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  1. chronique d'Evariste
    1. Les antifascistes de pacotille, et les vrais résistants, par Évariste
  2. combat féministe
    1. Justice pour Ghofrane, par Brigitte Bré Bayle
  3. communautarisme
    1. Rassemblement des Indigènes de la République à Paris : un fourre-tout où on côtoie le pire, par Mustafa Al Ayyubi
  4. débats républicains
    1. La nation, un concept républicain (5ème partie): la nation et ses symboles : le drapeau, l'hymne et la fête, par Valentin Boudras-Chapon
  5. Elections présidentielles 2007
    1. C'est dès dimanche prochain qu'il faut préparer la défaite de Sarkozy, par Christian Gaudray
    2. Malgré les siens, par Jean-Luc Mélenchon
    3. La république face à tous les dangers, par Corine Lepage
    4. Pour une république démocratique, laïque et sociale, par Joël GAUBERT
    5. Le contrat première chance et la "fabiussisation" de Ségolène Royal., par François Gaudu
    6. Rallumons la flamme de la Résistance, par Philippe Viardot
    7. Lisez vraiment le programme de Ségolène, par Dominique Jobard
    8. J'aimerais savoir pourquoi voter Ségolène est "utile", par Christian GUILLEMINOT
    9. La TVA antisociale de Sarkozy, par Jean-Jacques Chavigné
  6. combat laïque
    1. L'ADLPF existe dans les Bouches-du-Rhône, par Denis Pelletier
  7. extrême-droite islamiste
    1. Attentats à Alger, par L'Association "Djazairouna"
    2. 300.000 Turcs, en provenance de toute la Turquie, ont défilé samedi à Ankara dans le calme., par AFP
  8. courrier des lecteurs
    1. Je vous suspecte de rouler pour Ségolène, par J. G
    2. Ne critiquez pas mon parti et mon syndicat injustement, par Roger Martin
    3. Ne pas confondre patriote et xénophobe, par Raymond Dupebe
    4. A propos de Sant'Egidio..., par Jean-José Mesguen
  9. A lire
    1. Paul Violet, "Ne dites pas au peuple que la mondialisation c'est la mort de la démocratie, il croit que c'est son avenir !", par Jean Sébastien
  10. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Les antifascistes de pacotille, et les vrais résistants

Quelques jours après les terribles attentats qui ont à nouveau ensanglanté l'Algérie et le Maroc, et à moins d'une semaine d'un premier tour des présidentielles où le risque de la présence du Front national au deuxième tour n'est pas exclu, il n'est pas inintéressant de réfléchir à certaines curiosités, en France, du combat du camp qui se réclame du progrès contre la montée de l'extrême-droite.

Il y a eu une volonté légitime de construire un cordon sanitaire autour de l'extrême droite, à partir des années 1983, quand ses scores ont commencé à atteindre un niveau inquiétant. Il était légitime de combattre un parti qui soutenait alors l'apartheid en Afrique du Sud, qui avait approuvé le coup d'Etat de Pinochet, qui comprenait dans ses rangs des nostalgiques de Vichy et de la thèse du complot judéo-maçonnique. Par contre, les méthodes gauchistes d'agitation minoritaire, et la diabolisation de Le Pen ont eu complètement l'effet contraire que celui escompté. Que comprend le citoyen, quand il voit tout le monde taper sur un seul homme ? Que celui qu'on lynche en permanence est une victime, et que si tout le monde lui tape dessus, c'est qu'il dérange le système, alors que les autres en sont complices. Résultat, aujourd'hui, pour beaucoup, le vote Le Pen incarne le vote anti-système !

Mais le plus pathétique n'est pas là. Beaucoup de militants antifascistes se sont proclamés des résistants, rien de moins. On pourrait à la rigueur, accorder ce titre à ceux qui ont combattu, localement, les élus du Front national, à Marignane, Vitrolles ou Toulon, quand les frontistes avaient gagné la mairie, et faisaient régner un ordre musclé contre toute opposition.

Mais en dehors de cela, le Front national n'a jamais eu les moyens militaires de tenir la rue, en France. On n'a jamais été dans les années 20, en Italie, où les chemises noires faisaient régner leur ordre, ou dans les années 30, où les nazi attaquaient les meetings socialistes et communistes, et faisaient des démonstrations de force dans les rues.

Jamais les manifestations de Le Pen, en France, n'ont dépassé une dizaine de milliers de manifestants, le premier mai, à Paris. Et la caricature de cela fut cette réaction citoyenne entre les deux tours, en 2002, où tout le monde (dont l'auteur de ces lignes) manifesta contre le péril fasciste, alors que leaders frontistes et électeurs se terraient chez eux. Les professionnels de l'anti-fascisme avait par ailleurs beau jeu de dénoncer une France qui était soit-disant devenue une terre de chemises brunes : entre 1995 et 2002, le vote extrême-droite n'a pas augmenté en nombre, mais en pourcentage. C'est le fort taux d'abstention qui a permis à Le Pen d'être au second Tour.

Dans le même temps, une autre extrême droite attaquait les fondements de la démocratie, et la laïcité, en France. La première affaire du voile, en 1989, à Creil, fut des plus révélatrices. Les trois jeunes filles et leur famille étaient manipulées par les organisations intégristes, c'était un test. Non seulement les bonnes âmes de gauche et d'extrême gauche, souvent en première ligne contre Le Pen, ne bougèrent pas une oreille, mais ils firent bien pire. Ils allèrent jusqu'à reprocher aux vrais résistants laïques, qui expliquaient que les enjeux tournaient autour de la défense de la laïcité contre l'obscurantisme, qu'ils parlaient comme Le Pen, qu'ils faisaient le jeu l'extrême droite, et qu'ils alimentaient le racisme. Nombre de militantes quittèrent SOS Racisme, le Parti socialiste ou d'autres organisations, dégoûtées par le discours de cette gauche aveugle, moralisatrice, culpabilisée et bien-pensante, qui insultait par sa lâcheté le combat des femmes de l'autre côté de la Méditerranée.

Cette gauche compassionnelle, pendant la terrible guerre civile algérienne, continua à protéger scandaleusement les égorgeurs islamistes, au nom du " qui tue qui ", théorie de José Garçon, journaliste de Libération, de Gresh, du Monde Diplomatique, de la direction de la LDH et du Mrap, de l'extrême gauche trotskiste et des Verts, qui faisaient porter sur le peu sympathique gouvernement algérien la responsabilité des massacres islamistes. Jamais il n'y eut une grande manifestation de soutien aux progressistes algériens, aux démocrates algériens, aux laïques algériens.

On vit même, en Algérie, la représentante du mouvement trotskiste lié au Parti des Travailleurs, Louisa Hannoun, lors des accords de Sant'Egidio, marcher main dans la main avec le FIS contre le pouvoir algérien.

En France, on retrouvera ces clivages lors de la bataille pour une loi contre les signes religieux à l'école. Certes, depuis 1989, certains ont su évoluer, comme la direction de SOS Racisme, qui a compris que la naïve théorie du " jean qui se substituera au voile " ne marchait pas. Mais on retrouvera, au début de la campagne, toute la gauche hostile à l'idée d'une loi. Ayons le courage de le dire : si Lionel Jospin avait gagné en 2002, le voile serait aujourd'hui massivement présent au sein de l'école de la République !

Certains allèrent bien plus loin, puisqu'on vit les trotskistes des JCR protéger avec leur service d'ordre des jeunes filles voilées, au coude-à-coude avec les barbus. Logique qui allait conduire à la création du collectif " Une Ecole pour tous ", puis des ineffables " Indigènes de la République ", dont l'appel insensé sera signé essentiellement par des militants du PCF, de la LCR et du Mrap, aux côtés des proches de Tariq Ramadan.

Il aura fallu la pugnacité de ceux qui, républicains laïques, dès 1989, combattaient l'idée que les signes religieux, dont le voile, n'avaient pas leur place à l'école. Ils se firent insulter par toute la gauche bien-pensante, étant souvent qualifié de nostalgiques de l'ordre colonial, voire de racistes, dans le pire style stalinien.

On a donc affaire à des " antifascistes " qui combattent le Front national, qui combattent l'extrême droite catholique, et qui ferment les yeux quand une autre extrême droite, en France, représente aujourd'hui la principale menace pour la démocratie, le droit des femmes, et la laïcité : l'extrême droite islamiste.

Les attentats de Paris, en 1995 ? Aucune mobilisation ! Les attentats de New York, Madrid et Londres ? Aucune mobilisation ! La condamnation à mort de Salman Rushdie en 1989, de Taslima Nasreen en 1992 ? Service minimum ! Robert Redeker obligé de vivre sous haute protection policière pendant quatre mois ? C'est sa faute ! Mohamed Sifaoui, journaliste algérien laïque, musulman, contraint de vivre depuis quatre ans protégé jours et nuit ? Il l'a bien cherché ! On voit quel est le système de cette gauche bien-pensante. Le philosophe Jean-Marie Kintzler a su l'exposer avec une grande netteté : cette gauche anti-fasciste ne sait tout simplement pas sur quel pied danser. Lorsqu'elle est confrontée à un fascisme venu du nord, à un fascisme "blanc", elle sait mener un combat vigoureux : elle danse sur le pied républicain ; mais lorsqu'il s'agit d'un fascisme venu du Sud, elle est tourmentée, elle minimise, et danse alors sur le pied communautariste : le professionnel de l'anti-fascisme y regarde alors à deux fois, il prend en considération les particularismes du fasciste - sa souffrance, son histoire, sa religion, etc. -, il s'interroge - attention, dit-il en fronçant les sourcils, les mots sont importants : le mot "fascisme" est trop fort, il est déplacé, etc. , et il finit toujours par donner des leçons - "Redeker abuse de sa liberté d'expression", "Rushdie est tout de même un provocateur", "ceux qui défendent une loi contre le port des signes religieux à l'école sont favorables à l'exclusion", etc. Minimiser et culpabiliser : cette gauche qui se croit volontiers progressiste sait être féroce.

La même gauche " antifasciste " est aux abonnés absents quand, à Lyon, les islamistes invitent Hani Ramadan, qui a dit que le sida était une punition divine, et que la lapidation des femmes constitue une punition, mais surtout une purification (Le Monde, septembre 2002). Mais elle déroule le tapis rouge au frère, Tariq (second visage de Janus, moins féroce, plus policé : Tariq sait quel discours il faut tenir pour fabriquer le piège dans lequel tombera la gauche bien-pensante) dans les colloques altermondialistes.

Les antifascistes de pacotille luttent contre l'intégrisme catholique, et contre Le Pen. C'est bien, c'est également confortable, très politiquement correct, et guère dangereux, aujourd'hui, en France.

