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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°569 - samedi 24 novembre 2007

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1 - chronique d'Evariste

1 - La justice des citoyens

A elle seule, la justice d'un pays est le filtre révélateur d'une nation. Plus qu'un simple amas de textes de lois, valeurs et éthique, culture et histoire, peurs et angoisses, forces et grandeurs, la justice est l'incarnation matérielle de tous ces aspects si intimement liés à l'identité d'un peuple, d'une nation, d'un pays.

En attaquant de front la justice républicaine, le nouveau président ne s'y trompe pas. Il sait qu'il touche à un coeur de la nation, un véritable phare. En ces temps de contestations sociales, alors que les bruits de manifestants courent encore les rues des villes de France, la réforme de la justice est emblématique de l'orientation politique de l'ambassadeur du libéralisme anglo-saxon qui siège désormais à l'Élysée. Dès les premiers mois, une dépénalisation du droit des affaires est mise en place. Dans le même temps, le gouvernement travaille à la suppression de tribunaux des prud'hommes et projette l'instauration d'une « franchise juridique » pour les personnes ayant recours à l'aide juridictionnelle (c'est à dire les personnes n'ayant précisément pas les moyens de se payer un avocat). La logique est limpide : la réforme de la justice vise la mise en place d'un arsenal servant à casser le « citoyen – employé » pour n'en faire précisément plus qu'un individu « employé ».
« Employé », à lui seul le terme fait sens. L' « employé » est celui que l'on emploie, que l'on utilise, que l'on use ; il est celui qui se loue, car il est celui qui, pour vive, échange de l'argent contre l'usage de son temps de vie personnel pour le profit de l'activité d'un autre. L'employé troque une partie de son temps de vie contre une rémunération qui lui permet de vivre. Il se trouve que le Pacte Républicain permet la reconnaissance des individus : ils sont des citoyens. L'employé est avant tout un citoyen. A ce titre, pour un employeur, il n'est pas simplement du « matériel humain ». Cet assemblage est le fruit du Pacte Républicain, car lui est au dessus de toutes lois, notamment celles du code du travail.

Ce Pacte Républicain a permis de façonner des mentalités qui ont été à l'oeuvre durant des années, chez les employés, mais aussi chez les patrons, c'est à dire chez ceux qui louent le temps de vie des autres. Cette période d'un « patronat paternaliste » a été caractéristique des trente glorieuses et surtout du gaullisme. Aujourd'hui, cette période n'est plus d'actualité et l'ère libérale sonne le glas de la dimension citoyenne de chaque individu. Toute l'orientation actuelle du droit vise à casser ce « citoyen-employé ». Ce désarmement consiste à le faire passer de citoyen à un simple individu, c'est à dire d'un individu armé par le Pacte Républicain à un « individu nu » qui ne possède plus aucune légitimité autre que sa possibilité de se louer contre de l'argent. A ce stade, l'individu n'est plus citoyen, il ne peut revendiquer aucun droit, aucune reconnaissance humaine, aucune légitimité citoyenne. Il n'est que du « matériel humain » et il n'a que cela à faire valoir face à celui qui achète du temps de vie contre de l'argent. Il faut comprendre cette finalité de désossage de ce qu'est un citoyen, car elle est essentielle à la perception du processus de déstructuration qui oeuvre contre les valeurs de notre pays. La République pose les individus comme citoyens en leur reconnaissant des droits propres. Par ce fait, elle les arme. La destruction du Pacte Républicain produit des individus nus, isolés, donc faibles. « Diviser pour régner », telle est l'une des devises de nantis soucieux de se préserver et d'accroître davantage leur domination.

A travers la justice, se dévoile l'orientation globale de notre société voulue par Sarkozy et les néoconservateurs américains. Elle répond à une conception qui renie à l'individu toute sa spécificité de citoyen. Et pas seulement ses droits juridiques, mais aussi sa capacité à recevoir l'éducation et la culture de la nation. Ce point est crucial car il détermine dans la justice toute la possibilité de concevoir une réinsertion sociale. Dans le Pacte Républicain, le coupable est vu comme une personne qu'il est possible de réinsérer socialement en tant que citoyen, c'est à dire comme une personne pouvant à nouveau contracter en paix avec les autres individus. La destruction de ce Pacte Républicain par l'éthique libérale anglo-saxonne vise à mettre les individus à nu. Cette vision renie toute possibilité de contracter, et de recevoir l'éducation et la culture de la nation. L'individu est alors livré à lui même, il ne peut ni apprendre, ni changer. Il est totalement déterminé. Il est le seul responsable de sa vie. L'absence de politique de réinsertion aux États Unis d'Amérique relève non d'un problème économique et social, mais d'une conception ontologique, c'est à dire de l'image même de ce qu'est un individu. Ce qui est mille fois pire ! Car lutter uniquement sur le terrain économique et social n'attaque jamais le coeur du problème. Même si elle est essentielle, la lutte sociale et économique ne pourra se faire que sur la défensive. Le combat de la nouvelle gauche est fondamentalement éthique et culturel.

Le jeudi 29 novembre 2007, la grève des personnels de la justice sera bien plus qu'une simple réclamation pour davantage de moyens financiers : elle est un enjeu de société. Tous ces gens le savent. L'orientation de la justice peut faire basculer un pays dans la paix sociale ou dans le ressentiment. Aucune nation ne peut vivre sereinement lorsque sa justice n'a d'autre but que de pacifier les rapports, apaiser les tensions, concevoir les individus en tant que citoyens. Incarnation du Pacte Républicain, les tribunaux des prud'hommes sont la tentative de mettre face à face, non des employés nus et des employeurs dominants par leur argent, mais des citoyens face à d'autres citoyens. Dans une éthique libérale anglo-saxonne, les prud'hommes sont contre nature. Ils doivent disparaître, et c'est ce que fait Sarkozy.
Mais une justice qui renforce la domination participe à la justification de la misère individuelle. Par là, elle nourrit de manière encore plus implacable le ressentiment, la rancoeur et les pulsions destructrices dans le quotidien des individus qui composent la société. Lorsqu'elle emprunte cette voie, une justice participe à l'éclatement de sa propre société ; et, ce chemin faisant, elle conduit tôt ou tard un peuple vers les plus sales égouts de l'histoire humaine.
Les militants de la nouvelle gauche l'ont compris : les valeurs du Pacte Républicain doivent toujours guider la justice de notre pays.

 

« Il n'y a point de plus cruelle tyrannie que celle qui l'on exerce à l'ombre des lois et avec les couleurs de la justice. »
Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - le non de gauche

1 - Appel du Comité National pour un Référendum

Un nouveau traité –dit traité de Lisbonne- vient d’être approuvé par les dirigeants européens suite au rejet du projet de traité constitutionnel refusé majoritairement par les Français et les Néerlandais lors des référendums de mai et juin 2005.

C’est donc à nouveau le suffrage universel qui doit trancher par référendum.

Sur un sujet qui a tant d’influence sur la vie de chacun et l’avenir de la France, l’organisation d’un nouveau référendum est une exigence démocratique majeure pour notre pays. C’est aussi une nécessité pour la construction européenne qui doit être fondée sur l’adhésion des peuples et la souveraineté populaire.

Seule une mobilisation sans précédent des citoyens peut obliger le président de la République à organiser un référendum. Il y sera contraint s’il n’obtient pas, début 2008, 3/5 des suffrages exprimés des parlementaires pour la modification préalable de la Constitution française, nécessaire à la ratification du nouveau traité européen. Ainsi les députés et les sénateurs ont le pouvoir d’imposer le référendum, en votant contre cette révision de notre Constitution.

C’est pourquoi des personnalités diverses, les signataires de différents appels déjà lancés sur ce sujet, ont décidé de rassembler leurs efforts au sein d’un Comité National pour un Référendum.

Nous appelons en urgence toutes celles et tous ceux qui sont attachés à la démocratie et à une Europe fondée sur l’adhésion des peuples, qu’ils soient pour ou contre ce nouveau traité, à nous rejoindre pour empêcher un déni de démocratie et exiger la tenue d’un référendum.

Premiers signataires: ABERGEL Gilbert, Ancien grand maître GODF; AGUIRRE Léonce, LCR; AMARA Jean-Claude, Droits devant!; ARIES Paul, Politologue; ATTAR Michèle, Gauche Avenir; AUTAIN Clémentine, Mensuel Regards; AUTAIN François, Sénateur MRC; AZAM Geneviève, Attac France; BACQUET Jean-Paul, Député PS; BATAILLE Christian, Député PS; BAVAY Francine, Les Verts; BEN HIBA Tarek, Alternative citoyenne; BEN SADIA Hamida, Alternative citoyenne; BERGE-LAVIGNE Maryse, Sénatrice PS; BEYNEL Eric, Syndicaliste douanier; BOISLAROUSSIE Jean-Jacques, Les Alternatifs; BORE Jean-Paul, Membre du comité des régions d'Europe, PCF; BORVO-COHEN SEAT Nicole, Sénatrice PCF; BOUMEDIENE Alima, Sénatrice Les Verts; BOURGAIN Michel, Les Verts; BOVE José; BRAY Florence, Cactus/La gauche!; BUFFET Marie-George, Secrétaire nationale du PCF; CABANES Claude, Journaliste, Gauche Avenir; CANDAR Gilles, Historien; CARASSUS Pierre, MARS - Gauche Républicaine; CASSEN Bernard, Journaliste, association Mémoire des Luttes; CHERFI Magyd, Auteur, chanteur (Zebda) ; CHEVENEMENT Jean-Pierre, Ancien ministre, président d'honneur du MRC; CHOMBEAU Christiane, Journaliste; CIRERA Daniel, PCF; COCQ François, MARS - Gauche Républicaine; COLLOMBAT Pierre-Yves, Sénateur PS; COQUEREL Eric, MARS - Gauche Républicaine; CORCUFF Philippe, Sociologue; COTTA Jacques, Journaliste et réalisateur; COUPE Annick, Union syndicale Solidaires; COURS-SALIES Pierre, Coordination des collectifs antilibéraux; DAURIAC Jean-Francis, Observatoire de la Démocratie; DEBONS Claude, Ancien animateur du Collectif du 29 mai; DEBREGEAS Georges, Sauvons la Recherche; DEFROMENT René, Syndicaliste; DELAPIERRE François, PRS; DELUCHAT André, Ancien responsable syndical national; DELY Renaud, Journaliste; DENIS Arielle, Mouvement de la Paix; DESALLANGRE Jacques, Député; DESESSARD Jean, Sénateur Les Verts; DETHYRE Richard, Sociologue; DIEHLMANN Françoise, responsable associative; DOLEZ Marc, Député PS; DOUAT Rémy, Mensuel Regards; DREYFUS-SCHMIDT Michel, Sénateur PS; ECKERT Christian, Député PS; FERREIRA Anne, Député européen PS; FILOCHE Gérard, D&S; FOURNEYRON Valérie, Député PS; FOURRE Jacques, Responsable associatif; FRANCO Hélène, Magistrate ; GADREY Jean, Economiste; GARRIDO Raquel, PRS; GARROUSTE Laurent, Inspecteur du travail; GAUTHIER Elisabeth, Transform!; GAYSSOT Jean-Claude, Ancien ministre; GENEREUX Jacques, Economiste; GIRAUD Joel, Député PRG; GONNEAU Jean-Luc, Cactus/La gauche!; GUERIN Julien, D&S; HALPHEN Eric, Magistrat, écrivain; HARRIBEY Jean-Marie, Attac France; HEBERT Jean-Paul, Economiste; HUSSON Michel, Economiste; HUTIN Christian, Député MRC; JANQUIN Serge, Député PS; JOURNET Alain, Sénateur PS; KHALFA Pierre, Union syndicale Solidaires; KRIVINE Alain, LCR; LAIGNEL André, Député européen PS; LAMBERT Jérôme, Député PS; LANGLOIS Bernard, Journaliste; LE NEOUANNIC Pascale, PS; LE STRAT Claire, Politiste; LE STRAT Anne, Les Verts; LEFEBVRE Rémi, Universitaire; LEFORT Jean-Claude, Député honoraire; LEMAIRE Gilles, Ecologiste, faucheur volontaire; LIENEMANN Marie-Noëlle, Député européen PS; LORAND Isabelle, Médecin; MANDRAUD Isabelle, Journaliste; MANGENOT Marc, Economiste-sociologue; MANGEOT Philippe, Enseignant; MARQUAILLE Jeaninne, Forces Militantes; MARTELLI Roger, Fondation Copernic; MASSIAH Gus, CEDETIM-IPAM; MAUREL Emmanuel, Parti Pris; MELENCHON Jean-Luc, Sénateur PS, président de PRS; MERIEUX Roland, Les Alternatifs; MERME Henri, Les Alternatifs; MESQUIDA Kleber, Député PS; MEXANDEAU Louis, Ancien ministre, Forces Militantes; MICHEL Jean-Pierre, Sénateur PS; MICHEL Jean, Député PS; MLATI Fatiha, Cactus/La gauche!; NAÏR Sami, MRC; NATHANSON Jean-Michel, Union syndicale Solidaires; NAUDY Michel, Journaliste; NERI Alain, Député PS; PELLETIER Willy, Sociologue, coordinateur géneral de la Fondation Copernic; PICQUET Christian; QUILES Paul, Ancien ministre, Gauche Avenir; REVOL René, Vice-président de PRS; REYNAUD Marie Line, Député PS; ROGEMONT Marcel, Député PS; ROUSSEAU Michel, Marches Européennes; ROUSSEL Roselyne, D&S; SALESSE Yves, ; SANDRIER Jean-Claude, Député PCF; SARRE Georges, Ancien ministre, MRC; SIEFFERT Denis, Journal Politis; SIRE-MARIN Evelyne, Magistrate, co-présidente de la Fondation Copernic; SOUDAIS Michel, Journaliste; SPIZZICHINO Robert, Forces Militantes; TEPER Bernard, UFAL; TRICOT Catherine, Mensuel Regards; TROUVE Aurélie, Attac France; VACHERON Raymond, Syndicaliste; VACHETTA Roselyne, LCR; VENTURA Christophe, Mémoire des Luttes; VIDALIES Alain, Député PS; ZARKA Pierre, OMOS

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Le CNR Comité National pour le Référendum
www.nousvoulonsunreferendum.eu

2 - Meeting le mardi 27 Novembre 2007 au gymnase JAPY

Le mardi 27 novembre, en soirée, au gymnase JAPY à Paris (2 rue Japy - Paris XIe Métro Voltaire ou Charonne). Avec entre autres Georges SARRE, Marie-George BUFFET et Jean-Luc Melenchon.

