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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°552 - mercredi 11 juillet 2007

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1 - chronique d'Evariste

1 - Moi aussi, je veux profiter de l’ouverture de Sarko !

Depuis quelques jours, je ne dors plus. Je suis totalement déboussolé. On m’annonçait qu’on allait élire un président qui allait être un véritable dictateur, qui allait nous installer une droite dure, proche de l’extrême droite. Je me préparais à entrer en résistance, j’avais astiqué le vieux fusil qui traînait dans ma cave, j’ai ressorti la martingale, et ciré les rangers. Je l’attendais, Sarko l’Américain, Sarko le communautariste, Sarko l’ultralibéral, Sarko le Bonaparte, il allait avoir à qui parler !

Et voilà que le soir de sa victoire, la vache, il fait un excellent discours, je n’ai pas envie de le siffler une fois ! Guaino est vraiment bon, me dis-je, mais je sais que tout cela c’est pour la galerie, et que dès qu’il va être au pouvoir, les masques vont vite tomber, on ne me la fait pas, à moi !

Et voilà que le jour de sa prise de mandat, il nous fait tout : de Gaulle, Clemenceau, les martyrs de la Résistance, la lettre de Guy Môquet (j’avoue que j’ai essuyé une larme), et Max Gallo. La République et la Nation, mises en valeur par Sarkozy ! Je me dis : la vache, il est vraiment très fort. Mais attendons son gouvernement, on va rire, avec tous ses UMP !

Et voilà qu’il nous débauche Kouchner, Besson, Jouyet et Martin Hirsch, pour commencer. J’avoue que je trouve cela intelligent, Kouchner est un bon coup médiatique, et en plus il a souvent parlé comme la droite, et il était, comme Sarko, pour la guerre du Golfe et pour le oui au TCE. Mais Besson a quand l’image du traître, et Martin Hirsch et Jouyet ne sont pas trop connus.

Sarkozy nous joue le numéro du président de tous les Français, pendant que Fillon tape comme une brute sur la gauche. Belle répartition des rôles.

Le choc, pour moi, vient après les législatives. La gauche se ressaisit, et Sarkozy prend ma copine Fadela comme secrétaire d’Etat à la Ville, sous les ordres de l’intégriste catholique Christine Boutin.

Là, je me dis qu’il est fort, mais que c’est un pervers, pour vouloir pacser deux personnes aussi différentes.

Hollande et Ayrault ont beau pousser des grands cris, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir aller à la soupe. Car voilà que Sarko s’attaque à des gros poissons, maintenant ! On avait vu, avant le premier tour, Allègre se faire prendre comme un bleu, en sortant par une porte dérobée de chez Fillon.

Il a essayé d’avoir Védrine au gouvernement, c’est raté, mais il lui confie une mission sur la mondialisation.

Jack Lang, qui, après avoir dit pis que pendre de Ségolène, s’était rallié à elle, trouve maintenant le nouveau président de la République géniââââl, surtout après l’adoption du mini-traité européen à Bruxelles. Et notre Jack national se voit sollicité pour participer à une réforme des institutions, où sa conception sur un régime présidentiel est la même que celle de Sarkozy. Il a envie d’y aller, mais ses chefs froncent les sourcils, cela commence à faire beaucoup !

Et puis vient le coup de DSK ! Socialiste préféré du Medef, celui dont Chirac disait « Il est autant socialiste que moi je suis évêque » se voit proposer d’être le candidat de la France pour diriger le FMI.

Mais où va-t-il s’arrêter ? Car il n’y a pas que le PS, à gauche, quand même

Je le verrai bien débaucher Robert Hue, et lui coller une mission sur

l’eau, par exemple (je sais, c’est perfide, car l’ancien secrétaire du PC a dû répondre de quelques financements curieux du PC de la part des distributeurs de flotte).

Il faut bien occuper Voynet, je le verrai bien lui confier une mission, elle doit s’ennuyer au Sénat. Je verrais bien Sarko lui confier une mission sur la rentabilité des éoliennes, on rirait bien !

Mais j’attends surtout autre chose : qu’il sollicite Besancenot ! Là ce serait l’orgasme pour moi ! Le facteur en costume cravate, reçu à l’Elysée, chargé d’une mission sur les services publics en zone rurale !

Finalement, il l’air joueur, Sarkozy, il s’amuse bien avec la gauche, et il m’amuse de plus en plus. Il aime le foot, comme moi, il fait de la course à pied, comme moi (mais je cours mieux que lui), il a l’air d’aimer les femmes, comme moi, et il a horreur de ce qui ne marche pas, comme moi ! Mais c’est un catho, pas comme moi, il est applaudi par les patrons, pas comme moi, il est contre l’impôt républicain, pas comme moi, et je crois quand même qu’en politique, c’est un vrai tueur, pas comme moi !

Vous voulez savoir pourquoi je ne dors plus, depuis quelques jours, comme je vous le disais en début de chronique ? J’attends, mon portable ouvert 24 heures sur 24, que super-Sarko m’appelle, moi aussi ! Je lui ai envoyé mon CV, et j’ai postulé, dans le plus grand secret, sans en parler à mes copains de Respublica, à un poste de secrétaire d’Etat à la laïcité.

J’ai exposé un programme de combat, dans le sens de la rupture voulue par Nicolas Sarkozy. Je vous dis tout.

Premier chantier, j’en rêve depuis longtemps : la fin du concordat d’Alsace-Moselle ! Je m’inscris totalement dans la logique de Nicolas Sarkozy, il y a trop de fonctionnaires en France.

On va faire des économies. Donc, je mets fin au statut de fonctionnaire de tous les ministres du culte sévissant en Alsace-Moselle. Plus un sou pour l’archevêque de Strasbourg, pour les curés, pour les rabbins, pour les pasteurs. Et terminés les cours de religion dans nos écoles publiques. Même chose à Mayotte et en Guyane.

Deuxième chantier, on va calmer l’offensive des islamistes, et réaffirmer certains principes. Plus de voile à l’université. Plus de voile intégral dans les rues. Plus de gamines mineures voilées. Etude de lois pour protéger des personnes qui, comme ces propriétaires d’un refuge de montagne, ont refusé deux femmes voilées, et se sont vus poursuivre devant les tribunaux par le Mrap. Un message fort : l’offensive du voile, partout dans la société, et la communautarisation religieuse de certains quartiers, cela suffit ! Et plus un sou aux organisations qui combattent la laïcité.

Troisième chantier, le financement de toutes les écoles privées. Là, il va falloir faire cela sur plusieurs années, et cela ne peut marcher que si on créé les conditions pour que l’école publique redevienne l’école de l’égalité des chances, et qu’on puisse, sur tous les territoires de la République, bénéficier de la transmission des savoirs. Pour cela, il faut régler le problème de la violence à l’école. Mais il doit y avoir la volonté politique d’arriver au retour du seul financement public pour les écoles publiques. Ne pas oublier d’examiner le cas des écoles loubavich, qui ne font pas trop de bruit, mais dont les financements ne sont pas toujours privés.

Quatrième chantier, une journée nationale de la laïcité, le 9 décembre, tous les ans. Certes, Sarko va être d’accord, à condition qu’on soit au boulot. On verra cela, mais ce qui me paraît important, à cette occasion, est que dans toutes les villes de France, une cérémonie ait lieu, avec les nouveaux arrivants venus d’autres pays, et les habitants de la commune, pour marquer les valeurs de la République, et commémorer la Séparation des Eglises et de l’Etat, tout en expliquant la philosophie de cette loi. Reconquête de l’idée laïque dans tout le pays.

Cinquième chantier, moratoire sur la construction de tout nouvel édifice religieux, mosquées, églises, temples, etc. Examen de la situation, et de l’intérêt général. Obligation pour les communes, ou les regroupements de communes, de mettre à disposition des citoyens des lieux de recueillement pour veiller les disparus qui ne se reconnaissaient pas dans une religion. Construction de crématoriums, pour une plus grande proximité avec les lieux de vie des défunts. Je me souviens, vivant en région parisienne, que pour mon père, on a dû faire trente kilomètres, il y a dix ans, ce qui a limité le nombre de personnes présentes à ses obsèques. Je me souviens aussi d’un homme public, dans ma ville, qui était totalement athée. Décédé brutalement, il a dû passer par l’Eglise, pour que toutes les personnes puissent assister à ses obsèques.

Certains trouveront que j’y vais fort, et que je prends des libertés avec les principes laïques, en apparaissant trop méchant avec les Eglises. Je m’attends à ce genre de critique, y compris chez mes amis.

Mais, ancien syndicaliste, on m’a toujours appris que dans une négociation, il valait mieux mettre la barre assez haute, pour que les concessions faites permettent quand même un résultat honorable. Je mets donc en application ce que j’ai pratiqué avec succès toute ma vie.

Voilà les cinq grands thèmes que j’ai envoyés à Sarko. J’attends son coup de fil. Je n’ai posé qu’une seule condition : qu’il ne me fasse pas le coup qu’il a fait à Fadela, en me collant dans les pattes de Boutin ! J’exige de bosser avec Roselyne Bachelot, elle me branche davantage, je l’ai bien aimée lors de l’affaire du Pacs, et sur ces questions là, on pourrait peut-être bien s’entendre.

Voilà, vous savez tout, je courbe le dos avant de faire face au flot d’insultes que cette chronique pourrait susciter chez ceux qui la prendraient au premier degré.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Média

1 - Les Syndicats de journalistes en ordre de bataille pour l'indépendance de la presse

Une information malade c'est une démocratie en danger. Parce qu'une presse libre et pluraliste constitue un des piliers fondamentaux de la démocratie, les syndicats de journalistes ont décidé d'unir leurs forces pour défendre son indépendance vis-à-vis de tous les pouvoirs.

Depuis des mois, les syndicats dénoncent l'accumulation de faits alarmants qui représentent une menace fondamentale pour l'indépendance et le pluralisme de l'information en France. Dernier exemple emblématique, Les Echos et la Tribune sont transformés en enjeux d'une vaste partie de « Monopoly » entre les propriétaires des groupes de médias. Ces mêmes propriétaires affichent sans complexes leurs liens avec le pouvoir politique. Des émissions sont supprimées, des journalistes sont privés d'ondes ou de faisceaux hertziens sans que puisse être mis en cause leur travail : fournir une information indépendante de tous les pouvoirs quels qu'ils soient. D'autres sont soumis à des pressions plus ou moins subtiles pouvant aller jusqu'au chantage à l'emploi, dans un contexte de précarité galopante.

