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  1. chronique d'Evariste
    1. Charlie relaxé, Mina menacée !, par Évariste
  2. Les laïques sur le terrain
    1. 10 avril à Marseille : " LA LAÏCITE EN DANGER ! ", par Philippe Isnard, Brigitte Bré Bayle
    2. Interview de Robert Albarèdes, porte-parole de " Laïques en Réseau ", par ReSPUBLICA
    3. Lettre à Monsieur le Président de la CCI de Limoges et de la Haute Vienne, par Mireille Popelin
    4. Mosquée intégriste de Champ-sur-Marne: lettre à Claude Guéant, directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur, par M.-J. L.
  3. Elections présidentielles 2007
    1. Présidentielles : refusons les machines à voter, par Pierre Cassen
    2. Bagnolet : demande de moratoire sur les machines à voter, par Hélène Zanier
    3. A Aubervilliers, monumentale gifle des communistes à Mouloud Aounit !, par Benjamin Perret
    4. A défaut d'un vote Ségolène, plutôt Buffet que Bayrou ?, par Katia Venco
    5. Silence, on tourne, par Tony Andréani
  4. combat féministe
    1. Ghofrane Haddaoui, Sohane Benziane, Sherazade Belayni, celles qu'on n'a pas le droit d'oublier., par Brigitte Bré Bayle
  5. débats laïques
    1. En cuissardes, en jupe, en décolleté ou en capuche, oui, un autre hidjab est possible !, par Jocelyn Bézecourt
  6. combat social
    1. Lettre de Denis Robert à François Hollande, par Denis Robert
    2. "Arkema" l'heur !, par Mireille Popelin
    3. L'ANPE EST EN DANGER, NOTRE AVENIR EST EN CAUSE, par Cécilia Gabizon
  7. International
    1. Appel solennel pour le respect de la démocratie et de l'état de droit au Congo., par Herman MBonyo Lihumba
  8. A lire
    1. Contre le communautarisme " de Julien Landfried, un livre symbole de la vivacité du républicanisme civique, par Jean-Pierre Chevènement
    2. Relisez les livres de Jean-Claude Michéa, par Raynal Mathieu
  9. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Charlie relaxé, Mina menacée !

Ne boudons pas notre plaisir, Charlie Hebdo est relaxé, les plaignants, Boubakeur, UOIF et Ligue Islamiste Mondiale ont été déboutés, et c'est là l'essentiel ! Malgré quelques ambiguïtés dans le jugement émis par le président du tribunal, Jean-Claude Magendie, qui dilue le droit de critiquer les religions en disant que certains dessins visaient les extrémistes, et pas la religion, les faits sont là. En France, malgré les pressions de tous les intégristes, malgré les députés UMP Roubaud et Raoult, malgré la direction du Mrap et son ineffable président, le blasphème n'est toujours pas un délit. Autrement dit, il faut en user sans modération, et continuer, sous toutes les formes, à critiquer librement tous les dogmes, donc toutes les religions, sans exception, donc l'islam, qui est aujourd'hui la plus offensive contre la laïcité.

La pitoyable prestation du dessinateur du " Monde ", Plantu, demandant un moratoire sur le blasphème (ah ! la mauvaise conscience des cathos de gauche !), n'aura donc pas aidé les ennemis de la liberté, même quand ils sont soutenus par l'idiot utile de service du grand quotidien de la bien-pensance.

Mais ces mêmes liberticides n'abdiquent pas. A peine le verdict émis, l'UOIF annonce sa volonté de faire appel, et donc de continuer la guerre juridique que les obscurantistes ont entrepris contre la liberté de la presse. Les choses sont claires, pour qui avait des doutes, les islamistes ont entrepris une véritable guerre contre la liberté d'expression, et entendent intimider, en France, en Europe et dans le monde, tous ceux qui n'entendent pas se soumettre à leurs interdits.

En septembre 2005, les laïques et les féministes recevaient, à Paris, deux militantes exceptionnelles, Homa Arjomand et Mina Ahadi. Toutes deux sont d'origine iranienne, l'une venait du Canada, et l'autre d'Allemagne. Le thème de leur voyage était de s'opposer à l'ouverture de tribunaux religieux au Canada, notamment dans l'Ontario, pour pallier les déficiences des tribunaux devant juger les conflits familiaux, comme l'héritage ou le divorce.

Une manifestation avait eu lieu devant l'ambassade du Canada, à Paris, et notre collaborateur Bernard Teper avait été reçu par les autorités canadiennes, en compagnie de l'organisatrice, Michèle Vianès, présidente de " Regards de Femmes ", Fadela Amara, présidente de Ni Putes Ni Soumises, et Azar Majedi, militante d'origine iranienne réfugiée à Londres.

Pendant ce temps, notre collaborateur Pierre Cassen animait, sur la place, un meeting de soutien unitaire à la démarche des femmes canadiennes.

Trois semaines plus tard, notre collaboratrice Jocelyne Clarke avait organisé, sur Paris, la venue de la militante féministe Homa Arjomand, accompagnée de Mina Ahadi. Lors d'une conférence de presse, tenue dans le lieu symbolique du " Jaurès ", puis dans les locaux de l'association laïque " Africa ", animée par une militante laïque exceptionnelle, Mimouna Hadjam.

C'est à cette occasion que nous avons entendu Mina nous raconter son histoire. Née en Iran en 1956, elle se voit exclue de l'université de Téhéran où elle étudiait la médecine aux premiers jours de la révolution islamique, parce qu'elle refuse de porter le tchador. Son mari résistant est tué par le régime. Communiste, elle rejoint les rangs des Kurdes au nord du pays, avant de fuir vers l'Autriche puis l'Allemagne, d'où elle poursuit son combat contre l'extrémisme islamique. En 2000, elle crée un comité contre les lapidations, et organise une campagne contre les crimes d'honneur en 2006. Depuis, cette militante discrète, mais à la volonté de fer, a été à l'origine, en Allemagne, d'une démarche de cent quarante femmes qui ont décidé, publiquement de répudier la religion musulmane, se déclarant athée. Selon la lecture la plus intégriste du Coran, cet acte doit être puni de mort.

Aujourd'hui, notre amie Mina est menacée de mort par les islamistes, et vit sous haute protection policière vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Faut-il rappeler que Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, a capitulé en rase campagne, face aux islamistes, quand, en France, à l'occasion du lancement du Conseil Français du Culte Musulman, il a accepté, sous leur pression, de retirer le droit d'apostat qui était prévu dans la charte. Recul inqualifiable d'un ministre devant l'obscurantisme et le totalitarisme islamique, et trahison pour la défense de la liberté de conscience ! D'autre part, en Allemagne, on apprend cette incroyable information. Une juge vient de refuser d'accorder le divorce à une femme d'origine marocaine, régulièrement battue par son mari, sous prétexte que le Coran n'interdit pas ces traitements !

Faut-il rappeler qu'à l'initiative de " Regards de Femmes ", présidée par notre amie Michèle Vianès, le sympathique imam Bouziane, par ailleurs bigame et père de deux fois huit enfants, qui justifiait le fait de frapper sa femme au nom du Coran, a été condamné par la justice française, après un premier jugement stupéfiant, dans la lignée du verdict de la juge allemande.

Ces faits sont extrêmement graves. Pourtant, ces graves attaques contre nos libertés, contre les femmes, contre la laïcité dont ignorées par l'ensemble des candidats de gauche, et instrumentalisées par l'extrême droite.

La plupart des partis et organisations de gauche se taisent. Souvent, l'extrême gauche, Lutte ouvrière exceptée, montre une complaisance criminelle vis-à-vis de l'islamisme. Respublica se voit régulièrement insulté par quelques sites groupusculaires qui confondent volontairement lutte contre l'intégrisme et racisme, dans la lignée des deux organisations antiracistes dégénérées que sont le Mrap et la LDH.

Comment ne pas avoir une pensée pour cette femme, Samira Bari, victime d'un mariage forcé, qui, en 2003, a été sauvagement énuclée par son mari, qui ne supportait plus que son épouse ait un travail et puisse regarder d'autres hommes, et qui l'a ainsi punie symboliquement. Cette jeune femme, aujourd'hui aveugle à jamais, a souffert un martyr rarement atteint par un humain, et a amené un témoignage bouleversant, au tribunal de Nîmes, sur le sort que subissent ces milliers de femmes victimes de l'obscurantisme machiste de la religion musulmane.

Disant cela, il ne s'agit pas de nier que les cinquante femmes qui meurent sous les coups de leur conjoint, en France, tous les ans, ne sont pas le fait de la religion musulmane, loin s'en faut, et que les victimes sont issues de tous les milieux. Il faut simplement regarder les choses en face, depuis les années 1990, et l'arrivée massive des islamistes dans les quartiers, la condition des femmes est fortement dégradée.

A une époque où même la Grande-Bretagne, (dont certains dirigeants, comme l'ineffable maire de Londres, Ken Livingtone, avaient critiqué la loi française contre les signes religieux, la qualifiant, comme tous les islamogauchistes, de raciste), envisage d'interdire, à son tour, le voile islamiste dans ses écoles, il serait temps qu'une véritable réflexion voit le jour sur la nature de l'offensive islamiste, en France et dans toute l'Europe.

Elle s'organise par l'intimidation. Assassinat de Theo Van Gogh en Hollande, Menaces de mort qui ont pesé sur Aayan Hirsi Ali pendant des années, Mohamed Sifaoui sous haute protection policière depuis quatre ans, Robert Redeker traqué pendant quatre mois, et pour qui la vie ne sera plus jamais comme avant, Charlie Hebdo harcelé juridiquement, cela doit ouvrir les yeux de ceux qui demeurent aveugles.

Elle s'organise par les pressions contre la République et la laïcité. Deux des organisations du Conseil Français du Culte Musulman sur trois ont poursuivi Charlie Hebdo, et que la principale fasse encore appel, après avoir menacé la République d'une épreuve de force contre la loi sur les signes religieux à l'école. Faut-il considérer ces fascistes comme des interlocuteurs de la République, ou bien dissoudre le Conseil Français du Culte Musulman ? Les revendications communautaristes, les demandes de viande halal à l'école, les pressions contre les jeunes de culture arabo-musulmane qui mangent du porc, ou refusent de faire le ramadan, sont préoccupantes, et insupportables.