Le CNR est non seulement l'occasion d'exiger un référendum populaire pour assurer la souveraineté du peuple français ; mais il est aussi l'occasion de rassembler les militants de gauche et de resserrer les liens qui nous ont tous unis en 2005, au-delà des clivages et des querelles de clochers passéistes.

ReSPUBLICA

3 - justice

1 - Justice : risque zéro pour les VIP

Source Politis
Hélène Franco est juge pour enfants et secrétaire générale du Syndicat de la magistrature.

 

La dépénalisation du droit des affaires est, selon Hélène Franco, le point culminant d’une politique qui n’étend la répression que pour les plus vulnérables.

Cynisme et brutalité sont assurément les deux mots qui résument le mieux le bilan des six premiers mois de la présidence Sarkozy en matière de justice. C’est sans doute dans ce domaine que le projet de société réactionnaire qui est à l’oeuvre est le plus en pointe. Denis Kessler, ex-numéro 2 du Medef, organisation inspiratrice principale du nouveau pouvoir, écrivait récemment : « Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! » Et il ajoutait : « Le problème de notre pays est qu’il sanctifie ses institutions, qu’il leur donne une vocation éternelle. » Il n’est donc pas étonnant que la reprise en main de l’institution judiciaire, au mépris du statut de la magistrature, soit une priorité des actuels gouvernants. C’est pourquoi il n’est pas aisé de savoir quelle est la plus dangereuse mesure prise ces derniers mois : des peines-planchers qui aboutissent au prononcé de peines d’emprisonnement démesurées en contraignant la décision judiciaire à la réforme à la hache de la carte judiciaire, qui se traduit par le sacrifice du service public de la justice d’instance, laquelle est la vraie justice de proximité, les exemples abondent de mesures faisant reculer les droits fondamentaux. Mais le projet le plus caricatural de ce début de législature est sans doute la dépénalisation du droit des affaires. Celle-ci n’a pas été annoncée pendant la campagne présidentielle, mais lancée par Nicolas Sarkozy devant l’université d’été du Medef, le 6 septembre. Il faut dire qu’il s’agit de l’une des plus anciennes revendications de l’organisation patronale. Après avoir, comme ministre de l’Intérieur d’abord, comme président de la République ensuite, oeuvré sans cesse dans le sens d’une extension continue du domaine de la punition à l’égard des plus vulnérables (familles suivies par les services sociaux, gens du voyage, étrangers...), Nicolas Sarkozy proclame une empathie déchirante à l’égard des dirigeants d’entreprise indélicats. Il revendique à leur profit un sanctuaire d’impunité dans un océan de répression et se fonde pour cela sur une vision pour le moins erronée de la réalité : « Une simple erreur de gestion peut conduire en prison », s’alarme-t-il, oubliant de préciser qu’une mise en cause pénale suppose que l’accusation prouve une intention frauduleuse, et que les condamnations pour infractions financières ne représentent que 0,8 % de l’ensemble des condamnations pénales. Qu’importe, c’est encore trop pour ceux qui verraient bien coexister une tolérance zéro pour le plus grand nombre et un risque zéro pour quelques privilégiés. La garde des Sceaux s’y est attelée, elle a récemment installé un groupe de travail sur la « dépénalisation de la vie des affaires ». À cette occasion, elle a rappelé « les sages paroles du doyen Ripert, qui alertait contre une loi pénale excessive : à déclarer indignes tant de gens qui ne le sont pas, on affaiblit l’indignité de ceux qui le sont ». Rappelons que « le doyen Ripert » fut ministre de Pétain. « Adieu 1945 », disiez-vous ?

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Hélène Franco L’Observatoire du 6 mai

2 - Dati, l'heure du doute

Source: Nouvel Observateur

Symbole de la diversité, atout charme des voyages officiels et pièce maîtresse du système Sarkozy... Tout semblait sourire à la garde des Sceaux. Mais voilà que sa réforme de la carte judiciaire, imposée sans ménagement, provoque une révolte de la magistrature et du barreau : réunions houleuses, manifs et bientôt grève le 29 novembre... Pour ne rien arranger, Dati est aussi en butte aux critiques de plus en plus acerbes des grognards et des maréchaux de l'UMP qui prennent ombrage de sa ligne directe avec l'Elysée. L'icône de la sarkozie traverse sa première épreuve politique, de celles qui vous anéantissent ou vous rendent plus fort. Une enquête d'Agathe Logeart, Hervé Algalarrondo et Lena Mauger

Hostilité, détestation, mépris ? Comment appeler ce qui se lit dans les regards des centaines d'avocats, de magistrats et d'élus, de gauche comme de droite, rencontrés depuis le 12 octobre par Rachida Dati au cours d'un tour de France mené tambour battant (15 déplacements) pour annoncer les modalités de la réforme de la carte judiciaire ? Quelques jours plus tôt, l'ordre était venu de l'Elysée : «Fonce, il faut régler ça avant les municipales ! Après, ce sera trop tard, tout sera rigidifié...» Après avoir reçu des centaines d'élus au cours de l'été, la méthode est calquée sur celle mise au point par Nicolas Sarkozy lorsqu'il était ministre de l'Intérieur et avait décidé de réorganiser les forces de police et de gendarmerie. Seulement, le monde de la justice n'a rien à voir avec celui des forces de l'ordre, et sans doute la garde des Sceaux n'a-t-elle pas l'autorité naturelle de son patron. On moque «Attila-Dati, Dati Danielle», on ricane au passage du «Dati tour». Elle affronte les manifestations, les caricatures parfois graveleuses, les slogans souvent sexistes des opposants à la réforme tenus à bonne distance des palais de justice où elle vient égrener ses décisions comme un métronome. Comment, dans ce climat, faire croire que l'on vient ici fournir enfin les instruments d'une justice mieux organisée, plus performante ? L'ambiance est électrique et le service d'ordre, nerveux. Ce n'est plus la France 2007, c'est Palerme années 1970. Il y a des incidents, des coups. Une avocate blessée à Colmar, une greffière traînée par les cheveux à Paris.

Le scénario - toujours le même - exaspère. Première rencontre avec les élus UMP Puis, ouverte aux élus de tout bord, ensuite réunion au palais de justice avec les personnels «impactés», comme ne cesse de le répéter la ministre de la Justice. Au cours de ces échanges à huis clos, auxquels nous avons pu assister, les «impactés» ont la tête des très mauvais jours. La chancellerie a beau dire que seuls 3% des fonctionnaires (1 244), 4,7% des magistrats (360) et 503 avocats (1,1%) seront concernés, une vingtaine de tribunaux de grande instance - et autant de barreaux - seront supprimés, 200 tribunaux d'instance sur 473, les tribunaux de commerce regroupés ainsi que les prud'hommes : pour le monde des robes noires, c'est une révolution, dont la logique et les modalités, souvent, échappent, même aux mieux disposés. Le programme du candidat Sarkozy avait envisagé une réforme qui avait le mérite de la simplicité : une cour d'appel par région, et un tribunal de grande instance par département. Simple, mais tellement éloigné des réalités qu'il avait fallu, «à l'arrache», changer de dispositif. Etudier les critères géographiques, les évolutions démographiques, évaluer l'activité des juridictions, contentieux par contentieux, consulter les chefs de cour et les préfets, se garder de sembler favoriser ses amis politiques : donc assumer leur colère autant que celle des élus d'opposition. Secouer tous ces ingrédients dans un shaker et dessiner des cartes. Communiqués parfois la veille ou le jour même aux intéressés, les schémas sont ressentis comme des sentences. A Rennes, la présidente du tribunal de grande instance de Morlaix (supprimé) prend la parole dans la grande salle du l'ancien Parlement de Bretagne. Elle s'adresse à Rachida Dati dans un silence de plomb. «Madame, vous avez en face de vous un juge brisé.» Son tribunal marche bien, c'est «comme une famille». Les locaux viennent d'être rénovés. «Je ne veux pas être le mandataire liquidateur de mon tribunal.» Déjà, explique-t-elle, les femmes fonctionnaires qui ont des enfants envisagent de prendre une retraite anticipée, alors qu'elles n'en ont aucune envie. «Mais elles ont fait leur vie ici, et n'ont pas les moyens d'en changer.» La présidente de Guingamp (supprimé) dit qu'elle est «en état de sidération». Une fonctionnaire s'emporte : «Vous, vous gagnez peut-être 14 000 euros par mois. Nous, c'est 1 400. Et on fait comment si on supprime notre tribunal ?» La salle grogne, quand la ministre de la Justice, dans une vaine tentative d'apaisement, commente : «Bien sûr, quand on dit à quelqu'un qu'il va changer de boulot, ça crée de l'émoi.» «Boulot» : est-ce un vocabulaire de garde des Sceaux ? «Emoi» : le mot paraît si faible face à ce qui commence à ressembler à une jacquerie... Pierre Méhaignerie, ancien garde des Sceaux, a séché la réunion des élus. Il a fait connaître son courroux. Marylise Lebranchu - ancienne garde des Sceaux - est là, elle. Comme tant d'autres auparavant, elle aussi a voulu réformer la carte judiciaire, une réforme indispensable, que la cohabitation n'avait pas permise. Mais elle avait fait faire des rapports, des études d'impact, elle connaît le sujet sur le bout du doigt. Et ne met pas son mouchoir dans sa poche : «Madame, vous nous prenez pour des enfants irresponsables. Il n'y a eu aucune concertation. Je ne trouve ni la logique ni la politique dans ce que vous nous annoncez. Il n'y a pas de clé de lecture de cette réforme. Vous fabriquez des drames territoriaux.» Sarkozy a dit qu'il prenait les Bretons «pour des cons», se moque l'ancienne ministre en aparté : «Il l'a démenti, paraît-il. Mais avec Rachida Dati, c'est bien vrai. On prend les Bretons pour des cons. Entre Brest et Saint-Brieuc, il n'y a plus rien ! C'est le désert.» Louis Le Pensée, sénateur du Finistère et ancien ministre de la Mer, déplie son grand corps. Il est le vieux sage de la Bretagne, un homme écouté, respecté, bien au-delà des clivages politiques. «Madame, je refuse d'entrer dans un simulacre de procédure contradictoire. J'ai écrit à votre cabinet. N'ai même pas reçu d'accusé de réception. Et quelle audace ! J'ai même téléphoné, sans plus de succès. Sachez qu'on ne bafoue pas impunément les élus locaux ni les élus nationaux. Ceux qui ne sont pas venus ont eu raison, quand on voit comment vous faites fi d'une certaine éthique de comportement. Mais cette expression doit résonner comme un gros mot à vos oreilles !» Elus de gauche, qui s'estiment délibérément mal traités, comme François Hollande à Tulle, ville-préfecture dont le TGI est rayé de la carte, ou Delphine Batho - qui a pris la suite de Ségolène Royal à Melle -, qui perd son tribunal d'instance ? Pas seulement. En Mayenne, Vendée, Charente-Maritime, à Saint-Gaudens et à Marmande, dans toute la France, les élus de droite aussi vitupèrent. Certains menacent de refuser de voter le budget de la justice. Rachida Dati fait front, comme elle peut. Mais les attaques portent. Elle entend parfaitement les murmures : «Quand on se fait élire dans le 7e arrondissement de Paris, c'est ceinture et bretelles. Aucun risque. Nous, c'est autre chose : nos circonscriptions, on les arrache avec les dents.» Elle sent ce regard lourd qui pèse sur elle. Elle sait bien que son petit côté Audrey Hepburn - si tendance... - ne les impressionne pas. Veste cintrée de cuir noir, pull à col roulé de fine laine grise, pantalon strict et ballerines pointues discrètement pailletées, elle ne leur ressemble pas. Ni aux élus ni aux gens de robe. Une nomination spectaculaire à la chancellerie et un parachutage confortable ne l'ont pas fait entrer dans leur monde. Elle n'a que cinq ans de magistrature au compteur : trop peu pour gagner le respect de ces hermines dont elle vient bouleverser la vie. Quand elle a le cafard, elle glisse : «Un animal dans un zoo, voilà comment ils me voient.» Elle a beau, pfft pfft, sortir son bâton de rouge et, vite fait bien fait, redonner de la couleur à ses lèvres, redresser le dos, plaquer un sourire sur un visage qui en quelques mois a perdu ses rondeurs, malgré l'amidon des conventions, les courbettes d'usage, le cérémonial suranné, elle sent l'hostilité, palpable, de ses assemblées qui la tolèrent plus qu'elles ne l'accueillent.

Quelques mois seulement qu'elle a remplacé, Place-Vendôme, le si policé et si effacé - Pascal Clément. On ne lui a rien pardonné. Le départ houleux de son directeur de cabinet et de six de ses conseillers. La loi si controversée sur la récidive. Les projets de dépénalisation du droit des affaires, de suppression des non-lieux pour troubles psychiatriques. Les nominations imposées malgré l'opposition du Conseil supérieur de la Magistrature. La convocation brutale à la chancellerie du vice - procureur de Nancy, accusé d'avoir brocardé le texte sur les peines planchers, suivie d'un maladroit rétropédalage. Et cette façon si particulière de casser les codes. Un haut magistrat, qui pourtant ne la déteste pas, souligne sa propension «à manier la trique et à ne pas vouloir en démordre». A rester figée dans une attitude caporaliste. «Il ne faut jamais dire à des procureurs que le ministre est le chef des parquets. Même si, à la lettre, ce n'est pas tout à fait faux, il leur est insupportable d'être considérés comme des préfets.»
Nicolas Sarkozy, laissant entendre qu'il a l'impression de se trouver face «à des petits pois, la même couleur, le même gabarit, la même absence de saveur», quand il se trouve devant une assemblée de magistrats, n'a guère aidé sa protégée. «Rachida et les petits pois» : titre d'un mauvais feuilleton que le monde judiciaire, depuis, se repasse en boucle, la mine dégoûtée. Devant le congrès de l'USM (Union syndicale des Magistrats, majoritaire aux élections professionnelles avec 62% des voix), son président, Bruno Thouzellier, ne le lui a pas envoyé dire, exprimant la lassitude des magistrats d'«être présentés comme une caste de privilégiés», «des produits standardisés d'un système que vous devriez réformer à marche forcée». Foulards et cravates à pois, quelques-uns des congressistes avaient choisi de renvoyer à la ministre la monnaie de sa pièce. Depuis, les choses ne se sont pas arrangées.