La liberté de la presse en danger

Rarement au cours des dernières décennies, la presse (écrite, audiovisuelle et multimédia) avait autant couru le risque de devenir le vecteur d'une pensée unique pourtant tant décriée par ceux-là mêmes qui nous gouvernent. Le statut collectif des journalistes, indispensable garant de leur indépendance, est fragilisé par une réécriture du code du travail pourtant annoncée comme devant être menée « à droit constant ». Instaurée en France par la loi du 29 juillet 1881, découlant des libertés d'expression et d'opinion inscrites dans notre Constitution, consacrée par la Cour européenne des droits de l'homme, la liberté de la presse se trouve, sinon mise à mal, à tout le moins en grand danger de l'être. Alors que de profondes mutations, tant technologiques qu'économiques et sociales, sont en marche ou annoncées, plus que jamais la nécessité d'une presse indépendante et de qualité se fait ressentir pour éclairer nos citoyens sur les choix qui engagent l'avenir de la société. Plus que jamais les journalistes doivent pouvoir être en mesure d'offrir à leurs lecteurs une information libre et plurielle sans laquelle le fonctionnement démocratique d'une nation serait menacé.

Face à cette situation, et parce qu'ils sont statutairement et par vocation chargés de la défense des « intérêts matériels et moraux tant collectifs qu'individuels »[1] de leur profession, les syndicats de journalistes - SNJ, SNJ-CGT, SGJ-FO, SPC CFE-CGC, USJ-CFDT, CFTC - ont décidé d'unir leurs forces pour que soient réaffirmés et reconnus par la loi les principes qui président à l'exercice de ce métier. Ils interpellent les responsables politiques afin que soit garanti un cadre légal assurant le respect des règles déontologiques de leur profession, pour affranchir les journalistes de la contrainte du profit à n'importe quel prix, credo d'un système qui exige de fournir une information toujours plus aseptisée, et au final vide de tout sens critique. Ils militeront ensemble pour que les principes professionnels et éthiques deviennent juridiquement opposables, via le rattachement des chartes des droits et devoirs des journalistes à leur convention collective ; pour que l'indépendance des rédactions soit juridiquement reconnue et pour que l'intégralité de leur statut soit réinscrit dans la partie législative du Code du travail. Ce sont là les instruments juridiques indispensables pour garantir à la presse sa liberté et son indépendance.

Initiatives fortes

Sollicitée à plusieurs reprises pour un rendez-vous depuis la mi-mai, Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication n'a toujours pas reçu les représentants des 38 000 journalistes pour faire un tour d'horizon de la situation. Publiquement, les syndicats de journalistes renouvellent leur demande d'une rencontre urgente.

Le citoyen (lecteur, auditeur, téléspectateur) a droit à des débats clairs et compréhensibles. Il a droit, pour se faire une opinion, comprendre et agir sur le monde qui l'entoure, à une information de qualité, vérifiée et mise en perspective. Une information libre et indépendante de tous les pouvoirs quels qu'ils soient, est la marque d'une démocratie qui se porte bien. Pour porter ces enjeux, les syndicats de journalistes lanceront des initiatives publiques d'envergure à l'automne à Paris et en régions.

SNJ, SNJ-CGT, SGJ-FO, SPC CFE-CGC, USJ-CFDT, CFTC

Notes

[1] Article L 411-1 du code du travail

Source

Les Syndicats De Journalistes

3 - politique française

1 - Delanoë, l'adversaire idéal pour Sarkozy en 2012 ?

Bertrand Delanoë et Nicolas Sarkozy pourraient se retrouver face à face en 2012 pour la prochaine élection présidentielle. Une situation avantageuse pour l'actuel président qui espère la réélection du maire de Paris afin de le promouvoir, comme il l'avait fait de Royal, et de mettre un peu plus la pagaille dans la maison PS.

Jacques Chirac a longtemps été un modèle pour Nicolas Sarkozy. Et ce dernier a bien compris que la Mairie de Paris constituait un formidable tremplin pour qui postule à la magistrature suprême. Voilà pourquoi la bataille de Paris de 2008 intéresse au plus haut point le Président. « C'est un contre-pouvoir de façade qui arrange l'un comme l'autre : Delanoë va monter sa campagne sur cette idée, assure François Devoucoux du Buysson, auteur de Pariscide (éditions de la Table Ronde). Comme Royal, Delanoë est adulé des médias et des bobos parisiens : ce n'est pas un grand danger pour Sarkozy ! » Très proches dans leur façon d'envisager la communication, les deux hommes se connaissent bien, notamment par le truchement de Max Guazzini, l'influent patron du Stade Français qui les a présentés voici plus de quinze ans. Mieux vaut, sans doute, pour Nicolas Sarkozy céder la capitale à une personne de confiance mais du bord opposé que de la laisser à un ambitieux de son camp qui pourrait le concurrencer en 2012.

Des élections gagnées d'avance ?

Du côté de l'UMP, on nie en bloc : Françoise de Panafieu affiche l'unité de la droite à Paris pour les municipales, comme elle le répétait au Monde le 5 juillet, et s'appuie sur la légitimité de l'élection primaire. « Sarkozy a complètement lâché de Panafieu : il ne peut pas la supporter ! assure un proche de Jean-Louis Borloo, qui espère lui-même postuler à la mairie. La façon très ostentatoire qu'elle a de revendiquer sa candidature montre bien son embarras. »

Où que l'on se tourne en dehors de l'UMP, tout le monde est persuadé de la victoire du sortant : « A moins d'un événement extraordinaire, il est indéboulonnable, se résigne Didier Bariani, conseiller Modem de Paris. D'ailleurs, l'Elysée a déjà quasiment acté sa réélection. » Ainsi se dessine une stratégie sarkozyste consistant à laisser les grandes villes à la gauche, et à « se contenter du peuple », 60% des Français.

« Les grands pôles urbains rassemblent un électorat minoritaire, analyse Christophe Guilluy, sociologue des territoires. Sarkozy, lui, tient à s'assurer l'électorat majoritaire des périphéries. Delanoë est d'ailleurs emblématique du nouvel électorat socialiste préoccupé par les questions sociétales, ce qui laisse à l'UMP le champ libre sur le social. C'est aussi une façon de bloquer le débat au sein du PS. »

« Delanoë n'a besoin de personne à droite pour s'attaquer à Royal ! »

« Plus le PS est divisé, mieux c'est ! » Voilà comment un cadre de l'UMP résume « la méthode Sarkozy ». Un proche de la majorité présidentielle au conseil de Paris renchérit : « Delanoë n'a besoin de personne à droite pour s'attaquer à Royal ! » Les « indiscrets » pointent d'ailleurs les visites très régulières d'Elisabeth Guigou à l'hôtel de Ville ces dernières semaines. « Je doute qu'elle vienne parler des vélos ! » s'amuse un membre de l'opposition locale.

Du côté de Solférino, la plupart des « royalistes », très attaqués ces temps derniers, jouent les farauds. D'autres, en revanche, s'inquiètent d'un scénario qui semble se répéter : « Il ne faut pas se raconter d'histoires : si Nicolas Sarkozy a choisi Ségolène Royal en 2007, qu'il craignait moins que Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, il peut fort bien miser sur Delanoë pour 2012, confie un responsable. C'est un calcul bête et méchant : il joue sur les réticences psychologiques de certains Français à l'idée de voter pour une femme ou pour un homosexuel. »

On pourrait suggérer à Françoise de Panafieu et Ségolène Royal de se retrouver « entre femmes » dans un restaurant parisien : en joignant leurs forces, elles parviendraient peut-être à déjouer la « haute » stratégie présidentielle.

Source

Sylvain Lapoix

2 - Les mauvaises idées de Martin Hirsch

Un dangereux faire valoir du libéralisme le plus destructeur !

Après avoir été à la soupe et pour faire passer la pilule amère des franchises médicales, Martin Hirsch, la caution caritative du gouvernement invente une usine à gaz aussi injuste que bureaucratique : créer une franchise sur les arrêts de maladies, supprimer les prises en charges totale pour les pathologies lourdes. Il compte ainsi trouver de l’argent pour éviter que les très pauvres soient pénalisés par une mesure inique et dangereuse que son propre gouvernement veut imposer ! Il est de bon esprit à gauche pour féliciter le complice de ces mauvais coûts de ses bonnes idées ! On croit rêver. Et là, je le dis tout net, on ne peut pas accepter une rénovation sur ces bases !!

En clair, le smicard qui sera malade devra perdre une journée de salaire pour payer la franchise que les très pauvres ne peuvent (à l’évidence) pas débourser ! Est-ce juste ? Est-ce une stratégie pour revaloriser le travail ? Est-ce acceptable de siphonner encore le pouvoir d’achat des salariés, qui plus est qui ont le mauvais goût d’être malades. Est-ce un luxe de rembourser à 100% des malades chroniques touchés par des pathologies lourdes ? Est-ce admissible de pénaliser d’abord les malades ? C’est déjà l’absurde logique des franchises, et on en rajoute une louche en imposant la solidarité entre eux au détriment d’une solidarité générale. Mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et malade !

Mais tout cela est dans la pure veine de l’idéologie libérale. A l’universalité des droits, égaux pour tous et un financement mutualisé où chacun contribue en fonction de ses facultés respectives, est substitué un système de marché, la réduction des prestations à un minimum, des assurances complémentaires payées par ceux qui peuvent et la charité plus ou moins publique pour les très pauvres. Les grands perdants sont alors les couches populaires, les salariés modestes, les retraités, ceux que systématiquement on oublie dans bien des politiques publiques depuis des années, ceux à qui Sarkozy a fait miroiter qu’ils seraient enfin entendus et compris, en entretenant une opposition entre eux et les exclus, les salariés plus pauvres encore ! Le démantèlement de notre système de protection sociale et de notre modèle Républicain s’accélère, avec une fausse bonne conscience de gauche. Car la seule question qui vaudrait serait de savoir qui doit payer l’accroissement des coûts de la sécurité sociale et où sont les vrais gaspillages. Mais chacun le voit bien, les prélèvements sur les plus riches, sur les profits et le capital sont balayés d’un revers de main. Alors faisons payer les autres. Toute sanction en direction des abus ou des attitudes dangereuses est jugée trop contraignante, alors pénalisons les plus vulnérables.

La dernière mode est de créer pour tout des « boucliers ». C’est dire comme nous sommes en danger et menacés ! Il faudrait un bouclier sanitaire ! Pourquoi ? Pour nous protéger du risque de ne plus pouvoir payer nos soins, du fait des franchises. Alors germe l’idée absurde de limiter la participation aux dépenses de santé à 3% de leurs revenus ! Ce serait une véritable usine à gaz, très difficile à mettre en œuvre et à calculer. Qui vérifie les revenus ? Quelle est l’année de référence? Faudra t’il emmener sa déclaration de revenu chez le médecin? On atteint des sommets de technocratisation et de bureaucratisation du système, qui va de surcroît couté très cher à mettre en œuvre, à contrôler etc. Il n’y a rien de pire qu’un techno-caritatif. Il met en place des dispositifs, illisibles, avec des plafonds, des conditions, moultes critères qui sont autant de pièges et de limitations, des financements et effets de seuil qui pénalisent les travailleurs aux salaires bas et moyens, des mesures qui ne sont en rien connues et maitrisées par ceux qui en sont les potentiels bénéficiaires et qui doivent être « accompagnés » pour obtenir des aides au lieu de droits. Après, les même auront beau jeu de se lamenter sur l’assistanat. Au passage pour rogner sur les prestations.

