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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°579 - vendredi 15 février 2008

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1 - chronique d'Evariste

1 - Une laïcité « positive pour les religions » est négative pour la République

Il y a toujours un mélange de rires, d'agacements et d'abattements à voir quotidiennement les contorsions des publicitaires pour nous faire avaler le nouveau sandwich qui assurera un bon moment en famille, ou acheter la nouvelle voiture qui assurera de montrer le taux de testostérone du conducteur à la gente en mini jupe sortie tout droit d'un défilé de mode. Cependant, le but caché est toujours le même : gaver des actionnaires qui eux se garderont bien d'éduquer leurs chérubins à l'obésité galopante des fast-foods et de payer leur voiture avec 10 ans de prêt. La démarche pour « vendre un concept ou un produit » vise toujours, par un bel enrobage de paroles, de signes et de gestes, le détournement de l'esprit critique, de l'intelligence et du savoir. En somme, travailler la forme pour cacher le fond.

A ce jeu de publicitaire, l'église a toujours été leader (2000 ans d'expérience feront toujours la différence... ). Passées maître (mettre) dans l'art de préoccuper les gens avec des histoires à dormir debout tout en leur enseignant que leur vie en dépend, le rêve du publicitaire est le travail des prêtres depuis la nuit des temps. Depuis toujours, les religions savent euphémiser un terme pour le rendre en apparence inoffensif, et même désirable. Un exemple ? Le mot « humble » est une superbe marchandise religieuse si bien assimilée que tout le monde, ou presque, trouve que c'est même une qualité que d'être humble. Pourtant il suffit de lire les mots qui entourent le sens pour voir une toute autre signification et comprendre le réel but de l'église lorsqu'elle vante l' « homme humble » : simple, réservé, timide, honteux, piteux, penaud, déconfit, tremblant, mortifié, froissé, petit, rampant, bas, plat, servile, obséquieux, vil... à la lumière des termes, c'est à dire avec le savoir, avec la réalité et non la publicité de l'église, on comprend quels hommes les religieux aiment.

De même, l'invention du concept de « laïcité positive » est de cet ordre. Le adjectif « positif » étant supposé montrer le progrès, l'avancée. Qui voudrait d'une « laïcité négative » ? Et l'utilisation du terme « laïcité » n'a d'autre but que de le vider de son sens. Comme pour le mot « humble », sous le bel emballage, on met ce qui sert au mieux les intérêts du pouvoir religieux. Ainsi, comme les publicitaires dont le travail est de nous faire dépenser, les religieux travaillent à se faire adorer. Dans les deux cas, le principe pour bâtir un argumentaire reste toujours le même : nier la réalité du monde, la cacher, la faire disparaître sous de la glose, des bons sentiments, la travestir, la transformer. Lorsque ce travail a été fait, diriger les gens et leur faire avaler n'importe quoi est alors un jeu d'enfant. La preuve : tout le monde pense ( pensent) que dire d'une personne qu'elle est « humble » c'est lui faire un compliment... La solidité du Pacte Républicain et ses évolutions à venir doivent donc toujours trouver leurs fondements dans la réalité du monde, dans les faits. À partir de là – et à partir de là seulement ! –  un travail de construction est possible car il repose sur le réel, et non des mensonges. En tant que individu-citoyens, membres du Pacte Républicain, notre devoir est de toujours défendre ce qu'est le savoir et la science, et de ne jamais laisser la croyance se faire reconnaître comme une « forme de connaissances ». Le savoir et la science partent du réel, décrivent le réel, travaillent sur le réel pour mieux le comprendre et construire à partir de lui. Les croyances sont des fantasmes (d'ailleurs leur seul argument n'est-il pas la foi ? C'est à dire la demande de crédulité la plus totale). Preuve que le savoir est un socle de la République : L'église, elle, ne s'y est jamais trompée, elle n'a eu de cesse de dénoncer (dénoncée) les Lumières, et encore dans les années 90, celui qui allait devenir l'actuel Benoît XVI, défendait le procès intenté à Galilée quelques 400 ans après ! Tout un symbole.

Objectif France !

Un véritable travail a été entrepris par les instances de l'église catholique pour trouver comme faire rompre les français sur un des éléments fondateurs du Pacte Républicain. Et la cible française n'est pas anodine. La loi de 1905 est un exemple cité dans le monde entier, un référent qui sert de repère dans les luttes partout où des êtres humains veulent construire des paix sociales véritables et des fonctionnements étatiques sous lesquels les individus puissent se savoir protégés et garantis dans leurs croyances et vies intimes. En promulguant cette loi, presque inimaginable en 1905, la France est sortie malgré elle de son cadre strictement national : de la fille aînée de l'église elle en est devenue la première rebelle. Cette loi est depuis plus d'un siècle l'épine dans le pied des religieux de tous ordres qui rêvent de ramener l'église à sa fonction première : asseoir le pouvoir sur la vie des individus. De fait, depuis un siècle, l'église n'a jamais eu de cesse de critiquer cette loi qui est une gifle à son prétendu pouvoir universel. S'acoquiner avec Nicolas Sarkozy, voir en lui un arriviste séduit par le pouvoir, a été une démarche mûrement réfléchie ; de même que lui distiller le terme de « laïcité positive » pour mieux berner les citoyens peu avertis. Car le but reste et demeure le même : détruire l'emblème illustrant qu'un peuple peut mettre le religieux hors de la sphère publique. Tant que la loi de 1905 existera, les religieux n'auront de cesse de vouloir la combattre, car les dieux dans la sphère privée, voilà qui contredit le pouvoir des prêtres sur la totalité des vies humaines, voilà qui est inacceptable. Et on les comprend : c'est leur propre survie qui en dépend.

La croyance n'a rien à voir avec la religion.

En quoi cette loi est doublement préjudiciable pour les prêtres ? On considère d'ordinaire que leur évincement du pouvoir sur les vies humaines fonde (fondent) l'hostilité des religieux, mais une telle analyse est trop superficielle. Car le fait que l'église ne soit plus reconnue par l'état ne devrait pas changer les us et coutumes des gens qui devraient continuer à aller à la messe et continuer à croire. Mais là est le problème : croire ne veut pas dire être religieux. On peut être croyant et ne pas avoir de religion, c'est à dire sans suivre ce que dit un prêtre, sans lire les livres que lui vous dit de lire ou de ne pas lire. Or cette évidence est mal connue, mal répandue, mais l'église, elle, la connaît et la craint. Et elle craint d'autant qu'elle sait que si jamais une religion se détache du pouvoir politique, si elle n'a plus la possibilité de s'imposer dans la vie quotidienne des individus, alors des individus se (ne) mettent à ne plus avoir besoin d'un prêtre pour avoir leurs propres croyances, leurs propres visions du monde. De fait, en France, on a très clairement observé une désertification des lieux de cultes et un recul du nombre de prêtres ; et pourtant beaucoup de gens se revendiquent encore comme chrétien. Mais force est de constater que plus le temps passe, et plus les dissidences se font nombreuses, que de plus en plus de gens refusent de suivre les prêtres et réinventent leurs propres croyances à partir de la bible ou d'autres ouvrages. C'est donc la survie des prêtres qui est en jeu. L'église ne s'y trompent pas : la loi de 1905 fait en sorte que la place du prêtre ne soit plus assurée, plus obligatoire. La conclusion est sans appel : sans lien direct avec le pouvoir politique, une religion monothéiste décline. Lorsque l'on intègre cette conclusion alors il devient évident qu'aucun accord ne sera jamais possible entre les religieux et le Pacte Républicain garant de la laïcité. Leur survie dépend de notre mort.

 

« Le code moral provenant de Dieu est la base intangible de toute législation humaine dans n’importe quel système, en particulier dans le système démocratique. La loi établie par l’homme, par les parlements et par toute autre instance législative humaine, ne peut être en contradiction avec la loi naturelle, c'est-à-dire, en définitive, avec la loi éternelle de Dieu. »
Jean Paul II « Mémoire et Identité » (mars 2005)

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2 - politique française

1 - La justice française, le petit doigt sur la couture du treillis de la françafrique.

Sortis des geôles libyennes, les infirmières et le médecin bulgares n’auront pas passé une seule nuit de plus en prison, immédiatement graciés par le président Guéorgui Parvanov. Il était impensable de cautionner la parodie de justice libyenne, même si l’accord d’extradition (et non pas de libération) prévoyait que les condamnés devaient continuer à purger leur peine de prison à vie.

Le premier ministre libyen aura beau déclarer qu’agissant ainsi, le président bulgare « a violé les procédures légales en matière d’extradition, prévues par le droit international et par l’accord d’entraide judiciaire signé entre les deux pays », une justice au service des droits de l’homme a prévalu.

Dans la mesure ou la France a joué un rôle non négligeable dans cette libération, et que le président Sarkozy a déclaré : « ces infirmières, elles étaient Françaises (...) il fallait les faire sortir, on les a fait sortir », on était en droit de s’attendre à un autre traitement dans l’affaire de l’Arche de Zoé. Entendons nous bien, il ne s’agit pas ici de prétendre que ceux qui ont été condamnés au Tchad n’avaient pas commis d’actes délictueux, et la comparaison avec les bulgares s’arrête ici. D’ailleurs, une instruction est actuellement en cours pour « aide au séjour irrégulier de mineurs de quinze ans », « exercice illégal de l’activité d’intermédiaire en vue d’adoption » et « escroquerie ». Mais qui peut prétendre que le procès qui a eu lieu à N'Djamena respectait les principes de la convention européenne des droits de l’homme ? En commuant uniformément les peines tchadiennes de huit ans de travaux forcés en huit années de prison, la justice française s’est déshonorée. En condamnant à la même peine des personnes dont sans conteste les niveaux de responsabilité sont forts différents, elle a renoncé à ses principes. En prétendant qu’elle « n’avait pas le pouvoir de rejuger les faits, d’apprécier la culpabilité des condamnés ou l’opportunité des sanctions prononcées par une juridiction étrangère », elle s’est faite la complice de la diplomatie de la françafrique.

