Si vous rencontrez des difficultés pour lire cette lettre, cliquez ici : http://www.gaucherepublicaine.org/lettres/524.htm

  1. chronique d'Evariste
    1. "La Marseillaise" et la gauche, par Évariste
  2. Elections présidentielles 2007
    1. José Bové dans le Mantois : les ennemis de la République communient ensemble, par Jeanne Bourdillon
    2. A propos des émeutes de la Gare du Nord, par Yasmina
    3. Vive la Nation !, par le citoyen Thimele
    4. L'Europe et la patrie, ou : pourquoi chanter La Marseillaise ?, par Jean-Paul Beauquier
    5. Ces valeurs qui sont la France, par Gérard Denecker
  3. combat social
    1. EGSAM: Etats Généraux de la Santé et de l'Assurance Maladie - Convergence Nationale des Collectifs de Défense et de Développement des Services Publics, par L'Union Des FAmilles Laïques
  4. Europe libérale
    1. Benoît XVI invité au Parlement Européen, par Jocelyn Bézecourt
    2. " Ils feraient bien d'écouter les citoyens... ", par Michel Naud
  5. combat laïque
    1. Affrontement à la gare du Nord : la conséquence des mauvaises politiques anti-laïques, anti- sociales et anti-républicaines dans notre pays depuis 25 ans, par L'Union Des FAmilles Laïques
    2. Victoire de la Laïcité à Lyon, par Mireille Popelin
    3. Soutien à un élu laïque de Saint-Denis, par Jean-Claude Richard
  6. débats républicains
    1. Cher Nicolas, vous nous surprendrez toujours, par Collectif "Sauvons Le Climat"
    2. L'urgence énergétique (partie III): Bilan actuel des énergies renouvelables, par Thierry DE LAROCHELAMBERT
  7. A lire
    1. "Combattre le terrorisme islamiste" de Mohamed Sifaoui, par Jean-François Chalot
  8. courrier des lecteurs
    1. Machines à voter et radars, par Hélène
    2. Communisme hallal, par Pablo Moyal
  9. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - "La Marseillaise" et la gauche

Le fait que Ségolène Royal fasse chanter " La Marseillaise ", dans ses meetings, et mette en avant le bleu-blanc-rouge et la Nation, lui valent des sarcasmes, et parfois davantage, de la part de toute une frange de la gauche. La question n'est pas de savoir si le choix de la candidate et de son entourage est sincère, ou dicté par des considérations politiciennes, mais de comprendre les raisons d'une telle animosité.

Il y a dix ans, j'aurais probablement été du côté de ceux qui traitaient Ségolène Royal de nationaliste. Aujourd'hui je me réjouis de voir que le principal parti de gauche, dans lequel je n'ai par ailleurs aucune confiance, remettre ces valeurs au premier plan de sa campagne.

Enfant, je voyais ma mère au bord des larmes, chaque fois qu'elle entendait l'hymne national. " Tu ne peux pas comprendre, tu ne sais pas ce que c'est que de vivre cinq ans dans un pays occupé, et tu n'as pas connu la liesse de la Libération " me disait mon père, pour justifier, lui, son attachement à ce chant, et à la France.

Naturellement, dans la foulée de mai 68, pour moi ceux qui chantaient l'hymne national et déployaient les drapeaux tricolores étaient les gaullistes et tous ceux qui symbolisaient un ordre qui ne me plaisait pas trop.

Mon année à l'armée ne m'a pas aidé à me réconcilier avec mon pays, ni avec son drapeau, au contraire.

Plus tard, quand j'ai milité quelque temps au PCF, j'étais horrifié d'entendre qu'à la fin des meetings, on chantait " La Marseillaise " avant de lancer l'International. Pour moi, le seul chant des travailleurs était " L'Internationale ".

Je me souviens d'une manifestation, contre la venue du Pape, en 1996. Il y avait pas mal de républicains et de laïques, et des organisations anarchistes et d'extrême gauche. Je me rappelle qu'à la dispersion, un groupe de manifestants (dans lequel figuraient des rédacteurs de Respublica que je ne connaissais pas à l'époque) avaient entamé " La Marseillaise ", et s'étaient fait très violemment sifflé et insulté par toute l'extrême gauche.

J'étais à l'époque incapable d'entendre le discours d'un Jean-Pierre Chevènement, et de tous les républicains, qui disaient qu'il ne fallait surtout pas laisser les symboles de la Nation et de la République, dont l'hymne national et le drapeau, à l'extrême droite. Moi, j'y voyais plutôt le danger d'aller sur le terrain de l'adversaire, et je considérais que mon seul drapeau était rouge.

Trois événements m'ont ouvert les yeux et m'ont fait changé d'avis.

La Coupe du Monde de football de 1998, et notamment la soirée du 11 juillet, sur les Champs-Elysées. Je regardais, dans les rues de Paris, ces dizaines de milliers de personnes qui convergeaient vers la place de l'Etoile, après la victoire des Français contre le Brésil. Ils avaient presque tous un drapeau à la main. Il y avait une expression incroyable dans leurs yeux. La fierté d'être membre d'un peuple dont l'équipe, par ailleurs très colorée, avait gagné une grande épreuve, alors qu'on disait depuis des années que la France était un pays minable et fini. C'était très joyeux. Ce n'était pas le bleu-blanc-rouge haineux de Le Pen, pas le bleu-blanc-rouge revanchard de mai 68, c'était le symbole de ce qui unissait le peuple, dont beaucoup d'enfants issus de l'immigration post-coloniale. Je me rendais compte que j'aimais cette France là, que j'étais content qu'on soit champion du monde. Surtout, je comprenais le décalage entre les discours intellectuels de toute une gauche et extrême gauche, qui rejetait les valeurs autour de la Nation et de la République, avec les aspirations populaires et l'attachement à la France.

Quand trois années plus tard, à Saint-Denis, lors d'un match France-Algérie, organisé par Marie-George Buffet, l'hymne national, en présence de Lionel Jospin, fut conspué par une grande partie du public, j'en fus réellement indigné, et j'eus des discussions très vives avec des militants qui minoraient la gravité d'un tel acte. Je leur dis que toute une partie de la gauche se prenait en pleine tête son désamour de la France, et le discours de repentance coloniale, et qu'on ne peut demander à des mômes d'aimer la France quand ses dirigeants ne donnent pas l'exemple. Je fus suspecté par quelques proches de dérive nationaliste.

Puis il y eut le 21 avril 2002, et surtout le premier mai 2002. J'ai assisté à une manifestation, dans ma région, le matin. Il y avait, fait exceptionnel, un bon millier de personnes.

La sono scandait les mots d'ordre qu'on retrouve habituellement dans les manifestations antifascistes de type LCR. C'est alors qu'au milieu de la manifestation, un Africain d'une quarantaine d'années, à la stature imposante, vint voir l'animateur, en lui disant : " Monsieur, c'est bien beau tout ce que vous nous faites reprendre, mais il faut chanter la Marseillaise, maintenant ! Faites-le, monsieur, c'est important ! ". L'animateur passa le micro au manifestant.

Ce fut un grand moment de ma vie militante. C'était ce grand gaillard venu d'Afrique qui nous donnait une leçon républicaine, à nous les antifascistes de gauche et d'extrême gauche. Il chanta plusieurs refrains de La Marseillaise avec un coeur et une passion qui me bouleversèrent. Il y avait tout son amour de la liberté, de la démocratie, des droits de l'Homme, son refus du fascisme, dans cette chanson qu'il faisait reprendre à pleins poumons. L'après-midi, à Paris, le bleu-blanc-rouge était au rendez-vous dans le cortège de SOS Racisme et du Parti socialiste.

Pourtant, après ce premier mai, plus rien au Parti socialiste, comme si il ne fallait ressortir le drapeau qu'en cas de crise grave.

Il est vrai qu'un journal comme " Le Monde " veillait soigneusement à ce que tout symbole républicain soit amalgamé à du lepénisme. En ce sens, le livre de Cohen et de Péan, " La face cachée du Monde ", montrant notamment les raisons pour lesquelles Colombani et Plenel détestaient la France, fut salutaire, en affaiblissant un journal dont Jospin disait qu'on ne pouvait pas gagner contre lui (mais la suite montra qu'on pouvait perdre avec !).

Naturellement, ce virage vaut à la candidate socialiste, dans ses propres rangs, de Strauss-Kahn à l'aile gauche, et chez les supporters de Bové et Besancenot, des critiques sévères, jugeant qu'elle participe à la " lepénisation des esprits ".

Les mêmes imbécillités qu'en 2002, où les mêmes jugeaient tout discours sur la sécurité comme des gages donnés au discours du Front national, avec le résultat qu'on a vu.

Je vois plutôt dans ce virage de la candidate du PS les suites du vote du 29 mai 2005. Ce qui se passe aujourd'hui n'aurait pas été envisageable il y a dix ans, quand l'idéologie bobo de gauche crachait à jet continu sur la France et sur la République, et que personne n'osait réagir contre ce véritable travail de démolition.

De nombreux électeurs sentent bien confusément, même s'ils ne l'expriment pas toujours avec des mots, qu'entre l'Europe libérale qu'on veut nous imposer, et le discours de type " Indigènes de la République ", c'est toute une partie de notre histoire, mais aussi de nos acquis sociaux, qui sont menacés de disparition.

