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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°580 - jeudi 21 février 2008

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1 - chronique d'Evariste

1 - Pour Sarkozy : chaud, chaud , chaud, le printemps sera chaud !

Comme disait Mao : « le poisson pourrit toujours par la tête ». En ce milieu février, on constate que le processus de nécrose du sarkocircus est en phase d’accélération vertigineuse. La norme médiatique et bientôt la norme politique deviennent une critique brutale sur tous les sujets qui concernent notre Omniprésident. Quel changement, quel bouleversement en quelques semaines ! Respublica, qui fut parmi les premiers opposants radicaux à cette pitrerie politicienne, se félicite de voir l’évolution des mentalités, en particulier dans les médias.

sectesNonProbleme

Pour Emmanuelle Mignon, directrice de cabinet de Sarkozy, les sectes sont un "Non-problème", et pour cause !
crédit : X:

Mais l’on est tout de même en droit de se poser la question suivante : pourquoi notre République n’a-t-elle pu éviter cette absurdité et cette impasse totale de l’exécutif ? De 2002 à 2007, pendant cinq longues années, l’ensemble des « ordres » économiques, politiques, administratifs et médiatiques se sont progressivement rangés derrière la candidature du Sarkocircus. Sarkozy, ministre de l’Intérieur, Sarkozy ministre de l’Economie, Sarkozy candidat, Sarkozy écrivain, Sarkozy mari et père de famille, bref toutes les facettes du personnages ont été montrées sous un jour ultra positif. L’ensemble des patrons, la totalité de la haute administration, par exemple, ont passé les cinq dernière années à expliquer que notre Omniprésident était LA personnalité politique qui allait sortir le pays de sa léthargie morbide.

Ne connaissaient-ils pas l’ex-maire de Neuilly ? Ne l’avaient-ils pas « évalué » au cours des trente dernière années de sa vie politique, commencée à la fin des années70 ? N’avaient-il pas présumé des aspects à proprement parler incohérents du personnage ? Non, Sarkozy n’a pas subjugué la France, il n’a trompé personne : ce sont les responsables économiques et politiques qui lui ont donné les clefs de l’Elysée, comme avant ils lui avaient confié celles du ministère de l’Intérieur, puis celles de l’UMP ! Ils sont responsables de l’engeance dans laquelle se trouve notre République.

Alors, que va-t-il se passer maintenant ? Comment, et avec le moins de casse possible, pouvons-nous sortir de cette crise de confiance qui va devenir à court terme, n’en doutons pas, une crise de régime ?

Les élections municipales, qui vont être une Bérézina pour l’UMP, marqueront certainement le point de défiance définitif de la base politique de droite avec l’Omniprésident. Tous les ténors de ce courant, qui auront perdu leur fief en mars prochain, vont devenir des ennemis féroces de Sarkozy. Les coups de boutoir vont pleuvoir sur lui, et les barons de la droite ne feront rien pour le défendre en cas de tempête sociale. Il est symptomatique que certains d’entre eux signent dès aujourd’hui l’appel de Marianne à la « Vigilance Républicaine ». Certains d’entre eux sont déjà dans l’après Sarkozy.

Dans cette situation crépusculaire, les républicains de gauche que nous sommes doivent à tout prix éviter de renforcer la confusion. S’il faut clore au plus vite la pantalonnade politicienne en vigueur depuis 8 mois, ne tombons pas dans des alliances sans principes et sans convergences politiques qui ne visent qu’à exonérer les vrais responsables de leurs fautes et de leurs veuleries. Il ne peut y avoir de Front Républicain avec ceux qui pendant 5 ans ont propulsé le « human bomb » de l’Elysée !

Pour nous, la fin de Sarkozy doit être la conséquence d’une immense mobilisation populaire car nous ne serons jamais les supplétifs des révolutions de palais qui s’annoncent. Un large front social doit se constituer et être à l’origine d’une nouvelle politique, enfin capable de maîtriser les puissances financières et de mettre les intérêts réels du peuple français au poste de commande.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - politique française

1 - L'Appel républicain de Marianne

Nous reproduisons ci-dessous un appel, publié dans Marianne, signé par dix-sept personnalités de la droite, du centre, de l'écologie et de la gauche républicaine. A situation exceptionnelle, rassemblement inédit...

Il se passe de drôles de choses dans notre République. L'actuel Président avait bien promis la rupture. Rupture il y a, mais pas seulement telle qu'elle avait été annoncée. Un gouvernement marginalisé, dont le travail s'avère pré-mâché par les conseillers du Prince. Rupture.
Un Président qui semble déserter la fonction, parlant tour à tour comme croyant ou comme laïc. Rupture.
Un Président qui veut mettre la politique en chiffres, comme s'il s'agissait de vendre des petits pois. Rupture.
Un Président qui entend diriger ses équipes comme un manager d'hypermarché, distribuant bons et mauvais points, primes ou sanctions. Rupture.
Un Président qui reste chef de parti et dont le domaine réservé est davantage la Mairie de Neuilly que la politique de défense. Rupture.
Un Président qui prétend substituer au débat contradictoire traditionnel entre majorité et opposition la mise en scène des divergences entre ses courtisans et ses ministres. Rupture. Un Président qui affirme devoir être heureux pour gouverner le pays. Rupture.
Un Président qui annule ses rendez vous du soir et du matin pour vivre pleinement son couple. Rupture.