Et le cirque continue, puisque que le président tchadien Idriss Déby, au pouvoir depuis 17 ans après un putsch contre Hissène Habré appuyé par la France, vient d’annoncer suite à la visite d’Hervé Morin qu’il était prêt à gracier les membres de l’Arche de Zoé si les autorités françaises en formulaient la demande. Donnant-donnant après l’aide officieuse des soldats français qui en sécurisant l’aéroport de N’Djamena ont donné un sérieux coup de main à Déby pour repousser une offensive rebelle ?

Probablement la « diplomatie de la réconciliation » promue par Nicolas Sarkozy, rien à voir avec un homonyme qui entendait « cesser de traiter indistinctement avec des démocraties et des dictatures ».

Alexis Secondat

2 - Le pouvoir d'achat et les personnes âgées.

La maison de retraite de Langeais ( 37130 ) est considérée comme l'un des établissements les moins onéreux du département d'Indre et Loire. Néanmoins, le 1er juillet 2007, le Conseil Général a "réajusté" les tarifs en augmentant la journée de 2,52 euros, soit 5%,40 de majoration. Et le 1er janvier 2008, une nouvelle augmentation de la journée de 2,94 euros vient d'être décidée, soit 5%,93 de hausse. En six mois,c'est donc à 11%,33 de relèvement du tarif journalier que les personnes âgées de l'EHPAD de Langeais ont à faire face.

Ce réajustement ne profite guère au personnel dont les salaires restent toujours à la traine, surtout en tenant compte de la spécificité et des conditions de travail. Il ne profite pas non plus à améliorer les conditions de confort des résidents, du fait d'un manque criant de personnel et d'une formation insuffisante.Il ne permet pas plus d'engager des travaux nécessaires afin de mettre l'établissement aux normes de notre temps.Il est d'ailleurs inconstestable que l'ouverture d'une nouvelle maison est nécessaire quand on sait que la durée de vie s'accroit et qu'il convient de se projeter dans l'avenir.
Dans le même temps, les franchises médicales qui frappent en priorité les personnes âgées et malades sont instaurées.Les personnes malades, même prises en charge à 100% n'échappent pas au paiement de certains médicaments "de confort".

Tout ceci alors que les retraites ne sont revalorisées que de 1,1% au 01/01/08!

Et dire que le Président Sarkozy veut redonner du pouvoir d'achat aux Français!! Mais c'est vrai que c'est en travaillant plus, en faisant des heures supplémentaires qu'il compte réaliser ce miracle;comment font alors les retraités? Ces retraités auxquels il avait promis durant la campagne présidentielle une hausse de 25% des petites retraites! Les 1%,1 d'augmentation attribués sont loin de faire le compte et font figure de miettes accordées à une catégorie à qui le pouvoir sarkozyste fait des effets d'annonce, mais n'apporte pas de concret.

Ainsi, les maigres économies de nos anciens qui ont travailléet cotisé toute leur vie, s'évaporent rapidement et dans de telles conditions, on peut dire que la vieillesse devient l'anti-chambre de la mort.

Nos parents et grands-parents ne peuvent attendre indéfiniment la réalisation des promesses de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement d'ouverture. Le président se dit sur le terrain, mais quel terrain? S'il visitait certaines EHPAD, il y découvrirait, non pas le luxe , ni les odeurs des palaces ou palais que ses amis du CAC 40 ou richissimes émirs mettent à sa disposition, mais il y rencontrerait une image de la vieillesse très dure à supporter.

Pendant que la vieillesse devient de plus en plus difficile à vivre, pratiquement en marge de la société, quatorze milliards de cadeaux fiscaux sont acordés aux privilégiés de la fortune, le Président de la République s'octroie 170 % d'augmentation et le MEDEF n'en finit pas de réclamer toujours plus.

La question du droit à une vieillesse digne ne peut se concevoir sans poser celle de la société dans laquelle nous voulons vivre.

Bernard Schneider

3 - Les profits du Cac 40, grands absents de la croissance

Avec France Inter, la chronique de Bernard Maris, journaliste et écrivain. Le bilan des entreprises du Cac 40, dont Total, est au beau fixe. Avec quel impact sur la croissance du pays ?

Les profits du Cac 40, grands absents de la croissance

Pourquoi la France connaît-elle une croissance très faible, tandis que les entreprises du CAC 40 font de bons profits ? Parmi les entreprises qui font de très gros profits, il y a évidemment Total qui affiche 13.2 milliards d'euros de bénéfice net, beaucoup plus que ce pauvre Arcelor-Mittal, qui n'a que 7.6 milliards d'euros de bénéfice net. On comprend qu'Arcelor-Mittal cherche à faire des compressions d'effectifs. Dans le cas de Total, ses profits sont dérisoires vis-à-vis de ceux d'Exxon-Mobil qui sont de 40 milliards de dollars, soit 27 milliards d'euros. C'est d'ailleurs le record de l'année en termes de profits.

Que va faire Total de tout son argent ?

Total va investir énormément cette année, toujours dans la prospection pétrolière, qui devient de plus en plus difficile et coûteuse : 19 milliards d'euros. Mais, malheureusement, c'est de l'investissement qui se fera hors de France, donc Total fera de la croissance hors de France, et on comprend mieux pourquoi la bonne santé du CAC 40 ne signifie pas la bonne santé de la France. Et puis Total va distribuer beaucoup d'argent à ses actionnaires. L'année dernière, il avait donné à ses actionnaires 10 milliards d'euros, soit en dividendes, soit en rachat d'actions. Le rachat d'action est destiné à raréfier l'action Total en Bourse pour lui faire prendre de la valeur. Total détruit du capital – on en a souvent parlé dans cette chronique.

Est-ce qu'on peut taxer les profits de Total ?

Peut-on les taxer au-delà du taux normal d'impôt sur les sociétés ? Il y a eu une taxation exceptionnelle des profits pétroliers cette année – très très légère. Si l'on taxe trop fort les profits de Total, Total ne partira pas aux Etats-Unis, mais sera racheté par une compagnie américaine. Si Total donne autant d'argent à ses actionnaires, c'est pour qu'ils veuillent garder leurs actions. La distribution de dividendes et le rachat d'action correspond à une stratégie d'indépendance. On comprend bien que le CAC 40 ne fait plus la croissance de la France. Tant mieux si Peugeot renoue avec les profits, mais les français sont saturés de voitures, et on n'ouvrira pas de nouvelles chaînes de montage en France. Il faut sans doute s'habituer désormais dans les grands pays développés à une croissance douce. Mais une croissance douce est douce pour la planète.

La phrase du jour : « Il est archinormal que des dirigeants de grands entreprises soient très bien payés, sinon nous ne garderions pas ces talents-là nous ne les gardons pas dans notre pays. » Et oui ! Tous les pays du monde se battent pour avoir les grands patrons français.

 

Retrouvez « L'autre économie » de Bernard Maris, en direct sur France Inter, du lundi au vendredi à 6h49.

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Bernard Maris

4 - HLM : la Fondation Abbé Pierre pointe du doigt les villes cancres

Logement. Des associations font de l’application de la loi SRU le thème central des municipales.

Interpellation des candidats, pétitions, lettres ouvertes, Nuit solidaire pour le logement jeudi prochain et publication hier par la Fondation Abbé Pierre de la liste des communes cancres qui refusent la construction de HLM. Le monde associatif multiplie les initiatives pour faire du logement un thème central de la campagne des municipales. Ses responsables appellent en des termes à peine voilés à battre les élus qui ne construisent pas. «Nous invitons les citoyens, y compris les très bien logés, à se demander où logeront demain leurs enfants, si le maire de leur commune ne bâtit rien», souligne Eric Pliez, président du collectif Alerte, qui regroupe les associations engagées dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Hier, Alerte a rendu public un texte d’interpellation des candidats aux élections municipales en Ile-de-France où la crise du logement est spécialement aiguë. «Dans votre ville que ferez-vous pour concrétiser le droit au logement pour tous ?» demandent les 142 associations signataires du texte, dont la liste publiée en annexe incitera sans doute de nombreux élus à prendre au sérieux l’initiative. Alerte rappelle aux maires qu’«en complément de l’effort national, il est de la responsabilité des collectivités locales (…) d’animer une politique responsable et solidaire» en matière d’habitat.

Consignes. Responsabilité. Solidarité. Ces principes n’ont manifestement pas cours dans toutes les communes de l’Hexagone au vu de l’étude dévoilée hier par la Fondation Abbé Pierre (FAP). Son «palmarès» des 736 communes soumises à la loi SRU[1] montre que seules 40 % d’entre elles ont atteint ou dépassé l’objectif de production de HLM, qui leur était assigné pour la période 2002-2006. Les autres (soit 435 communes) «n’ont pas respecté l’engagement fixé par la loi». Parmi ces cancres, 67 villes «n’ont financé aucun logement social en cinq ans!» pointe l’étude. Pour procéder à ce palmarès, la Fondation dit avoir eu recours à des «sources diverses», car «l’Etat ne diffuse pas ces chiffres. Il a mis le couvercle dessus», regrettait hier, le délégué général de la FAP, Patrick Doutreligne. Christine Boutin, ministre du Logement, s’est empressée de rappeler qu’elle avait donné, dès son arrivée au ministère, aux préfets des consignes de fermeté pour tancer les communes récalcitrantes. Mais cette omerta officielle sur le suivi de l’application de la loi SRU vise à ménager les élus récalcitrants au logement social. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce «palmarès» est dévoilé à moins d’un mois des élections municipales, comme le suggère cette citation de l’abbé Pierre en exergue de l’étude. «Faites pression sur les élus pour qu’aucun ne s’abaisse à cette indignité de ne pas respecter la loi». Cette phrase fut prononcée le 24 janvier 2006, lorsqu’à bout de forces, l’abbé Pierre s’était rendu à l’Assemblée nationale, pour convaincre les députés UMP - qui s’apprêtaient à vider de sa substance la loi SRU - de pas toucher au fameux quota des 20 % de HLM. Après sa visite, la droite renonça effectivement à modifier cette loi. Le texte est sauf mais allègrement ignoré. Notamment dans certaines villes, situées dans des bassins d’habitat où la situation du logement est très tendue. La Fondation Abbé Pierre a ainsi inscrit à son «tableau de déshonneur» des communes comme Allauch (dans la banlieue de Marseille) qui ne compte que 2,6 % de HLM. Elle devait en réaliser 319 pour la période 2002-2006, elle n’en a fait aucun ! Zéro construction de logements sociaux aussi à l’Etang-la-Ville (en région parisienne) ou Saint-Jeannet dans le secteur de Nice. Trois villes parmi 69 autres s’obstinent à ne pas construire de logements HLM. La Fondation relève que certains élus font de la non-construction de HLM «un argument électoral» auprès de leurs électeurs focalisés sur la défense de leurs intérêts particuliers, citant le cas du maire de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). Il lui incombait de construire 1 236 logements sociaux en cinq ans. Il n’en a fait que 30. Et encore il a fallu la pression du préfet.

