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  1. chronique d'Evariste
    1. Sarkozy peut être battu, par Évariste
  2. élections présidentielles 2007
    1. Interview d'Emmanuel Todd, par Emmanuel Todd
    2. Bien sûr qu'il n'y a rien de mieux à faire que de voter Bayrou, par Joseph SEMET
    3. MADAME BUFFET ET LA LAICITE : l'Illusion Tragi-Comique (suite), par Robert Albarèdes
    4. Mon chapeau ? Sur ma tête !, par Jean-Pierre Chevènement
  3. combat laïque
    1. Troisième Université Populaire Laïque, par L'Union Des FAmilles Laïques
    2. Enseignement du fait religieux à l'école: lettre à Jean-Pierre Brard, par Evelyne Bigou
    3. Mantes La Jolie : encore des cadeaux à visée électoraliste, du public au privé !, par Hayet MORILLON
  4. débats républicains
    1. L'urgence énergétique (partie I): Introduction à un nécessaire débat, par Thierry DE LAROCHELAMBERT
    2. Des violences urbaines sur piste de ski, par Mireille Popelin
    3. Quand les prédicateurs verts vocifèrent..., par Morgane A.
  5. Extrême Droite
    1. Dieudonné réclame la grâce de Kémi Séba et voit Le Pen comme "le candidat des afro-européens, des africains, des gens d'outre-mer", par Vincent Archer
  6. à lire
    1. Comment produire une crise mondiale, de Jeanne Favret-Saada, par Pierre Cassen
  7. courrier des lecteurs
    1. Réaction à l'article de Pierre Baracca (Respublica 514), par Christian SAUQUET
    2. Il faut des perspectives républicaines, par Jean François Rémond
    3. Etes-vous des idiots manipulés ?, par Olivier ADDA
  8. Erratum
    1. Mélange de 2 articles dans le Respublica 515, par ReSPUBLICA
  9. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Sarkozy peut être battu

Si la France était un pays comme les autres, il n'y aurait aucun suspens, Nicolas Sarkozy serait certain d'être élu président de la République, en mai prochain.

Il a pratiquement toute la presse avec lui. La gauche n'est pas brillante, et l'extrême gauche se déconsidère. Sarkozy peut proférer certaines énormités, dire que 50 % des Français sont au smic, alors que c'est 17 %, ne pas mieux savoir que Ségolène Royal combien la France possède de sous-marins nucléaires, ne pas savoir si Al-Qaida est chiite ou sunnite (ce qui fait désordre pour un ministre de l'Intérieur), cela ne déclenche pas de campagne de presse contre lui. Pour des choses similaires, Ségolène Royal se voit traitée de " bécassine " pendant toute une semaine.

Il peut y avoir des tensions énormes dans son staff, notamment entre Cécilia et son lieutenant Brice Hortefeux, sans oublier le rôle trouble joué par son nouveau nègre, Henri Guaino, pas de commentaires dans les médias. Eric Besson démissionne du PS, cela fait la " une ".

Dans un pays où on nous martèle depuis trois décennies que le modèle libéral, c'est l'avenir, et que le modèle social issu de la Résistance, c'est le passé...

Dans un pays où on assène depuis trois décennies que les services publics, cela coûte cher, cela ne marche pas, et que l'avenir, ce sont les privatisations et la concurrence...

Dans un pays où on nous répète jusqu'à plus soif que l'Europe c'est la paix, la solidarité et le libre-échange, et que les Etats-Nations, c'est du nationalisme et du protectionnisme, et que c'est dépassé...

Dans ce pays, Nicolas Sarkozy devrait incarner cette modernité à laquelle que les médias dominants et, avec quelques nuances, tous les grands partis essaient de nous convertir depuis trente ans.

Et pourtant, il sait que s'il joue cette partition, à laquelle il croît profondément, il va perdre.

Comme il n'est pas entouré que d'imbéciles, ses conseillers lui ont expliqué que les électeurs ne sont pas preneurs du modèle anglo-saxon.

Comme il a des gens qui réfléchissent autour de lui, on lui a fait comprendre que les Français, incurables archaïques de l'Europe, étaient toujours attachés à leurs services publics.

Comme il y a des conseillers en communication qui sont payés pour lui donner des idées, ils lui ont expliqué qu'un candidat qui tient un discours atlantiste, communautariste, et qui défend la discrimination positive, avait peu de chances d'être élu.

Surtout, il a été capable de réfléchir lui-même que, depuis 1986, les Français sanctionnent régulièrement tous les gouvernement, de droite comme de gauche, qui, en multipliant les concessions à l'Europe libérale et à ses règles de rigueur et de liberté du marché, ont montré les limites de leurs politiques, et encouragé l'alternance (sans alternatives).

Il a vu, en 1995, comment Chirac, avec le discours de la fracture sociale, a doublé, sur sa gauche, Jospin, et abrégé la carrière de Balladur (que Sarkozy soutenait), que les médias voyaient déjà à l'Elysée.

Il a vu, sur le référendum corse, en 2003, où, allié aux nationalistes communautaristes corses, à l'UMP, l'UDF, au PS et aux Verts, soit 80 % de l'électorat corse, il poussait les électeurs à voter oui à un nouveau particularisme, les citoyens, derrière le député-maire de Bastia, Emile Zuccarelli, ont voté non.

Il a vu, lors du TCE, où, là encore l'UMP, le PS, l'UDF et les Verts, soutenus par presque tous les médias, martelaient le vote " oui ", les Français ont infligé un " non " retentissant, le 29 mai dernier, à toute la classe politique et aux technocrates libéraux de Bruxelles.

Il sait que le mouvement social est fort, il a vu ses capacités de mobilisation, en 2003 (défaite sur les retraites), et en 2006 (victoire sur le CPE).

Il a compris que les Français, bien qu'il n'y ait pas de grandes manifestations comme le 16 janvier 1994 (où le " camarade " Bayrou avait fait descendre contre lui un million de laïques), sont très attachés à leur modèle laïque.

Alors, pour gagner, Sarkozy fait le grand écart, entre ses véritables convictions, et les discours à géométrie variable qu'il est contraint de tenir.

Il se fait ovationner debout par trois mille patrons à l'Université d'Eté de Villepinte. Ils ont compris que c'était vraiment leur candidat, qu'ils avaient tout à gagner à sa victoire.

Mais pour gagner, Sarkozy ne peut pas dire devant les électeurs ce qu'il raconte devant le Medef. Madelin a essayé ce discours, en 1995, cela fait 4 %.

Alors, il a appelé l'homme qui écrivait les discours de Chirac sur la fracture sociale, en 1995, Henri Guaino, un proche de Philippe Seguin.

C'est lui qui écrit toutes les envolées sur Jaurès et Blum, sur la grandeur de la France (dont Sarkozy n'a rien à faire), sur les travailleurs qui se lèvent à cinq du matin, contre l'Europe du libre-échange de Bruxelles, et sur bien d'autres sujets qui prennent le contre-pied de tout ce qu'a raconté le maire de Neuilly jusqu'à ce jour.

Guaino est convaincu que " Sarkozy n'est pas génétiquement libéral, il est génétiquement volontariste " (Marianne 514), il fait donc semblant de croire que Sarkozy élu, contrairement à Chirac en 1995, appliquerait la politique à laquelle son nouveau nègre rêve.

Les Français sont un peuple rebelle, ils ne l'ont pas seulement montré lors des derniers votes, ou lors du référendum européen.

Ils le montrent en faisant perdre la tête aux sondeurs. Ils n'ont pas envie d'être enfermé dans la dualité UMP-PS. Ils sont entrés en résistance contre le modèle dont ces deux parties, avec des nuances, sont les représentants.

Le 21 avril, le troisième homme avait été Le Pen, et on avait vu les candidats de la gauche de la gauche, Arlette Laguillier et Olivier Besancenot, frôler les 10 % à eux deux. Cette fois, pour l'instant, la manière de résister aux duettistes UMP-PS est de faire monter Bayrou. C'est le paradoxe de la situation.

Une candidature de gauche républicaine, sociale et laïque, aurait, dans ce contexte, fait un malheur, mais inutile de se faire du mal, il n'y en a pas.

Les électeurs sont des gens pragmatiques, pas des idéologues, et ils font avec ce qui se présente.

Beaucoup ne veulent pas de la victoire de Sarkozy, et les campagnes de presse et les sondages (de manière pas toujours innocente) les convainquent que Ségolène ne peut pas battre Sarkozy.

Comme cette fois, la gauche de la gauche brille par le ridicule de sa situation, avec les trois B, les Verts et le Parti des Travailleurs, le " vote révolutionnaire " de rejet du système risque donc de se cristalliser sur un démocrate-chrétien bon tient, fédéraliste européen fou, libre-échangiste convaincu, régionaliste acharné, qui nous promet de la sueur et des larmes, mais qui monte à chaque sondage, ou bien sur le Front national, dont les scores sont à chaque scrutin sous-estimés.

Il paraît évident que cette élection, qui passionne par ailleurs les Français, est marquée par le décalage énorme entre les attentes populaires - comment protège-t-on l'emploi des salariés, face à la concurrence libre et non faussée ? - et l'absence de perspectives nouvelles crédibles, au-delà de discours auxquels personne ne croit vraiment, des principaux candidats.

Tout est donc possible, une défaite de Sarkozy, une absence du candidat UMP ou PS au second tour (je n'ose quand même envisager l'absence des deux), pourquoi pas Ségolène ou Bayrou à l'Elysée dans deux mois.

Mais il paraît certain, dans un tel contexte, que les électeurs vont encore prendre de court les sondeurs, qui vont, comme à chaque élection, devoir bafouiller des explications laborieuses sur les plateaux de télévision pendant plusieurs jours !

Évariste Pour réagir aux articles,
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2 - élections présidentielles 2007

2.1 - Interview d'Emmanuel Todd

Face à la concurrence des pays émergents, un "protectionnisme européen raisonnable" s'impose, estime l'historien. Pourquoi l'économie n'est-elle pas au centre du débat électoral ?

