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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°535 - lundi 7 mai 2007

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1 - chronique d'Evariste

1 - Henri Guaino fait gagner son deuxième président en douze ans

Les conditions de la victoire de Sarkozy sont certes différentes de celles de Chirac, en 1995. Quand, il y a douze ans, Guaino a commencé à écrire sur la fracture sociale, la situation du maire de Paris était désespérée, et il faisait l’objet des sarcasmes de l’ensemble du monde politico-médiatique. Mais cet animal politique a compris qu’il fallait la jouer « à gauche toutes », pour rétablir la situation, et a finalement réussi à gagner. Il ne mettra pas plus de six mois à renier tout ce qu’il a dit, et imposer, par Juppé, une taxation de plus de 100 milliards de francs sur les familles.

Une telle escroquerie fera que, en décembre, quand les fonctionnaires, derrière les cheminots, entameront une épreuve de forces avec le gouvernement, toute la population sera derrière eux, ce qui ne sera pas le cas en 2003, lors de la grève sur les retraites.

L’attelage Guaino-Sarkozy a une autre histoire. Il y a un an, Sarkozy avait trop de handicaps pour pouvoir gagner. Il était considéré comme atlantiste, communautariste, ultra-libéral, pour la discrimination positive sur des bases ethniques, et anti-laïque. Il avait commis l’erreur de dire qu’il aimait le modèle anglo-saxon, et qu’il se sentait souvent « comme un étranger dans son propre pays ». Ses conseillers lui ont dit qu’on ne pouvait pas remporter une présidentielle avec un tel programme. Notre collaboratrice Marie Perret explique fort bien (lire Respublica 532) comment Sarkozy, qui sait remarquablement sentir l’état de l’opinion, contacta alors Henri Guaino, qui lui écrivit des discours sur l’amour du travail, de la République, de la Nation, Jaurès et Blum, de la France qui se lève tôt, etc. Il saura rectifier le tir sur la laïcité, et tenir un discours sur le besoin d’ordre et d’autorité assez proche de celui du Front national.

Résultat : beaucoup d’électeurs frontistes votèrent utile dès le premier tour, plaçant Sarkozy en position de grand favori au soir du 22 avril, et mettant le FN sur le recul.

Sarkozy a su capter le vote des classes populaires, car il a également attaqué sans complexe le discours post-soixante-huit dont la majorité du peuple ne veut plus.

Il convient d’être clair, mai 1968 fut une magnifique grève générale, avec des conquêtes sociales, un moment d’émancipation de la jeunesse face à l’ordre moral, un combat féministe contre le patriarcat, une révolte de toute la société pour davantage de liberté. Une chape de plomb étouffante s’est soulevée, et tous ceux qui parlent de ces moment le font avec beaucoup de fierté. C’est l’élan de 68 qui a permis aux femmes, en quarante ans, de gagner le droit à la contraception, à l’avortement et au travail. C’est ce même élan qui a amélioré le rapport de forces, sur les lieux de travail, jusqu’à l’apparition du chômage de masse.

Mais on ne peut nier, dans les années qui suivirent, certaines dérives d’une culture issue de ce mouvement, sous l’influence de la pensée bobo et gauchiste :

Ségolène Royal, et ce n’est pas son moindre mérite, a essayé de rompre avec ce discours, depuis qu’elle a été investie par les militants du Parti socialiste. Mais chacun voyait bien que les Strauss-Kahn, Lang et Cohn-Bendit, omniprésents autour d’elle, n’étaient pas sur ces positions. Chacun entendait bien que les écologistes et l’extrême gauche trotskiste sont encore porteurs de cette idéologie.

Il était donc inévitable que Sarkozy sache capter, par la clarté de son discours, et son refus de la dictature du politiquement correct, le rejet des classes populaires de cette culture souvent prétentieuse et méprisante à leur égard.

La défense du squatt de Cachan par les gauchistes, c’était du pain béni pour Sarkozy.

Les ambiguïtés de la gauche, autour des émeutes de décembre 2005 et des violences de la gare du Nord, c’était du pain béni pour Sarkozy.

Les demandes de régularisation automatique de parents sans-papiers ayant un enfant scolarisé, c’était du pain béni pour Sarkozy.

Ce dernier a su gagner le vote des classes populaires, en promettant du salaire, de l’ordre dans les quartiers, en affirmant son amour et sa fierté la France, en jurant qu’il n’y aurait pas de nouvelle constitution européenne, et refusant l’adhésion de la Turquie, en demandant du protectionnisme, etc.

Mais il est également le chouchou du Medef, à qui il a promis de nombreux avantages fiscaux.

C’est le candidat qui encourage Johnny Hallyday à s’exiler en Suisse pour ne pas payer l’impôt républicain. C’est celui qui veut exonérer les puissants de cotisations sociales, qu’il appelle des charges. Or, ce que les riches n’acquitteront pas en impôts, ce seront les plus modestes qui le paieront en taxes.

Les attentes qu’il a suscitées, le volontarisme qu’il a démontré en promettant un taux de chômage à 5 % à la fin de son mandat, se heurteront obligatoirement à la réalité des faits.

Sarkozy croisera probablement le fer rapidement avec les syndicats du secteur public. Un de nos lecteurs, Luc Douillard, expliquait dans un article (Respublica 532) qu’il ne faudra pas tomber, non plus, dans le piège des luttes minoritaires. La bataille des retraites, en 2003, a montré qu’aujourd’hui, le secteur public ne peut gagner sans l’appui de toute l’opinion, y compris les salariés du privé.

Dans cet esprit, pour combattre efficacement Sarkozy, il faudra démontrer aux salariés, aux retraités, aux assurés sociaux, combien va leur coûter son discours libéral et démagogique.

Ce sera prouver que toutes les exonérations qu’a promises le nouveau président de la République auront un coût, et préparer, avec les organisations syndicales, des mobilisations unitaires pour défendre le monde du travail, et les systèmes solidaires de retraite et de protection sociale.

Mais surtout n’oublions pas que le peuple français est politisé, et disponible pour l’action. Il l’a montré lors du référendum sur le TCE, et lors des manifestations contre le CPE.

Il l’a confirmé par sa participation massive aux présidentielles. Surtout ne soyons pas pessimiste, au soir de cette défaite, et n’écoutons pas les gauchistes qui y verront une lepénisation de la France.

La République est de retour, plus aucun candidat ne peut l’occulter. Il n’est plus ringard de chanter « La Marseillaise ». La culture gauchiste est sur le recul, et il faut s’en réjouir pour toute la gauche.

Sarkozy a certes gagné, et nettement, surtout grâce au discours de Guaino. Les interventions du nouveau président, hier soir, portaient la trace de sa plume talentueuse. Mais les classes populaires, si elles réclament que les lois de la République s’appliquent partout, n’ont pas voté pour lui pour qu’il favorise les riches, ferme les services publics, et se couche devant la logique libérale de Bruxelles.

En ce sens, la victoire du leader de l’UMP est explosive par les contradictions qu’elle comporte, face à un mouvement social qui n’est pas défait, et qui saura lui demander des comptes.

Le Parti socialiste, au vu de l’ampleur de la défaite de Ségolène Royal, va avoir des lendemains difficiles. Ségolène Royal était certes au deuxième tour, contrairement à Jospin en 2002, mais elle fait moins que le candidat socialiste en 1995.

Son discours, prononcé quelques minutes après 20 heures, était surréaliste. « Que la défaite est belle », semblait-elle dire. Le but de la rapidité de cette intervention était évident : montrer que la candidate avait gagné sa légitimité pour mener les législatives. Strauss-Kahn a immédiatement réagi, et sans attaquer directement Royal, a critiqué très vivement la direction du PS, jugée trop en retard par rapport aux autres PS européens, et responsable de la troisième défaite consécutive aux présidentielles. Fabius s’est voulu plus pudique, mais a laissé entendre qu’il allait falloir tirer les bilans de cette élection. Il est évident que la main tendue à Bayrou, et l’axe UDF-PS-Verts va faire parler, avant les législatives, dans le Parti socialiste, et dans toute la gauche.

Quant à la gauche antilibérale, elle n’a fait que payer, au lendemain du 29 mai 2005, son incapacité d’offrir des perspectives crédibles, et le repli sur la boutique de chacun.

Elle a également contribué, par sa faillite, à l’ampleur de la victoire de Nicolas Sarkozy, qui marque une nouvelle étape dans les équilibres politiques français.

Une gauche nouvelle doit naître, en brisant les carcans dogmatiques de la vieille gauche plurielle, dernière évanescence de la parenthèse soixante-huitarde, y compris en remettant en cause sans concession les fausses idoles qui ont dévalorisé les travailleurs, la culture ouvrière, l'héritage de Blum et de Jaurès.

Une gauche qui ne doit être ni bobo, ni gaucho, mais tout simplement celle dans laquelle se reconnaissent les syndicalistes et les petites gens modestes à la vie simple, honnête et honorable.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Elections présidentielles 2007

1 - QUE FAIRE ?

ll est dimanche soir 6 mai, 20H. Le verdict du peuple est tombé. Il est la suite logique du premier tour et donc de l’analyse parue dans l’édito d’UFAL Flash N°16 paru la semaine dernière. Il est reproduit ci-après. Le premier tour a vu l’effondrement du non de gauche (31,3% en 2005 et 9% le 22 avril 2007). Le deuxième tour a vu la défaite de la gauche pour les mêmes raisons que noté dans l’édito précédent. C’est une mauvaise nouvelle.

Parce que Nicolas Sarkosy n’est pas un candidat de droite comme un autre (voir la déclaration du bureau national de l’UFAL paru dans UFAL Flash n°15). Les conditions de la lutte combinée combat social-combat laïque seront plus difficiles que précédemment. Nous devons donc en prendre acte et prendre les décisions qui s’imposent.

Quel écart entre le 29 mai 2005 ou le non au TCE a triomphé et que le non de gauche était majoritaire dans le non et majoritaire à gauche. Oui le non de gauche était supérieur au non de droite,au oui de gauche et au oui de droite. Cela mesure l’effondrement réalisé en 2 ans.

La séquence 29 mai 2005-6mai 2007 devrait entraîner toute la gauche et l’extrême gauche à une révolutionarisation idéologique pour sortir de l’impasse. Continuer sans remettre en cause ses propres certitudes qui ont entraîné la bérézina de la gauche anti-libérale et altermondialiste au premier tour et de la gauche toute entière au deuxième tour, serait suicidaire !

1) La candidate socialiste n’a pas été capable de rassembler l’ensemble des forces de gauche alors que le candidat de droite a non seulement rassemblé la droite mais aussi une grande partie de l’extrême droite : Sarkosy fait à droite et à l’extrême droite ce que François Mitterrand a fait à gauche et à l’extrême gauche en 1981. Ce n’est pas Ségolène Royal qui est principalement en cause mais la direction du parti socialiste. Y-a-t-il au parti socialiste la volonté de la refondation ? L’avenir nous le dira mais rien aujourd’hui ne permet de l’affirmer.

Il ne peut pas y avoir d’avenir à gauche sans travailler les votes d’adhésion à gauche. De ce point de vue, le parti socialiste s’est endormi depuis sa victoire aux régionales de 2004, n’a pas compris le séisme du 29 mai 2005 et n’a pas respecté suffisamment le non de gauche. Les couches populaires n’ont pas été subjugué par la démocratie participative de la candidate car eux demandaient du travail ,du pouvoir d’achat, de la solidarité de la naissance à la mort, des services publics solidaires, de la laïcité , le respect du droit à la sûreté et donc le retour de l’Etat social républicain.