Au passage, cette usine à gaz coûte une ruine de gestion des dossiers, des autorisations, de temps de travailleurs sociaux, de contrôle ! Absurde, couteux et dangereux !

Mais au lieu de cela, disons clairement qu’il faut des ressources nouvelles, et ne pas exclure une cotisation supplémentaire, à condition qu’elle soit juste. On peut penser entre autre à une réforme de la CSG pour la rendre progressive, en la fusionnant avec l’impôt sur le revenu. Mais de grâce ne cédons ni sur l’universalité, ni sur l’égalité des soins.

Source

Marie-Noëlle Lienemann

3 - Les révolutionnaires et les élections municipales

Trop souvent, les anti-capitalistes présentent des listes alternatives puis, avec ou sans élu disparaissent du terrain municipal et ceci jusqu’à la prochaine échéance… Une autre voie est possible : celle qui consiste à lier le combat municipal à la construction d’un réseau militant intervenant sur le terrain politique et dans les associations locales, créant ainsi du lien social …
Le choix de présenter une liste anti capitaliste ou de participer à une équipe regroupant toute la gauche est lié à une analyse de la situation locale et non à un fétichisme politique.

Après le collectif Bové, après l’appel du candidat de maires, après celui du collectif regroupant Piquet, Autain et quelques autres voici celui de la LCR …Il s’agit là d’initiatives tout azimut sans aucune coordination… Chaque organisation ou courant joue de sa partition avec quelques variantes.
Comme beaucoup de militants j’aurais préféré que se constitue un comité unitaire large préparant des assises…Ne désespérons pas, rien n’est joué et la recomposition politique conduisant à l’émergence d’un parti anti capitaliste de masse n’est pas un long fleuve tranquille.
Ceci étant dit, venons-en au projet de rentrée de la LCR qui prévoit « la présentation, dans un maximum de villes pour les prochaines échéances municipales, de listes anticapitalistes totalement indépendantes du PS et de ses alliés. »
S’il s’agit de mener dans les villes importantes un combat politique dès le premier tour en regroupant sur une plateforme anti capitaliste des militants et militantes politiques, associatifs, cette initiative ne peut que permettre une clarification si elle s’appuie sur un réseau local actif et dynamique
S’il s’agit dans un maximum de villes et notamment dans les petites et moyennes localités de découper une avant-garde et de refuser tout contact avec le PS et ses alliés au nom d’un purisme révolutionnaire, le risque encouru c’est d’apparaître comme des sectaires et de s’autoproclamer direction alternative sans disposer d’assises suffisantes.
Il faut mettre fin aux tentatives conduisant à bâtir des listes qui ne regroupent que quelques militants encartés habitant sur la commune...
Bien souvent, les quelques militants élus se retrouvent seuls ou presque sans aucune influence, parfois même ils en arrivent à être complètement coupés de la population Je préfère de beaucoup que les militants et militantes révolutionnaires notamment quand ils n’ont pas les forces de constituer une liste représentative s’adressent au PS et au PCF pour qu’émerge une liste ouvrière anti libérale.
Il ne faut, à mon avis, ni manger son chapeau ni imposer tout son programme.
La constitution d’une seule liste de gauche est utile et possible si la plateforme est claire avec comme axes principaux :

Evidemment si aucun accord n’est possible avec le PS et le PCF, qu’ils soient dans l’opposition ou qu’ils composent la majorité municipale sortante, il ne reste plus qu’à essayer de construire une liste alternative avec des forces vives constituées de militants et de militantes associatives implantées sur la commune.

Jean-François Chalot

4 - Arrêt sur une image

Qui n’a vu la séquence de Sarkozy qui monte les marches de l’Elysée en short (après un jogging ?). Image qui n’a pas été beaucoup commentée. Bien entendu cette séquence a été tournée avec l’accord du Président. Elle est pleine de signification, mais pas forcément celle qu’il a prévue. Elle nous éclaire sur la psychologie du personnage. Quitte à passer pour un vieux ronchon, j’avoue avoir été choqué. Amusant diront certains. Il ne s’agissait que d’un clin d’œil. « Regardez comme je suis moderne, je passe au-dessus des préjugés. En fait je suis comme vous, comme tout le monde, je suis un homme simple ». Ce qui me choque c’est qu’il est passé devant un planton en grand uniforme comme il se doit, qui lui, représente justement une certaine solennité des lieux.

Le personnage du président correspond bien à ce qu’on pouvait en attendre, un arriviste qui ne respecte rien. Si l’on l’a vu un peu éméché - pas essoufflé comme il le prétend, car quand on fait du jogging, on ne peut l’être en courant à peine 10 mètres - c’est sans importance, Eltsine l’était bien plus. Et vous qui à 53% avez voté pour lui, ne souriez pas avec indulgence, car c’est de la France qu’on se moque en le voyant. C’est grave. Avec aplomb il récuse mai 68, dont il est pourtant un pur produit dans ce qui est souvent reproché à cette épopée : la disparition des vieilles valeurs jugées plus ou moins hypocrites. Il n’a cure de ce qu’on appelait avant, l’honneur, bafoué qu’il a été par sa femme légitime ! Ce que je soupçonne en plus derrière cette désinvolture, c’est que cela cache quelque chose du type, « je vous ai bien eus, vous qui m’avez élu. Je suis intouchable, je peux faire tout ce que je veux, je suis un être au-dessus de vous tous que j’ai bien manipulés, à qui j’ai fait croire que j’étais digne du poste suprême. Voyez comment déguisé en simple citoyen, je suis démocrate ! En fait je vous démontre que ce poste est totalement sans importance symbolique, que devenir Président de la République est à la portée d’un petit bonhomme comme moi qui a simplement su profiter des faiblesses d’un régime. Il est vrai que la France est tombée bien bas, que je n’avais qu’à la ramasser ».

Et tant mieux, si en effet il fait la démonstration que font beaucoup, arrivés à force d’intrigues et de coups bas à devenir des chefs, qui ensuite méprisent ceux qui ont applaudi à leur réussite car eux, il savent ce qu'ils valent en réalité. Leurs « camarades » sont de la même trempe, ceux qui ont participé à leur ascension. Je dis tant mieux, car, après la Chiraquie qui a également montré par moments, la médiocrité du personnage on n’a plus de raison de montrer son attachement à un poste dont celui-là qui l’a obtenu, en méprise la fonction. Pour la prochaine Présidentielle, on pourra plus facilement supprimer cette élection au suffrage universel direct, car qu’est-ce qui le justifierait maintenant ?

Se moquer de la République, car c’est bien de ça qu’il s’agit, ne serait plus possible, car cette élection qui n’est qu’un jeu télévisé, qui a perdu tout sens symbolique serait supprimée et remplacée par le suffrage indirect. Sans aucun pouvoir politique le Président, uniquement représentatif, serait élu par le Parlement, tels qu’ont été les Présidents avant de Gaulle. Quel abîme déjà entre ce personnage et nos derniers Présidents ! Il me semble que la France mérite mieux que ça. J’entends les cris d’orfraie des politiques : « c’est revenir à la 4e République, quelle horreur ! les Français aiment ce type d’élection mascarade, vous ne pourrez jamais plus revenir à un suffrage indirect ».

Voilà l’argument qu’on entend souvent, mais qui n’en est pas un. Sauf à considérer la France comme une entreprise où l’on ne parle que de « marketing politique ». La politique est devenue un produit qui se consomme comme les autres. C’est ce qu’on a pris de moins bon chez les Américains. On a perdu les valeurs de dignité et de respect en bafouant l’Histoire et les traditions qui ont fait la France, en bafouant également la Constitution qui ne donne pas tous les pouvoirs aux Présidents qu’ils s’arrogent pourtant malgré l’article 20 : le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation, Sait-on encore ce que veut dire prêter serment ? En 68 on a gagné des libertés certes, mais, si l’on en connaît les effets pervers, le laxisme, tout ce qui en est résulté n’est pas mauvais (libération de la femme). Bien entendu, il ne s’agit pas de revenir en arrière, mais de marquer un temps d’arrêt, de mettre les pendules à l’heure, en changeant simplement une Constitution qui, obsolète, instaurée par de Gaulle en 1962, est devenue pernicieuse : « Mitterrand qui s’y connaissait, a dit : « la Constitution était dangereuse avant moi, elle le redeviendra après moi ». En attendant, rien ne devrait nous empêcher de manquer de respect à un homme qui en ne respectant pas la République et ses institutions, ne respecte pas les Républicains que nous sommes.

Louis Peretz www.pierrebelle.org

5 - Panem et circenses

ELYSEE
Pas de conférence de presse le 14 juillet, mais une grande fête pour les Parisiens
Pas de revalorisation de la culture littéraire et /ou scientifique mais des moyens supplémentaires accordés au sport et à l’éducation artistique.
Pas de décret de Robien mais 17000 suppressions de postes dans l’E.N.

RUE DE SOLFERINO
Pas de bataille pour l’école mais la guerre pour 2012
Pas de politique sociale mais la foi dans les lois du marché
Pas de non à l’Europe libérale mai oui à l’Europe des régions

EXTREME-GAUCHE
Pas de loi contre le voile mais la nation au feu
Pas d’Europe mais des droits sans conditions

EXTREME-DROITE
Pas d’Europe mais des boucs émissaires
Pas d’impôts mais la loi du plus fort

La vie politique française est devenue un gigantesque cirque, qui nous ferait mourir de rire si le spectacle n’était pas si triste ! Pire encore, bien des Français se soucient davantage de leur dernier écran plat ou des histoires débiles de la télé-réalité !

Tout cela me fait irrésistiblement penser aux derniers moments de la République romaine : cliques et factions au service d’un homme ( Clodius-Milon ; courants et clubs au sein du P.S., UMP …et on pourrait sans doute évoquer des morts suspectes, comme celle de Robert Boulin, en 1979 – c’était hier ) ; insécurité, cherté du logement, et pauvreté ( trop d’exemples à citer !) ; batailles de chefs ( César-Pompée ; Chirac-Balladur ; Villepin-Sarkozy ; Strauss-Kahn- Fabius… ) ; prises de pouvoirs démesurées associées à un ego surdimensionné ( César- Octave, Sarkozy-Royal …) ; distributions de blé ou organisation de jeux ( cadeaux fiscaux, télévision qui décervelle) ; captation progressive de tous les pouvoirs ( César, Octave ; Sarkozy, demeurant le patron sans titre de l’UMP, président ET chef de gouvernement , homme orchestre ) …

Le résultat, à Rome, fut édifiant : un empereur qui améliora un peu les choses – pour les classes possédantes- pendant une génération puis beaucoup de dégénérés alternant avec un petit nombre de philosophes, des valeurs jetées aux orties, le refus de l’effort et du travail, le développement de l’individualisme à tout va, la recherche du divertissement et de l’amusement à tout prix …. Rome a été tout juste bonne à tomber toute cuite dans les mains des barbares. Vous avez dit « décadence » ?