Contraintes. A contrario, dans son «tableau d’honneur», la FAP a inscrit Versailles, Annecy, Dijon, Montauban, Paris. Et aussi des plus petites villes comme Sangatte (Pas-de-Calais) ou Bois-d’Arcy (Yvelines). La Fondation fait observer que des communes comme Paris ou Versailles soumises pourtant à des contraintes très fortes (foncier rare, périmètres protégés…) sont même parvenues à dépasser leurs objectifs, en utilisant notamment l’outil de la préemption. Preuve que la construction de HLM dépend surtout de la volonté politique des équipes municipales qu’on s’apprête à élire.

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Notes

[1] Votée en 2000, la loi SRU oblige toutes les communes de plus de 3 500 habitants (1 500 en Ile-de-France) rattachées à une agglomération de plus de 50 000 habitants à atteindre progressivement un quota de 20 % de HLM, dans un délai de vingt ans.

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TONINO SERAFINI

5 - Quid de l'attirance de Sarkozy pour la civilisation américaine?

Critiquer la dureté du monde américain est utile , mais il devient d’autant plus urgent de dénoncer enfin la stratégie sournoise de rapprochement avec les USA que Sarkozy est en train d’organiser. Lors de sa 1ère conférence de presse, il n’a, certes, à aucun moment, évoqué son projet de réintroduction de la France dans l’Otan dès cette année mais, depuis lors, personne n’a eu la curiosité de l’interroger à ce sujet, alors que c’est la plus grande rupture politique qui va se produire par rapport au passé récent : il sait que les français sont réticents à une telle perspective et qu’il faut du doigté et beaucoup de circonspection pour réussir. C’est pourquoi : - il a tenté, dès son arrivée au pouvoir, d’utiliser la caution d’un socialiste « au dessus de tout soupçon », H.Védrine, mais le rapport de celui-ci , défavorable à un « alignement » sur les Etats-Unis, l’a déçu et il l’a fait disparaître - l’été dernier, il s’est présenté aux Etats-Unis comme simple vacancier… invité, accessoirement, par la famille Bush et par le Congrès américain, où il s’est prosterné devant le modèle américain! – en surdimentionnant « le danger nucléaire iranien », il vient au secours de Bush, ébranlé par le rapport défavorable de l’administration américaine à une intervention en Iran, et il pointe les canons français sur ce pays, sans même en avertir le Parlement - entouré par les « philosophes » Glucksman et BHL, il participe à la patiente politique d’encerclement de la Russie par les Américains, via la Géorgie, l’Ukraine, l’Afghanistan , la Pologne et bientôt le Kosovo, tout en donnant le change par des félicitations hâtives à Poutine lors des élections russes –il se prépare à resserrer nos liens avec Israel, allié privilégié des Etats-Unis, tout en prodiguant de bonnes paroles aux Palestiniens – enfin, comme apothéose à cette lente préparation au renversement d’alliances, il fait préparer, très discrètement, un Livre Blanc sur la nouvelle stratégie militaire de la France, conseillé par Mme Delpuech et Mr,Risbourg, partisans acharnés de l’interventionnisme américain, auquel l’Otan sert de paravent.

Cette stratégie au long cours s’appuie sur une ode, discrète mais permanente, au modèle de vie américain, fait de consumérisme, de culte de la réussite matérielle et de « transparence », qui confine au cynisme. C’est probablement cela qu’il appelle «civilisation »

Il serait urgent de déchirer ce voile du silence dont le monde politique et médiatique se fait complice

Yves Durrieu

6 - Signez la pétition pour le retrait de Base-élèves

NOS ENFANTS SONT FICHES, ON NE S’EN FICHE PAS

LES SIGNATAIRES DE CETTE PÉTITION NATIONALE RÉCLAMENT LA SUPPRESSION IMMÉDIATE DE BASE ELEVES

Bientôt, tous les enfants en âge d’être scolarisés qui résident en France seront fichés dans le système Base élèves 1er degré. Elaboré en l’absence de tout débat démocratique sur sa finalité, son fonctionnement, ses possibilités de croisement avec d’autres fichiers (police, justice,…), il est en voie de généralisation sur tout le territoire, après une simple déclaration à la Cnil le 24 décembre 2004. Sa mise en place rencontre de fortes oppositions de la part de parents d’élèves – mais nombre d’entre eux ignorent jusqu’à son existence –, d’enseignants, d’associations et d’élus. Des conseils municipaux se sont prononcés contre ce fichage, des parents le refusent, des directeurs d’école sont opposés ou réticents (ils sont alors soumis à de fortes pressions de leur hiérarchie)… mais rien ne semble pouvoir arrêter une administration qui minimise les dangers du système.

Des informations sur les enfants et leurs familles qui, jusqu’à présent, ne sortaient pas de l’école, deviennent partiellement accessibles aux maires, et remontent jusqu’à l’échelon académique, et même au niveau national avec un identifiant (la liste des informations se trouve en Annexe). Ces données transitent via Internet. Personne n’a oublié le scandale de juin 2007 qui a mis en évidence l’absence de sécurisation – tout un chacun pouvant avoir accès aux données personnelles des enfants et de leurs familles.

La plupart des données individuelles nominatives seront conservées quinze ans. La finalité affichée du traitement est d’« apporter une aide à la gestion locale des élèves, assurer un suivi statistique des effectifs d’élèves et permettre un pilotage pédagogique et un suivi des parcours scolaires ».

Mais dans la mesure où il va ficher tous les enfants – y compris ceux qui sont scolarisés dans leur famille – l’une des utilisations vraisemblables de ce système se trouve dans la Loi de prévention de la délinquance du 5 mars 2007. Cette loi place le maire « au centre de la politique de prévention » avec de nouveaux pouvoirs, en le faisant notamment bénéficier de la notion de « secret partagé » avec différents acteurs sociaux. Les enseignants sont associés à ce dispositif de contrôle social : l’article 12 de la loi modifie le Code de l’Education en précisant que les établissements scolaires « participent à la prévention de la délinquance ». Base élèves se situe donc dans la droite ligne du rapport Benisti qui, pour prévenir « les comportements déviants », préconise la détection précoce des troubles comportementaux infantiles dès la crèche…

Sous la pression d’un mouvement de protestation de parents d’élèves, d’enseignants et d’organisations de défense des droits de l’Homme, le ministère a annoncé le 5 octobre 2007 la suppression des champs relatifs à la nationalité (Annexe note(2)) – tout en maintenant le lieu de naissance.

Pour l’enfant, individu en devenir, toute information sortie de son contexte peut être source de discrimination. Confier autant de données personnelles à une administration qui pourra les faire circuler par Internet et les utiliser à des fins qui ne sont pas précisées, nous semble dépasser ce qui peut légitimement être exigé des familles. L’école doit rester un lieu protégé, un lieu où l’enfant doit pouvoir se développer sans être enfermé dans son passé.

Convaincus que les libertés individuelles sont trop importantes pour être abandonnées au bon vouloir des gouvernements et des administrations, nous demandons la suppression définitive du système Base élèves et des données déjà collectées.

Pétition mise en ligne à l’initiative du CORRESO (Collectif Rennais de Résistance Sociale), le 22/01/2008.

Texte finalisé par Line Lucas et Hélène Auneau (Rennes), Mireille Charpy (Grenoble) et François Nadiras (Toulon).

 

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Le CORRESO Collectif Rennais de Résistance Sociale

3 - combat féministe

1 - Le cadeau de la Cour de cassation aux intégristes.

En rendant trois avis identiques le 6 février, la première chambre civile de la Cour de cassation vient de donner un coup de pouce aux croisés de la lutte anti-avortement.

Les trois dossiers étaient tous similaires et concernaient trois arrêts de la Cour d’appel de Nîmes du 17 mai 2005. Ils ont tous trois été cassés et annulés. Ces arrêts avaient rejeté la demande de couples qui souhaitaient obtenir un « acte d’enfant sans vie » auprès de l’état civil et dont la femme avait accouché à moins de vingt-deux semaines d’aménorrhée d’un fœtus pesant moins de 500g (seuils de viabilité définis par l’Organisation Mondiale de la Santé). L’acte d’enfant sans vie a été institué par la l’article 6 de la Loi du 8 janvier 1993 qui a introduit l’article 79-1 du Code civil. Cet article prévoit que pour un enfant né sans vie ou pour lequel il n’est pas établi de certificat médical indiquant qu’il est né vivant et viable, l’officier d’état civil établit un acte d’enfant sans vie. Cette disposition a pour but d’aider les parents à faire leur travail de deuil en autorisant de donner un prénom, l’inscription sur le livret de famille et l’inhumation ou la crémation. Il ne s’agit pas d’un acte de naissance, ce qui veut dire qu’il n’y a pas acquisition d’une personnalité juridique et donc pas de filiation. Une circulaire du 30 novembre 2001 est venue préciser que l’établissement d’un acte de naissance ou d’un acte d’enfant sans vie ne pouvait avoir lieu qu’au-delà des seuils de viabilité définis par l’OMS. La cour de cassation a considéré qu’une circulaire n’avait pas force de loi et que donc l’article 79-1 du code civil tel qu’il est rédigé devait être appliqué quel que soit le poids et la durée d’existence du fœtus. La cour d’appel de Nîmes devra donc à nouveau statuer.

