusieurs d'entre nous travaillaient d'arrache-pied dans la commission d'enquête paritaire. La gravité de la fraude n'excuse pas ce comportement calculateur.

Nous considérons qu'il est contraire à nos valeurs d'utiliser les médias dominants comme arbitres des problèmes internes. Nous nous engageons à poursuivre le débat sur les rapports d'Attac aux médias à partir des travaux déjà réalisés, dans le but d'aboutir à une charte de bonne conduite qui éviterait que certains se répandent dans la presse comme bon leur semble. Ce projet pourra désigner des porte-parole. Il devra être soumis au vote des adhérents.

Éducation populaire et culture

Attac ne doit pas se limiter à des pratiques universitaires (cours magistraux, conférences) et syndicales (tractages, réunions), même si leur utilité reste incontestable. L'éducation populaire, c'est l'art d'inventer et de transmettre une culture de la transformation sociale, pour et avec tous les acteurs concernés. A l'image du travail réalisé aux Chemins de Découverte, nous souhaitons décliner de nouvelles pratiques créatives, diverses et émancipatrices.

Pour une association indépendante

Nous voulons une Attac visible et indépendante, car nous sommes fiers de ses particularités. Ceci n'exclut pas un travail "en réseau", dans et avec des collectifs. Mais puisqu'Attac réussit autant à fédérer, c'est bien qu'elle possède cette identité propre que nous revendiquons.

Attac peut rester centrée sur ses fondamentaux (la lutte contre la marchandisation, le tout-économique), tout en assumant une vocation généraliste qui l'amène à couvrir de nombreux domaines du débat politique.

Par exemple, sur une question cruciale et sous-explorée comme celle de l'environnement, nous pensons qu'Attac a beaucoup à dire sur les mécanismes spéculatifs (marché des "droits à polluer") ou sur la nécessité de véritables services publics de l'eau, des déchets et de l'énergie, sans pour autant concurrencer les organisations écologistes ou agricoles. La relance d'Attac passe aussi par les campagnes qu'elle poursuivra (OMC, dette, OGM, AGCS, paradis fiscaux, Taxes internationales, éducation, santé, égalité hommes-femmes, etc.,) et par les nouvelles qu'elle engagera.

Le rapport au politique

Attac est pleinement dans le champ "du politique", mais strictement à l'écart des jeux partisans et électoraux. Nous proposons que ce positionnement, maintes fois rappelé, figure en toutes lettres dans nos prochains statuts.

Articuler échelon national et international A l'image du néolibéralisme qu'il combat, le mouvement altermondialiste s'organise au plan international. Mais les mobilisations nationales qui, à ce jour, sont les seules qui aient pu devenir victorieuses (Révolution bolivarienne, nationalisations en Amérique du sud, TCE, CPE...), ne peuvent que renforcer ces mobilisations internationales et ne doivent pas être sous-estimées.

Permettre les débats au lieu de les enterrer Après des mois de tensions qui ont dégénéré en crise, nous voulons retrouver les moyens de vivre ensemble et de rassembler tous les adhérents sur le long terme. Ceci ne deviendra possible qu'à la condition de poser sereinement sur la table les sujets de fond qui nous divisent. Nous ne sommes pas d'accord sur tout ? Et alors !

A la différence d'un parti politique, nous n'avons pas à "trancher" pour dégager des propositions qui figureraient dans un programme, à partir de majorités et de minorités qui déboucheraient en tendances. En revanche, nous avons vocation, en tant qu'association d'éducation populaire, à expliciter les termes des débats et des enjeux, dossier par dossier. Même si une partie des fondateurs craint d'y perdre une unité de façade. Certains adhérents sont favorables à un processus constituant pour l'Europe, tandis que d'autres y sont opposés en l'état actuel des choses ; certains réclament une décroissance, alors que d'autres plaident pour une croissance responsable... De tels désaccords doivent être approfondis.

Concrètement, nous sommes partisans d'un Manifeste 2007 "à fenêtres" qui respecte la diversité des sensibilités et des approches. Par la suite, le débat suivra son cours dans l'association, mais ne restera pas confiné au sein du Conseil Scientifique ou de petits cénacles comme il l'est actuellement.

Faire évoluer le Conseil scientifique

Comparée à la production intense des premières années, l'activité du CS est en perte de vitesse. Nous souhaitons le renforcer en privilégiant des qualités d'animation pour assurer son fonctionnement, en le féminisant, en l'ouvrant à des personnalités étrangères, et en instaurant un plus grand pluralisme. Alors que nous dénonçons l'économisme, il est paradoxal d'y trouver... une grande majorité d'économistes ! Nous devons l'élargir aux autres sciences de la vie : sociales, humaines et de la vie.

Laïcité

Nous refusons la notion de "laïcité ouverte", qui fait passer l'égalité hommes-femmes derrière les "spécificités culturelles, ethniques ou religieuses". Le rapprochement de certains membres fondateurs d'Attac avec Tariq Ramadan est en contradiction avec nos valeurs.