Serait-il en voie de devenir le gourou des politiques ? Rappelez-vous sa fameuse note de l'automne 1994, Aux origines du malaise politique, qui permit à Jacques Chirac de mener campagne sur la " fracture sociale ". Peu se souviennent que, dès 1976, à l'âge de 25 ans, le jeune démographe Emmanuel Todd avait prédit dans La Chute finale la décomposition de l'Union soviétique. En 2002, il règle aussi le sort des Etats-Unis (Après l'empire) et continue de guetter leur effondrement. Et voilà qu'à l'automne dernier, il est parti en guerre contre les " candidats du vide " que sont à ses yeux Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Son nouveau combat ? La création d'une aire protectionniste européenne, afin de soulager les classes laborieuses des maux du libre-échange. A voir la virulence des réactions qu'il suscite, il semble que le petit-fils de l'écrivain Paul Nizan et le fils du journaliste Olivier Todd gratte à nouveau là où ça fait mal...

Télérama. Le 13 septembre 2006, vous déclariez dans une interview au Parisien: "Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy sont les candidats du vide." C'est toujours votre opinion ?

A ce jour, je ne vois pas ce qui pourrait me faire changer d'avis. Je les appelle comme ça non pas pour leur côté people, la brume autour de leur vie de couple, mais pour une absence de discours sur la seule chose qui intéresse et angoisse les Français : le système économique qui a engendré la pression sur les salaires et l'insécurité sociale. Toutefois, il serait injuste de jeter l'anathème sur Sarkozy sous prétexte qu'il dit tout et n'importe quoi, et sur Ségolène Royal parce qu'elle ne dit rien sur l'économie, sans ajouter que François Bayrou les a malheureusement rejoints. Je persiste à dire que s'ils ne mettent pas la question du libre-échange au coeur de leur programme, ils seront à côté de la situation réelle du pays, des souffrances des gens. Cela explique que la campagne ne démarre pas, et que le corps électoral ne suive pas.

Télérama. Vous dénoncez un " système médiatico-sondagier " qui aurait " imposé " le binôme Sarkozy-Royal...

Emmanuel Todd. Dans les phases pré-électorales, avant que les thèmes aient été présentés par les candidats ou les partis, l'électorat populaire est inerte. Les sondages qui ont été réalisés à ce moment-là représentaient l'opinion des classes moyennes, et plutôt des classes moyennes supérieures, parmi lesquelles on trouve les journalistes, les sondeurs... Ces derniers le savaient mais, au lieu de reconnaître que leur boulot ne valait rien, ont préféré dire : " les sondages sont une photographie de l'opinion à un moment donné ". C'est une escroquerie ! Ils suggèrent que l'opinion change, alors qu'on assiste en réalité à un phénomène de formation, de cristallisation d'une opinion populaire qui n'existait pas et qui émerge dans le courant de la campagne.

Télérama. Mais ce ne sont quand même pas les sondeurs qui ont choisi Ségolène Royal !

Emmanuel Todd. Il est vrai que les adhérents n'étaient pas obligés d'écouter les sondages qui leur disaient que seule Ségolène Royal avait des chances. Beaucoup plus qu'il n'a désigné sa candidate, le PS s'est révélé indifférent aux questions économiques. C'est dommage, lorsque l'on voit qu'un Fabius, dans ses derniers discours, a mûri sa réflexion et propose une vraie vision de l'Europe.

Télérama. Un peu tard...

Emmanuel Todd. Oui, mais il ouvre aujourd'hui la voie à une contestation efficace du libre-échange. Et le premier candidat majeur qui abordera le sujet cassera la baraque !

Télérama. A quoi le voyez-vous ?

Emmanuel Todd. A l'automne dernier, j'ai fait quelques interventions radio en faveur de ce que j'appelle " un protectionnisme européen raisonnable ". La montée d'un prolétariat chinois sous-payé a un effet gravement déflationniste sur les prix et les salaires des pays industrialisés et elle n'est pas près d'être enrayée, car la Chine est un pays totalitaire. Il faut donc des barrières douanières et des contingentements provisoires. J'ai été très frappé de la réceptivité de la société française à cette remise en question du libre-échange. Puis Dominique de Villepin m'a demandé d'ouvrir la conférence sur l'emploi par un topo sur le sujet. Lorsque vous intervenez, non plus à la radio, mais au coeur du système, en présence du Premier ministre, du ministre de l'Economie, des syndicats, du Medef, c'est la panique. Tout le monde sent en effet qu'un candidat qui arriverait avec un projet protectionniste européen bien ficelé serait élu, d'où qu'il vienne. Et personne ne peut rire d'une Europe protégée de 450 millions d'habitants, d'autant moins qu'elle pourrait réaliser l'impossible, c'est-à-dire, à l'intérieur de chaque pays, la réconciliation des dirigeants et des groupes sociaux.

Télérama. Vous avez déclaré que l'émergence du thème protectionniste viendrait plutôt de la droite...

Emmanuel Todd. Le Parti socialiste et l'UMP sont tous deux décrochés des milieux populaires et probablement d'une bonne partie des classes moyennes. Ce sont des superstructures qui flottent dans les classes moyennes supérieures. Mais cette oligarchie est coupée par le milieu : le PS représente l'Etat, et l'UMP, le marché. Ceux qui sont bien logés dans l'appareil d'Etat - fonctionnaires de catégorie A, j'en fais partie - ont une indifférence encore plus grande aux maux du libre-échange. A droite, c'est vrai que le capitalisme financier s'en contrefout. Mais ce n'est pas le cas des secteurs de production. N'oubliez pas que le premier théoricien du protectionnisme, l'économiste allemand Friedrich List, était un libéral. Les protectionnistes sont des adeptes du marché, à condition de définir la taille du terrain...

Télérama. La régulation du marché ne serait pas qu'une histoire de gauche ?

Emmanuel Todd. D'abord, il faut rappeler que les socialistes ont une arrogance de bons élèves que n'ont pas les gens de droite. Ils oublient facilement que dans l'histoire des idées économiques, les basculements sont transpartisans ; au début des années 70, la gauche et la droite étaient en faveur d'une économie régulée par l'Etat. Le basculement dans l'ultralibéralisme a fini par toucher tout le monde. Si l'on en vient, comme je l'espère, à l'idée que la protection européenne est la bonne solution, au final, gauche et droite seront d'accord. Reste à savoir qui va démarrer le premier.

Télérama. Vous avez eu des mots très durs pour "la petite bourgeoisie d'Etat", qui "ne comprend pas l'économie"...

Emmanuel Todd. L'une des forces de la France, c'est son égalitarisme, et la capacité de sa population à s'insurger. Cet esprit de contestation explique dans notre pays la suprématie de la sociologie. En revanche, la France n'a jamais été en Europe l'économie dominante, elle a toujours été, depuis le Moyen Age, en deuxième position. La pensée économique française est donc restée à la traîne. Il se trouve que notre unique Prix Nobel d'économie, Maurice Allais, un vieux monsieur, est protectionniste ! Alors on décrète que notre vieux Prix Nobel ne vaut rien en économie... Ne soyons pas naïfs, toutes les rigidités ne sont pas intellectuelles, car deux nouvelles catégories de soi-disant économistes sont apparues : des types issus de la haute fonction publique, d'autant plus adeptes du marché qu'ils ne savent pas ce que c'est, et des économistes bancaires, qui sont en fait des commerciaux dont les intérêts sont imbriqués à ceux du système.

Télérama. Vous avez prédit en 2003 le déclin américain, qu'on ne voit toujours pas venir...

Emmanuel Todd. Je maintiens que si une économie est puissante, cela s'exprime dans l'échange international. Or, les Etats-Unis, avec 800 milliards de déficit commercial, sont déficitaires avec tous les pays du monde, y compris l'Ukraine. Les Etats-Unis, c'est le pays des mauvaises bagnoles, des trains qui vont lentement, où rien ne marche très bien, où il est difficile de faire changer un compteur à gaz en dehors des grandes villes, où la mortalité infantile est la plus forte du monde occidental. Où l'informatisation et la robotisation - c'est masqué par l'essor des ordinateurs individuels - est faible. Là-bas, le discours sur l'économie virtuelle, sur " l'immatériel ", est un discours délirant. Parce que l'économie, ce n'est pas l'abolition de la matière, mais sa transformation par l'intelligence. De temps en temps, l'état réel de l'Amérique apparaît : face à un événement comme l'ouragan Katryna, l'économie virtuelle, les avocats, les financiers, pas terrible, hein...

Télérama. C'est cette Amérique-là qui fascine Nicolas Sarkozy...

Emmanuel Todd. Ce n'est pas tant le bushisme de Sarkozy qui est scandaleux, que sa mauvaise maîtrise du temps, son manque d'à-propos, puisqu'il est allé faire allégeance à Bush juste avant que l'énormité de son échec en Irak ne soit reconnue aux Etats-Unis mêmes ; quant à Ségolène Royal, elle a manifesté une vraie rigidité de pensée en refusant pour l'Iran le nucléaire civil aussi bien que militaire. Je ne vois pas comment ces deux candidats pourraient penser le protectionnisme européen, question qui suppose intérêt pour l'économie, mais aussi maîtrise de la politique étrangère, car la première chose qu'il va falloir faire, c'est négocier avec l'Allemagne !

Télérama. L'économie allemande est repartie. En quoi l'Allemagne aurait-elle besoin du protectionnisme ?

Emmanuel Todd. Pour les idéologues du libre-échange, l'Allemagne est le pays qui réussit le mieux. Mais de mon point de vue, c'est celui qui arrive le mieux à se torturer lui-même. Au prix d'une terrible compression salariale, l'Allemagne a abaissé ses coûts de production et gagné des parts de marché en Europe, contribuant à l'asphyxie de la France et de l'Italie.

Elle aurait maintenant tout à gagner à un marché européen prospère, où l'on protège nos frontières, augmente les salaires, gonfle la demande intérieure. Tout cela, il faut le penser, être capable de le négocier. Et je ne ressens pas dans notre binôme cette compétence diplomatique...

Télérama. Le système libéral peut-il se régénérer ?

Emmanuel Todd. Le libre-échange intégral et la démocratie sont incompatibles, tout simplement parce que la majorité des gens ne veut pas du libre-échange. Donc, soit la démocratie gagne et on renonce au libre-échange, soit on supprime le suffrage universel parce qu'il ne donne pas les résultats souhaités par les libéraux. Le seul pays à avoir jamais inscrit dans sa Constitution le libre-échange a été les Etats américains sudistes, esclavagistes. Le Nord, industriel et démocratique, derrière Lincoln, était protectionniste. Normal, puisque le protectionnisme définit une communauté solidaire et relativement égalitaire, alors que le libre-échange suppose des ploutocrates et une plèbe. La Chine a résolu le problème : c'est un modèle totalitaire qui pratique le libre-échange. Avec la Chine, on parle d'un modèle capitaliste imparfait, alors que c'est peut-être le modèle achevé !