Exaspérés par sa surexposition médiatique - les robes Dior, les séjours à Brégançon ou à Wolfeboro, les voyages à Marrakech ou à Washington au plus près du chef de l'Etat -, par les récits en boucle du parcours édifiant d'une petite fille méritante issue d'une pauvre famille immigrée, les magistrats l'ont prise en grippe. A la fin du mois d'octobre, une petite phrase - écrite sans guillemets dans un hebdomadaire - laissant entendre que Rachida Dati se serait plainte d'attitudes racistes et machistes émanant du monde judiciaire en général et syndical en particulier déclenche une bronca inédite. Bruno Thouzellier exige en vain un démenti officiel. La ministre se refuse à «commenter des commentaires». Thouzellier enrage : «Je ne suis pas payé pour me faire traiter de raciste. Quand nous nous sommes expliqués, cela a été très violent. J'ai l'impression qu'elle n'écoute pas, comme si elle se plaçait dans une forme d'autisme, d'enfermement psychologique. Ce climat est sans précédent.» Emmanuelle Perreux (Syndicat de la Magistrature, 27,9% aux dernières élections professionnelles) n'est pas mieux disposée : «J'en ai assez qu'elle prétende qu'on la critique en raison de son parcours ou de ses origines. Son histoire personnelle m'indiffère. Ce sont ses réformes et ses méthodes que nous critiquons, pas sa personne. Franchement, cela suffit ! Ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'elle a réussi à fédérer les mécontentements. La colère qui monte est très forte. La détresse des fonctionnaires est poignante. Et on prétend réformer au nom de la modernité. Ce n'est pas de la modernité. C'est du management aveugle.»

Le 29 novembre, avec une détermination et une unité rarement observées dans le monde de la justice, un mouvement national de grève est lancé à l'appel du Syndicat de la Magistrature et des principales organisations de fonctionnaires, Usaj, CGT et CFDT. L'USM, qui veut «dire non à la politique du mépris», se joindra au mouvement, sans pour autant appeler à bloquer les tribunaux. Rachida Dati, ou quand les petits pois se rebiffent...

Logique comptable

Soixante-quatorze avocats à Brive, vingt-six à Tulle : la messe est dite. Préfecture ou pas, Tulle saute et Brive reste. C'est un critère - discutable - parmi d'autres. L'éloignement : sous l'Ancien Régime, un tribunal ne devait pas être à plus d'une demi-journée à cheval. Aujourd'hui, on calcule en kilomètres, et quelquefois, mais pas toujours, on tient compte du verglas sur des routes en lacets. Le nombre d'affaires jugées ? Moins de 1 000 affaires au civil ou 1 500 au pénal, et le couperet tombe. 600 postes de magistrats (sur 8 000 !) pour lesquels ne postule aucun candidat ? C'est aussi un problème, comme ces tribunaux d'instance où les magistrats viennent à tiers de temps ou tiennent des audiences foraines. Etalée sur trois ans, la réforme doit être «socialement accompagnée». 1,5 million d'euros sont disponibles en 2008. Les avocats négocient en ce moment au couteau la compensation de l'inéluctable perte de leur chiffre d'affaires. La présence de la défense pourrait être rendue obligatoire là où elle ne l'était pas, ce qui n'arrangera pas ceux qui ne peuvent prétendre à l'aide juridictionnelle.
Des problèmes immobiliers se posent aussi : plusieurs centaines de millions d'euros, estime le ministère de la Justice, seront nécessaires sur cinq ans. Et c'est bien dommage pour les juridictions qui viennent d'être rénovées, et dont la fermeture a été entérinée. On verra une fois que tout sera décidé. On tranchera par décret et non par la loi. C'est nettement plus rapide, et cela évite le débat.

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Agathe Logeart Le Nouvel Observateur

4 - combat laïque

1 - A propos de l'affaire Truchelut : nous disons non à la politique du soupçon

La liberté d'opinion n'est pas divisible

Soutenir Mme Truchelut sans condition revient, qu'on en soit conscient ou non, à vouloir une loi interdisant le port des signes religieux dans la société civile (dans la rue, les commerces, les transports, etc.). Il est en effet contradictoire de dire « je suis d'accord pour accepter les signes religieux dans la société civile, ... mais je n'en veux pas dans mon gîte ! ». Pour sortir de la contradiction, les partisans du soutien sans condition à Mme Truchelut seront amenés à réclamer une loi interdisant le port des signes religieux partout au sein de la République, aussi bien dans la sphère de l'autorité publique (qui est laïque et qui doit le rester) que dans l'espace de la société civile, espace dans lequel l'usage des libertés publiques est garanti par la République. Parmi celles-ci, il y a la liberté d'opinion. Jusqu'à ce jour, l'affichage des signes politiques ou des signes religieux fait partie intégrante de l'exercice de cette liberté.
La liberté d'opinion ne se divise pas. Celle qu'utilise une femme voilée pour brandir son signe d'aliénation est, dans sa forme, la même liberté que celle dont j'use pour la critiquer et dénoncer l'islamisme. La République a établi les libertés publiques dont nous jouissons dans la société civile : elle doit les garantir dans tous les lieux qui relèvent de l'espace civil, y compris dans les gîtes.

Une liberté encadrée par la loi

Toutes les libertés publiques sont bien entendu encadrées par la loi. Cela vaut aussi pour la liberté d'opinion. Une femme voilée exerce sa liberté d'opinion. Mais elle doit le faire dans les cadres prévus par la loi.
Ainsi, le port d'une « cagoule intégrale » (celle qui masque le visage) est d'ores et déjà interdit. Pour des raisons évidentes de sécurité publique, le visage d'une personne doit être identifiable. La burqa étant une cagoule intégrale, elle tombe sous le coup de la loi. De même, aucune parure n'est tolérée sur les photos d'identité. En vertu de ce même principe, on peut exiger d'une candidate au baccalauréat qu'elle retire son voile le temps de vérifier son identité. Il en va de même pour une religieuse.
Soulignons que l'organisation des manifestations collectives (processions religieuses, manifestations syndicales, etc.) est soumise à autorisation publique. Leur déroulement est de plus surveillé par la police. La loi oblige à des procédures semblables lors des grands rassemblements (meetings, fêtes politiques, messes dans l'espace public). Précisons enfin qu'il est possible d'arborer un signe d'appartenance politique ou religieuse dans un commerce mais qu'il est en revanche interdit de transformer ce même commerce en lieu de meeting ou de prière. Si tel est le cas, le commerçant est fondé à en référer aux forces de police : il y a alors trouble à l'ordre public.
Nous venons de rappeler les limites fixées par la loi à la liberté d'expression. Lorsqu'une femme arbore le voile islamique en restant dans ces limites, elle use de sa liberté d'opinion. Quand bien même la façon dont elle en use nous déplaît, elle n'est pas hors-la-loi. Posons-nous la question : que serait une liberté qui interdirait les opinions qui nous déplaisent ? Va-t-on suivre sur cette voie les intégristes et le MRAP, qui voulaient interdire la publication des caricatures de Mahomet ou qui exigeaient une législation sur le blasphème ?

La fiction du juge divisé en lui-même

On peut être d'accord avec Mme Truchelut sur le sens qu'il convient de donner au voile islamique : ce n'est pas un simple signe religieux, c'est aussi un signe de discrimination sexiste. C'est, en outre, un signe qui cache une volonté politique et morale qu'il faut combattre. On peut partager cette analyse avec Mme Truchelut sans pour autant la soutenir inconditionnellement. Pour nous faire entendre, faisons la fiction d'un juge qui serait divisé en lui-même, qui serait écartelé entre sa position de citoyen et sa fonction de juge (cela arrive bien plus souvent qu'on ne le croit). Ce juge partagerait, comme citoyen, les positions de Mme Truchelut : il verrait dans le voile islamique un signe de discrimination. Malgré tout, en tant que juge, il se peut qu'il sanctionne le délit de Mme Truchelut.
Comment comprendre ce paradoxe du juge divisé en lui-même ? Dans sa fonction, le juge se doit de distinguer entre la présomption de discrimination et le délit de discrimination. Dans le cas du voile, il y a certes présomption de discrimination, mais non pas délit de discrimination. Or un juge ne peut sanctionner que si le délit est constitué, que s'il y a « corps du délit ».

Présomption de discrimination ou délit de discrimination

Restons sur ce paradoxe et essayons de nous faire comprendre. On peut reprendre, pour ce faire, la fiction juridique imaginée par un de nos contradicteurs : « que diriez-vous, objecte-t-il, si les femmes voilées portaient une pancarte « les femmes sont des êtres inférieurs » ? ». Précisément, ce cas serait discriminant : avec le port d'une telle pancarte, le délit de discrimination serait constitué. Il y aurait corps du délit. On serait alors face à une situation semblable à celle de l'imam de Vénissieux, qui avait déclaré qu’un mari peut battre sa femme puisque c’est dans le Coran. Le délit étant constitué, le juge avait pu sanctionner ces propos infamants.
On voit bien où est le problème. Le simple port du voile islamique ne suffit pas à constituer un délit de discrimination. Aux yeux du droit, le voile islamique n'est qu'une présomption de discrimination. Conseillées par leurs avocats, les femmes voilées vont toujours dire qu'elles ne font qu'afficher un signe religieux. Elles ne reconnaîtront jamais qu'il s'agit d'un signe de discrimination. Si elles le nient, c'est parce qu'elles savent très bien qu'elles tomberaient alors sous le coup de la loi. Sur le plan strictement juridique, leur situation est identique à celle de la religieuse : elles portent toutes deux une parure religieuse. Toute interprétation supplémentaire relève aux yeux de la loi de la pure et simple présomption.
Revenons à notre juge écartelé entre sa position de citoyen et sa fonction. Comme juge, celui-ci n'a pas le droit de condamner sur simple présomption de discrimination, même si à ses yeux de citoyen cette présomption est forte. De la même façon, un juge ne peut condamner des malfrats au seul motif qu’il les soupçonne de préparer un cambriolage : il faut qu'il y ait des preuves matérielles de cette préparation ou un commencement d’exécution.
Faut-il déplorer que la loi ne sanctionne le délit qu'à condition qu'il soit constitué ? Dire que la simple présomption suffit à constituer un délit, c'est ouvrir la voie à une politique du soupçon, à une justice inquisitoriale qui menacerait nos libertés publiques.

Non à une politique du soupçon. Non au maccarthisme

Que les partisans du soutien inconditionnel à Mme Truchelut ne s'y trompent pas. Comme citoyens nous sommes d'accord avec eux sur le sens qu'il convient de donner au voile. Dans l'affaire du voile à l'école, dans l'affaire des caricatures, dans l'affaire Redeker, nous avons mené une lutte sans concession contre l'intégrisme. Nous savons, du reste, que d'autres luttes sont encore à venir.
Mais il y a une limite que nous ne franchirons jamais. Au nom du refus de l'islamisme en général et du voile islamique en particulier, nous n'irons jamais jusqu'à cautionner une politique du soupçon, c'est-à-dire une politique qui juge et qui enferme sur simple présomption.
On sait où ce genre de politique mènerait immanquablement la République. Nous en avons un exemple sous nos yeux. Aujourd'hui, le simple soupçon d'accointance avec l'islamisme politique peut mener quiconque à Guantanamo. Cela se passe en ce moment même aux Etats-Unis : au nom d'une politique du soupçon, les libertés publiques sont purement et simplement suspendues. Les Etats-Unis sont d'ailleurs coutumiers du fait : dans les années 50 déjà, le simple soupçon de sympathies communistes suffisait à ouvrir la chasse aux sorcières. Cela s'appelait le maccarthisme.
Nous ne suivrons pas ceux qui, au nom de l'horreur du voile, veulent favoriser une politique du soupçon et instituer un ordre moral. Nous ne confondons pas présomption de discrimination (porter le voile) et délit de discrimination (dire explicitement que les femmes sont des êtres inférieurs ; leur réserver un « droit spécifique » tel que le code de la famille dans certains pays). Cela ne nous empêche nullement de dénoncer le voile et de combattre l'idéologie totalitaire qui l'instrumentalise. Sur ce plan, notre détermination est au moins égale à celle des inconditionnels de Mme Truchelut.

Défendre la République laïque et démocratique

Si nous refusons toute politique du soupçon, c'est aussi en vertu d'une conception de la République. Notre République est à la fois laïque et démocratique. Au coeur de la République fonctionne un dualisme de principe : la sphère de l'autorité publique est soumise au principe de laïcité, principe qui exige la suspension des appartenances. C’est pourquoi nous avons lutté en faveur de la loi du 15 mars 2004 interdisant le port de signes religieux à l’école. La société civile (la rue, les commerces, les transports, etc.) n'est pas soumise au principe de laïcité : elle est régie par le principe de tolérance. La société civile est en effet le lieu où prévalent nos libertés publiques, libertés sans lesquelles aucune démocratie n'est possible. Dans la République, la laïcité n'est pas illimitée. La tolérance non plus. Le principe de laïcité et le principe de tolérance se limitent réciproquement. La laïcité prévaut dans la sphère de l'autorité publique (sphère fermée à la tolérance), la tolérance prévaut dans la société civile (espace fermé à la laïcité). La laïcité n'est donc pas une fin en soi : elle est un moyen que la République s'est donné afin d'instituer la démocratie et de la mettre à l'abri des visées communautaristes.
On le voit bien : notre République ne tiendra que tant qu'elle restera ferme sur ce dualisme de principe. Supposons qu'elle cède aux partisans du « tout-tolérance » : aussitôt elle se transformerait en démocratie communautariste. Supposons qu'elle cède aux partisans du « tout-laïcité » : aussitôt les libertés publiques qui doivent prévaloir dans la société civile seraient menacées au profit de ce qu'il faut bien appeler une politique du soupçon, politique qui servirait de fer de lance à l'ordre moral.

Marie Perret professeur agrégée de philosophie

Catherine Kintzler www.mezetulle.net
Auteur de "Qu’est-ce que la laïcité ?", publié chez Vrin, 2007.