Quant à savoir quels sont les barbares prêtes à fondre sur nous, c’est facile : mise en concurrence des travailleurs du monde entier, disparition des protections sociales, intégrismes religieux … En ce qui concerne ce dernier point, qu’on ne vienne pas nous dire que c’est la misère qui les produit, les menaces d’attentats déjoués dernièrement en Grande-Bretagne sont le fait de gens cultivés et plutôt favorisés socialement …

Il est plus que temps que chaque Républicain réagisse, s’engage dans la vie politique ou le monde associatif et essaie de convaincre, de changer les choses… il y a urgence !

Christine TASIN christinetasin.over-blog.fr

6 - Accord discret entre MEDEF et syndicats pour accompagner délocalisations et dumping social

“Waterloo” du droit social - Vauvenargues et le smic mondial.


Sous le titre gourmand « Un accord bien balancé », le Monde daté d’aujourd’hui mardi 10 juillet révèle que le MEDEF et les principaux syndicats français sont parvenus après 18 mois de négociations et 15 réunions confidentielles à un « relevé de discussions », un document « non-papier », c’est à dire à un accord secret (une tradition de « dialogue économique » qui remonterait au Commissariat du Plan de Jean Monnet, tradition réactivée par Laurence Parisot dès son élection à la tête du MEDEF en 2005).

Que dit cet accord discret, dont la divulgation est laissée à l’appréciation de chaque organisation signataire ? On y parle de la « désindustrialisation », due aux « transferts géographiques des facteurs de production ».

Si “aucun secteur ne semble a priori condamné, des productions et des métiers peuvent disparaître et d’autres apparaître et se développer, ce qui traduit le phénomène de renouvellement du tissu économique”.

« Mine de rien, commente avec gourmandise le chroniqueur du Monde, Frédéric Lemaître, les syndicats acceptent donc la théorie schumpeterienne du capitalisme selon laquelle toute innovation technologique crée un phénomène de destruction créatrice. Une théorie qui, poussée à l’extrême, rend vaine toute tentative de sauvegarder les emplois condamnés par le progrès, qu’il s’agisse hier des ouvrières du textile ou demain des caissières de supermarchés. »

Quelle tristesse de se souvenir que Le Monde fut autrefois un journal sérieux ! Comment peut-on décemment assimiler à un progrès technologique la délocalisation des industries de main d’oeuvre européennes vers les ateliers esclavagistes chinois, qui cousent des chaussures et des t-shirts ? A moins de considérer comme un progrès technologique la sophistication des outils policiers du totalitarisme néo-maoïste pour assujettir sa classe ouvrière, effectivement la plus compétitive du monde capitaliste…

Mais ce n’est pas tout, comme dans tout accord négocié sans vision par des bureaucraties syndicales coupées de leurs mandants, il faut forcément un aspect plus à gauche afin de leurrer les naïfs. Le MEDEF ne s’est pas fait prier sur ce point, en admettant qu’il faudrait en Europe une « politique industrielle » impulsant des « choix stratégiques » de la part de l’Europe, des Etats et des collectivités territoriales (ce mille-feuilles ne présage d’ailleurs rien de bon.) Plus concrètement, il s’agirait aux partenaires sociaux et aux pouvoirs publics unis sur des objectifs « compétitifs » de conduire une politique de formation permanente, « d’anticiper et d’accompagner la mobilité géographique et professionnelle, et de trouver des réponses adaptées permettant d’associer les salariés aux résultats collectifs. »

« Anticiper et accompagner » la mobilité des travailleurs, on sait de quelles souffrances sociales cela se paye. Quand à l’intéressement aux résultats, s’agirait-il aussi pour les salariés de s’ « associer » également aux résultats négatifs et aux pertes, lorsqu’ils seront dus aux choix funestes des managers financiers ?

Derrière tous ces grands mots, il faut aller voir la réalité concrète. Celle-ci éclate dans le même numéro du Monde, dans le cahier « Economie ».

On y apprend une nouvelle effrayante sur les garanties que nous offre la Cour de justice des communautés européennes (CJCE). Dans un arrêt rendu le 14 juin, celle-ci vient de donner raison au Royaume-Uni qui avait inventé une clause inique pour atténuer la directive-européenne de 1989 sur l’obligation pour les employeurs « d’assurer la sécurité et la santé des travailleurs dans tous les aspects liés au travail. » Les dirigeants anglais ont ajouté « pour autant que cela soit raisonnablement praticable » (des mots soigneusement pesés in english !). La CJCE vient de leur donner raison, suite à une plainte de la Commission européenne. Qu’en pense la Confédération européenne des syndicats (CES) ? Certes, elle déplore, car il s’agit bien d’un « signe d’encouragement » à tous les Etats membres qui souhaiteraient réviser à la baisse leurs législations (d’où le titre éloquent en une du Monde-Economie : « Le Waterloo du droit social »), mais la CES semble déplorer surtout que le Royaume-Uni se soit montré aussi provocateur, alors qu’il aurait suffi de transposer discrètement la directive européenne en la vidant habilement de son contenu. Avec une CES aussi peu combative, les travailleurs et citoyens européens peuvent se faire du souci. Les Chinois aussi.

Pour finir tout ceci nous ramène encore à l’objectif du « smic mondial », salarial, social et écologique. Depuis plusieurs décennies, les gauches politiques, syndicales et altermondialistes déplorent les conséquences du dumping social, non seulement en terme de délocalisations et de chantage permanent à la compétitivité, mais aussi en termes d’esclavage des enfants, de tourisme sexuel, d’immigration due à la misère, de souffrances dues à cette immigration, de déficit démocratique et écologique. Sommes nous condamnés à la déploration et à l’incantation appelant désespéremment un « autre monde » qui serait « possible », tandis que pendant ce temps un démagogue dangereux se fait élire président de la France ?

Or déjà au XVIIIème siècle, le moraliste Vauvenargues remarquait qu’ « Avant d’attaquer un abus, il faut voir si on peut ruiner les fondements ».

Ruiner les fondements du dumping social mondial, aujourd’hui, ce serait s’attaquer résolument à une campagne internationale pour le « smic mondial », en se confrontant enfin sur le fond des choses avec les médias dominants, en cherchant des alliés stratégiques au sein du tiers-monde (et chez nous également dans le petit patronat français non encore vendu au Parti communiste chinois, c’est à dire indépendant du MEDEF), en interpellant méthodiquement, à force de manifestations, pétitions et grèves de la faim, les enceintes intergouvernementales susceptibles de mettre le smic mondial à l’ordre du jour : Conseils et parlement européens, G8, OMC, ONU et ses agences, notamment le BIT-OIT (Organisation international du travail). Il faut briser le consensus de Washington, en imposant une alternative.

Il est surprenant que la gauche de la gauche et les milieux altermondialistes ne souhaitent pas encore s’engager sur ce terrain décisif délaissé par la CES. A cet égard, il est significatif que la motion n°9 portant entre autres sur le smic mondial, votée massivement par les adhérents ATTAC au printemps dernier (4184 voix pour, 523 contre) a été ensuite complètement oubliée par les bureaux dirigeants de cette organisation, y compris dans la rédaction de son « Manifeste », qui d’ailleurs a fait pschitt. S’il vous plaît, un peu de courage intellectuel, si nous ne voulons pas ressembler à la CES !

Si vous souhaitez voir s’amorcer ce combat, n’attendez pas tout de vos dirigeants syndicaux, politiques et associatifs, mais interpellez-les sans relâche. Comme disait Gandhi en son temps : « D’abord, ils vous ignorent, ensuite ils se moquent de vous, ensuite ils vous combattent et enfin, vous gagnez. » Ce n’est qu’un début.

Source

Luc Douillard

4 - débats républicains

1 - L'urgence énergétique (VI-2): Scénarios énergétiques

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La réalité du changement climatique en cours et de son origine anthropique ont été analysées et confirmées dans le volet VI-1 précédent (ReSPUBLICA n°541).
Avant d'analyser dans le volet VI-3 suivant les solutions immédiates possibles, efficaces et impératives, à adopter pour faire face aux défis climatiques et énergétiques, il nous faut examiner précisément la faisabilité scientifique et la validité économique des techniques de piégeage et de stockage du dioxyde de carbone (PSC, ou CCS pour Carbon Capture and Storage).

Unités employées :
taux de carbone dans le CO2 : 27,3% (1 tonne C = 3,7 tonnes CO2; 1 Gt = 1 gigatonne)
1 Gm3 de gaz naturel = 0,9 MTEP ; 1 baril de pétrole = 0,136 TEP
1 tonne de charbon = 0,67 TEP (anthracite) ou 0,33 TEP (lignite)

2. Séquestrer le CO2?

2.1. Où en sont les réserves fossiles?

Après avoir initié l'ère du charbon puis celle du pétrole, les sociétés industrialisées s'engouffrent dans celle du gaz naturel (méthane) pour satisfaire leurs appétits énergétiques, en particulier dans le chauffage et le transport, mais aussi pour remplacer le charbon polluant des centrales électriques dans de nombreux pays dans le monde.

Mais cet engouement (triplement de la production électrique par centrales au gaz en 15 ans en Europe) engendre une forte augmentation des prix du gaz, de même que l'épuisement des stocks d'uranium provoque actuellement une flambée des prix de l'uranium et des tensions géopolitiques en Afrique et en Asie.

L'Union Européenne UE25 -et plus particulièrement la France- est dans une situation de dépendance et de vulnérabilité élevées pour son approvisionnement en gaz naturel, renforcées par la dérégulation dogmatique et dangereuse des marchés européens de l'énergie : elle en a importé 296 milliards de m3 en 2005 (principalement 126 Gm3 de Russie, 57 Gm3 d'Algérie, et 80 Gm3 de Norvège qui est hors UE) et produit seulement 13 Gm3 source: BP, de sorte que la diversification des sources d'approvisionnement par gaz naturel liquéfié au lieu de gazoducs est devenue un enjeu géopolitique de premier plan pour l'UE25 1. De 22% actuellement, il devrait représenter 38% des échanges mondiaux de GN en 2020. Cependant, les réserves norvégiennes de GN sont limitées et diminuent (2405 Gm3, soit 28 ans d'exploitation au rythme actuel), et les réserves mondiales prouvées (180 000 Gm3, soit 162 GTEP) seront épuisées dans 59 ans au rythme actuel. Certes, les découvertes régulières de nouveaux gisements et la présence d'immenses quantités d'hydrate de méthane dans les pergélisols peuvent laisser envisager la poursuite de la production méthanière au-delà de ce butoir, mais ces réserves ne sont pas en Europe (26,6% en Russie, 14,9% en Iran, 14,4% au Qatar, 1,3% en Norvège) et la question des rejets de CO2 se pose dès aujourd'hui.