Télérama. Si l'Europe se décidait pour le protectionnisme, comment la Chine réagirait-elle?

Emmanuel Todd. Elle s'écraserait parce qu'elle a trop besoin des machines-outils allemandes. Le rétablissement d'une souveraineté économique aux frontières de l'Europe renforcerait nos capacités de négociation. Le protectionnisme, ce n'est pas l'autarcie, on définit des zones de protection, tout peut se négocier. Ce n'est pas un univers idéologique, contrairement au libre-échange qui prétend avoir une recette universelle pour tous les produits.

Télérama. Autre sujet polémique, l'Iran, que vous déclarez depuis 2002 être engagé " dans un processus d'apaisement intérieur et extérieur "...

Emmanuel Todd. En octobre, dans Marianne, je disais : Ahmadinejad et ses horreurs sur l'Holocauste, ce n'est que la surface des choses, il faut faire le pari d'un Iran avec de vraies virtualités démocratiques, associé à sa spécificité chiite, parce que le chiisme, culture du débat, de la révolte, est une bonne matrice pour la démocratie. Or, que s'est-il passé ? Ahmadinejad s'est pris une claque électorale. Vous remarquerez d'ailleurs que l'Iran, où l'alphabétisation des femmes a fait chuter la fécondité à 2,1, où les étudiants sont en majorité des étudiantes, est un pays qui n'arrête pas de voter ! Il faut donc continuer à dire tout le mal qu'on pense d'Ahmadinejad, mais résister aux provocations, ne pas se laisser entraîner par les Etats-Unis dans une confrontation.

Télérama. Pourquoi l'Europe devrait-elle se rapprocher de l'Iran ?

Emmanuel Todd. L'objectif des Etats-Unis n'était pas seulement de faire la guerre en Irak mais d'entraîner Français et Allemands dans cette guerre, et ils feront de même avec l'Iran. Par ailleurs, l'intérêt des Iraniens est d'importer des machines-outils européennes, celui des Européens, inquiets de la prédominance de la Russie dans leurs approvisionnements énergétiques, est d'avoir un deuxième partenaire. Ma position traduit un désir de paix mêlé d'une géopolitique raisonnable. Mais je crains que les Américains n'attendent la présidentielle française pour déclencher leur attaque sur l'Iran, une fois débarrassés de Chirac. Il faut donc absolument contraindre nos deux candidats à dire ce qu'ils feraient en cas d'attaque américaine.

Télérama. Le goût de la prospection, d'où vous vient-il ?

Emmanuel Todd. De formation, je suis historien. C'est normal de vouloir connaître la suite de l'histoire non ? Je ne suis jamais allé en Iran, et je n'étais pas allé en Union soviétique avant d'annoncer l'effondrement du système, mais je ne suis pas davantage allé dans le XVIIIe siècle. Sur ces pays, je travaille en historien, à travers des documents, des paramètres, des statistiques. Et je prolonge des tendances... Tous les historiens ne se promènent pas dans le futur immédiat... On va souvent vers l'histoire pour échapper au présent, pour se réfugier dans le bruit et la fureur des événements d'autrefois. Mais quand on parle à des médiévistes, on s'aperçoit qu'ils ont une vision aiguë du présent. Simplement, ils n'ont pas le goût de faire ça. Il faut dire que le présent est très inquiétant. En ce moment, je travaille sur les systèmes familiaux du passé, et quand j'essaie de dater l'émergence de la famille communautaire en Chine, dans mon petit bureau, avec mes petites cartes, je me sens protégé.

Propos recueillis par Vincent Remy

Emmanuel Todd www.Protectionnisme.eu

Source : Télérama numéro 2981 - 3 Mars 2007

2.2 - Bien sûr qu'il n'y a rien de mieux à faire que de voter Bayrou

Pourquoi? Parce que Bayrou, c'est le seul qui peut avec certitude faire mordre la poussière au 2ème tour à Ségo ou à Sarko.

Et pourquoi est-il bon de faire mordre la poussière à ces 2 duettistes?

Parce que l'un, le Sarko, est l'agent du grands capitalisme américain et qu'il nous promet donc un monde néolibéral sans limite dans la destruction de la protection sociale et des services publiques, et par la même la destruction à coup sur du caractère laïque et républicain de notre société. Parce que l'autre, la Ségo, est l'agent du grand capitalisme franco-européen du complexe militaro-industriel qui nous prépare également un asservissement aux grands groupes financiers propriétaires de ce complexe, avec le même résultat à la fin, même si c'est avec quelques mesures d'accompagnement à la méthode CFDT dont le seul objectif est de fournir à chaque fois la vaseline pour que ça fasse moins mal. Et Bayrou ne roule-t-il pas, lui, pour des grands groupes financiers? Pas encore, certes, mais c'est certain, cet homme de droite une fois élu, les uns et les autres lui feront la cour, et, aucune illusion à se faire, il se précipitera dans leurs bras. Mais alors quel intérêt à vouloir son succès ?

Et bien, c'est de tout faire pour que le Parti Socialiste éclate à la suite d'un nouveau 21 avril, car c'est le principal obstacle à l'organisation politique d'une lutte anti-capitaliste dans notre pays; cela a été démontré avec éclat lors de la campane pour le traité constitutionnel: les hiérarques avec 60% des adhérents étaient pour le oui!!!

Entre 1965 et 1969, les militants socialistes anticapitalistes ont tout fait pour faire éclater la SFIO avec ses compromissions tout azimut; elle n'était plus composée en majorité que d'employés municipaux (seuls le Nord-Pas-de-Calais et l'Allier avaient garder leur base ouvrière); cette stratégie permit de faire surgir un nouveau Parti Socialiste qui vit le jour à Epinay en 1971 pour faire une politique d'union de la gauche. Mais sa confiscation par la mafia mitterrandesque fit partir au fil des ans bon nombre de militants à tel point que les "clients" des féodaux mitterrandistes furent rapidement majoritaires, et cela aboutit au désastre du 21 avril 2002 après que l'ineffable Jospin ait promis le démantèlement d'EDF et des retraites à Barcelone et avait déjà effectué celui du Code de la Mutualité (alors qu'il n'y était pas obligé s'il avait institué pour elle un périmètre de prestations obligatoires selon le Droit européen).

Et maintenant, avec la masse d'adhésions par internet pour faire présenter Ségo, ce n'est devenu qu'un parti de "groupies"; donc il n'y a plus rien à en retirer pour l'avenir; il faut donc créer les conditions pour que le maximum de militants de gauche qui restent (10% tout au plus) le quitte; la création d'un Linkspartei à l'allemande avec ce qui reste de militants réellement communistes au PC est à ce prix.

Et pour cela il nous faut un nouveau séisme politique.

Le 21 avril 2002 n'a pas été déterminant,

Le 29 mai 2005 n'a pas été suffisant,

Eh bien continuons jusqu'à cela marche; et que le 23 avril 2007, grâce à la défaite de Ségo, réussisse;

Et qu'on nous fasse pas le coup que le programme de Ségo est mieux que celui de Bayrou; d'abord tout le monde sait qu'elle raconte n'importe quoi (rappeler-vous entre autre chose le jour ou à la télé elle soutenait que le droit de pétition dans le projet de traité constitutionnel c'était l'institution d'un référendum d'initiative populaire!!!), tout le monde s'attend à ce qu'elle fasse n'importe quoi; et quand on voit Jospin arriver dans le staff, on peut effectivement s'attendre à tout!

Qu'on ne nous dise surtout pas que Ségo est plus laïque que Bayrou quand elle dit "qu'elle ne laissera pas insulter Dieu", et quand l'artisan des accords Lang-Cloupet est un de ses conseillers.

Qu'on ne nous dise surtout pas que son programme de protection sociale est mieux que celui de Bayrou quand elle ne parle pas d'agir contre les profits des groupes capitalistes dans le domaine de la santé et qu'elle ne dit pas autre chose dans le domaine des retraites (quant à ceux qui y voient une différence, chapeau!!!, car pour les retraites par exemple, il faut peut-être connaître le mécanisme des pensions-vieillesse de la sécu et celui différent des retraites complémentaires dans le régime général pour pouvoir donner une appréciation péremptoire!!!)

Et quand à son programme économique!!! A part les promesses du type "on rasera gratis demain " (méthode qu'elle partage d'ailleurs avec Sarko), tout le monde sait qu'elle ne les réalisera pas puisqu'elle ne préconise aucune des transformations radicales qui permettraient de les réaliser.

Alors, aucun intérêt de la voir élue; d'ailleurs le peuple qui vit mal, celui qui vit précairement, va voter majoritairement à droite ou à l'extrême-droite, ou s'abstenir, comme le prévoit les sondages, car il n'y croit plus aux promesses des "bobos" du PS et à sa grande bourgeoise qui paie l'ISF et qui veut distribuer ses leçons de morale depuis l'Elysée; et si jamais cela arrivait, qu'elle déception qui serait d'ailleurs rapidement funeste pour tout combat de la gauche ultérieurement!

Et puis, si c'est Bayrou qui est élu, quelle bonne campagne législative on peut espérer dans lequel les forces et les idées de gauche peuvent renaître et faire surface dans un débat inattendu et alors plein de promesses, surtout si le PS est assommé: Et puis, rappelons le encore, Bayrou est le seul qui peut battre à coup sur au 2ème tour le dangereux Sarko.

Alors pas d'hésitation, par stratégie bien comprise, votons et faites voter BAYROU!

Joseph SEMET militant laïque, républicain, altermondialiste et anticapitaliste

2.3 - MADAME BUFFET ET LA LAICITE : l'Illusion Tragi-Comique (suite)

Tout est dans la conclusion du discours par lequel Mme Buffet justifiait son refus de voter la loi sur l'interdiction des signes religieux à l'école : " Ayons le courage de dire que la laïcité nécessite un grand débat, une grande loi (souligné par nous, RA) et non des décisions de circonstances... ", conclusion reprise par M. Saly, responsable de la laïcité et des questions religieuses au PCF (confusion révélatrice...), dans un rapport interne récent : " les communistes proposent la discussion et l'adoption d'une grande loi refondant les principes de la laïcité dans les conditions de notre siècle. ", phrase qui semble être décalquée du texte écrit par M. Sarkozy dans " La Croix " du 20 /09 /06 au moment de la remise du rapport " Machelon " : " Pour ma part, je crois qu'il faut faire vivre la laïcité en n'hésitant pas à rappeler ses principes fondamentaux et , dans le même temps, à adapter les textes aux réalités de notre temps... ", qui invitait ensuite les responsables des " grandes religions " et les représentants d'associations des élus locaux à un " débat sans tabou " pour " adapter les droits des cultes aux réalités de notre temps " !