Jean-Marie Kintzler

2 - Catherine Kintzler: «la laïcité engage un modèle politique fondé sur un paradoxe : c'est la supposition de la suspension du lien communautaire qui rend possible la formation du lien politique»

Dans cet entretien à l'Observatoire du communautarisme, Catherine Kintzler, professeur de philosophie à l'université de Lille-III, résume le propos de son dernier essai Qu'est-ce que la laïcité ? (Vrin, 2007), solide réflexion philosophique sur la notion de laïcité. Elle revient également sur la dernière décennie - pendant laquelle on aura beaucoup polémiqué autour de la laïcité, sur le sens d'un engagement ou d'un militantisme laïque, enfin sur la nature du féminisme républicain qu'elle oppose au féminisme essentialiste.

vrin-CKObservatoire du communautarisme : Quelle est la thèse centrale de votre essai Qu'est-ce que la laïcité ? (Vrin, 2007) ? En quoi prolonge-t-il vos travaux antérieurs sur le concept et le principe de laïcité ?

Catherine Kintzler : Je pars dans cet ouvrage d'une distinction que j'ai déjà étudiée auparavant entre tolérance et laïcité et je lui donne un développement philosophique plus large. Le dispositif de pensée est très différent dans les deux concepts et cette différence conduit à réfléchir sur la forme de l'association politique.

A la différence de la simple tolérance, qui pose la question de faire coexister les libertés telles qu'elles sont, les gens tels qu'ils sont, les communautés telles qu'elles sont dans une société donnée, la laïcité construit un espace a priori qui est la condition de possibilité de la liberté d'opinion de chacun. Cela semble très complexe et très abstrait, mais il s'agit tout simplement de construire un espace qui ne se contente pas de prendre en compte les données sociales, qui ne fonctionne pas avec des groupes d'influence. La liberté de chacun est reconnue a priori, pourvu qu'elle reste dans le cadre du droit commun : j'ai le droit d'avoir une religion, de ne pas en avoir, d'en avoir une dont je suis le seul fidèle… Il faut aller jusqu'au comble de l'abstraction pour exprimer cela : dans un Etat laïque, on assure la liberté de chacun, y compris de celui qui n'existe pas, parce que c'est celui-ci qui est le critère de mon droit réel. Cette abstraction est en réalité très concrète : lorsque je m'arrête au feu rouge à 3 h du matin et qu'il n'y a personne de l'autre côté, je respecte le droit d'une personne fictive. Mais cette personne, c'est également moi : je pourrais être là-bas. La laïcité fonctionne un peu comme cela à l'égard de la liberté de croire et de ne pas croire : elle est la condition de possibilité de la tolérance qui règne dans la société civile et elle assure toute liberté d'opinion, pourvu que celle-ci respecte le droit commun. C'est un dispositif aveugle qui ne regarde pas s'il y a telle ou telle religion, telle ou telle opinion, et qui ne se demande jamais si telle ou telle religion, telle ou telle opinion est numériquement importante. On a le droit de croire et de penser comme personne d'autre ne le fait…

On voit tout de suite que le principe de laïcité est fondé sur la priorité absolue du droit de l'individu sur celui de tout groupe. Pour faire respecter mon droit je n'ai pas besoin de m'associer à d'autres pour former un groupe de pression. Non seulement je n'en ai pas besoin, mais aucun groupe en tant que tel n'a plus de droits qu'un individu : le fondement de la décision politique n'est pas dans l'obligation d'appartenance, l'association politique repose au contraire sur la suspension des appartenances, sur la volonté de chaque citoyen. C'est un modèle anti-communautaire par définition. Cela ne signifie nullement que les communautés sont absentes : elles peuvent parfaitement recevoir un statut juridique, mais elles n'ont aucune compétence politique. Je peux appartenir à une communauté, je peux changer de communauté, je peux me soustraire à toute communauté : mes droits restent les mêmes. Pour jouir de mes droits, je n'ai pas besoin de passer par une « minorité » de pression, visible ou pas : je n'ai pas besoin de me constituer avec d'autres en groupe d'influence. Mais bien entendu cela n'est pas interdit ! Un groupe peut essayer de peser sur une décision politique, mais jamais il ne sera reconnu en tant que tel comme faisant partie de l'autorité politique, laquelle ne peut être exercée que par les citoyens et leurs représentants élus.

C'est pourquoi je dis dans mon livre que la laïcité engage un modèle politique fondé sur un paradoxe : c'est la supposition de la suspension du lien communautaire qui rend possible la formation du lien politique. Autrement dit, dans une association politique laïque, la proposition je ne suis pas comme le reste des hommes est non seulement une proposition que chacun peut revendiquer, mais elle est au fondement même de la cité.

En termes philosophiques, on peut dire que la laïcité a pour base une sorte de « vide expérimental » : c'est comme un tube de Newton, on fait abstraction de certaines données pour voir apparaître un principe fondamental. Ici le vide, c'est celui de la croyance et de l'incroyance comme doctrines, comme contenus : la laïcité fait le vide sur ce que nous croyons ou pas, elle dit « la puissance publique n'a pas besoin pour être et pour être pensée d'un quelconque acte de foi ». C'est une position minimaliste.

Cette position minimaliste écarte donc tout contenu doctrinal de croyance (ou d'athéisme) du fondement de la loi : on peut et on doit faire des lois sans avoir besoin de se référer à une croyance quel que soit son contenu. C'est une incroyance formelle : on n'a pas besoin d'être croyant sur la question du lien pour former association politique. Le seul lien nécessaire, le lien politique, n'est pas appuyé sur un acte de foi puisqu'il suppose au contraire que chacun pourra être le plus indépendant possible de tout autre et de tout groupe.

Ici apparaît le noyau philosophique de la laïcité : c'est une association politique qui écarte toute religion civile, qui ne fait pas de la loi elle-même un acte de foi. L'association ne repose pas sur une adhésion dont le modèle est l'adhésion religieuse, mais sur un consentement mutuel garantissant des droits. C'est pourquoi je dis souvent que ce qui est opposé à la laïcité, ce ne sont pas les religions, c'est la partie civile des religions, leur prétention à faire la loi au nom d'une communauté ou d'un ensemble de communautés préconstituées, préalables à l'association politique elle-même. Et j'ajoute : ce qui est absolument contraire à la laïcité, c'est la religion civile, l'idée que la loi doit être acceptée comme une forme de croyance, qu'on doit y adhérer, qu'il faut l'aimer, comme un acte de foi.

C'est pourquoi je suis très critique à l'égard de toutes les déclarations brandissant des « valeurs » comme des dogmes intangibles auxquels il faudrait croire. Les valeurs ne sont que des objets de croyance, elles peuvent être supplantées par d'autres valeurs, par définition les valeurs fluctuent, elles sont sujettes à une mode d'opinion. En revanche, des principes rationnels minimaux n'ont pas besoin d'être traités comme des objets de culte : on les discute, on y consent parce qu'on en établit l'utilité et la nécessité, et on les améliore au fur et à mesure que l'expérience politique s'enrichit. C'est beaucoup plus solide et beaucoup moins dangereux car cela repose sur la discussion. Et puis c'est beaucoup moins pesant : on n'est pas tenu à l'adhésion, on n'est pas obligé de les aimer.

Dans mon livre, je retrace cet itinéraire conceptuel par une séquence de trois grandes références classiques qui ont construit les jalons essentiels en posant et en répondant à la question : « peut-on fonder l'association politique en dehors de toute référence religieuse ? ».

Le mérite de l'avoir posée clairement revient à Locke, grand théoricien de la tolérance. Il répond de manière extrêmement intéressante parce qu'il dégage le problème principal : on peut et on doit rester indifférent à ce que les gens croient, mais on ne peut pas rester indifférent à l'acte même d'adhésion – et il exclut donc les incroyants de l'acte politique parce qu'ils sont incapables d'adhésion. Bien entendu la théorie de Locke est bien plus riche, mais je m'en tiens à cette question qui me semble déterminante.

Une étape supplémentaire va être franchie par Bayle, qui va au contraire penser que les incroyants peuvent être admis dans l'association politique du fait qu'ils ne peuvent prétexter aucune autorité transcendante pour récuser les lois… C'est vrai ! Mais on reste tout de même sur une question de fait « que fait-on de ceux qui ne croient pas ? ».

Il faut attendre la Révolution française et Condorcet pour que la question soit articulée de façon totalement différente : non seulement le fait de ne pas croire n'est pas gênant, mais c'est précisément la non-nécessité de tout lien préalable qui fonde l'association républicaine. On revient donc à la thèse de Locke, mais elle est retournée : ce que Locke pensait être rédhibitoire pour former association, c'est précisément cela qui va être placé au principe de l'association ! L'obstacle (l'absence de croyance à un lien préalable sur le modèle du lien religieux) est transformé en condition de possibilité de l'association politique.

A cela j'ai ajouté une réflexion plus large, débordant le cadre de la stricte philosophie politique, sur les rapports entre la laïcité et une conception de la culture, une façon dont la pensée se rapporte à elle-même et que je rapproche du concept des humanités. Car si on consent à un fondement immanent de la cité, si on s'efforce de la construire sur un socle qui écarte a priori toute référence transcendante, cela met la pensée en relation avec elle-même. Pour construire la cité, la pensée et les efforts humains ne peuvent compter que sur eux-mêmes.

Cela entraîne une conception critique, une réflexion sur la façon dont la pensée peut et doit elle-même se réfléchir, se corriger, s'améliorer : et cela est inséparable d'une expérience et d'une théorie de l'erreur. Parce qu'elle veut faire l'économie de la transcendance, la laïcité ne peut pas faire l'économie d'une réflexion critique, d'une position critique. Ne pas croire préalablement à un lien, c'est s'obliger à réfléchir au bien-fondé des lois et de tout ce qu'on fait et de tout ce qu'on pense. Il y a un devoir de la pensée à l'égard d'elle-même qui devient virulent dans une association laïque plus qu'ailleurs : je ne dis pas que ce devoir est absent ailleurs et qu'on ne s'en préoccupe pas , je dis que si ce devoir est négligé dans une république laïque, alors celle-ci est en danger.

Les dix dernières années ont été marquées par de vigoureuses polémiques autour de la laïcité même. Le monde intellectuel et le monde politique semblent malgré le vote de la loi du 15 mars 2004 ne pas être « au clair » avec les principes laïques… Quel regard retrospectif portez-vous sur la dernière décennie ?

Pour répondre à votre question, j'ai besoin d'abord de bien préciser les champs d'application respectifs des principes de laïcité et de tolérance. Il résulte de ce qui précède que l'abstention caractérisant la laïcité (minimalisme) s'applique à la puissance publique et à ce qui relève de son autorité : ce qui la représente et agit en son nom ou est investi par elle d'une mission. Là, on observe la réserve en matière de croyance et d'incroyance. Par exemples les instituteurs ne doivent pas montrer s'ils sont ou non croyants, pas plus que les policiers, les juges, etc. En revanche dans la société civile (les lieux publics et les lieux privés) c'est le principe de tolérance qui s'applique, dans le respect du droit commun. Dans la rue, dans le métro, chez moi, dans un hall de gare, un musée, etc., j'ai le droit de manifester ma croyance ou mon incroyance. Cela est réglé par le droit commun (par exemple, une procession, une manifestation, sont soumises à certaines contraintes). Cette articulation entre les deux domaines est vitale : c'est précisément pour que les gens soient libres que la puissance publique s'astreint à la stricte abstention. En dehors de cette articulation, la laïcité n'a plus de sens.

Le principe de laïcité est sur la sellette depuis près de 20 ans : c'est l'affaire dite « du voile » à Creil en 1989 qui a ouvert l'abcès. J'ai alors cosigné en novembre 1989, avec Elisabeth Badinter, Régis Debray, Alain Finkielkraut et Elisabeth de Fontenay, l'Appel paru dans Le Nouvel Observateur en faveur d'une interdiction des signes religieux à l'école publique (primaire et secondaire). A l'époque, et cette époque a été close par la loi du 15 mars 2004, on avait affaire à une dérive de la laïcité qui prétendait étendre la tolérance qui règne dans la société civile à une partie de la puissance publique : l'école. Il a fallu, pour que la loi de 2004 soit possible, montrer pourquoi à l'école les élèves aussi sont pris dans le champ de l'autorité de la puissance publique. Cela n'allait pas de soi, il fallait en effet montrer que les élèves sont des libertés en voie de constitution : autrement dit que l'école relève d'un domaine fondateur des droits, et qu'elle n'est pas un lieu de « consommation » ou d'exercice des droits. Cela a été en grande partie démontré a contrario : les affichages ostensibles d'appartenances religieuses rendent de facto impossible l'acte même d'enseignement en abolissant l'espace critique commun dans lequel l'école doit évoluer – et puis cela produisait des affrontements intercommunautaires.

Mais la dérive symétrique existe : vouloir étendre le principe d'abstention à une partie de la société civile, vouloir par exemple interdire les affichages religieux dans un commerce, dans un lieu public comme un restaurant… Cette dérive, que j'appelle « l'ultra-laïcisme », a existé dans l'histoire de la laïcité, elle est restée discrète de nos jours tant que la question de la laïcité scolaire a occupé le devant de la scène. Elle refait surface récemment avec l'affaire dite « du gîte d'Epinal » qui pose la question de l'extension de l'interdiction des manifestations d'opinion religieuse dans un commerce. J'ai pris position très clairement sur cela, et il serait trop long de développer ici tous les arguments[1]. En gros je pense que cette extension serait contraire à la finalité même de la laïcité, qui a pour effet de rendre possible la coexistence des libertés dans le cadre du droit commun. Porter un voile ou une croix ou un drapeau noir à la boutonnière dans un hôtel, esquisser un discret signe de croix avant le repas, c'est un droit, je dois pouvoir le tolérer même si ça me choque, même si ça ne me plaît pas (d'ailleurs à quoi bon la liberté si elle ne bénéficie qu'à ce qui a mon assentiment ?). En revanche, faire sa prière à haute voix dans le salon commun d'un hôtel ou imposer la récitation du Benedicite au début du repas dans un restaurant, c'est empiéter sur le droit d'autrui, c'est un trouble à l'ordre public qu'on ne doit pas tolérer.

Ce qui frappe l'observateur aujourd'hui, c'est la faiblesse des institutions d'éducation populaire et le quasi-abandon par une bonne part de la gauche de toute référence à l'école laïque dans son programme politique. En tant que intellectuelle travaillant sur la laïcité depuis de nombreuses années, quel regard portez-vous sur les différentes initiatives prises ces dernières années (pétitions, création d'association, sites internet de réflexion ou plus polémiques) ? Quel équilibre imaginez-vous entre éducation civique à la laïcité, réflexion politique et militantisme laïque ?