Les réactions ne se sont pas faites attendre. Les associations anti-avortement crient victoire et les associations défendant le droit des femmes sonnent l’alerte. En effet, une des stratégies utilisée pour remettre en cause le droit à l’avortement consiste à vouloir donner une personnalité juridique dès la conception et non plus à la naissance. La manipulation est grossière mais elle touche à la sensibilité face au vivant et elle a su exploiter de l’évolution des techniques d’imagerie médicale (échographie 3D notamment). L’instrumentalisation des couples affectés par la perte d’un fœtus leur a permis au travers de leur relais associatifs et politiques de faire progressivement évoluer le droit vers une reconnaissance d’un statut juridique de l’enfant à naître, ainsi doit être interprété l’article 79-1 du code civile. La cour de cassation leur apporte donc un sérieux coup de pouce en supprimant toute limite pour l’inscription à l’état civil, même si elle ne propose pas le statut de personnalité juridique. A coup sûr, l’argumentaire sera repris dans le combat des anti-avortement pour faire reconnaître le délit de foeticide, objectif réel qui permettrait de remettre en cause juridiquement le droit à l’avortement, et corollaire à l’obtention de la personnalité juridique pour les embryons et les fœtus. A ce sujet, la cour de cassation avait rejeté le 29 juin 2001 un pourvoi en cassation formé contre la relaxe prononcée par la cour d’appel de Metz d’un homme poursuivi pour homicide involontaire d’un fœtus portée par une femme qu’il avait accidenté (il avait bien évidemment été condamné par ailleurs pour blessures involontaire avec circonstances aggravantes). Alors que sur le plan pénal, la cour de cassation a su être clair, au plan civil, elle ouvre une porte dans laquelle ne manqueront pas de s’engouffrer les anti-avortement.

Dans un contexte international où les attaques et les régressions sur les droits des femmes, notamment le droit à l’avortement, sont légion, cet arrêt est un bien regrettable signal qui rappelle que le droit à l’avortement reste un des thèmes de combat privilégié des intégrismes religieux, et qu’il doit donc sans cesse être défendu. Il n’est qu’à observer la campagne législative qui se déroule en Italie où la droite berlusconienne reprend à son compte les revendications du Vatican pour demander un « moratoire sur les avortement » et la modification de l’article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme pour y inscrire que le droit à la vie commencerait dès la conception.

Face à ces attaques cohérentes et concertées, la vigilance et la mobilisation sont plus que jamais de rigueur. Elles devront être sans faille lors de la révision prochaine de la loi de bioéthique en France.

Christian Gaudray

2 - Cour de cassation : déclaration à l’état civil : se trompe-t-on de sujet ?

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

La Première chambre civile de la Cour de cassation a affirmé le 6/02/2008 que tout fœtus peut être déclaré à l’état civil quel que soit son niveau de développement.
Pour cela elle s’appuie sur l’article 79-1 alinéa 2 du Code Civil.
Cet article fait référence à la déclaration à l’état civil d’un enfant mort né.

La limite de viabilité médicalement définie par l’OMS (aujourd’hui 22 semaines d’aménorrhée et/ou un poids supérieur ou égal à 500g) donne au fœtus le statut d’un enfant déclarable à l’état civil comme une personne.

La Cour Européenne des droits de l’homme a jugé en juillet 2004 qu’un fœtus n’avait pas le statut juridique d’une personne. Elle a confirmé cet avis lorsqu’elle s’est prononcée sur la protection de l’enfant non né en considérant que « c’est la potentialité de cet être et sa capacité à devenir une personne qui doivent être protégés au nom de la dignité humaine, sans pour autant en faire une personne qui aurait un droit à la vie au sens de l’article 2 » de la Convention.

Si la douleur des femmes ou des couples vivant des fausses couches tardives doit être entendue et leur travail de deuil accompagné, pour autant, cela ne doit pas ouvrir la brèche aux dérives potentielles remettant en cause le droit à l’avortement pour l’ensemble des femmes.

Nous assistons depuis des années, et particulièrement ces dernières semaines, à l’offensive des groupes anti-avortement, des militants pour la sacralisation de la vie, des intégrismes religieux. La remise en cause de la pratique de l’IVG en Espagne, de la légalisation en Lituanie et en Italie, la demande de Guliano Ferrrara d’un moratoire sur l’avortement dans le monde entier appuyé par le Vatican, et cet arrêt français de la Cour de cassation confirment nos inquiétudes sur le renforcement du front contre le droit fondamental des femmes à disposer de leur corps.

La réponse à ces attaques doit être menée par toutes celles et tous ceux pour qui le droit des femmes à disposer de leur corps est incontournable dans une société égalitaire, démocratique, laïque.

Le MFPF appelle partenaires, associations, élu-es à interpeller le législateur pour faire respecter les décisions de la Cour européenne des droits de l’Homme sur le statut du fœtus et à initier toutes les actions et déclarations pour la promotion du droit des femmes à la maîtrise de leur procréation.

Paris, le 8 février 2008

Contact : Maïté Albagly

Le Mouvement Français Pour Le Planning Familial www.planning-familial.org

4 - santé

1 - Une réflexion éthique et citoyenne pour lutter contre l'éparpillement et la perte de sens de la psychiatrie

Il y a quelques décennies, la psychiatrie ne semblait s’intéresser qu’à la « folie » et « l’asile » était un de ses symboles. Son domaine s’étend désormais des schizophrénies au bourbier du mal être de masse. Les formes d’interventions de cette même psychiatrie se sont diluées (délitées ?) dans le tissu social. Nous pouvons maintenant la trouver aux détours d’une école, d’une prison, de la famille, du monde du travail, d’une catastrophe, d’un tribunal …

Les mutations et l’évolution sociétale viennent interpeller de façon massive la psychiatrie comme tiers symbolique qui pourrait donner du sens. Les « psy » sont de plus en plus soumis à des « sirènes » attractives, pour répandre la bonne parole, sous couvert d’un supposé savoir qui leur permettrait d’analyser, d’apporter des solutions, d’essayer de rassurer ; en un mot de répondre à tout.

Ces nouvelles modalités se font souvent au détriment de la clinique et, surtout, s’inscrivent dans une dominante de la loi du marché à visée normative. Dans un contexte sociétal caractérisé par l’efficacité financière pure, la dimension singulière, la subjectivité et le caractère humain de la relation thérapeutique sont de moins en moins reconnues. Ceci participant à faire une place de plus en plus large à la logique administrative et comptable.

Aujourd’hui, le trouble mental est devenu une question sociale et politique autant que médicale. Par exemple, nous en trouvons une illustration symptomatique dans le projet de loi de prévention de la délinquance. Projet dans lequel il est fait un amalgame inquiétant entre maladie mentale et délinquance. Comment réagirons nous si on nous demande, en tant que soignants de secteur psychiatrique, de signaler au maire de la commune concernée toutes « … personnes présentant de graves difficultés sociales, éducatives ou matérielles … » ; comme le prévoit l’article 5 de ce projet de loi ?

La déferlante des évaluations et protocoles en tout genre vient nous rappeler que, pour notre santé (pour notre bien), il est important de tout classifier et contrôler. Les « psy » sont partout et plus rien ne leur échappe, si ce n’est peut-être leur pratique et leur clinique. Ils sont devenus les maîtres à penser des temps modernes, recueillir leur avis à tous les âges de la vie ou pour le moindre évènement est devenu une évidence. Nous pourrions penser que l’Humain ne peut plus faire face à rien sans être accompagné par un « psy » qui lui proposera (imposera ?) un « débriefing ».

Des nouveaux champs d’interventions se présentent à la psychiatrie, notamment avec l’avènement de la notion de « psychosocial » et de son corollaire immédiat la « réhabilitation » synonyme, ici, de réadaptation, de retour à la norme sociale. Ainsi, nous nous retrouvons, de plus en plus souvent, en position d’une immédiateté conjoncturelle, paradoxe premier pour des professionnels qui mettent en avant la singularité et l’atemporalité de l’inconscient. Les « psy » sont ainsi conviés, en tout temps et en tout lieux, pour parler et réguler tous les dysfonctionnements sociaux et moraux. Dans ce contexte, il n’y a plus qu’à assimiler psychologie, psychanalyse et psychiatrie à une seule et même science pour répondre à une quête de réassurance et, surtout, à l’insupportable du manque.

Pire encore, la psychiatrie peut être amenée et accepter de céder à une dérive normative et moralisatrice. Nous entendons par là un positionnement en tant que maître qui dicte comment « jouir », mais aussi ce qu’il en est du bien pour l’autre. Or, le danger est de vouloir le bien de l’autre sans prendre en compte la particularité et l’unicité de toute demande.

Dans ces configurations là, l’autre est souvent réifié, voire nié. Alors, qu’en est-il de l’éthique de la psychiatrie, en tant que responsabilité pour l’autre ? Comment répondre à cette continuelle expansion des demandes adressées à la psychiatrie ?

Quand le lien social se délite et que la dureté des temps et le manque à penser se conjuguent en rentabilité, sécurité et scientificité ; quand les repères s’estompent et quand le flou s’installe, il nous faut poser à nouveau la question de ce qui donne sa légitimité à la psychiatrie et quelle est son essence ? Est-elle assimilable à la notion de santé mentale ? Quelle place peut y trouver la notion de « souffrance psychique » ? Plus que jamais, il nous faut préciser l’objet et les limites de la psychiatrie dans une société en perpétuel mouvement, cela comme un impératif, encore une fois éthique.