2) Il apparaît clairement que le vote Bayrou a été un vote de diversion qui a profité principalement à Nicolas Sarkosy. Tout simplement parce que les votes de calcul d’une partie des couches moyennes souhaitant favoriser par là le futur dynamisme de la gauche est un vote purement intellectuel qui ne pèse pas face aux couches populaires.
Une autre opération de diversion a été l’opération Hulot qui a labellisé vert toutes les organisations politiques et a participé à la destruction de l’électorat vert.

3) Puis, il est clair que la gauche antilibérale et altermondialiste n’a pas poursuivi dans l’alliance entre les couches moyennes et les couches populaires qui a fait triompher le non au TCE. Alors que nous avons développé l’hégémonie populaire du non au TCE, c’est Nicolas Sarkosy qui a défini les deux sujets centraux de la présidentielle (voir l’édito de l’UFAL Flash N°16 ) à partir desquels les électeurs ont réagi. La gauche du non et donc toute la gauche a perdu la main ! Nous avons perdu le contact avec les couches populaires car la gauche antilibérale (à de très rares exceptions près) et le mouvement altermondialiste rechigne à prendre à bras le corps les préoccupations des couches populaires.
Oui,il faut que les militants issus des couches moyennes soient capables de s’arracher à la dictature des intérêts de leur couche sociale pour s’ouvrir aussi à ceux des couches populaires !

4) Ensuite, il faut répondre à la question suivante :pourquoi les quelques 22% des électeurs qui avaient voté non en se positionnant à gauche(31,3% le 29 mai 2005 moins environ 9% le 22 avril 2007) ont voté pour des candidats du oui de gauche ou du oui de droite ou voté blanc ? Arrêtons avec la sempiternelle diatribe sur le peuple qui n’a pas compris qui permet de s’éxonérer d’une remise en cause.

Le peuple a au contraire très bien compris que les leaders du non de gauche n’avait pas pris la mesure des caractéristiques de la nouvelle phase d’urgence sociale et politique qui s’ouvrait devant nous. Le peuple a jugé le discours des dirigeants antilibéraux et altermondialistes décalé, non crédible, hors de leurs préoccupations immédiates. Et même les 9% des votes sur les candidats d’extrême gauche sont-ils des votes protestataires et non des votes d’adhésion.

Oui notre travail d’éducation populaire doit entraîner l’adhésion du peuple à des principes et propositions concrètes et non faire comme si des votes protestataires sont des votes d’adhésion.

5) Les couches populaires et les couches moyennes ont répondu favorablement à la campagne unitaire contre le TCE. Ils ont sanctionné lors de la présidentielle la division de la gauche anti-libérale et altermondialiste comme une maladie infantile de la période. Et cette maladie infantile va perdurer aux législatives et va produire la plus grande claque de l’histoire pour la gauche de transformation sociale. Jusqu’à quand suivra-t-on ces dirigeants anti-libéraux et altermondialistes qui sont dans une impasse et au vu du mur du fond accélère pour mieux s’écraser dessus !

6) L’échec du candidat altermondialiste José Bové est patent. Et si on ne retenait que la part des voix qu’il a obtenu qui proviennent des nonistes du 29 mai 2005, c’est la bérézina ! Pourtant de nombreuses directions d’organisations du mouvement social sont actuellement composées de camarades qui s’étaient ouvertement engagés derrière ce candidat.
Réfléchissons alors quel est alors le segment idéologique et politique qu’il représente ?

Le reflux du PCF se poursuit inexorablement. Le PCF a encore des adhérents et des militants mais il n’aura bientôt plus d’électorat. Lui aussi a besoin d’une refondation et non d’un replatrage.

Les candidats troskistes restent avec leurs votes protestataires mais sont en profond recul par rapport à 2002 et sans alternative crédible.

Le petit parti vert qui avait peu d’adhérents mais un électorat important vient de perdre ce dernier.

Que devons-nous faire nous, militants du mouvement social ?

Malheureusement dans le champ politique les conditions objectives et subjectives d’une refondation politique à court terme sont fébriles. La séquence politique continuera jusqu’en mars 2008 pour les élections municipales et cantonales importantes pour les partis. Il y a peu de chance qu’on sorte du « bougisme » habituel. Puis ,nous aurons l’importante élection présidentielle états-unienne en novembre 2008.

En attendant, notre rôle doit être de réorienter le travail d’éducation populaire laïque tourné vers l’action pour le rendre aussi efficace dans cette nouvelle phase qu’il l’avait été pour le traité constitutionnel et pour la lutte contre le CPE.

Car nous ne sommes plus dans la phase 1 de l’altermondialisme (avant le 29 mai 2005) qui était marqué par la mise en forme d’un début de caractérisation des politiques néolibérales depuis le Consensus de Washington, d’une mise en perspective du lien entre ces politiques globales et la vie de tous les jours et enfin de la nécessité de construire des résistances.

Depuis la victoire du non au TCE, les citoyens et le peuple sont dans une nouvelle attente. Ils demandent quelles sont les pistes alternatives dans ce que sont LEURS PRINCIPALES PREOCCUPATIONS. Et comme la plupart des responsables altermondialistes et antilibéraux continuent de répondre aux questions de la phase 2 avec les paradigmes de la phase 1 sans écouter les nouvelles questions , ils sont de moins en moins écoutés et leur influence décroit dangeureusement. Le manifeste d’ATTAC comme la Charte antilibérale des Comités unitaires est très nettement en-deçà des attentes des citoyens et du peuple. Et comme l’a dit le philosophe chinois bien connu, le militant efficace et responsable doit être au sein du peuple comme le poisson est dans l’eau et non hors d’eau !

Le temps est à l’expression d’un vrai débat ouvert et non plus à la juxtaposition des certitudes dont beaucoup sont la cause de l’impasse. Il faut faire de la propagande par l’exemple et arréter les guerres picrocholines à gauche.

On ne peut plus continuer soit comme si de rien était ou comme si la bataille de clans allait résoudre les contradictions internes de la gauche. La bataille de clans empêche d’aller au fond des sujets à traiter. Pourtant ils sont nombreux. Et si on ne les traite pas, nous passerons à coté de l’histoire.

- Le chômage est-il une fatalité ou un conséquence du turbocapitalisme ? On résoud par de l’assistance ou par une politique de plein emploi et d’innovation ? Si oui, laquelle ?

- La solidarité de la naissance à la mort est-elle centrale dans le projet alternatif au turbocapitalisme ? Si oui,pourquoi personne ne le déclare comme telle ? Quelle est dans ce cas le programme alternatif ?

- Le problème du logement social est-il une des priorités du projet alternatif ? Si oui, pourquoi les antilibéraux n’en parlent que très peu ? Quelles sont les pistes alternatives ?

- Est-il suffisant de dire non aux privatisations ? Est-ce crédible pour les couches populaires de ne pas dire comment s’organiserait les services publics ? Comment la volonté générale des citoyens deviendrait l’élément déterminant de la politique des services publics ?

- Est-ce sérieux pour des antilibéraux ou des altermondialistes de défendre le communautarisme et la segmentation différentialiste alors que ce sont les principaux alliés du néolibéralisme ? Est-il temps de proclamer la nécessaire liaison du combat social et du combat laïque pour réconquérir les couches populaires ?

- Est-il sérieux pour des antilibéraux et des altermondialistes de « cracher » sur la république et la nation alors que pour les couches populaires la demande de l’Etat social est déterminante ?

Dans ce cas, pourquoi ne pas rompre avec le communautarisme anglo-saxon(largement défendu par des fractions de l’altermondialisme ) désintégrateur de l’Etat social ? Quel ligne politique en la matière ?

- Est-il sérieux de refuser aux couches populaires le droit à la sûreté rappelé à l’article 2 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen ?

- Peut-on enfin aller plus loin sur l’énergie et enfin avancer sur la piste d’une politique centrée prioritairement sur des économies d’énergies radicales, seule politique crédible qui ouvre la porte à un nouveau processus de consommation énergétique au lieu de commencer par le refus de telle ou telle forme d’énergie ?

- Sur l’Europe, peut-on enfin dépasser le débat stérile entre confédéralisme et fédéralisme alors que le véritable débat est quelle dose de confédéralisme et quelle dose de fédéralisme et surtout comment construire cela dans les différents domaines concernés en fonction de nos principes laïques, sociaux,écologiques et républicains?

- Doit-on repenser la démocratie pour l’approfondir ou accepter le recul de la démocratie ?

- Doit-on travailler à de simples convergences de forces sociales unifiée par un consensus a priori qui stérilise les débats ou à une stratégie à fronts larges permettant un rassemblement pluraliste qui débat au fond des sujets traités ?

- Doit-on travailler sur les questions et les préoccupations directes des citoyens et du peuple ?

J’espère que beaucoup répondront oui et nous contacterons pour des stratégies à fronts larges !

- Doit-on refonder le travail d’éducation populaire dans cette nouvelle phase politique en étant aux cotés des citoyens et de leurs familles à commencer par les couches populaires ou doit-on continuer à refaire ad vitam les mêmes discours généralistes sans changement qui démobilisent les couches populaires?

- Ne serait-il pas plutôt intéressant de débattre des questions précédentes ?

Les militants et les cadres de l’UFAL seront à 100% dans le champ du mouvement social. Ils seront à la disposition de tous et de toutes pour débattre, dialoguer, pour travailler dans des stratégies à fronts larges. Il continueront également à rassembler les laïques et les républicains de gauche et d’extrême gauche pour permettre d’amplifier son travail d’éducation populaire laïque tourné vers l’action.

Contactez-les ! Rassemblons-nous !

Source

Bernard Teper

2 - Le jeu dangereux de certains gauchistes

J’ai passé la semaine chez un ami, à Marseille. Le Premier mai, j’avais déjà été étonnée par certains mots d’ordre de la LCR. Dans un cortège toujours tonique, on ne peut pas leur retirer cela, les leaders faisaient crier : « Aux armes ! » à chaque fois qu’on évoquait le nom de Sarkozy dans un mot d’ordre. Cela m’avait laissé quelque peu perplexe, quel message ces gens-là voulaient-ils faire passer ?

Ce dimanche, après avoir regardé la première heure à la télévision, je décide d’aller sur le Vieux Port pour voir l’ambiance. Tout le monde est dans les brasseries, et regarde le match de football. C’est très étonnant, je fais part à mon ami de l’étrangeté de la situation. Sarkozy est élu depuis près de deux heures, et on dirait qu’il ne s’est rien passé, la vie continue, aucune manifestation, sympathique ou hostile, dans la rue.

Vers 23 heures, j’entends des slogans qui viennent de la Canebière, et vois arriver plusieurs centaines de manifestants, drapeaux de la LCR en tête. Ils veulent marcher vers la mairie. Bien évidemment, en face, il y a du monde, et la rue est barrée par les forces de l’ordre. J’entends deux mots d’ordre. « Sarko, facho, le peuple aura ta peau », et « Des papiers pour tous ! ». J’essaie de discuter avec une manifestante, qui paraît très énervée, et est au bord des larmes. Je lui demande les raisons de cette manifestation. Elle me répond que c’est pour lutter contre le fascisme, et me dit : « Regarde, tu ne vois pas, il est élu depuis deux heures, et les flics sont déjà dans la rue, pour nous empêcher de manifester. » Je lui demande si elle croit que le stade de Marseille va être, comme sous le Chili de Pinochet, en 1973, le lieu où on va enfermer tous les syndicalistes et les militants de gauche.