Je crois que la seule éducation vraiment efficace à la laïcité, c'est sa pratique réelle d'une part et son explicitation critique de l'autre : il serait contradictoire d'en faire une « valeur », un prêchi-prêcha pour les raisons que je viens d'aborder plus haut. Il s'agit, dans la vie de tous les jours, de faire la démonstration de sa puissance, de son caractère libérateur. Il s'agit, dans la réflexion abordée en histoire, en instruction civique, en philosophie, d'expliquer le concept dans sa dimension critique, de remonter au dispositif de pensée. Cela peut se faire à tous les niveaux, avec des exemples. Mais je ne suis pas favorable à l'idée d'une « foi laïque », cela me semble relever d'une religion civile. Donc tout ce qui permet le débat est bon. Et la pire chose qui puisse arriver à un concept, c'est de devenir évident, c'est de s'assoupir : c'est de ne plus être pensé. C'est pourquoi je pense que ce que nous vivons actuellement est à la fois une épreuve et une chance pour la laïcité : les attaques, les difficultés et les dérives que nous rencontrons sont l'adjuvant le plus efficace pour réveiller la pensée, pour la mettre en demeure de se préciser, de devenir ferme, de ne pas s'assoupir. Et tout ce qui maintient dans notre pays la mixité à tous les niveaux est une bonne chose : mixité des sexes, des origines, des mariages, des habitats, mixité sociale. Tout ce qui maintient ou produit des « ghettos » est mauvais. Le travail accompli par un site comme l'Observatoire du communautarisme est extrêmement précieux parce que vous soulevez constamment les questions relatives à la segmentation de l'humanité, et que vous distinguez parfaitement entre les « communautés » qui peuvent très bien avoir pignon sur rue, et le « communautarisme » qui consiste à prendre appui sur des « communautés » réelles ou fantasmées pour conduire un projet politique, pour fractionner la collectivité des citoyens.

Autour de la question de la laïcité, on a pu voir se recomposer dernièrement le champ du militantisme féministe, la laïcité structurant et divisant tout à la fois le champ féministe. Quelle analyse faites-vous de cette évolution ? En particulier quelle définition donner à un « féminisme républicain » qui s'opposerait au victimisme et à son corrollaire, discrimination positive par la parité, et qui éviterait la récupération par les idéologies inégalitaires travaillant le monde anglosaxon (en particulier l'impérialisme du Bien théorisé par les néo-conservateurs américains), tout en luttant bien entendu contre les multiples assujettissements dont sont victimes les femmes ?

Je suis féministe au sens où je pense que le droit d'une femme quelconque dans une société donnée est la mesure du droit tout court dans cette société. C'est en regardant les droits d'une femme x qu'on peut juger de l'état du droit pour tous : a-t-elle le droit de contrôler sa vie, de s'instruire, de construire sa propre liberté, d'accomplir les actes de la vie politique et civile sans recourir à une autorisation, de jouir de tous les droits dont jouissent les hommes, d'accéder à toutes les responsabilités auxquelles ils peuvent prétendre, de gérer ses biens, de gagner autant qu'un autre à travail égal, de se promener sans craindre le harcèlement, de s'habiller comme elle l'entend, de choisir ou non la maternité, et aussi de se libérer de la « deuxième journée de travail » ? La liste mériterait d'être allongée, mais c'est ainsi que je définirais le féminisme républicain : il suffit de faire un petit exercice de substitution et de se demander si un homme quelconque perdrait des droits en changeant de sexe. D'ailleurs il faut faire l'exercice dans les deux sens – il me semblerait monstrueux qu'on bascule dans un droit de faveur pour « rattraper » les choses. La discrimination positive me semble injustifiable en raison et dangereuse en fait.

La parité est quelque chose d'artificiel et c'est inefficace : en exigeant abstraitement la présence quantitative des femmes dans la représentation politique, on ne fait rien d'autre que de promouvoir les petites bourgeoises et en plus on introduit ce qu'il faut bien appeler un quota, au détriment de la valeur des unes, des uns et des autres. Il serait bien plus efficace et utile de donner un statut plus adapté aux élus, car ce qui éloigne les femmes des responsabilités politiques, c'est avant tout leur deuxième journée de travail ! De plus, en inscrivant la différence des sexes dans la Constitution là où elle était superflue (puisque personne n'est exclu du droit), on a pris un risque de détermination de la loi qui peut ouvrir la porte à des dérives autrement dangereuses. Et qu'on ne vienne pas me dire qu'il y aurait des droits « spécifiques », réservés aux femmes : le droit qui protège la maternité par exemple est le droit de tous. Le droit d'accéder aux soins est le droit de tous. Le droit de ne pas être violé, de ne pas être harcelé, de ne pas être battu est le droit de tous.

Je ne suis pas féministe au sens « essentialiste », parce que je crois qu'on a un sexe biologique comme on est grand ou petit, comme on a la peau claire ou pas, les yeux petits ou grands, clairs ou foncés, le squelette lourd ou léger, l'estomac fragile ou pas, etc… On doit s'arranger avec ça, et la société ne doit pas faire « payer » à quelqu'un le fait d'être grand ou petit, frisé ou non, brun ou blond, mâle ou femelle. Elle n'a pas non plus à le favoriser pour ce genre de chose. Tout ce qui nous échoit sans qu'on l'ait choisi, il faut l'accepter et essayer de le vivre le mieux possible, et ce n'est un malheur que si la société vous en fait grief, transforme cette donnée en destin.

Il faut méditer sur la fameuse prière ancienne par laquelle, dit-on, un Grec devait remercier chaque jour les dieux de l'avoir fait homme et non femme, grec et non barbare, libre et non esclave. On cite souvent cette prière dans les milieux « progressistes » comme le comble de l'abomination alors qu'elle dit une chose très juste et très profonde : le hasard aurait pu faire naître chaque Grec femme, barbare, esclave. Mais, en énonçant chaque division, elle dit en même temps l'unité de l'humanité, elle dit que les femmes, les barbares, les esclaves font partie de l'humanité, et que l'humanité est niée en eux. Alors il faut ici reprendre et transformer cette prière ambivalente. Chacun doit pouvoir se dire : j'aurais pu avoir le bonheur et le malheur de naître avec l'autre sexe (je pense que le sexe qui nous échoit est à la fois une force et un fardeau…), et c'est pourquoi la loi et la société n'ont pas le droit de décider d'avance que c'est un bonheur ou un malheur, que c'est un privilège ou un handicap.

Notes

[1] Je me permets de renvoyer sur ce sujet à un article publié en ligne : « La laïcité face au communautarisme et à l'ultra-laïcisme » sur mon blog Mezetulle et sur le site de l'Observatoire du communautarisme

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L'Observatoire Du Communautarisme

3 - L'OPUS DEI est déboutée de son procés

Nous publions ci-dessous le communiqué de presse des éditions "Après la Lune" qui annonce l'heureux épilogue de ce procès intenté par l' Opus Dei pour s'être sentie diffamée par l'ouvrage Camino 999.
Les lecteurs de Respublica ne seront pas étonnés de retrouver, comme défenseur de l'Opus Dei, Maître Varaut, décidemment à la pointe du combat laïque et de la liberté d'expression...
La rédaction

camino-999 Les magistrats de la 17e chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris ont tranché. L’assignation en diffamation déposée le 31 mai 2007 par l’Opus Dei contre Catherine Fradier et Jean-Jacques Reboux, auteure et éditeur de Camino 999, a été déclarée nulle, donnant raison à notre avocat, Me Emmanuel Pierrat.
L’Opus Dei a été déboutée de sa demande (30.000 euros de dommages et intérêts) et condamnée à verser à l’auteure et à l’éditeur du roman 2.000 euros de dommages et intérêts au titre de l’article 700 du Nouveau code de procédure civile. Par ailleurs, l’Opus Dei a été condamnée aux dépens et devra donc régler la totalité des frais de justice engagés par cette plainte. L’affaire ne sera donc pas jugée au fond.

La question "Camino 999 est-elle une œuvre diffamatoire envers l’Opus Dei?" ne sera pas débattue devant la justice. Tant mieux pour les écrivains, la liberté d’expression et… nos nerfs ! Cette décision judiciaire est d’une importance vitale. Pour Catherine Fradier, qui va pouvoir continuer à écrire des romans mettant en lumière certains éléments sombres de notre société.
Pour les éditions Après la Lune, qui vont donc pouvoir continuer à exister – une condamnation nous aurait contraint à mettre la clef sous la porte – et à publier des livres de fiction, dans les conditions – difficiles – qui sont celles des petits éditeurs, mais aussi des essais, des pamphlets, des livres pour la jeunesse. Il n’est pas inutile de rappeler que nous avons (brillamment) été défendus dans cette affaire par Me Emmanuel Pierrat, qui a ironisé, lors de l’audience du 7 novembre, sur le fait que l’Opus Dei aurait été mieux inspirée de s’en prendre au Da Vinci Code, éditée par un éditeur du groupe Lagardère – ceci expliquant sans doute cela. La décision des magistrats de la 17e chambre correctionnelle du TGI de Paris lui a donné raison. Camino 999 n’est donc pas un livre diffamatoire, ni, comme le prétendait Me Varaut, avocat de la Prélature, une "fiction journalistique". C’est "juste" un roman (un très bon roman), sélectionné pour le Prix Polar SNCF 2007 et le Prix Cezam des Comités d’entreprise 2008.

TOUT SAVOIR sur le roman de Catherine Fradier, "Camino 999", mis en cause

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Jean-Jacques Reboux Après la Lune

4 - Une Saoudienne condamnée pour avoir parlé de son viol

Un tribunal saoudien vient de doubler la peine de flagellation à laquelle avait été condamnée une jeune femme violée, qui parla de son cas à la presse.

Elle A 19 ans. Elle est mariée et issue de la minorité chiite du royaume. Sa faute ? Avoir rejoint dans une voiture un autre homme que son mari, qui devait lui rendre une vieille photo d’elle. Pour «fréquentations illégales», un tribunal la condamna en oc­tobre 2006 à 90 coups de fouet. En Arabie, les femmes ne doivent pas s’exposer dans la rue avec un homme étranger au cercle familial. Peu importe que la malheureuse ait été violée par sept gros bras qui l’attaquèrent ce jour-là. Elle commit ensuite une autre «faute» : elle parla de son calvaire aux médias. «Une tentative d’envenimer la situation et d’influencer l’appareil judiciaire», l’accuse un nouveau jugement rendu la semaine dernière par la Cour générale de Qatif, qui aggrave la peine à 200 coups de fouet et six mois de prison.

«Une femme courageuse risque la flagellation et la prison pour avoir parlé publiquement de ses efforts pour obtenir justice», s’insurge l’organisation américaine de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch (HWR), pour qui «non seulement ce verdict transmet aux victimes de violences sexuelles un message suggérant qu’elles ne devraient pas porter plainte, mais il offre aussi protection et impunité aux auteurs de ces violences». Quatre seulement des agresseurs de la jeune femme ont été condamnés à des peines allant de un à cinq ans de prison, et de quatre-vingts à mille coups de fouet.

«Pourquoi avez-vous quitté la maison ? Pourquoi n’avez-vous pas dit à votre mari où vous alliez ?» lui répétèrent les juges à la première audience. «Ils criaient sur moi. Ils tenaient des propos injurieux. Un juge m’a traité de menteuse parce que je ne me souvenais pas bien des dates», a indiqué la victime à HRW. Et les foudres de la justice, dominée par les religieux, de s’abattre également sur son avocat. Le juge de Qatif vient de lui interdire d’être présent au tribunal, avant de lui retirer sa carte professionnelle. Ainsi va la justice en Arabie saoudite, premier producteur mondial de pétrole, royaume allié de l’Occident mais qui ne dispose toujours pas d’un code pénal écrit, où les juges ne suivent pas de règles procédurales et où la garde à vue n’existe pas. Heureusement, le 3 octobre, le roi Abdallah a annoncé une réforme d’un système judiciaire archaïque, promettant de nouveaux tribunaux spécialisés et une formation pour les juges et les avocats.

Une justice archaïque

Dans le berceau du wahhabisme, cette version rigoriste de l’islam, la justice est avec l’éducation l’une des principales zones grises d’un régime qui a bien du mal à se réformer. Et ce malgré les appels du pied de ses partenaires occidentaux. À Washington, le département d’État a qualifié ce jugement d’«étonnant». Quant à la France, dont le président, Nicolas Sarkozy, est attendu le 13 janvier à Riyad, elle tente également de faire passer des messages, mais là encore, sans grand succès. Les Saoudiens détestent en effet qu’on leur ­donne des leçons. Il y a quelques années, Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, en fit l’amère expérience, lorsqu’elle osa évoquer, devant son homo­logue le prince sultan, les carences du système éducatif en Arabie. L’entretien dura... sept minutes.

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Georges Malbrunot Figaro

5 - politique française

1 - La gauche est-elle à la retraite ?

La grève dans les entreprises de transport RATP et SNCF semble sur le point de s'achever. Emblématique, cette réforme des régimes spéciaux vise à attaquer non pas des régimes ultra privilégiés, mais à faire un exemple. Sarkozy veut envoyer un signal fort : il est là pour casser du contrat social. La France républicaine, celle des services publics, de l'éducation nationale efficace et performante, des grands organismes oeuvrant pour le développement du pays, de la paix inter-générationnelle ... tout ça c'est terminé. Cet argent investi dans la nation pour le présent et le futur est une manne financière trop importante pour ne pas faire baver d'envie ceux dont la préoccupation quotidienne est de toujours gagner plus (remarquable activité... ).

Cette France républicaine a une valeur financière. L'investissement fait sur des dizaines d'années est un capital important. C'est ce capital qui motive la soif de profit. Rien que sa sécurité sociale a un chiffre d'affaire supérieur au budget de l'état. Quel assureur privé ne rêverait pas de mettre enfin la main sur ce pactole ? De pouvoir s'engraisser sur la santé des personnes. Pour ces gens, outre atlantique est le monde du rêve, et la France, un pays de merde. D'ailleurs, aucun de ces anti-grévistes ne voudrait de la retraite d'un « cheminot privilégié » ... preuve que la réflexion politique de ces personnes s'arrête au niveau du porte monnaie.