La liste est longue des stupéfiantes innovations, que, volontairement ou involontairement, Nicolas Sarkozy a introduit dans la politique présidentielle. Ce nouveau cours suscite donc des inquiétudes, une anxiété même. C'est cette anxiété, qui risque bien de s'amplifier dans les semaines et les mois à venir, que traduit l'appel républicain de dix-sept hommes et femmes politiques que nous reproduisons ci-dessous. On ne doit pas se tromper sur sa signification : si des personnalités politiques de premier plan qui ont l'habitude de s'affronter sur la scène publique depuis des années, prennent le risque de s'afficher au bas d'un même texte à quelques jours d'un scrutin dont le président lui a annoncé qu'il serait politique, si cet appel a recueilli la signature de plusieurs hommes et femmes politiques de la droite républicaine, c'est bien que le contexte politique créé par huit mois de sarkozysme est totalement inédit.
A lire. A méditer.
Avant d'agir ?

 

Pour une vigilance républicaine

Les soussignés se réclament de sensibilités très diverses, et ils ont sur un certain nombre de sujets importants des positions très différentes, mais ils ont malgré tout en commun un certain nombre de convictions et de valeurs qu'ils entendent réaffirmer.

Au-delà de leurs divergences, les soussignés tiennent à rappeler leur engagement à défendre, séparément ou ensemble, ces impératifs, comme toujours cela fut fait au cours de l'Histoire de la République.

Vendredi 15 Février 2008
Marianne

Le Journal Marianne www.marianne2.fr

2 - Les gesticulations républicaines de l'Appel du 14 février

Que Nicolas Sarkozy penche vers le multiculturalisme anglo-saxon, qu'il n'ait jamais compris grand-chose à la République et se soit borné, dans certains de ses discours de campagne, à réciter ce que d'autres lui avaient dicté, nous l'avions aperçu et dénoncé dès avant son élection . Il n'arrive donc aujourd'hui que ce qui était prévisible et l'on peut simplement s'étonner de la tardiveté de la prise de conscience.
Il n'existe cependant pas de pire réaction que celle qui consiste à répondre à la gesticulation par une agitation aussi décousue. L'appel du 14 février « pour une vigilance républicaine », diffusé par Marianne, en témoigne : tant par son casting précipité que par son contenu bricolé, il rate son but et se révèle finalement contre-productif.

Le contenu, tout d'abord, articulé autour de quatre « convictions et valeurs » est pour le moins approximatif :

Un casting surprenant

On voit mal, dans ces conditions, en quoi peut consister « l'engagement » des signataires de l'appel « à défendre, séparément ou ensemble, des impératifs » si peu consistants et donc si peu engageants. Il est vrai qu'avec une sélection de personnalités aussi hétéroclites, on ne risquait pas de développer un grandiose dénominateur commun.

Le casting de l'appel est, en effet, pour le moins surprenant. La présence de Pierre Lefranc et de Noël Mamère côte-à-côte dans une pétition en a déjà scandalisé plus d'un. Si la conviction et les valeurs républicaines du premier ne font aucun doute, celles du second laissent, en revanche, sceptique. Piétiner les lois de la République et provoquer ses valeurs en célébrant le mariage de deux personnes du même sexe, de surcroît convaincues d'escroquerie, a de quoi faire douter de la morale républicaine de l'intéressé et de son aptitude à porter l'écharpe tricolore. En matière de bouffonnerie, Nicolas Sarkozy peut encore prendre des leçons à Bègles.

Mais au-delà de cette cocasserie, il est tout de même permis de s'interroger sur la crédibilité des leçons de républicanisme administrées tant par Dominique de Villepin que par Ségolène Royal et François Bayrou, dont la réunion ressemble davantage à une solidarité de recalés du suffrage qu'à une démarche positive. Un Premier ministre « dirige l'action du gouvernement » et c'est dans celui de Dominique de Villepin que Nicolas Sarkozy a pu préparer efficacement son élection. Or, on n'a jamais entendu le premier se désolidariser des initiatives anti-républicaines du second. Bien au contraire, c'est en Conseil des ministres que fût désigné le « préfet musulman » souhaité par le ministre de l'Intérieur de l'époque, c'est auprès de Dominique de Villepin que fût déjà nommé un ministre délégué dont l'origine ethnique primait de toute évidence sur la compétence, c'est aussi sous son gouvernement que l'on vit fleurir dans les halls des Facultés de droit des affiches vantant « une police aux couleurs de la République », lesquelles n'étaient plus bleu-blanc-rouge mais black-blanc-beur, en contradiction flagrante avec l'article 1er de la Constitution ! C'est avec le contreseing de Dominique de Villepin qu'ont été promulguées les trois lois constitutionnelles du 23 février 2007 dont l'inspiration républicaine laisse pour le moins à désirer.

François Bayrou est un aussi farouche partisan de la très anti-républicaine Charte sur les langues minoritaires et régionales, parfaitement contraire à notre Constitution, tandis que le site du Perroquet libéré nous renseigne régulièrement sur la « monarchie élective » et le communautarisme qui sévissent à la mairie de Paris. On n'ironisera pas sur l'accusation monarchique de Mme Royal mais on n'a rien vu, lors de sa campagne présidentielle, qui ressemble à du franc républicanisme. La compassion, la charité, la quasi-guérison des handicapés par la madone et le fameux « Aimez vous les uns les autres » ne révélaient pas vraiment une laïcité bien comprise.

Bref, n'en déplaise aux éditorialistes de Marianne, on n'a pas été convaincu par le contenu de l'appel ni par la sincérité d'un certain nombre de ses signataires. Avec la meilleure volonté du monde on ne parvient pas à y voir « la radicale nouveauté d'une position que l'on pourrait presque qualifier de culturelle ». L'alliance du pot de fer et du pot de terre n'est pas une nouveauté, c'est un éternel échec.