Elle me traite de connasse, et me tourne les talons, furieuse de mon insolence. On décide de ne pas traîner. Je quitte le cortège avec mon ami, et on rentre.

Les CRS nous demandent nos papiers, pour vérifier si on habite bien le quartier. On les donne, et ils nous laissent passer.

Je regarde les dernières images télévisées, à Paris. Je vois Mireille Mathieu chanter « La Marseillaise », Enrico Macias chanter « Les filles de mon pays », deux chanteuses entamer « Oh Happy day », le tout dans une ambiance de fête que je trouve sympathique, bien que cela m’attriste que ce soit eux qui aient gagné.

Sur le plateau de télévision, on interroge alors Arnaud Montebourg sur les manifestations orchestrées essentiellement par la LCR, et les premiers incidents qui éclatent dans différentes villes. La réponse est claire. « Je suis triste, mais je respecte le suffrage universel et le vote de mes concitoyens, cela me paraît curieux de manifester contre cela ».

Je ne peux que partager cette conception républicaine, bien éloignée de la pratique de certains gauchistes, qui jouent à fond la stratégie de la tension.

Je me dis, en même temps, que pour Sarkozy, de tels adversaires ne sont pas bien dangereux, au contraire, ils sont des faire-valoir irremplaçables pour les prochaines législatives.

Jeanne Bourdillon

3 - A qui la faute ?

C’est par cette question que me répondait hier une amie à laquelle j’avais envoyé le sms « Putain, 5 ans... ». Elle faisait allusion aux gens comme moi qui n’ont pas voté Ségolène Royal et ont donc contribué d’une certaine façon à l’élection de Nicolas Sarkozy (paix sur lui et à son âme).

Mais je ne me sens pas honteux d’avoir mis dans l’urne au second tour un Jolly Roger, le drapeau des pirates aux sabres bien affûtés...

En effet, pour moi, les responsables de la déroute du PS ne sont pas à chercher parmi ceux qui n’ont pas voté Royal, mais parmi ceux qui ont tout fait pour dégoûter les gens de gauche et leur rendre impossible un vote PS.

Commençons par les moins responsables : tous les candidats d’extrême gauche. Peut-on leur en vouloir, alors qu’ils avaient tous voté NON au référendum sur le traité constitutionnel, de s’être portés candidats à côté d’un PS ayant soutenu le OUI ? Peut-on reprocher à Arlette Laguiller, féministe et défenseure de la laïcité, de n’avoir point rallié Olivier Besancenot, proche lui des défenseurs des filles voilées et de l’islam radical ? Peut-on en vouloir aux partisans du NON de n’avoir pas cherché à s’unir avec le PC qui n’excluait pas de gouverner avec le PS ? Bien sûr, on peut déplorer la candidature de José Bové, qui n’a fait que nuire davantage à une extrême gauche déjà bien obscure. On peut regretter aussi l’absence de rapprochement entre Arlette Laguiller et Gérard Schivardi, mais on imagine que de « bonnes » raisons les ont éloignés...

Venons-en à ceux qui me semblent les plus responsables de la défaite : les militants et dirigeants du PS. Les militants ont choisi Ségolène Royal, partisane du OUI à la constitution européenne, et ont marginalisé Laurent Fabius, seul représentant du NON dans le trio de candidats. Faisant ce choix, ils ont clairement décidé de ne pas tenir compte du NON de gauche, le laissant à l’extrême gauche. Quant aux dirigeants du PS, et à Ségolène Royal en particulier, il est évident que leur rapprochement avec le « centre » (la droite !) de François Bayrou a déçu plus d’un électeur potentiel qui, loin d’être convaincu par Ségolène Royal, aurait pu voter pour elle si elle avait décidé de rester un minimum à gauche, quitte à perdre avec les honneurs. Elle a perdu, mais c’est maintenant toute la gauche qui a perdu à cause de ses appels répétés à la droite et de ses déclarations incroyables dans lesquelles elle n’excluait rien, même pas de prendre Bayrou comme Premier Ministre...

Il y a d’autres responsables : ceux qui, de gauche, n’ont pas voté plus à gauche que Royal au premier tour (empêchant ainsi l’extrême gauche de peser au second tour et laissant la place à François Bayrou), et ceux qui, de gauche, ont voté Bayrou au premier tour, donnant à celui-ci un succès inattendu lui permettant de voir Ségolène Royal se coucher devant lui entre les deux tours.

Je veux donc bien prendre une part de responsabilité dans le résultat final, mais j’accuse les causes de ce résultat, qui sont nombreuses et dont la principale est que le Parti Socialiste n’est plus à gauche ! Imaginez : alors que depuis des années l’UDF est clairement à droite, vote tous les textes avec l’UMP, a des accords électoraux avec l’UMP partout où c’est possible, il suffit que quelques mois avant la présidentielle François Bayrou prétende que son parti est au centre pour que le PS n’ait rien contre l’idée de ministres UDF ! Il faudrait peut-être cesser de nous prendre constamment pour des crétins. Maintenant, il faut souhaiter une scission au sein du PS : les fossoyeurs du PS rejoindraient le Mouvement Démocrate de Bayrou, pendant que ceux qui sont encore à gauche au PS formeraient un nouveau parti de gauche sociale, laïque et républicaine. Cela prendra du temps, mais on y arrivera.

En attendant, à cause d’une gauche centriste, blairiste, privatisante, régionaliste et souvent antilaïque, nous allons subir Nicolas Sarkozy (bonheur et amour sur sa lignée et ses amis puissants) durant de longues années.

Mais patience. Nous entrons aujourd’hui en résistance. Au moindre faux pas, d’autres « Bastille » seront prises, de nouvelles têtes tomberont.

Stéphane Arlen président de l'association Faire Le Jour
www.fairelejour.org

4 - Déclaration de Mars-Gauche républicaine après la victoire de Nicolas Sarkozy

L’élection de Nicolas Sarkozy est incontestable. Elle n’en est pas moins une très mauvaise nouvelle pour la France.

Si le nouveau Président de la République a masqué son projet libéral par un discours démagogique en faveur du monde du travail, la soupe n'en sera que plus amère pour la grande majorité de nos concitoyens qui, justement, ne vivent que des revenus de leur travail. Car au-delà de l’habillage il y a une véritable politique de « classe », en rupture même avec ce qu’il restait de la tradition sociale de la droite gaulliste. M. Sarkozy a dit sa volonté de la mettre en œuvre rapidement, quitte à faire siéger l’Assemblée Nationale cet été. Cet empressement cache une certaine lucidité : s’il a gagné, Nicolas Sarkozy sait paradoxalement qu’il est loin de disposer d’une adhésion majoritaire dans la population pour une politique aussi radicale. Il lui faut donc aller vite et profiter de l’élan qu’il espère tirer de sa victoire. Ils appartient donc à toutes les forces de la gauche politique et sociale de ne pas céder à l’abattement et à la résignation et, dès demain, de reprendre le combat.

Pour ce faire, la gauche doit commencer à tirer des leçons de son échec. Un échec d’autant plus cuisant qu’il aurait du être évité ! Rien de ce qui se passe depuis cinq ans n’aurait du permettre à M. Sarkozy de se revendiquer comme le candidat du peuple alors que son programme n'est jamais qu'une simple démarcation de celui du MEDEF !

La gauche n’a pas su renouer suffisamment avec les classes populaires. Elle n’a pas su présenter une alternative à la hauteur des enjeux sociaux et démocratiques tels que le laissaient espérer la victoire du "non" au projet de Traité Constitutionnel Européen, la mobilisation sociale victorieuse contre le Contrat Première Embauche et les scrutins électoraux intermédiaires qui avaient démontré la possibilité de battre la droite. Cette défaite est d’abord celle du social-libéralisme.

Ségolène Royal en a en effet proposé une version vantant davantage "l’esprit d’entreprise" que s'articulant sur la question du partage des richesses entre le capital et le travail dont le déséquilibre, accentué depuis 10 ans, mine pourtant l’économie et la société française. Ce discours œcuménique, qui s'est renforcé entre les deux tours, a tout naturellement débouché sur une invitation à une construction politique "ad hoc". Mme Royal s’est voulue le trait d’union entre le François Mitterrand de la France Tranquille de 1988 et le New labour de Tony Blair en suggérant, en fin de campagne, un nouvel horizon stratégique « à l’italienne » d’alliance avec le centre, se proposant même de dépasser la logique « des clivages » et des « blocs », c'est à dire la confrontation entre la gauche et la droite. Ce n'était pas là que résidait la voie pour la victoire, ce n'est pas là qu'elle résidera demain.

La responsabilité des forces de gauche qui avaient su participer activement à la victoire du 29 mai 2005 est également engagée dans cette défaite. Nous restons convaincus qu’une gauche antilibérale unie aurait été à même de modifier le rapport de force à gauche et donc de changer la donne, comme (d’une certaine manière) a su le faire, dans un sens opposé, François Bayrou. Que l’on ne s’y trompe pas, l’échec terrible des forces de la gauche de transformation n’aura pas marqué la faillite de leur stratégie d’union mais au contraire été provoqué par leur incapacité à mener celle-ci jusqu’au bout.

Ce double échec implique une nécessité : il faut refonder un véritable projet alternatif à vocation majoritaire en s’adressant à toute la gauche si nous ne voulons pas que ces élections ouvrent pour de bon une mutation politique en France. Car n’en doutons pas, des voix vont désormais se faire plus fortes au sein du Parti socialiste et de ses alliés pour accentuer et théoriser l’alliance esquissée avec le centre. A l’autre bout de l’échiquier de la gauche, d’autres ne vont pas manquer de cautionner cette dérive en décrétant une frontière toujours plus infranchissable entre « deux gauches ». Face à ce phénomène prévisible, il devient urgent que tous ceux qui refusent cette double évolution au nom de la vocation transformatrice historique de la gauche, trouvent des espaces de discussion, de débat, d’élaboration et de mobilisation.

Mais d’abord donc, il nous appartient de relever la tête et de nous mobiliser pour les législatives en refusant à Nicolas Sarkozy la majorité parlementaire dont il rêve.

Le Mars-Gauche républicaine appelle en conséquence la gauche à se présenter devant les électeurs sur ses valeurs ce qui implique de se démarquer nettement de toute construction politique avec le centre. Nous affirmons également qu’il est encore temps pour que les forces, sensibilités et personnalités de la gauche antilibérale, quel que soit leur parti, fassent preuve de lucidité en s’unissant ou tout au moins en évitant au maximum les situations de concurrence pour les législatives afin de ne pas être réduit au silence voir disparaître de l’assemblée nationale. Le Mars-Gauche Républicaine est pour sa part disposé à toute réunion qui travaillerait dans ce sens. Il n’est pas trop tard !

Nous n’avons pas sur apporter à notre peuple la victoire qu’il méritait, nous lui devons aujourd’hui de ne pas céder à la résignation.