Il est donc plutôt rassurant que l'attachement du peuple aux principes de la Nation et de la République soit tel que la principale candidate de gauche comprenne qu'elle ne pourra pas gagner si elle laisse ces symboles à ses adversaires. L'avenir nous dira si cela suffira, et si ce ralliement n'est pas trop tardif.

Mais quoi qu'il arrive, cela sera utile pour demain, notamment lorsqu'il faudra reprendre la bataille contre le nouveau TCE que les fanatiques libéraux de Bruxelles voudront nous représenter. Là, il faudra ressortir le bleu-blanc-rouge, et la défense de la république sociale et laïque.

Respublica affiche le drapeau tricolore sur son site, ce qui bien sûr nous vaut des qualificatifs haineux de la part de certains de nos adversaires communautaristes.

Nous venons de dépasser les 25.000 abonnés, alors que cela était notre objectif pour la fin de l'année.

Nous espérons que notre manière de traiter cette campagne présidentielle, et les législatives qui vont suivre, est à la hauteur de vos attentes.

Rassurez-vous, nous ne négligerons pas pour autant les luttes sociales, ni la résistance laïque qui s'opère, en France et dans le monde, contre l'offensive des intégrismes religieux, dont l'islamisme est le fer de lance.

Sachez que nous n'avons jamais autant reçu de courriers qu'en ce moment, et que nous avons vraiment du mal à choisir ceux que nous publions, et ceux que nous devons laisser de côté.

Nous avons également beaucoup de mal à répondre à chacun d'entre vous. N'y voyez pas du mépris et de l'absence de considération, ce ne sont que les limites de notre petite rédaction artisanale, et nous vous remercions de votre compréhension.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Elections présidentielles 2007

2.1 - José Bové dans le Mantois : les ennemis de la République communient ensemble

Qu'attendre d'autre de la part d'un ennemi de la République ? Qu'il répète ses discours de haine et de déstabilisation des valeurs républicaines, des valeurs laïques, c'est bien le moins ! Dans deux salles pleines de militants de l'Islam politique et d'alliés des Indigènes de la République, José Bové, le démagogue à moustaches, a tenu meetings durant le week-end à Mantes-la-Jolie et aux Mureaux.

C'est Décil, ce groupuscule mantais infiltré par le collectif des musulmans du Mantois, qui avait milité en 2004 pour le port du voile islamique lors de l'adoption de la loi contre les signes religieux à l'école, qui l'a invité, et qui a tout organisé. Pour être tout à fait juste, une grande part de l'organisation de la venue de Bové a été prise en charge par le dit collectif des musulmans du Mantois, un lobby local pro Ramadan, qui tenait un stand au meeting du fumeur de pipe, le samedi soir.

Pendant trois jours, ces obsédés de la déchirure coloniale française qui veulent nous ramener aux affrontements d'hier, en ont eu pour leur compte de démagogie, de bons sentiments à pas cher, et de discours dangereux, sur la République, celle qui dans la bouche de l'incendiaire du Larzac rejette ses enfants issus de l'immigration coloniale, et sur la police, forcément raciste.

En banlieue parisienne aussi, le " must " pour faire tendance dans ce milieu " baba-intello-gaucho-démago ", c'est de taper sur la police, devant un parterre de jeunes des cités de préférence. Alors que chaque jour, dans les cités du Val-Fourré ou des Mureaux des vieillards, des femmes seules, pris au piège de leur appartement HLM vivent sous le joug des dealers et des petites frappes qui les terrorisent.

On peut dire que Bové a repris tout le discours anti flics du MIB (Mouvement immigration banlieue) au moment où ce mouvement s'est mué en nébuleuse communautariste de l'islam politique, aux côtés des Indigènes de la République. Plus qu' antiflics son discours est antirépublicain.

Par instinct, Bové développe une idéologie hostile à la République, et comme les Indigènes de la République qui plébiscitent les intérêts de l'individu qui se définirait comme noir, pauvre ou musulman, ou mieux " héritier de l'histoire coloniale ", cette idéologie donne en réalité peu de chance à la citoyenneté de s'épanouir. Le moustachu, comme les islamogauchistes, dévoient le terme pourtant ! Rappelons-leur que la collectivité n'est pas la somme des intérêts des communautés, mais un groupe social dont les membres s'épanouissent et vivent leur citoyenneté en partageant une histoire commune, c'est la définition de la Nation.

Cela n'empêche qu' on condamne tous les excès policiers à Respublica ! Et l' on sait aussi que Sarkozy a fait beaucoup de dégâts en supprimant la police de proximité et en lui préférant la police d'interpellation. Cette police d'interpellation est bien connue sous le nom de " BAC " pour " Brigade anticriminalité ". Les citoyens se plaignent des dérapages " verbaux " des jeunes cow-boys envoyés pour faire la chasse aux " cafards " (c'est comme ça qu'on nomme parfois les jeunes blacks dans la police), cela est vrai. Mais même avec cela en tête, on ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel quand José Bové se fait acclamer en appelant à la dissolution des " BAC ", et l'on se pince, quand il se gargarise de ses propres infractions, commises un vendredi après-midi aux Mureaux, notamment parce qu'il a discuté avec quelques jeunes dans une cage d'escalier de la Vigne Blanche ou du Val-Fourré !

Au début du meeting des Mureaux, une militante altermondialiste dénonçait les " médias qui se repaissent des flics caillassés ". Le week-end dernier, les alter-islamo-bobos-démagos étaient aux bien repus de tout ce cinéma gauchiste parfumé aux herbes et au fromage de Roquefort !

Mais l'inadmissible arrive après. Quand Bové, gonflé par les applaudissements et les " Insurrection électorale ! José Président ! " en vient aux émeutes de 2005, et bien sûr d'évoquer " les révoltes de novembre " comme le relate Le Courrier de Mantes dans son édition du 28 mars... Pour ranimer les braises, il devait encore ressasser que la police n'a " rien fait " à Clichy-sous-Bois " pour sauver Zyed et Bouna ", morts électrocutés par accident dans un transformateur ! Pour ranimer les braises, il lui fallait aussi mettre en parallèle les " jeunes des banlieues tués " et " les policiers relaxés " (José ne dérape pas jusqu'à parler d'assassinats policiers, mais on comprend) ! Enfin, il promettait, s'il est élu, d'amnistier tous les jeunes émeutiers " qui n'ont pas eu de procès équitable " ! Il eût à la fin un mot pour cette femme prise au piège d'un incendie d'autobus. C'est vrai ça s'est passé aussi pendant les " révoltes de novembre ", pour reprendre l'expression de l'irresponsable du Larzac, lorsque les " révoltés " s'en prenaient aux ouvriers, aux chômeurs, à leurs femmes et leurs enfants, à leurs écoles, à leurs gymnases. Pas sûr, que mieux que la République, José Bové nous épargne la loi de la jungle !

Jeanne Bourdillon

2.2 - A propos des émeutes de la Gare du Nord

Je crains à nouveau le pire, pour la gauche, après les scènes violentes qu'on a vues et revues en boucle, à la télévision, gare du Nord, mardi. J'ai peur que les discours démagogistes ne prennent le pas sur la réalité, pour le plus grand bonheur de Le Pen. Je suis de gauche, issue de l'immigration, née en France, et je n'accepte pas qu'on puisse voyager sans billet, en refusant une interpellation. Ma mère m'a élévée seule, avec mes quatre frères, et m'a appris à respecter les lois. Je trouve très grave les émeutes qui suivent régulièrement l'arrestation d'un jeune, dans certains quartiers. Je suis très inquiète quand je vois que ces jeunes se sentent assez forts pour attaquer un commissariat. Je trouve révoltant qu'une poignée d'entre eux puisse faire la loi dans un pays comme le nôtre, et j'ai honte que beaucoup aient les mêmes origines que moi. J'ai bien peur qu'après les violences de 2005, la gauche se trompe encore, avec un discours hostile à la police et à Sarkozy, et de compréhension vis-à-vis des voyous. J'avais apprécié votre courage, à ce moment là, surtout quand vous aviez publié un texte remarquable de la philosophe Catherine Kintzler. J'avais également aimé vos témoignages lors des manifestations contre Villepin, en 2006, auxquelles je participais. Vous aviez décrit la réalité, et le fait que ces crapules attaquaient les manifestants avec sauvagerie. Je compte sur vous pour continuer. Il n'y a qu'en France qu'on brûle cent cinquante voitures par jour, qu'on se permet d'attaquer systématiquement la police quand elle pénètre dans certains quartiers, et qu'on agresse les pompiers et les facteurs. Il n'y a que dans notre pays qu'on est éduqué, tout jeune, par les grands, à entrer en guerre avec la police. Moi, je ne veux surtout pas d'un pays sans police. Accepter cela, c'est la fin de l'Etat, et le règne des gangs.

J'ai eu la chance de réussir mes études, et je ne vis plus aujourd'hui dans les cités. Mais je reviens souvent voir mes amis et ma famille.

Beaucoup en ont marre de l'impuissance des gouvernements, et j'entends de plus en plus de mes proches, qui ont mes origines, me dire qu'elles vont voter Le Pen, parce que Sarkozy n'a rien réussi, et que la gauche serait trop gentille avec les voyous, et qu'avec elle, ce serait le désordre. Cela me retourne, mais que puis-je leur dire ?

C'est la première fois que je vous écris, merci, si vous publiez ma lettre, mais ne mentionnez que mon prénom, s'il vous plaît.