Buffet / Saly ....Sarkozy / Machelon : même combat contre les principes fondamentaux énoncés par les articles 1 et 2 de la loi de 1905... Car une lecture précise du rapport remis au ministre de l'intérieur comme du texte " analytique " de M. Saly permet de s'apercevoir que, si, la " main sur le coeur ", ils font l'un et l'autre profession de " laïcité " , ils s'emploient de la même manière à entreprendre un " toilettage " vigoureux du texte fondateur au nom de la modernité et de la pluralité socio-culturelle, ethnique et religieuse qui caractériserait notre société. Et leur toilettage respectif et annoncé va dans le même sens : celui de la déstructuration de l'assise institutionnelle de la laïcité, celui de l'ouverture au communautarisme religieux (musulman exclusivement pour ce qui est du PCF), celui de l'oubli de ceux qui ne font référence à aucune religion (1 Français sur 3 actuellement, alors que seuls 4 % des Français se réfèrent à l'islam)...

Excessif ?... Que nenni !... Pour ce qui est de la construction des lieux de culte , les deux parties (les deux partis aussi...) demandent l'élargissement de la pratique des baux emphytéotiques, la garantie régulière par les collectivités territoriales des emprunts consentis par les associations cultuelles, la pratique confirmée des " budgets mixtes " - l'impôt local servirait ainsi à construire les mosquées, comme le veut le PCF, mais aussi , par l'égalité devant la loi, les temples solaires, les églises évangéliques, les pagodes et autres " maisons de l'athéisme " - , sans oublier qu'à ces lieux de culte, il serait reconnue l'adjonction d'espaces culturels, sociaux et d'éducation, toujours réalisés avec la ressource publique. Qui ne voit ici l'effacement de l'article 2 de la loi de 1905 ?

Pour ce qui est de " l'Ecole de la Nation ", l'un et l'autre admettent comme définitive la présence d'un enseignement privé, confessionnel généralement : " les communistes ne proposent pas une nationalisation à la hussarde de l'école privée... " (De fait, ils ne proposent aucune nationalisation d'aucune sorte en ce domaine !!!) et s'enfoncent dans une acceptation de dévolution de l'argent public à l'enseignement confessionnel et privé puisque partisans de " la liberté de l'enseignement " (sic !). De même, on se demande comment il faut comprendre la proposition " de création de lieux de connaissance scientifique et pluraliste de l'islam dans la forme d'un ou de plusieurs établissements publics de haut niveau " comme celle d'intégrer dans les programmes scolaires " l'étude de l'histoire et des valeurs de l'islam " : l'égalité républicaine supposerait alors les mêmes avantages consentis aux autres confessions, croyances, idéologies, à l'absence de spiritualité même...Bonjour les dégâts !

Certes, reconnaissons à la " logorrhée " communiste le fait de passer sous silence l'exception concordataire de l'Alsace-Moselle en laquelle le rapport " Machelon " voit une anticipation d'une situation qui intéresserait l'ensemble de notre territoire... mais cet oubli même est plutôt révélateur, surtout par rapport aux passages consacrés à l'école... Pourtant ce qui vient d'être dit n'est rien si on considère ce qui va suivre , c'est-à-dire l'énoncé d'un tissu de pratiques communautaristes à accepter sous couvert de combattre le " vrai " communautarisme dû à M. Sarkozy, " ce pelé, ce galeux, d'où viendrait ce mal-là ", exutoire commode pour qui ne veut pas avouer ses dérives .

Reconnaître le port du voile islamique dans les services publics comme dans les activités d'assistance et de réunions scolaires sous couvert de l'acceptation supposée par des femmes ainsi stigmatisées idéologiquement, socialement, humainement... Comprendre des pratiques culturelles illégitimes comme la polygamie (et sans doute les mariages forcés et les mutilations sexuelles, puisque le texte ne les prend pas comme exemples à cet endroit)...Confondre " racisme " et " critique religieuse et idéologique " quand on met en cause l'islam (c'est cette même confusion qu'avaient opérée M. Boubakeur et ses amis " islamistes " dans leur procès contre " Charlie-Hebdo ")...Créer " des espaces, des lieux de concertation publique et de conseils ouverts à la représentation des confessions religieuses " ( C'était l'article 1.52 du TCE)...Reconnaître et instituer les fêtes religieuses musulmanes... Vilipender " la dévalorisation des représentations les plus fortes du divin auquel les consciences musulmanes sont attachées " ( voilà qui fleure bon le délit de blasphème !)... Accepter dans l'espace public les revendications alimentaires imposées par une tradition religieuse... " Faire passer le souffle de la démocratie dans les instances représentatives des fidèles " ( L'Etat se mettrait-il à régenter les religions ?) ...

Avons-nous tout " épluché " ? En tous cas , il y a là atteinte forte aux principes laïques qui organisent notre société , mise en cause des articles fondateurs de la loi de 1905 en faisant revenir " les églises dans l'espace public " ( toute l'action actuelle de Benoît XVI est tournée vers cet objectif à l'échelle de l'Europe), acceptation d'un communautarisme religieux qui , pour le PCF, semble n'être que " islamique " (étonnant, non ?) mais dont nous savons bien qu'il servira d'exemple à toutes les autres formes du communautarisme . .

Madame Buffet, combien en " pourcentage " ? J'avais émis un 2,5 % dans le précédent article ... Par respect pour la laïcité, c'est 2 de trop.

2.4 - Mon chapeau ? Sur ma tête !

Je réponds avec retard à plusieurs messages, et en particulier à celui de Lionel en date du 23 février, qui me demande "jusqu'à quand je vais avaler mon chapeau" suite à la demande de Lionel Jospin, corroborée par une déclaration publique de Daniel Vaillant, de ne pas me voir figurer dans le "pack" du pacte présidentiel de Ségolène Royal.

Ma réponse sera simple : j'ai demandé à Ségolène Royal d'être chargé de la " coordination des interventions thématiques " et rien de plus, ce qu'elle m'a accordé. Je pense ainsi à me rendre utile. Dans la phase actuelle, il m'a semblé que le message de la candidate était la chose la plus importante et il me semble naturel de mettre mon expérience à son service. J'aimerais qu'il en aille de même pour tous les autres.

C'est pourquoi la création de " l'équipe du pacte présidentiel ", composée de treize dirigeants socialistes, me paraît une bonne chose, en ce qu'elle clôt la phase de tensions internes au PS, liée à la désignation du candidat le 16 novembre dernier. Il aura fallu trois mois pour convaincre les concurrents malheureux de Ségolène Royal de se mobiliser. L'essentiel est qu'ils se mobilisent, y compris Lionel Jospin.

Que celui-ci ait mis comme condition de sa participation le fait de ne pas s'y trouver avec moi, témoigne d'une fixation malheureuse de sa part et d'une incapacité persistante à analyser les causes de son échec. Le fait que seulement 11% des ouvriers aient voté pour lui le 21 avril 2002 devrait le faire réfléchir davantage.

Qu'on le veuille ou non, la gauche plurielle (1997-2002) appartient à l'Histoire et non à la comédie de boulevard ou au spectacle de grand guignol. Il peut être tentant de transformer les problèmes politiques en problèmes moraux : cette approche moralisante des problèmes politiques permet peut-être de préserver un certain capital narcissique. Elle ne permet pas de comprendre la société ni le sens des évènements. De longue date, Lionel Jospin et moi-même avons eu des désaccords : sur le tournant libéral de 1983, sur la guerre du Golfe, sur l'Europe, qu'il s'agisse du traité de Maastricht ou de la Constitution européenne, sur le voile, la Corse, c'est-à-dire sur la conception républicaine de la nation. Cela ne m'a pas empêché de chercher avec lui, de 1995 à 2000, le dépassement positif de ces divergences, ce qui n'a malheureusement pas été possi ble. Je laisse aux historiens le soin de définir les responsabilités. Quand on n'analyse pas les causes d'un échec on est condamné à le reproduire. Heureusement Ségolène Royal a clairement situé l'enjeu : la reconquête des couches populaires et de dépassement du clivage du " oui " et du " non ", par le redressement économique de la construction européenne.

L'échec du 21 avril 2002 n'a pas été seulement l'échec de Lionel Jospin, il a été aussi le mien, celui de l'affirmation d'un courant républicain civique dont l'absence manque cruellement à la gauche depuis deux décennies. Non que mon score ait été déshonorant (5,34 % des voix, plus de 1,5 millions d'électeurs). Faut-il rappeler que Bayrou, avec l'UDF derrière lui, a réuni 6,8 % des voix en 2002 ? Mais je suis bien obligé de constater que le maintien de ce courant républicain civique, lancé avec le Ceres, puis " Socialisme et République ", puis le Mouvement des Citoyens, le Pôle Républicain, et enfin le Mouvement Républicain et Citoyen, s'est révélé une entreprise difficile même si, sur la longue durée, nous avons pu marquer des points (Irak, Corse, laïcité, Constitution européenne, etc.).

Nous continuons le combat avec Ségolène Royal qui a évidemment besoin d'autres soutiens mais qui a aussi besoin du nôtre, non seulement pour réaliser le dépassement du " oui " et du " non " au projet de Constitution européenne le 29 mai 2005, mais aussi pour qu'en tous domaines la référence aux valeurs républicaines se traduise dans les actes.

C'est en pleine lucidité que j'ai choisi de privilégier, derrière Ségolène Royal, l'union et le rassemblement sur la ligne politique de l'accord MRC-PS du 9 décembre 2006 plutôt que d'entretenir des polémiques inopportunes. La seule priorité est aujourd'hui de faire élire Ségolène Royal. Après, on verra. Pour le moment, mon chapeau, vous le constaterez à l'occasion, reste bien vissé sur ma tête.