Poursuivre la démocratisation

Notre difficulté à sortir des conflits internes provient également de statuts qui bloquent toute évolution majeure de notre fonctionnement. Aussi, nous nous engageons à porter une réforme en profondeur basée sur : Un conseil d'administration composé exclusivement d'adhérents élus membres actifs.

Une limitation à deux mandats consécutifs

Une définition claire des responsabilités de chaque élu et des moyens de contrôle de l'exécution du mandat par les adhérents.

L'élargissement du rôle et l'augmentation du nombre de membres du Collège des fondateurs, doté de deux compétences principales : s'organiser en lieu de convergence des forces antilibérales ; proposer de grandes orientations au CA.

La consultation des adhérents sur tous les sujets qui engagent l'avenir de l'association. Sur ces questions, nous partageons donc de nombreuses propositions du texte "Sursaut". Nous soutenons l'appel à voter NON à la liste bloquée des fondateurs Le vote NON à la liste bloquée des fondateurs est le seul moyen de remettre le pouvoir aux adhérents en attendant une réforme en profondeur des statuts.

Il n'est pas un rejet des fondateurs, mais répond au besoin de les placer à l'extérieur du CA afin qu'ils se désengagent des enjeux de pouvoir et jouent enfin pleinement leur rôle de proposition et de convergence.

Texte soutenu par les candidat-e-s au Conseil d'administration : Audrey BARRAL (77), Marie-Loue BENOIT (74), Laure BENYACOUB (13), Aurélien BERNIER (86), Christine BOUYSSOU (64), Bruno CIOFI (68), Valérie COIGNARD (91), Adrian COSSIC (93), Alain FANIEL (54), Pascale FOURIER (92), Emmanuelle GAZIELLO (06), Michel GICQUEL (22), Claudine GIROD (25), Danielle GOUSSOT (84), Pierre GUERIN (82), Christine HEDREUIL (75), Patrice HEMET (77), Sabine JAUFFRET (81), Gérard LALOT (59), Matthieu LAURENT (78), André LEFEVRE (89), Aurore LUDI (75), Evelyne MAUREL (13), François RIETHER (17).

Matthieu Laurent

10 - santé

10.1 - La santé sacrifiée sur l'autel du libéralisme

Liberté tarifaire contre tarifs opposables : le droit à la santé sera réservé à ceux qui auront les moyens de l'acheter ! Pour l'Ufal, le droit à la santé doit être reconnu comme un droit fondamental.

L'un des facteurs essentiels du progrès social dont nous bénéficions depuis la fin de la deuxième guerre mondiale est, sans conteste, le dispositif d'assurance maladie mis en oeuvre à la libération.

Un dispositif conçu pour répondre au principe édicté par la Constitution : la santé est un droit que la Nation garantit au citoyen.

La santé est donc un bien collectif qui implique des mécanismes de solidarité gérés par un service public.

Pour atteindre ses objectifs sans remettre en cause le statut libéral de la médecine, l'assurance maladie a passé des conventions avec les professionnels de santé. En contrepartie de multiples avantages, ces "contrats" engageaient les professionnels à appliquer des tarifs opposables permettant un remboursement optimal de la dépense faite par le malade.

Entrant véritablement dans les faits à partir de 1960, ces conventions et l'opposabilité des tarifs ont subi depuis des atteintes majeures : en 1980 avec la création d'un secteur conventionnel au sein duquel les médecins fixent librement leurs tarifs ; en 2004 lorsque la loi "Douste-Blazy" a permis aux spécialistes du secteur 1 de dépasser les tarifs conventionnels lorsqu'ils sont consultés sans avis préalable du médecin traitant. Aujourd'hui, par rapport aux tarifs de remboursement, la dissociation avec les honoraires est de plus en plus importante. Dans certaines régions, il n'y a quasiment plus de médecins en secteur 1 (dans les spécialités notamment) et les dépassements augmentent de 10% par an depuis dix ans.

Des dépassements qui restent à la charge des malades ou, lorsque ceux-ci en disposent, sont partiellement remboursés par les assurances complémentaires.

Cédant aux pressions des syndicats de médecins ultra-libéraux (il s'agit plutôt d'un accord tacite), c'est cette situation extrêmement préoccupante que le gouvernement s'apprête à aggraver en élargissant la liberté tarifaire par la création d'un secteur conventionnel dit "optionnel".

Ainsi, dans quelques années, le droit à la santé sera réservé à ceux qui auront les moyens de l'acheter.

Lucette Guibert

Raymond MARI

11 - à lire

11.1 - Une école sous influence, de Jean-Paul Brighelli

Jean-Claude Gawsewitch Editeur, 275 pages, Octobre 2006, 19,90 euros.