Le Mars-GR www.mars-gr.org

5 - 53 % pour Sarkozy, une bonne nouvelle pour Neuilly, une mauvaise nouvelle pour Clichy

Mauvaise nouvelle pour les salariés français !

1 - La victoire de Nicolas Sarkozy est une mauvaise nouvelle pour les salariés de France et pour la gauche dans le monde entier.

C’est une bonne nouvelle pour Bush et une mauvaise pour ses opposants aux Etats-unis et sur la planète.

Que les électeurs français aient laissé passer un « Thatcher-Berlusconi » est un mauvais signe pour tous ceux qui défendent la perspective d’un monde meilleur.

La victoire de Sarkozy est une bonne nouvelle pour Neuilly, une mauvaise nouvelle pour Clichy. C’est une bonne nouvelle pour le capital financier, pour le Medef, pour le Cac 40, pour les groupes Bouygues, Lagardère, Dassault, Rothschild, pour les multinationales qui contrôlent les grands médias audiovisuels, les armes et la finance.

C’est le pire pouvoir contre les droits sociaux depuis Pétain.

Lire la suite sur le site de démocratie et socialisme

6 - Il nous manque un outil de transformation sociale : un parti anticapitaliste… Construisons le !

Beaucoup de militants et de militantes de gauche sont découragés, voire désemparés… Certains et certaines y ont cru à cette victoire notamment après le grand débat, oubliant que la candidate faisant du surf entre la gauche « radicale » et le centre ne pouvait que brouiller les pistes et décourager les siens.

Alors que faire ?

Sommes-nous donc contraints à supporter pendant cinq ans une droite revancharde, détenant tous les pouvoirs ?

Devons-nous préparer un troisième tour social nécessaire mais encore hypothétique ? Rien n’est définitivement perdu et baisser les bras c’est renforcer la réaction et « désespérer Billancourt »

Ce n’est pas un hasard si Sarkozy a annoncé que son premier objectif, en cas de succès aux présidentielles serait de s’assurer une majorité confortable au parlement.

Là rien n’est perdu, il est possible sans se laisser aller au crétinisme parlementaire de préparer une contre-offensive en menant une campagne énergique contre Sarko….

Des caciques du PS, de l’aile « gauche » du PS comme Henri Emmanuelli au « patron » du parti Hollande souhaitent construire un « nouveau » grand parti.

Il s’agit pour les uns comme pour les autres d’élargir les bases actuelles du PS en y agglomérant les chevènementistes, qui n’attendent que cela, les radicaux de gauche et quelques-uns uns des clubs républicains qui gravitent autour de la gauche classique.

Nous n’avons rien à attendre d’un rafistolage ou d’un débauchage conduisant inévitablement à la construction d’un grand parti social-démocrate à l’allemande, acceptant comme caution un gauche domestiquée pour se préparer à construire un axe majoritaire avec le centre.

La gauche anti-libérale est éclatée mais bien réelle et vivante pesant près de 10% au premier tour malgré l’éparpillement et le bluff du vote utile...c’est loin d’être négligeable.

Il faut absolument mettre fin à la balkanisation de la gauche anti-libérale et que dans chacune des circonscriptions il n’y ait qu’une seule candidature représentant tous ceux qui refusent le libéralisme qu’il soit musclé ou teinté de social.

Il y a là une aspiration à l’unité très forte et tout raidissement sectaire ne fera que renforcer la rancœur et entretenir le défaitisme.

Il existe dans ce pays de nombreux groupes, clubs, organisations politiques disséminés sur le territoire
Il existe des organisations plus importantes mais encore loin d’avoir une dimension suffisante pour se constituer en parti
Il existe un Parti Communiste qui ne peut que réduire encore son influence s’il continue à se raidir et à vouloir représenter quasiment seul la réalité de l’anti-libéralisme….

Séparément ces groupements sont voués à témoigner, voire même à l’impuissance alors qu’ensemble ils peuvent, sans précipitation mais avec un peu de volonté de jeter les bases de la construction d’un outil qui manque à la classe ouvrière : un réel parti anti capitaliste de masse.

Dépassons les clivages secondaires et préparons, ensemble des assises de l’unité anti libérale…

Jean-François Chalot

7 - L'Europe ? Arrêter, arrêter, arrêter…

Le 29 Mai 2005, le traité constitutionnel a été rejeté par la France, d'abord, ensuite par les Pays Bas.

Or, il faut savoir que si 18 états ont ratifié le texte, 2 seulement l'ont fait par référendum (Luxembourg et Espagne). Les autres ont adopté le vote au Parlement : c'était plus facile, pas besoin d'expliquer, les citoyens "lambda" n'y comprennent rien, c'est bien connu ! Il faut laisser la politique aux politiciens, les élus, qui ont été élus pour ça ? Vous verrez, tout à l'heure que beaucoup pensent encore comme ça.

Mais l'Europe, qui n'a pas été un thème de la campagne électorale, et pour cause : c'est quand même gênant que les deux finalistes soient des représentants du OUI, alors que le NON était majoritaire dans notre pays.

Alors, quel est l'avenir de l'Europe?

Et d'abord, quel est le bilan de l'Europe? La concurrence libre et non faussée, la libre circulation des capitaux et des hommes ont entraîné délocalisations, chômage, précarité. L'Europe est bien le cheval de Troie de la mondialisation! Le rejet de cette Europe ultra-libérale n'est pas venu que de l'extrême droite, mais aussi de l'extrême gauche et de la gauche.

"La question de la sortie de l'Europe et de l'euro, tout en restant marginale, n'est plus taboue"

C'est en 2009 que se tiendront les élections au Parlement européen. Il ne faut pas oublier que le traité de Maastricht n'a été approuvé que par une courte majorité.
Or, les opinions des pays du NON sont partagées par d'autres états-membres.
Il faudra bien que la volonté des états-membres s'exprime, l'Europe doit se constituer sous la forme d'une association volontaire d'Etats DEMOCRATIQUES.
Il faudra bien parler de la Turquie, dont l'adhésion à l'Europe se négocie avec le gouvernement AKP, qui est islamiste! et cherche à contre-balancer l'armée, qui veut que la Turquie reste laïque.
Il faudra bien que l'on ait un débat de fond qui n'occultera pas les divergences entre les Etats , débat AVEC les forces politiques et syndicales .
Les deux grands partis qui "représentent" l'Europe, le social-démocrate (PSE) et le parti de droite (PPE) se sont alliés pour faire adopter le Traité constitutionnel.

Mais voilà : le peuple de France sait lire et il a décidé de s'emparer du traité, de le décrypter, ce n'était pas prévu au programme, et c'était magnifique!

Dans le Monde du 3 Mai, André Glucksmann fait un article à la gloire de Sarkozy: Il vante son idée d'un traité minimal institutionnellement ratifié par le Parlement. Il fustige la proposition de Ségolène Royal de soumettre un nouveau traité au référendum. "Pourquoi cette idéologie référendaire?" se demande le philosophe pro-Sarko-Bush. Et il continue : "les députés disposent des LOISIRS et de la documentation qui permettent de déchiffrer les termes ampoulés des textes diplomatiques : ils ont été élus par le peuple pour ça."

Et voilà l'idéologie de droite, le mépris du peuple, trop bête pour comprendre"des textes diplomatiques", voilà les députés qui ont la culture, la formation et les loisirs. Voilà les députés méprisés eux aussi, ils ne font pas un travail au service du peuple mais occupent leurs "loisirs".

Il paraît que Jean Monnet aurait donné comme conseil à propos de l'Europe: " Continuer, continuer, continuer"
Attention, le peuple n'aime pas qu'on lui impose un traité qu'il a refusé, même sous la forme d'un mini-traité.
Et il faudra tout mettre à plat, quelles frontières pour l'Europe, quel projet, quels services publics etc. Et en attendant que le peuple SOUVERAIN décide ? Il faut : Arrêter, arrêter, arrêter !

Ce dimanche 6 Mai 2007, c'est Nicolas Sarkozy.
Le peuple entre en résistance. Nous ne nous laisserons pas faire!

 

Sources:
Le Monde diplomatique d'Avril 2007( Une présidentielle loin du Monde) par Bernard Cassen
Le Monde diplomatique de Mai 2007 l'Avenir de l'Europe par Michel Foucher et Bernard Cassen

Mireille Popelin

8 - Gardez votre impertinence et votre sens critique

Je suis une lectrice de longue date de Respublica et j'ai toujours apprécié la liberté de ton et surtout la capacité de(s ) Evariste(s) à ne pas s'embarrasser des discours convenus (compassion et mauvaise foi) qui courent au fil des lignes de nombre de publications dites de gôche.

Ces dernières semaines m'ont donné le sentiment que vous baissiez la garde et succombiez aux sirènes du vote utile pour le premier tour. Je ne souhaite en aucun cas polémiquer avec vous mais vous faire part de mon point de vue de lectrice laïque, républicaine et de gauche. Aujourd'hui, 4 mai, la stratégie du vote utile a permis à SR et à son entourage de justifier cette ouverture à droite (centre et démo-catho)... puisqu'il n' y a plus rien sur sa gauche!

Je voterai donc pour SR le 6 mai avec beaucoup de réticences et sans aucune illusion. Ce que j'attends de Respublica (ce n'est pas comminatoire mais un souhait) ce n'est pas d'être rassurée (quant au fait que vous appelleriez ou non à voter pour SR, Filoche le fait suffisamment dans vos colonnes pour ne pas en rajouter), c'est que vous ne perdiez pas votre impertinence et votre sens critique. Je pense que quelle que soit l'issue de cette élection vous aurez largement l'occasion de les exercer.

Bien cordialement,

Josiane Gasparini

3 - combat laïque

1 - Laïcité, rien n’est acquis, tout est à construire

La « question » de la laïcité n’a pas été vraiment au cœur de la campagne électorale qui vient de s’achever… Si « Les Laïques en Réseau » (et d’autres structures…) ont interpellé les candidats sur ce point pour les faire se déterminer, l’écho et les résultats de ces initiatives ont été fort ténus… et les intéressés sont restés très discrets en la matière. Face à un candidat qui était chaque jour qualifié « d’anti-laïque existentiel », de chantre du communautarisme à l’anglo-saxonne, de fossoyeur de la loi de 1905, la candidate supposée appartenir au « camp de la laïcité » n’a même pas « porté le fer » sur ce terrain, préférant simuler une colère ridicule à propos de la « scolarisation des handicapés » , sujet propre « à faire pleurer Margot dans les chaumières » et , à ses yeux, bien plus important que l’organisation et le mode de fonctionnement laïques de notre société puisque la défense du socle laïque de notre République n’a pas été jugé digne du débat !!! Il est « des impasses » plus éloquentes que des discours…

Mais ces impasses-là sont de véritables « refoulements »… refoulements d’une question à laquelle on ne veut pas répondre parce qu’on ne peut pas répondre. Car, qu’on appartienne à la « droite » ou à la « gauche » ( elle est où , aujourd’hui, la gauche ?) , on pratique allègrement la dilution de la loi de 1905 et l’ouverture aux diverses formes du communautarisme ( islamique, surtout) …

Quand le Tribunal Administratif de Poitiers annule une délibération de la municipalité (PS) de La Rochelle inscrivant une subvention publique dans le montage financier de la construction d’une mosquée, celui de Marseille en efface une de la municipalité (UMP) locale approuvant un bail emphytéotique à loyer dérisoire pour un terrain public mis à disposition d’une association islamique afin d’ériger un lieu de culte, et celui de Paris se prépare à faire de même à l’encontre de la municipalité ( apparentée PC) de Montreuil qui pratique communément le bail emphytéotique à loyer symbolique pour que les diverses confessions puissent construire des lieux de culte ( mosquée, synagogue… demain temple solaire ?).