D'autres, tout aussi antifascistes, luttent contre l'extrême catholique, et contre le Front national, avec des arguments républicains, bien plus efficaces et rassembleurs que l'agitation groupusculaire gauchiste. Mais ils sont également aux côtés des combattants progressistes qui, en Algérie et ailleurs, sont au premier rang face à la pieuvre islamiste.

Ils sont avec les dessinateurs danois, contre la censure, et ils soutiennent Charlie Hebdo dans son procès. Ils sont aux côtés de Ni Putes Ni Soumises, et de toutes les filles des quartiers, premières victimes du machisme religieux et du caïdat qui transforment les femmes en objets sexuels. Nul ne s'y trompe : ces vrais résistants n'ont rien à voir avec les professionnels de l'anti-fascisme qui se demandent encore si le mot "islamo-fasciste" n'est pas un terme islamophobe. Pendant que ces précieuses ridicules dissertent entre gens de bonne compagnie, le terrorisme islamiste tue en Algérie et au Maroc, les filles des quartiers sont les victimes du machisme le plus archaïque, et les intellectuels sont invités à s'auto-censurer.

Etre un vrai résistant, aujourd'hui, c'est refuser de segmenter le combat contre l'extrême droite, c'est mener avec la même détermination le combat contre tous les intégrismes.

C'est surtout ne pas pervertir le combat antiraciste en brouillant les pistes, comme le font les Indigènes de la République, une partie de l'extrême gauche et une trop grande partie de la gauche bobo, ainsi que tous les bénets compassionnels du Mrap et de la LDH, pour le plus grand bonheur des fascistes islamistes, ravis d'avoir de tels idiots utiles " progressistes " et " antifascistes " pour accompagner leur offensive réactionnaire, obscurantiste et fascisante contre les Lumières et la liberté de conscience.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - combat féministe

2.1 - Justice pour Ghofrane

Il pleuvait sur Aix en Provence ce vendredi 13 avril 2007, dernier jour du procès des assassins de Ghofrane comme il pleuvait sur Marseille le 18 octobre 2004, le jour où ils l'ont tuée.

Revêtus de tee-shirt " justice pour Ghofrane " imprimés de la photo de la jeune fille, plus d'une centaine de personnes ont attendu le verdict jusque tard dans la soirée, devant la cour d'assises du Palais Montclar.

Monia était là, femme admirable et digne, entourée de ses enfants au courage exemplaire, de ses proches, complices depuis le premier jour du drame et de tous ses amis et amies venus de Marseille, de Toulon, de Nice ou de Paris.

Monia a pris la parole. Son micro ne fonctionnait pas très bien. Elle a élevé la voix pour qu'on l'entende dire son combat, pour qu'on l'entende remercier nommément ceux et celles qui l'ont soutenue, ceux et celles qui l'ont accompagnée dans les moments les plus difficiles, ceux et celles qui l'ont aidée à chercher pourquoi et à comprendre comment on avait tué sa fille. Elle a remercié ceux et celles qui l'ont aidée à créer son association d'aide aux victimes, l'association " Ghofrane ", ceux et celles qui ont contribué à écrire son livre[1] et à le publier.

Monia parle de toutes ces personnes là dans son livre " Ils ont lapidé Ghofrane "

Ce livre, elle ne l'a pas écrit par haine ou par désespoir. Comme le souligne Jean-Claude Tourret dans sa préface, " ce livre n'est pas non plus le résultat d'un travail d'enquête qui viendrait soutenir ou compléter celle de la justice... ". Car au-delà de son combat de mère à la recherche de la vérité, Monia veut se battre contre toutes les violences dont les femmes sont victimes et contre le sexisme, ce sexisme " ordinaire " qui fait régresser la condition des femmes, ce sexisme de plus en plus présent dans certains quartiers où les filles sont soumises au contrôle permanent des garçons, un sexisme qui engendre des violences parfois extrêmes contre les femmes, un sexisme qui pousse trop souvent au crime. Monia n'a pas choisi le titre de son livre par provocation. Elle tenait à y faire figurer le terme " lapidation ". C'était aussi l'un de ces combats, celui de faire reconnaître ce qualificatif comme le mot juste et le seul qui puisse convenir à la définition du crime. " Lapidation " est un mot qui passe mal et que certains n'ont jamais voulu entendre par peur ou par précaution, pour ne pas heurter les esprits de ceux qui l'associent à la sentence des tribunaux islamistes. Et pourtant ce terme a été utilisé lors du procès et figure dans les délibérations des juges. Il n'a jamais été question pour Monia et ses amis de faire référence à la mise à mort de Ghofrane en d'autres termes que celui qui définit un meurtre par jets de pierres. Ghofrane avait sur le visage trente et un impacts de grosses pierres.

Les journalistes de " La Provence " et de " La Marseillaise ", n'ont pas utilisé ce mot dans leur article publié au lendemain du verdict. Mais on peut lire, dans un encart jouxtant l'article de " La Provence " ces propos de Monia : " la lapidation est la mort la plus cruelle qui soit pour une femme. Plus jamais de lapidation en France ". Et à juste titre une précision y est ajoutée : " la maman ne dit pas que sa fille a été lapidée comme un crime rituel, simplement qu'elle a été tuée à coups de pierres "

Monia a maintenant d'autres combats à mener. La force de son engagement, elle la puisera dans le souvenir de Ghofrane, elle l'aura pour ses enfants et pour toutes les familles des victimes. " Sensibiliser, c'est le maître mot de mon avenir, déclare t'elle dans son livre. J'irai visiter des écoles, des collèges, des lycées, des facultés, des prisons. Peut-être continuerai je plus tard ma lutte hors de nos frontières... "

" Le sens de l'engagement de Monia Haddaoui, écrit encore Jean-Claude Touret[2] , c'est aussi un combat pour des valeurs de respect et de tolérance dans une société multiculturelle de plus en plus travaillée par l'intégrisme, le racisme et le fanatisme. C'est donc un combat pour le " savoir vivre ensemble " sans lequel nulle société ne saurait perdurer. "

Parce que Ghofrane savait faire partager sa joie de vivre, parce qu'elle avait ce goût de la liberté et la passion de la Capoeira, son frère Naoufel et ses camarades capoeiristes ont fait de ce rassemblement devant le palais de justice une véritable fête. En hommage à celle qui restera désormais dans l'ombre de leurs joutes, ils et elles ont, pendant une heure et malgré la pluie, exécuté les figures impressionnantes de cet art martial brésilien au son des percussions et des chants repris par le cercle des spectateurs. Ce fut un instant de joie et d'émotion partagées dans cet unique espoir que justice soit rendue pour Ghofrane et pour sa famille.

Juste avant la nuit, lorsque nous avons vu Monia et ses enfants sortir du palais Montclar, nous avons compris que justice était rendue. Au terme de deux heures de délibérations, une peine de 23 ans[3] de réclusion pour chacun des accusés a été prononcée par les jurés.

Association " Ghofrane " : http://ghofrane.ifrance.com/

Notes

[1] Le livre, " Ils ont lapidé Ghofrane " que Monia a écrit avec Anne Bécart, est paru aux éditions " Des femmes- Antoinette Fouque ". Il ne coûte que 9 Euros.

[2] Jean-Claude Tourret est délégué général à l'Institut de la Méditerranée

[3] Le maximum requis était de 30 ans.

Brigitte Bré Bayle

3 - communautarisme

3.1 - Rassemblement des Indigènes de la République à Paris : un fourre-tout où on côtoie le pire

Quand on n'est pas assuré de rassembler une foule nombreuse, il est habile de choisir un lieu déjà fort fréquenté en l'absence de quelque initiative que ce soit. Le Mouvement des Indigènes de la République (MIR) l'a bien compris en organisant une réunion à la Fontaine des Innocents le 14 avril à Paris, une place dont la centralité lui assure une affluence importante dans la capitale un samedi après midi. Cet endroit de passage est aussi celui des rencontres improbables : peu avant le début, des adolescents à l'allure gothique ont traversé la place en proposant des câlins (accolades) gratuits...

Dans un bien peu joyeux désordre, le MIR a mêlé des causes sans rapport, anachroniques ou sans lien avec la situation interne à la France pour tenter de convaincre que l'Hexagone est et demeurera indéfiniment raciste et colonialiste. Ainsi, le fort juste constat de l'existence de discriminations durables à l'encontre des populations issues d'Afrique Noire et d'Afrique du Nord (discriminations au faciès, au patronyme, à l'emploi, au logement, etc.) est-il relié, sans qu'on comprenne bien pourquoi, à la situation subie par la population palestinienne. De la soumission aux anciens colons français à l'Intifada actuelle, il n'y aurait qu'un pas semble-t-il, un pas qui passerait naturellement par l'interdiction du voile islamique à l'école publique et laïque. D'ailleurs, quelques pieuses musulmanes sont là, pas très nombreuses; elles arborent des voiles aux couleurs chatoyantes et sont parées d'un maquillage qui a oublié d'être islamiquement discret.

Dans ses éructations, le MIR dispose de quelques sympathisants sincères. Dans l'assistance, les Jeunesses Communistes Révolutionnaires vendent leur journal Red, on distribue le tract du prochain meeting de José Bové à Paris, et, plus effrayant, la prose du groupe négationniste La Vieille Taupe est diffusée de la main à la main. Sans être inquiété par les organisateurs, dans la plus grande tranquillité, un homme se présentant comme Wilhelm Stein, "judéothérapeute", distribue des cartes postales avec un dessin de Chard, une caricaturiste qui a reçu récemment le second prix du concours de dessins sur la Shoah à Téhéran. Ce dessin montre le pape en discussion avec une taupe, symbole de La Vieille Taupe précisément. Quant au texte qui figure de l'autre côté, il est un exercice nauséeux jouant sur les mots, et les majuscules, en parlant de l' "Etat juif" et de l' "état des Juifs". Nul doute que si le mot "juif" avait été remplacé par les mots "musulman" ou "islam", l'homme aurait été rapidement éjecté.

Sur le podium, les orateurs se succèdent jusqu'à la venue de la vedette du jour, Tariq Ramadan. Sans surprise, comme les intervenants précédents, il associe lui aussi la situation des palestiniens avec les discriminations et le racisme subis, en France, par les personnes d'origine immigrée. Son frère Hani était lui aussi de sortie ce samedi puisqu'il intervenait chez ses amis de l'UOIF, au Bourget. Après Tariq Ramadan, Fatima Ouassak s'insurge d'un spot publicitaire de Ni Putes ni soumises qui appelle à aider les femmes des quartiers. Le petit film ferait pourtant référence au décalage réel qui parfois sépare, et exclut, celles-ci de la société française (alphabétisation, prise de repères) mais pour la militante du Collectif féministe indigène cela relèverait de l'infantilisation des femmes ! NPNS est d'ailleurs exécré à un point tel que le slogan est reformulé sur des T-shirts de l'organisation en "Ni potes, ni soumis". Les deux derniers intervenants, un syndicaliste et un salarié, dénoncent avec force des discriminations observées sur leur lieu de travail, dont la difficulté d'accéder à de hauts postes de responsabilité.