Elle s'organise par le marquage du territoire. Il suffit de voir la profusion de voiles islamistes dans certains quartiers, voire parfois de voiles intégrales, appelées les tenues de Belphégor. La multiplication de demandes de constructions de mosquées, souvent financées de manière délictuelle par les finances publiques, ne devrait-il pas ouvrir de vrais débats ? Là où ces mosquées se construisent, ne voit-on pas, quelque temps après, une profusion de femmes voilées et de djellabah ? Que dire de nouvelles demandes, comme à Decines, de constructions d'écoles privées musulmanes ? Est-ce vraiment cela, l'intégration républicaine ? Pourtant, la musulmane pratiquante Hanina Cherifi, médiatrice de l'Education nationale en 2004, et bien d'autres, disent qu'elles n'ont pas besoin de mosquées pour prier, et que la religion demeure une affaire intime. Bien évidemment, l'Eglise protestante réclame, à son tour, sous la pression des Evangélistes, la construction de temples. Demain, les bouddhistes, les témoins de Jéhovah, les Hindouistes, les scientologues ?

Est-ce à une époque où le nombre de croyants recule (lire article de Robert Albarèdes, Respublica 521), que l'on va se mettre, sous la pression de l'islam, à marquer l'espace public de la construction d'Eglises de toutes sortes, au nom de la conception anglo-saxonne de l'égalité des religions ?

Ne comptons surtout pas sur l'Union européenne, qui vient de fêter tout le week-end les cinquante ans du traité de Rome, pour aider les laïques et les féministes dans leur lutte contre l'obscurantisme. L'Eglise catholique y exerce un lobbying efficace, aidé par le poids de la démocratie chrétienne.

Ne comptons pas sur les candidats à la présidentielle, dont les principaux candidats ont accouru, en envoyant leurs représentants, tandis que Bayrou s'y rendait en personne, à la convocation de l'Union des Associations Musulmanes du 93, pour quémander les supposées voix musulmanes, tout en sachant que cette association liberticide milite activement pour réintroduire le délit de blasphème en France.

Ne comptons que sur les vrais républicains et les vrais laïques, pour mener la bataille des Lumières contre l'obscurantisme, la bataille de la Liberté contre l'oppression, la bataille de la laïcité contre le cléricalisme.

Et tout notre soutien à Mina, à Mohamed, à Robert, à Aayan, à Azar, à Maryam, et à tous les autres.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Les laïques sur le terrain

2.1 - 10 avril à Marseille : " LA LAÏCITE EN DANGER ! "

à partir de 17h 30 au théâtre Toursky, 22 av E. Vailland, Marseille 3e.

"LA LAÏCITE EN DANGER !"

Université Populaire Laïque du théâtre Toursky,

avec son directeur Richard Martin, LAÏQUES & UFAL, Les Rencontres de la Cité, et Laïques en Réseau avec la participation :

Collectif 13 Droits des Femmes, Forum Femmes Méditerranée, Planning Familial 13, Observatoire de la laïcité du pays d'Aix (OLPA), DDEN 13, MRAP 13, SOS Viol, Mouvement Jeunes Femmes, PRS (Pour la République Sociale), FDGLP des BdR (Fédération Départementale des Groupes de Libres-Penseurs des Bouches-du-Rhône), Union Rationaliste, ADLPF (Association des Libres Penseurs de France), NPNS, Laïcité & Libre Pensée, Europe & Laïcité Midi, La Libre Pensée 13 / Section de Marseille de la Libre Pensée

17 h 30 - Accueil : musique, animation, stands des associations féministes et laïques

19 h - Interventions en Tribune :

20 h - échanges avec les associations engagées dans l'initiative et débat public. Présidence et modération : Brigitte Bré-Bayle, Raymond Mallet, Richard Martin, Robert Albarèdes

A partir de 22 h : possibilité de dîner (15 E)

- Réservation Obligatoire : 06 19 58 40 84 & 06 25 04 94 22

Philippe Isnard LAIQUES 44, av. E. Herriot 13200 Arles
www.laicite.biz - tél. 06 19 58 40 84
laiques3(a)yahoo.fr (pas d'arobaze contre les spams)
Ecrire directement : laicite.free.fr/formulaire.html

Brigitte Bré Bayle

2.2 - Interview de Robert Albarèdes, porte-parole de " Laïques en Réseau "

Respublica : Tu as lancé " Laïques en Réseau " depuis un an. Qui es-tu, pourquoi cette initiative, et quels sont les premiers résultats ?

Robert Albarèdes : Tout est parti de " l'affaire des caricatures " et de la colère de " forumeurs " indépendants qui intervenaient sur le forum de " Marianne ", prêts à relever le défi de l'obscurantisme et de l'intégrisme religieux... et qui ont décidé de s'organiser librement, ,à l'initiative de Laurence Vuillemot et de la mienne, dans un " Comité pour la Laïcité et la Démocratie " (Cplaid) tout en mettant en ligne une pétition " Pour une laïcité pleine et entière " et en s'adressant à toutes les associations traditionnelles de " défense de la laïcité " ...Il faut reconnaître ici que seule l'UFAL a réagi positivement à cette sollicitation, mais la démarche a permis de vérifier que dans notre pays il y a une " foultitude " de structures locales et régionales qui , dans l'ombre le plus souvent mais avec constance et énergie, mènent chaque jour ce combat nécessaire pour maintenir et conforter le socle laïque de notre République . L'idée a donc surgi de les relier, de tisser - entre tous ceux qui portent en eux la volonté de faire respecter la laïcité institutionnalisée par la loi de 1905 et inscrite dans la Constitution- un réseau qui leur permettrait d'échanger, d'agir ensemble, de donner à leur action une dimension nationale, chacun restant autonome par ailleurs et comptable de ses propres initiatives. On peut dire, aujourd'hui, qu' une grosse trentaine de comités de défense de la laïcité et d'associations axées sur cette question fonctionnent de conserve pour un certain nombre d'initiatives dont la plus importante est le questionnaire d'interpellation des candidats à la présidentielle ( ce sera ensuite le tour des candidats aux législatives et aux municipales) pour les faire s'exprimer sans détours sur leur volonté de maintenir vivants les principes fondateurs de la loi de 1905 et de garantir la pérennité du socle laïque de notre République . En même temps, " Les Laïques en Réseau " ont participé à de nombreuses actions " de terrain " , de Ploërmel et à Lyon notamment (avec l'association " Regards de femmes ") , ont été dans les premiers signataires de la Conférence Internationale Laïque des 11 et 12 février dernier, se sont engagés dans une série de rencontres-débats (seuls ou en liaison avec des associations locales) sur le thème de la défense de la laïcité et de l'interpellation des candidats aux élections : citons ici Villeurbanne (69), Saint Jean de Védas(34), Marmande (47), Belley (01), Prades (66) ...demain Marseille et Parthenay (79) ! Parallèlement, le Cplaid a ouvert un site : www.liberte-egalite-laicite.fr ou www.laic.fr destiné à proposer toutes les analyses et productions écrites du Réseau ( et autres...) , à annoncer toutes les initiatives et à en assurer le suivi, à faciliter les échanges par l'adjonction d'un forum accessible à tous et l'envoi d'une Lettre électronique hebdomadaire à laquelle chacun peut " s'abonner " par simple " clic " sur le site ... " Les laïques en Réseau " font leur chemin " en marchant " et tous ceux qui veulent , en tant que structures autonomes, participer à la démarche sont les bienvenus. L'action développée ici est de celles qui permettront la constitution du " bouclier laïque " indispensable si l'on veut protéger le mode d'organisation et de fonctionnement laïque de notre société de tous les dangers qui le menacent : les lecteurs de " Respublica " le savent bien... Mais cette action est , aussi, une action offensive de reconquête de " l'espace laïque " perdu et de confortement de ce socle indivisible, laïque, démocratique et social sur lequel repose notre République .

Respublica : Tu es à l'initiative, avec Raymond Mallet (interviewé dans Respublica 520) et notre collaboratrice Brigitte Bré Bayle, d'une grande initiative laïque, à Marseille, le mardi 10 avril, au théâtre du Toursky. Peux-tu nous en dire davantage, et qu'attends-tu des intervenants ?

Robert Albarèdes : Il s'agit de frapper " un grand coup " : l'objectif est ambitieux, mais à la mesure des dangers qui guettent la laïcité élaborée par notre Histoire, et parce qu'il faut faire entendre, enfin, la voix puissante de " la majorité invisible " des citoyens attachés au socle laïque de notre République ... Autour des associations initiatrices - " Rencontres de la Cité, " Laïques et Ufal ", " Laïques en Réseau "- , une quinzaine d'autres associations marseillaises (qui ont au coeur la défense de la laïcité et qui portent aussi le combat de l'émancipation féminine) se sont regroupées (d'autres viendront, sans doute) pour assurer le succès de ce qui est une initiative originale (on peut regretter d'ailleurs qu'aucune autre semblable n'ait eu lieu dans d'autres grandes villes...) pour mettre au centre du débat " citoyen " la question de la laïcité et tirer un coup de semonce à l'adresse de tous ceux qui prétendent aux fonctions électives ... Dans le contexte particulier de " l'Université Populaire du Toursky ", on écoutera des textes de Jean Jaurès dits par le directeur du théâtre Richard Martin ; on entendra Pierre Cassen, Michèle Vianès et Henri Pena-Ruiz expliciter ce qu'est le mode d'organisation et de fonctionnement laïque de notre société et montrer en quoi et comment il est mis en cause alors qu'il est porteur d'universalité ; on débattra librement avec les associations engagées dans le projet et entre citoyens libres et motivés ...avant de s'engager, ensemble, dans le nouveau " combat laïque " de brûlante actualité . Il faut remercier ici le directeur du " Toursky ", Richard Martin, pour la mise à disposition de ce lieu de culture et de fermentation de la pensée, pour son engagement et sa participation, et se réjouir de l'implication totale et efficace de toute son équipe dans la préparation de la manifestation.

Respublica : Tu souhaites qu'à l'issue de cette réunion soit lancé un " Appel du Toursky ". Quel serait le sens et le contenu de cet appel ?