Il est heureux que le Justice Administrative , quand elle est saisie, veille attentivement au respect d’une loi que les élus territoriaux de tous bords transgressent quotidiennement, préparant ainsi l’opinion à son toilettage ( ou à son abrogation…). Les exemples, hélas, ne manquent pas, qui témoignent de ces pratiques « électoralistes », et on peut s’attendre à les voir se multiplier à l’approche des échéances municipales…Mais les décisions de Justice montrent clairement combien la loi de 1905 est une barrière infranchissable ( ce qui explique la propension des différents partis de gouvernement à la mettre en cause…) et ouvrent aux défenseurs de la laïcité un champ d’action qu’il va falloir occuper de manière permanente…d’autant que son abandon par les différentes structures attachées à l’espace laïque républicain le voit être accaparé par les courants extrêmes de la droite. Le politique, comme la nature, a « horreur du vide » ! Il est donc temps de se ressaisir et de préparer les outils qui permettront à tous ceux qui s’attachent à l’application stricte des principes de séparation des Eglises et de l’Etat d’intervenir dans l’immédiateté et « tous azimuts » contre tous les représentants de la République qui en violeraient les principes fondateurs. « Les Laïques en Réseau » vont s’engager dans cette voie…Tous ceux qui voudront agir avec eux seront les bienvenus.

Il faut être clair : quand la municipalité de Montreuil déplore la (future) décision de TA à son encontre, quand elle invoque un principe d’égalité entre les religions, quand elle affirme vouloir aider financièrement les musulmans ( les juifs , les protestants…) à se doter de lieux de culte présentés comme « nécessaires », elle viole directement le principe fondateur de laïcité en transformant la séparation Eglises/Etat en un lien concordataire par lequel la puissance publique organise les religions ( oubliant de fait la majorité des citoyens qui ne se reconnaissent en aucune d’entre elles…) et donne une fonction de « service public » à ce qui relève strictement de la sphère privée. Les impôts, nationaux ou territoriaux, ne doivent pas servir à financer les constructions de mosquées, églises, synagogues, pagodes, temples ou autres « Mandaron House » … qui n’appartiennent qu’à quelques-uns, ils doivent être réservés à la satisfaction des besoins collectifs, réservés à l’espace public qui rassemble et unit et où s’exprime ce qui appartient à tous.

Mais, dira-t-on, les musulmans (les évangéliques, les hindouistes, les scientistes….) n’ont pas suffisamment de lieux pour prier. .. Par compassion , et au mépris de la loi générale, faudrait-il alors corriger l’héritage historique de la France ? Comme ( toutes les enquêtes récentes le montrent) ceux qui se reconnaissent « musulmans » représentent à peine 4 % de la population ( seul un quart d’entre eux pratiquent réellement…), la demande « en lieux de culte » n’est ni massive ni insatisfaite au point d’exiger un plan « Marshall » de constructions nouvelles et surdimensionnées….Et , depuis le 01 /01 /0906 , le problème des constructions en ce domaine est résolu au point qu’aujourd’hui, on peut en tracer le processus : création d’une association spécifique, acquisition d’un terrain dans un espace prévu au plan d’urbanisme local, montage d’un dossier de permis de construire conforme à le loi générale en vigueur, élaboration d’un cahier des charges organisant légalement le fonctionnement de la structure, plan privé de financement ( avec contrôle des capitaux éventuellement) , gestion de l’ensemble ainsi créé dans le respect de l’ordre public…Rien dans la loi générale ne s’oppose à ce qu’un culte érige un lieu dévolu à son seul bénéfice et assis sur ses seules ressources : c’est cela « connaître » les cultes, et « assurer la liberté des cultes » , chacun dans son domaine propre d’intervention , l’Etat chez lui , « l’Eglise » chez elle…

Au fait, quand une collectivité territoriale veut acheter un terrain pour réaliser un équipement public, elle le fait évaluer par le service fiscal des « Domaines , ou elle lance une procédure d’expropriation dans laquelle c’est un juge qui fixe le prix à payer… Dans les deux cas, c’est l’impôt local qui est sollicité…Et certains voudraient ensuite donner ces terrains ?...

Quand une collectivité territoriale loue une propriété communale à un particulier (individu ou structure), elle en fait évaluer le loyer par le service fiscal « des Domaines » : et certains voudraient exonérer de ce loyer des associations confessionnelles au mépris de la loi générale ?

Quand une collectivité territoriale veut construire une école primaire, un collège, un espace sportif, un ensemble social… elle acquiert des terrains dont le coût entre dans le prix de l’équipement réalisé payé par les ressources publiques : au nom de quoi certains voudraient-ils faire des « exceptions cultuelles » où des associations « privées » bénéficieraient de subventions publiques pour leur seul usage ? D’autant que si les populations concernées ( immigrées et de culture musulmane dans leur majorité) ont des besoins, ce sont des besoins d’emplois, de logements, d’équipements sociaux et d’éducation….D’autant que si les populations concernées ont besoin de « repères », ce sont ceux de la République où s’expriment la primauté du citoyen, l’égalité des individus, la reconnaissance de l’identité individuelle, la liberté de choix et de conscience….Pour ce qui est « de prier » , cela relève de l’espace privé de chacun , et cela s’exprime dans cet espace-là !

Au nom de quoi ? sinon de celui du « clientélisme électoral » …et pour habituer à l’effacement de l’article 2 de la loi de 1905 , et donc, à terme, de la loi elle-même, afin de construire l’espace politique et sociétal unique , sécularisé et « communautarisé », dont rêvent les tenants de la construction politique européenne que le TCE préparait.

On n’a pas beaucoup parlé de « laïcité » dans cette campagne électorale…Faisons en sorte d’en parler davantage dans celle qui s’ouvre…Posons avec force le principe de la nécessaire séparation des Eglises et de l’Etat, de l’intangibilité des articles 1 et 2 de la loi de 1905, du renforcement du socle laïque de notre République, du refus de tout communautarisme, du rejet de toute remise en cause , dans quelque domaine que ce soit, de l’égalité en droits de l’homme et de la femme, de la réservation à l’espace public des ressources publiques….

Le combat (oui, c’est un combat…) est devant nous.
A nous de nous y préparer, d’élaborer les armes pour le mener, de nous y engager sans réserves et sans exclusive.

4 - extrême-droite islamiste

1 - Pour François Burgat, l’islamisme est « une régression féconde », 1ère Partie

Les travaux du politologue français, François Burgat, constituent pour l’essentiel une tentative de « théoriser » et de rendre attrayante l’idéologie réactionnaire et capitaliste des islamistes, qui représentent la plus virulente des forces politiques au service des féodaux et de certaines fractions de la bourgeoisie musulmane, notamment compradore. Précisions d’emblée que notre politologue, pour prévenir d’éventuelles objections, et outre ses nombreuses confusions et amalgames dans le lexique et les périodes, parsème ses textes de tours de passe-passe sémantiques, qu’il pourrait exciper par un : « J’ai pourtant bien précisé que… ».

Les islamistes seraient les vecteurs de la modernité du « Nord » « judéo-chrétiens » dans le monde musulman et parmi les minorités musulmanes d’Occident .

Cet universitaire semble « découvrir », des décennies après la gauche arabe et celle des pays musulmans, la nature foncièrement politique et non religieuse des mouvements islamistes. De plus, selon lui, ces derniers lutteraient pour introduire dans les pays musulmans, les valeurs du « Nord » judéo-chrétiens, telle que la « démocratie, la laïcité, les droits de l’homme… . On reste interloqué par une telle assertion, lorsque l’on sait - et Burgat, plus que tout autre - que les principaux doctrinaires de toute la mouvance islamiste dans le monde, ne sont autres que Mohammed ibn Abdelwahab, Ibn Taymia, El Mawdoudi, Qichq, Qotb…, c’est-à-dire les auteurs des interprétations les plus réactionnaires de l’islam. Autre élément : le farouche combat des islamistes contre ces valeurs, combat mené, soit ouvertement, soit sournoisement, selon que le rapport de forces soit en leur faveur ou non. Eh bien non ! nous prévient-il ; les islamistes feignent seulement de rejeter ces dernières, alors qu’en réalité, ils n’en refusent que la terminologie, qui sert à les nommer, terminologie associée, selon lui et les islamistes, dans l’imaginaire des peuples musulmans, aux entreprises coloniales, néocoloniales et impérialistes. Ce rejet, qui ne serait donc qu’apparent, est en fait une « réappropriation » de ces valeurs par eux, en vue de les réintroduire dans les sociétés musulmanes, par le biais d’un lexique et de référents culturels locaux, avant tout religieux.

« Les sociétés du Sud réintroduisent les références de leur culture locale-la culture musulmane sic - dans les différents niveaux, esthétiques, idéologique… ou politique, de décorer sa maison, des façons de parler et de penser, des références philosophiques, littéraires ou politiques, des modes de raisonnement juridique, que l’irruption des modèles occidentaux avaient discrédités, retrouvent ainsi irrésistiblement leur crédibilité et leur attraits perdus ». c’est moi qui souligne, H.A

François Burgat serait-il un fieffé réactionnaire sur le plan social, en comparaison à Mahfoud Nahnah, Frère musulman algérien et ancien leader du Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui aimait répéter dans ses déclarations que : « Si le Prophète (Mohammed) était de notre temps, il s’habillerait en costume d’alpaga ». D’ailleurs, un grand nombre d’aspects du mode de vie et institutionnels occidentaux sont adoptés par les sociétés et les Etats musulmans. Ils auraient pu l’être davantage, si les islamistes et les pouvoirs en places avaient accepté d’aller plus loin, sans craindre de perdre certains de leurs privilèges. Notre spécialiste de l’islamisme ajoute que cette « réappropriation » consiste à expurger la modernité de ses contingences historiques (européocentriques), afin d’en conserver ses invariants universels.

Si l’on en croit ces affirmations, les islamistes ne combattraient pas la laïcité, en tant que telle, mais seulement, parce qu’elle serait reliée, selon lui, à un sombre passé, dont la responsabilité incombe à ses promoteurs, et parce qu’elle a évincé la chari’a de la gestion de la Cité. Or l’essence même de la laïcité n’est-elle pas la séparation des Eglises et de l’Etat ?

Pour appuyer cette assertion, notre auteur n’a pas trouvé mieux que d’appeler en renfort le salafiste, Omar Aderrahmane, l’un des commanditaires de l’attentat criminel, de février 1993, dans les sous-sols du Word Trade Center, à New York, attentat qui avait fait six morts et un millier de blessés, parmi des innocents. « du fond de la prison américaine, écrit-il, Omar Abderrahmane vitupère les « soixante-dix années sans chari’a » qu’il rend responsable de tous les maux des musulmans ». Liess Boukra, sociologue algérien, comble opportunément le « déficit » en information de Burgat, en indiquant que ce leader islamiste dirigeait « depuis plusieurs années, le centre des réfugiés Al-kifah, à New York ; un centre où se recrutent les volontaires du Djihad. Durant la guerre en Afghanistan, il a été utilisé comme centrale de recrutement par la CIA. »[1]

De plus, il est notoire que les islamistes vouent aux gémonies la laïcité, car elle les prive de leur fonds de commerce : la redoutable arme de la religion. Aussi, n’hésitent-ils pas à mentir effrontément à son sujet, en violation des prescriptions du Coran, et à falsifier la signification de l’un des principaux piliers de la modernité politique, en vue de provoquer son rejet par les musulmans, en leur affirmant que la laïcité est synonyme d’athéisme.