POUR UNE PRATIQUE DU QUESTIONNEMENT ETHIQUE

La manière dont on traite les malades mentaux est, cela est connu de longue date, très représentative de la politique générale d’une société, d’un état.

Dans son ensemble, un centre hospitalier psychiatrique, est soumis à des contraintes, en terme de politique de santé, qu’il ne peut maîtriser. Contraintes qu’il est possible de comparer à un certain principe de réalité. Cependant, chaque établissement bénéficie, malgré tout, d’une certaine autonomie, au-delà des contraintes inhérentes à ce principe de réalité.

Mais, dans le contexte économique libéral actuel, la vigilance doit être renforcée sur la qualité et le sens des soins prodigués.

Dans ce cadre là, le questionnement éthique se doit d’allier au moins quatre impératifs :

Si depuis bien des années, l’évolution de la psychiatrie était avant tout due à la volonté, aux savoirs et aux connaissances des soignants ; actuellement, et pour un temps certain, elle est intimée par la primauté de l’économique sur l’Humain et par les règles du fonctionnement d’entreprise. Dans cette nouvelle conception de « production de soins », il est possible de craindre que s’évanouissent bien de nos repères, de nos positions éthiques et théoriques. Mais aussi, apparaît la crainte que le sujet s’efface ; que l’être du malade ne soit plus que réifié, ou pire, « tarifié » ; que l’écoute, au sens de faire advenir la parole du patient, se dérobe pour laisser place à un trop plein de protocoles et d’actes codifiables.

Comment maintenir ce qui fait l’essence de notre spécificité, la psychiatrie, à savoir : la rencontre avec le sujet dans sa globalité, comme l’offre la psychanalyse, et non pas scotomisé sur un ou des symptômes, à l’inverse de ce que propose les classifications nosographiques internationales actuelles ? Cette rencontre n’étant possible qu’avec le filet des savoirs cliniques, d’une théorie de l’Humain et de l’éthique.

L’éthique a pour objet le domaine de la pratique humaine en tant qu’action reposant sur une décision, impliquant, le plus souvent, une praxis. Les questions fondamentales de l’éthique concernent le bien qui doit déterminer la conduite et l’action de l’être humain. Son but est d’établir les fondements d’un agir et d’une vie en commun justes, raisonnables et remplis de sens. Les principes et fondements de l’éthique doivent être perceptibles de façon universellement valable et raisonnable, sans référence à des autorités ou conventions extérieures. C’est pourquoi elle adopte, vis-à-vis de la morale en vigueur, un point de vue distancié et critique.

L’aspiration à la totalité (au sens d’une ingérence complète dans la vie du sujet) contient, en soi, la potentialité du totalitarisme et conduit à une véritable réduction de l’autre au même, c’est-à-dire à un égocentrisme totalitaire, où le singulier n’est plus respecté dans son altérité, ni dans son originalité irréductible. Ainsi se révèlent les causes de l’abandon de l’espace intersubjectif, de la relation à l’autre et, donc, de l’éthique.

Alors, le point de départ de la relation éthique est le face-à-face, c’est-à-dire la rencontre du je avec autrui. L’apparition d’autrui me confère une responsabilité. Dès lors que l’autre me regarde, est en relation avec moi, je l’assume. J’assume sa faiblesse, sa fragilité, sa vulnérabilité, sa faillibilité qui font, entre autres, sa spécificité d’Humain. Une relation se noue, constituant le fait originel de la fraternité et engage ma liberté. « Je suis responsable d’autrui ». Cette responsabilité est initialement un « pour autrui ». Ici, l’éthique se hausse au niveau d’un absolu qui règle l’existence et désigne la relation à l’autre comme l’une des modalités de l’être.

De manière plus globale, la sectorisation demeure le meilleur dispositif pour accompagner tous les patients, sans aucune discrimination. Ceci dans un temps qui est moins « sous contrainte de rapidité », notamment pour le secteur extra hospitalier, mais aussi dans leurs environnements propres, avec des équipes soignantes de qualité. Effectivement, si l’inconscient est intemporel, patients et soignants ont besoin de temps. Besoin qui devient de plus en plus difficile à satisfaire par faute de places à l’hôpital, et par dilution des missions en extra hospitalier.

Il apparaît clairement que la nouvelle gouvernance concerne surtout l’attribution des moyens, la logique devient alors : « rapporter » de l’argent à l’hôpital et à la psychiatrie. Ceci comprenant le risque de s’enfoncer encore plus avant dans un système qui ne deviendrait plus que comptable et, donc, comme une nécessité logique implacable, déshumanisante. De tout temps, en psychiatrie, la plus grosse dépense financière est celle liée aux personnels. C’est pourquoi une démarche éthique concernant les soins passe nécessairement par le maintien, mais aussi le renforcement des personnels de santé et des moyens suffisants pour remplir équitablement et correctement leurs missions de service public.

Sans que ce qui va suivre puisse être considéré comme exhaustif, plusieurs points s’avèrent inquiétants et doivent être ré-interrogés au travers du prisme du questionnement éthique.

De plus en plus, les établissements psychiatriques et les soignants qui les occupent sont poussés à une obligation de résultat chiffré, codé et quantifiable, déjà appliquée dans bon nombre de disciplines médicales et soignantes. La psychiatrie publique doit, en partie, s’affranchir de ce dictat. Ceci pour au moins deux raisons : premièrement, parce que la fonction publique hospitalière dont nous faisons partie doit, prioritairement, être au service du public, quel qu’il soit, au-delà de ces notions de chiffrage de codification et de quantification ; deuxièmement, en raison de la spécificité même de la psychiatrie avec son rapport privilégié à l’inconscient qui, généralement, s’accommode bien mal de ces logiques du tout codifiable. L’inconscient n’est ni chiffrable ni quantifiable, le sujet ne peut ni ne doit être réifié, au risque d’être nié, ainsi, notre éthique soignante, c’est la relation.

De plus en plus de demandes sont adressées à la psychiatrie, tant par des institutions, des administrations que des particuliers. Les limites de notre champ d’action sont sans cesse repoussées. Mais toutes ces nouvelles demandes sont-elles toujours de notre ressort ? La psychiatrie est une spécialité médicale dont l’objet est : « les maladies mentales ». Pour maintenir la pertinence d’une approche globale, il est essentiel de continuer à amplifier une approche pluridisciplinaire (sciences humaines, philosophie, sciences sociales … ), pour une meilleure lecture des problématiques psychiatriques. Cependant, force est de constater que la notion de « santé mentale » devient de plus en plus envahissante, diluant notre mission fondamentale. Toute souffrance psychique n’est pas à psychiatriser, la majorité des deuils sont normaux et la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Mais, ce n’est pas pour autant que la réponse, si tant est qu’il soit nécessaire qu’il y en ait une, à ces éventuelles difficultés doive être psychiatrique. Peut-être devrions nous être parfois plus vigilants quant au fait de pouvoir dire non à certaines demandes, tout simplement parce qu’elles ne relèvent pas de notre spécificité ; mais aussi parce que le non peut être constitutif d’une nouvelle adresse, plus adaptée, pour ces mêmes demandes.

Cependant, il est important que l’hôpital psychiatrique puisse retrouver une fonction « d’asile ». Mot qui, ici, n’est pas à entendre comme un lieu d’enfermement et d’aliénation dans lequel la société se débarrasserait du sujet dit fou. En effet, le sens de cette fonction « d’asile » est bien à comprendre, en faisant un retour à l’étymologie, comme un lieu d’accueil inviolable, où peut se réfugier une personne poursuivie, en rupture, où l’on se met à l’abri contre un danger (abri prenant ainsi le sens de refuge), où l’on trouve la paix et le calme.

De plus en plus, nous sommes confrontés au risque de la « normalisation », de la « remise aux normes sociales » du patient au détriment du soin réel et du respect du sujet. Ici, la dimension éthique apparaît on ne peut plus clairement. La psychiatrie ne doit pas viser à une norme sociale, elle ne doit pas être moralisatrice et elle ne doit pas entrer dans le discours du maître, prescrivant à ses sujets/patients la meilleure manière de jouir de la vie. Alors, la dimension éthique est liée à notre capacité à nous interroger sur nos propres projections, en tant que soignants, mais aussi en tant qu’institution. Vouloir à tout prix le bien d’autrui, être persuadé de détenir ce bien et vouloir l’imposer à l’autre est une démarche qui se situe aux antipodes d’une vraie démarche éthique ; cela se nomme le contrôle, la maîtrise, pouvant rapidement dériver au totalitarisme, à la dictature, à la tyrannie.

De plus en plus, nous sommes confrontés au « turn over », plus communément appelé « durée moyenne de séjour », accéléré des patients en raison de la diminution du nombre de lits en intra hospitalier. Ceci ayant pour corollaire des difficultés à poursuivre la prise en charge en extra hospitalier, ainsi que des rechutes rapides et donc plus de ré-hospitalisations lourdes, faisant ressentir un sentiment d’échec aussi bien pour les patients que pour les soignants. A ce niveau là, pouvons nous encore parler de qualité des soins ? C’est là une superbe illustration des dérives de cette logique du tout comptable évoquée plus haut. Sur quels critères faut-il évaluer le travail soignant ? Certainement pas uniquement sur la durée moyenne de séjour, mais bien sur le contenu et le sens que nous donnons aux soins que nous prodiguons. Là aussi, une approche éthique, centrée sur le sujet, s’impose.