Robert Albarèdes : réflexion, analyse, discussion...oui, mais aussi action ! Car des discours prononcés, des textes lus, des débats noués doit naître une offensive : celle de tous ceux qui veulent faire respecter et conforter encore l'organisation et le fonctionnement laïques de notre société...D'où le recours à cet appel conclusif qui doit interpeller à haute et intelligible voix toutes celles et tous ceux qui prétendent à un quelconque mandat électoral...Et une interpellation vigoureuse et précise qui impose des réponses précises et sans ambiguïtés, des réponses sans " euh " d'hésitation, sans " mais " de concession... : la laïcité institutionnalisée par la loi de 1905 , inscrite dans notre Constitution ne s'accommode pas de la dilapidation de l'argent public dans la construction de lieux de culte ou le soutien à un quelconque enseignement confessionnel ; ne supporte pas la moindre atteinte à la liberté de conscience et à la liberté d'expression (qui en est le corollaire) ; ne peut tolérer qu'une loi particulière (religieuse, coutumière, corporatiste , consumériste ou émanant d'un quelconque groupe...) s'impose à la loi générale débattue et votée par tous ; n'admet pas la moindre dérive communautariste et la moindre atteinte à l'égalité en droits de l'homme et de la femme...Et cet engagement doit être celui de tous ceux qui briguent les faveurs du suffrage universel ! Nous voulons leur rappeler cela, comme nous voulons leur rappeler que nous ne voulons pas qu'ils diluent cet engagement dans une construction politique européenne qui mettrait à mal " la laïcité à la française "...Mais cet engagement est, aussi et surtout, celui de chacun d'entre nous , de chacune de nos associations de défense de la laïcité, en dehors de tout repliement sectaire, en dehors de tout pré-carré traditionnel, en dehors de tout rejet aujourd'hui dangereux : " Quand les blés sont sous l'orage, fou qui fait le délicat "...la parole d'Aragon est toujours aussi vraie .

Respublica : Au-delà de cette initiative, comment vois-tu la suite du combat laïque, dans la région Paca ?

Robert Albarèdes : La rencontre du " Toursky " est, pour ses organisateurs, un point de départ ...Déjà, le théâtre a imaginé " une Fête de la Laïcité " fixée au 2 juin prochain...Mais il faut faire plus : dès le lendemain du 10 /04, les associations engagées devront se rencontrer et préparer, sur l'aire marseillaise, la construction et l'émergence d'une sorte d'Observatoire de la laïcité auquel trois missions pourraient être confiées. D'abord une action d'observation doublée d'une dimension juridique et institutionnelle permettant de " traquer " les atteintes au principe de laïcité et d'oeuvrer en conséquence... Ensuite, une action de sensibilisation, d'explication, une action pédagogique autour de la notion de " laïcité " , action à mener dans les quartiers, les lieux d'éducation, auprès des citoyens dans leur ensemble... Enfin, une action d'intervention dans le champ du " politique " de manière à obliger les responsables politiques à prendre en compte " le besoin " de laïcité, de façon à être prêt à réagir de manière " massive " à toute initiative de toilettage de la loi de 1905 ou à tout texte prétendant construire la laïcité du XXIème siècle... Et si tout cela pouvait prendre forme après le succès de la manifestation du 10 avril, alors nous, les initiateurs, aurions atteint totalement notre but...Et si, de plus, d'autres villes de France pouvaient dupliquer l'initiative, alors je crois que " notre socle laïque et républicain " y gagnerait " en espérance de vie ".

ReSPUBLICA

2.3 - Lettre à Monsieur le Président de la CCI de Limoges et de la Haute Vienne

Monsieur le Président,

Nous sommes ébahis : Limoges est-elle toujours une ville de France ?

Si Limoges est toujours une ville française, comment expliquer le recrutement de représentants de quatre religions à la Chambre de Commerce de cette ville ?

Cela signifie-t-il qu'une expertise " religieuse " est maintenant nécessaire dans tous les domaines, et que, sans que les citoyens en soient avertis, la loi religieuse est supérieure à la loi des hommes ? et que nous sommes, sans le savoir, revenus plusieurs siècles en arrière ?

Or, nous avons une Constitution, nos lois sont élaborées par les hommes et non par les dieux, nous avons la Ve République, qui est LAIQUE et toutes ses institutions, dont la CCI, doivent l'être et le rester.

La CCI, qui a un statut d'établissement public administratif, doit donc respecter les lois de la République.

Mireille Popelin, Membre de la rédaction de Respublica

Quelques adresses :

Monsieur Jean-Pierre LIMOUSIN, Président de la CCI de Limoges, et de la Haute Vienne, 16 place Jourdan, B. P. 403, 87011 Limoges cedex

Monsieur Jean-Paul DENANOT, Président de la Région Limousin, 27 Boulevard de la Corderie, 87031 Limoges Cedex

Monsieur Michel CARDOT, Préfet de la Haute Vienne, 1 rue de la Préfecture, BP 87031, 87031 LIMOGES CEDEX

Madame Marie-Françoise PEROL-DUMONT Présidente du Conseil Général, De la Haute Vienne, 43, av. de la Libération, 87031 LIMOGES CEDEX

Monsieur Alain RODET, Député Maire, De la Ville de Limoges, Direction du Cabinet, 87031 LIMOGES CEDEX

Mireille Popelin

2.4 - Mosquée intégriste de Champ-sur-Marne: lettre à Claude Guéant, directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur

Monsieur,

J'habite à Champs sur Marne dans un quartier piétonnier où vit dans une paisible harmonie et bonne intelligence une population multicolore et multiconfessionnelle, population composée essentiellement de cadres moyens, travaillant à Paris et pour la plupart (environ 77% propriétaires de leur logement).

Durant les émeutes du mois de Novembre 2005, rien ne s'est produit dans notre quartier.

Depuis le 23 Février 2007, une mosquée salafiste clandestine s'est installée au pied de nos immeubles dans un local à but exclusivement professionnel ou commercial (comme le stipule notre règlement de copropriété) cf. articles de presse des journaux suivants :

Et émission télévisée de FR3 du 24 Février 2007, édition régionale Paris Ile de France 19/20.

Notre maire, Madame Maud TALLET a demandé la fermeture administrative de ce local, après enquête (violation du Code de l'Urbanisme) et devant l'inquiétude de ses administrés.

Or à ce jour ce local , sous le coup d'une fermeture administrative, reste toujours ouvert et accueille hommes barbus et vêtus de khamis , femmes voilées et enfants voilées pour les petites filles et khamis pour les petits garçons. Toutes ces personnes sont étrangères à notre ville.

Plusieurs questions sans réponses circulent :

Ma déception est d'autant plus grande puisque Mr SARKOZY a créé le CFCM et semblait sensible aux problématiques communautaires.

Voila donc une situation bien compliquée et pourtant bien simple :

Il suffirait d'un seul mot du Ministre de l'Intérieur pour faire cesser cette situation invraisemblable.

Mon intervention auprès de vous est symptomatique d'une anxiété grandissante dans mon quartier mais je suis une simple française qui aime avant tout la démocratie et la laïcité et qui croit aux valeurs de notre République.

Je souhaiterais que M. SARKOZY se saisisse de cette question et réponde publiquement au peuple français ce qu'il entend faire pour éradiquer la menace islamiste qui se propage dans nos banlieues. Les mineurs délinquants sont ils plus dangereux que les salafistes ? J'en doute...

J'ai posé cette même question via Internet et je n'ai obtenu aucune réponse de son QG de Campagne.

Veuillez recevoir, Monsieur GUEANT, l'assurance de ma parfaite considération.

M.-J. L.

3 - Elections présidentielles 2007

3.1 - Présidentielles : refusons les machines à voter

On n'arrête plus le progrès. Des municipalités, notamment dans les Hauts-de-Seine, à Amiens, Brest, le Havre, Reims, Le Mans, Mulhouse, etc., ont décidé de s'équiper de machines à voter automatiques. Sans doute fasciné par George Bush, le ministre de l'Intérieur n'a rien trouvé à redire, se disant que ce qui a marché pour son idole aux Etats-Unis pourrait se révéler gagnant pour lui aussi, lors de la prochaine présidentielle.

Plus de un million d'électeurs sont concernés, soit près de 3 % du corps électoral.

Les arguments avancés sont peu convaincants. Certains élus parlent de nécessaire modernité, d'autres évoquent les coûts d'une élection, argumentant qu'il faut payer le personnel municipal en heures supplémentaires quand personne ne veut dépouiller.

Notons que cette nouveauté n'a fait l'objet d'aucun vote au Parlement. Quelques informaticiens ont fait des démonstrations plutôt inquiétantes sur les possibilités de pirater ces machines.

A juste titre, des pétitionnaires s'émeuvent de cette situation, et lancent une pétition, sur cet excellent site.

Au-delà de ces légitimes inquiétudes (la République peut-elle se fier à des sociétés privées pour garantir la régularité d'un scrutin ?), il serait judicieux de s'interroger sur la nouvelle déshumanisation qu'impliquent de tels choix.

La tenue d'un bureau de vote est toujours un grand moment de démocratie, de citoyenneté, mais aussi de convivialité, en France. Contrairement à d'autres pays, où on vote en semaine sur le lieu de travail, comme pour des élections prudhomales, on vote, en France, le dimanche, sur son lieu d'habitation. L'esprit civique est toujours suffisamment développé pour que des élus, ou de simples citoyens, membres d'un parti ou pas, consacrent leur journée dominicale à assurer la bonne tenue d'une élection.

A part quelques chamailleries dans des scrutins un peu chauds, cela se passe pratiquement toujours bien. L'électeur est content de présenter sa carte, de choisir plusieurs bulletins, une enveloppe, et de rentrer dans l'isoloir.

Ensuite, le rite de la signature sur les cahiers d'émargement, la main serrée à tous les assesseurs, l'urne transparente, le président qui appuie sur un bouton, l'enveloppe qui tombe, et le " A voté " énoncé à haute voix.

Puis le président cherche des personnes pour dépouiller le soir, et demande à chaque électeur s'il serait d'accord. Généralement, il trouve le nombre suffisant, dans tous les bureaux de vote. Les tables de quatre personnes. Les listes, la répartition des rôles. Celui qui ouvre les enveloppes, et pose les bulletins sur la table. Celui qui donne les noms, et les deux personnes qui notent, avec des traits verticaux, les scores des candidats.