Mais tout ce qui a pu être entendu jusque-là n'était qu'une mise en bouche, un apéritif. Vint, en conclusion, le plat de résistance, offert par une Houria Bouteldja déchaînée et incapable de la moindre proposition concrète. On entrait dans le registre de la haine et de la vengeance : pour ses quatre siècles de colonisation, la France, comprendre les français blancs, doit payer, maintenant. Bien sûr, il ne fut pas question ici de rappeler les innombrables massacres commis par les armées musulmanes colonisatrices qui ont assuré à l'islam une progression éclair ou la pratique, depuis quatorze siècles, de la traite des Noirs par des marchands musulmans. La responsable de la journée s'étrangle face à l' "ordre raciste blanc" et on n'imagine pas, alors, que tous les blancs ne soient pas des nostalgiques des colonies. Dans l'assistance, un homme (blanc, puisque ce genre de précision est central chez les Indigènes...) s'écrie : "c'est un appel à la haine".

Face au défaut de représentativité, bien réel, des personnes originaires d'Afrique dans les formations politiques, l'oratrice estime que "la fracture raciale traverse la société de part en part, du FN à l'extrême gauche" et se défie de toutes les formations politiques quelles qu'elles soient. Réellement toutes ? Pas vraiment car, même au plus fort de la colère, des amis, même venus de l'ethnie blanche tant honnie ("on nous oblige à l'intégration par le jambon"), ne sont pas forcément de trop. En rejetant les quatre formations principales (UMP, UDF, PS et FN), Houria Bouteldja conserve implicitement José Bové en dehors des parias. Si les ennemis politiques sont connus, reste aussi à déceler les traîtres à la cause, les collabos, les renégats : "nous ne sommes pas tous des Fadela Amara, des Malek Boutih, des Fodé Sylla, des Azouz Begag." Sous couvert du refus d'essentialiser les personnes issues de l'immigration, les Indigènes versent paradoxalement dans ce même travers en rejetant celles qui ne se reconnaissent pas dans cette position éternellement et viscéralement victimiste. Où sont, alors, les amis ? Réponse : "Nous sommes pour la résistance palestinienne, qu'elle s'appelle Hamas ou pas, Hezbollah ou pas." Entre le Hamas et Fadela Amara, entre le Hezbollah et Malek Boutih, les yeux bandés et les oreilles closes, les Indigènes ont choisi.

Mustafa Al Ayyubi

4 - débats républicains

4.1 - La nation, un concept républicain (5ème partie): la nation et ses symboles : le drapeau, l'hymne et la fête

Précedentes parties:

C'est le moment d'aborder du rôle du drapeau et de l'hymne national, et aussi de la fête nationale, puisque la polémique engagée sur ces symboles a débarqué sans crier gare lors de cette campagne présidentielle par des candidats de droite et de gauche plus soucieux d'effet d'annonce électorale et de gadgets (les petits drapeaux aux fenêtres) que de conscience de la signification de ces symboles, avec, bien sur, l'expression attendue de rejet du concept républicain et de ses symboles exprimé haut et fort par les communautaristes d'extrême gauche, dont José Bové représente tout ce qu'il y a de plus détestable.

Mais l'importance qualitative que l'on donne à ces symboles signe sans ambiguïté le rapport que les citoyens ont avec leur nation, d'où l'importance de s'y attarder avant de continuer à analyser les autres implications du concept républicain de la nation

D'abord, dire que tout concept. à qui on attribue une valeur nécessite soit des repères symboliques soit des représentations symboliques est évident.

Et quand la genèse et la mise en place de ce concept républicain de la nation ont nécessité des luttes sans merci, comme cela a été le cas en France pendant la période révolutionnaire de 1789 et lors des fondations difficiles du modèle républicain pendant tout le 19ème et 20ème siècle, les symboles du concept républicain de la nation prennent une grande valeur.

Le drapeau tricolore, bleu , blanc, rouge est le symbole de la constitution de la nation à travers la lutte des gardes françaises (à uniforme tricolore déjà) et de la garde municipale de Paris qui arboraient le bleu et le rouge (couleurs de la ville de Paris), et devenus populaires après la prise de la Bastille, ce que La Fayette, utilisa le 17 juillet 1789 pour entourer le blanc, couleur du royaume de France (et non du roi); c'est donc bien un acte éminent politique, symbolisant la constitution de la nation à partir d'une action révolutionnaire sur les bases d'un territoire étatique (à l'époque celui du royaume de France)

La fête nationale du 14 juillet est le symbole de la lutte contre l'absolutisme royal (prise de la Bastille le 14 juillet 1789 ou étaient enfermés les prisonniers par les lettres de cachet de l'absolutisme royal), même si la raison première des émeutiers fut de chercher de la poudre à la Bastille pour pouvoir s'armer; mais justement, le symbole de la popularité de cette journée fut immense car c'est au cours de l'action des émeutiers que les Gardes Françaises, soldats du roi, rallièrent l'action révolutionnaire; participant ainsi à créer le sentiment d'unité nationale face au pouvoir royal qui paraissait pactiser avec l'ennemi des puissances de l'extérieur; et c'est à l'anniversaire de cette prise de la Bastille que le 14 juillet 1790, que la fête de la fédération sur le Champ de Mars acta l'unité de la nation contre tous les féodalismes régionalistes.

L'Hymne national de la Marseillaise, après sa création, fut le symbole de la lutte des soldats de l'an II contre les ennemis de l'extérieur qui voulaient détruire la république française et restaurer le pouvoir royal; par la suite la Marseillaise fut le chant des révolutionnaires du monde entier pendant tout le 19ème siècle et le 20ème siècle, bien avant l'Internationale, de l'Amérique latine, jusqu'aux partisans du viet-minh

Il est donc à remarquer que ces trois symboles, s'ils ont ce caractère fort, c'est qu'ils représentent, chacun d'eux, le rassemblement du peuple pour constituer la nation et la défendre. (même si d'ailleurs dans leur acceptation , ce fut le fruit de compromis de la part du législateur qui voulait trouver à chaque fois le grand dénominateur commun de toutes les parties du peuple défendant la république)

Ceux qui les dénient ou les dévalorisent sont donc bien des destructeurs de l'idéal républicain, avoués et haineux (comme José Bové) ou non avoués mais hypocrites (comme par exemple l'abbé Pierre qui voulait lui aussi changé les paroles, car élevé dans l'hostilité à la république par l'enseignement de l'église catholique, hostilité plus ou moins explicite jusqu'au milieu du 20ème siècle)

Et qu'importe s'il y a eu actions plus décisives que celle du 14 juillet 1789 pendant la période révolutionnaire, qu'importe si le blanc du drapeau tricolore représente l'ancienne couleur du royaume de France, qu'importe si les paroles de la Marseillaise sont guerrières et parlent de " drapeau sanglant " et de " sang impur " (mais à l'époque, il n'était venu à l'idée de personne que " l'impur " ait une origine biologique, mais uniquement une signification de stigmatisation contre les ennemis de la nation qui voulaient la faire disparaître); car ce qui est important c'est le sens de ces symboles, qui est pour tous les trois celui du rassemblement des différentes composantes du peuple pour construire et défendre la nation.

Mais justement le fait que ces trois symboles ne sont pas imposés à partir d'une origine historique "pur et sans tâche" ni relevant d'une sorte d' "immaculée conception révolutionnaire", fait que les républicains, s'ils leur reconnaissent une grande valeur émotionnelle et représentative, ne les investissent pas d'une sacralisation absolue ou excessive. Ils savent d'ailleurs que ces symboles peuvent être dévoyés par leurs pires ennemis comme cela a pu se faire pour des actions nationaliste et colonialistes. Si le respect du drapeau tricolore, de la Marseillaise, de la fête nationale est une de leur valeur fondamentale, il ne considéreront pas comme un acte blasphématoire tout acte de dérision ou de critique quand ces symboles sont et ont été utilisé contre les valeurs républicaines.

Les républicains doivent donc être bien clairs dans leur comportement, non seulement vis à vis de ces symboles mais aussi vis à vis de tout ce qui est généré en institution par et pour le concept républicain d'une nation: UNE GRANDE VALEUR SANS UNE SACRALISATION D'ORDRE DIVIN.

Valentin Boudras-Chapon

5 - Elections présidentielles 2007

5.1 - C'est dès dimanche prochain qu'il faut préparer la défaite de Sarkozy

Douze candidats et pour la première fois, celui que les sondages placent en tête de leur pronostics, Nicolas Sarkozy, est porteur d'un risque majeur de déstabilisation pour notre pays.

L'idéologie néolibérale porte bien sûr en elle un mouvement de régression sociale. C'est déplorable, cela mérite d'être combattu, mais s'il se trouve une majorité pour faire ce choix, et puisque les partis de " l'arc du non de gauche " continuent à tout faire pour défendre leur boutique moribonde plutôt que répondre aux aspirations populaires, alors les déçus de la politique se reporteront sur les luttes sociales. Ce n'est pas cela qui est en cause. Ce qu'il faut redouter, c'est l'arrivée à la présidence d'un assoiffé de pouvoir, autoritaire et méprisant. Il manie plus l'intimidation que l'argumentation, l'insulte que le respect, l'invective que le débat. Sa stratégie est simple : répandre la peur, fragmenter le corps électoral, et multiplier les points de clivages. Pour réussir, cette stratégie s'appuie sur un soutien, parfois sincère ou plus souvent contraint, des pouvoirs économiques, financiers et médiatiques. Ainsi, Sarkozy devrait accéder facilement au second tour alors même que le peuple français rejette majoritairement tout ce qu'il représente : atlantisme, communautarisme, néolibéralisme, néo-bonapartisme.

Si Sarkozy avait été à l'Elysée lors du déclanchement de la deuxième guerre d'Irak, nous aurions certainement participé à la destruction de l'Irak souverain pour en faire un nouveau Liban en proie à une guerre civile meurtrière, et une nouvelle base du terrorisme international. A l'époque, il avait raillé le discours de Villepin à l'ONU, et depuis, il est allé faire allégeance à Bush. Comment confier à Sarkozy les responsabilités qui incombent au chef de l'Etat alors qu'il est probable que les EUA entreprendront dans les prochaines années de nouvelles guerres pour s'assurer la main mise sur les réserves mondiales d'énergies fossiles.