Yasmina

2.3 - Vive la Nation !

Ségolène Royal est une criminelle. Elle a osé commettre l'impardonnable, l'ignoble. Elle a osé parler de Nation. Elle a osé la réhabiliter, elle a osé également réhabiliter La Marseillaise, le drapeau tricolore ! Quelle honte ! N'aurait-il pas valu mieux laisser tous ces symboles républicains, j'ai bien dit républicains, qui appartenaient jadis à tous les Français, aux seuls extrémistes de droite ?! C'est en tout cas ce que semble laisser croire une certaine gauche et un certain centre.

Pour ces gens-là parler de Nation est un crime. Ils se trompent autant qu'ils sont irresponsables. Non, la Nation n'est pas synonyme de nationalisme ! Non, parler d'identité nationale n'implique pas la xénophobie et le racisme ! Ce que fait Ségolène, et je l'en remercie, c'est de dessaisir de l'extrémisme de droite le monopole du droit à parler de la Nation, du droit à jouir des symboles de la Nation. Elle ne banalise donc en rien des thèmes typiques de l'extrême-droite ! La Nation, La Marseillaise et le drapeau tricolore ne sont pas sortis du chapeau de Le Pen ou de Pétain ! Ils se les sont justement accaparés à leurs seuls profits ! L'extrême-droite a assez sali le thème de la Nation et de ses symboles ! Il est enfin temps d'y mettre fin !

Bien que cela ne remette pas en cause la plupart de ses convictions, que je ne partage pas, les intentions de Ségolène sont ici salutaires ! La droite qui parle de Nation, ça n'a jamais été quelque chose d'exceptionnelle, mais la gauche, censée être progressiste, censée être du côté du peuple, voilà quelque chose qui est à la fois logique et exceptionnelle, et qui l'honore !

Marie-George Buffet a raison de dire que La Marseillaise et le drapeau tricolore sont des symboles qui appartiennent, non pas à un parti, mais au peuple ! Mais si les politiques ne font rien contre l'accaparement qu'en fait l'extrême-droite, comment le peuple pourrait-il être encore fier de ces symboles ? Quand Ségolène déclare souhaiter que chaque Français ait un drapeau tricolore chez lui, quand Ségolène fait chanter La Marseillaise dans ses meetings, cela fait un bien fou à tous les français attachés à tous ces symboles, et qui en avait pourtant honte, à cause d'une pensée unique qui leur a fait longtemps croire que tout cela faisait partie du patrimoine de la seule extrême-droite !

Sarkozy, communautariste jusqu'à ce que Henri Guaino écrive ses discours, a lui aussi, au cours de la campagne, parler d'"identité nationale". Tout cela aurait pu être aussi salutaire. Seulement que nous dit-il à côté ? Qu'il faut créer un ministère de l'immigration et de l'identité nationale ! Que la France, on l'aime ou on la quitte ! Sarkozy ne semble pas avoir compris que le patriotisme, c'est l'amour, que la Nation, c'est une communauté ouverte à tous ! La haine, l'exclusion, l'affrontement, la stigmatisation n'ont rien à voir avec tout ça ! Ce que fait Sarkozy, c'est banaliser une idée qu'il considère comme extrémiste, alors que c'est tout le contraire ! Non, Le Pen ne doit et ne sera jamais un modèle pour ceux qui aspirent à défendre la Nation et le patriotisme. Qu'on cesse de souiller le patriotisme avec leur nationalisme !

Alors paraît-il, ce souci de l'identité nationale, si important aux yeux des français à l'heure de la mondialisation et de la construction européenne, ne semble être qu'une question désuète, sans importance ! Et Bayrou qui déclare qu'il ne laisserait pas "déraper" (excusez du peu !) cette campagne électorale sur les thèmes de l'immigration et de la Nation, tout ceci n'étant qu'une "obsession nationaliste", qu'il faut laisser au seul candidat Le Pen ! Savoir qui nous sommes, savoir qu'est-ce qui nous rassemble, nous français, en effet ce ne sont que des questions sans importance ! Il ne faudra pas après se plaindre que le borgne soit au second tour !

Alors, préviens d'autre part José Bové, scandalisé par les propos de Ségolène, "nous ne laisserons pas détourner la campagne présidentielle de ce qui doit être ses objectifs: répondre aux urgences sociales, écologiques et démocratiques par une 'insurrection électorale' contre le libéralisme et ses ravages". Il n'a pas tort... Seulement tout est lié à la question nationale ! C'est justement quand la Nation, cadre idéal d'existence, et garante de l'émancipation de chacun, s'effrite que les idéologies les plus abjectes se répandent. Comment voulez-vous ainsi changer les choses si vous ne vous appuyez pas sur la Nation ?! Elle est le cadre, non pas ultime, mais premier, de toutes les luttes, de tous les combats ! Nier la dimension nationale de tous ces problèmes, c'est se résoudre à l'échec.

Il est bien entendu que le patriotisme ne se réduit pas à l'affichage de symboles. Le plus grand acte de patriotisme que pourraient nous faire nos politiques, ce serait de nous respecter, nous le peuple, qu'ils entendent représenter. Quand j'entends par exemple Sarkozy déclarer vouloir faire adopter par le Parlement un Traité Constitutionnel que nous avons refusé ou encore que le référendum est un exercice de démagogie, je ne peux que constater qu'il est indigne de la fonction qu'il convoite ! Et qu'il faut l'en écarter à tout prix !

Alors oui, vive la Nation, libre, intégratrice et fière !

par le citoyen Thimele

2.4 - L'Europe et la patrie, ou : pourquoi chanter La Marseillaise ?

La campagne électorale a pris un visage nouveau depuis que la liste des candidats est arrêtée ; chacun s'est amusé à compter le nombre de candidats " nonistes " en faisant remarquer qu'à eux tous ils représentaient à peine 30% des intentions de vote, si tant est que les questions posées par les sondeurs soient si claires que cela, et qu'ils se divisaient entre les extrêmes de la droite et de la gauche ; les partis dits de gouvernement, incarnés par des partisans du oui au référendum sur le TCE, étant sans doute réputés plus homogènes dans leur composition sociale ou les motivations de leur choix. Le cinquantième anniversaire des traités de Rome a permis de reparler d'une absente de poids dans les meetings ; si en effet certains candidats ont exprimé, qui le souhait d'un traité sans valeur " constitutionnelle " soumis au Parlement, qui un nouveau référendum sur un texte incluant un véritable volet social, mais cette fois à valeur "constitutionnelle", aucun n'a précisé le contenu précis de ce qu'il proposerait aux Français sur un sujet crucial pour l'avenir.

C'est assez dire à la fois l'importance de la question européenne et le chemin qui reste à parcourir pour les candidats, qui pour faire de la politique autrement, devront d'abord considérer les citoyens, le souverain donc, comme majeur et responsable. Il n'est sans doute pas indifférent que l'Europe revienne dans le débat public avec La Marseillaise et aussi avec la question plus que controversée de l'identité nationale.

Par-delà les postures des uns et des autres, pouvons-nous rappeler la formule de François Mitterrand : " La France est ma Patrie, l'Europe est mon avenir " ? Non exempte d'ambiguïté, comme souvent chez ce politicien expérimenté, la formule intègre au moins un terme qui pour tout républicain devrait mieux parler que celui de nation, la Patrie. Si le peuple rassemblé constitue la Nation, souveraine et abstraite, et c'est ce qu'il faut entendre quand, le 21 janvier 1793, fut crié " Vive la Nation ", la patrie c'est précisément l'attachement à soi-même incarné, réel et vivant. Patrie et Nation ne sont pas synonymes et lorsqu 'au XIXème siècle, les républicains voulurent par l'Ecole, enraciner l'idée républicaine, ils firent en sorte que l'amour de la Patrie précisément reposât également sur les " petites patries " dans lesquelles naissaient, grandissaient et vivaient les citoyens en devenir.

On pourra nous dire que la société française s'est radicalement transformée, ce qui est juste, mais la thématique de la proximité, et la " justification " qu'elle induit pour un renforcement des pouvoirs délégués aux collectivités territoriales, est le masque actuel de cette réalité ; être citoyen, c'est être dans une cité concrète. Internet ou pas !

Mais cela ne doit pas nous faire oublier que la République, précisément est " une et indivisible " et que les élus gestionnaires des collectivités territoriales, comme ces échelons territoriaux eux-mêmes, ne sont que des délégataires de la souveraineté nationale ; une Europe des régions, l'exemple invoqué par les présidents des conseils régionaux des pouvoirs des régions d'autres pays d'Europe, ne sont pas admissibles s'ils négligent la racine même de la légitimité des élus, c'est-à-dire le mandat à eux confié par la Nation, tout entière, y compris à l'échelon local. On n'est pas citoyen d'une commune, d'un département ou d'une région, on est citoyen français.

L'Europe souffre d'un déficit de démocratie et du refus obstiné de ses constructeurs depuis l'origine, de poser la question de la légitimité politique d'une " structure " qui n'est en principe qu'un organe de gestion commune de traités internationaux mais qui pour certains ressemble à une fédération, pour d'autres à une confédération, et pour beaucoup à un lieu d'expérimentation d'une gouvernance mondiale pour des individus réduits à la stricte condition de consommateurs de toute chose.

A citer Jaurès, autant ne pas oublier l'essentiel : " Un peu d'internationalisme éloigne de la Patrie, beaucoup y ramène ". Alors faire chanter La Marseillaise est sans doute une idée à creuser, mais il faut la chanter soi-même et se souvenir de tout ce qu'elle porte et qui est en jeu dans cette élection.