Et puis le public, qui est autour des tables, et commente. Les vérifications quand il faut, puis la proclamation des résultats.

Parfois, un petit apéro, vite fait, à la fin du dépouillement, puis tout le monde qui se retrouve à la mairie. Ceux qui font la fête, ceux qui sont contents, ceux qui font la gueule, ceux qui s'en foutent, mais qui veulent voir ce qui se passe.

J'avoue que j'aime ces ambiances, et que je n'ai absolument pas envie de voir le papier disparaître, au profit d'une froide machine, dans laquelle j'introduirai une carte d'électeur électronique, sur laquelle j'appuie sur un bouton de couleur (gare à ceux qui ont la tremblote, ou qui sont daltoniens), sans rien d'autre. Je n'ai pas envie que le soir, à 20 heures, un cravaté appuie sur un bouton, et qu'on ait les résultats à 20 h 01. Je ne veux pas de ce type de progrès, que je trouve déshumanisant. Avec un tel système, plus de vote blanc avec un message. J'ai écrit, en 2002, sur un bulletin de vote, au deuxième tour : " Ni facho, ni escroc ". J'ai hésité jusqu'au dernier moment, mais je n'ai pas pu voter Chirac, et je savais que Le Pen n'avait aucune chance. Cela a été un plaisir d'écrire cela contre deux candidats que je détestais, et je réclame le maintien de ce droit. Avec l'ordinateur politiquement correct, terminé, juste le droit d'appuyer sur un bouton blanc, pas davantage.

Cela me rappelle, comme froides machines, les radars, massivement installés par Sarkozy. Je sais, mon ami Evariste se fait haïr par quelques lecteurs, avec qui il entretient des polémiques interminables, pour sa croisade contre ces engins. Je ne rentre pas dans ce débat. Simplement, que se passait-il auparavant ? D'abord, il n'y avait pas de permis à points, seulement des amendes. Vous faisiez un excès de vitesse, les pandores vous arrêtaient. Ils vous engueulaient, souvent vous dressaient un procès-verbal, parfois cela pouvait s'arranger à l'amiable, ils vous disaient qu'il ne fallait pas recommencer, et on s'en serrait cinq avant de se quitter. Il y avait du dialogue, de la relation humaine. Vous pouviez finir au tribunal, le président vous demandait de vous expliquer, il y avait un verdict teinté d'humain. Que se passe-t-il aujourd'hui ? Une froide machine vous flashe, vous recevez une lettre. On vous apprend que votre capital point va diminuer, et qu'il faut payer telle somme pour acquitter votre amende. Et puis, un jour, vous êtes convoqué pour rendre votre permis. Entre le moment où vous avez perdu votre premier point, et celui où vous avez perdu le dernier, aucun interlocuteur, que des machines et des lettres. C'est le même principe que les ordinateurs électoraux.

Des radars froids sur les routes qui peuvent se tromper (lire toutes les anecdotes sur le livre d'Airy Routier), des machines automatiques à voter qui peuvent se trafiquer ou se planter, et qui déshumaniseront le vote.

Est-ce être archaïque, contre le progrès, que de ne pas avoir envie de voter ainsi ? En tout cas, même les Américains, suite à de nombreuses contestations, notamment dans l'Ohio, reviennent de plus en plus au vote papier, et abandonnent petit à petit les machines.

Et si, pour une fois, il était judicieux de les imiter ?

Pierre Cassen

3.2 - Bagnolet : demande de moratoire sur les machines à voter

Monsieur le Maire,

En préambule, je tiens à réaffirmer que les Verts considèrent, sans ambiguïté, que les " Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication " peuvent constituer un apport à la démocratie lorsqu'elles favorisent l'information, la formation, la culture du débat et l'expression des citoyens.

Toutefois, concernant la mise en place des " machines à voter ", nous ne pouvons avoir la même opinion. En effet, depuis plusieurs mois, de nombreux experts se sont exprimés dans de nombreux articles pour attirer l'attention des citoyens et des élus sur les risques présentés par le vote électronique. Ils formulent des critiques scientifiquement fondées, apportent la preuve que ces machines peuvent être piratées facilement et les votes truqués. Leurs détracteurs sont toujours plus nombreux et le débat traverse toutes les formations politiques.

Il est à noter que de nombreuses villes qui devaient en acquérir y renoncent. L'Irlande qui en était dotée depuis des années fait " Machines arrière Toutes ! " en considérant que la fiabilité du vote ne peut pas être établie avec satisfaction... Québec maintient son moratoire ... La Hollande a connu des scandales...

La Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL) a estimé dans une délibération de juillet 2003 " que dans le cas d'une élection organisée par une collectivité publique, le code source des logiciels utilisés par le système de vote électronique devrait être accessible sans restriction, afin de permettre la réalisation de toutes les expertises nécessaires. "

La possibilité de recomptage par trace papier est mentionnée par le Conseil de l'Europe. La demande de trace papier figure dans les recommandations de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) sur l'usage des machines à voter.

À Bagnolet également, des citoyens inquiets nous interpellent et attendent des réponses.

Les critiques les plus fondamentales portent sur :

Ces critiques et ces preuves ne sont pas peu de choses. Nous savons que ces machines ont reçu un agrément du Ministère de l'Intérieur. Mais nous considérons, aujourd'hui, en responsabilité, que cet agrément ne peut avoir valeur de blanc-seing derrière lequel élus et agents administratifs se retrancheraient comme derrière un bouclier. Les preuves scientifiques qui se sont accumulées invalident et décrédibilisent ces machines.

Il est nécessaire de demander à l'État l'arrêt de leur homologation, le retrait de leur agrément.

En ce qui concerne notre ville, nous devons mettre en place un moratoire dans l'attente d'un débat public, d'un recomptage possible, d'une preuve pour l'électeur. Ces machines doivent devenir aussi transparentes que les urnes de la République.

Dans l'attente de votre réponse, je vous prie d'agréer, Monsieur le Maire, l'expression de mes meilleures salutations.

Hélène Zanier élue verte de Bagnolet

3.3 - A Aubervilliers, monumentale gifle des communistes à Mouloud Aounit !

Le Président du MRAP a instrumentalisé l'organisation qu'il préside en tentant d'utiliser, à travers sa fonction, une image forgée sur un positionnement de plus en plus communautariste. Surfant sur la confusion entre politique et association, il se voulait le champion de la représentation de la diversité au sein du système politique.

Mouloud Aounit prétendait se servir de son image d'antiraciste dans le cadre électoral en faisant acte de candidature, au sein du PC, pour un poste de député dans la circonscription d'Aubervilliers - La Courneuve.

Les piètres résultats que cette candidature a récoltés auprès des communistes eux-mêmes montrent à l'évidence que celle-ci est décrédibilisée. Le maire de La Courneuve emportant le suffrage avec 240 voix, tandis que Mériem Derkaoui, maire adjointe d'Aubervilliers récoltait 190 voix et Mouloud Aounit, " l'enfant d'Aubervilliers ", obtenait 20 suffrages sur sa candidature. Ainsi, sur sa propre zone géographique où il prétendait avoir des réseaux et une crédibilité spécifique, il est battu à plate couture, dans un rapport de 1 à 10, par une autre postulante, Mériem Derkaoui. Il n'est pas sans intérêt de rappeler les positions de Meriem Derkaoui extrêmement claires sur l'intégrisme, le droit des femmes et le voile.

Les communistes locaux ne se sont pas laissés abuser par les moulinets incantatoires du défenseur du voile des soeurs Lévy au lycée d'Aubervilliers et, par 10 contre un, ils lui ont préféré une femme dont le combat laïque pour la citoyenneté et contre le communautarisme est sans équivoque. Par ce vote, et bien que Mouloud Aounit prétende poser le problème des gens qui subissent le racisme, les communistes d'Aubervilliers ont montré l'importance qu'ils accordaient à une approche citoyenne de la société.

Aounit saura-t-il comprendre la leçon de la monumentale gifle qu'il vient de recevoir ? Cette gifle prouve que même du point de vue antiraciste, Mouloud Aounit n'est pas jugé être le meilleur représentant.

Comprendra-t-il qu'on ne peut pas tout confondre, l'associatif et le politique, le communautarisme et l'universalisme. Comprendra-t-il que la république française s'enracine dans la laïcité, ou restera-t-il sourd aux messages des électeurs du PCF local ?

On peut craindre que son ego surgonflé n'acceptera pas la réalité, et qu'après avoir laissé couler un peu d'eau sous les ponts, imbu de ce qu'il pense " incarner ", il poursuivra sa chasse au poste politique sur une base d'électoralisme communautariste. Il est à craindre qu'il se présente " au nom de la diversité " comme champion de la diversité face aux appareils politiques, leur reprochant de ne pas prendre en compte la réalité sociale du pays. Appuyé sur un discours typé indigène il s'arc-boutera dans une posture victimaire à laquelle pourront alors souscrire des soutiens qu'il lui suffira d'organiser en comité.

Il ne risque plus grand-chose (de toutes façons, le siège est perdu pour le PCF au profit du PS, avec 20% d'écart prévisibles) et il peut alors profiter de l'opportunité des élections pour devenir le porte-parole de ce qu'il considère être une " société civile mise au ban des partis " et que, bien sûr, lui-même incarnerait. Il se présenterait comme victime des réflexes des appareils devenus aveugles à la réalité de la composition sociologique du pays.

Occupant les medias comme champion de la diversité, son ego insatiable sera rassasié et il retournera ensuite au Mrap entretenir son image dans l'attente d'autres échéances électorales, comme un chien retourne à la niche ronger son os.

Benjamin Perret

3.4 - A défaut d'un vote Ségolène, plutôt Buffet que Bayrou ?

Il y a beau temps que je souhaite réagir ici et là aux propos tenus dans les pages de Respublica auquel je suis abonnée par un ami de longue date qui m'incite par ailleurs à m'imposer dans le débat sur l'école étant moi-même enseignante.

Je me décide enfin mais sur un autre terrain.