J'ai vécu en Tunisie, et après avoir vu la campagne officielle télévisuelle de Sarkozy, on ne peut qu'être frappé par les similitudes avec Ben Ali, le dictateur tunisien.

Pour ne pas reproduire le séisme de 2002, et donc pour ne surtout pas avoir à voter pour Sarkozy au second tour, il faut dès le premier tour voter pour un candidat de deuxième tour. Le seul vote utile, c'est celui qui offrira une alternative à Sarkozy au deuxième tour, ce qui viendra par la même occasion sanctionner la division irresponsable de la gauche antilibérale.

Christian Gaudray

5.2 - Malgré les siens

Je n'ai pas placé une ligne sur ce blog depuis quinze jours. Je n'arrive pas à me le reprocher. J'étais davantage dans l'action, c'est vrai. Mais ma préparation des réunions tenues dans le cadre de la campagne m'a bien dévoré. Pas simple. Comme ce meeting en Essonne animé avec Julien Dray. Après tout, sans doute le silence sur cet espace exprime-t- il mieux que maints développements ce que ressentent des dizaines de militants (une personne engagée qui agit bénévolement pour propager ses idées). Cette campagne électorale parait de toutes les façons possibles si lointaine et étrange qu'on s'épuise parfois y chercher sa place... Comme jamais, tout se passe dorénavant dans les médias. Mais pas un thème ne tient plus de quarante huit heures (dans le meilleur des cas) selon l'expression si juste de Jean-Louis Bianco. Un coup chasse l'autre. Personne ne court assez vite pour suivre les balles. D'autant que les règles de répartition du temps de présence médiatique en période de campagne officielle créé pour chacun d'entre nous un bannissement qui désarme la réactivité instantanée qu'on cultive le reste de l'année. Sur le terrain ? Boffff ! Bien sur, au Parti Socialiste nous avons la joie dorénavant d'être deux fois plus nombreux depuis la dernière vague d'adhésion. Ca fait chaud au coeur de voir tous ses nouveaux adhérents qui ont voté en masse assumer à présent le choix qu'ils ont fait triompher et faire les boîtages et les tractages avec les autres militants à plein tarif... Moi aussi je peux me sentir utile facilement. Il me suffit d'être dans la rue et toutes sortes de gens viennent me parler. A Paris mon temps de transport (je circule en métro) a doublé en raison de ces impromptus. En fait leur conviction de gauche est souvent faite. Ils me demandent de les rassurer. Ou bien d'expliquer des points qu'ils n'ont pas compris ou qui les laissent perplexes. J'ai toujours pensé que ce type de contact est extraordinairement productif. D'abord parce qu'on se parle entre personne réelle. Ensuite parce que ce qui se dit à ce moment là est ensuite répété en famille ou entre amis. Amis lecteurs de ce blog, pensez y, vous aussi. Oubliez l'appareil qui vous méprise, les clans haineux qui vous toisent, et mouillez la chemise pour votre propre compte car c'est de cette façon qu'on se respecte soi même et qu'on fait vivre une idée plus grande que chacun d'entre nous. En tous cas la dernière ligne droite du calendrier électoral confirme au moins une des vieilles lois de la physique politique : tout s'accélère et le milieu des oreilles et des cerveaux devient hautement conductible. Une rumeur, une petite phrase passe directement des dieux de l'olympe au comptoir du bistrot. Rocard avait à peine fini de s'exprimer que mon quartier bruissait déjà et mon téléphone vibrait comme un fou sous l'impact des SMS. Cher Michel ! Pourquoi se gênerait-il ? A-t-il jamais dit autre chose ? Et ne l'a-t-il jamais dit à un autre moment qu'à celui ou les circonstances obligent à en parler pour lui répondre ? C'est vrai que son interpellation est un piège redoutable.

LE PIEGE

Si Ségolène Royal lui répond " oui, faisons cette alliance puisque nous n'avons pas de majorité autrement ", comme le lui propose Michel Rocard, alors le premier tour de l'élection est perdu. Des dizaines de milliers de socialistes, dont moi, sortiront des rangs et retourneront leurs fusils électoraux contre leur propres généraux comme dit la chanson d'avant. La troupe est si mal traitée que ce n'est sûrement pas les douceurs du campement qui la retienne, croyez moi ! Ce n'est sans doute pas le plus grave, j'en conviens. Ceux qui suivraient les avis de Rocard commettraient aussi une faute tactique terrible. Car aussitôt le vote utile " anti-Sarkozy ", argument numéro un (et suivant..) de la campagne, refrain péremptoire appliqué à tous les états d'âme, glisserait directement du bulletin de vote socialiste vers celui de Bayrou. Il est facile de comprendre pourquoi. Comptons bien sur les sondages pour le confirmer en boucle selon une technique de manipulation désormais bien rodée. Elle avait d'ailleurs commencé à porter ses fruits avant que par enchantement les médias cessent de faire sonder les deuxième tours avec François Bayrou (ouf, on a eu chaud !).

A l'inverse, si Ségolène Royal dit " non pas question ", comme l'a fait séance tenante François Hollande, on voit aussi la difficulté. Car au deuxième tour il faudra alors se livrer à une danse du ventre encore plus active et suggestive devant ceux à qui on aura claqué la porte au nez peu de temps auparavant. L'exercice pourrait être vain non seulement parce qu'il ne convaincrait pas ceux à qui il serait destiné mais aussi parce que cela pourrait être révulsif pour nombre d'électeurs de gauche. Et si Ségolène Royal dit que nous ne demanderons rien à personne car nous ferons une majorité avec tous les électeurs qui le voudront ? Alors il faudra aussi admettre que quand Bayrou dit la même chose, comme il le fait depuis plusieurs semaines, il sera désormais impossible de lui rire au nez...Par quelque bout que l'on prenne la question ainsi mise sur la place publique par Michel Rocard, il n'y a que des inconvénients.

TEL EST PRIS...

Je pense que Rocard le savait avant de s'y engager. Ca doit l'amuser de prouver son pouvoir de perturbation aux petits malins qui avaient oublié de l'afficher dans la liste des 13 (!!!) précieux publiée cette fameuse semaine où les éléphants étaient revenus en grâce... Et, plus sérieusement, il fait avancer son projet comme jamais puisque le terrain est propice. Quand quelqu'un a demandé au sénateur Mercier, trésorier de l'UDF, s'il lui faudrait beaucoup de temps pour faire une nouvelle majorité dans le cas ou François Bayrou l'emporterait, j'étais assis à côté de lui au Bureau du Sénat où nous siégeons lui et moi. " Environ un quart d'heure " a-t-il répondu avec le sourire. Je pense qu'il exagère. Il faudra une grosse demie heure. Le raisonnement est en effet en vigueur dans toutes l'Europe ou sociaux démocrate, écolos et chrétien démocrates gouvernent ensemble chaque fois que c'est possible. Sans oublier l'Italie ou Romano Prodi, le partenaire affiché de François Bayrou, rassemble sous sa houlette ce petit monde et se propose de les unifier dans un même parti qu'il compte nommer.... " Parti Démocrate ".

UNE REALITE A TROIS DIMENSION

Je ne pense pas diaboliser cette formule. Je la combats. Pour une raison de cohérence : le programme et la coalition qui le porte ne peuvent pas se dissocier. Dans ce genre de coalition on ne peut pas aller plus loin que ne le supporte la partie la plus conservatrice. On ne peut donc vouloir appliquer un programme de gauche dans une coalition avec le centre. Pardon de ce rappel à un classique connu de tous : le programme, la coalition et la forme du Parti sont les trois rameaux d'une même réalité. On ne peut toucher à l'un sans affecter l'autre. Michel Rocard est donc convaincu que les trois repères ont assez évolués pour être compatibles. Qu'il le veuille ou non c'est ce qu'il donne à entendre quand il s'exprime de cette façon. La candidate socialiste reçoit alors deux mauvais coups. Le premier parce que la candidature de Bayrou et sa démarche sont validés par un socialiste. Le second parce que le programme de la candidate est proclamé de la sorte " compatible " avec celui de Bayrou. On ne doit pas sous estimer les dégâts subliminaux de ce genre de déclarations, même démenties par François Hollande. De toutes façons, personne ne croit qu'il a assez d'influence sur la candidate pour la faire agir autrement qu'à sa tête. Je pense qu'elle doit marquer sa distance avec le propos de Michel Rocard en abordant sa réponse à partir du contenu de son programme. En toutes hypothèse nous serons aidé par la droite et je prends les paris que la presse ne donnera pas beaucoup de suite à cette sortie rocardienne car Sarkozy ne rêve pas de voir Bayrou s'installer en face de lui...

MALGRE LES SIENS

En ce qui me concerne, je me sens validé dans mes démarches récentes de bien des façons. Ceux qui au PS ont brocardé mon engagement en faveur d'une candidature unique de l'autre gauche se gardaient bien de répondre au problème que je soulevais, avec mes amis, de cette façon. Le voici directement servis sur les genoux des méprisants d'hier : avec qui comptez vous faire une majorité ? Rocard y répond. Et les autres ? Comment comptez vous dynamiser la gauche en direction des désemparés et des désorientés qui vont faire la décision cette fois ci ? Enfermés dans leur vision patrimoniale de l'électorat, les habile ont appliqué leur énergie d'influence pour pousser l'autre gauche dans ses mauvais penchants à la division et les écologistes dans leur nombrilisme. Tout a été conçu pour que la candidature socialiste puisse bénéficier avant toute chose de l'argument du vote utile anti Sarkozy en face d'une poussière de concurrents. Possible que ça finisse par marcher. Electoralement. Au niveau de la conviction acquise et de l'adhésion construite c'est une autre affaire...

Je pense aussi que cet épisode tranche le débat sur l'utilité ou non de faire campagne contre François Bayrou. Je suis heureux du travail accompli avec le groupe des socialistes au Sénat qui a accepté de se mobiliser pour produire les argumentaires de cette campagne. J'ai bien noté partout où je suis passé que les arguments et les citations ainsi produits ont marqué, fait avancer les débats et les esprits mieux que les diabolisations simplettes qui ont signalé l'affolement de ceux qui n'avaient rien préparé de sérieux. J'observe que le tract de PRS qui compare les trois programmes de droite est bien accueilli et beaucoup diffusé. Etre en campagne ce n'est que cela : se rendre utile à la cause que l'on soutient. Parfois malgré les siens.