Voir cet article sur son site d'origine

Anne-Marie Le Pourhiet Professeur de droit public

3 - Laissons les enfants en paix

Après avoir chassé en terre chrétienne (discours de Latran), puis musulmane (discours de Riyad), le Président de la République française chasse maintenant en terre juive (discours lors du dîner annuel organisé par le Crif). C’est logique. A chaque fois, il a exposé sa même vision du rôle des religions, en particulier à l’école. Sur cet aspect des choses, nous ne pouvons que renvoyer à notre communiqué « Le chanoine et la République ».

Tout aussi préoccupant : en terminant son allocution lors de ce dîner, le Président de la République a demandé au gouvernement, et plus particulièrement au ministre de l'Éducation nationale, Xavier Darcos, "de faire en sorte que, désormais, chaque année, à partir de la rentrée scolaire 2008, tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d'un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah".

Nous joignons notre voix aux nombreuses protestations qui se sont déjà exprimées.

En premier lieu, mieux vaudrait, quand on tente d'imposer un devoir de mémoire, disposer de connaissances en histoire : rappelons que ces quelque 11 000 enfants juifs déportés de France n’avaient pas tous la nationalité française, et pour cause (faut-il rappeler les lois anti-juives de Vichy ?).

Nous savons aussi que l’histoire et l’émotion font souvent mauvais ménage. Jouer sur le registre de l’émotion, pour ce sujet comme sur d’autres, c’est jouer avec le feu, en particulier à l’école.

Enfin, nous pensons que, si la mémoire de tous les enfants victimes de la Shoah, prise dans son ensemble, appartient à l’humanité tout entière, celle de chacun d’entre eux est singulière et n’appartient à personne en particulier. De quel droit propose-t-on de "confier" cette mémoire, et qui plus est, à des enfants de 10 ans?

Les enfants ne sont pas, ne doivent jamais être, des objets qu’on manipule. Ni les morts, ni les vivants.

La Paix Maintenant www.lapaixmaintenant.org

4 - Sarkozy et la mémoire des enfants déportés

Vous voudrez bien trouver ce texte co-signé par des citoyens tarnais, enseignants ou/et membres d’associations perpétuant la mémoire des victimes des camps.

Signataires : Pascal Polisset (Professeur des Ecoles, militant associatif, Gaillac) Rémi Demonsant (professeur des Ecoles, militant associatif, Gaillac), Philippe Delsau-Franjac (Artiste interprète, militant associatif, Rabastens), Nicole Delsau (syndicaliste, militante associative Rabastens) Laurent Cayre (Professeur des Ecoles, Gaillac), Nathalie Lutaud (Professeur honoraire STT, Laroque). Bernard Ray (enseignant honoraire, Gaillac) Jean Marie Birbès (Syndicaliste, militant associatif, Gaillac) Alain Dutot (élu, militant associatif, Gaillac), Evelyne & Jean-Louis Haber (Professeurs des Ecoles, militants associatifs, Rabastens)…

Communiqué de presse

Monsieur Nicolas Sarkozy, président de la République Française, déclare, es qualité, dans un lieu et moment particulier, qu’il sera obligatoire, pour les élèves de CM2, de prendre conscience du drame de la déportation et des meurtres perpétrés par le régime nazi contre le peuple juif, au travers d’un « parrainage » de chacun et chacune de ces élèves, réalisé dans un travail scolaire d’identification et de recherche sur la vie d’une de ces victimes… françaises.

Pour reprendre l’expression de madame Simone Veil, cette déclaration nous « glace les sangs ».

Pourquoi ?

Parce que dans le nombre, à ce jour inconnu, des enfants déportés et assassinés se trouvent des milliers d’entre eux qui n’étaient pas « français », charriés sur le territoire national dans l’exode des juifs d’Allemagne, de Pologne, d’Ukraine, de ces juifs de l’Est pour lesquels le gouvernement Daladier avait rédigé les lois dites « des indésirables ». Même l’extraordinaire travail de l’association que préside Serge Karsfeld a trouvé ses limites dans la pré-existence d’une ‘’histoire’’ administrative de ceux-ci : ils étaient français ou, étrangers, identifiés parce que fichés par la police de Vichy. D’autre part, comment ignorer ces enfants de Tziganes et autres ‘’immigrés’’ brassés dans ce funeste exode vers les camps d’extermination ? Que doit-il être dit aux orphelins des militants républicains espagnols qui sont passés de leur Révolution trahie à la Résistance, et sont disparus, après avoir été arrêtés par la police française, embarqués dans ces mêmes trains : chevaux 8, hommes… ?

Pourquoi cet objet qui prétendrait œuvrer pour que se construise une mémoire de l’innommable devrait-t-il se constituer par omission, au travers du filtre d’une amnésie de circonstance ?

La République Laïque ne choisit pas ses enfants, Elle les honore et les instruit tous, indépendamment des religions, de leurs origines sociales, ethniques…

De surcroît : pourquoi transférer ce travail de mémoire d’enfants à enfants, passant au dessus, exonérant ainsi les générations intermédiaires ?

Comment le médium, qui sera l’institutrice ou l’instituteur, pourra-t-il effectuer cette lourde tâche alors que le programme officiel de formation ignore cette approche particulière de cette part de l’Histoire ?

Enfin qui prétend mesurer, dans sa compétence ou supposée telle, l’impact de ce « parrainage » auprès d’enfants de moins de dix ans ? En particulier, que peuvent comprendre certains enfants récemment arrivés, confrontés à tort, pour cause d’événements mondiaux actuels, à la fragilité de se construire comme élèves de notre école républicaine ?