Jean-Paul Beauquier

2.5 - Ces valeurs qui sont la France

"Je n'ai jamais cru qu'aimer sa patrie empêchât d'aimer ses enfants." Marc Bloch

Il est aujourd'hui des gens qui ne supportent pas d'entendre parler du " drapeau " ou de la " nation "... Ils ont sans doute oublié ce qu'avait déclaré Jean JAURÈS : "Un peu d'internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène" ! Ces railleries de "nains de jardin " (dixit M. Besancenot) résonnent comme une insulte à la mémoire de ceux qui sont "MORTS POUR LA FRANCE" afin que le drapeau tricolore flotte à nouveau sur nos édifices publics. J'ai quelque raison de le penser, ce fut le cas de mon père, comme celui de centaines de milliers d'autres Français, innocentes victimes des dernières guerres ! Il n'est aucunement archaïque de le rappeler, c'est même un devoir de le faire !

Quand ces gens-là se disent " choqués " que l'on puisse parler de la" nation ", ils se trompent lourdement ! Leur discours est irresponsable par la confusion qu'ils font entre les mots nation et nationalisme ! Qu'ils compulsent leurs dictionnaires et ils verront que ces deux mots ont une signification bien différente ... Ne seraient-ils pas alors devenus prisonniers des schémas intellectuels de ceux qu'ils combattent ? En effet, ce qui est particulièrement grave, c'est qu'une telle confusion sous-entende à leurs yeux que l'on ne pourrait pas parler d'identité nationale sans que cela implique la xénophobie et le racisme ! De quoi faire penser à un terrorisme intello-anarcho-gauchiste ...

En réalité, ce que fait Madame Royal, et elle en a le courage et le mérite, c'est de dessaisir la droite extrême d'un monopole qu'elle s'était attribuée, et que bien peu de gens osaient jusqu'alors lui disputer dans la gauche française : le droit à parler de la nation, le droit à débattre des symboles de la nation, cohabitation entre des citoyens libres et égaux. Il n'y a donc là aucune banalisation des thèmes que l'extrême droite s'était indûment appropriée, bien au contraire !

Il s'agit tout simplement d'une remise à l'heure des pendules ... La nation, le drapeau tricolore, la Marseillaise ne sont sortis ni du chapeau de Le Pen, ni du képi de Pétain ! Ils n'ont aucunement la signification que la droite extrême prétend leur donner : ce sont des valeurs, des symboles de la République qui évoquent des luttes ardentes pour la liberté, l'égalité et la fraternité. L' extrême droite, en se l'accaparant, a suffisamment sali le thème de la Nation et de ses symboles ! Il était temps d'y mettre un terme !

Le grand historien et résistant Marc Bloch, fusillé par la Gestapo, avait compris la spécificité de la nation française, fondée sur l'histoire, la culture et la langue, et non sur quelque caractéristique raciale ou religieuse. Il avait écrit : " Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l'histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération. Peu importe l'orientation de leurs préférences. Leur imperméabilité aux plus beaux jaillissements de l'enthousiasme collectif suffit à les condamner " (L'Etrange Défaite, page 646 ).

Gérard Denecker Pupille de la nation

3 - combat social

3.1 - EGSAM: Etats Généraux de la Santé et de l'Assurance Maladie - Convergence Nationale des Collectifs de Défense et de Développement des Services Publics

" Présidentielles, quand parlerons-nous de la santé et de la protection sociale? "

Le débat occulté

Savez-vous que :

Savez-vous que le " fameux "déficit comptable de la Sécu est principalement du au transfert d'une partie des salaires et cotisations sociales vers les profits (transfert de 10 points de PIB sur 25 ans soit 170 milliards d'euros par an) . En fait, sur une longue période, par rapport à la totalité des richesses produites, les salaires et les cotisations sociales baissent, alors que les profits augmentent.

L'oubli que l'accès à des soins de qualité pour TOUS est un droit !

Partir des besoins sociaux des citoyens et de leur familles : voilà un programme populaire et réalisable. C'était celui du Conseil national de la résistance (CNR) dans un pays détruit par la guerre.

Il a fait ses preuves et le système de santé français était considéré par l'OMS comme un des meilleurs. Il est aujourd'hui remis en cause dans un des pays les plus riches du monde.

Le mensonge

La santé est malade du néolibéralisme, parce que le but n'est plus de soigner, de préserver, d'améliorer d'étendre un système de santé solidaire, mais d'en faire un secteur lucratif. L'objectif est de réduire le financement solidaire sous prétexte de " réalités économiques " pour pousser les citoyens vers des assurances privées qui ont pris la mesure du pactole total de plus de 500 milliards d'euros. Chacun n'est plus soigné selon ses besoins, mais selon ses moyens.

La santé, bientôt un luxe?

Marchandisation, privatisation, exclusion ; toutes les différentes contre-réformes de ces dernières années visent à faire de la santé un luxe. De manière sournoise, l'accès aux soins se resserre : des populations de plus en plus importantes ne peuvent plus se soigner pendant que les profits des secteurs privés assurantiels, hospitaliers et pharmaceutiques augmentent.

Dépeçage de l'hôpital public, forfaits hospitaliers en hausse, franchises sur les actes de soins de plus en plus importantes, décrochage des remboursements avec les tarifs demandés, création de secteurs optionnels, liberté des honoraires médicaux, promotion de l'automédication, augmentation des assurances complémentaires... ont pour but de faire plus de profit pour les entreprises capitalistes, au lieu de soigner mieux.

Les alternatives existent : le manifeste des EGSAM (Etats Généraux de la Santé et de l'Assurance Maladie) pour le droit solidaire à la santé et à l'assurance maladie.

Nous, associations, mutuelles solidaires, syndicats, partis, dans le pluralisme le plus large, avons pris l'initiative de

Obligeons les candidats à la présidentielle à répondre aux vraies questions

Nous questionnerons en direct, et nous rendrons publiques les réponses des candidats au questionnaire élaboré à partir du Manifeste pour le droit à la santé.

Différents organisateurs des EGSAM vous proposent de venir débattre

TOUS ENSEMBLE le mardi 3 AVRIL ! à 19H00 Bourse du travail, Salle Jean Jaures, 3 rue du château d'eau, Paris 10ème,

Métro République.

Pour les EGSAM nationaux :

Associations : ATTAC, Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics,

Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, La santé n'est pas une marchandise, UFAL, UNRPA.. Mutuelles : UNGMS, Alternative mutualiste. Syndicats : AMUHF, Confédération paysanne, SMG, SNCDCS, SUD Santé Sociaux, USMCS, USP. Partis politiques : LCR, MRC, PCF, Les VERTS,...

L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org

4 - Europe libérale

4.1 - Benoît XVI invité au Parlement Européen

"Habemus papam !" : les députés européens pourront bientôt entonner, depuis leur banc, cet hymne au rabat-joie Benoît XVI. Le président du Parlement européen Hans-Gert Pöttering, lors d'une audience papale privée, vient d'inviter officiellement Benoît XVI à la tribune de l'assemblée cinquantenaire en séance plénière (Zenit, agence de presse des Légionnaires du Christ, 26 mars 2007). Le pasteur-loup pénètre d'autant mieux dans la bergerie qu'on lui ouvre la porte. Cette fois, elle lui est ouverte par un catholique qui a déployé moult efforts pour l'inscription d'un supposé héritage chrétiennement positif de l'Europe dans le Traité constitutionnel. Infatigable dans son obsession à ressasser ses frustrations, fêtant à la manière catholique le Traité de Rome, le Grand Inquisiteur a d'ailleurs récemment pleurniché son éternelle mise en garde contre une Europe coupée de ses racines chrétiennes (discours du 24 mars 2007).

Ratzinger n'innovera pourtant pas. Jean Paul II avait déjà foulé le Parlement de Strasbourg en 1988 ainsi que le Parlement italien en 2002. Pat Cox, alors qu'il était président du Parlement Européen, avait lui aussi souhaité la venue de Jean Paul II en 2003. Quant à la COMECE (Commission des épiscopats de la Communauté européenne), elle exerce sans faiblir un prosélytisme zélé. Que Benoît XVI aille faire onduler sa blanche soutane à Bruxelles ou Strasbourg s'inscrit donc naturellement dans la cléricalisation revancharde d'une Europe déjà bienveillante : on se souvient qu'en 2005 l'Union Européenne avait accordé une aumône de 1,5 million d'euros aux Journées Mondiales de la Jeunesse Catholique de Cologne. Qui ose encore parler d'une Europe laïque ?

Jocelyn Bézecourt www.atheisme.org

4.2 - " Ils feraient bien d'écouter les citoyens... "

" Les dirigeants européens se réunissent à Berlin ce week-end à l'abri des regards indiscrets pour rédiger un document qui traite de l'avenir de l'UE. Ils feraient bien d'écouter plutôt ce que les citoyens leur disent. " Lorraine Mullally, chef de recherche à Open Europe, 23 mars 2007

Vous n'en avez pas entendu parler ; en tout cas pas à la télé et pas à la radio ; et pourtant l'agence Reuters s'était fendue d'un long communiqué[1] ; les communi(cati)ons institutionnelles européistes l'ont emporté sur le reste.