Pour faire de la France un paradis « états-unien », les régimes spéciaux doivent sauter. Ils sont un verrou. Et un à un, Sarkozy les démonte. Justice détournée, éducation au rabais, santé franchisée, fonction publique pressurée n'offrant plus que le strict minimum régalien. La France doit offrir la possibilité de piller des vies comme tout bon pays moderne qui se respecte (Belle modernité ! Comme si la modernité ne résidait qu'en cela... ). Le risque de tout cela : provoquer l'excès. C'est la faille dans le plan de Sarkozy : la France n'est pas anglo-saxonne. Sa population ne supportera pas la destruction d'une tradition, d'une culture, d'une éthique qui fonde l'identité de la France. A pourchasser la République partout où elle se trouve, Sarkozy va provoquer l'écoeurement, le ras le bol, faire déborder le trop plein.

Déjà des hommes politiques grincent et s'insurgent... à droite. Les contestations commencent à prendre de l'ampleur et des députés de la majorité menacent de ne pas voter les projets du gouvernement. C'est dire la destruction des valeurs qui est à l'oeuvre... hélas, à gauche, c'est le vide spatial qui règne. Les grèves et le climat social sont à n'en point douter un terrain favorable pour faire passer le discours de résistance, les idées nouvelles, pour monter au créneau et opposer à Sarkozy et ses acolytes un nouveau projet sociétal, à la fois collectif et individuel. Mais rien ! A gauche, même l'écho ne répond plus. Au PS, c'est même la complicité sur le fond des réformes (seule la forme un tantinet abrupte pose des cas de conscience à la direction du parti social-démocrate... ). Au PC, en fin politologue, on joue le pourrissement du PS (ouf ! ça permet de ne pas travailler à l'avenir de la gauche). A la LCR – attention c'est subtil ! – on veut un grand parti de gauche pour s'opposer, mais pas pour gouverner (chacun à ses marottes... ). Cela dit, force est de constater que Besancenot est le seul leader de gauche à se faire entendre.
Bref, la situation sur le ring pose d'un côté un rouleau compresseur qui broie du lien social, casse du système de vie, et ouvre la porte grande ouverte à la misère individuelle. De l'autre, rien ! Le risque est une montée en puissance du mécontentement.
Pire que tout, jouer sur le pourrissement de la situation sociale pour espérer grappiller de quoi revenir à 3% des votes est une erreur colossale. Autant – n'en déplaise à Sarkozy – les citoyens de ce pays sont encore des républicains ; autant, de part cette même tradition politique, ils ne porteront jamais leur adhésion à une absence de projet. La culture française est fondamentalement politique, et cette façon de penser – cette éthique – a façonné les réflexes des citoyens de cette nation : ils ont besoin d'un projet pour voter. L'ignorer à gauche serait une erreur gravissime. Aujourd'hui, les manifestations ne sont que revendicatrices sur le terrain social. Mais au rythme des réformes du gouvernement Sarkozy, une accumulation des frustrations, des reculs et des difficultés va conduire tôt ou tard à un renversement des actions du terrain syndical vers le terrain politique. Or la gauche n'est pas prête à canaliser le mécontentement. Elle n'a pas l'ombre d'un projet de société. Et pour cause ! Nombre de personnes restent campées dans une monoculture politique héritée de penseurs du XIXe qui a conduit à l'ornière du seul terrain économique et social pour concevoir la société. L'individu n'est défini que par le collectif, par sa force de travail et son capital économique. On croit rêver ! Ce schéma, nécessaire au XIXe siècle, a fait son temps, mais certains ne veulent pas s'en défaire de peur de se perdre, comme si « changer » revenait à « trahir ». Alors que la noblesse de l'esprit de gauche est justement dans cette audace du changement, dans cet enrichissement culturel et éthique, c'est une forme inédite de réflexe conservateur qui paralyse la pensée de gauche.

De fait, la gauche est toujours l'ancienne gauche, et n'est pas encore la gauche nouvelle. Si elle compte des militants dispersés, conscients, qui trépignent du pied et veulent en découdre, elle n'a pas de têtes. Ou pire que tout : elle a des têtes qui ne pensent qu'à elles. Il est triste, par exemple, d'en arriver à espérer que les municipales seront l'occasion d'une nouvelle claque pour le PC (la présidentielle n'ayant visiblement pas suffit) et qu'elles permettront aux militants de la base désireux de construire une force nouvelle de se faire enfin entendre auprès des huiles qui grippent le moteur. La gauche ne construira rien si elle ne comprend pas que des chapelles isolées ne mèneront qu'à des guerres intestines et à davantage de fragmentations. Beaucoup l'ont déjà compris, hélas pas tous. Or, tant que la gauche ne sera pas en ordre de bataille, aucun message politique clair ne gagnera la rue, l'état de notre pays ne cessera de se dégrader, et avec lui, la vie de ses habitants.

Guillaume Desguerriers

2 - Célébration du génie colérique

Une fois encore on mesure combien l’univers médiatique dans sa quasi-totalité prétend à l’objectivité en martelant que la raison exigerait la « modernisation » de la société pendant que les archaïques n’y auraient rien compris en voulant maintenir des « injustices », en l’occurrence les « régimes spéciaux ». Or la fameuse « modernisation » n’est que le nom de code d’une opération qu’il faut bien plutôt nommer « libéralisation ». Quant aux prétendues « injustices » des régimes spéciaux, elles relèvent elles aussi du nom de code libéral pour cacher les « acquis sociaux » et le « droit du travail »…

Cette logique politique s’appuie sur une double opération : d’une part, l’oubli d’une catégorie de vrais parasites ; d’autre part, la désignation de boucs émissaires, à savoir les fonctionnaires, fainéants par nature, assistés, privilégiés, preneurs d’otages, on connaît la chanson. Enseignants, personnels soignants, cheminots, salariés d’EDF ou de la RATP sont donc désignés comme les coupables du mal social français, et l’on attire la vindicte sur eux à l’aide de la complaisance médiatique.

La violence concentrée sur ceux-là dispense de la diriger vers les catégories oubliées, à savoir : régimes spéciaux de la fiscalité des parlementaires, chambre haute et chambre basse ; des militaires retraités bien vite recyclés dans la vie active ; des PDG couverts d’or quand ils ont mené leur entreprise à la faillite et qu’on les éloigne de leur directoire ; d’un président de la République qui, après avoir abondamment exonéré ses amis avec le paquet fiscal, puis refusé un coup de pouce au SMIC, s’octroie une augmentation de salaire de 140 % ; des anciens membres du gouvernement ; des collectionneurs d’art… On n’en finirait pas de lister les régimes spéciaux bien plus spécieux que ceux des travailleurs modestes de la fonction publique…

Si d’aventure Sarkozy et les siens sont réellement animés par un désir de justice sociale, d’équité républicaine, alors qu’ils ouvrent des négociations, certes, mais pour toutes les catégories, y compris celles des épargnés cités ci dessus. Or, on le sait, ces coups d’État sémantiques dans lesquels le sarkozysme excelle cachent la vérité d’une politique libérale : la preuve, le Parti socialiste, libéral depuis 1983, fait savoir que ce qu’il reproche à Sarkozy, ça n’est pas le fond de l’affaire mais sa forme.

Sur la question de la « réforme » de l’université : on comprendra également qu’il en va là aussi de sa « libéralisation ». Les étudiants ne s’y sont pas trompés, ils voient bien que le désengagement de l’État républicain se double des pleins pouvoirs donnés à l’argent. La prétendue « autonomie » des universités doit être entendue comme une « dépendance » nouvelle, non plus celle de l’État, mais celle de l’argent. Les « fondations », autrement dit les fortunes privées du capitalisme, sont appelées à compléter dans l’immédiat, puis suppléer bien vite, le budget d’État. Dès lors, la mort des sciences humaines est programmée : quelles entreprises financeraient en effet la philosophie, la littérature, l’histoire de l’art, la musicologie, les études théâtrales, le cinéma, l’esthétique ? Pendant que psychologie et sociologie seraient probablement subventionnées, certes, mais pourvu qu’elles apportent leurs lumières à l’entreprise en fournissant des psychologues compagnons de route aux directeurs des ressources humaines ou des sociologues transformés en hommes de main de l’entreprise…

Seules les sciences dures, parce qu’elles sont susceptibles de déboucher sur des brevets, donc sur un retour en argent, seront soutenues comme investissement économique, mais sûrement pas comme obligation d’une République à travailler à la recherche fondamentale sans souci d’applications militaro-industrielles futures. Le lobby nucléaire financera la physique ; celui de la chimie, la médecine et la pharmacie ; pendant que le patronat arrosera les facultés d’économie et de droit qui enseignent déjà depuis longtemps les vérités du libéralisme et le bien-fondé de la justice de classe… Quelle banque, quel consortium, quelle holding investiront alors dans les secteurs des sciences humaines ?

Enfin, sur la question de la nécessité d’augmenter le temps de travail en regard de l’augmentation de la durée de vie : quelle étrange cécité intellectuelle fait dire - de Parisot à Cohn-Bendit : « Nous vivons plus vieux, donc travaillons plus longtemps ? » Pourquoi cette fausse causalité ? Parce qu’il s’agit d’une causalité libérale. Car une causalité humaniste, donc de gauche antilibérale, dirait : « Nous vivons plus vieux, donc partageons le travail, et profitons plus longtemps d’un repos mérité. »

En conséquence, le partage du temps de travail donnerait du travail à tous, attaquerait le chômage qui est l’aubaine du patronat (le coût de la main-d’oeuvre baisse) et la gangrène du peuple (le coût social en délinquance, insécurité, répression, arsenal policier, judiciaire, carcéral, en santé publique augmente…) pendant que baisserait le coût des usines à gaz de réinsertion (une aubaine pour les instituts de formation, une gangrène pour les victimes du libéralisme invisibles dans les calculs des chiffres du chômage, mais nullement réinsérées…).

La civilisation du travail, délibérément voulue par Sarkozy derrière lequel courent nombre de socialistes, doit laisser place à une civilisation libertaire dans laquelle ce qui importe est moins d’aliéner le maximum de sa vie au travail que de la vivre de la manière la moins serve, la moins aliénée, la moins esclave, la moins assujettie qui soit. Par ailleurs, l’économie de cette partie de la société, le temps hors travail, représente une potentialité économique que les prévisionnistes seraient bien inspirés d’intégrer à la nouvelle cartographie de nos sociétés postmodernes occidentales.

Pour financer la politique de l’État, il existe deux écoles : la première, libérale, forte avec les faibles et faible avec les forts, fait payer les pauvres, voilà la raison pour laquelle elle désigne ses victimes émissaires (les prétendus « régimes spéciaux ») pendant qu’elle épargne ses amis les prédateurs (qui fournissent au nouveau président ses hôtels de luxe, ses yachts sous pavillon de complaisance, ses restaurants de parvenus avenue des Champs-Élysées, ses avions privés, ses lieux de vacances américains).

Et puis il existe une seconde école : républicaine, de gauche, forte avec les forts et généreuse avec les faibles. Elle ne va pas chercher l’argent dans la poche des gueux, des démunis, des ouvriers, des salariés, des fonctionnaires, des enseignants, des infirmières, des petits, des sans-grade, mais là où il est, autrement dit dans les coffres remplis par les bénéfices effectués non pas avec le travail, mais avec la spéculation, les opérations boursières, les montages entrepreneriaux de patrons voyous qui incarnent la persistance de la tradition négrière dans les pays du Maghreb, en Inde ou en Chine…

Ce que dit aujourd’hui le mouvement social, c’est que le libéralisme ne saurait être l’horizon indépassable de la politique, certes, mais également de la société et, plus loin, de la civilisation qui procède et découle du modèle français, puis du modèle européen, dans lesquels la Révolution française a tenu un rôle majeur. Or les tenants du libéralisme s’évertuent à le rendre caduc jour après jour en démontant ce qui reste de 1789 et autres moments de l’histoire de la gauche. D’où l’intérêt de résister…

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Michel Onfray philosophe, université populaire de Caen

3 - La « Journée sans lui » du 30 novembre

Rassemblement pour la démocratie à la télévision (RDT) (Association loi 1901, J.O. du 07/07/2007)

Communiqué de presse du 19 novembre 2007

Après Jean-François Kahn, de nouveaux journalistes, de tous horizons, dénoncent la sarkozyte médiatique et soutiennent la « Journée sans lui » du 30 novembre

Ils sont français ou étrangers, célèbres comme Bruno Masure, ou au contraire méconnus. Ils travaillent en agence, à la télé, à la radio, dans des journaux ou en indépendant. Voici les textes qu’ils ont transmis au RDT :

Plus enjouée que la journée sans alcool, plus riche en volutes bleutées que la journée sans tabac, plus mobile que la journée sans voiture : la journée sans Sarko se veut reposante en diable, aussi relaxante pour les nerfs que détendante pour les pupilles. A nous, n’en déplaise à Jean-Michel Apathie et consorts, de nous approprier cette excellente initiative.
Anne Carpentier et Guy Nanteuil, rédactrice en chef et journaliste à La Feuille

Une journée sans Sarkozy…mais pourquoi faire ? Pour un journaliste, n’est-ce pas presque faire grève ou…se retrouver au chômage technique ?! Osons croire que non ! Pourquoi une journée sans lui ne serait pas l’occasion, au contraire, de travailler l’actualité autrement que depuis l’angle du bureau de presse du gouvernement ? C’est probablement une saine utopie, utile, ne serait ce que pour établir que la presse est encore libre de parler…Mais de quoi parlerons-nous ? Ben…de tous les autres ! Et cela donne encore du pain sur la planche !
Clara, journaliste à la Radio Ici et Maintenant

Il n’y a pas si longtemps, chaque 22 septembre, les Français, et même pas mal d’Européens, étaient invités à « célébrer » la Journée sans voitures. Une initiative largement critiquée qui avait participé, pourtant, au mouvement général de prise de conscience des méfaits du tout routier. Aujourd’hui, c’est le monde médiatique qui souffre d’une autre forme de pollution, orchestrée celle-là, instillée quotidiennement par les services de l’omni-président, et qui pourrait bien, à terme, contribuer à faire fondre tout esprit critique. Sarkozy par-ci, Sarkozy par-là, un jour avec les cheminots, l’autre avec les pêcheurs, le mardi avec Bush, le suivant avec Merkel… Le tri n’est pas toujours facile à faire pour les journalistes censés « couvrir » l’Elysée. Cette « Journée sans Sarkozy », symbole autant que boutade, tombe donc à pic pour poser le problème de cette omniprésence médiatique, aussi bien auprès des citoyens que des journalistes eux-mêmes.
Alexandre Fache, chef-adjoint de la rubrique société de L’Humanité