De plus, la production pétrolière mondiale est près de passer le pic de Hubbert, du nom de ce géologue américain qui avait annoncé en 1950 contre tous les productivistes de l'époque la chute inéluctable de la production de pétrole aux USA au-delà de 1970, effectivement constatée 20 ans plus tard, qui contraint aujourd'hui les USA à importer la moitié de leur pétrole et explique toute leur politique étrangère 2, autant que la boulimie énergétique de la Chine explique son expansionnisme actuel. Si l'on écoute donc les géologues spécialistes mondiaux de l'ASPO (Association for the Study of the Peak Oil)3, les réserves mondiales de pétrole sont de l'ordre de 780 milliards de barils (106 GTEP) et le pic de Hubbert sera passé entre 2007 et 2010 (au plus tard en 2016), c'est à dire maintenant, alors que depuis le premier forage en 1859 l'humanité a déjà vidé environ un tiers (le plus léger) et brûle actuellement le 2ème tiers de ce liquide noir que la Terre a lentement élaboré sur des centaines de millions d'années! Au rythme actuel (et rien malheureusement ne semble freiner l'expansion des norias de camions, de 4x4, d'avions de ligne, d'avions-cargo, de navires porte-containers et de voitures autour du globe), nous aurons épuisé les ressources pétrolières accessibles dans 26 ans...4, les schistes bitumineux lourds étant probablement trop coûteux à extraire.

Enfin, la question du charbon revient à l'ordre du jour: moins cher que le gaz, mieux réparti géographiquement (27,1% aux USA, 17,3% en Russie, 12,6% en Chine, 3,9% en UE25) mais terriblement polluant, le charbon représente encore 909 milliards de tonnes de réserves (463 GTEP, soit environ 147 ans de production mondiale actuelle) 5. La consommation mondiale de charbon ne fait que croître (+4,7% entre 2005 et 2006; +31 % en dix ans) tout comme la production (+5,6% entre 2005 et 2006; + 34% en dix ans), tirées par la Chine (consommation +8,7% et production +8,3% entre 2006 et 2007) et l'Indonésie (consommation +17,8%; production +32,7%), quand l'Europe ne parvient même pas à réduire sa consommation (+2,4% pour l'UE25 entre 2006 et 2007)! L'Agence Internationale de l'Énergie prévoit même une augmentation de la demande mondiale de charbon de 32% d'ici à 2015 et de 59% d'ici 2030 dans son scénario de référence 6!
D'ores et déjà, le coût mondial total des dégâts environnementaux (réchauffement climatique, pollutions, allergies, maladies respiratoires, cancers, etc.) dûs au charbon s'élève à 3160 G$/an, soit 44% de l'ensemble des énergies fossiles 7.

2.2. Faut-il continuer?

Le débat se pose en ces termes:

Face à ce défi, la question se pose, incontournable: peut-on continuer de brûler toutes les réserves fossiles terrestres jusqu'à épuisement et éviter le réchauffement climatique en séquestrant le CO2?

2.3. Économiser le carbone en même temps que l'énergie

Brûler le carbone du pétrole, du gaz ou du charbon, c'est le dégrader par oxydation et le dévaloriser. Une étude économique récente 10 montre que la valeur de l'énergie de combustion du carbone fossile est moins intéressante économiquement que celle du carbone que l'on peut en récupérer pour les usages industriels par les procédés de décarbonation des combustibles fossiles avec production d'hydrogène: seul l'hydrogène est brûlé. De nombreuses techniques de décarbonation existent déjà, tant pour le méthane que pour le pétrole et le charbon (extraction de l'hydrogène et de carbone solide par métaux liquides ou par catalyseurs 11).
De plus, le volume commercialisable des matériaux utilisant le carbone est suffisant pour absorber tout le carbone ainsi récupéré: bétons de compression renforcés au carbone, remplacement des aciers par les fibres de carbone dans les bétons armés, bétons réfractaires au carbone, matériaux composites au carbone en remplacement de l'aluminium et du magnésium, structures à nanotubes de carbone, etc.
Pour favoriser l'utilisation des réserves fossiles comme source de carbone et d'hydrogène plutôt que de chaleur, il faut imposer dès maintenant une taxation mondiale du carbone conjointement au marché du CO2 mis en place par le Protocole de Kyoto (cf. volet VI-3).
Cette solution, couplée à un plan d'investissement massif dans l'efficacité énergétique généralisée, le recyclage, l'économie de matière première et d'énergie, l'utilisation rationnelle de l'énergie et le développement massif des énergies renouvelables dans le monde, devrait permettre d'éviter ou de limiter la mise en place des techniques de stockage du CO2.

2.4. Les techniques de stockage géologique du CO2 : promesses illusoires?

Les techniques actuelles consisteraient à piéger le CO2 issu des combustibles fossiles et rejeté par des centrales électriques, des aciéries, cimenteries, etc., et à le transporter par pipe-lines vers des installations de stockage pour l'injecter dans des formations géologiques où il devrait rester stocké de manière sûre pendant des millénaires pour que cette solution ait un sens à l'échelle de l'humanité.

Mais les problèmes posés sont nombreux et de nature très différente.

a) Toutes les techniques de piégeage du CO2 sont très coûteuses et induisent une baisse importante des rendements des centrales. Elles représentent en moyenne 75% du coût total de la séquestration du CO2, entraînent une baisse moyenne de plus de 50% des rendements électriques, introduisent une consommation d'énergie importante, produisent de nouvelles émissions de CO2 et augmentent fortement les coûts du kWh de l'ordre de 50% 12 :

L'utilisation prospective des courbes d'expérience appliquées aux centrales électriques à capture de CO2 de type CP, IGCC, GNCC et charbon-oxyfuel permet d'évaluer la réduction des coûts d'investissement et de production électrique à partir des coûts actuels grâce à la généralisation des procédés 21: elle n'est que de 3 à 5% par doublement de capacité, ce qui n'est guère prometteur.
Quant au coût de la capture du CO2 dans les aciéries ou dans les cimenteries, il apparaît encore très élevé, entre 50 et 250 $/tCO2 évité d'après 22; mais de nouveaux procédés à cristallisation d'hydrates semblent intéressants pour les hauts-fourneaux, entre 14,5 et 29,6 €/tCO2 évitée 23.

b) Les capacités de stockage souterrain du CO2 sont importantes mais incertaines et insuffisantes. C'est ce qui ressort des recherches géologiques mondiales décrites dans de très nombreuses publications 24, mais ces capacités sont encore sujettes à caution 25:

Même en admettant qu'un tiers des volumes de stockage connus soit utilisable (soit 333 GtCO2 environ) et qu'on arrive à piéger un tiers des 27 GtCO2 rejetées annuellement par la combustion des réserves fossiles, il serait totalement rempli au bout de 37 ans!
Le stockage géologique du CO2 n'est donc pas une solution à long terme et il ne contribuera qu'à la marge à la diminution des rejets mondiaux des gaz à effet de serre, d'autant que les techniques actuelles sont pour la plupart encore à l'état de recherche. Il risque tout simplement d'arriver trop tard: « la majorité des analyses montre qu'en dépit d'une large adoption du PSC d'ici 2050, les systèmes seraient surtout mis en place dans la seconde moitié du siècle » 26.
De plus -et c'est un aspect essentiel à mes yeux-, il rentrera en concurrence avec la nécessité de commencer à disposer de réservoirs de stockage-déstockage d'hydrogène, d'hélium et de chaleur essentiels à l'avenir énergétique de l'humanité dans les 30 ans à venir.
Le coût de la tonne de CO2 évitée semble prohibitif à une échelle mondiale: pour éliminer 9 GtCO2/an, il faudrait dépenser entre 270 et 720 milliards d'euros par an pour éliminer un déchet! Il faut au contraire investir cet argent dans la valorisation du carbone, l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Seules, la récupération assistée de pétrole et de gaz naturel et la séquestration du CO2 de production pétrolière ou gazière pratiquées dans les gisements de Sleipner (Norvège), In Salah (Algérie) ou Weyburn (Canada) sont immédiatement intéressantes et utiles.
Il faut être conscient que le transport par pipe-line du CO2 capturé dans des centrales ou des usines vers les sites de stockage géologiques potentiellement utilisables mais souvent très éloignés présente des problèmes de réseau, d'investissement et de coût. Actuellement utilisé aux USA, il ajoute environ 8$/tCO2 transportée sous pression 24, mais son coût dépend fortement de la taille des usines 29.
Enfin, la sécurité à long terme du stockage souterrain de milliards de tonnes de CO2 sous pression pose d'énormes problèmes de responsabilité juridique: qui sera responsable d'éventuelles fuites mortelles à plus ou moins grande échelle? La catastrophe du lac Nyos au Cameroun le 21 août 1986 est encore dans toutes les mémoires, quand un immense nuage de plus d'un km3 de dioxyde de carbone a fusé brusquement d'une faille volcanique, tuant plus de 1700 personnes et toute vie animale sur plus de 14 km de rayon 24. Peut-on prendre le risque d'injecter ce gaz potentiellement dangereux dans des zones sujettes à des séismes plus ou moins fréquents et intenses?
On est loin de l'optimisme affiché du commissaire européen à l'énergie: « la Commission Européenne estime que le stockage souterrain du CO2 peut contribuer au progrès technologique qui devrait faire du captage et du stockage du carbone une réalité après 2020 » 30.

2.5. Quelles recherches développer?

En dehors de la préservation des forêts tropicales et équatoriales, du reboisement des régions tempérées, de l'utilisation massive du bois dans la construction et l'habitat, de l'amélioration des procédés de valorisation des combustibles fossiles en carbone et hydrogène évoqués au §2.3, des efforts de recherche importants devraient être poursuivis dans les procédés industriels de transformation des rejets de CO2 en biocarburants par réacteurs à microalgues (sans engrais ni pesticides).
Le projet français SHAMASH (INRIA, CNRS, CEA, Ifremer, Cirad, Universités de Nantes et Aix-en-Provence, Valcobio) vise à étudier et sélectionner les microalgues les plus performantes dans la conversion solaire du CO2 en huiles (jusqu'à 70% de leur poids, 75 m3/ha.an actuellement, rendements 30 fois supérieurs à ceux des agrocarburants actuels)31.

Mais la recherche-développement doit être surtout et très rapidement orientée vers la réduction de la production des gaz à effets de serre par un véritable bond en avant vers l'efficacité énergétique, la réduction des gaspillages, l'utilisation rationnelle de l'énergie et le développement massif des énergies renouvelables, qui seront étudiées dans l'article suivant.