Jean-Pierre Chevènement

3 - combat laïque

3.1 - Troisième Université Populaire Laïque

week-end de Pentecôte 2007 à Annonay (Ardèche) du vendredi soir 25 mai après 20h, au lundi 28 mai à midi au centre du groupement des oeuvres Laïques, chemin du grand murier

Programme

une série de thèmes qui vont apparaître d'une actualité brulante après les résultats de l'élection présidentielle, à traiter en ateliers ou en débats pléniers, centrés autour de;

Nombreux intervenants de qualité (dont des membres d'Avenir d'ATTAC)

L'organisation matérielle:

FORMULE CLASSIQUE:

Hébergement en chambres de 2 ou 4 lits sur place dans le Centre avec 3 nuits du vendredi au Lundi, 3 petits déjeuners, 2 repas le samedi et 2 le dimanche forfait à 125 euros Les chèques vacances sont acceptés. Acompte de 40 euros par personne à verser avant le 31 mars 2007 à UFAL-Rhône-Alpes 40, rue des écureuils 38500-Coublevie

FORMULE A LA CARTE

petit déjeuner: 4 euros repas samedi midi et dimanche midi :12 euros le repas repas festif le samedi soir et repas de qualité le dimanche soir: 20 euros le repas nuit de camping: 4 euros nuit d'hôtel: aux alentours de 50 euros nuit de gîte rural dans un cadre romantique à 15km: 180 euros pour 2 personnes et 3 nuits avec petits déjeuners

L'hébergement des enfants sera gratuit et ils seront pris en charge lors des principaux débats

L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org

3.2 - Enseignement du fait religieux à l'école: lettre à Jean-Pierre Brard

Monsieur le Député-Maire,

Les 10 et 11 Février 2007, j'ai assisté au grand (qualitativement parlant) colloque sur la laïcité, le féminisme, le communautarisme et l'intégrisme.

A titre personnel, je vous suis infiniment reconnaissante d'avoir contribué au succès de ces 2 journées par votre accueil et la mise à disposition de structures municipales. A cette occasion, j'ai pris connaissance avec un grand intérêt de 2 fascicules municipaux laissés à l'information des participants: le guide de la laïcité, extrêment bien fait, et le guide du centre d'étude du fait religieux.

J'avoue ma surprise quant à l'existence de ce centre d'étude, la même qu'à la lecture du dernier hebdo (Numéro 437, p.24), dans lequel le pacte de la laïcité signale que l'AMVBVF " se prononce pour l'instauration, dans les établissements scolaires et au sein de la cité, d'un enseignement civique universel du fait religieux ".

Pourquoi?

Les expressions " fait religieux " et " universel " sont antinomiques: le fait religieux est tout de même l'expression, dans une société donnée et à une époque donnée, de croyances c'est-à-dire de convictions personnelles.

Ensuite, où est " le respect de la logique d'émancipation personnelle " quand, par omission, on oublie l'existence d'une catégorie de citoyens - les athées entre autres - ; ceux-ci, pour des raisons historiques (ils ont été interdits d'expression pendant 2 millénaires, jusqu'en 1789, au moins), mais aussi pour des raisons déontologiques, ne réclament rien en tant que tels, donc ne demandent pas d'espaces particuliers pour parler de leur athéisme, pour l'enseigner, ni de subventions publiques ou déductions fiscales par le biais d'associations de type loi 1901 ou 1905; en effet, ils considèrent à juste titre, comme la laïcité l'implique, que les convictions personnelles relèvent du droit privé, et du droit privé associatif qu'ils n'utilisent pas.

S'il y a un enseignement du fait religieux, fût-il " civique et universel ", il doit être dispensé du point de vue historique, donc essentiellement politique puisque les pouvoirs religieux et politiques ont été chez nous (comme ailleurs) liés. En ce qui nous concerne, ces 2 pouvoirs ont été exercés sans partage, et " à l'intérieur de chacun d'eux, l'individu ne disposait d'aucune liberté de choix " (cf Todorov, dans " L'esprit des Lumières "). Si en outre ce fait religieux est abordé dans son contenu, il doit être relativisé, c'est-à-dire dispensé comme étant une conviction personnelle d'un groupe, d'une société, non " vérifiable ", tout comme les autres convictions personnelles (celles des non croyants) ou philosophiques. Il ne doit donc lui être accordé pas plus d'importance qu'à l'enseignement des autres convictions ou philosophies. Enfin, il n'y a aucune raison de l'envisager sous une forme universelle : ou alors, la politique, la sociologie, l'art, l'histoire doivent l'être aussi.

Par contre, ce qui ne fait aucun doute, c'est que l'enseignement civique universel de la laïcité , lui, devrait être l'objet d'un enseignement primant les précédents puisqu'elle permet la compréhension de l'universalité des valeurs de liberté, d'égalité de fraternité et donc de citoyenneté.

Annexe: j'ai profité de ma venue à Montreuil pour visiter l'extraordinaire exposition au Grand Palais: " Trésors engloutis d'Egypte ". Outre les magnifiques objets ou statues (celle d'Arsinoé II est une pure merveille), elle propose des informations très intéressantes sur le rôle politique des religions et leur capacité à s'imposer par la force tout en empruntant des éléments aux précédentes lors des invasions et règnes grecs, romains et chrétiens, ceci de façon remarquablement objective et laïque.

Vous voudrez bien excuser la longueur de ce courrier, mais l'importance du sujet en est la cause.

Je vous saurais gré de me faire part des commentaires que suscite la lecture de cette lettre et vous prie d'accepter mes salutations bien sincères et laïques.

Evelyne Bigou 64140 Billère

3.3 - Mantes La Jolie : encore des cadeaux à visée électoraliste, du public au privé !

L'UFAL du Mantois (Union des Familles Laïques) déplore deux décisions prises lors de la réunion du 12 février du Conseil Municipal de Mantes la Jolie:

Des cadeaux à un petit nombre de personnes parmi les plus aisées...

Le Conseil Municipal a décidé d'attribuer une subvention de 37 310 Euros à l'école privée confessionnelle Notre Dame. Cette décision a été prise dans le cadre de la loi du 13 août 2004, alors que l'Association des Maires de France et l'Association des Maires Ruraux sont hostiles à l'application de ce texte.

...c'est aussi des conditions d'étude encore détériorées pour le plus grand nombre !

Cette subvention aurait dû servir à alléger les difficultés de fonctionnement récurrentes de plusieurs écoles publiques de Mantes la Jolie, difficultés liées au manque de personnel d'encadrement.

Des cadeaux d'une municipalité à un lieu de culte...

Lors de cette même réunion, le Conseil Municipal a pris, sans aucune concertation avec les habitants, ni même, visiblement, avec les membres de la Commission d'Urbanisme, la décision de déclasser du domaine public au domaine privé un terrain situé rue du Commandant Boucher, au profit de l'association Ottmane Ibn Affane. Il s'agit de l'association qui avait déjà bénéficié en octobre 2005, d'un bâtiment public (l'ancien centre de vie social Fragonard) pour la création de la deuxième mosquée de Mantes la Jolie.

... c'est aussi affaiblir celles et ceux qui souhaitent choisir librement la manière dont ils vivent leur religion, ou leur absence de religion !

S'il est nécessaire de permettre à chacun de pratiquer sa religion dans de bonnes conditions, cela n'autorise pas une municipalité à ignorer les principes mêmes de la laïcité ; de plus, cela contribue à renforcer " l'ordre moral " qui règne déjà sur le quartier, et les pressions dont sont victimes ceux et surtout celles qui - supposés " appartenir " à une religion de par leurs origines, doivent se battre au quotidien pour être libre de vivre comme ils le souhaitent.

Ces deux décisions, qui favorisent la montée du communautarisme, sont contraires aux principes laïques et républicains :

L'UFAL demande que les fonds publics servent au financement d'actions publiques et que les impôts financent la solidarité au lieu d'accentuer les différences et les inégalités.

Hayet MORILLON Ufal du mantois

4 - débats républicains

4.1 - L'urgence énergétique (partie I): Introduction à un nécessaire débat

De nombreux chercheurs (scientifiques et économistes) ont consacré une grande partie de leur vie et de leurs travaux à l'étude de scénarios et de prospectives énergétiques dans le but

Après le Club de Rome (fondé en 1968) et son célèbre rapport Meadows (1972) alertant sur les conséquences inéluctables d'une croissance exponentielle, un des groupes d'étude les plus connus a été le Groupe de Bellevue, composé de chercheurs du CNRS, du Collège de France, d'EDF et de l'INRA, qui a élaboré le scénario Projet Alter en 1978[1], " esquisse d'un régime à long terme tout solaire " - c'est à dire entièrement renouvelable - puis créé l'AFME (aujourdhui ADEME).

A la suite de ces travaux, divers groupes régionaux se sont constitués à travers toute la France pour affiner ces études et commencer à mettre en oeuvre des projets de réalisation concrets dans les institutions municipales, départementales et régionales, jusqu'à mettre sur pied de véritables Associations et bureaux d'étude régionaux pour le développement des énergies renouvelables, regroupées dans le CLER (Comité de Liaison des Énergies Renouvelables), qui sont aujourd'hui à l'origine de nombreux Plans Régionaux de développement des énergies renouvelables, coordonnés à la politique de l'ADEME.

Physicien-chimiste de formation, j'ai personnellement fondé avec quelques amis l'association Projet Alter Alsace en 1982, devenue plus tard " Alter Alsace Energies ", et rédigé un ouvrage collectif que j'ai coordonné et publié chez Syros en 1983 sous le titre " les énergies de l'Alsace "[2], étude prospective régionale d'un régime énergétique entièrement fondé sur les énergies renouvelables.

Docteur en énergétique, j'ai également mené plusieurs travaux de recherche sur l'énergie solaire qui ont donné lieu à publications et communications[3].

Je ne vais pas ici résumer tous ces travaux, de nature scientifique et de lecture parfois ardue. Je veux simplement donner aux lecteurs de ReSPUBLICA les éléments essentiels d'information les plus objectifs et les plus complets possibles sur le débat énergétique indispensable qui doit être mené lucidement et sans dogmatisme dans la gauche antilibérale, républicaine et écologiste.

J'en avais le projet depuis plusieurs mois, mais la publication dans ReSPUBLICA n° 503 de l'article " Les énergies renouvelables : mythes et réalités " écrit par un certain Jean-Marie Berniolles m'a incité à le faire aujourd'hui.