Jean-Luc Mélenchon www.jean-luc-melenchon.fr

5.3 - La république face à tous les dangers

On aurait pu penser que la République et la laïcité joueraient un rôle important dans cette campagne. La revendication de nombre de jeunes, notamment issus des banlieues au respect et à l'application des règles de l'égalité, le procès de Charlie Hebdo mettant en lumière les dérives totalitaires liées à la remise en cause de la liberté d'expression par l'intégrisme islamiste et ses défenseurs, l'affaire Redeker, l'intérêt manifesté par certains de nos voisins pour la laïcité à la française, les sujets ne manquaient pas qui auraient du mettre ces thèmes au coeur du débat des présidentielles ;

Or, non seulement il n'en est rien puisque ce thème semble avoir disparu corps et bien du discours de trois des quatre principaux candidats, mais encore nous avons assisté à une double dérive. Tout d'abord de la part de Ségolène Royal qui semble avoir remplacé la devise de la république par le drapeau tricolore, la référence à la République par la référence à la Nation. Or, comme le rappelait fort justement Jean-Christophe Cambadélis, en, langage de gauche, Nation se dit République. Cette dérive était d'autant plus grave qu'elle déplaçait le curseur au moment même où les coups de butoir du lepénisme triomphant rendaient, au contraire, plus indispensable que jamais la réaffirmation des valeurs de la République.

En effet, pour la première fois, un candidat de la droite, Nicolas Sarkozy, dont le journal Marianne du 14 avril précise qu'il aurait des liens avec l'extrême droite italienne et que Jorg Haider l'aurait tâclé pour ses positions d'extrême droite, a franchi la ligne jaune en se référant à des prédispositions biologiques pour les pédophiles, ce qui renvoie aux thèses les plus odieuses, à l'opposé de la philosophie humaniste et aux bases même du pacte républicain. Dès lors, il ne s'agit même plus de défendre une laïcité offensive, mais de se battre pour sauver les fondements même de notre société. L'idée d'un second tour Le Pen -Sarkozy qui semble effleurer certains constituerait un traumatisme infiniment plus grave que le 21 avril 2002 puisqu'il n'y aurait plus de solution réellement républicaine. D'un communautarisme rampant au ministère de l'identité nationale et de l'immigration, d'une vision néoconservatrice du monde aux thèses quasi eugénistes, nous voici confrontés à un combat de défense de la République, mais pas comme nous l'attendions.

La situation est infiniment plus grave et doit nous conduire à agir par étapes. Tout d'abord, éviter le drame et voter dès le premier tour pour le candidat le plus à même de défendre les valeurs républicaines, c'est-à-dire celui dont le discours a été constant et sans aucune ambiguïté, c'est-à-dire François Bayrou.

Puis, préparer la suite, c'est-à-dire la remise à l'honneur de la République, ce qui passe évidemment par une réforme en profondeur des institutions, pour établir un Etat impartial, honnête et républicain, mais aussi la mise en place d'une vigilance très organisée pour défendre mais aussi renforcer la laïcité. Cela pourrait passer par un vade mecum à l'usage des associations et des citoyens qui permettrait pour une série de situations courantes de disposer d'un outil prêt à l'emploi. Au-delà, l'Etat devrait systématiquement assurer l'application d'une laïcité ferme, car ce sont certains abus qui nous conduisent aux réactions de renfermement et de rejet actuels. Or, ce sont les plus modestes qui précisément ne peuvent se défendre, ou certains agents publics qui sont abandonnés par les services centraux et leur hiérarchie qui doivent précisément être aidés et non le contraire.

Nous vivons un nouveau coup de semonce, plus violent potentiellement que le précédent. A nous, républicains de toutes rives de nous rassembler pour que l'essentiel soit sauvé, puisque force est de constater que c'est bien de cela dont malheureusement il s'agit.

Corine Lepage Présidente de CAP21

5.4 - Pour une république démocratique, laïque et sociale

Il semble bien que "la nation politique" ait retrouvé quelque goût pour le débat public au cours de la présente campagne pour l'élection présidentielle, parmi les plus longues et les plus ouvertes de l'histoire de la Vème République, si l'on en juge par l'engouement des Français pour les réunions politiques de tous bords et les émissions plus ou moins "participatives" organisées par les médias (télévisuel et internautique notamment) ainsi que par l'augmentation significative des inscriptions sur les listes électorales.

Mais peut-on accorder à ces critères quantitatifs quelque validité indicative quant à la qualité de " l'offre politique " qui serait susceptible de satisfaire aux urgences économiques, sociales, politiques et culturelles, dans le contexte intérieur d'une grave crise de la représentation en politique et international de la panne de la construction de l'Europe, sur fond d'une mondialisation pseudo-libérale qui poursuit son oeuvre de destruction des institutions et solidarités objectives comme des intentions et existences subjectives, notamment par des "délocalisations" pas moins psychiques que physiques?

En effet, sous prétexte de satisfaire à la demande de démocratie participative, réduite en l'occurrence à son plus simple apparat "discussionnel", la présente campagne électorale ne fait-elle pas régresser le discours politique (des électeurs comme des candidats, d'ailleurs) de la nécessaire élaboration et confrontation de véritables projets politiques d'ensemble à propos de l'état actuel et à venir de la France, de l'Europe et du monde, à la simple expression d'opinions "personnelles" (en mode "moi-je"), supposées d'autant plus "intéressantes" voire "représentatives" qu'elles sont préalablement filtrées par les "Q.G." des candidats ou, tout simplement, préformatées par l'industrie culturelle du prêt-à-penser de masse, et qu'elles témoignent le plus souvent d'un opportunisme boutiquier plutôt que de la hauteur de vues qui s'impose en la circonstance ?

Ainsi, peut-on vraiment penser (et surtout parvenir à faire croire) que cette "nouvelle génération" de prétendants (mis à part quelques-uns, quand même !) à la magistrature suprême est gage d'"une autre politique", à la fois plus juste et plus efficace, au regard du deuxième tour annoncé et préféré (et même préfabriqué) par les médias, instituts de sondages et autres politologues patentés, et qui risque bien d'opposer les deux versions du néo-libéralisme bien connues en France depuis ces dernières décennies d'alternances gouvernementales sans alternative politique ?

Le premier des deux "grands candidats", celui qui fait la course en tête des sondages d'opinion et chouchou des médias, n'est-il pas le nouveau césar d'une vieille droite dure, revigorée et "relookée" par sa fascination pour le capitalisme financier venu d'outre-Atlantique, et qui prône la " rupture " (notamment pour ce qui est de la sécurité sociale, des retraites, des services publics et de l'école) avec le modèle social français issu de l'esprit de solidarité de la Libération et qui est stigmatisé par ces "élites" comme étant la cause majeure du "déclin" de la France, qui nécessiterait la substitution à l'Etat-providence d'un Etat pénal s'autorisant de l'insécurité sociale entretenue et accrue par l'horreur économique de la précarisation et de la paupérisation croissantes du monde du travail (dans le secteur public comme privé), et la froide administration d'un chômage de masse endémique ?

Quant au " désir d'avenir " fièrement affiché par le (la) deuxième "grand(e) candidat(e)", peut-il nous faire oublier le passé déjà long et lourd de la cogestion gouvernementale avec la droite, sous la figure d'une social-démocratie "d'accompagnement", des ravages de la pseudo-libéralisation du monde et des esprits (notamment pour ce qui est de "l'échange" des 35 heures contre la flexibilisation des conditions de travail et le blocage des salaires, d'" avancées " sociétales au prix de contre-réformes sociales et, pour ce qui est de l'école, de la substitution progressive de l'obsédante "socialisation" à une scolarisation et une transmission des savoirs de plus en plus sacrifiées aux sirènes de la modernité technologique, quand ce n'est pas au simple gardiennage "pédagogique", ce qui dans les deux cas nécessite sans doute l'assignation à résidence des professeurs (35 heures dans leurs établissements) et une bivalence voire une polyvalence généralisées, l'enseignement des disciplines étant réduit comme peau de chagrin dans le dense réseau d'" activités " en tout genre proposées par la "communauté éducative" ? Le rappel devenu quasi incantatoire de la nécessaire "mixité sociale" ne va-t-il pas jusqu'à empêcher toute référence au mérite personnel et à l'exigence intellectuelle, sans doute jugés ringards, ce qui fait le lit, par contrecoup, de l'école à deux vitesses (et plus si affinités) tellement rêvée et d'ailleurs déjà bien mise en place par la droite elle-même (lire l'actuel projet Fillon de "réforme de l'école" -encore une !-, avec sous les yeux les textes officiels des réformes "de gauche" des Rocard/Jospin/Allègre/Royal -de 1989 à 2002- et... les résultats objectifs de leur application dans l'institution scolaire ainsi que dans les esprits !) ?

Dans ces conditions, n'est-il pas effectivement intéressant et même tout à fait bienvenu qu'un "troisième homme" vienne troubler voire empêcher ce jeu binaire du système institutionnel UMP-PS, aux conséquences déjà malheureusement bien connues ? Ne nous attardons pas sur le "troisième homme" de 2002 (devenu le "deuxième" de l'entre-deux tours, dans les conditions que l'on sait), mais n'oublions pas, non plus, que son électorat grandit toujours dans la dernière ligne droite de la campagne, ni, surtout, que ce sont les effets désastreux des politiques de gauche comme de droite qui l'ont intronisé "grand candidat". Penchons-nous donc, plutôt, sur "le cas François Bayrou" : peut-on en croire le "troisième homme" de cette fois-ci (dans les sondages, au moins, depuis deux mois et jusqu'à maintenant encore) quand il joue de la corde "anti-système" alors que le centrisme démocrate-chrétien a toujours joué dans le camp de la droite de gouvernement (et pas toujours la plus sociale) et que le chef actuel de l'UDF (depuis un peu plus de dix ans) a lui-même été Ministre de l'Education de 1993 à 1997, où il a voulu d'emblée (en décembre 1993) réviser la Loi Falloux pour augmenter le financement de l'enseignement privé par les fonds publics, ce qui lui a valu un échec retentissant infligé par le gros million de manifestants (à Paris en janvier 1994) à l'encontre de cette tentative ? Questionné sur ce point lors d'une récente émission télévisée "participative", il a reconnu cette " grosse erreur " en insistant sur la nécessité du dialogue social avec les " organisations représentatives ", ce qu'il a rappelé avoir lui-même pratiqué dès cette époque, notamment pour revaloriser une filière littéraire aujourd'hui sinistrée (en réintroduisant l'étude des oeuvres en Lettres, en renforçant l'enseignement des Langues anciennes, en maintenant la huitième heure de Philosophie en T. L. -que les réformateurs de gauche voulaient supprimer-, en instituant une quatrième heure en T. S., perdue depuis, mais aussi en introduisant des heures de colle en hypokhâgne, qui en était curieusement dépourvue, et en portant à deux années les études en classes préparatoires commerciales), ce qui nous fut comme une mi-temps assez agréable (reposante, en tout cas !) en plein coeur de la grande décennie de la réforme " de gauche " de l'école, qui allait virer au harcèlement grossier et brutal (de 1997 à 2000, où la mobilisation déterminée des professeurs a réussi à faire chuter Claude Allègre). Que l'on pense que le nouveau positionnement de François Bayrou (qui date de 2002) d'opposant au binarisme de l'actuel système représentatif est de vraie conviction ou de pure tactique et que l'on en partage ou non le sens politique global, ne peut-on pas lui reconnaître, au moins, le mérite d'ajouter un peu de piment à cette campagne électorale, sinon pour sa qualité intrinsèque en tout cas pour ses résultats, qui donnent quelques sueurs froides à nos deux vraiment " grands candidats ", à l'une pour le premier tour et à l'autre pour le second ?