De plus en plus, nous devons nous interroger sur la demande de soins du patient psychotique, du désir du schizophrène ou du dépressif. En effet, contrairement aux pathologies somatiques, c’est souvent un autre que le patient qui demande. Et même si c’est le patient qui demande, sait-il ce qu’il désire ? Parfois le sujet ne demande rien alors que nous sommes persuadés, ou du moins nous croyons être persuadés, qu’il a besoin de soins ; parfois c’est vrai, mais parfois …

Alors, intervenir, ne pas intervenir, se substituer, ne pas se substituer, décider pour autrui ? Pourquoi ? Comment ? Pour qui ? Depuis peu, tous ces questionnements soignants sont à prendre en compte en intégrant les nouvelles dispositions légales concernant les malades, leurs familles et leurs entourages. Ainsi, la dimension juridique est de plus en plus importante. Sachant que, parfois, nous sommes amenés à prendre des décisions allant à l’encontre de nos valeurs éthiques personnelles (isolements, contentions, hospitalisations sous contrainte, limitations des heures de sortie …), mais pourtant frappées par le sceau de la nécessité de soins.

Pour conclure, dans un au delà de la dimension individuelle de l’éthique, nous affirmons qu’un centre hospitalier psychiatrique, s’il souhaite prendre en compte de manière la plus globale possible, l’interrogation éthique, se doit de s’interroger sur les relations entre l’institution et les individus qui la constituent, mais aussi avec l’ensemble de ses partenaires extérieurs, notamment sur la place réelle qui est laissée aux familles des patients, leurs entourages, les associations d’usagers. C’est la raison pour laquelle il est judicieux de ré-interroger la notion de psychothérapie institutionnelle. Effectivement, par delà certaines modes qui parfois caractérisent certains mouvements de pensée, c’est un moyen pertinent permettant à l’institution de réfléchir sur ses pratiques.

La préoccupation et le questionnement éthiques doivent, il s’agit bien d’un impératif, être considérés comme un devoir d’individu, de citoyen et de soignant.

Hervé BOYER

5 - combat laïque

1 - Quand la Grande Bretagne s’embourbe dans le politiquement correct

Le communautarisme musulman suscite une telle peur en Grande Bretagne que les autorités ont cru bon d’éditer un guide invitant les employés du service public à éviter les mots « jihadistes » et « fondamentalistes ».
Ce guide, mis au point par le ministère de l’Intérieur dans le cadre de la stratégie anti-terroriste, a été diffusé aux responsables de la police, aux autorités locales et aux différents ministères.

Le prétexte invoqué est que les mots « jihadistes » et « fondamentalistes » établiraient « un lien spécifique entre l’islam et le terrorisme ». D’après le document, certains mots « risquent de prêter à un malentendu ».
A la place, il est conseillé d’utiliser des termes comme « criminel, meurtrier, voyou ». Cela afin d’éviter que « des communautés spécifiques se sentent visées ». Comble de l’hypocrisie, le document précise qu’ « il ne s’agit pas d’être politiquement correct mais d’être efficace » !

Mais quelle efficacité peut-on espérer à restreindre ainsi la liberté d’expression dès qu’il s’agit d’islam ? Entendons nous bien. Tous les musulmans ne sont pas jihadistes, ni même intégristes. Et certains d’entre eux sont même de courageux résistants à l’intégrisme. Il est important de le rappeler avec force. En revanche, tous les jihadistes sont bel et bien musulmans et massacrent au nom d’une lecture littéraliste du Coran.
Étouffer cette vérité, au motif de ne pas « froisser » les musulmans qui vivent sur le sol européen, c’est véhiculer l’idée que ces derniers seraient des arriérés incapables de différencier la dénonciation du terrorisme islamique et le racisme anti-musulman.

Loin de répondre à son objectif premier – à savoir une lutte anti-terroriste efficace – l’initiative gouvernementale est une belle boulette, typique du communautarisme à l’anglo-saxonne, dont seuls les extrémistes de tout bord sortiront gagnants :

Le gouvernement a précisé que le guide était « une première mesure faisant partie d’une série de communications ». D’ores et déjà, on peut s’attendre au pire. Car tant que l’intégrisme musulman ne sera pas décapité, le terrorisme, qui prend source dans l’intégrisme, a de beaux jours devant lui.

Source : islam-pluriel

Caroline Brancher

2 - Sarkozy "persiste et signe" sur le rôle social des religions

En France, le culte juif est représenté par le Consistoire Central. Cette vénérable institution allant commémorer cette année son bicentenaire, on peut penser que Nicolas Sarkozy en a entendu parler. Pourtant, en prononçant hier soir son discours devant les invités du dîner annuel du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), le président de la République a choisi, et cela ne peut être fortuit, de parler de religion à des laïcs, renforçant par là même la confusion qui existe entre religion juive et judéité.

Alors que les deux centres d’intérêt traditionnels du Crif sont le soutien à Israël et la lutte contre l’antisémitisme, les passages de l’allocution présidentielle consacrés à ces questions ont été relégués au second plan par la première partie du texte qui, après les discours de Latran et de Riyad, aurait pu s’intituler: "Défense et illustration de la foi et des religions".

Car Nicolas Sarkozy persiste et signe: pour lui, les deux grands fléaux du XXe siècle, qu’ont été le nazisme et le communisme, ne sont pas nés "d’un excès de Dieu, mais de sa redoutable absence".

On a échappé (pour l’instant) à la mise en cause de la philosophie des Lumières, mais de peu. Se faisant ensuite exégète à la fois de la Bible, de la Torah et du Coran, le président de la République a indiqué que dans ces textes il

"n’y a pas une ligne(…) restituée dans son contexte et dans la plénitude de sa signification, qui puisse s’accommoder des massacres commis en Europe au cours du XXe siècle au nom du totalitarisme et d’un monde sans Dieu".

Au passage, on remarquera que la phrase est curieuse, puisqu’elle prend soin de réfuter l’idée selon laquelle il aurait pu y avoir dans la Torah de quoi justifier la Shoah (?) ou le communisme, et qu’elle passe par pertes et profits la responsabilité de l’antijudaïsme chrétien dans la solution finale.

Une remise en cause de la laïcité dans sa conception actuelle

Quoi qu’il s’en défende, c’est ensuite à une véritable remise en cause de la laïcité dans sa conception actuelle que s’est livré le président de la République. Il déclare:

"Nos enfants ont le droit de rencontrer, à un moment de leur formation intellectuelle et humaine, des religieux engagés qui les ouvrent à la question spirituelle et à la dimension de Dieu",

Il élude ainsi l’essentiel: si cela se fait, se sera dans quel cadre, sous l’autorité et l’enseignement de qui et avec quel contenu? Et si ce n’est pas dans la famille, où cela pourra-t-il se faire, sinon à l’école?

Pas le bon endroit pour parler de l'islam

Nicolas Sarkozy, ensuite, a choisi le cadre peu approprié du Crif pour parler de l’islam de France. Expliquant qu’on avait trop longtemps refusé "d’examiner les conséquences pratiques de la présence musulmane en France" (ce en quoi il a raison), il a ajouté qu’on avait ainsi:

"Laissé se développer les attitudes les plus contraires à la laïcité, comme les pratiques vestimentaires ostentatoires et les revendications identitaires".

A supposer que là soit la cause principale de la montée de l’islamisme en France, et non pas aussi la complaisance à l’égard des régimes autoritaires arabes, la relégation des jeunes des quartiers sensibles et l’échec des politiques d’intégration, ce n’est pas devant une communauté qui se définit comme telle, et qui réclame à juste titre le droit d’afficher ses propres pratiques, qu’il fallait tenir ce discours.

Pourquoi n'honorer que les enfants "français" victimes de la Shoah?

Nicolas Sarkozy a ensuite parlé d’Israël, de l’antisémitisme et de la Shoah. Ami revendiqué de l’Etat hébreu, il croit un accord israélo-palestinien possible en 2008. Partisan d’une action résolue contre l’antisémitisme, il a toutefois eu un propos stupéfiant, en indiquant qu’à son avis, les colloques et recherches sur les différentes variantes idéologiques de l’antisémitisme "aboutissent parfois à le banaliser".

Les intellectuels, juifs ou non, qui ont passé les années 2000 à faire un travail sérieux et à contre-courant, pour décrire les nouvelles formes du préjugé anti-juif, apprécieront…

Enfin, et toujours sur le registre émotionnel, le président de la République a annoncé que:

"chaque année, à partir de la rentrée scolaire 2008, tous les enfants de CM2 (se verront) confier la mémoire d’un des 11000 enfants français victimes de la Shoah."

Problème: comme l’indique parfaitement le "Mémorial des enfants juifs déportés de France", de Serge et Beate Klarsfeld, les enfants en question, 11400 précisément, ont bien été déportés "de France", mais ils n’étaient pas tous français.

Voir cet article sur son site d'origine

Jean-Yves Camus Chercheur en science politique

6 - Traité Européen

1 - Nos parlementaires ont fait mettre un genou à terre à la gueuse, nous n'avons pas su l'empêcher.

Le 6 février 1934, les ligues, majoritairement d'extrême droite, défiaient la République en marchant sur l'Assemblée Nationale. C'est suite à cet événement qu'est né un sinistre mouvement, la Cagoule, avec comme objectif le renversement de la République, « la gueuse » comme ils l'appelaient.

74 ans après, le 6 février 2008, les députés ne vont mettre que 23 heures et 10 minutes chrono pour examiner, discuter et voter la ratification du Traité de Lisbonne, le plus grave coup porté à la République depuis le 16 juin 1940. Les sénateurs seront encore plus rapides pour le même exercice, abandonnant momentanément leur légendaire « train de sénateur ».

Pas de surprise me direz-vous, tout le monde savait bien que les parlementaires sont très majoritairement pour une Europe ultralibérale et antisociale, et qu'il n'y avait aucune chance d'inverser la tendance. D'ailleurs, jamais aucun parlement dans l'histoire de l'Union européenne n'a refusé un traité.

Pourtant, comme nous l'a expliqué le camarade sénateur Mélenchon, Sarkozy pouvait être battu. Mais pas dans les deux chambres. C'est le 4 février à Versailles que c'est joué a défaite. Véritable déni de démocratie - puisque ce que le peuple à rejeté le 29 mai 2005, seul le peuple pouvait l'accepter ou le refuser à nouveau aujourd'hui - la ratification par voie parlementaire pouvait être empêchée par le blocage du processus de révision constitutionnelle. Sarkoléon n'aurait alors pas eu d'autre choix que recourir au référendum.