Lors de la rentrée scolaire 2007, les collèges et lycées, leurs élèves et enseignants, furent confrontés à l’obligation de lire la lettre d’un jeune Résistant à l’aube de son assassinat. Tout le monde a encore, au bord des lèvres, le goût amer de ce que cela provoqua comme remous, incompréhension et confusion quant à la mission de l’Ecole en matière d’Histoire.

En conclusion, nous ne pouvons que contester, dans le fond et dans la forme, ce type de décision qui va à l’encontre de ce travail de mémoire auquel nous sommes profondément attachés. Nous nous déclarons fermement opposés à toute manipulation de l’Histoire au profit d’effets politiques inavoués et sans lendemain.

Pascal Polisset, Instituteur, membre de L’Association pour la Perpétuation de la Mémoire des Internées des camps de Brens (81) et Rieucros (46).

Pascal Polisset Gaillac 81

5 - Le droit des riches

Dans le sillage de son précédent article Sur un mot de Laurence Parisot..., Jean-Michel Muglioni poursuit son analyse de la réduction libérale de la société au marché, et montre en quoi, contrairement à l’idée républicaine, elle implique la négation de la justice, de l’éducation, et même de la sécurité. Catherine Kintzler, in www.mezetulle.net

"Il faut des riches pour faire des pauvres"

Les philosophes soutenaient autrefois qu’il faut des riches pour faire des pauvres. Si tous disposaient d’un carrosse ou d’un vison, à quoi bon se montrer en ville en carrosse ou en vison ? Et les pauvres admirent les carrosses et les visons. Les passions qui poussent à s’enrichir ou à envier les riches ne peuvent donc que creuser toujours plus les inégalités. Pour qu’elles contribuent à la prospérité générale et par là au bien-être de tous et non à l’oppression universelle, il faut compter sur la Providence divine, Adam Smith l’a bien compris. Remplacer la Providence par la nature humaine, c’est changer seulement de dénomination. Mais, chrétien ou non, est-on tenu de croire que la Providence se soucie d’économie politique ? L’expérience ne montre pas que sur la terre Dieu ou la nature prenne grand soin du sort des pauvres. Dire que les premiers seront les derniers est une façon d’entériner ce fait. La religion, selon Marx, est le cri de la créature opprimée et l’opium qui lui permet de supporter l’oppression.

Loi de la jungle et loi civile

Il n’y a pas de Providence, et du libre jeu des passions résulte la guerre de tous contre tous, qu’on appelait naguère état de nature : absence totale d’ordre, qui est le contraire de l’état de nature où vivent les animaux, de part en part réglé par la nature. La loi de la jungle est réellement une loi, la loi d’un écosystème. Au contraire entre des hommes vivant ensemble, la nature ne peut plus rien régler, pas même leur rapport au monde et au climat. Leurs passions insatiables et sans mesure sont à la fois le moteur de grandes entreprises et la source des pires oppressions et des désastres écologiques. La loi de la jungle, entre les hommes, c’est, selon l’usage ordinaire de la langue, l’absence de loi. D’où la nécessité de donner à la société des lois, de fonder et de maintenir l’état civil, qui n’est pas un état social abandonné à la nature, mais l’état social pris en main par des hommes à eux-mêmes leur propre Providence, citoyens. La politique est affaire de volonté.

Libéral et libertaire

Ce discours républicain est démodé. Il repose sur l’idée antique de l’éducation et de la politique selon laquelle l’humanité en l’homme requiert que la raison et la loi adoucissent les passions, sans quoi c’est la bestialité. Au contraire, selon certains modernes, l’intérêt s’opposant à l’intérêt, la concurrence suffit à le modérer. La liberté de chacun, entendue comme le désir d’améliorer sa condition et de s’enrichir, trouve naturellement sa limite dans celle des autres, car tous ont intérêt à s’entendre. Il y a donc une réalité sociale, le marché, indépendante de l’association politique, et son principe est l’intérêt, non la loi. Cette thèse libérale a une vérité critique qu’on retrouve dans l’anarcho-syndicalisme : l’Etat est mauvais gestionnaire, surtout, il administre les hommes comme des choses. Mais, si certains libéraux surent défendre la liberté politique, la thèse libérale n’est-elle pas en fin de compte la justification de l’hégémonie des puissances économiques et financières, et ainsi de l’oppression qui en résulte ? Il n'est pas vrai que l’intérêt se distingue des passions et que le désir d’améliorer sa condition, son bien-être ou son confort, ne soit pas un appétit insatiable et sans mesure. La société civile sans l’Etat, l’économie sans la politique, c’est l’injustice. Ainsi la réduction de la société au marché a pour conséquence nécessaire l’oubli et même le refus de l’éducation, contre nature comme l’interventionnisme de l’Etat : le marché produit la doctrine de l’enfant roi, enchaîné à son bon plaisir de consommateur.

L’ordre injuste

Les anciennes apologies de la violence n’en sont pas pour autant oubliées, qui prétendent que le droit ou la loi sont destinés à brider les forts. Qu’il faut en finir avec les discours contempteurs des riches. La hiérarchie sociale, telle qu’elle est, est juste. Les inégalités sont naturelles. Les pauvres sont paresseux. La seule injustice est que les riches ne sont pas assez riches car ils méritent plus. Laissons faire la nature et réduisons la loi au strict minimum : qu’elle protège les biens et les personnes, c’est-à-dire assure la sécurité des propriétaires. Le libéralisme économique se nourrit de tels préjugés.
Il est dans la nature des choses qu’un gouvernement qui prend le parti des riches soit obsédé par la sécurité et que la place Vendôme où les vitrines regorgent d’or et de diamants soit sûre, quand certaines banlieues sont interdites à la police et que les voitures y flambent. Cela ne s’explique pas par l’incompétence des gouvernants. Il est compris dans la nature du triangle que la somme de ses angles est égale à deux droits. En vertu de la même nécessité absolue, d’un côté les « quartiers » sont abandonnés aux caïds de la drogue et aux prêtres chargés d’y apporter de l’espérance, et de l’autre le droit pénal est réformé pour mieux enfermer les méchants par nature. Il faut défendre l’ordre, c’est-à-dire l’injustice, au nom des valeurs, c’est-à-dire de l’argent, et glorifier la loi naturelle, seul vrai droit. Au moins, dire que les premiers seront les derniers, c’était opposer le droit au fait. Il y a quelque chose de subversif dans ce cri.