Les faits

OPEN EUROPE est un think tank, mélange de club de réflexion et de réseau d'influence, d'hommes d'affaires britanniques convaincus de la nécessité d'une réorientation radicale de l'Union Européenne dans le sens d'une union d'abord politiquement plus souple, c'est-à-dire avec la possibilité pour chaque Etat, au-delà de l'acceptation d'un coeur de règles partagées minimales, d'adhérer ou non à tel projet de politique commune dans tel ou tel domaine, dans le sens d'une union plus démocratique et bien évidemment dans le sens d'une union plus libérale. Il s'agit bien d'un réseau d'influence ... d'hommes d'affaires ... britanniques ...

Suspectant d'être manipulés par les discours politiques des promoteurs de l'Union Européenne, et ayant les moyens financiers de faire réaliser leur propre expertise, les animateurs du club OPEN EUROPE ont commandé une enquête à un institut de sondage de premier plan (TNS, le propriétaire de la SOFRES) portant sur 17,443 personnes âgées de 18 ans et plus sur la base de 1,000 personnes par pays en France, Allemagne, Italie, Espagne, Pologne, Grande-Bretagne et Roumanie, et 500 personnes dans tous les autres états membres de l'Union Européenne. Les données de ce sondage sont disponibles en ligne[2] avec une synthèse en français[3].

Le résultat le plus impressionnant est sans conteste la réponse à la question : " Si un nouveau traité était élaboré donnant plus de pouvoirs à l'UE pensez-vous que les peuples devraient être consultés par referendum ou pensez-vous que la ratification devrait revenir au parlement national ? ". Dans tous les pays, la réponse est massive : les citoyens (75 %) choisissent la voie référendaire et non parlementaire (20 %); en France, le résultat donne 81 % pour le referendum et 16 % pour la voie parlementaire.

La seconde question qui me paraît la plus porteuse de sens est celle relative aux prérogatives de l'Union Européenne. Les citoyens des 27 pays membres étaient interrogés pour savoir laquelle de ces trois opinions était la plus proche de leur propre point de vue:

Le résultat consolidé donne (i) 28 % pour " plus d'Europe ", (ii) 23 % pour " ni plus ni moins d'Europe ", (iii) 41 % pour " moins d'Europe ". Les réponses des citoyens français ne déparent pas de cette photographie avec 46 % réclamant " moins d'Europe " contre 34 % revendiquant " plus d'Europe ". En fait seuls les citoyens de trois pays apparaissent dans ce sondage favorables à " plus d'Europe " : les belges (40, 25, 29), les italiens (42, 16, 31) et les espagnols (43, 12, 40) .

De même quand on demande aux citoyens des pays de l'UE si ils sont d'accord avec l'affirmation " l'Union Européenne n'est pas représentative des citoyens ordinaires dans notre pays " ... 56 % des européens (59 % des français) répondent " non, l'union européenne n'est pas représentative des citoyens ordinaires de notre pays ".

L'enquête propose ensuite aux citoyens de retenir deux priorités dans une liste fermée d'orientations (ainsi donc, quand une orientation apparaît avec plus de 25 % dans les résultats c'est qu'elle a été retenue par plus d'un citoyen sur deux, et donc une majorité absolue, comme étant une des premières priorités à retenir).

La première priorité exprimée par les citoyens français est qu'ils attendent que soient établies des frontières claires entre les prérogatives de l'union européenne et celles des états nationaux (30 % et donc retenue par 60 % des français interrogés comme devant être une des deux priorités) ; c'est aussi la première des attentes de la moyenne des citoyens des pays de l'union (28 %).

La seconde priorité qui se dégage pour les citoyens français, qui ne manquera pas d'en étonner plus d'un, ... c'est de transformer l'union européenne en une zone de libre échange sans y assigner d'objectif politique (attente qui n'est classée qu'en troisième priorité par la moyenne des citoyens européens interrogés). Certains feront remarquer que le choix d'une " Europe sociale " n'était pas proposé mais ceci ne donne en réalité que plus de force encore à ce rejet de la dimension politique de l'Union Européenne.

Chacun pourra lire ne serait-ce que la synthèse des résultats (3) et constatera que l'ensemble des réponses (le rejet de l'idée d'un ministre européen des affaires étrangères, le peu d'engouement - en dehors de la France - pour l'euro, tant de ceux qui l'ont déjà que de ceux qui ne l'ont pas encore, etc. ) est un véritable camouflet en cet anniversaire du traité de Rome.

A l'échelle franco-française ce camouflet est d'autant plus cinglant que malgré la stigmatisation politico-médiatique des citoyens français après le non au TCE, lui opposant régulièrement l'europhilie supposée des citoyens allemands ... cette consultation met en lumière que les citoyens allemands sont encore plus euro-aigris que les citoyens français et que, comme la majorité des citoyens européens - à l'exception notable des français interrogés dans cette enquête (contrecoup de la propagande culpabilisante après le " non " au TCE ?) - ils voteraient majoritairement " non " à un référendum sur un nouveau traité élargissant les pouvoirs de l'union.

Quelques commentaires

De façon indiscutable cette enquête montre une insatisfaction démocratique des citoyens de la quasi-totalité des pays anciens ou nouveaux membres de l'Union Européenne. Cette insatisfaction exprime clairement leur perception d'une marche forcée à l'Union Européenne se réalisant contre leur volonté ; c'est ce qu'ils traduisent en réclamant, avec un pourcentage assez époustouflant, de pouvoir s'exprimer par référendum, et en exprimant de façon significative qu'ils répondraient " non " si on leur demandait un avis sur un traité renforçant l'Union Européenne aux dépens des Etats nationaux.

Quand on examine plus précisément les priorités choisies les choix sont clairs : les citoyens interrogés répondent " oui " à la coopération, notamment économique, " non " à l'intégration, notamment politique. Le " non " exprimé dans cette enquête ne peut pas être interprété comme une fermeture ou une frilosité au regard de la globalisation ; les réponses aux questions sur le protectionnisme sont sur ce point parfaitement limpides. Par contre ce " non " est bel et bien l'expression d'une exigence démocratique et d'un refus de transfert de souveraineté politique. Ainsi, même si elle ne s'exprime pas en ces termes, la demande de réorientation radicale exprimée dans cette enquête prend bien figure de rupture avec le processus d'intégration politique qui a été engagé avec le traité de Maastricht.

Retour sur le principe de subsidiarité

Un contradicteur amical a réagi à cette dimension démocratique et à la présentation du principe de subsidiarité que je faisais partager dans Respublica 522. Il a écrit : " La référence à l'Église catholique me semble peu pertinente dans tout ce débat. Si on m'avait demandé comment construire une Europe où chaque État puisse garder un maximum de souveraineté tout en en déléguant le strict minimum nécessaire, j'aurais sans doute inventé un système semblable. "

Là s'exprime effectivement le contresens, au sens littéral, couramment réalisé à propos du principe de subsidiarité ; même la professeure de droit international Monique Chemillier-Gendreau, pourtant partisane résolue de l'intégration européenne, identifiait dès le projet de traité de Maastricht que le principe de subsidiarité ne fonctionne pas dans ce sens là : " On trouve sous certaines plumes l'affirmation que le principe de subsidiarité limite le champ d'action des compétences de la Communauté à tout ce qui ne peut trouver de solution à l'échelon national. Or le principe est formulé de telle manière que la situation est exactement inverse et qu'il permet bel et bien l'expression incontrôlée des compétences de la Communauté. "[4]

Le principe de subsidiarité étant remis dans le bon sens, le courrier exprime néanmoins trois idées de base :

Il est donc nécessaire d'éclaircir davantage ces propos :

Notes

[1] Le communiqué de Reuters : http://fr.today.reuters.com/news/newsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2007-03-24T085625Z_01_CHE432130_RTRIDST_0_OFRTP-UNION-ANNIVERSAIRE-SONDAGE-20070324.XML

[2] Les résultats intégraux de l'enquête (en anglais, au format .pdf): http://www.openeurope.org.uk/research/mainfindings.pdf

[3] La synthèse en français: http://www.openeurope.org.uk/media-centre/pressrelease.aspx?pressreleaseid=32

[4] Monique Chemillier-Gendreau http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/europe/subsidiarite0036

Michel Naud Initiateur du réseau brightsfrance.free.fr/

5 - combat laïque

5.1 - Affrontement à la gare du Nord : la conséquence des mauvaises politiques anti-laïques, anti- sociales et anti-républicaines dans notre pays depuis 25 ans

Contrairement aux discours conformistes, depuis les événements de 2005, le niveau de violence n'a pas baissé dans de nombreuses cités. Les violences entre personnes ont même augmenté.

A aucun moment, les différents gouvernements depuis un quart de siècle, n'ont pris en compte les véritables causes laïques, sociales et républicaines de la violence en hausse constante. Pire, le gouvernement actuel accentue les politiques anti - laïques et anti-sociales dans les quartiers tout en ménageant la délinquance financière de la grande bourgeoisie. Cerise sur le gateau du scandale, l'abandon de la police de proximité par Nicolas Sarkosy ainsi que l'abandon du principe de rotation dans les brigades anti-criminalité (BAC) ont encore accentué le fossé entre la police et le peuple. Résultat, nous sommes entrés dans un cycle "d'hystérisation" des rapports police-jeunesse (selon les dires d'un syndicat de police) dont les politiques gouvernementales sont directement responsables.