Je voulais réagir à l'incitation de Mélenchon: faute de voter Ségolène (est-elle encore de gauche comme elle s'en réclame?), votez M.-G. Buffet. Je lis dans cette incitation le non dit à savoir "plutôt que Bayrou", l'homme qui monte !

Et je voudrais simplement signaler que ce bel appel résonne en moi comme votez "utile" au finish (pardon pour l'anglicisme!). Car nul ne doute qu'en désespoir de cause et pour les législatives, qui - autre débat - sous la 5ème République sont les élections qui déterminent une politique et un gouvernement, M.-G. Buffet se ralliera malgré ses grandes envolades et se récriminations au camp des socialistes (je n'ose pas dire la gauche!) pour cette bataille-là. Il faut bien sauver ses strapontins!

Quelle lucidité et quel courage!

Camarades du PS et de tous bords, notamment ceux qui ont été aussi mes camarades dans la L.C.R. (je l'avoue, je m'en réclame toujours ! Vous savez au moins d'où je parle comme on dit si bien de nos jours!) il serait temps que vous vous posiez les bonnes questions. Comment se fait-il qu'un homme sans conteste de droite puisse aujourd'hui attirer des votes dévolus antérieurement à la "gauche"? Qu'est-ce qui fait que François Bayrou puisse paraître plus à gauche que la candidate du PS? Ne me dites pas que ce sont les mensonges. Un Sarko se réclamant de Jaurès ou de Blum ne dupe personne!

Cessez de vous voiler la face. Si le discours de Bayrou apparaît comme un discours plus républicain et plus social que celui du PS ce n'est pas parce que qu'il est de gauche mais bien parce que le PS défend une politique de droite, parfois plus réactionnaire que celle du porte parole de l'UDF!

Depuis la victoire du non au référendum, les partisans du oui, toutes tendances confondues, se gargarisent de leur défaite en expliquant que les partisans du non sont des gens qui n'ont rien compris.

Le PS fait de même depuis les élections de 2002. Et de nous dire qu'en votant pour les extrêmes (je savoure cette expression!) qui ont été -tout le monde en convient les assassins de Jospin!- nous avons été les artisans de la politique du pire! Outre le fait que les voix qui ont manqué à Jospin sont celles d'un certain Chevènement, voire d'une Taubira, aujourd'hui ralliés d'entrée à Ségolène (et non pas celles de Besancenot), je voudrais rappeler que les citoyens (c'est du moins ma conviction!) ne sont pas des imbéciles. En 2002, nous avions un président de droite élu à plus de 80% et pourtant le vote aux législatives n'a pas rectifié le tir, loin de là.

Les citoyens français sont-ils des idiots patentés? Obligés de voter Chirac ou de abstenir au 2ème tour des présidentielles face à un Le Pen en position d'être président, ils ont majoritairement fui les urnes ou voté pour la droite aux législatives. Après des années d'expérience de cohabitation qui avaient prouvé que, contrairement aux dires des antidémocrates de tous bords, nos institutions n'étaient pas bloquées, par un antagonisme Président-Assemblée Nationale!

J'ai la naïveté de croire que ceux qui ne sont pas allés voter socialiste aux législatives de 2002 avaient de la suite dans les idées. Ils avaient voulu sanctionner la politique de droite d'un gouvernement qui se disait socialiste et ils ont maintenu leur verdict (les accords de Barcelone, pour ne parler que de ceux-là n'étaient pas bien loin!).

Et j'ai la naïveté de croire que ceux qui disent dans les sondages vouloir voter Bayrou plutôt que Ségolène (ou même que Besancenot comme il l'avaient fait en 2002 au premier tour) ne sont pas des idiots mais des personnes qui tirent, à leur façon, la leçon du désastre de 2002.

Oui, ils ne veulent plus d'un F.N au premier tour et donc ils ne voteront pas pour l'extrême-gauche qui représente leurs idées mais n'a aucune chance d'être présente au 2ème tour. Oui, et c'est là la tragédie et la trahison de la "gauche institutionnelle", ils préfèrent voter pour un homme de droite qui leur apparaît donner des gages de recomposition plutôt que pour une représentante du PS qui développe par rapport à l'idéologie qu'elle défend (P.S. signifie "parti socialiste", vous en conviendrez!) une politique capitaliste - ou libérale, si les mots vous effraient- qui ne s'attaquera pas aux maux dont notre société et la planète souffrent.

Et, quitte à vous faire hurler, Monsieur Mélenchon, je n'ai pas d'arguments à leur opposer! Une coquille vide ne peut satisfaire personne, même si elle se nomme "parti socialiste"! Même si elle s'incarne pour la première fois, et en tant que femme je suis la première à la regretter, dans une candidate!

Et personnellement, même si je continue à penser que leur choix (voter Bayrou cette fois-ci plutôt que Besancenot au premier tour) est une erreur, je ne les traiterai pas d'imbéciles ou de réactionnaires. Je crois qu'ils sont tout simplement lucides et que ce sont eux, et pas les troupes (j'allais dire bêlantes[1]) des ténors du PS que je retrouverai à mes côtés demain dans la rue pour défendre nos droits.

Notes

[1] Sur le côté bêlant du P.S., je rappelle à tous ceux qui l'auraient oublié qu'au vu de la dureté de la mobilisation sur les retraites en 2003 nous avons vu DSK notamment, quand visiblement le mouvement était trop important pour que le PS soit muet rejoindre les rangs des manifestants et affirmer en public et à la télé que si le PS devait revenir aux affaires, il reviendrait aux 37,5 annuités pour tous. Si vous l'avez depuis le début de la campagne électorale entendu dire cela, faites-moi signe! Je renierai tout ce que je viens d'écrire !

Katia Venco Enseignante, syndiquée et militante SNES, militante LCR et comme beaucoup d'autres dans mon organisation résolument laïque et anti-communautariste.

3.5 - Silence, on tourne

Quand le tournage d'un film commence, on sait que tout dépendra de la qualité du scénario. Il en va de même pour une élection présidentielle : son déroulement et son résultat seront fonction de l'intelligence, de l'audace, de la vision de ses scénaristes, les candidats et leurs brain trusts. Or la réalisation de l'actuel film électoral s'annonce déjà médiocre. Pourquoi ? Parce que l'on préfère rester dans le flou sur les grands sujets qui décideront de notre avenir. Et c'est bien ce qui explique pourquoi les électeurs sont si hésitants, si désorientés, ou encore si sceptiques, alors que, vu de l'étranger, les Français apparaissent comme les gens les plus politisés du monde (en oubliant que de larges fractions de la population se sentent totalement hors du coup ou réfractaires au circus électoral). Or il y a au moins trois questions clés, sur lesquelles les " grands candidats " pratiquent l'élision ou l'allusion, soit parce qu'il y a des vérités que l'on préfère taire, soit parce l'embarras est profond. Les voici.

1 - Le système présidentiel à la française est une incroyable anomalie au regard des principes essentiels de la démocratie, et plus encore depuis l'instauration du quinquennat. Justement, le dernier quinquennat en a fourni l'illustration la plus caricaturale : un Président élu sur un malentendu qui a ignoré des désaveux populaires massifs, dans les urnes comme dans la rue (jusqu'au grotesque maintien/abandon du CPE). On a dit que les Français ont toujours eu besoin d'un sauveur et que c'est pourquoi ils sont attachés à une élection directe, où du moins chaque voix compte pour une voix. Le courage, pour un candidat à la présidentielle - puisqu'il faut encore en passer par là - serait de leur dire que ce qui avait encore un sens à l'époque où l'Etat était fort n'en a plus lorsque les pouvoirs réels sont largement passés aux mains des transnationales et des sociétés financières. Le courage serait de leur dire que la toute puissance d'un exécutif qui n'a plus de comptes à rendre à personne, hors échéance électorale majeure, est la source du malaise et du blocage politiques français. De leur annoncer un référendum sur les institutions dont on n'aura pas a priori réduit la portée à quelques réformes à visée limitée (qui ne feraient, dans le meilleur des cas, une VI° République que de nom), mais où l'on s'attaquerait aux grandes options. Gageons que le pays en serait réveillé dans ses profondeurs et que, à l'échéance, il aurait enfin le sentiment de prendre un nouveau départ.

Certes le retour à un système parlementaire, même contrebalancé par des pouvoirs présidentiels non négligeables, n'est pas la solution à tous nos maux. Sinon les 26 autres pays européens devraient se porter comme un charme. Alors que, eux aussi, même et surtout quand il s'agit de vieilles démocraties, connaissent ces partages 50/50 qui témoignent d'électorats instables, flottants, versatiles - et l'on évoque à ce propos l'émiettement des catégories sociales et la montée des réactions individualistes. Mais le fait est surtout que ces électorats sont sans boussole : comme ils ne sont pas éclairés sur les grands choix collectifs, il se replient sur leurs choix particuliers, voire sur leurs humeurs du moment, face à des machines électorales qui ne méritent plus le grand nom de partis. Et c'est là tout le problème. Encore faudrait-il, pour ce qui nous concerne, faire sauter le verrou d'un système politique à bout de souffle.

2 - Deuxième grand problème : la mondialisation. Tout le monde en parle, mais bien peu en analysent la logique d'ensemble, qui tient en peu de mots : la mise en concurrence généralisée des forces de travail, y compris désormais les plus qualifiées. Pour le libéralisme la chose est entendue : un pays comme le nôtre doit s'adapter en baissant les coûts de la main d'oeuvre et les impôts et en se recentrant sur les métiers les plus technologiques ou les plus sophistiqués. Mais qui ne voit qu'il n'y a aucune limite au moins-disant social, car la liste est longue des pays émergents qui entendent en tirer parti ; que rien ne garantit qu'ils s'adresseront à nous pour leurs commandes de produits de haute technologie et gonfleront ainsi nos exportations ; que ce sont eux qui de plus en plus nous dameront le pion dans nos secteurs réservés ? Qui ne voit que la conquête de parts de marché, même quand elle réussit, conduit à une guerre économique sans fin, où les plus ouverts (en l'occurrence l'Europe) seront en définitive perdants ? En réalité les seuls qui ont intérêt, égoïstement et à courte vue, à cette mondialisation là, ce sont les détenteurs de revenus financiers, auxquels peu importe la source et l'endroit du monde dont ils viennent.