L'honnêteté intellectuelle et la rigueur scientifique - si elles sont impérativement requises pour aborder ce genre de débat inévitablement complexe sur la consommation, la production, le transport, le stockage et les ressources énergétiques mais aussi sur les besoins énergétiques, les déchets, le recyclage, l'efficacité des systèmes, l'utilisation rationnelle de l'énergie ou les progrès technologiques - ne doivent cependant pas occulter les aspects fondamentalement politiques, sociaux et écologiques qu'il implique. Il ne s'agit donc pas d'imposer un modèle ni une vérité, mais de dégager les éléments indiscutables, les faits incontournables, les réalités intangibles que le monde physique et les équilibres écologiques nous imposent à tous, riches ou pauvres, habitants du Nord ou du Sud.

Une fois la réalité connue et reconnue, il reste à définir les orientations et à prendre les décisions. Mais à la différence des années 70, nous avons aujourd'hui le recul nécessaire, nous avons les informations décisives, nous avons pu vérifier la validité et la grande précision des simulations numériques effectuées à l'époque sur les conséquences en 2005 des rejets atmosphériques des gaz à effet de serre produits par l'activité humaine. Tout est dit, tout est établi, et il n'y a guère qu'un ancien ministre " de gauche ", adepte d'un enseignement allégé et d'universités à l'américaine, coqueluche des médias libéraux et non spécialiste du climat, pour nier ces preuves : nous n'avons plus guère de temps pour prendre les bonnes décisions. Nous n'avons même plus le droit à l'erreur car tous les climatologues le montrent et le craignent: le système climatique terrestre peut diverger car il est fondamentalement instable, sans aucun mécanisme régulateur, et pourrait entrer irréversiblement dans une transition critique vers un régime chaotique où tous les phénomènes atmosphériques accidentels (sécheresses, canicules, inondations, blizzards, ouragans, El Nino) ou permanents (ralentissement et arrêt du Gulf-Stream, fonte des glaciers et des calottes polaires, disparition de la couche d'ozone, montée des océans) se multiplient de manière exponentielle avec des amplitudes elles-mêmes croissant exponentiellement, rendant la Terre inhabitable pour l'humanité et pour une grande partie des espèces animales.

Dans un prochain article, je reprendrai donc les termes du débat tels qu'ils ont été posés dans l'article cité: que représentent aujourd'hui les énergies renouvelables en terme de potentiel de production et d'utilisation en France, en Europe et dans le Monde? Quels sont leurs coûts financiers d'investissement et de production et leurs coûts énergétiques de production? Quels sont les résultats des développements actuels de la recherche dans ces domaines.

Je donnerai ensuite les éléments du bilan énergétique français pour le discuter et pour distinguer les modes de production et d'utilisation de l'énergie.

Je poserai alors le problème des énergies nucléaires et fossiles en termes de coûts financiers et énergétiques, ressources en matières premières, indépendance énergétique, gestion des pollutions et des déchets.

Je terminerai en indiquant des pistes de débat politique sur les choix, les orientations et les décisions à prendre, à l'échelle internationale, nationale et locale.

Notes

[1] Esquisse d'un régime à long terme tout solaire, PRO JET ALTER, Ed. Syros , 66 p., (1978)

[2] Les énergies de l'Alsace, Projet Alter (Thierry DE LAROCHELAMBERT, Michel PIERRE, Camille MUNSCH, François WALGENWITZ), Ed. Syros , 214 p., (1983)

[3] Plancher solaire direct mixte à double réseau en habitat bioclimatique. Conception et bilan thermique réel, Thierry DE LAROCHELAMBERT, Revue Générale de Thermique, Vol. 34, n°408, pp. 769-786 (1995)

Thierry DE LAROCHELAMBERT Chaire supérieure de Physique-Chimie en CPGE,
Professeur de mécanique des fluides en École d'Ingénieurs,
Chercheur à l'Université.

4.2 - Des violences urbaines sur piste de ski

Huit adolescents (15 à 17 ans) de Seine-Saint-Denis qui bénéficiaient d'un séjour ski (les veinards!) géré par "Vacances Voyages Loisirs" ont remercié à leur façon les généreux donateurs qui leur ont payé ces vacances à la montagne.

Sur la piste d'abord : un pauvre vacancier hollandais accusé d'avoir fait tomber le snowboard de l'un d'eux, le ton monte, un skieur de 20 ans s'interpose. Il est roué de coups, poings, bâton, chaussures de ski. Interceptés par les gendarmes. Retour au centre. Le directeur leur annonce qu'ils vont être renvoyés chez eux. Que croyez-vous qu'ils firent, ces adolescents ? (Sûrement victimes de discrimination en Seine-Saint-Denis) Ils s'en prennent aux locaux, ils cassent tout, les vitres, le mobilier, un cuisinier est blessé par un verre. Les gendarmes arrivent à 8 : caillassés, insultés, jets de bouteilles, comme dans leur quartier, en Seine-Saint-Denis !

Les adolescents ont fini par être maîtrisés par ..38 gendarmes arrivés en renfort. Et ce sera 48 heures de garde à vue.

Peut-être à leur arrivée, dans leur quartier de Pierrefitte-sur-Seine, y aura-t-il une marche de soutien à ces pauvres adolescents victimes de brutalités policières? Vous souvenez-vous du nombre des adolescents? Ils étaient huit. Ils ont provoqué ces violences dans la station de ski de Châtel contre 2 skieurs, 1 directeur de Centre de vacances et 38 gendarmes. Croyez-vous que ces adolescents (comme en Seine- Saint-Denis) craignent le karcher de Sarkozy? Non seulement ils jouent les caïds dans leur quartier et imposent leur loi, mais ils jouent les caïds aussi ailleurs, quand les communes compatissantes leur offrent des vacances que bien des travailleurs précaires NE PEUVENT PAS SE PAYER ! Ils n'ont pas peur de Sarko, auraient-ils peur de Ségo ? Il faudra bien faire autrement pour régler les problèmes des banlieues!

Il y a des statistiques dont on ne parle pas (est-ce un hasard ?). Les derniers chiffres publiés par l'Observatoire national de la délinquance :

Le Rhône, d'où j'écris cet article, et où j'habite. Mireille Popelin

Mireille Popelin

4.3 - Quand les prédicateurs verts vocifèrent...

"Si vous ne rentrez pas dans le droit chemin, vous brûlerez dans les flammes de l'Enfer. Des diables grimaçants vous larderont de coups de trident et vous vous consumerez dans une soif éternelle et dans des souffrances insoutenables...."

De qui sont ces vociférations ?....D'écolos exaltés qui se complaisent à attiser les peurs millénaristes et à prêcher le retour à la chandelle ?

Que nenni!...Ce sont les propos d'un prédicateur du Moyen-âge, perché sur un tonneau, qui harangue les badauds terrorisées, à grands renforts de moulinets, la barbe hirsute, la bave aux lèvres et les yeux révulsés !

Mais avouez qu'il y a quelques similitudes !

Il faut bien constater que la hargne et la vindicte deviennent monnaie courante par les temps qui courent.

Prévention à tout crin et risque zéro sont brandis à tout bout de champ, induisant chez les gens une exigence d'assistanat qui les infantilise et les rend méchants.

Voir à ce sujet la judiciarisation extrême qui pourrit actuellement les relations sociales.

Déjà le fameux "fumer tue" a fait des fumeurs des parias qui devront bientôt signaler leur approche en agitant des crécelles, comme les lépreux d'autrefois ! Et bientôt, pour prévenir les procès de consommateurs teigneux et cupides, on verra les fabricants écrire sur leurs notices (comme dit la blague qui circule sur Internet) des conseils débiles du genre:

Quant à nos intégristes verts (il y en a !), ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère ! Une pandémie d'hystérie incantatoire se propage partout, pour nous culpabiliser de conduire une voiture, de nous laver, d'allumer la lumière et de profiter de tout l'électroménager que nous a apporté le progrès technique.

Pauvre de nous !...Nous voilà devenus pourrisseurs de planète en un rien de temps ! (et quid des vrais grands pollueurs du monde ?)

On doit, nous dit-on, tourner le dos à ces avancées qui nous on permis d'échapper à la condition de bête de somme.

Qui nous ont permis aussi d'abandonner le char à boeufs nous bringuebalant d'un clocher à l'autre, au profit du supersonique reliant tous les continents et peut-être un jour de l'engin spatial qui nous fera passer d'étoile en étoile à la vitesse de la lumière

On veut conjurer toutes les merveilleuses découvertes faites depuis plus d'un siècle par nos inventeurs, ingénieurs et visionnaires (la grande époque où les lumières de la science primaient sur l'obscurantisme religieux) et nous faire régresser vers les modes de vie les plus archaïques.

Halte à la malsaine curiosité de l'homme... Vade retro, Eve et Sisyphe, qui avez osé vous mesurer aux dieux en voulant leur dérober le Savoir... A bas la prise de risque et le goût d'explorer l'inconnu. Vivons plus que centenaires, (au fait quand on sera 20 milliards, notre terre pourra-t-elle encore nous porter ?)... mais vivons ascètes dans notre grotte.

Plutôt que du vin qui tue, buvons de l'eau (mais rationnons-la) ne fumons plus, ça encrasse les poumons, ne mangeons plus gras, ça donne du cholestérol, et mettons notre ceinture de sécurité...ah non pardon, il n'y aura plus de voiture !... Mais pendant que ce bobo de Rousseau s'attendrit devant la scène champêtre de Rhadija battant le linge à la rivière, Rhadija ne rêve que d'une chose: posséder un lave-linge...Choc des indigents qui aspirent et des nantis qui soupirent... Je caricature ?....Ce n'est jamais que le pendant aux excès de nos Cassandre et à leurs prédictions apocalyptiques !

Et si on essayait de sortir de la dégradation de notre monde, précisément grâce à l'ingéniosité de nos chercheurs et à l'essor de la technologie ?...En déployant nos ailes, au lieu de nous recroqueviller au fond des cavernes ? Les pessimistes ont peut-être raison (sauf les prophètes de malheur) mais ce sont les optimistes qui font avancer le monde.

Morgane A.