L'émeute à la Gare du Nord n'est que l'illustration d'une situation grave qui ne se résoudra pas par une idée simpliste. Il faut une politique globale qui comprend :

Alors, on entrera enfin dans une nouvelle ère de progrès de l'humanité. Sans cela, les rustines et les idéologies à l'emporte - pièce ne feront qu'intensifier la crise qui frappe une part croissante du peuple.

L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org

5.2 - Victoire de la Laïcité à Lyon

Nous avions relaté dans Respublica la colère des laïques en apprenant que pour les rencontres de Sant'Egidio à Lyon en 2005, les contribuables avaient financé cette rencontre "au nom d'un humanisme de paix". Cette association romaine qui oeuvre dans les arcanes du Vatican avait concocté des statuts "laïques" pour bénéficier des subventions... républicaines. Et il y en eut! Rappelez-vous

La Fédération de la Libre Pensée du Rhône a estimé à 600 000 Euro en tout les subventions accordées au mépris de la loi 1905 : " La République ne reconnaît ni subventionne aucun culte"

Or, au cours de cette manifestation de deux jours, les prières et les cérémonies religieuses ont scandé ces "rencontres" pas du tout laïques !

Les juges ont donc estimé que, du fait de ses activités, Sant' Egidio a donné à l'évènement " un caractère en partie cultuel"

Le Tribunal administratif de Lyon vient donc" d'annuler les délibérations au fil desquelles les assemblées avaient voté les subventions!

L'UFAL du Rhône, qui avait participé, avec d'autres associations etc. à la protestation contre ces subventions, se réjouit de cette victoire !

Il serait bien que la Libre Pensée, avec d'autres associations LAIQUES, ait la même détermination pour lutter contre des subventions accordées ( souvent de manière déguisée) à d'autres associations, musulmanes etc. et lutte avec les associations féministes contre la venue de Hani Ramadan, par exemple... celui qui trouve que la lapidation, ce n'est pas si mal après tout.. Et tant d'autres atteintes à la laïcité, car il faut lutter contre TOUS les intégrismes religieux et contre TOUTES les subventions cultuelles, de toutes les religions, accordées avec l'argent public!

Sources : Le Progrès du 27 mars et Emission FR3, télévision

Mireille Popelin

5.3 - Soutien à un élu laïque de Saint-Denis

La Société de défense des laïques non-croyants, non-croyante et athées a pris connaissance en son temps de la note à l'attention des familles signée le 9 novembre 2006 par notre adjoint délégué au personnel et à la restauration, Monsieur Alain Laute.

Cette note qui faisait honneur à notre élu en se positionnant radicalement pour une laïcité franche et dans la ligne de la loi de 1905 n'avait pas à attirer de commentaires de notre association.

Aujourd'hui, des pressions s'expriment pour que les grands principes laïques qui donnent à notre école comme devoir de former des citoyens plutôt que de " futur pratiquant " (comme le souligne si bien notre élu), nous amène à exprimer notre point de vue.

La Société de défense des laïques non-croyants, non-croyantes et athées apporte sont soutien sans faille à Monsieur Alain Laute.

La Société de défense des laïques non-croyants, non-croyantes et athées s'oppose à ce que soit mentionné sur les viandes un logo en signalant la nature dans la mesure ou cette mention ne reviendrait à rien d'autre qu'à faire entrer le religieux dans l'école ce qui est contraire aux principes laïques.

Les menus étant affichés à la porte des écoles et porté à la connaissance des familles par l'intermédiaire du Journal de Saint-Denis, c'est aux familles de décider ou non de la présence des enfants à la cantine et non pas à l'école de se plier aux particularismes religieux ou autres des familles.

Fait à Saint-Denis le 23 mars 2007.

Le Président,

Jean-Claude Richard

6 - débats républicains

6.1 - Cher Nicolas, vous nous surprendrez toujours

Lorsque vous êtes sorti de votre rôle de producteur de télévision pour vous lancer dans la campagne présidentielle tel un chevalier de la lutte environnementale, vous nous avez surpris. Lorsque vous avez affirmé que le premier danger qui nous menaçait était le réchauffement climatique nous n'avons pas été surpris mais avons applaudi. Lorsque, malgré vos réticences vis à vis du nucléaire, vous avez dit que la priorité n'était pas d'en sortir mais de l'utiliser dans la lutte contre le réchauffement nous avons salué votre courage et votre lucidité. Lorsque vous avez choisi, pour vous conseiller, un certain nombre de personnalités dont les analyses, proches des nôtres, se basent sur des données scientifiques, nous avons pensé qu'enfin, le débat écologique en France allait sortir de l'éternelle controverse sur le nucléaire. Et le Pacte confortait notre espoir. Votre retrait de la course présidentielle témoignait que les questions du réchauffement climatique et de la biodiversité étaient trop sérieuses pour rester la chasse gardée d'un ou de partis verts et qu'elles devaient être une priorité absolue pour tous les partis de gouvernement. Cette analyse a toujours été la nôtre.

Et maintenant, désireux sans doute de ranimer un débat écologique que vous trouvez un peu endormi, vous proposez quatre moratoires qui apparaissent comme des exigences nouvelles par rapport au Pacte, et n'ont que peu de rapport avec le réchauffement climatique.

Quel est donc le dénominateur commun entre ces quatre moratoires?

Essentiellement, nous semble-t-il, la volonté de plaire à des groupes qui ne recherchent pas généralement à éclairer leurs concitoyens aussi objectivement que possible. Cette faiblesse pour la démagogie nous surprend quand le Pacte semblait appeler au courage de prendre des décisions impopulaires.

Quelle surprise, concernant le moratoire sur l'EPR, de constater que vous n'en réclamez pas sur les centrales thermiques à gaz, fioul et charbon prévues par la programmation pluriannuelle des investissements, pour une puissance installée 4 fois plus élevée que celle de l'EPR. Quelle surprise aussi de voir dénoncer les conditions de prise de décision de construction de l'EPR, alors que celle-ci a donné lieu à un ample débat suivi par un vote de l'assemblée, mais que tel n'a été le cas ni pour les centrales à flamme citées ci-dessus ni pour un programme de construction de milliers d'éoliennes qui coûtera 9 fois plus cher que l'EPR[1].

Quelle surprise, enfin, de constater votre fort soutien à Mme Voynet et M.Bové dont le programme énergétique peut se résumer en deux phrases: sans doute, diminuer la consommation énergétique mais, aussi, augmenter les émissions de gaz carbonique par l'exclusion de la production d'électricité nucléaire[2].

Le passage de Mme Voynet au ministère de l'environnement a été un flagrant exemple de la contradiction entre grandes déclarations écologiques et réalité des actions:

Nous sommes donc surpris, cher Nicolas, que vous accordiez plus d'attention à ceux qui préfèrent la polémique et la passion à la rigueur et à l'exactitude, qui préfèrent les mythes à la réalité, qui préfèrent frapper les esprits plutôt que de leur apporter l'information nécessaire à l'exercice du libre choix de chacun, qu'à ceux qui agissent réellement pour l'environnement

Autant votre apport lorsque vous défendez le Pacte écologique est important, autant nous pensons que votre message perd de sa force quand vous servez de porte voix à des mouvements protestataires plus intéressés par leur propre survie que par celle de l'humanité et de la planète.

Notes

[1] Pendant que les Français s'amusent à leur jeu préféré, se tirer une balle dans le pied, en dénigrant leurs entreprises publiques les plus efficaces, EDF et AREVA, les Américains vendent des réacteurs en Chine et les Russes en vendent au Maroc et en Algérie.

[2] Le Danemark, exemple célébré par les antinucléaires pour ses éoliennes et sa politique écologique consomme, effectivement, deux fois moins d'énergie par habitant que sa voisine la Suède, mais émet 50% de gaz carbonique en plus. C'est la politique danoise que prennent en exemple nos parangons de vertu écologique, pas celle de la Suède!

[3] L'arrêt de Super Phénix a été décidé au moment où son fonctionnement donnait toute satisfaction, après une période de rôdage difficile accompagnée de difficultés techniques mais, surtout d'imbroglios administratifs consécutifs aux multiples recours des mouvements anti nucléaires.

[4] Autre haut fait, Mme Voynet a raconté lors d'une émission de télévision comment elle s'était entendue avec le ministre de l'environnement britannique pour tromper à la fois Lionel Jospin et Tony Blair et empêcher que le nucléaire soit reconnu comme énergie éligible aux mécanismes de développement propre, sacrifiant ainsi les intérêts de son pays à son entêtement idéologique.

Collectif "Sauvons Le Climat" www.sauvonsleclimat.org
Président: Hervé Nifenecker
Président du conseil scientifique : Michel Petit (vice-président de l'union rationaliste)

6.2 - L'urgence énergétique (partie III): Bilan actuel des énergies renouvelables

lire la Partie I, la Partie II.

Dans le volet II, nous avons évalué les puissances et énergies colossales que représentent les flux énergétiques renouvelables exploitables (hydraulique, solaire, éolien, biomassique, géothermique, marin), et nous avons examiné les potentiels énergétiques récupérables dans le monde et en France à l'aide des techniques actuelles ou en développement.

L'examen de ces chiffres montre qu'en utilisant les techniques actuelles, les énergies renouvelables peuvent très largement subvenir aux besoins d'énergie (chauffage, transport, électricité) en France et dans le monde.

Dans ce volet, nous comparons le bilan énergétique renouvelable français actuel à celui des autres pays européens. Le bilan financier comparé des énergies sera abordé dans un autre article.