Caricature

Un triangle vraiment triangulaire est une utopie, mais personne ne tient les lois physiques, qui sont mathématiques, pour des caricatures de la nature. Ce propos formule des rapports inhérents aux choses. Ces rapports ne se rencontrent jamais dans le monde avec la pureté que leur confère le discours, mais ils ne sont pas pour autant imaginaires.

© Jean-Michel Mulgioni et Mezetulle, 2008

Voir cet article sur son site d'origine

Jean-Michel Muglioni

6 - Unamuno… ou se taire est mentir.

Tels des Ubus obtus les thuriféraires habituels de la droite française, éditorialistes du Point mais pas seulement, continuent de délirer sur les conservatismes des corps intermédiaires voire du peuple tout entier pendant que le patronat le moins entreprenant du monde prétend assurer et augmenter sa rente en pesant sur les salaires, le droit du travail et la protection sociale…

Des patrons…

Madame Parisot déjà immortalisée par une formule aussi péremptoire que fausse sur la précarité, a cru devoir justifier les très hauts salaires des grands patrons du cac 40, au nom de la nécessaire présence des « talents » à la tête des entreprises françaises. L’exemple, après d’autres, des dérapages de la Société Générale montre pourtant une fois de plus que ni le talent, ni le sens des responsabilités ne caractérisent vraiment lesdits chefs d’entreprise : qui peut dire que la personnalité d’un chef d’entreprise et ses choix stratégiques sont les causes uniques de la croissance de l’entreprise qu’il dirige ? Dans combien de cas le choix d’un homme a-t-il été déterminant ? Quand l’école ne permet pas à tous les jeunes accès à la culture et à l’emploi, les bonnes âmes incriminent les professeurs ; quand le commerce extérieur est déficitaire ou que le taux de croissance est à la traîne derrière nos voisins européens comparables, les mêmes s’en prennent aux structures, pour les réformer, sur le dos des salariés, mais jamais aux patrons qui pour le coup, n’échouent jamais ! Vous avez dit «  Bizarre » ?

Car enfin qu’est-ce qu’un bon manager ? Quelqu’un qui développe l’emploi et la richesse collective du pays par son investissement dans la recherche et sa présence sur les marchés mondiaux ou quelqu’un qui se contente et ne s’assigne pas d’autre but réel que de distribuer des dividendes à des actionnaires dont la prise de risque personnelle est quasi nulle ? Quelqu’un qui se constitue une fortune personnelle par un volume de stocks-options attribué par un comité secret et contre le droit de propriété des petits actionnaires ou quelqu’un qui assume la présence de l’entreprise dans le tissu social et reconnaît que les services publics, les conditions environnementales, la formation initiale des salariés, les normes comptables et la fiscalité sont des éléments constitutifs de l’activité de l’entreprise ?

Dans la France de 2008 personne apparemment ne se soucie de ces distinctions au point d’en tirer un programme politique. La mondialisation vous dis-je ! A moins que l’Europe.. ? La commission Attali ne s’est pas penchée sur ces questions car elle ne visait nullement à favoriser la croissance en France, quelques-unes de ses décisions étant franchement de l’ordre de la provocation (évaluation des professeurs, casse de l’ institution scolaire, suppression des départements…) : son objet était de donner un semblant de justification à une politique de réformes qui ne fait qu’accompagner les intérêts à court terme des possesseurs de patrimoine et sans autres nuances que les reculs que pourrait imposer le mouvement social ; la défense qu’en a tentée M. Orsenna honore sa loyauté à l’égard de M.Attali mais certainement pas sa lucidité politique.

… A l’œuvre au noir

Il n’est d’ailleurs pas possible et, disons le crûment, pas sérieux de proposer des recettes de prospérité à une équipe gouvernementale qui a déjà accumulé avec un troupeau affolé d’élus godillots autant de sottises et de bassesses législatives.

Détaillons : un bouclier fiscal et quinze milliards de cadeaux inutiles car non réinvestis dans les activités productives. Une loi sur le risque de récidive qui sous le prétexte rebattu de la compassion à l’égard de victimes potentielles remet en cause le principe de rétroactivité des lois (bonjour les sections spéciales !), et confère des pouvoirs attentatoires aux libertés publiques à des experts en l’absence de toute nouvelle commission de crime ; le tout avec des prisons surchargées et sans suivi médical sérieux suffisant ! Un amendement ADN qui n’est pas très loin de refonder le droit de la famille sur le droit du sang : à quand la « limpieza de sangro » ? Une loi sur l’autonomie des Universités qui fait de présidents sans programme ni légitimité particulière des potentats fort éloignés des franchises universitaires … Des reconduites à la frontière chiffrées pour un ministre de l’identité nationale…Un militant du Réseau éducation sans frontière vient d’être condamné à une amende pour avoir comparé cela au régime de Vichy. Mais quelles sont les lois votées depuis 10 mois bientôt qui marquent clairement la volonté politique d’améliorer le sort des Français et le fonctionnement démocratique de nos institutions ? La loi TEPA qui par les heures supplémentaires contribue à dévaloriser un peu plus la valeur du travail salarié ? Le Traité simplifié qui ne fut en rien renégocié et fait un pied de nez par la méthode de ratification choisie à la volonté populaire, et cela on en est sûr puisque le référendum possible a été clairement identifié comme un nouveau risque de refus ?