Avant le 4 février, nous n'aurions dû avoir qu'un seul mot d'ordre : « les parlementaires avec le peuple pour sauvegarder la démocratie ». Au lieu de cela, la gauche républicaine et la gauche antilibérale ont voulu refaire la campagne de 2004-2005, la conviction en moins. Grave erreur, car ce n'était pas les militants qui fréquentent les meetings qu'il fallait convaincre de la nocivité du contenu du traité, avec l'illusion de pouvoir entraîner un mouvement qui finirait par retourner des parlementaires.
Rassembler des parlementaires sur les principes démocratiques paraît quand même plus accessible que de les convaincre à renier leur dogme européiste libéral. L'anti-démocratie n'imprègne pas encore les parlementaires comme l'européisme.
Pour ceux qui ne seraient pas convaincus, il reste l'argument mathématique. Au congrès, il fallait réunir 40% des suffrages exprimés pour obtenir le référendum, parlement, il fallait 50% des suffrages exprimés à l'Assemblée et au Sénat pour empêcher la ratification.

Ainsi, la campagne que nous avons perdue aurait dû avant tout s'adresser aux parlementaires de gauche pro-traité, en argumentant uniquement sur le déni de démocratie, tout en mobilisant la population sur le même thème pour qu'ils sentent le regard du peuple des 31% du non de gauche de 2005 au dessus de leurs épaules le 4 février à Versailles.

Aujourd'hui, ce ne sont pas 43 députés et les 36 sénateurs de gauche qui ont voté contre le projet de loi autorisant la ratification que j'ai envie de saluer, même s'ils ont toute ma sympathie. Ce sont les 181 parlementaires (à plus de 90% de gauche) qui ont voté contre la modification constitutionnelle à Versailles. Et plus encore les 86 parlementaires de gauche qui ont voté contre la révision à Versailles et qui n'ont pas voté contre la ratification à l'Assemblée ou au Sénat (certains étaient absents, d'autres se sont abstenus, d'autres enfin ont voté pour). Ils sont l'honneur de la gauche, même si je ne voterais certainement pas pour eux s'ils se présentent aux prochaines élections européennes. Ils montrent que notre combat pour obtenir un référendum était réaliste et gagnable, si la campagne s'en était tenue à ce seul objectif. Nous avons l'air fin avec nos tracts décrivant par le menu les méfaits du traité. Il ne reste plus qu'à les recycler en Irlande…

Alexis Secondat

2 - Pourquoi continuer à déposer plainte après le 4 février ?

Lundi 4 février, les parlementaires réunis en Congrès à Versailles, devraient ratifier la modification de la Constitution, ouvrant la voie à l'adoption du traité de Lisbonne. Cette adoption devrait intervenir le 6 à l'Assemblée Nationale, et le 7 au Sénat... A moins, bien sûr, que la Cour européenne des Droits de l'Homme accepte de se prononcer favorablement sur les mesures provisoires suspensives, comme nous le lui demandons.

A ce propos, un mémoire complémentaire va lui être transmis d'ici le 7 février, afin de lui apporter de nouveaux arguments juridiques . Tous les requérants (ceux qui ont envoyé la requête), auront évidemment accès à ce mémoire.

Dans l'hypothèse où ce traité était quand même ratifié et que la Cour ne nous accorde pas les mesures provisoires, quel est l'intérêt de continuer à déposer plainte, et de poursuivre la communication sur cette action autour de vous ?

Tout d'abord politiquement, l'existence même de plaignants toujours plus nombreux, dispensera les défenseurs de ce traité (UMP, PS et Modem) de faire comme s'il n'y avait pas d'opposants.

Nous refusons ainsi que la messe soit dite... sans nous !

Après l'adoption du traité, cette plainte sera la seule alternative qui restera aux opposants à ce coup de force constitutionnel d'une part, et aux opposants au traité de Lisbonne d'autre part.

Toujours dans le domaine politique, les municipales approchent et nous comptons bien faire payer cher, sur le terrain politique, tous les parlementaires qui ont trahi leur mandat. Ces parlementaires devraient être définitivement écartés, car ils s'apprêtent à commettre le plus grave crime qui soit dans une démocratie : aller, en toute conscience, contre la volonté du législateur suprême, le Peuple.

Ensuite, cette fois sur le terrain juridique, plusieurs évènements vont se produire :

Dans les prochains mois, la Cour aura à se prononcer sur le reçevabilité de notre plainte.

Nous vous l'avons dit à plusieurs reprises, ce procès est déjà hors norme, car il n'est jamais arrivé en 50 ans qu'un aussi grand nombre de plaintes soient déposées contre un Etat. Pourtant, nous ne sommes pas encore suffisament nombreux pour pouvoir faire pression sur la Cour. Si nous arrivions, par exemple à 10 000 plaignants, la Cour ne pourrait pas se permettre de répondre à coté de notre demande (ce qu'elle se permet, à l'occasion, comme tout tribunal qui veut éviter de répondre à une question embarrassante).

Un peu partout en France, les gens sont enthousiastes et très favorables à l'idée de défendre leur système politique (la démocratie), et par cette plainte, c'est d'abord ceci que nous défendons, avant même de parler d'Union Européenne ou de traité. Certains plaignants qui ont voté Oui en 2005 ont d'ailleurs bien compris cet aspect essentiel de la plainte.

L'enjeu est donc vital : plus nous serons nombreux, plus nous aurons de chances de gagner.

Certains ont pu nous reprocher de mettre en avant le nombre, et pensent que nous admettons en cela la faiblesse juridique de notre argumentation.
Rien n'est plus faux... connaître exactement le terrain sur lequel nous nous battons, anticiper les "coups bas" et être réaliste en toute chose, n'est pas une faiblesse, au contraire.

N'oubliez pas que nous sommes dans un procés hors norme, duquel on ne peut pas écarter le rapport de force et le poids décisif du nombre de plaignants. Ceux qui ont pris le temps de lire notre requête savent que notre argumentation juridique est trés solide, très étayée, mais nous serions bien naïfs de penser qu'il suffit de dénoncer un tort pour qu'il soit réparé.

Une personne, dix personnes, mille personnes dénoncent un déni de démocratie, on peut toujours les ignorer... mais si demain 10 000 personnes, voire plus, font de même... quel journal, quelle télévision, quel homme politique pourra décemment les ignorer ?

Nous souhaitons mettre toutes les chances de notre côté en faisant augmenter toujours plus le nombre de plaignants.

Cette action est la vôtre... elle a besoin de vous tous, de votre implication.

Pour finir, rappelez-vous que la plainte comporte une demande de constat de violation du droit à des élections libres (le fameux article 3 Protocole 1) . La décision sur cette demande peut intervenir dans plusieurs années, et si nous obtenons gain de cause, cela modifiera à jamais la façon dont seront élaborés les prochains traités de l'UE : pour chaque révision, les pays de l'UE devront a minima faire élire au suffrage universel des assemblées chargées d'élaborer et de voter les prochaines modifications des traités de l'UE, quand ils ne procèderont pas par référendum. C'est une manière de contraindre les Etats à tenir compte de l'avis des Peuples, puisqu'ils ont manifestement décidé de s'en passer.

Une victoire juridique nous donnerait des garanties politiques essentielles.

Ne laissons pas passer cette chance !

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29mai.eu

3 - Le mépris des principes est la cause des malheurs publics

En commentaire au coup d’État de Versailles, plusieurs juristes ont affirmé que ratifier le traité de Lisbonne par voie parlementaire était peut-être politiquement choquant mais constitutionnellement possible.

Cette opinion ne résiste pas à un instant de réflexion, car elle cantonne la Constitution à sa lettre. Or non seulement la Constitution est un ensemble logique et articulé, inspiré d’une pensée politique cohérente, mais des Principes fondamentaux du Droit existent, supérieurs aux textes juridiques par leur prééminence, et situés à la base de l'édifice juridique pour leur solidité.

Certains sont très généraux et très connus, souvent cités sous la forme d'un adage de droit romain. Par exemple l'autorité de la chose jugée (non bis in idem) ou la légalité et la non-rétroactivité des peines  (nullum crimen, nulla poena sine lege praevia). D'autres sont plus particuliers : « le lieu régit le droit » (locus regit actum), ce qui suffit à renvoyer Bolkestein au néant ; « nul ne peut alléguer de sa propre turpitude » (nemo auditur propriam turpitudinem allegans) etc. Les énoncés de ces principes résultent de siècles d’expérience, qui les ont fait reconnaître comme indispensables à la paix civile et à la liberté personnelle.

D’autres principes portent sur l'usage de la puissance politique. Ainsi « Que les consuls veillent à ce que la chose publique ne subisse aucun dommage » (caveant consules ne quid detrimenti respublica capiat).
Nos politiciens qui asservissent la France devraient y être rappelés.

Et il y a bien sûr des principes exprimés en bon français, au premier chef la Déclaration des Droits de 1789, dont les traités européens violent tous les articles politiques.

Or parmi les plus fondamentaux des Principes fondamentaux du Droit, deux principes parallèles et étroitement liés sont la hiérarchie des normes et la hiérarchie des pouvoirs.
Il va de soi, en effet, que les Principes sont plus importants que la Constitution, celle-ci supérieure aux lois, qui sont à leur tour supérieures aux règlements et à la jurisprudence. Ainsi les Principes fondent la Constitution, qui fonde les lois etc. C’est la hiérarchie des normes.
De même, une décision prise par une autorité peut être cassée par une autorité supérieure, mais pas par une inférieure. C'est la hiérarchie des pouvoirs ; c’est le bon sens même.

Une décision prise par référendum ne peut donc évidemment être modifiée que par le même moyen, puisqu'il n'y a pas d'autorité supérieure au Souverain. Les mandataires ne sont pas supérieurs aux mandants, et il serait extravagant qu'ils s'imaginent l'être lorsqu'ils n'ont pas été explicitement mandatés. Violer ce principe, c'est renverser tout l'ordre juridique, puisque, comme leur nom l'indique, les Principes fondamentaux sont à la base du Droit !