Quant aux autres prétendants (décrétés " petits " par des médias méprisant le premier tour au profit du second, qu'ils ne cessent de profiler), le fait le plus marquant est l'éparpillement des candidats de la gauche de la gauche, ou encore d'extrême gauche, dont le légitime souci social se paye trop souvent au prix fort d'un anti-républicanisme foncier, au profit d'un communautarisme habilement dissimulé ou ouvertement affiché, et qui peut aller jusqu'à l'islamo-gauchisme (comme l'a exemplairement révélé le large débat national qui a abouti à l'institution de la nécessaire loi de mars 2004 sur l'interdiction du port des signes religieux ostensibles à l'école).

Le regain d'intérêt du peuple français pour le débat politique ne vient donc pas de sortir (et surtout pas du fait de médias qui seraient de plus en plus démocratiques et " proches des vraies gens ") mais témoigne de la volonté des citoyens de trouver une issue institutionnelle (n'oublions pas les législatives à suivre) qui soit à la hauteur des revendications et mobilisations sociales et culturelles qui travaillent notre pays depuis plus de dix ans (1995, 2000, 2002, 2003, 2005, 2006) et mette un coup d'arrêt à la décivilisation collective et à la démoralisation personnelle administrées par un pseudo-libéralisme arrogant, en retrouvant l'espoir d'une République démocratique, laïque et sociale, pour la France comme pour toute l'Europe.

Joël GAUBERT Professeur de philosophie en khâgne
Auteur de "L'école républicaine : chronique d'une mort annoncée : 1989-1999" (Pleins feux, 1999), "Quelle crise de la culture ?" (Pleins Feux, 2001) et, tout dernièrement, "La crise de la représentation en politique" (dans "Le populisme aujourd'hui", M-Editer, 2007).

5.5 - Le contrat première chance et la "fabiussisation" de Ségolène Royal.

Le "contrat première chance" proposé par Ségolène Royal n'est pas une mauvaise idée. Mais ce n'est qu'une petite mesure, au regard de l'immense attente des Français en matière d'emploi.

En organisant sa communication de campagne autour de cette mesure, Ségolène fait toucher du doigt la dure réalité : une fois de plus, comme avec les 35 heures, comme avec le CPE, le "bidouillage social" tiendra lieu de politique de l'emploi. Comment limiter l'effondrement de l'industrie - non seulement de l'industrie européenne, mais aussi de l'industrie algérienne, turque, de celle du Bengladesh (!) devant la concurrence chinoise ? Comment éviter la régression sociale en Europe de l'Ouest, alors que les salaires d'Europe de l'Est sont 6 à 10 fois plus bas et que les marchandises circulent sans restrictions ? Circulez, il n'y a rien à voir ! Ségolène Royal propose le contrat première chance...

Le contrat première chance est destiné aux jeunes qui sortent sans aucun diplôme du système scolaire. C'est une convention tripartite entre le jeune, l'entreprise et la région. L'entreprise accueille le jeune, la région prend en charge la rémunération. La convention dure un an. Pendant les trois premiers mois, le jeune n'est pas encore salarié, quoiqu'il soit rémunéré. Au bout de trois mois, l'entreprise doit le recruter en contrat d'apprentissage, en contrat de professionnalisation ou en contrat à durée indéterminée, ou sinon rembourser la région. C'est, en somme, un contrat de transition - comme le gouvernement Villepin en a d'ailleurs créé plusieurs -, une mesure raisonnable, et il en faudrait beaucoup d'autres pour assurer en effet la transition entre l'école et la vie professionnelle, qui est l'un des points de faibles de la France.

La proposition de contrat première chance a attiré à Ségolène Royal une volée de bois vert de la gauche : -" Comment, on ne donne pas à ces jeunes immédiatement un contrat à durée indéterminée ? ". Sarcasmes de la gauche du PS, états d'âme de l'UNEF, condamnation d'Arlette et de Besancenot... " Un nouveau CPE... " On touche ici au coeur de l'hypocrisie du militant de gauche, car si une chose est certaine, c'est qu'il n'est pas possible de fournir en claquant des doigts un contrat à durée indéterminée à tous les " jeunes qui sortent sans qualification du système scolaire ". Parce que, et chacun le sait, ceux que les profs sont contents de voir partir - de quitter enfin le collège -, les entreprises (et leurs salariés) ne sont pas pressées de les voir arriver. Il y a une vraie difficulté, qui réclame en effet de l'ingénierie sociale, et, aussi, de l'autorité. Ce type de contrat de transition n'a de sens que si l'Etat, et la société, au lieu de tenir un discours compassionnel ou d'afficher la fausse complicité du facteur de Neuilly, tiennent aux jeunes un discours d'autorité : -" Nous ne vous laissons pas tomber, nous sommes prêts à vous faire une place, mais il en est beaucoup parmi vous qui doivent changer de comportement, parce que ce qu'ils ont fait ces dernières années - depuis le racket dans les manifestations anti-CPE jusqu'à la " crise de banlieues " - n'est pas supportable. "

Mais comment tenir ce discours lorsque l'on veut gagner un premier tour à gauche ?

Le contrat première chance serait une bonne mesure parmi d'autres, dans le cadre d'une nouvelle politique économique qui rompe avec le dogme de la libre circulation des marchandises et des services. Appuyé sur un discours de fermeté, il pourrait utilement contribuer à la transition des jeunes vers le travail. Sans nouvelle politique économique - que fera-t-on si nos partenaires européens refusent de modifier les traités ? -, et le discours d'autorité initial - droitier, disaient-ils...- s'étant noyé dans le compassionnel, ce n'est plus qu'une marque de faiblesse. Du Strauss-Kahn 1997 (emplois-jeunes et 35 heures), en moins bien.

On se souvient que Laurent Fabius s'est perdu, entre le référendum et décembre 2006, en (1) soumettant son investiture à la décision d'un PS qui avait choisi le oui ; (2) tenté de gagner les primaires internes au PS " par la gauche ", soumettant ainsi en outre le succès de sa stratégie au bon vouloir de la " gauche de la gauche ". Laurent Fabius a compté sur la neutralité favorable de la " gauche radicale et mouvementiste " pour asseoir son autorité sur le PS. Cette gauche radicale n'a pas eu de mots assez durs pour lui, si bien que la main qu'il a tendue a souligné son isolement. Rassembler la gauche avant de rassembler les Français, comme l'a montré son échec devant Ségolène Royal, est devenu une stratégie de perdant, et c'est " par la droite " que celle-ci a gagné les primaires.

Devenue candidate du PS, c'est à Ségolène Royal qu'il revient de rassembler la gauche. Il lui faut une mesure sociale emblématique, comme en 1997 (la protection des femmes battues et le mariage homosexuel ne peuvent pas tenir lieu de politique sociale, ni même l'abrogation du CNE, encore qu'elle soit justifiée). Voici donc le contrat première chance, la main tendue au peuple du candidat de gauche.

Mais comment convaincre de quoi que ce soit de raisonnable la " gauche radicale et mouvementiste " - la même qui vient de briser Attac par sectarisme d'appareil ? L'ironie de l'histoire veut que Ségolène Royal connaisse de ce côté, dans la campagne du premier tour, les mêmes déconvenues que Laurent Fabius dans la campagne interne du PS. Ce qui a fait perdre l'un fera perdre l'autre : la proposition sociale devient une boite à chagrin et, en définitive, elle affaiblit la candidate de gauche.

Sans doute, ce n'est pas du gauchisme qu'attendent les classes populaires, mais une rupture avec le dogme de l'ouverture générale des marchés, et un retour à ce qu'il faut d'autorité. Cela, on ne l'aura pas. Sans cela, la proposition de "contrat première chance" ne pouvait faire autrement que de "fabiussisser" Ségolène Royal.

François Gaudu

5.6 - Rallumons la flamme de la Résistance

Et si, la Résistance pour une courte période et le Gaullisme, pour une plus longue durée, n'avaient représenté qu'une parenthèse, dans la vie politique de notre pays ? En effet, nous voilà revenus dans une France de repli sur soi, de crainte de perdre sa terre hier, sa voiture aujourd'hui, de perdre son emploi et son logement et toutes ses peurs des jeunes, des émigrés, de l'autre, de soi. Voilà revenus les temps où l'on désigne l'ennemi intérieur : l'étranger qui vole le travail, c'est à dire le pain, l'Italien alors, l'Arabe et le Noir maintenant ; le temps où la charité remplace la solidarité ; où la repentance afflige, accuse et paralyse : les congés payés de 1936 et les 35 heures en ce moment.

Voici revenus les temps d'arrogance des plus riches : d'un côté ceux du CAC 40, des dividendes versés aux actionnaires qu'ils soient d'ici, de Floride ou d'ailleurs, des " parachutes " les plus dorés pour ceux qui ont le plus échoués et de l'autre, les plus démunis, les sans-logis, les habituels de la soupe populaire devenue les Restos du Coeur etc.

Voici revenue une presse aux ordres et des journalistes que l'on peut licencier par manque se servilité au prince qui prétend nous gouverner.

Sans doute, y a-t-il beaucoup de façons de différencier la Gauche de la Droite...

Cependant, quand 20% des plus riches continuent de s'enrichir alors que 20% des plus pauvres continuent de s'appauvrir, nous savons distinguer.

Quand l'État se désengage, quand l'impôt ne sert plus à rééquilibrer les possibilités de tous vivre ensemble, quand la presse et les médias sont possédés par les plus grandes fortunes alors oui, nous savons distinguer.

Quand la Justice sera indépendante et aura les moyens matériels de son action... Quand la Santé, quand l'Éducation quand, quand, il y aurait tant à dire !

Alors, évitons-nous une nouvelle " étrange défaite " et rallumons la flamme de la Résistance en nous inspirant du programme du CNR, et pour cela, commençons par éliminer ces " nouveaux pétainistes " que sont Le Pen, de Villiers et Sarkozy !

C'est pour tout cela et sans illusion, que je voterai Ségolène, dés le 1er tour des Présidentielles.