1. Productions et consommations renouvelables en France

Dans la comptabilité officielle 1, la production d'énergie renouvelable en France en 2005 totalise 17,5 MTEP1, soit 12,7% de la production totale d'énergie primaire du pays (137,6 MTEP). Elle était de 18,1 MTEP en 2004 (13,1% du total de 137,9 MTEP) car la baisse de la pluviométrie a entraîné une baisse de 13,1% de la production hydraulique, malgré une hausse de la production éolienne et photovoltaïque.

Mais cette comptabilité gonfle artificiellement la production d'électricité nucléaire en la divisant par le rendement des centrales (33%) qui perdent les 2/3 de leur énergie thermique dans l'eau de refroidissement des rivières, des fleuves ou de la mer. La part réelle des énergies renouvelables dans la production énergétique française est donc de 29,6% en 2005 (30,2% en 2004), ce qui est conforme à la réalité de notre pays, traditionnellement grand producteur d'hydroélectricité et surtout de bois.

La production d'énergie électrique renouvelable française a été de 57,9 TWh2 en 2005, soit 10,0% des 575,4 TWh de la production électrique totale (66,1 TWh en 2004 sur 573,8 TWh, soit 11,5%), alors que l'électricité d'origine nucléaire atteint 451,5 TWh (38,8 MTEP) en 2005 (78,5%).

Mais en tenant compte des 60,3 TWh d'électricité nette exportée ; de l'autoconsommation de 25 TWh par les centrales (essentiellement nucléaires pour l'enrichissement du combustible), ainsi que des pertes d'énergie électrique dans la distribution par les lignes THT (entre 6 et 10% de la production totale selon les calculs), la part réelle (ou réaliste) de l'électricité renouvelable produite et consommée en France s'élève en 2005 à 12,5% de la production totale utile.

D'autre part, le chauffage électrique des bâtiments représente un véritable gaspillage physique d'électricité étant donné le mauvais rendement des centrales et les pertes en ligne. Il entraîne un suréquipement de production électrique pour répondre aux quelques jours de pointe de surconsommation en hiver (la puissance maximale appelée a été de 84,7 GW en 2003), nécessitant le recours aux centrales d'appoint au fioul, charbon et gaz et à des importations supplémentaires de combustibles fossiles, en produisant davantage de gaz à effet de serre. La part de l'électricité nécessaire en France est donc fortement surévaluée par le développement anarchique et volontaire du chauffage électrique et des pompes à chaleur à faible performance. Nous reviendrons sur la rationalisation de la consommation énergétique et sur la structuration de la production dans un prochain volet de cette étude.

Si l'on se tourne maintenant du côté de la consommation d'énergie finale (énergie réellement utilisée par tous les types d'utilisation), la part des énergies renouvelables en France n'est plus que de 9,9 % de la consommation d'énergie finale française de 176,2 MTEP en 2005 (10,2% en 2004). Il est à noter que l'électricité consommée en 2005 représente 36,4 MTEP (20,6% de la consommation finale), mais encore une fois il faudrait décompter l'autoconsommation d'électricité par les centrales, au prorata de l'électricité non exportée, soit 1,9 MTEP.

Le nucléaire ne fournit donc que 15,2 % de l'énergie utile consommée en France, dont une grande partie est inutilement gaspillée en chauffage électrique et transport de lignes électriques.

L'essentiel de la consommation énergétique française est en fait représentée par les produits pétroliers et gaziers (85,8 et 37,2 MTEP en 2005), soit au total 69,8% de la consommation finale.

2. Le mythe de l'indépendance nationale

Officiellement, le taux d'indépendance énergétique de la France est de 49,8% en 2005 2 mais la base de calcul de ce taux est purement idéologique, comme nous allons vite le constater et comme l'on montré de nombreuses études indépendantes françaises et étrangères basées sur la comptabilité réelle des énergies extraites et converties nationalement.

Il est totalement biaisé par la comptabilisation officielle de la production électronucléaire comme production d'origine française, alors que le minerai d'uranium est entièrement importé. Le lobby nucléaire justifie cette méthode par la faible part du coût de l'uranium dans le prix de revient du kWh nucléaire, officiellement de l'ordre de 5%, mais ce calcul est tout à fait fallacieux : un calcul identique appliqué à une automobile conduirait à une part d'importation pétrolière dans le coût du km parcouru de l'ordre de 6%! En déduit-on pour autant que notre indépendance nationale est de 94% vis à vis des pays de l'OPEP?

Le concept d'indépendance énergétique nationale ne doit pas être confondu avec celui de sécurité d'approvisionnement. C'est évidemment le devoir de tout gouvernement de constituer des réserves stratégiques d'énergie sous forme de gaz, de pétrole, de chaleur, d'eau de barrage ou d'uranium, capable de subvenir à des ruptures d'approvisionnement de plusieurs mois.

Nous développerons tous ces aspects dans un prochain article.

Hormis les énergies renouvelables, entièrement nationales, la France produit encore du gaz (10,7 TWh), du pétrole (1,18 MTEP) et du charbon (0,24 MTEP) sur son propre sol. L'uranium provient entièrement des pays étrangers. La production nationale d'énergie en 2005 s'élève donc à 19,8 MTEP : le taux d'indépendance nationale réel de la France est de 11,2%. Ce résultat est très voisin de celui de 8% établi par l'étude 3.

3. Bilan de la production énergétique renouvelable en France

Elle est marquée par le décollage des productions éoliennes, solaires thermique et photovoltaïque depuis 3 à 5 ans, et par le socle traditionnellement important de production hydroélectrique et de bois-énergie 4:

L'injection de cette puissance éolienne dans le réseau électrique a fait l'objet de nombreux rapports. Celui de l'EWEA (European Wind Energy Association) montre que le réseau européen actuel est capable d'absorber au moins 20% de puissance éolienne sans poser de problèmes techniques 5, confirmant celui de l'IEA (International Energy Agency) qui conclut que " la question d'une limite supérieure à la pénétration des énergies renouvelables sur les réseaux existants est économique et politique plus que technique " 6. Il faut savoir qu'actuellement, l'éolien dépasse déjà 20 % de la production électrique au Danemark qui s'est fixé 80% en 2025!

En France, RTE (Réseau de Transport d'Electricité) collabore avec Météo France pour installer une gestion prévisionnelle de la puissance éolienne intégrant l'effet de foisonnement, c'est à dire la complémentarité entre zones plus ventées et moins ventées qui compense l'intermittence du vent. Le CNRS travaille sur les dispositifs tampons de stockage électrique (supercondensateurs, piles à combustibles), tandis que les laboratoires d'EDF, de l'INPG et de certaines entreprises réfléchissent déjà à la gestion informatique des futurs réseaux électriques intelligents, décentralisés et interconnectés7.

Comparée aux autres pays européens, la France a perdu son avance technologique éolienne des années 60 après avoir investi massivement l'argent public dans l'industrie nucléaire ; elle est aujourd'hui à la traîne mais progresse rapidement sous l'effet des investissements massifs des compagnies européennes et américaines, du fait de l'énorme progression technologique des grandes éoliennes, de la forte rentabilité de l'énergie éolienne et de sa grande rapidité de mise en oeuvre.

En effet, la productivité des grandes éoliennes actuelles de série de 3 MW est de l'ordre de 4700 kWh/an par kW nominal en mer et 2600 kWh/an par kW nominal sur terre 8, soit un facteur de charge équivalent à puissance nominale de 54% en mer et 30% sur terre (mais les éoliennes modernes fonctionnent de toute façon plus longtemps puisqu'elles suivent la puissance du vent même en dessous de la puissance nominale, et ramènent progressivement leur puissance à zéro jusqu'à des des limites de vent supérieures à 200 km/h).

De plus, les éoliennes sont aujourd'hui les techniques offrant la durée de remboursement énergétique la plus courte. Le calcul détaillé de l'énergie et des matériaux dépensés pour fabriquer une grande éolienne de série de 3 MW au Danemark (mêmes conditions qu'en France) conduit aux résultats suivants 8:

coût énergétique total: 8,1 MWh avec une production de 14 230 MWh/an pour une éolienne en mer (durée de remboursement énergétique 6,8 mois) ; 4,3 MWh avec une production de 7890 MWh/an pour une éolienne sur terre (durée de remboursement énergétique 6,6 mois); émission de CO2 : 5,2 g/kWh produit sur 20 ans en mer ; 4,6 g/kWh sur terre (à comparer à la production moyenne de 548 g/kWh produit par l'ensemble des centrales électriques).

La production électrique éolienne en Europe (UE 25) en 2006 a été de 81,4 TWh avec une puissance nominale de 48 042 MW, ce qui représente une productivité moyenne de 1700 kWh/an par kW nominal.

C'est l'Allemagne qui fournit actuellement le plus gros effort (30,4 TWh avec 20 622 MW), suivie de l'Espagne (24,0 TWh avec 11 615 MW) et du Danemark (6,1 TWh avec 3137 MW). Les puissances moyennes des éoliennes installées en 2006 sont : 1,7 MW (France) ; 1,85 MW (Allemagne) ; 1,4 MW (Espagne) ; 2,1 MW (Royaume Uni) ;

produite par 913 900 mètres carrés de capteurs en 2005 (792 500 en 2004 ; 716 400 en 2003).