Face aux conséquences de ce libéralisme-là, dont l'altermondialisme a quand même réussi à faire prendre un peu conscience, les remèdes proposés par nos " grands candidats " sont inexistants (on sait ce qu'il est advenu du patriotisme économique de Chirac/De Villepin) ou minimes. C'est dérisoire de soutenir que l'Europe, parlant d'une seule voix, pourrait imposer à la Chine la révision de son taux de change, n'en déplaise à M. Bayrou. C'est bien de taxer différemment les profits des entreprises qui investissent ou qui distribuent des dividendes (et quels dividendes !), c'est bien de retirer les aides publiques aux entreprises qui délocalisent et de conditionner leur attribution à l'engagement de ne pas licencier quand elles font des profits substantiels, mais cela ne fait que corriger à la marge un système qui reste piloté par de grands intérêts privés. Si plus personne n'ose plus défendre aujourd'hui le libre-échange intégral, si même l'OMC se propose, face au discrédit qui la frappe, de travailler en collaboration avec l'OIT, seuls quelques esprits lucides, à gauche comme à droite, soutiennent, sans se laisser impressionner par des bilans truqués, qu'il faudrait aller vers des formes de protection/coopération (taxations selon des normes sociales et environnementales, mais avec montants compensatoires pour apporter une véritable aide au développement, recentrage partiel sur les marchés intérieurs) qui seraient à l'avantage de tous. De cela on ne trouve guère de trace dans les discours de nos candidats, soit par volonté de complaire aux multinationales, soit par fatalisme (n'est-ce pas, M. Rocard ?), soit parce que tout cela est censé passer au-dessus de la tête de l'électeur moyen, qu'on croit seulement préoccupé (d'ailleurs à juste titre) par le niveau du Smic ou de sa petite retraite.

3 - Il y une autre raison à ce silence, et en fait un troisième silence, pendant que tourne le film. C'est que changer la donne en matière de libre-échange, c'est remettre en cause le fonctionnement et les orientations de la construction européenne. Cette Europe, le débat sur le Traité constitutionnel européen l'a bien montré, fonctionne un peu à la manière de notre malheureux système présidentiel : tout le pouvoir à l'exécutif, c'est-à-dire aux représentants (non mandatés) des exécutifs nationaux, eux-mêmes " capturés " par leurs hauts fonctionnaires, et à une Commission prise de vertige bureaucratique et " capturée " par les lobbies. Le plus étonnant est que tout le monde sait les tristes résultats de ce système : une Europe dont les citoyens se sentent exclus, une Europe qui ne dispose pas des outils égalisateurs qui sont ceux d'un Etat fédéral, une Europe qui n'a ni politique économique digne de ce nom, ni politiques industrielles, et finalement une Europe dont toutes les projections prévoient le déclin face à de grandes nations qui ne connaissent pas ces handicaps. Alors quid ? Un petit traité, concocté entre les exécutifs, pour améliorer la gouvernance ? Un nouveau traité, comportant notamment un protocole social ? Mais pourrait-il s'ajouter aux traités précédents sans les contredire ? Une Europe à deux cercles, sans rien toucher d'essentiel, que l'on sache, à l'architecture existante ? Voilà la France, qui a eu le courage de dire non, condamnée à être inaudible, ce que certains déplorent et dont bien d'autres se réjouissent. Et pourtant, on voit bien ce que nos " grands candidats " pourraient dire. Ne rêvons pas d'un fédéralisme pour lequel les temps ne sont certainement pas mûrs, ni par conséquent d'une " vraie " démocratie européenne. Commençons par revoir la répartition des compétences. Pour prendre un petit exemple ridicule, parmi des milliers d'autres : pourquoi l'Europe devrait-elle réglementer la tonalité des sirènes des pompiers et des ambulanciers, nous faire renoncer au pin-pon familier aux Français au profit de sirènes à modulation sinusoïdale à l'américaine (pour que des ambulanciers d'autres pays n'aient pas à changer cet équipement dans le cadre de l'ouverture des services à la concurrence ?). Plus sérieusement, il faudrait notamment que les services publics, à condition de s'entendre sur un certain périmètre, soient de la compétence de chaque pays européen, libre à lui d'opter pour le privé ou le public puis à tous de comparer les résultats (voilà ce que serait une saine concurrence !). Il faudrait ensuite régler le problème libre-échangiste de la concurrence sociale et fiscale cette fois entre pays européens, que l'on aille vers une harmonisation vers le haut, avec, en contrepartie, un considérable accroissement des fonds structurels pour permettre les rattrapages, ou, plus réalistiquement peut-être, que l'on aille vers des taxations ciblées accompagnées de montants compensatoires également ciblés. Il faudrait enfin rendre à chaque Parlement national la maîtrise de la politique européenne qui est celle de son pays. Ce qui nous ramène au point de départ, la démocratie interne.

Ce qui peut faire la force de conviction d'un discours politique, c'est de montrer que tout se tient et que l'on prend, courageusement et simplement, les choses à la racine. Hélas, hélas, on ne voit que chacun courir au plus pressé.

Tony Andréani Professeur émérite de sciences politiques à l'Université de Paris 8

Source : www.marianne2007.info

4 - combat féministe

4.1 - Ghofrane Haddaoui, Sohane Benziane, Sherazade Belayni, celles qu'on n'a pas le droit d'oublier.

10, 11, 12 et 13 avril 2007, ce sont les dates du procès des assassins de Ghofrane Haddaoui, à Aix-en-Provence. Comme Sohane, comme Sherazade et tant d'autres ici et ailleurs, Ghofrane était jeune, jolie et libre. Elle est morte pour avoir refusé les avances d'un garçon. Elle est morte quelques jours avant son mariage. Elle est morte sous les tortures atroces d'un lynchage organisé. Elle est morte victime de la barbarie d'une bande de tarés, criminels en herbe, capables des pires atrocités pour l'honneur ou la frime.

Ghofrane était une Française d'origine tunisienne, elle avait 23 ans. Elle fut retrouvée le 18 octobre 2004 dans un terrain vague des quartiers Nord de Marseille, le visage meurtri, la tête fracturée, la mâchoire et les dents cassées.

Ghofrane a été tuée à coup de pierres, cela s'appelle une lapidation.

En mars 2006, Jocelyne Clarke interviewait la mère de Ghofrane, pour la revue laïque et féministe de l'Ufal. Monia Haddaoui tenait alors ces propos : "l'hypothèse de lapidation est systématiquement repoussée depuis la mort de Ghofrane. Depuis la découverte du corps, les imams de la ville ont tenu une conférence pour décréter qu'il ne s'agissait pas de lapidation. La justice et les associations que j'ai contactées ont semblé alors redouter cette explication. Pourtant, ajoute Monia Haddaoui, Ghofrane a été lapidée, les preuves sont là".

En novembre 2004, une grande marche silencieuse organisée par l'association " Ni Putes, Ni Soumises " en hommage à Ghofrane rassemblait 2 000 personnes. Depuis, Monia Haddaoui se bat sur tous les fronts des luttes contre la barbarie et les violences faites aux femmes. Elle se bat pour que la justice reconnaisse la nature du crime dont a été victime sa fille et que l'accusation de lapidation soit retenue. Elle a publié un livre " Ils ont lapidé Ghofrane " et lance un appel à mobilisation pour le procès qui aura lieu à la cour d'assise des mineurs d'Aix en Provence. Un rassemblement devant cette cour d'assise est prévu le 13 avril à 18h.

" Je ferai mon deuil et je pleurerai lorsque l'on aura retrouvé tous les assassins de ma fille et lorsque j'aurai compris pourquoi et comment elle est morte ", déclarait Monia Haddaoui en novembre 2004. Plus de deux ans se sont écoulés et Monia peut enfin espérer connaître la vérité sur le martyre qu'à subit sa fille.

N'oublions pas Sherazade, n'oublions pas Sohane, n'oublions pas Ghofrane, ces jeunes filles brûlées, torturées, lapidées ne sont pas les victimes de faits divers mais les victimes de la vision intolérable d'une société qui admet la soumission des femmes par les hommes. Nous sommes dans un pays laïque et nos lois républicaines ne peuvent admettre qu'au nom de préceptes religieux ou de coutumes les hommes aient droit de vie ou de morts sur les femmes.

La lapidation de Ghofrane ne doit être oubliée ni des médias, ni des responsables politiques comme ce fut le cas pour les meurtres de Sohane et de Samira.

Ce procès pour Ghofrane doit mobiliser et faire avancer la justice de notre pays.

Brigitte Bré Bayle

5 - débats laïques

5.1 - En cuissardes, en jupe, en décolleté ou en capuche, oui, un autre hidjab est possible !

Thérèse d'Avila et Thérèse de Lisieux, pour être de saintes femmes, n'en étaient pas moins femmes. La première connut l'extase suprême, pénétrée par le dard bien en main d'un ange "petit et fort beau", et la seconde coucha ses fantasmes sur le papier, dont l'un ambitionne de "faire plaisir à Jésus, t'unir plus intimement à lui". En 1790, une collègue carmélite, aux pulsions similairement niées par un ascétisme mutilant, s'adressait au mythique Jésus comme à son "divin époux". Dans l'islam comme dans le christianisme, le prophète est aussi, et avant tout, un mec auquel la dévotion des femmes est la moindre des marques de soumission. Si certaines religieuses aiment à coasser dans un bénitier leur amour (conjugal ?) pour un mythe bimillénaire, les jeunes disciples de la concurrence, ancrées dans leur temps, trouvent d'autres moyens de plaire au "Beau modèle". Ainsi, lors de la manifestation parisienne de février 2006 contre les dessins danois représentant la vie de Mahomet, de jeunes filles en foulard ont, dans l'ombre des barbus, averti les mécréants : "Assez, assez, touchez pas au bien-aimé". Très touchant. Lors de la prochaine manif, prévoir des autocollants "I love Mahomet".