Philippe Viardot

5.7 - Lisez vraiment le programme de Ségolène

Je partage beaucoup de points de votre analyse.

D'un côté vous dites: "Comment voulez-vous que les candidats s'y retrouvent, et ne multiplient pas les bourdes, et les discours contradictoires ? Tout ne serait-il pas la faute de ces irresponsables indécis, à cause de qui il faut raconter n'importe quoi pour capter leurs voix, être au deuxième tour le 22 avril, puis gagner le 6 mai prochain". D'un autre côté vous répondez: "Mais cela fait-il sérieux de voir beaucoup de candidats se rendre à des convocations d'associations, écologistes ou de quartiers, qui exigent une signature sur une charte ?

... Devant une telle image du politique, il n'est finalement pas surprenant qu'il demeure autant d'indécis"

Mais est-ce avec les candidats qu'on a un problème ou avec l'élection du président de la République au suffrage universel?

Surtout depuis la bêtise à Jospin en 2002 qui en mettant la présidentielle avant la législative, nous a tout bonnement privé d'élection politique nationale.

A la législative, le peuple donne au président, qu'il vient d'élire un mois avant, la majorité qui va avec.

A la présidentielle, le peuple qui voit tous les soirs ces 12 guignols sur toutes les chaînes, ne choisit finalement pas celui qui a le meilleur programme mais celui qui a le meilleur responsable en communication.

Face à cela comment choisir? C'est la constitution de la 5ème république qui nous conduit à cette impasse. Seule une 6ème république, comme la propose Arnaud Montebourg, permettra de revenir à un régime plus démocratique tout en conservant l'élection présidentielle et la stabilité politique apportée par la 5ème république. (Se reporter à "La constitution de la 6ème République" (en 105 articles) publiée en sept 2005 par Arnaud Montebourg et Bastien François chez Odile Jacob - 19Euro (je fais de la pub).

Mais avant de changer de constitution, il faut bien élire un(e) nouveau(velle) président(e).

Donc comment choisir?

1 - Oublier un peu les feux de la rampe des derniers jours pour se reporter à ce qui a été dit et écrit par les candidats il y a quelques semaines. Réécouter le discours de Ségolène Royal à Villepinte le 11 février ou ailleurs comme à Dijon le 7 mars, ou relire ses 100 propositions est très instructif.

2 - Une fois qu'on a admis que le système veut que les candidats qui veulent être au second tours, doivent être à l'écoute du moindre soubresaut de l'opinion publique et que cela les amène à naviguer à vue, il faut regarder ceux qui malgré des changements de posture ne renient rien de ce qu'ils sont.

Et là encore, je constate que Ségolène ne se renie jamais malgré ses "nouveautés". JL Mélenchon l'a affirmé avec force à propos de la Marseillaise et des drapeaux tricolore. Mais sur le reste non plus on ne la trouve pas en défaut de reniement.

D'ailleurs, et je terminerai par là, cherchez sur les affiches officielles. Supposons que vous débarquiez d'une planète lointaine, vous ne saurez jamais quel parti soutient F. Bayrou ou N. Sarkozy.

A l'emplacement Numéro 8, les affiches montrent clairement que Ségolène Royal est la candidate soutenue par le Parti Socialiste, les Radicaux de Gauche et le Mouvement des Citoyens.

Bien cordialement.

Dominique Jobard

5.8 - J'aimerais savoir pourquoi voter Ségolène est "utile"

Au 2e tour j'ai collé les bulletins chirac-le pen dos à dos car j'en ai marre de voter pour le moins pire, pour ce qui ne relève que de la croyance et non d'un projet réaliste. Je regrette que nous n'ayons pas établi un cahier de revendications précises comme à la Révolution.

Aujourd'hui on compte de nouveau en pied et en pouces comme avant 1789 au temps obscurs des sciences On appartient à l'OTAN et on paye les guerres du fasciste Bush On accepte que la banque centrale européenne agisse contre nous ; Qu'un aventurier immigré de Hongrie revendique la magistrature supprême après des années de chasse éffrénée aux immigrés de nos pays de colonisation historique (ce dont on a pas à être fier, mais qui justifie leur présence en retour) On accepte qu'un gouvernement fasciste (pro-Busch) hongrois appartienne à notre organisation européenne mais pas le Magreb ou des pays d'Afrique et mette son veto dans des négociations avec la Russie qui paraît alors plus démocratique que ce pays. Etc.

Bref, l'élection actuelle ne représente rien pour un républicain et elle fait partie de la désorganisation de la société et de la manipulation mentale.

Qu'un peuple de gauche éduqué n'ait pas pu faire le calcul simple des résultats de la dernière la dernière élection présidentielle s'il s'abstenait est grave : c'était évidement 52 ou 53% pour Chirac et le reste pour Le pen mais avec moins de 50% des votants. Ce qui change tout. Et en cas de faute grave de calcul, il y avait le 3e tour dans la rue. Tous les policiers et tous les militaires ne sont pas des fascistes...

Je me rappellerai toujours l'après 1er tour : à 20h02 à la première estimation des sondeurs, Strauss Khan déclarait : "je voterai Chirac sans état d'âme".

La grande manipulation prenait de l'ampleur. Ensuite je me souviendrai toujours des insultes et d'avoir été traité de fasciste parce que j'expliquais pourquoi je ne voterais pas Chirac.

Christian GUILLEMINOT

5.9 - La TVA antisociale de Sarkozy

Dans son discours d'Agen (le 22 juin 2006) Sarkozy avait déjà déclaré : "Je propose que l'option de la TVA sociale soit étudiée, débattue sans a priori idéologique". Car chacun le sait, Sarkozy n'a pas de priori idéologique. Aujourd'hui, il devient plus précis et affirme "Je suis convaincu qu'il faut expérimenter le transfert d'une partie des cotisations sociales sur la TVA".

Pour Sarkozy, les avantages seraient multiples : le prix des exportations françaises diminuerait du montant des cotisations sociales ; le prix des importations augmenterait du montant de la TVA ; les prix intérieurs ne changeraient pas puisque la TVA remplacerait les cotisations sociales.

Tout le monde serait donc gagnant ! Et personne, avant Sarkozy n'y avait pensé !

Ceux qui y gagneraient à coup sûr seraient les employeurs puisque la part employeur des cotisations sociales disparaîtrait.

Et qui paierait à la place des employeurs ? Les salariés pour chaque achat qu'ils feraient. La grande idée de Sarkozy se ramène donc à ce tour de passe-passe : faire payer par les salariés, sous forme de TVA, les cotisations sociales payées aujourd'hui par les employeurs.

Quant aux trois autres avantages avancées par Sarkozy : ils ne sont que poudre aux yeux destinés à faire avaler la pilule aux salariés.

Le prix des exportations françaises diminuerait du montant des cotisations sociales ? A une condition, c'est que les entreprises françaises ne sautent pas sur l'occasion pour augmenter leurs profits.

Quant Jospin avait baissé le taux de TVA de 1 % vous vous rappelez avoir vu baisser le prix du café ou du demi pression ? La différence est allée directement dans la poche du commerçant ou du fabricant. C'est la même chose qui se passera avec la baisse des cotisations sociales : les employeurs empocheront la plus grande partie de cette baisse.

Les prix intérieurs ne changeraient pas ? A moins bien sûr que les employeurs n'utilisent le bouleversement entraîné par la mesure pour augmenter leurs profits. Avaient-il procédé autrement lors du passage à l'euro ?

Le prix des importations augmenterait du montant de la TVA sociale ? Et, bien évidemment, les Allemands, les Anglais... accepteraient de financer notre protection sociale sans riposter, Sarkozy ne ferait qu'allumer une nouvelle guerre fiscale en Europe. Il avait déjà annoncé le lancement d'une première guerre fiscale en Europe en affirmant qu'il baisserait de 5 points le taux de l'Impôt sur les Sociétés. La nouvelle guerre fiscale serait une course à l'échalote du taux de TVA.

Nous avons là, à l'état presque pur, l'essence de la politique de Sarkozy : la baisse de l'Impôt sur les Sociétés enclencherait une baisse en cascade des impôts payés par les sociétés ; la hausse de la TVA enclencherait, par contre, une hausse en cascade des impôts payés par les salariés. Toujours plus pour les sociétés, toujours moins pour les salariés !

Sarkozy c'est l'homme de la hausse des impôts injustes (indirects, proportionnels) et l'ennemi des impôts justes (directs, progressifs).

Jean-Jacques Chavigné www.democratie-socialisme.org

6 - combat laïque

6.1 - L'ADLPF existe dans les Bouches-du-Rhône

L'organisation de la rencontre au théâtre Toursky de Marseille intitulée " la laïcité en danger, Université populaire pour la laïcité " tenue le 10 avril 2007 a été émaillée par une polémique initiée par la Fédération Nationale de la Libre Pensée (FNLP). Les représentants locaux de cette organisation, après avoir participé au lancement de cette manifestation, ont décidé de s'en retirer.

L'Association Des Libres Penseurs de France (ADLPF) ne se hasardera pas à tenter d'analyser les prétextes - aussi obscurs que spécieux - concernant l'orientation philosophique et politique donnée à ce rassemblement laïque, avancés pour "expliquer" ce retrait. En revanche, l'ADLPF est directement interpellée dans le passage suivant du communiqué du 7 avril 2007 du bureau fédéral de la FNLP : "plusieurs des associations présentées comme signataires n'ont d'existence dans le département que dans l'imagination de Philippe Isnard". L'ADLPF est citée dans la liste des trois associations qui seraient imaginaires.

Nous comprenons que cela fasse de la peine à l'appareil dirigeant de la FNLP de constater que la Libre Pensée "non alignée" - celle qui, indépendante de tout groupe politique, est organisée au sein de l'ADLPF - est présente et active dans les Bouches du Rhône. Néanmoins, le devoir de vérité impose d'indiquer que l'ADLPF a bien été partie prenante de la manifestation laïque du théâtre Toursky à laquelle ont participé ses militants - parmi lesquels Brigitte Bré-Bayle et Philippe Isnard - au sein de leurs groupes locaux de libres penseurs indépendants.

De nombreux Libres Penseurs ont rejoint l'ADLPF après avoir constaté l'abandon par la FNLP des principes historiques de la Libre Pensée. Parmi les manifestations récentes de cette palinodie, citons la condamnation par la FNLP, en juillet 2006, de la loi laïque du 15 mars 2004 qui protège les élèves de l'école publique contre l'intrusion prosélyte de tenues vestimentaires et de signes religieux dans les établissements, la condamnation, par la FNLP, du professeur Redeker et des militants et démocrates qui ont soutenu cette victime du fanatisme religieux.

L'ADLPF constate, une fois de plus, que les membres du groupuscule politique qui dirige La FNLP ne peuvent reconnaître comme unitaires que les seules actions organisées sur des positions et sous une direction décidées par eux seuls.