Rien de bon pour qui réfléchit et n’est pas à la solde de quelque oligarque ; après tout le mot peut bien désigner les vrais maîtres de ce pays puisque le respect de la liberté de la presse ne va guère plus loin que dans la Russie de M. Poutine. Rien de bon pour qui pense en citoyen.

Rien de neuf non plus par rapport à tout ce qu’on savait du programme de la droite et des obsessions du candidat, laïcité comprise. Nous nous sommes interrogés sur le point de savoir si le président était « républicain » (blog, 21/09) ; ses élucubrations religieuses, ses dérapages morbides sur la shoah sont aussi bien des coups médiatiques que l’expression d’avis personnels qui malheureusement sont ceux du chef de l’Etat. Mais comme rien de cela n’est franchement inattendu puisque certaines choses avaient été écrites et signées par le candidat Sarkozy, peut-être pourrait-on se demander quelle insoutenable légèreté a conduit le PS à opposer à cet homme le moins efficace possible des adversaires en investissant son simple reflet de « gauche » ?

Qui se souvient du dernier discours de Miguel de Unamuno, le 12 octobre 1936, en réponse à l’exaltation fasciste du général Millan Astray criant « Viva la muerte » ?

Les esprits pondérés nous diront que la France n’est pas en guerre civile et qu’il ne faut pas exagérer la nature radicale et fondamentale des remises en cause du pacte social entreprises par les gens au pouvoir. Les esprits pondérés se trompent souvent et c’est en endormant le peuple qu’on facilite son oppression.

Le recteur de l’université de Salamanque avait dit : « Vous vaincrez, parce que vous possédez plus de force brutale qu’il ne vous en faut. Mais vous ne convaincrez pas, car pour convaincre il faudrait que vous persuadiez. Or pour persuader, il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la Raison et le Droit dans la lutte. Je considère comme inutile de vous exhorter à penser à l’Espagne » Celui qui était alors le plus grand intellectuel d’Espagne mourut le 31 décembre de la même année. Est-ce pour cela qu’aucun intellectuel, à défaut d’une voix de l’opposition, ne s’est dressé ? Ou bien n’y a-t-il plus d’intellectuel digne de ce nom en France, mère des arts…?

Jean-Paul Beauquier

7 - La casuistique du jésuite. L’humanisme comme religion.

Que Dieu me pardonne (les dieux devrais-je dire), mais je préfère accorder ma confiance aux ministres de la République, plutôt qu’aux ministres des cultes. Au moins, les premiers sont soumis aux sanctions du peuple. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il faut mesurer le crédit qu’on leur accorde, surtout lorsqu’ils veulent nous faire prendre les messies pour des lanternes.

A cet égard, je choisirai toujours l’enseignement de l’Instituteur plutôt que le magistère du curé, de l’imam, du rabbin ou autres… L’enseignement s’oppose au culte. Le premier consiste à transmettre des connaissances, ce qui suppose rationnel et objectivité. Le second est mu par une forme d’adoration, de vénération à quelque divinité. La finalité de l’enseignement est l’Homme. Le culte, la religion se prosternent devant une entité supérieure à l’Homme. Au point que celui-ci peut servir de moyen, de « matériau » au service des dieux.

L’histoire de notre civilisation, dans son actualité en particulier, n’est-elle pas la démonstration d’une succession ininterrompue de crimes contre l’humanité, au nom des religions ?

Pour revenir à la comparaison des ministères, dès qu’un « ministre » de notre démocratie, s’engage avec ambiguïté dans l’ecclésiastique, les alarmes de l’humaniste doivent se déclencher.

Inutile de rappeler à nos lecteurs que c’est pourtant ce qui se produit aujourd’hui si l’on se réfère aux positions on ne peut plus officielles de notre Président de la République, en tout cas, de la république telle qu’il la conçoit.

Plus on invoque le spirituel, plus on risque de s’éloigner du rationnel. Cela peut devenir une stratégie. Quels stratagèmes utiliser en effet pour dissimuler de lourdes réalités ou cacher les sombres desseins d’une politique cynique ? User des mensonges, c’est un peu gros, mais ça marche ; utiliser des concepts séduisants mais ambigus comme la « liberté » ou la « responsabilité » ; désigner des boucs émissaires pour masquer les vrais coupables et lancer la meute à la chasse aux « zabus », des autres bien entendu ; utiliser, attiser le réflexe sécuritaire en gesticulant avec des simulacres policiers, abuser le badaud en le focalisant sur l’étalage de l’intime des vedettes de la politique… Indécent !

Devant les dégradations économiques et sociales, le « je crois, donc j’espère » de N. Sarkozy est destiné à les diluer. C’est le contraire de « je pense, donc je suis ».

Nous assistons actuellement à cette mauvaise comédie. Et derrière le décor, les « termites » s’attaquent aux structures que notre société a secrétées par un lent processus de maturation en transformant des rapports sociaux fondés sur la force individuelle en mécanismes de solidarité capables de réparer, imparfaitement sans doute, les handicaps originels.

La santé, condition prioritaire d’une vie normale, est un révélateur de ce que nous venons d’exprimer. C’est pourtant l’un des exemples les plus frappants d’une dégradation programmée.