Beaucoup de mes amis pédagogues vont encore m'interpeller et me demander si je ne change pas de camp car en effet, j'ai apprécié ce livre et partage beaucoup d'idées émises par son auteur.

Naturellement comme pour les deux précédents livres que j'ai dégustés avec autant de régal, j'ai eu parfois quelques éruptions de boutons...

Les pédagogues sont largement critiqués, tancés, moqués...

Encore une fois je persiste et signe : on peut se réclamer de Freinet et combattre l'appauvrissement des contenus, le nivellement par le bas et la démagogie qui consiste à caresser dans le sens du poil les jeunes destructurés.

Comme beaucoup d'enseignants, je suis d'accord avec les propos rapportés de Michèle Naervaez, agrégée de lettres : " Pourquoi faudrait-il accepter qu'un élève parle en classe comme il parle chez lui.".

Chaque enfant, chaque élève doit avoir accès à la culture et non à une bouillie même pas tamisée .

Tout n'est pas acceptable à l'école ou dans la rue : l'égalité des droits doit s'appliquer et les religions doivent rester cantonnés à la sphère publique et ne pas pouvoir imposer leur loi qui en plus est toujours réactionnaire.

Jean-Paul Brigelli explique bien avec un style incisif les enjeux du combat actuel entre l'obscurantisme et les lumières.

Comme lui et beaucoup d'autres j'ai fustigé et je condamne les politiques suicidaires de complaisance qui ont conduit certains politiques à donner les clés de maisons de jeunes et de structures aux grands frères qui ont pu ainsi imposer leurs diktats.

Mais parfois l'intelligence prime sur la bêtise:

Quand il s'est agi de recruter dans les Collèges des médiateurs prévention violence, des militants d'éducation populaire ont demandé et obtenu : que les ressortissants des quartiers ne soient pas recrutés pour travailler dans les établissements des villes où ils vivaient et qu'une formation préalable leur soit donnée....

Oui, il " est bien difficile de redresser l'école quand l'environnement a si massivement démissionné" mais comme l'explique avec force l'auteur de ce livre: " Assimilation_par l'école, avant tout. Par l'apprentissage scupuleux d'une langue. Par la transmission d'un savoir et d'une culture, d'un champ référentiel commun. Il n'est pas question pour moi de supprimer l'origine-l'ethnos, au sens large. Mais de les sublimer par la culture, et l'apprentissage en commun d'une langue normée."

Si l'auteur analyse sans faiblesse le système scolaire actuel, la lâcheté de politiques, c'est pour déboucher sur d'autres perspectives permettant d'ouvrir les portes du savoir à tous les élèves et de mettre fin au règne de l'obscurantisme...

L'annexe occupe plus du tiers de l'ouvrage...Cette petite histoire des monothéismes, truculente, passionnante et tellement véridique ressemble à un dessert succulent que nous offrirait Jean-Paul Brighelli...A ne pas manquer.

L'auteur ne baisse pas les bras et il a bien raison:

"S'il reste un espoir, c'est d'améliorer l'Homme

-malgré lui.

Combattre jusqu'au bout l'axe du Mal-le sabre, le goupillon, et le croissant, et la mondialisation de la bonne conscience.

Lutter, comme disait Voltaire, lutter sans relâche pour écraser l'Infâme."

Jean-François Chalot

11.2 - Coup de pub: Le Parti radical-socialiste et le front populaire, 1934-1938", de Pascal-Eric Lalmy

SOUSCRIPTION: Ouvrage à paraître au printemps 2007

Il y a 70 ans le Front populaire accédait au pouvoir. Cette expérience politique a profondément marqué l'imaginaire collectif des Français, mais le rôle du parti radical-socialiste dans l'élaboration puis dans l'expérience du Front populaire est méconnu.

Pourtant, l'originalité du Front Populaire en France a résidé dans ce qu'il a été plus vaste qu'une simple alliance des socialistes et des communistes. D'ailleurs, Edouard Daladier esquissait en juin 1935 à la Mutualité les contours du programme de Front populaire tel que les radicaux le conçoivent en déclarant : "Si ma présence a un sens, c'est le suivant : il s'agit d'un accord fraternel dans la bataille républicaine entre classes moyennes et prolétariat."

L'ouvrage, le Parti radical-socialiste et le Front populaire, propose une mise au point sur les relations du parti radical-socialiste avec le reste de la gauche dans les années 1930 et sur les débats qui ont traversé le radicalisme au moment du Front populaire.

L'auteur, Pascal-Eric LALMY, est professeur d'histoire-géographie et secrétaire national du Parti Radical de Gauche. Il a publié en 2006 un ouvrage sur la laïcité, la Laïcité face aux défis du XXIe siècle (éd. Mare & Martin), à l'occasion du centenaire de la loi de 1905.

Souscription à renvoyer rapidement à :

Editions Mare & Martin 11, Rue Martel 75010 Paris

Pascal-Eric Lalmy

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