Denis Pelletier

7 - extrême-droite islamiste

7.1 - Attentats à Alger

Des dizaines de familles algériennes viennent d'être endeuillées par la perte d'un proche dans les attentats contre le palais de gouvernement et le commissariat de Bab Ezzouar.

Nous nous inclinons devant la mémoire des morts et exprimons notre solidarité avec les familles en ces moments de profonde détresse.

Victimes de la décennie rouge, nous mesurons la douleur des pères, mères, épouses et enfants pour lesquels la vie a basculé en ce 11 avril 2007.

Nous mesurons d'autant plus cette douleur que les précurseurs des terroristes islamistes algériens qui ont fait allégeance à El Quaida se voient réhabilités par la charte dite " pour la paix et la réconciliation nationale ".

Rien, absolument rien, ne peut différencier les morts de l'attentat du Boulevard Amirouche de ceux du palais de gouvernement, du commissariat de Bab Ezzouar ou des enterrés sous X pendant la décennie rouge. Ils sont les victimes de l'idéologie intégriste.

Aujourd'hui le pire est à craindre car huit années de confusion, d'autoritarisme et de confiscation des libertés ne peuvent être sans conséquences sur les ressorts de défense de la société algérienne.

Il est plus qu'urgent, en plus des reponses sécuritaires, d'ouvrir le débat le plus large sur les moyens à même d'amorcer une solution garantissant le droit des victimes et le jugement des assassins.

Nous étions là les années 90, nous sommes là aujourd'hui, ne n'avons pas de patrie de rechange.

Nous appelons tous les algériens qui rejettent la violence comme moyen d'expression à se recueillir à la mémoire des victimes du 11 avril 2007, le mercredi 18 avril 2007 à 11 heures par l'observation d'une minute de silence.

Nous appelons aussi les partis politiques, les associations et les personnalités nationales à peser pour qu'il soit mis fin à l'impunité instaurée par la charte dite " pour la paix et la réconciliation nationale " et à une mobilisation contre le terrorisme.

L'Association "Djazairouna" présidente Cherifa Kheddar
Présente aux journées internationales laïques de Montreuil, les 10 et 11 février 2007

7.2 - 300.000 Turcs, en provenance de toute la Turquie, ont défilé samedi à Ankara dans le calme.

Ils manifestaient contre le parti AKP au pouvoir qui veut faire du Premier ministre Tayyip Erdogan son candidat à la présidence en raison de son passé islamiste.

10.000 policiers étaient mobilisés pour la circonstance.

L'AKP est enraciné dans l'islam politique et l'éventualité d'une présidence exercée par Erdogan divise la Turquie, pays laïque mais majoritairement musulman qui aspire à entrer dans l'Union européenne.

"La Turquie est laïque et restera éternellement laïque", scandaient des manifestants agitant des drapeaux nationaux et des banderoles à l'effigie d'Atatürk, fondateur de la République bâtie sur la séparation de l'Etat et de la religion.

Des dizaines de milliers d'habitants du pays ont été acheminés par autocar dans la capitale pour la manifestation qu'organisait sur la place Tandogan une ONG laïque militante. Il s'agit d'un des plus grands rassemblements de ces dernières années en Turquie.

Les auteurs de nombreux discours attaquaient les USA et l'UE en exhortant les Turcs à défendre leur pays. Des milliers de manifestants se sont rendus au mausolée de Mustafa Kemal (Atatürk, ou "père de la Nation") où se regroupent les Turcs en période de tension.

L'AKP dispose d'une majorité parlementaire suffisante pour élire Erdogan à la tête de l'Etat pour sept ans. Le Parlement doit procéder à un vote en mai. Les instances dirigeantes de l'AKP se réuniront le 18 avril pour choisir le candidat du parti pour la présidentielle.

Erdogan se démarque de tout projet politique islamiste, assurant avoir rompu avec son passé et être devenu un démocrate conservateur. Le Premier ministre, sous la direction duquel la Turquie a connu une forte croissance économique et engagé des pourparlers d'adhésion avec l'UE n'a pas confirmé qu'il briguait la présidence. S'il est le dirigeant le plus populaire et le plus charismatique de son pays, les sondages laissent penser qu'une majorité de Turcs ne souhaite pas le voir devenir président.

Le président sortant Ahmet Necdet Sezer a estimé vendredi que le système politique laïque était menacé comme jamais depuis la fondation de la république en 1923, propos qui sont interprétés comme une attaque directe contre l'AKP.

Cette mise en garde de Sezer faisait suite à des propos analogues tenus jeudi par le chef d'état-major des forces armées. L'armée - l'institution la plus respectée de Turquie selon les sondages d'opinion - a fait tomber quatre gouvernements depuis cinquante ans, sa dernière intervention remontant à 1997.

Transmis par Michel Naud

AFP

8 - courrier des lecteurs

8.1 - Je vous suspecte de rouler pour Ségolène

Bonjour les Evariste(s),

Je suis singulièrement déçue de voir Respublica s'engager de manière de plus en plus résolue (malgré une façade d'expressions plurielles) dans la farce du vote utile (leur SR) et le discours sans analyse politique de la diabolisation (des candidats de droite). Le diable et La Madonne, cela me met mal à l'aise.

Comme vous le dites (trop vite), si SR tenait le cap à gauche et fermement au lieu de recréer le CPE, de donner des gages au centre, de jouer les girouettes au point de ne plus savoir où la situer sur l'échiquier politique, (encore que j'aie de sombres soupçons) je pourrais raisonnablement entendre votre prose un brin culpabilisatrice dans la tradition cfdtiste et Chavignesque (je me trompe?).

Nous n'en sommes plus là. Voir les appels de Rocard...

Quant au brevet de laïcité que certains croient devoir lui décerner dans ces pages (c'est par le biais de Respublica qu'on touche les militants laïques n'est-ce pas? ...), c'est à mourir de rire quand on sait combien il a fallu combattre dans les sections socialistes notamment en Alsace) ceux qui sont actuellement ses plus fervents partisans et qui s'opposaient violemment à la loi sur les signes religieux à l'école. Avez-vous à l'époque écouté les niaiseries que leur candidate a pu racontées (il n'y a rien de religieux ni de politique là dedans, l'émancipation des femmes n'a rien à voir,... c'est une simple question d'éducation et de politesse qui relève d'un règlement intérieur... Pourquoi se mobiliser au risque de...?) Pour ce qui concerne le TCE, une fois engrangé l'appui de Chevènement et une fois donnée l'occasion à tel ou tel ambitieux de justifier (mollement) son ralliement médiatique (Montebourg, Emmanuelli...) je vous fiche mon billet que vous ne serez pas déçus de son Europe par la preuve.

Allez je continuerai à vous lire et une fois la caravane et son tumulte passés vous reviendrez sans doute à des combats plus ambitieux et plus fédérateurs.

J. G

8.2 - Ne critiquez pas mon parti et mon syndicat injustement

Non, Evariste, Le Pen n'a pas " des anciens communistes " autour de lui. Généraliser n'est pas honnête. La présence d'Alain Soral, membre quelques mois du Parti communiste mais chahuté à la Fête de l'Huma par des militants qui connaissaient certaines déclarations du personnage, auprès de Le Pen, ne traduit aucunement un quelconque transfert contre-nature.

Pour apprécier souvent un certain nombre d'articles de ResPublica, je n'en remarque pas moins une propension évidente à la caricature quand il s'agit des communistes. Or, comme la plupart de mes camarades, je défends la laïcité, j'évite les anathèmes, je tente d'expliquer autour de moi, alors que nous vivons une époque de confusion extrême.

Professeur en collège et responsable du SNES-FSU, je refuse tout signe de prosélytisme religieux, politique ou militaire, comme l'exige le règlement intérieur que nous avons adopté au C.A. où les sept délégué enseignants sont tous membres de cette FSU, souvent brocardée dans vos colonnes.

Ce petit mot n'a de sens que parce qu'en bien des points je me retrouve dans des analyses et des positions affichées dans Res Publica et que je souhaiterais que mon syndicat et mon parti, qui peuvent être naturellement critiqués, ne le soient pas injustement.

Très cordialement,

Roger Martin

8.3 - Ne pas confondre patriote et xénophobe

J'ai bien aimé ta chronique du numéro 524 - vendredi 30 mars 2007.

D'abord parce que j'apprécie toujours quand quelqu'un dit d'où il parle, avec des témoignages de vie sans s'en tenir aux concepts désincarnés.

Et puis il est bon de rappeler qu'on peut être patriote c'est à dire se demander comme Kennedy d'abord ce qu'on peut donner à ses compatriotes avant ce qu'on peut en attendre, surtout quand on a soi-même beaucoup reçu.

Que cela ne saurait être confondu avec le nationalisme teinté de xénophobie, ou subordonnant toute entreprise à l'affirmation de l'intérêt national sans limitation au détriment de l'étranger.

Et il faut aimer le symbole qui est, comme au sens premier, un morceau de ce que l'on partage... Bien cordialement

Raymond Dupebe

8.4 - A propos de Sant'Egidio...

Que pense le parti qui contrôle aujourd'hui la Libre Pensée de ce qu'a fait son parti-frère d'Algérie qui avait signé un texte "pour la paix" avec, entre autres, les islamistes du FIS, dans une célèbre conférence organisée par... la communauté de Sant'Egidio ? La question mériterait d'être posée au sein de l'association, non ?

Jean-José Mesguen

9 - A lire

9.1 - Paul Violet, "Ne dites pas au peuple que la mondialisation c'est la mort de la démocratie, il croit que c'est son avenir !"

éd. Talleyrand, 2007.

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Paul Violet est un cas. Gaulliste de gauche, il crut en Jacques Chirac. En responsabilité au RPR, fut adjoint de Jacques Chirac à la Mairie de Paris, puis fut membre du Pôle républicain de JP Chevènement, puis entre au secrétariat national du MRC, avant de se retrouver aujourd'hui au Parti Socialiste et membre de PRS, le club fondé par Jean-Luc Mélenchon.

Rien que pour son parcours, cela vaut la lecture! Puis sur le fond, ça balance un peu, pas trop! Il les a connu de l'intérieur, du cousu main! Le lexique, rempli d'anecdotes, est excellent pour votre parent qui croit encore au gaullisme de l'UMP! Et puis, il fustige ceux qui font le chemin inverse du sien comme Max Gallo, par exemple, qui fricote avec Nicolas Sarkozy.

Bon livre pour comprendre le lien entre la mondialisation actuelle et le recul de la démocratie. Du simple, du efficace! A lire!

Courez vite chez votre libraire, offrez ce livre!

Jean Sébastien

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