On doit tout d’abord observer que cette santé a un coût considérable (près de 200 milliards d’Euros en 2006). Sous l’effet de multiples facteurs cette dépense est en expansion continue.

Comment rendre la santé malade

Certains de ces facteurs sont légitimes : sophistication et renchérissement des techniques, vieillissement de la population, élévation des besoins, etc…D’autres sont contestables : production sanitaire anarchique, absence de régulation entre financement public et production largement privée, laxisme, pour ne pas dire lâcheté politique, organisation de l’appareil sanitaire déficiente, système de financement complexe, opaque, etc… En tout état de cause, sans une protection sociale efficace, l’accès aux soins est plus que problématique.

Si la collectivité ne se substituait pas aux personnes en assumant la charge des dépenses, ce coût rendrait la santé inaccessible à une grande majorité d’individus, surtout ceux qui cumulent les handicaps financiers et les carences sanitaires. C’est sur ce mécanisme de solidarité que notre dispositif de sécurité sociale a été érigé. Chacun participe selon ses moyens et consomme selon ses besoins.

La politique actuelle conduit à retourner la proposition : en réduisant le collectif aux individus, ils ne pourront plus consommer que selon leurs moyens. C’est l’avènement de la santé dans le magnifique concert du marché. Avec quelques superbes lapsus de nos responsables politiques : « Existe-t-il des assurances (automobiles et autres) sans franchise… » proférait récemment le futur Président de la République pour justifier les dernières réductions infligées aux prestations des assurés sociaux.

Une politique inspirée par quelques principes fondateurs dont le cynisme est éclairant. Toutefois, n’omettons pas de citer l’idéologie loin d’être absente de ce concert dissonant. La mode « intellectuelle » en quelque sorte qui constitue pour ses laudateurs, une confortable appartenance à la catégorie des modernes, des réalistes progressistes. Cette modernité qui rejette les contestataires dans « les poubelles de l’histoire » : archaïques, ringards… : le marché tout puissant, la liberté d’entreprendre, moins d’Etat, etc… tous ces slogans qui s’installent progressivement dans les normes sociales.

Mais ne soyons pas naïfs, derrière cette idéologie, se profilent des intérêts très concrets.

Car les stratégies de ce libéralisme là sont beaucoup plus « réalistes » qu’idéologiques. Elles reposent sur l’évidence, maintes fois démontrée, qu’en « libérant » l’individu de sa protection collective, on l’abandonne à sa capacité personnelle dans un univers régi par le pouvoir de chacun. Dans ce combat inégal, le pouvoir se concentre sur une « élite » restreinte au détriment de la grande majorité des autres.

Quelle démonstration peut on faire de cette analyse dans le domaine de la protection sanitaire et sociale ?

Prémices et perspectives d’une dégradation de la protection sanitaire et sociale.

Au regard des tendances qui se sont affirmées depuis 2002, il est possible de formuler quelques paris sur les mesures qui risquent d’être prises dans un avenir plus ou moins proche Elles s’inscrivent dans trois objectifs étroitement imbriqués qui sous-tendent ce que certains appellent la réforme :

Les résultats de cette stratégie sont évidents. Un tel système existe. Les Etats Unis offrent à cet égard un champ d’analyse édifiant. Les dettes contractées pour se soigner y sont le premier motif de faillite personnelle. Dans les populations défavorisées, les indicateurs sanitaires (mortalité, espérance de vie, etc…) approchent celles du tiers monde. Et c’est au moment où émerge dans ce pays une revendication à la protection sociale collective que notre président américanophile manœuvre pour détruire la nôtre !

La réduction continue des remboursements de la Sécu.

Depuis quelques années, on assiste à une lente érosion de la couverture des dépenses de santé. Progressivement, la part qui reste à la charge des ménages augmente. On réduit le taux de remboursement, des médicaments notamment. On instaure des « franchises » qui s’ajoutent au ticket modérateur (qui n’a jamais modéré que l’accès aux soins). A l’instar du forfait hospitalier, on peut prévoir que ces franchises s’alourdiront. C’est pour « responsabiliser » le malade dit le gouvernement. Ces pénalités seraient alors une sorte de thérapeutique ! Comme cela ne convainc guère de monde, on entonne le couplet compassionnel : « C’est pour financer la lutte contre la maladie d’alzheimer » ,[1] …Ce qui revient à réduire la prise en charge des soins consacrés aux autres maladies.

A propos de ticket modérateur, les affections de longues durées (ALD) sont la cible des projets gouvernementaux. Ces maladies graves entraînent une exonération du fameux ticket (remboursement à 100% des tarifs). Avec l’augmentation des personnes atteintes d’ALD (8,2 millions en 2004, presque 9 millions en 2006), les dépenses engagées en remboursement de leur traitement progressent vivement (5,2% par an entre 2003 et 2006). Jusqu’à présent, compte tenu des déficiences de l’état général que provoquent un cancer ou un sida par exemple, le cadre de l’exonération tenait compte de ce phénomène. Demain, il est vraisemblable que l’on ne prendra plus en charge à 100% que le produit ou la prestation uniquement destinés au traitement de la pathologie. Les cancéreux ou les sidéens devront assumer un ticket « modérateur » ( !) pour les frais de santé occasionnés par les maladies opportunistes…D’autres projets visent les affections de longues durées. On veut en réduire la liste (une trentaine actuellement). Certains souhaiteraient limiter l’exonération à un stade de gravité avéré de la maladie. Une prime de fin de vie… ?