François Burgat nous rassure par ailleurs qu’il a : « fréquenté suffisamment de près de leaders ou de militants islamistes au cours de dix-sept années que j’ai vécu dans le monde arabe. », pour être en mesure de jeter aux orties les définitions de ce courant politique, qu’en donnent des « professeurs de criminologie » sur les plateaux de télévision. Il définit quant à lui « l’islamisme (…comme) avant tout l’usage du lexique musulman dans la sphère politique… »

C’est par une telle ineptie que notre chercheur veut nous faire croire que les islamistes n’instrumentalisent pas sans vergogne l’islam en vue d’instaurer une théocratie, comme mode de gestion du politique, afin de permettre une exploitation féroce de la classe ouvrière et des masses laborieuses musulmanes. Faisons observer que, quelques années plus tard, celui-ci nous informe que désormais les notions de mouvement « islamique » ou « islamiste » sont inopérantes, car elles couvrent une réalité disparate. Il ne continuera pas moins - quelques… mots plus loin- à employer ces deux termes, sans craindre la contradiction.

(à suivre)

 

"une régression féconde": Cette expression fascisante est de Lahouari Addi, universitaire algérien, pour commenter à chaud la victoire du FIS aux élections législatives de décembre 1991. Il voulait signifier par là que les Algériens se guériront de l’islamisme, lorsqu’ils subiront à leur dépens l’expérience d’un régime de ce type. Cela n’empêchera pas cette universitaire, venu enseigner en France, après cette victoire, d’être un fervent réconciliateur avec ce parti, et l’un des supporters de l’accord de San Egidio, à Rome, de janvier 1995, qui consacrait la reddition devant le FIS du peuple et de l’Etat algériens.

Textes de François Burgat :

Notes

[1] Liess Boukra : le Terrorisme : définition, histoire, idéologie et passage à l’acte, Chihab édition, 2006, Alger.

Hakim Arabdiou

5 - débats républicains

1 - La nation, un concept républicain : souveraineté populaire et démocratie (suite)

Article précédent

Si nous partons du principe que la Souveraineté Populaire ne peut s'exercer valablement que par la Démocratie et la République, encore faut-il savoir ce que l'on met sous ces vocables.

Qu'est-ce que donc que la Démocratie?

D'autant que depuis quelques décennies, tout le monde a ce mot à la bouche et le met à toutes les sauces, notamment pour discourir sur... ce qui n'a rien n'a y voir.

La Démocratie, étymologiquement, «le pouvoir du peuple», a été théorisé par les Grecs de la cité antique d'Athènes, ils en ont défini 3 critères, qui sont à considérer comme immuables:

Il n'y a donc pas de démocratie dans les cas suivants:

La démocratie directe athénienne antique entraînant le rassemblement des citoyens en un seul lieu pour le débat et le vote n'étant pas possible dans le cadre de l'état-nation, ce sont les concepteurs de la constitution des USA avant 1787 qui transposent véritablement les critères de la démocratie dans ce que nous appelons la « démocratie représentative » (même si on peut bien sur, trouver des sources partielles dans les écrits des philosophes français du 18ème siècle et dans la mise en place du parlementarisme anglais).

Les 3 principes immuables sont repris dans cette notion de « démocratie représentative » par la constitution d'assemblées dans lesquelles puissent s'exercer le débat et le vote, et faire appliquer les décisions: - Ces assemblées sont constituées de représentants du peuple (d'où le nom de démocratie représentative), élus au suffrage universel direct (pour ce qui est des USA, le mode de suffrage universel direct s'est imposé justement très rapidement même à l'élection des sénateurs représentant les états des USA pour appliquer ce principe) - Pour élire ces représentants, la constitution de « partis à vocation politique » est alors indispensable pour que soient appliqués les 3 principes immuables dans ces élections:

Il ne peut donc y avoir de démocratie «complète» dans un état-nation si à tous les niveaux de structure de cet état les décisions ne sont pas prises selon ces 3 principes immuables de la démocratie (assemblée, débat, vote) appliqués dans le cadre de cette « démocratie représentative » dont l'élection des « représentants du peuple » au «suffrage universel direct» en est le socle obligé.

En conséquence on peut affirmer que:

Les décisions applicables des Communautés urbaines, des Communautés de communes, des syndicats de communes ne sont pas prises dans un processus démocratique puisque leurs membres sont élus au suffrage universel indirect car au second degré, et qu'ils ne sont donc pas responsables directement devant les citoyens, ceux-ci ne les ayant pas pas élus.

Le référendum pour vote d'une loi (nous l'avons déjà vu) n'est pas un procédé démocratique puisqu'il occulte le débat en assemblée, que ne peut remplacer la campagne électorale (les républicains de la 3ème république, échaudés par les pratiques plébiscitaires de Napoléon III l'avait banni, comme les allemands après 1945 et pour les bonnes raisons que l'on sait).

Pour être précis, le référendum est une pratique démocratique seulement dans 3 cas de figure:

  1. le référendum de ratification d'une décision fondamentale prise par l'Assemblée représentative (Assemblée Nationale) comme celle d'une loi organique et d'une modification constitutionnelle (ratification qui peut donc être refusée mais le débat a eu lieu au sein de l'Assemblée Nationale)
    C'est dans ce cadre de ratification (pouvant être refusée ainsi par le peuple), que l'adoption d'un traité international devrait être obligatoire d'ailleurs, à condition donc que le vote après débat soit effectué auparavant en Assemblée Nationale et que ce traité soit d'une durée temporaire définie (sinon comme nous l'avons déjà vu, la pérennité d'un traité est un obstacle à la souveraineté populaire)
  2. Le référendum de rejet d'une loi votée par l'Assemblée Nationale à la suite d'une pétition massive des citoyens (c'est le référendum à l'italienne: là aussi le débat a eu lieu auparavant en Assemblée Nationale)
  3. Le référendum dit « d'initiative populaire» , qui n'est un procédé démocratique après une pétition massive, que si la proposition de loi adoptée de cette façon est ensuite soumise à l'Assemblée Nationale, assemblée représentative, laquelle doit organiser un débat en son sein pour inclure la possibilité de vote d'amendements (même si c'est à une majorité qualifiée pour éviter un rejet ou une dénaturation totale)

Il a été aussi admis au 19ème et début du 20ème siècle par les républicains de la 3ème république comme une condition obligée de la démocratie, après l'expérience et l'exemple du parlementarisme anglais, que l'exécutif qui assure l'application des décisions de l'assemblée représentative à tous les niveaux doit émaner de cette assemblée et être contrôlé par elle. En conséquence un président de la république, parce qu'il n'est pas responsable devant l'assemblée représentative, ne peut prétendre à avoir des pouvoirs consistant à mener une politique quelle qu'elle soit; son rôle doit se borner à un rôle de représentation ou à avoir un rôle d'arbitre en cas de conflit de pouvoirs (cf dissolution de l'assemblée), voire de recours contre les pouvoirs judiciaires et médiatiques qui confondent parfois ou souvent indépendance et toute-puissance.. Dans cette conception de magistrat suprême, il ne peut être élu au suffrage universel direct qui lui donne alors une légitimité supérieure à celui du chef du du gouvernement , lui qui est responsable devant l'Assemblée Nationale, et doit avoir la charge entière de conduire toute politique. Un président de la république élu au suffrage universel directe avec des pouvoirs reconnus de conduite d'une politique ne peut qu'aboutir à un système «césariste» (pouvoir d'un homme ou d'une femme non contrôlé par l'Assemblée représentative).

Quant à la fameuse notion de « démocratie participative » qui est invoquée à toutes les sauces par les démagogues de tout poil (gauchistes de toute nuance entre autre pour qui le la pression d'un lobbying d'un groupe , le leur bien sur, doit peser sur les décisions des représentants du peuple à tous les niveaux, dénaturant ainsi la démocratie), et prend un aspect o combien ridicule dans la bouche de Madame ROYAL (j'écoute tout ce que vous dites, et je n'en ferai qu'à ma tête), celle-ci ne peut entre conçue que comme apport précédent les débats au sein des institutions de la « démocratie représentative ». C'est la collaboration des représentants d'institutions diverses publiques et d'associations dans l'élaboration de dossiers avant le processus « débat-vote » de l'assemblée représentative en question. qui fonde la mise en place des processus de la fameuse démocratie participative, et rien d'autre. À ce titre, les divers conseils économiques et sociaux et le sénat en France sont déjà des instruments de la démocratie participative; il reste effectivement à créer ou parfaire des processus institutionnels pour faire participer les représentants des grandes associations et des syndicats reconnus comme représentatifs dans leur champ de compétence et de représentation, au travail des représentants du peuple avant leur prise de décision.

Pour terminer nous ne ferons qu'évoquer le mode d'élection des assemblées représentatives pour qu'elles aient une véritable légitimité démocratique: disons simplement qu'une assemblée représentative qui n'ait pas au mois la moitié de ses représentants élus à la proportionnelle ne peut pas être considérée comme ayant cette légitimité démocratique; Si il a été nécessaire de s'engager dans les détails des critères de la démocratie conçue par les républicains soucieux de donner les moyens obligés à l'exercice de la souveraineté populaire, c'est parce que la souveraineté populaire ne peut rester une notion théorique destinée à «flatter» le peuple, mais au contraire à lui donner les moyens de sa réalisation.

Valentin Boudras-Chapon

2 - Nucléaire : échanges entre Guillaume Desguerriers et Patrice Renard

La rédaction de Respublica, depuis plusieurs mois, approfondit le débat sur le développement durable, autour notamment de la question du nucléaire. Thierry de Larochelambert a déjà publié quatre articles, et nous publierons le cinquième et dernier dans un prochain numéro. Un de nos lecteurs, Henri Acounis (Respublica 528), ainsi que notre collaborateur Guillaume Desguerriers, ont répondu à ses articles.
Aujourd’hui, un autre lecteur, Patrice Renard, hostile au nucléaire, explique les raisons de son opposition. Guillaume Desguerriers répond à chaque point.

Patrice Renard: Le nucléaire comme l'éolien dépend des conditions climatiques. Qu'interviennent canicules et sécheresses, nous ne pourrons plus refroidir les centrales

Guillaume Desguerriers : Cela c'est effectivement vrai. Une centrale (quelque soit son type ! ) a besoin d'une "source froide" pour se réguler. Un assèchement du Rhône par exemple poserait un grave problème aux centrales. Mais delà un assèchement nous avons un peu de marge.
Effectivement il y a le propos écologique : modification du milieu par la température de l'eau. Mais sur ce plan, il faut savoir que le réchauffement planétaire dejà acquis va augmenter la température de plusieurs degrés et que le réchauffement de l'eau par les centrales est, en comparaison, très minime. Donc centrales ou pas, la catastrophe écologique aura lieu et des centaines d'espèces sont menacées. Je ne dis pas ça pour éluder le problème, mais bien pour dire que centrales ou pas, les milieux écologiques vont se dégrader et subir d'énormes mutations.