5 - Extrême Droite

5.1 - Dieudonné réclame la grâce de Kémi Séba et voit Le Pen comme "le candidat des afro-européens, des africains, des gens d'outre-mer"

Entre Dieudonné et Kémi Séba, il y a des hauts et des bas. L'humoriste avait d'abord accepté de prêter son théâtre (La Main d'Or) à l'organisation noire radicale de Séba, la Tribu KA, pour les meetings de celle-ci. Mais, après avoir appris que ce groupe refusait l'entrée aux non-noirs, il indique par communiqué[1] le 13 avril 2005 qu'il ne "renouvellera pas de location auprès de ce groupe" si cela était avéré. Et pourtant, moins de trois mois plus tard, la Tribu KA tient à nouveau meeting à la Main d'Or[2], toujours en filtrant les entrées selon la couleur de peau ; ceux qu'on laisse entrer peuvent alors écouter des réflexions de Séba telles que "Hitler a pris conscience qu'il y a trop de gens, les juifs, qui occupent les postes importants, banquiers, et il n'est pas allé assez loin... et la Shoah est un détail de l'histoire, une virgule..."[3]. En octobre 2005, Dieudonné organise une mobilisation anti-Fogiel, suite à l'affaire du sms sur l'odeur des Noirs. C'est ainsi que le 16 de ce mois, se retrouvent autour de Dieudonné des artistes comme Joby Valente, Stomy Bugsy, des membres du groupe de rap "La Brigade"[4] ; mais il y a aussi Kémi Séba, qui est même invité à la tribune. Dieudonné s'en justifie au micro des journalistes du Vrai Journal de Canal+ : "Je pense que la Tribu KA est moins dangereuse que SOS Racisme", traitant l'organisation antiraciste d'"officine sioniste"[5]. Le 28 mai 2006, après avoir cherché les week-end précédents à provoquer les membres des organisations sionistes extrémistes (Ligue de Défense Juive, Betar), Kémi Séba fait une démonstration de force, avec une quarantaine de membres de son organisation, dans la rue des Rosiers à Paris, connue pour être un quartier juif. Trois jours plus tard, le bureau de campagne de Dieudonné pour les présidentielles de 2007 clame la différence entre son candidat et la Tribu KA : "la Tribu Ka est une organisation ethniste et religieuse pronant un communautarisme exacerbé, à l'opposé du projet républicain défendu par Dieudonné" ; il rappelle opportunément le communiqué de Dieudonné d'avril 2005 : "Il faut aussi savoir que Dieudonné a refusé la location de sa salle de théâtre au parti Kémite devenu la Tribu Ka dès l'instant où il a appris qu'il était question de réserver l'entrée aux Noirs, dés le 13 avril 2005"[6], en omettant de préciser les rapprochements qui avaient eu lieu entre temps.

L'émotion suscitée par la descente de la Tribu KA rue des Rosiers est si grande que le gouvernement finit par dissoudre l'organisation le 26 juillet, en application de la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privées. Son leader se fait alors plus discret, quelques mois, le temps de créer un nouveau mouvement, Génération Kémi Séba (GKS). Le 8 février 2007, Séba et d'autres membres se rendent à Chartes pour rendre visite aux membres de l'antenne locale de GKS. À la sortie, les caméras sont là, les policiers aussi (la police devant maintenir l'ordre, il n'est pas surprenant qu'elle suive de près le chef d'une ligue dissoute). Séba, sachant qu'il est filmé, provoque les policiers et réplique lorsqu'ils lui demandant de se calmer : "Au nom de quoi, monsieur le policier sioniste ?" "Non, c'est vous qui commencez à bien faire". "Vous n'avez pas honte ? Vous vous couchez devant Cukiermann. Et vous croyez parler au nom de la République Française, quelle honte. Vous me donnez envie de gerber, je vous le dis simplement, franchement"[7] : cette dernière phrase lui vaut d'être embarqué par la police (ainsi que deux de ses amis), il sera condamné le lendemain en comparution immédiate à 5 mois de prison dont 2 ferme, pour "outrage sur personne dépositaire de l'autorité publique".

Les amis de l'activiste mettent rapidement un comité de soutien, qui organise une conférence de presse au Théâtre de la Main d'Or le 13 février. Comme prévu dans le communiqué[8], y sont présents le porte-parole et l'épouse de Kémi Séba, ainsi que Dieudonné. Ce dernier est non seulement là pour pour réclamer la libération de Séba, mais aussi pour réagir d'une part aux propos récents de Jacques Chirac dans le livre de Pierre Péan[9] fustigeant le fait qu'on ait volé la culture, les ressources, les matières premières, et aujourd'hui les cerveaux, de l'Afrique, et d'autre part à ceux de Jean-Marie Le Pen "Très peu de gens savent que la Martinique appartient encore, foncièrement, en parlant du foncier, pratiquement totalement aux Békés. Personne ne sait cela. En 200 ans, depuis la révolution, cela n'a subi aucun changement."[10]. Il faut rappeler que Le Pen fut longtemps le principal adversaire politique de Dieudonné ; mais les ennemis d'hier semblent aujourd'hui se rapprocher de plus en plus, l'un des moments les plus forts de leur réconciliation étant leur poignée de main lors de la visite de l'humoriste à la fête "Bleu Blanc Rouge" du Front National le 11 novembre 2006.

Dieudonné semble très reconnaissant envers les deux hommes pour leurs déclarations, l'un à propos des Africains, l'autre à propos des Martiniquais. Au début de son intervention, il dit plusieurs fois l'importance qu'ont pour lui les mots de Le Pen contre le système béké[11]: "La question noire aura un rôle prioritaire dans ces élections présidentielles. On le sent, avec la déclaration de Jean-Marie Le Pen" ; "il n'y a que deux candidats (ndlr: Le Pen et Chirac) aujourd'hui sur l'échiquier qui abordent les véritables questions de manière frontale" ; "C'est une véritable question qu'a posée Jean-Marie Le Pen, j'espère que tous les autres candidats vont avoir à se positionner sur cette question fondamentale".

Dieudonné revient ensuite sur Kémi Séba, qu'il juge victime d'une volonté politique. Selon l'humoriste, l'intérêt de Sarkozy serait "de faire monter la pression dans les banlieues, que ça explose" pour qu'aient lieu de nouvelles émeutes, supposées être un avantage pour le candidat ; l'arrestation de Séba "pourrait être un élément déclencheur" de tels événements et aurait été réalisée dans ce but, d'après Dieudonné. Il va jusqu'à parler de "l'émotion vive qu'a créé cette arrestation" pour appeler Jacques Chirac à user de la grâce présidentielle au profit du leader kémite. Mais c'est pour mieux revenir au patron du FN, en lui prêtant des qualités jusqu'alors inconnues : "J'aimerais que Jean-Marie Le Pen, aussi, se prononce. Parce que Jean-Marie Le Pen, aujourd'hui, en dénonçant le système béké, se positionne très clairement comme le candidat des afro-européens, des africains, des gens d'outre-mer".

Sur les 8 minutes que dure son intervention, Dieudonné parle peu de Kemi Seba : la question noire lui sert en fait de prétexte pour développer ses vues politiques. Quelles sont ces vues ? Il décrit une "large périphérie qui commence à vouloir s'en prendre au centre" et, lui qu'on suppose être d'extrême-gauche à l'origine, évoque une union "de l'extrême-droite à l'extrême-gauche, des Blancs, des Noirs, des Arabes, des Chinois, des gens qui sont dans l'armée, des gens qui sont dans des hôpitaux, des gens qui sont partout, qui sont en train de se rassembler simplement, pour casser un système, un royaume, un petit palais fortifié" : on sent avec ces mots poindre le début d'une alliance anti-système avec le candidat d'extrême-droite.

Il revient ensuite sur la question noire ("ce n'est pas rentrer dans une compétition victimaire, nous sommes hors-compétition, par la durée -ça a duré 400 ans- et par le nombre de personnes touchées -plusieurs centaines de millions-, et ça continue"), mais c'est encore une fois pour mieux rendre hommage à Jean-Marie Le Pen qui "met le doigt aujourd'hui sur une plaie extrêment douloureuse" : Dieudonné pense carrément que le leader frontiste "rentre dans l'histoire des Antilles en mettant le doigt sur cette question-là". Pour lui, les déclarations de Le Pen et de Chirac, "ce sont des gens qui ont entre 75 et 80 ans et qui finalement, au moment où ils vont quitter la scène politique, et bien ils ont besoin de dire des vérités, important, et de rentrer dans l'histoire, parce que le rêve de chaque homme, c'est de rentrer dans l'histoire". Il insiste : "Jean-Marie Le Pen est en train de rentrer dans l'histoire, en tout cas des Antilles" tout comme "Jacques Chirac est en train de rentrer dans le coeur de tous les Africains". Cette dernière flatterie est destinée à ramener Dieudonné sur le sujet de la grâce du leader de l'ex-Tribu KA : il demande donc à Jacques Chirac, après un nouveau compliment, "d'offrir sa grâce présidentielle à Kémi Séba, qui n'est autre que la voix de la souffrance".

Un candidat d'extrême-droite, condamné pour avoir déclaré le 30 août 1996 (lors de l'Université d'été de son parti) croire à l'inégalité des races[12], condamné pour s'être vautré dans le cliché raciste à propos des origines africaines d'un de ses opposants -le 2 août 1996, lors d'une conférence de presse, il compara Fodé Sylla, le président de SOS Racisme à l'époque, à un "gros zébu fou"[13]-, vu désormais comme le candidat des Noirs, grâce à une simple phrase sur la Martinique. Un activiste ouvertement antisémite considéré comme "voix de la souffrance". Le pire, c'est que ces propos de Dieudonné semblent ne même plus être de la provocation.