Alors que la France est un pays bien ensoleillé, sa capacité de production solaire thermique installée est encore très modeste comparée aux pays leaders européens en 2005 : 7 109 000 mètres carrés en Allemagne (7,8 fois plus) ; 3 047 000 mètres carrés en Grèce (3,3 fois plus) ; 2 600 000 mètres carrés en Autriche (2,8 fois plus). Si l'on rapporte cette capacité au nombre d'habitants, la France tombe à la 11ème place avec seulement 13,2 mètres carrés/1000 habitants, loin derrière Chypre avec ses 582,4 mètres carrés/1000 habitants!

Avec pour toute ambition une prévision de 200 000 chauffe-eau solaires d'ici 2010, la loi de programmation de 2006 est ridiculement en dessous des investissements nécessaires et possibles pour notre pays, quand l'Allemagne met en oeuvre toute une logistique d'industries, d'installateurs formés et de bureaux d'études et de politique fiscale pour rendre maximale la production solaire thermique dans tout le pays!

Cette absence de volonté politique forte est d'autant plus regrettable que les systèmes de chauffage solaire et de chauffe-eau solaire européens sont devenus particulièrement performants avec des rendements moyens d'installation de 50 à 60%, sans parler de ceux des usages industriels et collectifs encore plus élevés.

De plus, c'est un investissement énergétique sur l'avenir efficace puisque la durée de remboursement énergétique des systèmes solaires thermiques est comprise entre 1,4 et 2,3 ans en moyenne européenne 9, avec des durées de vie bien supérieures à 30 ans;

produite par une puissance-crête installée de 33 MWc en 2005 (30,7 en 2004 ; 21,1 en 2003). Là encore, la France est très en retard dans sa capacité de production électrique solaire. En 2005, l'Allemagne atteint une puissance de 1537 MWc (47 fois plus), et le Luxembourg produit 51,5 Wc par habitant contre 0,54 en France (95 fois plus). Pourtant, les immenses progrès réalisés et en cours dans la fabrication et les performances des photopiles ouvrent de très grandes perspectives pour les 20 ans à venir, faisant dire à Philippe MALEBRANCHE (CEA) qu' " à terme, le solaire va s'imposer... parce qu'il sera économiquement le plus rentable " et pourrait assurer 40% de la consommation électrique nationale (Le Monde, 9.11.06). De plus, et contrairement aux fausses rumeurs lancées par le lobby nucléaire, la durée de remboursement énergétique des installations photovoltaïques se situe entre 1,6 et 3,3 années de production selon les pays 10 avec des durées de vie supérieures à 25 ans;

La France est le premier pays européen dans la filière bois-chaleur, et la Finlande le premier dans la filière bois-électricité avec 10,2 TWh en 2005, mais les techniques de cogénération électricité + chaleur se développe rapidement en Allemagne et aux Pays-Bas;

Mais la production de biogaz en France est très en deçà de son potentiel réel et très loin derrière le Royaume-Uni et l'Allemagne (1,6 MTEP/an chacun);

Comme nous l'avons dit dans le volet (II) de cette étude, c'est la filière la moins efficace de conversion solaire, même si elle reste au-dessus du rendement de la production d'essence à partir du pétrole. Il est cependant prévu de la développer à hauteur de 0,54 MTEP/an en 2010 sur 274 000 ha, mais il faudrait développer des modes de production beaucoup plus efficaces et écologiques;

L'Allemagne est le plus gros producteur européen avec 1,5 MTEP/an. Le plan 2010 prévoit d'atteindre 2,7 MTEP/an en France sur 2,2 Mha, mais les HVP (huiles végétales pures) pourraient changer la donne ;

Par manque de volonté politique, la France a perdu son avance dans la filière géothermique alors que ce gisement est très élevé et offre un grand potentiel de stockage thermique.

Prochain volet :

L'urgence énergétique (IV) : Le nucléaire, entre dogme et réalités

Thierry DE LAROCHELAMBERT Chaire supérieure de Physique-Chimie en CPGE,
Professeur de mécanique des fluides en École d'Ingénieurs,
Chercheur à l'Université.

7 - A lire

7.1 - "Combattre le terrorisme islamiste" de Mohamed Sifaoui

Editions Grasset Mars 2007 272 pages 17,90 Euro

Mohamed Sifaoui sera-t-il lui aussi traité de raciste par ceux-là même qui cherchent à couvrir leurs alliances douteuses avec les islamistes ?

Ils n'oseront pas...à voir !

L'auteur nous explique d'où viennent l'intégrisme et la différence existant entre l'islamisme politique qui n'est qu'une instrumentalisation du Coran et la religion musulmane en tant que telle.

Il n'y a ni confusion, ni amalgame chez ce journaliste sérieux et méticuleux. Il nous offre là une enquête des plus rigoureuse et une analyse pertinente.

" L'islam est une religion, l'islamisme une idéologie. Par conséquent, l'islamisme n'est pas l'islam mais plutôt un travestissement malsain de cette religion monothéiste. Ainsi, toute lutte doit-elle cibler, non pas la religion, mais l'idéologie islamiste. Une idéologie qu'il nous faut comprendre et combattre en lui opposant des valeurs de justice, de droit, de liberté et de démocratie ".

Naturellement et comme à son habitude, l'auteur démontre ce qu'il avance, en revenant aux sources et en apportant des preuves irréfutables.

Les premières victimes des intégristes sont les musulmans qui veulent pratiquer leur religion tranquillement et les amalgames en cours entre l'islam et l'intégrisme profitent aux salafistes et autres obscurantistes qui essayent de masquer la réalité.

Mohammed Sifaoui rappelle clairement que la France doit rester une terre d'accueil et qu'une politique d'immigration doit permettre une intégration républicaine.

Pour lui, il est indispensable à la fois de permettre aux habitants de toutes origines de pouvoir disposer du droit de vote et à la fois d'empêcher l'entrée d'islamistes sur le territoire.

" Pourquoi faut-il aujourd'hui affirmer de telles choses ? D'abord parce qu'objectivement, l'écrasante majorité des islamistes déteste l'occident, son histoire, sa population, ses langues et ses valeurs ; ils ne veulent pas (et ne comptent pas) s'intégrer, rejettent les lois des pays européens et ne souhaitent être à l'origine d'aucun apport positif pour la société à laquelle ils sont censés appartenir ".

Leur seul objectif est de mener une propagande intégriste et de contraindre la population de culture musulmane à suivre à la lettre les préceptes que les différents islamistes imposent.

Pour comprendre l'intégrisme, son idéologie et son mode opératoire, il faut lire ce livre. Naturellement, l'auteur ouvre des pistes de combat contre l'islamisme et émet des propositions à discuter.

Si effectivement il faut que la lutte contre le terrorisme soit implacable, ce qui suppose que des moyens adaptés soient utilisés, il faut aussi qu'elle ne conduise pas à des dérives sécuritaires.

Il est nécessaire et indispensable de lutter contre l'exclusion sociale et mener une politique d'immigration qui permette de mettre fin à la ghettoïsation de certaines populations et leur ouvre des perspectives autres que le chômage et la relégation.

Jean-François Chalot

8 - courrier des lecteurs

8.1 - Machines à voter et radars

Bonjour,

C'est vraiment chouette ce que vous écrivez !

L'outil informatique est un outil extraordinaire, mais pourquoi faut-il que toutes les technologies servent à asseoir un peu plus le pouvoir de ceux qui l'ont déjà trop ? Ayant quelques connaissances en informatique, je suis d'accord avec ce que vous dites.

Oui, nous vivons dans une société qui se déshumanise, car encore une fois, je le redis, les technologies servent le pouvoir, alors que les avancées qu'elles ont permises dans plusieurs domaines sont très importantes pour l'humanité, mais ceux qui tiennent les rennes s'emparent de tout, y compris de votre parole si vous n'y prenez pas garde !

Oui, tout ce que vous dites sur l"ambiance" des salles de vote est vrai, quant aux radars, il est clair que ce sont des "boîtes à fric" pour l'état ! Honte à nos dirigeants ! Où est la prévention routière dans tout ça ?

Je me suis toujours dit que si le gouvernement voulait vraiment réduire les accidents de la route, il ferait passer plus souvent des "pubs" sur la sécurité et la prévention en matière de conduite.

J'approuve et je soutiens tous ceux qui luttent et qui dénoncent les abus de pouvoir de notre gouvernement, et actuellement, avec Sarko, il y a de quoi faire !

Merci pour vos infos.

Bien cordialement,

Hélène

8.2 - Communisme hallal

Bonjour Evariste,

Je ne résiste pas au plaisir de vous communiquer ce message d'une responsable locale du PC 84, qui persiste à m'envoyer communication de cette superbe candidate progressiste MGB. Evidemment on y appréciera ce jeu délicat d'attention dans la composition du menu. Au fait, rien de kasher, pour les juifs ? Pourquoi ? Etonnant, n'est-il pas ? Rien pour les végétariens ? Rien pour Les Adorateurs du Veau Gras ? Rien pour les Pourfendeurs du Septième jour ?

Allons, allons, je suis méchant


Info du comité de soutien orangeois à la candidature de Marie George Buffet

Si vous souhaitez vous participer au repas faites moi le savoir par retour de mail

Repas de la gauche populaire et antilibérale DIMANCHE 25 MARS, à 12 H 30, Salle des Fêtes de Violès, 11 H 30 prise de parole, 12H apéritif

Menu

Pablo Moyal

Agenda