Votre initiative a fortement retenu l’attention en Allemagne. Depuis les élections présidentielles les médias allemands aussi informent beaucoup sur Nicolas Sarkozy. Pour nos auditeurs ce n’est pas un secret que le président francais avance en force, se couronne personnellement de succès diplomatiques et se montre omniprésent. L’initiative de vouloir passer une journée sans le numéro 1 politique est donc compréhensible. L’Amérique du Nord fête ce 30 novembre le Buy Nothing Day pour faire réfléchir sur notre comportement de consommation et ses conséquences. Dans ce sens, votre initiative peut servir à réfléchir sur notre propre consommation de médias et à faire prendre conscience aux journalistes qu’ils portent une grande responsabilité dans notre société. Mais attention ! Le Buy Nothing Day en Amérique est une des journées au plus fort chiffre d’affaires… La journée sans Sarkozy dans les médias connaîtra-t-elle aussi un effet boomerang ?
Stéphanie Markert, correspondante de la Radio publique allemande (ARD)

Ce Bonaparte du PAF me fatigue, et TOUS les médias entrent dans son jeu. Laissons-le aller dans le mur, en klaxonnant, comme il le fait si bien...
Bruno Masure, journaliste à LCP

Il existe un endroit, un seul, un media un seul, où l’on ne parle jamais de lui. Une toute petite station de télévision du service public, au cœur de la Sarthe. On ne parle jamais de lui pas plus que l’on ne parle de son Premier ministre, pourtant l’enfant du pays. Mais ne nous leurrons pas, ce n’est pas par choix rédactionnel. C’est tout simplement parce qu’il ne vient jamais ici. Car si l’on pouvait on le ferait, comme tout le monde, comme tous les journalistes à l’affût d’une moindre réaction. Nous irions ventre à terre. Les journalistes sont perdu la tête, ils ont perdu toute retenue, toute distance. Mais pourquoi donc ? Je n’ai pas de réponse. La nécessité d’avoir un faire-valoir, de croire que l’on fait partie du même pouvoir ? Peut-être. Sûrement. Parler de lui, l’interviewer, c’est un peu être lui. Se donner l’illusion que l’on est un grand reporter. C’est comme un vêtement de marque sans lequel on n’a aucune existence, aucune appartenance.
Il est grand temps de se réveiller. Le 30 novembre ?

Marie-Aimée Ide, journaliste à France 3 ouest édition Maine

Stop au matraquage médiatique. La Journée sans Sarkozy – du jamais vu ! – vise un réveil des consciences. Un bol d’air frais pour vivifier le pluralisme et la démocratie. Pascal Krop, journaliste et écrivain

Je suis d'accord sur le principe de cette journée, à condition que ce soit l'occasion pour tous les journalistes d'adresser à notre Président des messages de sympathie et de compassion pour le cruel traitement qu'on lui fait subir !
Didier Porte, chroniqueur et humoriste

Je signe des deux mains pour cette journée. Une journée sans Sarko (mais alors pas du tout !), c’est comme un premier jour de vacances en bord de mer après six mois de boulot dans une multinationale vidéosurveillée où un petit chef n’arrête pas de te gueuler dessus en te poussant à travailler plus pour gagner plus. Tu as beau dire que toi le boulot c’est pas ton truc, personne ne t’écoute...
Denis Robert, journaliste et romancier

Une journée sans président de la République à l'antenne devrait quand même être envisageable, sans choquer personne, dans une démocratie adulte. Mais c'est quasiment impossible de s'y plier pour un journaliste. Le contenu des journaux est décidé par la hiérarchie. Et il y a les impératifs de l'actualité. Imaginez que Sarkozy annonce ce jour là un treizième mois pour les agents SNCF, en échange du renoncement à leur régime spécial ! Votre démarche est agréable, car elle met des mots sur le ras-le-bol des citoyens, que les journalistes perçoivent. On a parfois vu le président 3 ou 4 fois dans le même journal de 20 heures. Personnellement, je réclamerai au mois un quart d'heure sans Sarkozy dans chaque JT.
Ce qui m'a plu dans l'intersyndicale des journalistes, c'est qu'elle fait des propositions concrètes pour qu'on garantisse l'indépendance des rédactions en réalisant l'exploit de ne pas citer une seule fois le nom de M. Sarkozy !

Nicolas Thiéry, journaliste à l’AFP

Le RDT Rassemblement pour la démocratie à la télévision
28, rue d’Entraigues 37000 Tours
Tél. 02 47 39 58 30 (de 14h à 18h) / 06 71 08 96 45
Courriel : rasdemtv@orange.fr

4 - Chérèque fuit en courant une manifestation syndicale : image symbolique du conflit ?

Hué par un groupe de manifestants qui ne lui pardonnaient pas ses appels à mettre fin à la grève, aux cris de “Chérèque avec les patrons”, “Sarkozy-Chérèque même combat”, “Chérèque, pas de couteau dans le dos”, “Chérèque au gouvernement”, le secrétaire général de la CFDT en est venu, mardi 20 novembre 2007 vers 16 h 30, à devoir quitter la manifestation en courant sous la protection de ses gardes du corps.

greves-chereque

Voilà une image inédite, mais illustrative de l’état d’un certain syndicalisme en France, qu’on serait tenté de qualifier de juste retour des choses si l’on ne devait pas s’attacher à respecter l’opinion de l’adversaire.

Aussi, vers 18 heures, François Chérèque a-t-il eu raison de se plaindre sur RTL du traitement qui lui a été réservé : “J’ai exprimé, a-t-il dit pour se justifier, l’avis des cheminots de la CFDT qui est différent de ce que peuvent dire d’autres organisations syndicales, on ne l’accepte pas dans notre pays”. Mais a-t-il mesuré la portée de son diagnostic ? “Le syndicalisme français, a-t-il conclu, a un vrai problème de démocratie”. C’est vrai, l’opposant est loin d’y être bien traité, au point qu’il ne lui reste souvent qu’à déchirer sa carte. Chérèque vient malheureusement de connaître cette situation inconfortable du dissident que sa confédération a réservée à nombre de militants depuis 30 ans.

“Un recentrage” syndical... dans l’orbite du pouvoir

Car l’affaire remonte à 30 ans quand, sous la conduite d’Edmond Maire, la CFDT décide “son recentrage” en 1977 : il s’agit, dit-on alors, de retrouver son autonomie par rapport aux partis politiques. La réalité sera différente avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. Le président Mitterrand voit tout l’avantage qu’il y a à avoir des relais sur le terrain. C’est donc l’époque où nombre de cadres syndicaux rejoignent les cabinets ministériels. Une sorte de symbiose naturelle va alors se créer entre les promus et les syndicalistes encore en poste, entre le pouvoir et le contre-pouvoir syndical pour la ruine de ce dernier.

La défense des droits de la personne désertée

Ce survol de trente annnées de CFDT, passant d’un projet social alternatif à une collaboration patronale étroite, suggère que cette conversion ne s’est pas faite sans heurts : à chaque étape, à chaque coup de volant à droite, nombre d’adhérents ont été débarqués ou contraints de s’en aller. De toute façon, sur le terrain, ils étaient laissés à eux-mêmes face au pouvoir, trouvant même, parmi leurs adversaires les plus résolus, leurs anciens camarades : le syndicalisme en général et pas seulement CFDT a, en effet, au cours de ces trente dernières années, déserté la défense des droits de la personne. Administration et patronat ont eu le champ libre. La justice a même cessé progressivement d’être un recours, tant par sa lenteur que par son coût et ses décisions. En outre, la défense opiniâtre des présidents de la République de l’époque, assiégés de procédures, semble avoir eu valeur d’avertissement pour les magistrats, dont “la culture de soumission” est le premier obstacle à la justice, selon le livre du procureur Éric de Mongolfier, Le Devoir de déplaire (Lafon, 2006).

Le baiser mortel du pouvoir au contre-pouvoir

Le baiser mortel symbolique du pouvoir à ce qui était un contre-pouvoir est venu du ministre de l’Éducation nationale, Jack Lang, quand il a remis, le 11 décembre 2001, la légion d’honneur à l’ancienne secrétaire générale du SNES, Mme Vuaillat, permanente pendant plus de 20 ans de ce syndicat majoritaire de la profession enseignante. Commentant l’événement, celle-ci avait voulu voir dans cette distinction “un hommage aux professeurs, aux femmes et aux syndicalistes”. (Le Monde, 13/12/2001). C’était osé ! Franchement est-il raisonnable de croire qu’un ministre récompense une syndicaliste pour sa fidélité à sa mission de contre-pouvoir, c’est-à-dire à une action visant avant tout à contenir la tentation du pouvoir qui, selon Montesquieu, est de toujours s’étendre tant qu’il ne rencontre pas d’obstacle ? Compte tenu de ce qu’on observe depuis 30 ans, cette médaille était bien plutôt le signe tangible de la reconnaissance du pouvoir envers une auxiliaire pour l’avoir aidé à domestiquer un contre-pouvoir gênant. Quand le mandataire des salariés s’est mué en porte-parole du patron, cela mérite bien une médaille.

Cette image symbolique d’un responsable syndicaliste obligé de fuir en courant une manifestation syndicale ne fait pas rire pour autant. Elle n’est, en effet, que l’illustration de l’abandon tragique qui l’a précédée. Qui peut s’en réjouir ? Car à quoi peut bien servir un syndicat s’il n’a plus pour raison d’être la défense des droits de la personne ?

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5 - Défense de l'Hôpital Saint Affrique

MOTION POUR L’HOPITAL EMILE BOREL DE SAINT AFFRIQUE
A L’ATTENTION DE MADAME LE MINISTRE DE LA SANTE
S/C DE MONSIEUR LE PREFET DE L’AVEYRON

Les conseillers généraux et maires des cantons de Cornus, Belmont sur Rance, Camarès, Saint Sernin sur Rance, Saint Rome de Tarn et Saint Affrique, réunis ce jour 19 novembre 2007 à 18h30 à la mairie de Saint Affrique ont été informés d’une lettre de mission du directeur de cabinet de Madame le ministre de la santé décidant l’interruption des activités chirurgicales définies par le protocole (CHU de Montpellier / hôpital de Saint Affrique / ARH) les week-end et jours fériés.
Cette décision n’est pas conforme à l’accord du 7 septembre 2007 obtenu lors d’une réunion entre le cabinet du ministre, le député Alain MARC et le maire de Saint Affrique, Alain FAUCONNIER.
Les élus constatent qu’une telle mise en œuvre est médicalement injustifiable et financièrement absurde.
L’équipe d’astreinte, nécessaire pour assurer la sécurité de la maternité est la même que l’équipe opérationnelle. Etant présente, pourquoi ne ferait-elle pas, si besoin, le samedi et le dimanche ce qu’elle est autorisée à faire les autres jours ?

Le député Alain MARC et le maire de Saint Affrique Alain FAUCONNIER ont proposé un protocole d’accord comme avenant au CPOM de la chirurgie à monsieur le directeur de l’ARH de Midi Pyrénées qui est :

et qui permet de retrouver la sérénité dans un contexte de défusion particulièrement tendu.

Les élus demandent la validation de ce protocole, toute autre attitude n’aurait pour fondement que des préoccupations idéologiques.
Les élus exigent le retrait de l’ultimatum de fermeture du service de chirurgie en dehors des jours ouvrables prévu à compter du 29 novembre 2007.
Les élus envisagent dès à présent toute action qu’ils jugeront nécessaire pour qu’enfin le bon sens l’emporte.
Les élus rappellent les principes qui ont fondé leur engagement pour l’hôpital de Saint Affrique :

Depuis plusieurs mois, l’ensemble des élus s’est mobilisé pour réussir dans les meilleures conditions la défusion du CHIC du Sud Aveyron. Ils constatent avec satisfaction les nouveaux recrutements de personnels dans de nombreuses spécialités.
Ces recrutements acquis dès janvier (cardiologie, ophtalmologie, 3 urgentistes, 1 gynécologue obstétricien) permettront une stabilité médicale, d’énormes économies en mettant un terme aux remplacements coûteux et à la gabegie du CHIC.
Les élus rappellent que le territoire de Saint Affrique vient de subir la restructuration de la carte judiciaire par la suppression du tribunal d’instance.
Ils exigent donc du gouvernement les compensations annoncées, plus particulièrement, la prise en compte de l’exception géographique sanitaire de notre bassin de vie.
Ils appellent la population à se rassembler massivement le lundi 26 novembre à la salle des fêtes à 20h30 pour se préparer à résister si nécessaire à des décisions injustes et contraires aux intérêts de la population.

Alain MARC, député et conseiller général
Alain FAUCONNIER, maire et vice président du conseil régional
les conseillers généraux :

Alain FAUCONNIER maire et vice président du conseil régional

6 - International

1 - Vaincre les extrémistes

Annapolis approche, dont personne n'attend réellement une percée significative. Ce qui compte, c'est l'après Annapolis. Tout le monde sait plus ou moins à quoi ressemblera un accord définitif. Mais, écrit Amos Oz, « le patient est prêt, mais les médecins auront-ils assez de courage ? »

Yediot Aharonot, 21 novembre 2007

Traduction : Gérard pour La Paix Maintenant

Lorsqu'on aborde les questions qui sont au c¦ur du conflit israélo-palestinien, la distance qui sépare les deux parties est encore grande. C'est la raison pour laquelle la conférence d'Annapolis ne sera pas beaucoup plus qu'un événement festif, au mieux accompagné d'une déclaration d'espoir en l'avenir. Dans une large mesure, les deux côtés sont pris en otages par leurs extrémistes respectifs, et ces éléments radicaux ne laisseront pas les négociations aboutir à des concessions réelles.

Pourtant, malgré ce qui précède, il faut tout d'abord garder en mémoire que jamais, depuis les cent années que durent cette furie et ces souffrances, les positions entre les négociateurs n'ont été aussi proches.