__Patrice Renard: avec le nucléaire nous sommes dépendants des fournisseurs de matière première__

Guillaume Desguerriers : C'est exact. Mais comme pour tout. Nous avons besoin de pétrole ou de gaz pour les matières plastiques qui nous entourent par exemple, ou de nickel essentiellement produit en Nouvelle-Calédonie.
Et ce que vous signalez est d'autant plus important pour financer fortement les RNR. Avec l'uranium appauvri dont elle dispose, la France est autonome pour 40 siècles. Le chiffre parait débile tant il est énorme, mais c'est bien le cas. Nous sommes autonome en uranium pour alimenter des RNR pour 40 siècles.

Patrice Renard: Quand un ingénieur bâtit un système sûr, il regarde la probabilité qu'arrive un accident ET sa gravité. Si un évènement très improbable a une gravité énorme, le système doit être conçu pour que cet évènement se produise pas du tout

Guillaume Desguerriers : C'est exact. C'est un principe de sûreté. C'est pourquoi il y a une agence en france qui s'appelle ASN (autorité de sûrete nucléaire). Toute modification, tout démarrage, tout incident, toute modification par rapport a la normale doit faire une instruction auprès de l'ASN. Aucune centrale ne peut démarrer sans son feu vert, et l'ASN a autorité pour fermer une centrale a tout instant.
Cette sécurité est unique en france. Elle n'a pas d'équivalent dans l'industrie chimique par exemple. C'est pourquoi le premier risque industriel en france n'est pas nucléaire, mais chimique et de très loin.

Patrice Renard: Si on considère que le nucléaire est l'énergie du futur, combien de centrales faut-il en plus en France pour étancher notre soif d'énergie ? Cinquante ? De combien cela renforce-t-il les problèmes 1), 2) et 3) ?

Guillaume Desguerriers : Il ne faut pas confondre les questions. Ce n'est pas parce que vous avez un couteau que nécessairement vous allez tuer autour de vous je suppose ? Et bien c'est la même chose en matière d'énergie : un moyen n'est pas responsable de la politique de consommation énergétique qui, elle, est une décision de societé (pour faire rapide...).
Autrement dit, le fait d'avoir des réacteurs nucléaires ne conditionne pas la surconsommation énergétique. les canadiens ont très peu de nucléaire, ils consomment 3 fois plus par habitants. un outil n'a pas de morale, ni de décision en soi. Il n'est ni bon, ni mauvais. Notre responsabilité est savoir comment on l'utilise, et c'est une responsabilité politique, sociale, individuelle. Mais certainement pas liée à l'outil en lui même. De fait, nous pouvons amorcer une réduction de notre consommation énergétique ou reste constant, mais mieux l'utiliser. L'énergie économisée dans l'habitat par exemple peut être utilisée dans des usines.

Patrice Renard: L'efficacité énergétique du nucléaire est énormément moindre qu'une éolienne. Quelle quantité d'énergie se perd sous forme de chaleur non réutilisée (sauf pour réchauffer les poissons...). Quelle quantité d'énergie se perd lors de son transport sur les centaines de km de ligne à haute-tension, alors que l'énergie produite par une éolienne peut être consommée sur place ?

Guillaume Desguerriers : Deux choses : la premiere est qu'aucun réseau d'éoliennes ne peut alimenter un TGV. Alors que faire ?
Nous avons besoin d'approvisionnement fiable a 99%, ce que les systèmes basés sur le renouvelable ne peuvent offrir (du moins dans les quantités demandées). Et oui, toute machine a une perte thermique importante : frigo, voiture, centrale. Nous ne pouvons pas incriminer notre technologie pour discréditer un type d'énergie. Le rendement d'une centrale actuelle est de 30% environ. Avec un RNR on est au environ de 40-45%. Mais on ne peut comparer une éolienne et une centrale, elles n'ont pas les mêmes avantages et inconvénients.

Deuxième chose : l'économie et la consommation sur place de l'énergie des éoliennes est un leurre qu'il est important de combattre. Une éolienne fonctionne 1/3 de l'année. Le reste du temps, l'électricité vient d'ailleurs : elle est donc transportée ! Pire : la production ultra-délocalisée multiplie les lignes de transports, donc les pertes. Et pour les centrales : une production stable permet une limitation des pertes, d'autant que les centrales nucléaires sont proches des zones habitées. Les éoliennes ne le sont pas forcément et les variations de production augmentent les pertes du fait même du pilotage du réseau. Donc l'argument de consommation sur place est un artifice qui ne repose sur rien. Pire, il est mensonger. Attention a ne pas s'y laisser prendre. Il est purement démagogique.

Patrice Renard: Quel financement public les énergies renouvelables ont-elles reçu sur ces trente dernières années, comparé au nucléaire ?

Guillaume Desguerriers : Je suis tout a fait d'accord avec vous pour dire qu'il faut financer les énergies renouvelables. Et que pour cela il faut brider les R&D les plus financièrement importantes. En france, la R&D pour le pétrole est le double de celle du nucléaire. En plus le pétrole produit des GES. Il est donc urgent d'arrêter de comparer le financement des énergies renouvelable au nucléaire, mais de le comparer au financement de la R&D du pétrole. Là encore c'est un argument infondé qu'un peu de documentation permet de d'éviter, par contre il est très utile lorsque l'on veut convaincre des gens ignorants que le nucléaire est une "méchante" énergie. Que je sache, Bush n'est pas allé en Irak pour de l'uranium...

Patrice Renard: Il est bien connu chez les chercheurs français que les français étaient en pointe sur le solaire photovoltaïque et que le CEA a contribué à freiner le développement de cette énergie renouvelable. On connaît la position actuelle de la France par rapport à cette technologie...Quelle crédibilité le CEA a-t-il dans le développement des autres formes de production d'énergie ? Est-ce qu'on demande à la SNCF, spécialiste des transports, de faire la promotion de l'avion ?

Guillaume Desguerriers : D'où tirez-vous les informations que les CEA a freiné des recherches ?
D'ailleurs le CEA a créé un centre de recherche entièrement dévolu a l'énergie solaire a Chambéry. Il travaille sur la pile à combustible et l'hydrogène depuis des années. Les chiffres sont disponibles, Demandez un rapport d'activité.
Sa légitimité scientifique vient du fait que le CEA est un organisme compétent dans de nombreux domaines qui vont de l'astrophysique jusqu'a la biologie moléculaire (le test du prion pour détecter les vaches folles a été elaboré au CEA). Là encore, il y a un manque d'information réelles. Une opinion construite scientifiquement ne peut utiliser ce qui relève du caprice d'opinion dont sont issus ce genre de propos a l'emporte pièce. Pour qu'il soit crédible et constructif, un discours doit avoir des arguments solides, et non se baser sur des "on dit". C'est important, cela discrédite tout propos écologique, exactement comme un discours pro-nucléaire obscurantiste a pour effet que les personnes intéressantes travaillant dans le nucléaire sont discréditées.

Patrice Renard: Si on continue à développer le nucléaire, quelle légitimité aurons-nous pour interdire à des nations instables de se doter elles aussi du nucléaire ? Corollaire à ce point et au point 2), le nucléaire, même civil, est-il facteur de paix dans le monde ? Ma réponse est : non.

Guillaume Desguerriers : Le japon est l'exemple typique d'une nation qui a un nucléaire civil à la pointe, sans aucune arme nucléaire.
Par ailleurs, fabriquer une bombe demande bien moins d'efforts que pour avoir un nucléaire civil performant qui lui est un investissement très lourd. Donc supprimer le nucléaire civil ne changera en rien la donne militaire dans le sens où il est bien plus facile de faire une bombe (les plans sont même sur le net). Là encore des compétences techniques et industrielles sont disponibles pour juger de la différence entre les deux.

Patrice Renard: Il y a de nombreux sujets techniques dans l'énergie, tout aussi intéressants que le nucléaire, pour nos ingénieurs et nos chercheurs. Nous devrions par exemple faire travailler notre matière grise sur le stockage de l'énergie. La nuit, effectivement il n'y a pas de soleil (mais l'on consomme aussi beaucoup moins...) mais les éoliennes continuent de tourner: faut-il stocker l'énergie en produisant de l'hydrogène, en chargeant des batteries, en mettant en rotation des roues d'inertie ...?

Guillaume Desguerriers : tous ces problèmes sont effectivement très importants et demanderaient des crédits. Là encore : le financement de la R&D dans le pétrole est le double de celle du nucléaire. A vous de voir. J'ai personnellement mon opinion.
Mais une erreur à ne pas commettre est de réduire des voies de recherche par idéologie. Nous nous dirigeons vers un mieux énergétique dont le but est de réduire les émissions de GES, non la suppression du nucléaire (on passe au charbon ??!). Pour cela aucune piste ne doit être négligée. Pour l'heure les grandes unités de production ne sont pas remplaçables, il est donc nécessaire de maintenir une vraie recherche de pointe (et donc d'éviter de fermer des RNR, nous en payons le prix aujourd'hui...) dans le but de véritablement faire un gap technologique en matière de production de masse. Mais par ailleurs, il est absolument nécessaire de pousser les recherches dans le bâtiment (pour un même coût, il y a un rapport 4 sur la rentabilité énergétique entre la rénovation de l'habitat et la mise en place d'éolienne, étrange que l'on ne parle que des éoliennes !), le solaire, l'hydrogène, etc. tout est bon pour limiter les GES et réduire notre production électrique.

Patrice Renard: Techniquement parlant, le nucléaire est extrêmement complexe, accessible du point de vue des capacités intellectuelles à peu d'ingénieurs. Alors que l'on peut mobiliser une collectivité de techniciens bien plus importante sur toute autre forme de productions d'énergies. Corollaire : la collectivité doit payer un ingénieur du nucléaire plus cher qu'un technicien de l'éolien.

Guillaume Desguerriers : D'abord le nucléaire n'est pas complexe intellectuellement. La neutronique est une science quasi aboutie qui va de plus en plus vers l'ingénierie. Donc là encore il faut parler du réel. Il y a beaucoup de métiers différents, c'est exact, mais aucun n'est intellectuellement ardu en lui même.
Par ailleurs, les éoliennes demandent d'avoir des groupes de production électrique très réactifs pour encaisser les variations de production. De fait ce sont les centrales a charbon qui sont utilisées. Donc l'implantation massive d'éolienne va augmenter le nombre de centrales thermiques... Pas très bon pour la planète. Sans compter qu'il faudra payer un technicien de l'éolien et un ingénieur du charbon.
Encore une fois : fermer des solutions sur des arguments a l'emporte pièce ne fait que discréditer le mouvement dont on se réclame. Un discours prétendument écologique mais qui est concrètement anti-nucléaire en s'appuyant sur des arguments douteux et non vérifiés détruit toute crédibilité a un vrai discours écologique. Ce qui est très préjudiciable et même très léger d'un point de vue responsabilité citoyenne.
Le développement durable n'est pas un prétexte pour dire n'importe quoi et pour régler ses comptes avec tels ou tels sujets. Plus une personne avance des arguments sérieux, étayés et construits plus elle renforce la crédibilité d'un développement durable et d'une gestion globale des énergies. Et, hasard ou pas, il se trouve que les pro-nucléaires sérieux, soucieux de probité davantage que leurs opinions personnelles défendent le mieux énergétique, la rénovation de l'habitat et la construction de parc éolien pour limiter les centrales. Et inversement les écologistes sérieux, constructifs et soucieux de la planète et de la société n'écartent pas le nucléaire et même demandent a refinancer les programmes sur les RNR. Etonnant non ? Et tous sont d'accords pour affirmer qu'un service public de l'énergie (production, réseau, recherche et gestion) est indispensable en France et en Europe.