Prochain volet :
L'urgence énergétique (VI-3) : des décisions à prendre
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1 European key issue concerning natural gaz: dependance and vulnerability, Mathias REYMOND (CEA), Energy policy, vol. 35, pp 4169-4176 (2007)
2 Une nouvelle géopolitique du pétrole en Afrique, Aymeric CHAUPRADE, Revue Française de Géopolitique, n° 2, pp 233-244 (2004)
3 http://www.peakoil.net
4 Une géopolitique mondiale de l'énergie et un plan stratégique pour la France, Pascal RENARDET, Revue Française de Géopolitique, n° 2, pp 19-126 (2004)
5 BP statistical review of world energy (juin 2007)
6 World Energy Outlook 2006, IEA, 600p
7 Estimation of environmental damages caused by fossil fuel, Syed Aafar ILYAS, International Journal of Hydrogen Energy, (sous presse 2007).
8 Climate protection strategies for the 21st century. Kyoto and beyond, Wissenschaftlicher Beirat der Bundesregierung Globale Umweltveränderung, Berlin, 77 p. (2003)
9 Le scénario SUNBURN de relance du nucléaire mondial, Benjamin DESSUS et Philippe GIRARD, Les Cahiers de Global Chance, n°21, pp. 29-39 (mai 2006)
10 Carbon-neutral economy with fossil fuel-based hydrogen energy and carbon materials, John W. HALLORAN, Energy Policy (sous presse 2007)
11 Semi-continous hydrogen production from catalytic methane decomposition using a fluidized-bed reactor, N. SHAH, S. MA, Y. WANG, G. P. HUFFMAN, International Journal of Hydrogen Energy (sous presse 2007)
12 CO2 capture process principles and costs, P. H. M. FERON, C. A. HENDRIKS, Oil & Gas Science and Technology – Rev. IFP, vol. 60, n°3, pp. 451-459 (2005)
13 Cost and performance of fossil fuel power plants with CO2 capture and storage, E. S. RUBIN, C. CHEN, A. B. RAO, Energy Policy (sous presse, 2007)
14 Integrated gasification gas combined cycle plant with membrane reactors: technological and economical analysis, M. AMELIO, P. MORRONE, F. GALLUCCI, A. BASILE, Energy Conversion & Management (sous presse 2007)
15 Cost evaluation of CO2 sequestration by aqueous mineral carbonation W.J.J HUIJGEN, R.N.J. COMANS, H-J. WITKAMP, Energy Conversion & Management, Vol. 48, pp. 1923-1935 (2007)
16 CO2 capture study in advanced integrated gasification combined cycle, M. KANICHE, C. BOUALLOU (EDF, CEP), Applied Thermal Engineering (sous presse 2007)
17 Rapport sur les nouvelles technologies de l'énergie et la séquestration du dioxyde de carbone. Aspects scientifiques et techniques, C. BATAILLE, C. BIRRAUX, Office Parlementaire d'Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (15 mars 2006)
18 Comparison of carbon capture and storage with renewable energy technologies regarding structural, economic and ecological aspects in Germany, P. VIEBAHN and al., International Journal of Greenhouse Gas Control, vol. 1, pp. 121-133 (2007)
19 CO2 capture and storage, IEA Energy Technology Essentials n°1 (décembre 2006)
20 Novel capture processes, L.I. EIDE and al., Oil & Gas Science and Technology – Rev. IFP, vol 60 n° 3, pp. 497-508 (2005)
21 Use of experience curves to estimate the future cost of power plants with CO2 capture, E.S. RUBIN and al., International Journal of Greenhouse Gas Control, vol. 1, pp. 188-197 (2007)
22 Carbon dioxyde recovery from industrial processes, J.C.M. FARLA, C.A. HENDRIKS, K. BLOK, Energy Conversion & Management, vol. 36, issue 6-30, pp 827-830 (1995)
23 CO2 capture by hydrate crystallization – A potential solution for gas emission of steelmaking industry, N.H. DUC, F. CHAUVY, J-M. HERRI, Energy Conversion & Management, vol. 48, pp. 1313-1322 (2007)
24 Underground sequestration of carbon dioxide – a viable greenhouse gas mitigation option, S. HOLLOWAY, Energy, Vol. 30, pp. 2318-2333 (2005)
25 CO2 storage capacity estimation: Issues and development of standards, J. BRADSHAW and al., International Journal of Greenhouse Gas Control, vol. 1, pp. 62-68 (2007)
26 Piégeage et stockage du dioxyde de carbone, GIEC-IPPC (2005)
27 Estimating maximum sustainable injection pressure during geological sequestration of CO2 using coupled fluid flow and geomechanical fault-slip analysis, J. RUTQVIST and al., Energy Conversion & Management (sous presse 2007)
28 Numerical modeling of fluid-rock chemical interactions at the supercritical CO2-liquid interface during CO2 injection into a carbonate reservoir, the Dogger aquifer (Paris Basin, France), L. ANDRÉ and al., Energy Conversion & Management, vol. 48, pp. 1782-1797 (2007)
29 Economic evaluation of the geological storage of CO2 considering the scale of economy, K. AKIMOTO, M. TAGAKI, T. TOMADA, International Journal of Greenhouse Gas Control, vol. 1, pp. 271-279 (2007)
30 Première usine pilote de stockage de CO2 en Europe inaugurée, Centre Hélios, Enjeux – Énergie, Vol. 6, n° 6, (juillet 2007)
31 INRIA-Sophia-Antipolis (http://www-sop.inria.fr/comore/shamash/index.html)

Thierry DE LAROCHELAMBERT Chaire supérieure de Physique-Chimie en CPGE,
Professeur de mécanique des fluides en École d'Ingénieurs,
Chercheur à l'Université.

5 - combat laïque

1 - Les 26 régimes différents de la Suisse religieuse

Dans «Touche pas à mon dieu», le journaliste Jean-Noël Cuénod raconte comment chaque canton a sa façon bien à lui de régler ses rapports avec les institutions religieuses.

Alors que Genève célèbre cette année cent ans de laïcité, Nidwald, en revanche, considère toujours l'Eglise catholique romaine comme une «Eglise nationale»...

Il n'existe dans le monde que 3 Etats laïques, la France, la Turquie et... Genève. La Turquie a bien copié la France, mais contrairement à une idée préconçue, Paris, qui a voté en 1905 la séparation de l'Eglise et de l'Etat, n'a pratiquement joué aucun rôle dans la suppression du budget des cultes intervenue dans la Cité de Calvin deux ans plus tard, en 1907.

«En France, les catholiques étaient farouchement opposés à la séparation de l'Eglise et de l'Etat. En revanche, à Genève, les catholiques réclamaient cette séparation. Depuis près d'un siècle, ils étaient devenus majoritaires dans le canton, mais restaient pénalisés sur le plan électoral», souligne Jean-Noël Cuénod, par ailleurs éditorialiste à «La Tribune de Genève».

Une mosaïque infernale

Finalement le 30 juin 1907, les Genevois ne votent qu'à une très courte majorité cette séparation. Cette laïcité n'a guère inspiré les autres cantons romands, à l'exception de Neuchâtel, dans une certaine mesure. A Neuchâtel, si les Eglises protestante, catholique romaine et catholique chrétienne sont autonomes, elles restent néanmoins liées à l'Etat par un concordat.

«En fait, cette Suisse religieuse s'apparente à une mosaïque infernale. Chacun à un régime différent, et à ma connaissance il n'existait pas d'ouvrage, en français ni en allemand, faisant un état complet des lieux canton par canton», constate le journaliste.

Des exemples de cette diversité? Vaud reconnaît les deux Eglises chrétiennes officielles comme relevant du droit public. En revanche, ce canton n'octroie à la Communauté israélite qu'un statut d'intérêt public, pas de droit public.

Zurich, en revanche, reconnaît 5 institutions religieuses: les Eglises protestante, catholique romaine, catholique chrétienne, la Communauté israélite et la Communauté juive libérale.

A Berne, l'Eglise évangélique réformée, l'Eglise catholique romaine et l'Eglise catholique chrétienne sont des personnes morales de droit public, «un peu comme des hôpitaux», constate Jean-Noël Cuénod, ajoutant que ce canton rémunère les ecclésiastiques.

De plus, l'admission au sein du clergé est prononcée, non par une instance religieuse, mais par le Département cantonal de la justice, des affaires communales et des affaires ecclésiastiques!

Qu'en sera-t-il à l'avenir pour les autres communautés religieuses? En effet, les effectifs des deux grandes religions - protestants réformés et catholiques romains - sont en baisse. Les musulmans, les orthodoxes, les hindouistes, comme les personnes venant des mouvances évangéliste et pentecôtiste, demanderont à ne plus être discriminés, et que l'on étende les statuts de droit public à leurs Eglises.

Pas de voile islamique pour les fonctionnaires

«L'Etat n'a pas à faire de choix entre les religions. Il n'y a pas d'un côté les religions historiques, et de l'autre celles qui seraient 'exotiques'», souligne l'auteur de «Touche pas à mon dieu». D'autant qu'en Suisse, par exemple, 52% des bouddhistes possèdent un passeport à croix blanche.

Pourquoi reconnaître à Berne la petite Eglise catholique chrétienne, qui ne comptait que 1064 fidèles lors du recensement de 2000, et pas les musulmans, qui étaient un peu plus de 28.000, et les Orthodoxes, presque 10.000?

Jean-Noël Cuénod, qui ne cache pas son appartenance à la franc-maçonnerie, n'est pas opposé à ce que les écoliers puissent porter une kippa, un voile islamique ou une croix.

En revanche, «il n'en va pas de même pour toutes les fonctions et charges publiques. Il était légitime qu'une enseignante genevoise fût empêchée de porter le voile islamique en classe», assure-t-il.

Source

Ian Hamel

2 - « Rien en biologie n'a de sens, si ce n'est à la lumière de l'évolution »

communiqué du 30 juin 2007 de l'Association Française pour l’Information Scientifique (AFIS)

L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe devait discuter et voter durant sa session ouverte le 25 juin 2007 un rapport préconisant que les thèses créationnistes ou assimilables doivent rester en dehors des programmes scientifiques des établissements scolaires européens.

Le parlementaire français Guy Lengagne, mathématicien, professeur émérite des universités, rapporteur de la commission de la culture, de la science et de l’éducation de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a été sollicité puis désigné pour rédiger et présenter ce rapport. Ce rapport a été adopté lors de la dernière réunion de la commission le 31 mai 2007 à Saint Petersbourg.

Le 25 juin 2007, le parlementaire belge Luc Van den Brande, diplômé en droit canon de l’Université Catholique de Louvain, ancien ministre-président de la région flamande, chef de groupe du groupe chrétien au Conseil interparlementaire consultatif de Benelux (depuis 2000), président du groupe constitué du parti populaire européen et des démocrates chrétiens à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (depuis 2005) a demandé que ce rapport ne soit pas discuté en séance plénière et soit donc renvoyé en commission : « le Conseil de l’Europe n’est pas une académie scientifique mais un organe politique. Il n’est donc pas approprié de discuter de ce sujet ici. ». Après vote, par 63 voix contre 46 et 10 absentions, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe décidait que ce rapport ne serait pas discuté.

Le créationnisme et ses avatars

Le créationnisme est l’affirmation de la vérité littérale du récit de la Génèse, commun aux trois variantes du monothéisme né sur les pourtours du bassin méditerranéen ; ces écrits relatent la création du monde par un agent surnaturel unique dénommé YHWH, Dieu ou Allah suivant que l’on se réfère à l’une ou l’autre des religions ; il se trouve au sein de chacune des familles religieuses des fidèles attachés au « littéralisme », principalement au sein du mouvement évangélique ou de l’islam.