Les deux parties acceptent la solution de deux Etats, et toutes deux reconnaissent que la frontière sera proche de celle de 1967. Les deux parties reconnaissent aussi leur devoir de régler, par la négociation, les questions de Jérusalem, des colons, des réfugiés, des frontières et de l'eau. Elles savent aussi, même si elle ne l'ont pas dit, qu'au bout du compte, un accord de paix ressemblera furieusement au modèle des paramètres Clinton, de Taba et de Genève. Et elles savent encore toutes deux qu'en cas d'échec des négociations, arrivera le tour des extrémistes.

Car, des deux côtés, les extrémistes n'attendent qu'une chose : que les négociations échouent. Ils prient pour qu'on en arrive à une impasse. Le temps ne joue ni en faveur des Israéliens, ni en faveur des Palestiniens. Il joue surtout en faveur des extrémistes.

La tâche principale revient au gouvernement israélien et à l'opinion publique israélienne, car Israël occupe les territoires palestiniens et non le contraire. Et, si Olmert choisit, ou est forcé de choisir, d'offrir à ses partenaires de droite dans sa coalition le droit de stopper tout le processus, le résultat pourrait être l'arrivée au pouvoir de Netanyahou, dans un délai très court.

De plus et en retour, les extrémistes vaincront eux aussi les modérés du côté palestinien, et au lieu de Mahmoud Abbas, nous serons confrontés à un front belliqueux aux ordres de l'Iran.

Le patient est presque prêt pour l'opération

La stature d'homme d'Etat d'Olmert se mesurera, non pas seulement à l'aune de sa capacité à man¦uvrer entre ses partenaires de la coalition, Avigdor Lieberman et Eli Yishai, mais bien plus à la détermination qu'il mettra à mener un changement historique.

La droite israélienne prétend que Mahmoud Abbas est trop affaibli, et que par conséquent, faire la paix avec lui ne vaut pas la peine. La même droite affirmait il n'y a pas si longtemps qu'Arafat était trop dangereux, et que par conséquent, il ne fallait pas faire la paix avec lui non plus. Mais en réalité, il y a un lien direct entre le déclin ou la montée du statut d'Abbas et ce que la voie modérée qu'il a choisie sera capable d'obtenir en négociant avec Israël. Abbas ne sera faible que tant que nous ne lui donnerons aucun résultat substantiel qu'il puisse revendiquer.

Qu'arrivera-t-il si les négociations actuelles échouent ? Cela peut être le constat de décès de la solution de deux Etats, et nous devrions alors choisir entre deux désastres historiques : un seul Etat (avec une quasi majorité arabe) entre la Méditerranée et le Jourdain, ou un régime israélien d'apartheid qui continuera d'opprimer les Palestiniens par la force, alors que les Palestiniens continueront à résister violemment.

Nous devons aller à Annapolis, et avancer à la suite d'Annapolis, en sachant que les deux peuples savent déjà plus ou moins à quoi ressemblera un accord définitif : une Palestine dans les frontières de 1967, à côté d'Israël, avec des modifications mineures de frontières sur un principe de réciprocité, sans retour des réfugiés palestiniens en Israël, et avec deux capitales à Jérusalem.

Tout le monde sait cela, même les opposants des deux côtés. Le patient, à la fois israélien et palestinien, est prêt pour l'opération. Les médecins auront-ils assez de courage ?

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Amos Oz

2 - Le rêve de Mafalda

A l'occasion de la visite d'Hugo Chavez en France et de la campagne de dénigrement qui l'accompagne, les deux militants livrent quelques réflexions à Marianne2.fr.

Le Président du Venezuela, Hugo Chavez sera en France ce mardi 20 novembre. Celui ci fait l'objet d'une campagne internationale de dénigrement d'une ampleur inégalée pour un Président démocratiquement élu depuis celle qui a frappé le Président Allende au début des années 1970 avant que celui-ci ne soit victime du putsch du Général Pinochet. Un déluge de mensonges s'abat sur le Venezuela. Tout y passe ! « Dérive dictatoriale », Ahmadinejad, « fermeture » autoritaire d'une télévision, « répression » de manifestations étudiantes sans oublier la plus ignoble mais pas la moins ridicule de toutes les accusations : celle d'antisémitisme.

Pour prendre une image, Chavez ressemble à Mafalda, le personnage inventé par le dessinateur argentin Quino. Dans un des albums, désireuse de changer sa façon de voir le monde, Mafalda, petite fille idéaliste et très politisée, renverse le planisphère qui est affiché dans sa chambre pour placer l'hémisphère Sud en haut du mur. Chavez ressemble à Mafalda et le Nord ne le lui pardonne pas.

Chavez a été élu en décembre 1998, réélu en décembre 2000 puis en décembre 2006. Il a remporté un référendum révocatoire en août 2004 et nombre d'autres scrutins. Pendant des décennies, le Venezuela n'a eu que les apparences de la démocratie. Une infime minorité s'est constamment enrichie grâce à la rente pétrolière et établi un système bipartite qui excluait les forces progressistes du jeu politique. Ainsi, nombreux furent les militants de gauche qui, de 1958 aux années 1990, furent froidement assassinés par des gouvernements prétendument « sociaux-démocrates » ou « chrétiens-sociaux ». Hugo Chavez est un ancien militaire « de gauche ». Il fait partie de ceux qui ont refusé le massacre de février 1989 quand le pouvoir de Carlos Andrés Pérez fit assassiner 3000 civils qui manifestaient contre les réformes imposées par le FMI. Il a tenté un putsch qu'on pourrait comparer à la Révolution des Oillets. Cette « révolution » là ne vit pas le jour et Chavez et la Gauche attendirent 1998 pour gagner les élections. Depuis lors, la nouvelle majorité a mis un terme à la ségrégation sociale et à une ségrégation raciale qui ne disait pas son nom.

La Constitution de 1999 comme dans sa version révisée proposée aux électeurs en décembre prochain s'inscrit pleinement dans la tradition démocratique. Ses idées sont inspirées des Républicains français des 18ème et 19ème siècles, des socialistes utopistes et des courants autogestionnaires de la Gauche latino-américaine. Les avancées du gouvernement de gauche existent : sur le plan démocratique (démocratie participative, référendum révocatoire, conseils locaux etc.) mais également sur le plan économique (recul du chômage, taux de croissance à 12%, développement du secteur privé, conquête de l'autosuffisance alimentaire en cours) et social (protection sociale créée, création de dizaines de milliers d'entreprises coopératives, ouverture d'Ecoles, missions d'alphabétisation, ouverture de l'Université aux classes les plus pauvres), sur le plan des infrastructures (transports collectifs.), sur le plan des échanges internationaux (création de l'ALBA, concurrente « équitable » de l'ALCA nord-américaine). Le Venezuela change, il éduque, construit, produit et. parle !

L'opposition à Chavez existe. Elle est libre, manifeste, écrit, dispose des télévisions du pays (Globovision notamment), de journaux (El Nacional, Tal Cual), de partis politiques (de l'extrême droite avec Primero Justicia aux anciens partis comme Accion Democratica). En décembre 2006, elle a opté pour la stratégie légaliste tout en ayant appuyé le putsch d'avril 2002, au cours duquel, pendant 47 heures, elle plaça Chavez en détention et appela les citoyens à dénoncer responsables et militants de Gauche. Il y a dans l'opposition des hommes d'extrême droite (Julio Borgès), d'anciens guérilleros gauchistes convertis au nélibéralisme (Teodoro Petkoff qui fut à la droite vénézuelienne ce que Kouchner est à la notre), les fortunes du pays (Carlos Cisneros) les patrons des médias privés (Marcel Granier), les anciens dirigeants du pays (Carlos Andrés Pérez qui appelle à assassiner Chavez). On peut se demander, quand on connait le Venezuela, pourquoi les dénonciateurs de Chavez s'appuient exclusivement sur l'argumentaire de la frange d'extrême droite de l'opposition qui a toujours rêvé de prolonger le rêve colonial des anciennes élites.

Enfin, Chavez a commis un crime de lèse-hémisphère Nord : il a prétendu avoir une politique internationale d'Etat à Etat, libre des diktats de l'Amérique du Nord ou de l'Europe. Chavez est un homme du Sud. Il n'accepte pas que le Roi d'Espagne lui demande de « la boucler » pas plus qu'il ne tolère qu'on lui dicte sa conscience. L'homme a du caractère, est démonstratif et a sans doute le sens de la provocation. Quand il parle à l'ONU, il enflamme les masses du Sud et effraie les élites du Nord.

Plutôt que de caricaturer Chavez, il faut à l'Europe comme à la France le courage de repenser son rapport au Sud. Il faut sortir des mythes relatifs à l'éveil de l'Amérique latine. Si Chavez, Correa, Morales, Kirchner (1 et 2), Tabaré Vasquez, Lula, Ortega, Bachelet gagnent les élections, c'est que quelque chose change en profondeur. A nous, Européens ou Français, de l'analyser et d'y répondre. L'hystérie anti-Chavez au Nord le démontre : le rêve de Mafalda est en train de réaliser.

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Christophe Ventura militant altermondialiste

Gaël Brustier militant altermondialiste

7 - à lire, à voir ou à écouter

1 - Requiem pour un massacre : le cinéma russe enfin

Antonio Gramsci expliqua que toute révolution sociale devait être précédée d'une révolution culturelle. Pour Gramsci, toute classe qui vise à la conquête du pouvoir politique doit en effet dépasser ses simples intérêts « économiques », prendre le leadership moral et intellectuel, et faire des alliances et des compromis avec un certain nombre de forces sociales.

Or force est de constater que depuis le Plan Marschall c'est une vision du monde hollywoodienne porteuses des valeurs bourgeoises que nous assènent le cinéma et la télévision.

Potemkine, magasin parisien indépendant consacré au cinéma, rompt avec cette hégémonie culturelle en se lancant dans l'édition DVD avec la sortie de Requiem pour un massacre, de Elem Klimov réalisé en 1985.

Requiem pour un massacre est un film fondateur dans le genre de la guerre. Spielberg en revendique d'ailleurs l'inspiration pour La Liste de Schindler et Il faut sauver le soldat Ryan. Certaines critiques de l'époque comparait le film de Klimov au bouleversement qu'avait opéré Coppola avec son Apocalypse Now dans le film de guerre. Il raconte la Seconde guerre mondiale du point de vue d'un Bielorusse dont le village est occupé par les Nazis et qui s'engage, du côté des partisans.

Excellent film pour se convaincre ,comme le rappelait un certain Charles De Gaulle, que la libération de l'Europe du nazisme due beaucoup plus au soldat Vadenov qu'au soldat Ryan à l'heure où en Ukraine et en Lettonie, les SS sont célébrés par les gouvernements "oranges "et que l'Union Européenne entend criminaliser les partis communistes.

L'édition collector double DVD (29,95€.), outre un très beau packaging, comprend des interviews du réalisateur, de l'acteur principale et du décorateur, ainsi que des documents d'archives sur la Seconde Guerre mondiale en Biélorussie.

Le site de Potemkine.

Nicolas Pomiès

Agenda

mardi 27 novembre 2007, 20:30

Le CNR organise le premier rendez-vous pour le référendum sur le TCE-bis.

Au gymnase JAPY
Paris

Meeting

Le mardi 27 novembre, en soirée, au gymnase JAPY à Paris (2 rue Japy - Paris XIe Métro Voltaire ou Charonne). Avec entre autres Georges SARRE, Marie-George BUFFET et Jean-Luc Melenchon.
Le CNR est non seulement l'occasion d'exiger un référendum populaire pour assurer la souveraineté du peuple français ; mais il est aussi l'occasion de rassembler les militants de gauche et de resserrer les liens qui nous ont tous unis en 2005, au-delà des clivages et des querelles de clochers passéistes.

samedi 1 décembre 2007, 14:30

FÊTE DE LA LAÏCITE

SALLE MITTERRAND
A LORGUES

Par l'Association pour le respect, l’application intégrale de la loi de 1905

Participation aux frais : 15€ Scolaires, étudiants, chômeurs :10 €

 

Renseignements et réservations :

Patrice Decorte : 06 22 08 79 29

mardi 4 décembre 2007, 09:00

Pour une réelle péréquation des richesses entre collectivités locales

au Sénat salle Clemenceau,

Télécharger l'invitation au colloque

Bonjour,

Je vous prie de bien vouloir trouver ci-joint, l'invitation au colloque " Pour une réelle péréquation des richesses entre collectivités locales " que j'organise,

avec la participation de Mairie Conseils (Caisse des Dépôts), de l'Institut de la Décentralisation et des principales associations d'élus.

Le sujet de cette journée me tient particulièrement à cœur. Il nous concerne tous, même s'il rebute parfois par trop de technicité. C'est pourquoi, au cours des débats, des exemples de réussite en France et en Europe seront mis en avant et confrontés au témoignage des élus. Cette approche pragmatique permettra d'ébaucher des pistes concrètes d'évolution.

Vous pouvez encore vous inscrire en envoyant un message à l'adresse suivante : g.delfau@senat.fr ou par fax au 01 42 34 40 19.

Dans l'attente de vous accueillir à cette occasion, je vous prie de croire en l'expression de mes plus cordiales salutations.

Gérard DELFAU
Sénateur de l'Hérault

contact au Sénat : F. Faye - 01 42 34 30 73

NB: le compte-rendu des débats sera par le suite disponible sur mon site à l'adresse suivante : http://gerarddelfau.over-blog.com/

samedi 19 janvier 2008, 08:00

1ère CONFERENCE DU SUD DE LA FRANCE SUR L'HOMOPARENTALITE

CENTRE RABELAIS
Boulevard Sarrail (Esplanade)
MONTPELLIER

APGL organisée par l'Antenne Languedoc-Roussillon de l'Association des Parents Gays et Lesbiens (APGL)

Le programme de cette conférence se veut d'aborder toutes les situations rencontrées par les homosexuels pour fonder une famille et vivre leur parentalité. Des thèmes encore peu accessibles comme le désir d'enfant chez les transexuels et la gestion pour autrui (GPA, mères porteuses) seront aussi abordés.

Toutes les infos (inscriptions, programmes, etc) à cette adresse: http://conf.homoparentalite.free.fr/

Voir l'agenda complet en ligne

ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine est édité par l'association:
"Les Amis de ReSPUBLICA"
27 rue de la Réunion
75020 PARIS

Courriel: respublica@gaucherepublicaine.org
Site: http://www.gaucherepublicaine.org