Guillaume Desguerriers

Patrice Renard

6 - International

1 - A Buenos Aires, une manifestation du 1er mai en hommage aux victimes de la police

A Buenos Aires, la journée internationale du travail a permis de mesurer la dramatique situation argentine que le retour à la démocratie, en 1983, n'a pas fait disparaître. Les revendications exprimées de la Place du Congrès à la Place de Mai ne se sont pas limitées à des requêtes salariales ou pour de meilleures conditions de travail mais ont été dominées par l'hommage aux victimes de la répression. Le changement de régime politique n'a pas conduit la police à abandonner ses méthodes fascistes. Deux hommes étaient dans tous les cris : Carlos Fuentealba et Julio Lopez. Le premier, enseignant, a été assassiné par la police à Neuquen le 4 avril lors d'une manifestation. Neuquen, Salta, Terre de Feu, Santa Cruz, autant de lieux où les luttes des professeurs se multiplient et trouvent pour seul écho une réponse policière. Le second, Julio Lopez, est "disparu", selon la douloureuse terminologie usitée avec abondance sous la dictature. Ancien ouvrier torturé sous le régime de Videla, Lopez disparaît en 2006 et c'est aux cris de "aparicion con vida" (apparition en vie) que sont réclamés justice et châtiments contre les responsables. Le gouvernement a bien tenté d'organiser sa recherche par la police mais comment croire que ceux-là mêmes qui l'ont éliminé souhaiteraient le retrouver ?

Aux côtés de Fuentealba et Lopez, très nombreux sont les sinistrés d'un système ultralibéral dans lequel la responsabilité de la dictature est énorme. C'est en effet sous le régime militaire que la dette a pris une ampleur monumentale pour ne jamais s'arrêter ensuite et, finalement, plonger le pays dans la catastrophe du "corralito" de décembre 2001. Avec, là encore, son lot de tués : 31 personnes décèdent pendant ces journées. Parmi les laissés pour compte figurent les piqueteros, des chômeurs qui bloquent les routes, parfois de façon indépendante mais souvent manipulés par le gouvernement via des aides financières. Ce 1er mai, au milieu des organisations de gauche, révolutionnaires et libertaires, le Bloque Piquetero Nacional affiche la présence d'une dizaine de militants avec cagoules et bâtons. Une organisation similaire du service d'ordre est observée pour d'autres mouvements : visages masqués ou pas et munis de bâtons, voire de tonfas.

Comme toujours, les femmes ne sont pas les dernières à souffrir du système. Les luttes portent sur l'avortement libre et gratuit, l'égalité des salaires, une répartition égale des tâches au sein du foyer, le tout résumé dans un pochoir à la portée universelle : "la revolucion en la plaza, en la casa, en la cama" (la révolution dans la place, à la maison, au lit). Sans surprise, l'Eglise, et ses chastes célibataires, est un obstacle majeur au droit à l'avortement et à la contraception. Isabel, une militante de Las Rojas (Les Rouges, organisation reliée au Movimiento al Socialismo), dénonce une situation d'injustice permanente : victime d'un viol, une femme croupit actuellement en prison à Jujuy pour ne pas avoir gardé son bébé alors que son agresseur est libre. Huit cent femmes décèdent chaque année suite à des avortements clandestins. Indispensable, la séparation de l'Eglise de l'Etat n'est pourtant pas à l'ordre du jour : l'enracinement des superstitions et du totalitarisme chrétiens est profond. Le catholicisme est inscrit dans la Constitution et les militaires en ont été de fervents défenseurs.

Luttes des enseignants, exigence de justice contre les assassins, dénonciation de la corruption et de l'impunité, droits des femmes, refus du travail au noir et de la précarité, de nombreux argentins croulent sous les difficultés et les drames et certains tentent alors, avec succès, l'expérience de l'autogestion en entreprise dans les domaines les plus variés. Le cortège du 1er mai fut un défilé en rouge et noir où l'aspiration à un changement révolutionnaire guide les victimes d'un système économique féodal qui se pare des atours de la modernité. Avec une moyenne d'âge plus basse qu'en France, des organisations très actives, des murs convoqués à l'agitation politique et la douleur de la perte d'un camarade ou d'un parent, le mouvement social argentin affirme son autonomie, sa pugnacité et, c'est nécessaire, son courage.

à Buenos Aires

Jocelyn Bézecourt www.atheisme.org

7 - à lire, à voir ou à écouter

1 - « Elles sont parties »

« Elles sont parties »
Récit d’Aichetou
Editions l’Harmattan
117 pages
12 € Janvier 2007

L’auteure nous promène avec ce livre dans deux mondes différents mais tellement proches : près de Tichitt, en milieu désertique très aride, au pays des bédouins et à Paris même. Elle nous conte la disparition de deux personnes qui ont compté pour elle : sa grand-mère et une voisine, Neil, devenue sa grand-mère adoptive.

La mort est là, présente dès le début du livre, la sienne d’abord qu’elle semble anticiper . Elle ne veut pas y rencontrer des méchants, ceux qui n’aiment ni les révolutionnaires, ni les héros du Siècle des Lumières.

Elle souhaite se voir débarrassée de son squelette et retrouver les dunes de son enfance pour s’éteindre définitivement : « le vent se chargera de couvrir mes restes. Mes amis qui le désirent sont les bienvenus, il y a de l’espace pour tous… »

La mort est là, de la première à la dernière page mais rien n’est macabre.

Les deux femmes aimées sont des êtres attachants, pourvus d’une forte personnalité, la première est un « chef » respecté de toutes et de tous et la deuxième une humaniste. Aichetou leur porte beaucoup de respect et d’affection, expliquant par là même l’importance du soutien à apporter aux êtres chers qui ne doivent pas finir « naturellement » dans la solitude ou l’indifférence totale. C’est là une critique claire et tellement juste des mœurs actuelles !

Fille de deux cultures, l’auteure nous fait part de ses doutes et de ses réflexions. Sa rupture avec le monde de ses ancêtres est toute relative, y compris en ce qui concerne sa ou ses croyances… Mais son engagement semble à-priori le plus fort : « …Mon agnosticisme résiste à tout ; je continue à m’y cramponner pour rester debout, l’entretenant tous les soirs avec mes berceuses, des émissions que Michel Onfray m’offre pour me fortifier après les déboires d’une journée que le Lexomil ne réussit pas à faire oublier ! »

Hona Kovacs, professeur, spécialiste des littératures francophones à l’Université de Szegel ( Hongrie) nous présente l’ écriture d’Aichetou comme fébrile ou « frénétique »… J’ai fait le même constat mais, comme lui, je pense que pour notre plaisir « elle renouvelle notre vision du monde et notre regard sur le français. »

Jean-François Chalot

Agenda

vendredi 11 mai 2007

1 million de manifestants laïques en Turquie

Bourse du Travail de Saint-Denis
9, rue Génin (métro ligne 13 - station Porte de Paris).

Rencontre-débat

Une manifestation gigantesque, estimée à un million de personnes par les médias locaux, a envahi dimanche 29 avril tout le centre d'Istanbul pour dénoncer toute remise en cause de la laïcité de la Turquie.

Nous vous invitons à une rencontre-débat avec des membres de l'association « Athétürk » pour découvrir et discuter de la laïcité et de l'athéisme en Turquie.

Cette soirée est organisée par la Société de défense des laïques non-croyants, non-croyantes et athées.

contact: laiques-athees@wanadoo.fr

mardi 22 mai 2007

"Communautarisme et laïcité"

au GREPA ( Groupement des retaités de l'enseignement public et des adhérents FGR),
7 rue Major Martin 69001 LYON

l'UFAL 69 intervient sur le thème: "Communautarisme et laïcité"

Mireille Popelin (au début de l'après-midi) et Jean-Claude Santana ensuite - secrétaire et président de l'Ufal 69

jeudi 24 mai 2007

"La laïcité: un atout pour l'école "

Intervention au Collège Honoré de Balzac
56 rue Ernest Renan
69200 Vénissieux

Avec les parents d'élèves et le personnel

Avec : Jean-Claude Santana (président de l'UFAL 69)

vendredi 25 - lundi 28 mai 07

3ème Université Populaire Laïque (UPL) de l'UFAL

week-end de Pentecôte 2007 à Annonay (Ardèche)
au centre du Groupement des Œuvres Laïques, chemin du Grand Mûrier

Programme:

une série de thèmes qui vont apparaître d'une actualité brûlante après les résultats de l'élection présidentielle, à traiter en ateliers ou en débats pléniers :

Vendredi 25 mai

Dans quelle mesure, le réchauffement climatique provient -il de l'effet de serre? par Christiane Causse

Quel perspective pour le secteur développement durable ? par Christian Gaudray et Guillaume Campioni

Samedi 26 mai

Eradiquer le chômage et la précarité, par Gérard Lalot (ATTAC France)

Agenda national et international de l'UFAL par le SN de l'UFAL

réunions des secteurs thématiques de l'UFAL (laïcité, santé/protection sociale, féminisme et laïcité, école, services publics, développement durable)

soirée méchoui grillades

Dimanche 27 mai

Quelle solidarité internationale pour le féminisme et la laïcité ? avec Jocelyne Clarke, Bernard Teper et des féministes laïques algériennes

Le financement de la protection sociale, par R. Thaller, spécialiste de la protection sociale

Réunion des secteurs thématiques (suite de la veille)

soirée musicale

Lundi 28 mai

Développer l'éducation populaire laïque tournée vers l'action par le SN de l'UFAL, avec Jean-François Chalot, Bernard Teper et des personnalités extérieures

Bureau national de l'UFAL ouvert aux participants

 

L'organisation matérielle

FORMULE CLASSIQUE: hébergement en chambres de 2 ou 4 lits sur place dans le Centre avec 3 nuits du vendredi au Lundi, 3 petits déjeuners, 2 repas le samedi et 2 le dimanche forfait à 125 euros pour une personne, 230 euros pour un couple, 90 euros pour chômeur ou personne en précarité.

Les chèques vacances sont acceptés.

Acompte de 40 euros par personne à verser avant le 1er mai dernier délai à UFAL-Rhône-Alpes 40, rue des écureuils 38500-Coublevie

FORMULE A LA CARTE:

Pour la formule à la carte il sera demandé une participation forfaitaire de 20 euros pour les frais fixes (dont location des salles...)

acompte de

à verser avant le 1er mai dernier délai, à l'UFAL-Rhône-Alpes 40, rue des écureuils 38500-Coublevie

L'hébergement des enfants sera gratuit et ils seront pris en charge lors des principaux débats.

Info

Voir l'agenda complet en ligne

ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine est édité par l'association:
"Les Amis de ReSPUBLICA"
27 rue de la Réunion
75020 PARIS

Courriel: respublica@gaucherepublicaine.org
Site: http://www.gaucherepublicaine.org