Des adeptes de l’une ou l’autre des « religions du Livre » ont par ailleurs régulièrement mené des approches « concordistes » visant à rendre compatibles les écrits bibliques, dans leur esprit supposé si ce n’est dans leur lettre, avec la réalité de l’histoire naturelle du monde. Ce fut par exemple, au siècle dernier, la tentative du paléontologue et prêtre catholique français Teilhard de Chardin (1881-1955), initiative modérément appréciée en son temps par la hiérarchie de l’église romaine. Une version contemporaine plus largement popularisée à l’échelle planétaire est celle dite de l’ Intelligent Design (ID) propulsée par le Discovery Institute de Seattle, Washington. S’inscrivant dans une perspective déjà rencontrée avec la théologie naturelle de William Paley (1743-1805) suivant laquelle il ne saurait y avoir d’horloge sans horloger, cette théorie défend que l’organisation du vivant témoigne d’une conception tout comme d’une évolution intelligentes (on parle donc d’un dessin et d’un dessein intelligents).

Pour nombre de francophones du continent européen la résurgence du créationnisme et de ses avatars est corrélée à l’activisme du mouvement évangélique nord-américain. Les mésaventures du conseil scolaire de Pittsburg en Pennsylvanie ou de Salluit dans le grand nord Québécois, tout comme l’ouverture récente de musées créationnistes à Cincinnati, Ohio ou dans l’Alberta canadien, font alors figure d’actualité insolite contribuant au portrait peu flatteur souvent dressé des états-uniens.

En réalité, même si souvent moins spectaculaire, le succès de ce regain d’activisme spiritualiste est tout aussi décelable de notre côté de l’atlantique. Ainsi par exemple, en 2004, la ministre italienne de l'enseignement suggérait d’abandonner l’apprentissage de la théorie de l’évolution dans le primaire et le secondaire. En 2005, la ministre néerlandaise de l’éducation estimait à son tour qu’il fallait mettre en débat la théorie de l’évolution et les thèses néo-créationnistes. A l’automne 2006, le vice-ministre polonais de l'éducation déclarait : « La théorie de l'évolution est un mensonge, une erreur qu'on a légalisé comme une vérité courante ».

Ainsi que l’a rappelé la controverse intervenue en octobre 2005 avec la diffusion du reportage Homo Sapiens d’inspiration néo-teilhardienne par la chaîne de télévision franco-allemande ARTE, la France laïque est peu préparée face aux intrusions spiritualistes d’allure respectable. La confusion la plus totale règne assez souvent sur les étalages des rayons « sciences » des librairies, les ouvrages de biologie y côtoyant des essais titrant sur Darwin et visant à expliquer qu’il ne s'agit pas de « choisir entre Dieu et Darwin » mais de concilier la foi et la raison, ou d’autres suggérant les réponses que l’on imagine à des questions du genre « Notre existence a-t-elle un sens ? » ; de façon compréhensible ceux qui veulent diffuser leur message idéologique ou spirituel s’adressent à des journalistes souvent peu à même de déceler les passagers clandestins au sein d’un discours à cosmétique scientifique, alors que les scientifiques se font dans le même temps peu prolixes et usent souvent d’un langage plus aride et plus difficile d’accès que le discours simpliste des propagandistes.

L’Association Française pour l’Information Scientifique

Rappelle que contrairement à ce qu’affirment les propagandistes religieux, la théorie de l’évolution n’est pas « juste une théorie » ; au contraire, comme le disait le biologiste Theodosius Dobzhansky (1900-1975) : « rien en biologie n'a de sens, si ce n'est à la lumière de l'évolution » ; c’est ce que le député Guy Lengagne mettait en lumière avec pertinence dans son rapport en abordant l’éventualité souvent évoquée de mutations du virus H5N1 de la peste aviaire ou la question de l’émergence de résistance aux antibiotiques.

Rappelle que la république française est une république laïque fondée sur la séparation des Églises et de l’État ; que la laïcité institutionnelle y garantit la liberté de conscience, autrement dit que les religions peuvent librement se développer et les points de vue librement s’exprimer ; que la laïcité scolaire y garantit que l’instruction publique, et notamment l’enseignement des sciences, sont mis à l’abri des influences de tel ou tel groupe idéologique ou religieux.

Affirme que les thèses créationnistes et leurs avatars, de même que toutes les interrogations plus ou moins spiritualistes que d’aucuns croient pouvoir développer à partir de leur propre compréhension ou incompréhension des sciences doivent rester en dehors des programmes scientifiques des établissements d’enseignement.

Affirme, avec les auteurs du rapport, que « l'enseignement de thèses alternatives en tant que sciences, ne peut donc être acceptable. Un tel enseignement représenterait en soi un danger, et ferait prendre le risque de voir se développer une multitude de thèses tout aussi absurdes les unes que les autres et ne ferait que semer le trouble chez les élèves et les étudiants ».

S’étonne que le président d’un des principaux groupes de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe puisse considérer que le fait d’affirmer que des thèses créationnistes ou assimilables n’ont pas à être présentées dans le cadre des programmes scientifiques des établissements d’enseignement n’est pas une question politique mais au contraire académique, semblant suggérer ainsi que le débat scientifique ne serait pas tranché…

S’inquiète que s’est trouvée une majorité absolue de parlementaires présents pour suivre le réquisitoire contre l’examen de ce rapport durant la session parlementaire.

Se félicite que les parlementaires français présents aient voté à l’unanimité pour l’examen de ce rapport.

Se félicite que la Commission de la culture, de la science et de l’éducation, réunie à Strasbourg le 26 juin 2007 sous la présidence du parlementaire français Jacques Legendre (UMP), professeur agrégé, ait protesté « contre la procédure par laquelle l’Assemblée parlementaire a décidé le 25 juin dans des conditions confuses et vraisemblablement irrégulières » de renvoyer en commission le rapport sur les dangers du créationnisme dans l’enseignement, et ait exprimé son soutien au rapport de Guy Lengagne (PS) - député sortant - et sa détermination à voir son rapport inscrit à la prochaine session plénière au mois d’octobre.

Invite la communauté scientifique nationale et les médias à tirer les leçons de ce revers au Conseil de l’Europe et à montrer davantage de vigilance face aux pressions spiritualistes, tout autant celles facilement identifiables des religieux les plus fondamentalistes de toutes les religions (créationnisme, dessein intelligent), que celles qui véhiculent des thèses de nature métaphysique sous une apparence plus nuancée, voire pseudo-scientifique (à l’image de la communication de celles et ceux qui gravitent autour de l’Université interdisciplinaire de Paris –UIP – ainsi que signalé dans le rapport) .

L’Association Française pour l’Information Scientifique (AFIS), fidèle au rationalisme scientifique et à la laïcité républicaine, en conclut pour sa part à la nécessité renforcée, avec ses adhérents et à l’aide de ses médias (revue Science et pseudo-sciences, site www.pseudo-sciences.org ), de contribuer à la promotion de la méthode scientifique, au développement de l’esprit critique chez les citoyens, et à la dénonciation des pseudo-sciences et croyances non fondées. Adhérente de l’Union Internationale Humaniste et Laïque (IHEU/UIHL), organisation internationale non gouvernementale ayant statut participatif auprès du Conseil de l’Europe, l’AFIS tiendra toute sa place au sein de la délégation auprès du Conseil de l’Europe pour permettre à l’IHEU de porter ce message dans la conférence des OING. L’AFIS oeuvrera enfin au développement de la coopération scientifique au sein de l’Union Internationale Humaniste et Laïque.

Paris, le 30 juin 2007

L'AFIS Association Française pour l’Information Scientifique
14 rue de l’école polytechnique, 75005 Paris
Michel Naud (président)
tel: 02 40 05 26 10

6 - Proche-Orient

1 - Cisjordanie : une annexion rampante, discrète mais méthodique

Un nouveau rapport de Shalom Arshav fait la une de Ha'aretz. Il démontre, chiffres et cartes à l'appui, l'utilisation des terres affectées aux colonies à des fins bien différentes que leur soi-disant "croissance naturelle"

Ha'aretz, 6 juillet 2007

D'après un rapport de Shalom Arshav (La Paix Maintenant), d'énormes quantités de terres ont été affectées aux colonies de Cisjordanie, mais celles-ci n'en utilisent qu'une toute petite partie.

9% seulement des zones qui dépendent des colonies sont bâties, et 12% utilisées d'une manière ou d'une autre, affirme ce rapport, qui se fonde sur des chiffres fournis par l'Administration civile. Néanmoins, malgré ces énormes réserves de terres non utilisées, 90% des colonies débordent de leurs limites, et environ un tiers des terres qu'elles utilisent vraiment se situe hors de limites de leur juridiction.

Ces chiffres témoignent du fait que le gouvernement continue à contribuer à l'expansion des colonies, accuse Shalom Arshav. D'un côté, l'Etat affecte aux colonies des étendues immenses, sans aucune proportion avec leur taille, afin d'empêcher les constructions palestiniennes dans ces zones. D'un autre côté, une fois la zone fermée aux Palestiniens, les colons commencent à s'emparer de terres palestiniennes adjacentes, dont les propriétaires sont souvent des personnes privées, terres situées en-dehors de leur juridiction.

Pendant des années, les limites des colonies ont été tenues secrètes. L'Administration civile et d'autres organismes ont toujours refusé de fournir ces informations aux organisations non-gouvernementales et aux médias, alors qu'à l'intérieur de la ligne Verte, ces mêmes informations (sur les limites juridictionnelles d'une quelconque localité) sont facilement disponibles. Les chiffres qui figurent dans le rapport n'ont été obtenus qu'après que Shalom Arshav et le Mouvement pour la Liberté de l'information eurent saisi les tribunaux.

Ce rapport, compilé par Dror Etkes et Hagit Ofran[1], responsables de l'Observatoire de la colonisation de Shalom Arshav, montre que la politique israélienne viole les engagements pris dans le cadre des accords d'Oslo. Ces accords stipulaient qu'aucune des parties ne prendrait de mesure unilatérale de nature à modifier la situation jusqu'à la fin des négociations sur un règlement définitif. Mais, avant le blocage des pourparlers, Israël a agi méthodiquement pour étendre les territoires sous juridiction des colonies, affirme le rapport.

Les actes du gouvernement israélien contredisent également ses déclarations officielles : le Premier ministre Ehoud Olmert, par exemple, avait déclaré après une rencontre en mai dernier avec le roi Abdallah de Jordanie : "les constructions dans les colonies ne s'effectuent qu'à l'intérieur des limites autorisées."

Le rapport cite 164 colonies, avant-postes et zones industrielles en Cisjordanie. 92 d'entre elles ont vu leur zone de juridiction s'étendre ou redéfinie après la signature des accords d'Oslo en 1993, dans le cadre de la frénésie de construction qui a eu pour résultat de doubler le nombre de colons en Cisjordanie dans la décennie qui a suivi.