Soutenir que le Parlement puisse ratifier un traité contre la décision du Peuple Souverain suppose que l'on considère le Droit de façon irrationnelle, sans conscience de son origine ni de ses règles, sans souci de logique, et sans prévoir les conséquences sociales ni politiques de l’effondrement de l’ordre juridique.

Nier que le respect des Principes fondamentaux conditionne la validité de tout texte et de tout acte reviendrait à réduire le Droit à un ramassis d'usages pratiques inarticulés qui pourraient être changés à tout moment par des pouvoirs non habilités à le faire. C'est d'ailleurs ce que sont les textes émanant de ce pouvoir sans fondement qu’est l'Union Européenne, et c’est pourquoi les traités européens, incohérents et anti-démocratiques, ne peuvent être approuvés, en leur état, par quiconque jouit de quelque cohérence mentale.

Sur cette pente, c'est tout l'ordre social, la paix civile et la sûreté personnelle qui sont en danger. Le mépris des principes a des conséquences économiques, sociales, politiques, qui ne se font pas sentir tout de suite mais sont terribles à long terme.

La trahison de Versailles nous a fait entrer dans le non-droit. Violer la souveraineté du Peuple, c'est rétablir sans le dire le despotisme, obliquement éclairé, et le suffrage censitaire (dont les effets désastreux sont, hélas, connus : 1790, 1848, 1954 !). Mais comment les fonder ? Trois siècles d'évolution vers la pensée rationnelle ne permettent plus de se référer à la coutume, ni au droit divin. Pour rétablir l’inégalité, il faudrait bien pourtant lui trouver un fondement philosophique, au-delà de la mondialisation inéluctable et de la lutte contre le terrorisme ! Mais c'est évidemment impossible. Aussi tout cet échafaudage de traités bancals s'écroulera-t-il, ensevelissant ses auteurs, et beaucoup d'innocents, sous les ruines.

L'Union Européenne est morte désormais ; maintenant reste à savoir comment elle s’effondrera, et comment limiter les dégâts qui résultent de quatre décennies d'erreurs.

Il faut rétablir la République.

Christian Darlot

7 - Média

1 - "Ineurope". Surtout ne pas parler des grèves actuelles en Grèce : C’est le secret de l’Europe officielle, ineuropéenne.

Hier mercredi 14 février 2008, toute l’économie grecque était paralysée par une journée massive de grève générale, la deuxième en deux mois.

Il n’y a pas besoin d’avoir fait une grande école de journalisme pour comprendre que la consigne générale, d’autocensure ou bien d’ « exocensure », c’est de parler le moins possible de tous les mouvements sociaux qui peuvent survenir à l’étranger, et surtout s’il s’agit de nos frères et soeurs « consorts » européens : ceux qui partagent le même « sort » institutionnel.

On voit bien ici le tour foncièrement antieuropéen et antieuropéiste de cette Europe des traités de Maastricht et de Lisbonne : Tout est fait pour faciliter la circulation des marchandises et des capitaux, mais tout est conçu pour entraver la libre circulation des âmes et des idées, pour cloisonner chaque peuple dans son espace médiatique étriqué autour d’enjeux dérisoires tels que les chroniques inlassables de chaque cour princière (ah, Carla et Nicolas, ah Berlusconi, s’il fallait vous inventer !).

Bref, tout est fait pour priver méthodiquement les Européens d’un espace public commun, condition indispensable d’une démocratie commune. Et ils osent nous parler d’Europe et même nous traiter de nationalistes attardés ! (Vous remarquerez que pour être bien certains que les citoyens de chaque pays européen vivront toujours à des rythmes séparés, on ne vote pas les mêmes jours ni sur des listes européennes, afin d’isoler et d’impuissanter la volonté populaire. Afin de pouvoir sanctionner prestement chaque peuple qui s’avérerait isolément récalcitrant dans l’Empire supranational, un peu comme cela se passait à l’Est pour les Hongrois en 1956 et les Tchèques en 1968, même si la Commission de Bruxelles possède aujourd’hui des moyens infiniment plus sophistiqués que les chars d’assaut soviétiques pour faire plier un pays qui aurait mal voté à un référendum…)

Faire semblant de construire l’Europe en faisant son contraire, c’est-à-dire l’ « Union ineuropéenne », voici le secret de fabrication de ces si médiocres dirigeants politiques du niveau de cynisme de Tony Blair, de Sarkozy, de Schröder et de Berlusconi, qui ont trouvé ainsi un moyen subtil de se passer des peuples, afin de se délivrer pour toujours des conquêtes démocratiques et sociales issues de plusieurs siècles de résistance démocratique contre les rois, contre les magnats, et il y a soixante ans contre les nazis.

Maintenant, il reste une question brûlante : Qui nous interdit de parler des grèves en Grèce ? Et demain peut-être en Finlande, au Portugal ou en Roumanie, si leurs classes ouvrières se révoltaient ? Et qui interdit en retour les travailleurs européens de se préoccuper de nos combats en France ?

On se demande vraiment à quoi servent ces permanents d’organisations syndicales et altermondialistes qui se rencontrent si fréquemment en symposiums internationaux tels que les Forums sociaux, mais sans jamais parvenir à se mettre d’accord sur un ou deux objectifs précis et vraiment gênants pour les managers de Bruxelles, ni même sur un texte de principe commun.

Si nos porte-parole sont incapables de s’entendre, tant pis. Que ce soit au moins un principe élémentaire de solidarité, un réflexe à propager, un conseil d’ami : Lorsqu’il y a grève chez nos voisins et consorts, en Grèce ou ailleurs, qu’on en parle au maximum, entre collègues et voisins, et aussi dès qu’on a accès à nos médias. Pour briser cette censure officielle inacceptable et ineuropéenne, et non l’entretenir par notre passivité. Qu’on fasse des piquets de grève, des marches, des danses, des distributions de tracts multilingues devant les représentations diplomatiques grecques et les succursales d’entreprises concernées. Qu’on arbore ici des autocollants grecs solidaires et des drapeaux hélènes. Qu’ils aient peur d’un réveil du peuple des peuples européens infantilisés, ce peuple des peuples qui surviendrait enfin « pour-soi » et non seulement « en-soi ».

Qu’ils sachent enfin que nous sommes l’Europe, contre l’Ineurope.

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Luc Douillard

Agenda

samedi 16 février 2008, 14:30

LE CODE ALGERIEN DE LA FAMILLE : POURQUOI S’APPLIQUE-IL EN FRANCE ET EN EUROPE ?

Maison des associations du 18eme arrondissement
15 passage Ramey (par le 75 rue Marcadet )
Metros : Jules Joffrin ou Marcadet-Poissonniers
Rens : 0664362661 /0678817747 /0666736479

Nous comptons vivement sur votre présence parmi nous

APEL ET LA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME DU 18° ARR. DE PARIS
vous invitent à une conférence-débat

La conférence sera animée par:

 

Régulièrement, APEL ( Association Pour l’EgaLité ), est contactée par des femmes subissant, en France, le code algérien de la famille. Cette conférence permettra de comprendre pourquoi le droit algérien rendu en Algérie est applicable sur des personnes françaises ou résidant régulièrement en France.

mardi 19 février 2008, 20:00

« VIVRE AVEC LES CULTES ET LES LAICITES EN WALLONIE-BRUXELLES EN 2008 »

Bruxelles Laïque
Avenue de Stalingrad 18-20 à 1000 Bruxelles
PAF : 5 euros (étudiants & allocataires sociaux : 3 euros)

Le Centre régional du Libre Examen de Bruxelles vous convie à sa prochaine conférence

De l'urgente nécessité d'un débat citoyen sur la place des cultes et des philosophies non confessionnelles, pour mieux vivre ensemble dans un Etat laïque.

Cette proposition de titre et de sous-titre s'attache directement à l'initiative lancée par Madame Arena sur le dialogue entre "francophones", sans que cet aspect ait été explicitement évoqué jusqu'ici.

Le but est de passer en revue les dimensions qu'il convient de préciser quand on parle d'un Etat laïque en Belgique (ou en Communauté française).

Pour ce faire, il semble indispensable de commencer par un survol historique du système institutionnel belge de "reconnaissance et financement public" des cultes et de la laïcité philosophique ; système que la "laïcité politique" met en question, ne fut-ce que pour l'actualiser.

Quelles sont les différentes dimensions à prendre en compte quand on parle de la place des cultes ? Quelles seraient les répercussions d'un Etat laïque dans les domaines des cultes, de l'enseignement, des hôpitaux, des administrations publiques ? Au niveau du droit constitutionnel quelles sont les limites et les ouvertures à la création d'un Etat laïque ?

Orateurs :

Modérateur : Denis STOKKINK, président du Centre régional du Libre Examen de Bruxelles.

Inscription souhaitée
Verre de l’amitié offert en fin de soirée

Talon réponse (Cultes et laïcités en Wallonie-Bruxelles) à renvoyer au Centre du Libre Examen Rue Coenraets 66 à 1060 Bruxelles - Fax 02/535.06.93 - Tél 02/535.06.78/79 - http://centrelibrex.blogspot.com vlacroix@centrelibrex.be – fsidibe@centrelibrex.be

samedi 8 mars 2008, 08:30

Laïcité, Libre pensée, Franc-maçonnerie

CHÂTEAU DU KARREVELD, AV. JEAN DE LA HOESE, 1080 BRUXELLES

Retrouvez l'invitation au format PDF: Verso

Colloque

QUELLE LAICITE POUR LE 21ème SIECLE ?

LIBRE-PENSEE OU PENSEE LIBRE

FRANC-MACONNERIE : ECOLE DE LIBERTE ?

_Conclusion:__

CONTACT: Charles.Susanne@ulb.ac.be

Voir l'agenda complet en ligne

ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine est édité par l'association:
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27 rue de la Réunion
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