Mais si Allah aime à sentir ses oreilles bercées par de si douces attentions, il n'en est pas moins homme. Pour plaire à Dieu, on a d'abord mis un voile. Le hidjab, c'est sympa, c'est moderne, et, surtout, c'est moral. Tous n'oscillent pas entre le noir et le gris sombre, certains sont colorés, ornés de fines dentelles, les yeux sont fréquemment maquillés, la bouche est plus rarement ornée de rouge (le congrès annuel de l'UOIF est l'endroit idéal pour de telles observations). Les jeunes filles en foulard ont su, ensuite, recourir à d'autres innovations pour être agréables à leur divinité (bien que les "innovateurs" soient fustigés dans le Coran). Comme la mode se précipite au secours de la coquetterie islamique, certaines osent la modernité pour mieux offrir leur corps à l'idole. Les pieuses manifestations de la foi islamique peuvent alors devenir d'étonnants traceurs de la mode du moment. Ainsi, il n'est pas impossible de voir, dans les rues de Paris, des candidates à la pudeur islamique agrémenter leurs prudes tenues d'une jupe au niveau du genou rehaussée de bottes altières, d'un décolleté bien peu symbolique, de cuissardes fort en vogue ou d'une capuche adolescente que n'aurait pas reniée Panurge (exemples tous véridiques, bien que peu fréquents, qui enrageraient La Périchole de Mérimée qui n'assiste à la messe que pour y éblouir ses rivales). Auxquels doivent être ajoutés les voiles compatibles iPod. En cuissardes, en jupe, en décolleté ou en capuche, oui, un autre hidjab est possible ! Pourtant, des générations de barbus lobotomisés par la soumission à des textes dits sacrés ont astreint la femme à la modestie, comprendre fermer sa gueule, regarder bas, porter une robe au niveau des chevilles, ne pas arborer de bijoux, et, de façon plus générale, masquer tout ce qui pourrait indiquer des formes attirantes pour les mecs, les vrais, ceux sujets à des pulsions incontrôlables quand émerge un centimètre carré de peau féminine. Le puritanisme coranique est comme le sein que Tartuffe refuse de voir de peur qu'il libère la meute de ses hormones. Sans ironiser sur le caractère halal ou pas de ces tenues, on peut néanmoins s'interroger sur la représentation de la religion, et le besoin de cette représentation, par une tenue vestimentaire. Vivre sa foi via une histoire de chiffon n'est déjà pas le signe d'une réflexion particulièrement élaborée. Combiner la dissimulation de la tête avec la mise au jour de sa poitrine ou de ses jambes ajoute à la confusion. Si chacune est bien évidemment libre de s'habiller comme elle l'entend, la cohérence du hidjab et de la mode féminine laisse pantois. Loin de constituer une modernisation de l'islam, la coquetterie islamique est un avatar du conformisme qui pousse certaines jeunes femmes aussi bien vers une religiosité de mode (qu'il s'agisse de faire comme les copines ou d'espérer exister dans la société via le regard des autres) que vers l'adoption des schémas vestimentaires du moment, dont le contenu esthétique n'est, parfois, pas à nier. Imiter les autres et calquer son propre paraître sur celui d'autrui offre l'illusion d'exister et de prendre sa place au sein du groupe. On se fond dans la mode comme on s'abîme dans la prière, en cadence avec les autres "soeurs".

Jocelyn Bézecourt www.atheisme.org

6 - combat social

6.1 - Lettre de Denis Robert à François Hollande

Cher François Hollande,

J'ai lu dans le dernier numéro de l'année des Inrocks, que pour vous l'affaire Clearstream se résumait à un informaticien " sans scrupules " qui aurait abusé de la confiance d'un journaliste " sans méfiance " lequel aurait fait tomber dans un piège un juge " sans défense "... Je vous réponds aujourd'hui pour compléter cette réflexion. Point de polémique dans ce courrier simplement la volonté de mieux vous informer. Afin que plus tard, surtout au sein de votre parti, vous ne véhiculiez plus une vision si réductrice de ce qu'est cette affaire. Je la vis de l'intérieur et la simple analyse des faits vous montrera que j'en suis une des victimes. Bien plus que les hommes politiques ou champions de l'armement dont les noms sont souvent cités. Ce qui ne veut pas dire que je ne sois pas combatif, ni soutenu et encore moins " sans méfiance ".

En quelques semaines, plus de 4000 personnes se sont manifestées auprès du comité de défense qui s'est constitué, sans compter l'appui de Reporters sans frontières, du Syndicat National des Journalistes et du conseil d'administration de l'association Attac qui, à l'unanimité de ses membres, vient de voter une motion de " soutien total ". Près de 400 personnes nous ont écrit et ont envoyé des dons qui servent à lutter contre le harcèlement judiciaire dont je suis l'objet. Ce n'est qu'un début. Ce sont généralement des gens qui ont lu mes livres, connaissent mon parcours et sont très informés de la première affaire Clearstream, celle qui compte et qui dénonce le fonctionnement de la multinationale luxembourgeoise. Ils savent aussi mon rôle dans la seconde affaire, celle du corbeau, où les résultats de mon enquête et mes document ont été détournés à des fins au minimum politiciennes.

Je ne suis pas un " journaliste sans méfiance " comme vous l'écrivez, et comme s'évertue à le raconter avec une constance touchante le journal " le Monde ". J'étais tellement méfiant à l'égard de l'informaticien Imad Lahoud que je n'ai jamais divulgué ses allégations, cherchant toujours à vérifier le vrai et le faux dans ces courriers anonymes qui ont secoué la tête de l'Etat, des services secrets et des milieux de l'armement pendant de si longs mois. On l'oublie trop souvent aujourd'hui mais il y avait beaucoup de vrai dans la première lettre. J'ai toujours cherché à savoir ce qui se cachait derrière la manipulation. J'y suis presque parvenu. Je suis sans doute un des premiers à l'avoir perçue. Et publiquement déjoué.

Si vous aviez lu mon dernier livre (Clearstream, l'enquête), vous sauriez que c'est grâce à cet ouvrage et au témoignage de Florian Bourges, l'auditeur d'Arthur Andersen que l'instruction des juges est sortie de l'enlisement et que Clearstream a été en partie disculpée. Ça peut sembler paradoxal. Si je m'étais tu, je m'en porterais mieux aujourd'hui. Mais je crois encore à des fadaises comme la vérité, la justice, l'intelligence des lecteurs... Vous auriez également relevé que ce livre, pour d'obscures raisons de censure, a été retiré des librairies pendant près d'un mois en juin dernier. Aucun politique, si rapide à dégainer quand la liberté est menacée ailleurs, n'est intervenu pour trouver cela scandaleux ici. Ça l'était pourtant. Des chefs de rayon sont quand même entrés dans des librairies pour retirer des piles de livres qui venaient d'y entrer.

Je suis également un de ceux qui a le plus protégé le juge Van Ruymbeke, ainsi que mon principal témoin, ma source au sein de Clearstream, Florian Bourges, car je ne souhaitais pas les voir mis en cause dans un règlement de comptes au sommet de l'Etat. Il n'y avait que des coups à prendre dans cette instrumentalisation de la justice. Et des coups, nous en prenons un peu trop depuis quelques semaines. Nous et personne d'autres.

Cette affaire gigogne est l'accumulation de plusieurs scandales dont ma mise en examen récente n'est pas le plus anodin. Vous auriez écrit un juge " sans méfiance ", un journaliste " sans défense ", j'aurais à la limite mieux compris. Là, votre jugement lapidaire me laisse perplexe.

Je suis mis en examen à la demande pressante de Clearstream. La plainte pour vol et recel déposée par la multinationale a été encouragée par le Parquet Général de Paris. Vous n'êtes pas sans savoir que son représentant est l'ancien conseiller Justice du Président de la République. Le Garde des Sceaux l'a soutenue, comme le Premier Ministre. Vous savez, celui qui fait des pompes quand on l'interroge...

Cette mise en examen permet d'étouffer la première affaire. Celle de la " boîte noire " de la finance qu'est Clearstream, protégée par l'Etat luxembourgeois, dont les clients peuvent dissimuler leurs transactions vers les paradis fiscaux.

La dilapidation de nos investissements par les prédateurs de la finance, les évasions de capitaux au profit des tycoons et des champions de la défiscalisation : Voilà un vrai problème ! Un sujet sur lequel j'aimerais vous entendre... Pour plus de détails, demandez à vos collègues Vincent Peillon et Arnaud Montebourg qui ont mené une mission d'information sur ce sujet et ont pu vérifier en tous points que ce que je dénonçais était exact, fondé, étayé. A l'époque, c'était en 2002, leurs pires ennemis étaient au sein de votre parti Messieurs Védrine et Fabius qui, pour des raisons de real politique, étaient venus en aide au Luxembourg, à son premier ministre et à ses banquiers. J'avais alors écrit qu'il existait des socialistes de droite et des socialistes de gauche. Les lignes semblent avoir bougé, le problème reste cruellement posé.

Vous êtes le premier secrétaire d'un parti aux portes du pouvoir qui devrait se soucier davantage de ces questions et de la liberté d'informer. Elle est aujourd'hui, par ma mise en cause, gravement piétinée.

Vous devriez réfléchir et faire des propositions pour mieux nous protéger -moi et tous ceux qui cherchons à éclairer le public sur ces affaires. Il est anormal qu'aujourd'hui je sois mis en examen et poursuivi en diffamation dès que je m'exprime. Il est anormal que j'ai à supporter tous ces frais de justice simplement parce que mes adversaires sont riches et la tête de l'Etat, déliquescents. Il est anormal que j'ai à vous le dire.

Vous devriez, en vue des élections qui se profilent, penser à des lois qui pourraient aider au contrôle de ces outils apatrides comme Clearstream. Ce n'est pas une obsession, c'est une évidence. C'est techniquement possible. J'aimerais vous entendre vous exprimer sur l'assèchement de nos économies grâce à ces autoroutes de la finance où seules les grosses cylindrées peuvent rouler. Le pouvoir et l'influence des banquiers d'affaires est de plus en plus voyant. Ce sont eux, en premier chef, qui ont mis en place et utilisent Clearstream. Qui les contrôle ? Qui va dire " stop " ? Le chantier est vaste. L'invective facile, j'en conviens. C'est aussi mon rôle de vous écrire cela aujourd'hui. Je crois encore aux vertus démocratiques et au pouvoir des politiques.