Pour certaines colonies, les zones précises de démarcation de leur juridiction n'ont toujours pas été démarquées, probablement parce que des portions importantes de leurs zones bâties sont situées sur des terres appartenant à des personnes palestiniennes privées, comme cela est le cas pour les deux colonies anciennes d'Ofra et de Psagot, près de Ramallah[2].

Dror Etkes accuse le gouvernement israélien d'utiliser le terme de "juridiction" de manière trompeuse et manipulatrice, pour permettre aux colonies de s'étendre sans quasiment aucune limité, et pour bloquer dans ces zones toute construction palestinienne.

Les terres affectées à Ma'aleh Adoumim, par exemple, ont constitué une tentative de former une barrière entre les localités palestiniennes du Nord et du Sud de la Cisjordanie, a dit Etkes. Un poste de police est actuellement en construction dans la zone E-1 entre Jérusalem Est et Ma'aleh Adoumim, annexée aux territoires dépendant de la colonie, alors que cette zone est très éloignée des zones bâties de Ma'aleh Adoumim, situées de l'autre côté de la route Jérusalem Jéricho[3]. Cela témoigne de l'effort fait pas Israël de créer une continuité territoriale juive dans cette région. Il existe également des plans pour construire un centre commercial et touristique dans la zone E-1. Et pourtant, 76% des terres de Ma'aleh Adoumim ne sont actuellement pas utilisées.

Ce phénomène est encore plus manifeste quand on considère les immenses surfaces affectées aux petites localités juives de la Vallée du Jourdain et du désert de Judée. Par exemple, la juridiction du kibboutz Mitzpeh Shalem, 180 habitants, est de plus de 3.540 hectares, soit en gros la superficie de Petakh Tikva. Celle du kibboutz Kalia, au bord de la mer Morte, 271 habitants, est de 2.530 hectares.

La construction illégale à l'extérieur de la juridiction d'une colonie est souvent encouragée par l'Etat, comme le montre le phénomène des avant-postes (colonies illégales), dit Dror Etkes. L'Administration civile empêche toute construction palestinienne dans les zones sous juridiction des colonies. En revanche, aucune action juridique n'est entreprise à l'encontre de la construction illégale de colons, et ces structures ainsi bâties sont rarement démolies, accuse-t-il.

Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant

Notes

[1] Dror sera bientôt remplacé par Hagit. Merci à Dror pour son travail inlassable, et souhaitons bonne chance à Hagit.

[2] Voir "les terres volées aux Palestiniens : rapport de Shalom arshav sur la construction des colonies sur des terres privées palestiniennes" : [charger le lien]

[3] Sur la zone E1, voir entre autres l'article de Hagit Ofran : "Pas de blocs de colonies sans accord de paix !" : [charger le lien]

La Paix Maintenant www.lapaixmaintenant.org

7 - à lire, à voir ou à écouter

1 - Un lecteur publie un livre où on parle abondamment de Respublica

Eclats républicains,
de Simon Archipenko
Editions Montchalin
261 pages, 18 euros

Quand un militant écrit un livre sur les causes qui nous sont chères, c’est toujours un petit événement. Quand il s’agit d’un collaborateur de Respublica, comme Jocelyn Bézecourt, auteur déjà de deux ouvrages, c’est une fierté pour toute notre équipe. Nous savons qu’un autre de nos collaborateurs prépare, en ce moment, un ouvrage dont nous vous parlerons quand il nous y autorisera.

Simon Archipenko écrit occasionnellement dans notre revue, à laquelle il fait parvenir parfois des textes confirmant que cet homme a la République chevillée au corps. Poussé par certains amis, il a fini par se lancer dans une écriture plus abondante, et à publier un livre, « Eclats républicains ». Ce qui nous touche dans cet ouvrage, c’est que Simon nous montre son attachement à notre revue, en reprenant de nombreux articles déjà parus dans notre journal.

D’abord, à tout seigneur tout honneur, il publie les siens, et il a raison, car ils ont toujours été de qualité, et pertinents.

C’est aussi toute la petite famille de Respublica, certains collaborateurs et surtout nos proches, qui sont cités au fil des pages de cet ouvrage.

Issu de la région lyonnaise, il fait part de son amitié à Mireille Popelin, et de son admiration pour le travail de terrain de l’Ufal qu’elle anime, avec ses amis Jean-Claude Santana (autre collaborateur de notre journal) et Rémi Thibert. Mais il n’oublie pas également cette autre femme exceptionnelle qu’est Michèle Vianès, présidente de « Regards de Femmes », militante laïque et féministe infatigable et pugnace, dont il évoque, entre autres, l’action contre la venue d’Hani Ramadan, à Lyon, en décembre dernier. C’est l’époux de Michèle, André Vianès, avocat et ami de Respublica, compagnon et complice de toujours de Simon Archipenko, qui a écrit une préface où on sent toute l’amitié qui unit ces deux hommes.

Simon parle de l’intervention appréciée de Pierre Cassen, à Lyon, ce 9 décembre, ainsi que de celle de Mohamed Sifaoui. Il publie le compte-rendu de Jeanne Bourdillon sur cette journée. Il évoque la réponse de Marie Perret à un lecteur qui hésitait à voter Villiers aux prochaines présidentielles. Il reprend une critique de Jean-François Chalot sur le livre de Max Gallo, « Fier d’être Français ».

Cela dépasse parfois le seul terrain politique. Manifestement, Simon a été subjugué par un article de Brigitte Bré Bayle, parlant des tenues des hommes et des femmes sur les plages, et évoquant les « moule-bites » de ces messieurs, lui qui se targue de se baigner sans maillot de bain depuis trente ans (on vous dit tout).

Il me cite, dans un échange que j’ai eu avec lui, quand je lui explique que je ne peux publier un article qu’il m’a envoyé, et que je lui en donne les raisons.

Il reprend également des articles de notre ami Pascal Hilout, et n’oublie le qualificatif infâme dont il a été affublé par la porte-parole des Indigènes de la République, « bougnoule de service ».

Simon Archipenko, né en 1955, est d’abord un militant socialiste, consterné par la dérive social-libérale. Il tente alors sa chance avec Jean-Pierre Chevènement, qui, manifestement, est l’homme politique qui l’a marqué dans sa vie militante. Il a été syndicaliste, adjoint au maire dans une commune d’Union de la Gauche. Aujourd’hui, il fait partie de ces hommes qui s’interrogent sur certaines réalités du clivage gauche droite. « Qu’est-ce qu’être un républicain de gauche ? », demande-t-il, affirmant qu’il n’avait pas peur de dialoguer avec des souverainistes de la droite républicaine, qu’il préfère aux « bénêts compassionnels », comme il le dit, du Mrap.

Simon est fier de s’affirmer patriote et de gauche. Manifestement, il regrette que Jean-Pierre Chevènement n’y soit pas allé, en 2007, même s’il est lucide sur les défauts de l’homme, et notamment sa capacité à « s’asseoir sur ses troupes ». Il n’oublie pas les dérives droitières de son ami, lors des présidentielles de 2002.

Tout au long d’un ouvrage dont la lecture est agréable, on est confronté aux questions que se pose, au début du vingt-et-unième siècle, un militant laïque, républicain, se réclamant des valeurs de la gauche, mais qui ne se reconnaît plus dans la gauche qu’il voit sous ses yeux. Simon a souvent la plume gouailleuse. A une époque où trop de militants sont incapables de sortir d’une triste langue de bois insupportable aux lecteurs, il fait du bien par sa grande liberté de ton et l’absence de concession dont il témoigne, face à tous les obscurantistes.

Naturellement, la gauche bobo en prend pour son grade, tout au long de l’ouvrage, et Nicolas Hulot n’est pas épargné.

De nombreuses citations et références philosophiques illustrent un livre qui se dévore rapidement.

Quand un ami, un militant, un esprit libre, écrit un ouvrage, j’ai envie de l’aider, parce que je trouve que c’est bien que l’écriture ne soit pas réservée qu’à une petite élite de spécialistes auto-proclamés.

Quand il parle en outre de notre journal, et défend la République sociale, laïque et républicaine, là cela devient un devoir, mais surtout un plaisir d’en faire la promotion.

Donc, c’est l’été, je vous conseille ce livre, sur une plage, habillé ou nu, en moule-bite ou en caleçon, selon le choix de chacun.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Souscription: "Grandeur et Misère de l’antiracisme: Le MRAP est-il dépassé ?"

Les Editions Tribord vous informent de la parution de
Grandeur et Misère de l’antiracisme
Le MRAP est-il dépassé ?

de Maurice Winnykamen.
Collection Manifeste, 224 pages

Né en 1933, Maurice Winnykamen est, à 17 ans, militant du M.R.A.P. Aujourd’hui, il retrace les origines et les combats du Mouvement : 1941, création du M.N.C.R, le Mouvement national contre le racisme, qui organise le sauvetage des enfants juifs sous l’occupation. 1949, le M.N.C.R. devient le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix, le M.R.A.P. 1978, le M.R.A.P. abandonne le terme fondateur, antisémitisme, et devient le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples.

L’auteur relate le M.R.A.P. et ses luttes : contre le racisme et l’antisémitisme ; pour la paix dans le monde ; pour la reconnaissance des massacres d’Algériens (notamment en 1961) et contre l’amnistie qui couvre le crime de Charonne en 1962 ; pour une loi spécifique permettant de punir comme tels les actes racistes et l’incitation à la haine raciale.

Puis, il dénonce la direction actuelle du M.R.A.P. qui, du combat contre le racisme, glisse insidieusement vers le communautarisme, revendique le voile pour les filles et la viande halal à l’école, engage des poursuites judiciaires contre les professeurs, les caricaturistes, les philosophes… Il compare avec d’autres Mouvements créés plus récemment par des jeunes Français d’origine arabe, comme S.O.S racisme et Ni putes ni soumises qui, refusant toute connotation religieuse ou communautaire, élargissent à l’antisémitisme leur combat contre tous les racismes. Maurice Winnykamen, illustrant son propos de nombreux exemples, dénonce la prise en main du M.R.A.P. par les communautaristes musulmans et la " compréhension " de sa direction à l’égard de " l’antisémitisme des banlieues ".

Toutefois, tout ne lui semble pas perdu : jamais un président du M.R.A.P, seul candidat à sa succession, n’avait recueilli un si faible pourcentage que Mouloud Aounit, un homme que ses ambitions personnelles semblent davantage conduire à flirter avec la politique qu’à se préoccuper du sort malheureux vers lequel il entraîne son Mouvement. Certaines sections du M.R.A.P. résistent à cette dérive. Il est encore temps de sauver le Mouvement, à moins qu’il ne soit irrémédiablement dépassé…

Cet ouvrage sera disponible en librairie le 14 septembre 2007 au prix de 15 . Vous pouvez adhérer à la souscription dès àprésent au prix de 10 + 3 de frais de port en envoyant votre chèque libellé à l’ordre d’André Thomas à l’adresse suivante :
Éditions Tribord
Rue de l’Hôtel des Monnaies,184
B-1060 BRUXELLES

Maurice Winnykamen

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