Notes

[1] http://lesogres.org/article.php3?id_article=334

[2] http://www.menaibuc.com/breve.php3?id_breve=85

[3] http://www.collectifdom.com/article.php3?id_article=643

[4] http://lesogres.org/article.php3?id_article=881

[5] "Le Vrai Journal", 30 octobre 2005, Canal+: http://www.dailymotion.com/video/xlr6m_tribu-ka-le-vrai-journal

[6] http://www.dieudo.net/2007/article.php3?id_article=190

[7] Reportage de France3 Centre, vendredi 9 février 2007 : http://www.youtube.com/watch?v=B_F-UjSDH94 ; voir aussi http://www.dailymotion.com/video/x16gwb_interpellationdekemi8seba

[8] http://labanlieuesexprime.org/article.php3?id_article=1659

[9] Pierre Péan, "L'Inconnu de l'Élysée" (Fayard)

[10] Dans l'émission "Chez F.O.G." sur France5, le 10 février 2007: http://www.dailymotion.com/video/x18gok_le-pen-et-son-coup-de-coeur

[11] http://www.dailymotion.com/video/x18958_conference-soutien-a-kemi-seba-2

[12] <a href="http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&amp;from=fulltext&amp;full=%26quot%3BFN%2Ffin+universit%E9+%E9t%E9%26quot%3B&amp;num_notice=1&amp;total_notices=1" target="_blank">voir sur le site de l'INA</a>

[13] http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&amp;from=fulltext&amp;full=%26quot%3BTout+images+%3A+Carpentras+profanation%26quot%3B&amp;num_notice=1&amp;total_notices=1

Vincent Archer

6 - à lire

6.1 - Comment produire une crise mondiale, de Jeanne Favret-Saada

Editions Les Prairies ordinaires

168 pages, 15 euros

Jeanne Favret-Saada était présente, à la tribune, aux journées internationales laïques de Montreuil, le 10 février dernier. L'histoire des caricatures danoises est aujourd'hui bien connu, notamment le décalage de date entre la crise, les ambassades brûlées et les morts (janvier-février 2006), et la publication des caricatures (30 septembre 2005).

Chacun connaît plus ou moins le rôle de certains imams radicaux danois, membre du " comité européen pour la défense du prophète ", qui, en amenant des faux grossiers au Caire (notamment un musulman en prière en train de se faire sodomiser par un gros chien, et un visage d'homme avec un groin de cochon, sensé représenté le Prophète), ont radicalisé volontairement la situation, contre le pays qui les a accueillis, le Danemark.

L'ampleur des pressions auprès de l'ONU de l'OCI (Organisation de la conférence islamique) et celles de la Ligue islamique mondiale (qui portera plainte plus tard, en compagnie de Boubakeur et de l'UOIF contre Charlie Hebdo) sont fort bien démontrées.

L'intérêt politique de plusieurs gouvernements, en proie à des difficultés internes, était de faire une diversion en mobilisant l'opinion contre le gouvernement danois, l'Occident et les Etats-Unis (alors que le petit pays européen a été longtemps laissé seul, abondonné par l'Union européenne, l'Onu et les Etats-Unis).

L'ouvrage se livre à un rappel historique fort utile sur l'histoire de l'immigration, des années 1960 à aujourd'hui, les axes de l'extrême droite, les réponses de la droite conservatrice et de la gauche, mais aussi les pressions incessantes des imams contre le pouvoir politique. Mais son intérêt réside plutôt dans le dénouement de cette affaire, et dans les personnages clés qu'on y rencontre.

Un personnage essentiel du livre est Naser Khader, député du Parti radical danois (centre gauche) depuis 2001, réélu en 2005, et fondateur en 2006 du Réseau des Musulmans Démocrates. Né en 1963 à Damas, fils d'un palestinien venu au Danemark en 1974, il milite rapidement dans les quartiers pour l'égalité des sexes, pour l'intégration, et contre les mariages arrangés. Il s'inquiète rapidement de la montée de l'antisémitisme chez les jeunes palestinien réfugiés au Danemark et entend, dans ses discours, séparer le religieux du politique.

Tout au long de la crise, il tiendra tête aux imams radicaux, et lui aussi exigera des excuses de la part des dictatures islamistes qui insultent son pays, le Danemark, et la majorité des musulmans, les jugeant incapables d'apprécier l'humour sur la religion.

On regrette de ne pas davantage connaître Kaare Bluitgen, car c'est à cause de lui que tout est arrivé. Ce militant issu de l'extrême gauche tiers-mondiste vit depuis trente ans dans un quartier d'immigration, où résident de nombreux réfugiés palestiniens. Ses convictions ne l'empêchent pas de raconter que ses enfants, à l'école, sont souvent malmenés par les gamins d'origine étangère, ni de constater les conséquences de la montée de l'islamisme dans la vie de son quartier. Cela lui vaut bien sûr d'être excommunié par ses camarades, qui pensent qu'avec un tel discours, il doit être qualifié de " traître gagné par les idées d'extrême droite ". Ne se laissant pas démonter, Kaare Bluitgen, en 2005, pour favoriser l'intégration, décide de publier un livre retraçant la vie de Mahomet. Il cherche pour cela des dessinateurs, mais n'en trouve pas. Il paraît qu'il est interdit de dessiner le prophète, et tous ont peur des menaces distillées par les islamistes, dans un contexte, chez le voisin hollandais, où Theo Van Gogh a été assassiné un an plus tôt, tandis qu'Ayaan Hirsi Ali vit sous haute protection policière.

C'est cette situation qui pousse quelques journalistes du Jyllands Posten et chef de rubrique, Flemming Rose, à proposer aux quarante membres du syndicat des illustrateurs de presse de dessiner Mahomet comme ils le voient. Avec les conséquences disproportionnées que l'on connaît...

Notre ami Mohamed Sifaoui sera l'auteur d'un reportage, publié conjointement au Danemark et sur France 2, qui fera date, le 23 mars 2006. Muni de deux caméras, dont une cachée, il piègera les imams radicaux, démasquant leur discours officiel (devant la caméra) et leur vrai discours (qu'ils croyaient off). L'un d'eux, parlant de Naser Khader, dira : " S'il devient ministre de l'immigration et de l'intégration, ne faudrait-il pas que deux mecs aillent le voir pour l'exploser, lui et son ministère ? ".

L'auteur se veut optimiste, sur la fin, en montrant que les imams radicaux, trahis par leurs doubles discours, sont désavoués par la majorité de la communauté musulmane danoise. Elle fonde beaucoup d'espoir sur le rôle d'un Naser Khader, dont le programme est de " souder les musulmans autour des citoyens danois, sur des valeurs communes ". Pour lui, quand cela sera fait, " le Danemark n'aura plus besoin de Musulmans démocrates, il ne restera que des démocrates ".

En attendant, Naser Khader, depuis cette affaire, vit vingt-quatre heures sur vingt-quatre sous haute protection policière. Comme Mohamed Sifaoui, comme Ayaan Hirsi Ali, et comme beaucoup qui ont le courage d'affronter le fascisme islamiste.

Et le 22 mars prochain (nouvelle date définitive), nous aurons le verdict du procès intenté par les censeurs islamistes contre Charlie Hebdo, à la suite de la publication de ces caricatures, et du dessin de Cabu.

Pierre Cassen

7 - courrier des lecteurs

7.1 - Réaction à l'article de Pierre Baracca (Respublica 514)

Bonjour, juste 2 remarques de forme (quoique...) à propos de la réponse de Pierre Baracca:

En préalable, je précise que, sur le fond, je suis entièrement d'accord avec lui. Mais je voudrais faire remarquer que la mention de "la gestion nationale du personnel" oublie, une fois encore, qu'il existe, à l'Éducation Nationale, de nombreux corps de personnels qui ne sont pas enseignants, dont je fais partie, et dont on ne parle quasiment JAMAIS : j'ai nommé les personnels IATOS (Ingénieurs, Administratifs, Techniciens, Ouvriers, de Service).

Dans l'indifférence syndicale quasi-générale, hormis certains syndicats de l'UNSA, les personnels ouvriers et de service, ainsi que certains collègues administratifs qui géraient ceux-ci, ont été, malgré leur opposition, mis à disposition, de manière autoritaire, auprès des collectivités territoriales par Raffarin. On ne peut donc déjà plus parler de "gestion nationale" pour eux. D'ores et déjà, l'égalité de traitement n'est évidemment plus garantie, chaque collectivité gérant comme elle l'entend : régime indemnitaire différents entre chaque département ou Région, plus de mutation entre établissements secondaires (collège vers lycée, ou inversement), menaces sur l'affiliation à la MGEN, exclusion du régime de retraite de l'État vers la Caisse Nationale de Retraite des Agents des Collectivités Locales, possibilité de perdre son emploi, etc.

Je tenais à apporter cette précision qui illustre bien les dangers de la dévolution de pouvoirs renforcés aux Collectivités Territoriales. Et certains, dans une Région Bretagne aux mains d'une coalition PS/UDB, poussent très fort dans ce sens...

Bien cordialement vôtre,

Christian SAUQUET Secrétaire Administratif d'Administration Scolaire et Universitaire, faisant fonction de Bibliothécaire

7.2 - Il faut des perspectives républicaines

Je lis avec grand plaisir vos chroniques si informées et qui ont une grande cohérence théorique.

Après le retour de Chevènement dans la maison mère, le projet républicain n'a plus de candidat identifié ni, surtout, un appareil ou un parti qui en soit le porte-voix. Ne pensez vous pas qu'il serait temps de lancer une grande association nationale qui soit un appareil qui puisse porter au grand public ce socle ou cette matrice républicaine que vous illustrez si bien mais qui reste encore trop limité à des cercles ou à quelques individualités républicaines ? Cordialement,

Jean François Rémond professeur de philosophie, Saint-Omer (62).

7.3 - Etes-vous des idiots manipulés ?

Je viens de lire dans la dernière Livraison de Respublica dans ma boite mail quelques énormités qui m'ont fait bondir.

Certains prennent prétexte de ce que Ségolène Royal a attelé des éléphants à son char pour feindre de croire qu'elle se subordonne à eux, et annoncer qu'ils ne veulent plus voter Royal.

C'est une attitude de type gauchiste négatif, qui risque de nous condamner à la démocratie chrétienne de Bayrou, au moins grave, ou au communautaro-fascisme de Sarkozy, au pire, si l'on ne craint pas le néo pétainisme de Le Pen.

Ceux qui prennent ces positions sont-ils des idiots manipulés, ou des taupes de la droite cléricale?

Une chose est de défendre une position laïque et républicaine intransigeante, une autre est de ne pas savoir serrer les rangs face au danger.

Il y a danger.

Je souhaite que ma réaction soit publiée.

Olivier ADDA

8 - Erratum

8.1 - Mélange de 2 articles dans le Respublica 515

Dans le dernier numéro de Respublica, un problème technique nous a fait lier l'article signé Jean-Louis Larraux, sur la " précision de la Libre Pensée de Charentes-Maritimes ", et le papier suivant, intitulé " Quand " xénophobie " désigne l'hostilité au fondamentalisme musulman ", signé Bernard Schalscha.

Tous nos regrets aux auteurs des deux articles, et si vous souhaitez bien lire ces deux articles séparés, vous pouvez aller sur notre site www.gaucherepublicaine.org, et consulter le numéro 515.

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