J'avais espéré plus de soutien de votre part. Ma mise en examen pour des motifs aussi futiles visent à faire de moi un paria. Après m'avoir isolé, on cherche à m'abattre comme un lapin. Mais je cours vite, j'ai développé de bonnes capacités de résistance et j'ai de plus en plus d'amis. Il est politiquement invraisemblable que seule l'extrême gauche et des associations citoyennes me soutiennent aujourd'hui.

Si être socialiste c'est être de gauche, et si être de gauche c'est lutter contre les outrances du capitalisme financier, l'affaire Clearstream, la vraie, devrait être pour vous un formidable moyen de toucher ce " peuple " de gauche qui semble vous fuir depuis tant d'années.

Je me tiens à votre disposition pour vous en parler et vous expliquer. Cette affaire est loin d'être finie et j'aimerais vraiment vous aider à mieux la comprendre. Ne voyez aucune malice, ni aucun piège à ce courrier. Je vous souhaite une très heureuse année 2007. Si elle est bonne pour vous, elle le sera sans doute aussi un peu pour moi.

Bien à vous,

6.2 - "Arkema" l'heur !

Le groupe chimique prévoit de fermer en Octobre 2007 sa production d'acide fluorhydrique : 226 emplois supprimés !

A l'usine de Pierre Bénite (Rhône)

" Nous prévoyons des mesures de reclassement interne avec aide à la mobilité" dit la direction. La CGT d'Arkema dénonce "un massacre industriel. Petit à petit, ON est en train de détruire le couloir de la chimie. "ON", ce sont les financiers voyous qui privilégient le retour sur investissement" dit Moustapha Bachir, délégué CGT.

Mireille Elmalan, maire de Pierre Bénite (PC) est très en colère. "Arkema a réalisé 43 millions d'euros de bénéfice! Les actionnaires ont de quoi se réjouir"

Une manifestation a eu lieu devant l'usine. Patrick (51 ans) est aussi très en colère. Et pour cause! C'est son atelier qui va fermer. Il est opérateur dans cet atelier de chlorite de sodium. Il travaillait dans le Nord, à la suite d'un reclassement décidé par Elf-Atochem, il a connu la "mobilité" et a dû venir à Pierre Bénite. " A l'époque, j'ai perdu 15% de mon salaire. Mon épouse voulait repartir, c'était très dur.

Il y a 20 ans, il fallait trois personnes à cet atelier. Il y a 5 ans, on n'était plus que 2. On nous a fait ensuite miroiter que l'atelier serait sauvé si on n'acceptait qu'une SEULE personne !

Trahison, c'est une trahison" répète-t-il.

" Nous nous battrons jusqu'au bout " pour sauver nos emplois disent les ouvriers. La chimie, le textile, la sidérurgie mais aussi l'automobile, la liste est longue des salariés sacrifiés pour que les actionnaires s'enrichissent toujours plus!

Dim, Aubade, Seb, Alcan, Hewlett-Packard, EADS, Valéo, Airbus, Alcatel-Lucent. Le néocapitalisme "remet en cause tous les acquis de la civilisation humaniste"

Les sujets-tabous de la campagne, c'est l'EVOLUTION de ce capitalisme financier, que l'Europe et la mondialisation accentuent et accélèrent "un processus de cannibalisme de l'humain par le financier " C'est la nouvelle BARBARIE" ainsi que le dit Jean-François Kahn dans Marianne de cette semaine.

En cette période électorale, ce sont des questions sur cette nouvelle barbarie qu'il faut poser aux candidats à la présidentielle.

Et croient-ils vraiment que l'Europe et la mondialisation vont améliorer la situation de l'Emploi ? Et bien sûr une autre question, sur la laïcité, avec un adjectif ? (ouverte) , ou la laïcité TELLE qu'elle devrait être, et rester ?

Mireille Popelin

6.3 - L'ANPE EST EN DANGER, NOTRE AVENIR EST EN CAUSE

Le service public est attaqué de toute part et cette tourmente percute de plein fouet l'ANPE.

Nous nous opposons au projet de Décret Institutionnel parce qu'il :

Nous exigeons la suspension immédiate de ce projet de réforme du statut de l'Agence. Dans le même temps, sans concertation avec les agents et les représentants du personnel, la Direction générale :

Nous exigeons la suspension immédiate du déploiement des plateformes interrégionales. Nous appelons l'ensemble des personnels à se mobiliser POUR :

Pour défendre le service public : suspension du projet de décret !

à l'appel de toutes les organisations syndicales de l'ANPE,

Toutes et tous en grève le 29 mars 2007

La manifestation nationale des agents ANPE partira à 13h de la Place Estienne d'Orves (gare St-Lazare) pour se rendre au Conseil D'Etat.

CFDT, CGC, CGT, FO, SNAP/CFTC, SNU, SUD, UNSA de l'ANPE

Cécilia Gabizon

7 - International

7.1 - Appel solennel pour le respect de la démocratie et de l'état de droit au Congo.

Les événements actuels du Congo (Kinshasa) nous rappellent une période sinistre et de triste mémoire où le peuple congolais a payé le plus lourd tribu.

La paix enfin retrouvée après une période qui a fait plus de 4 millions de morts directs et indirects dans le pays est, bien que fragile, le bien le plus précieux que nous ayons en partage.

La démocratie, même encore imparfaite, est à ce jour la plus grande fierté d'un peuple congolais réconcilié avec des valeurs de solidarité et de tolérance.

La tentation de la violence toujours présente dans certains esprits est malheureusement en train de compromettre l'idéal démocratique acquis dans la douleur et la résignation.

Nous, peuple congolais de l'intérieur et de l'extérieur, condamnons avec la plus grande fermeté tout acte de violence et toute remise en cause de la démocratie.

Aucune faction, ni personne ne peut s'affranchir du cadre légal défini par la constitution de la troisième république adoptée par référendum par plus de 80% de compatriotes.

Les élections récentes et les institutions, désormais mises en place, en sont les expressions les plus directes.

Nous en appelons par conséquent à la conscience universelle et à tous les hommes et les femmes de bonne volonté afin qu'ils agissent , tant que cela est encore possible, pour éviter une balkanisation aux effets néfastes pour le Congo.

Nous réitérons par cet appel notre attachement à un Congo unie et indivisible, tout en affirmant avec la plus grande détermination notre attachement à la démocratie et aux valeurs qui la sous-tendent.

Nous condamnons et condamnerons tout acte ou propos visant à fragiliser la démocratie et à remettre en cause l'état de droit.

Nous rendons quiconque qui ne respecte pas les préceptes démocratiques, responsable devant le peuple congolais.

Nous encourageons l'état, seul monopole de la coercition, à prendre toutes les mesures appropriées, afin de condamner et punir avec la plus grande fermeté les auteurs de ces actes dans le plus strict respect des valeurs humanistes et dans les limites de ce qu'autorise la loi fondamentale de la république.

Herman MBonyo Lihumba Secrétaire général de l'observatoire de la démocratie congolaise (ODC)
Chaire Unesco pour l'Afrique centrale et les états de la SADC
Présent à Montreuil, aux journées internationales laïques, les 10 et 11 février 2007

8 - A lire

8.1 - Contre le communautarisme " de Julien Landfried, un livre symbole de la vivacité du républicanisme civique

En écrivant " Contre le communautarisme " (Editions Armand Colin, mars 2007), Julien Landfried a mis le doigt sur ce qui mine depuis le début des années 1980 " le républicanisme civique " et par conséquent la France : la substitution à la figure traditionnelle du prolétaire de celle de la " victime ", les juifs bien sûr, mais à leur suite les immigrés, les musulmans, les Arméniens, les Noirs, les homosexuels, les anciens colonisés, et bientôt les " minorités ethnico-linguistiques ", chacune de ces catégories bénéficiant ou cherchant à bénéficier d'une " loi mémorielle " particulière ou d'un dispositif de reconnaissance le mettant à l'écart de l'espace républicain.

Le jeune et brillant essayiste décrit fort bien la destruction de cet espace commun, sous les coups de boutoir d'" entrepreneurs communautaires ", en fait peu représentatifs de leurs communautés respectives, mais encouragés par la veulerie des politiques et la francophobie de nos élites mondialisées.

La livre de Julien Landfried est une mine de renseignements précieux sur une dérive qui affecte malheureusement autant la gauche que la droite différentialistes.

Je nuancerai certaines de ses vues sur la parité hommes-femmes qui n'était pas, dans l'intention du ministre qui a porté la loi devant le Parlement, la reconnaissance d'une " République sexuée " mais celle du rôle égal des hommes et des femmes dans la perpétuation de l'espèce humaine, bref une consécration du principe d'égalité. De même le Conseil français du Culte musulman est-il une instance cultuelle comme le Consistoire Central israélite, ou l'Assemblée des Evêques, mais ne saurait devenir une instance communautaire, comme Nicolas Sarkozy a cherché à l'instrumentaliser.

A ces modestes détails près, j'ai été frappé de l'acuité des analyses de Julien Landfried. C'est du beau travail ! Et je partage entièrement ses conclusions quant à la modernité et aux potentialités du modèle républicain français dans un monde déchiré par les affrontements ethniques et communautaristes. Avec à la clé une politique sociale rompant avec l'européisme béat et la résignation devant la mondialisation libérale et redécouvrant les vertus d'un patriotisme républicain en lui-même parfaitement sain. En ce sens, " Contre le communautarisme " est un appel vibrant à ne pas abandonner le combat républicain. Il résonne comme un appel à la lucidité et au courage civique. C'est un livre-symbole de la vivacité du républicanisme civique.

Jean-Pierre Chevènement

8.2 - Relisez les livres de Jean-Claude Michéa

Je vous écris simplement pour conseiller la lecture des ouvrages d'un professeur de philosophie nommé Jean Claude Michéa. Ils apportent un éclairage saisissant sur l'évolution de la "gauche moderne" depuis les années 1960 : son mépris des catégories populaires et de ses valeurs anticapitalistes ( très instructif en ces temps de campagne éléctorale) ; son rôle dans le destruction de l'école républicaine ; sa fascination pour le "progrès" (même et surtout quand il se traduit par le déclin des civilités quotidiennes) et les délinquants (considérés par elle comme de modernes "robin des bois" alors qu'ils pourrissent la vie des habitants des quartiers populaires)...

Titres (tous aux éditions "Climats") :

Raynal Mathieu Professeur d'histoire - géographie

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