Bien entendu, augmenter le « reste à charge » pour le malade (le « RAC », contraction évocatrice utilisée dans les rapports officiels) entraîne mécaniquement un transfert vers les assurances complémentaires… lorsqu’on a les moyens d’y souscrire.[2]

Limiter la prise en charge collective (la Sécu) aux soins considérés « efficients » : le « panier de soins ».

Pour faire court, c’est le « panier de soins » dont l’intitulé connaît quelques évolutions et qui s’introduit maintenant sous le vocable de « panier de biens et services médicaux ». Au nom d’une logique purement comptable, après s’être appesanti sur l’irrépressible augmentation des dépenses de santé jugée insupportable pour les finances publiques, en ayant lourdement suggéré les abus perpétrés par les assurés sociaux, on se propose de limiter le périmètre des soins remboursables dans le cadre de la solidarité nationale à ceux qui seraient jugés indispensables.

Indispensables non pas sur des critères d’utilité et d’efficacité scientifiquement démontrés, mais sur des choix concernant « l’efficience » de la thérapeutique. Ce qui veut dire que l’on introduit un paramètre d’appréciation totalement subjectif de ce qu’une collectivité accepte d’assumer. Imaginons en les conséquences selon le type de pouvoir aux commandes ! Toutes les déviances sont alors possibles. Celle qui vient en premier est rapidement identifiée : la Sécu ne rembourse plus que les soins dispensés pour quelques maladies graves (le gros risque). Pour le reste, voyez avec votre régime complémentaire, si vous en avez un, si vous pouvez encore le payer, et si votre police d’assurance prévoit la couverture de cette maladie. Mais ça pourrait être encore plus féroce : pourquoi dialyser les personnes de plus de 70 ans ? Pourquoi rembourser les soins consécutifs au cancer du fumeur ? A qui la charge des accidents sportifs ou de loisirs ? Et ainsi de suite… !

Qu’on ne s’imagine pas que cette vision relève du catastrophisme ou de la paranoïa. Ces conceptions ressortent des suggestions d’organes aussi officiels que le Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance Maladie, la notion d’efficience y est développée en toutes lettres dans le rapport de 2004. Compte tenu de quelques réactions défavorables, elle est reprise, mais de façon beaucoup plus discrète dans le rapport de juillet 2007 (P. 17). Elle ressort dès la page 18 à propos des médicaments à vignettes bleues « …dont l’utilité est faible (?)… pour qu’on puisse en laisser la charge aux ménages.»[3]

En fait, le panier de soins existe déjà : dans les soins indispensables, scandaleusement abandonnés par la sécu, les plus connus et les plus criards concernent l’optique, les prothèses dentaires et auditives. Mais il y en a bien d’autres, dont la liste s’allonge en permanence[4]. En attendant le grand soir… ?

Pendant ce temps, en l’absence d’une politique authentique de contrôle, la production sanitaire génère des soins inutiles, voire dangereux (que le rapport Beraud estimait à 1/5 des dépenses il y a quelques années) et les professions de santé libérales bénéficient de générosités sans précédent. (+ 31,2% pour la consultation des généralistes entre 2002 et 2008, + 25,2% en secteur 1 et + 13,7% en secteur 2 pour la chirurgie).

Les maladies graves pour la sécu, les autres pour les régimes complémentaires

Arrêtons nous un instant sur cette logique. En la poussant à son extrême, cela entraîne un profond changement auquel rêvent depuis longtemps les ultra libéraux. Comme nous l’évoquions précédemment, il s’agit de consacrer la prise en charge collective (la Sécu) à ce qu’on appelle « le gros risque » (les maladies graves). En abandonnant la couverture du « petit risque » à la prévoyance individuelle privée. Petit risque, soit dit en passant, qui constitue aujourd’hui un moyen de prévention essentiel, dans la mesure où le recours rapide au médecin sur des symptômes apparemment bénins, révèle parfois une pathologie grave qu’il convient de traiter avec célérité.

Moduler la prise en charge des soins en fonction des revenus

A propos de franchise (quel drôle de nom pour une pénalité !), Monsieur Attali rejoint un autre transfuge du parti socialiste, M. Hirch, sous ministre des solidarités, ou le rapport Briet/Fragonard sur le « bouclier sanitaire », pour proposer une réforme qui, en résumé, l’un avec des franchises proportionnelles aux revenus, les autres avec une prise en charge des frais médicaux elle aussi modulée selon les revenus, proposent une couverture différentiée. Cette forme de sélection des malades rompt évidemment avec le principe d’égalité devant la santé édicté en 1946.

Or, s’il est normal que la contribution financière soit adaptée aux revenus des assurés, est-il acceptable qu’en cotisant davantage on perçoive des prestations inférieures ? Bien entendu, une couverture sociale réduite en fonction des ressources entraînerait rapidement des obstacles financiers majeurs pour ceux qui devraient affronter des frais considérables au moment où la maladie frappe et réduit les moyens de ceux qui en sont victimes, et ce, quels que soient leurs disponibilités antérieures.

En outre, on peut imaginer que les populations affectées par la réduction des prestations collectives et obligées de recourir davantage aux couvertures assurantielles, n’accepteraient plus de cotiser dans les mêmes proportions au régime collectif. Le rêve ! Enfin, la fin de la solidarité… !

La désagrégation de l’encadrement du prix des prestations sanitaires.

Compte tenu du coût des soins, sans une protection sociale collective couvrant la dépense des malades, l’accès aux traitements serait très problématique pour la majorité d’entre nous. Afin que la collectivité maîtrise (relativement) le budget qu’elle y consacre, dans la mesure où le système sanitaire marchand fonctionne sans les régulations nécessaires d’un marché sain : consommateurs compétents et libres de leurs choix (peut-on renoncer à la santé ? Est-on en mesure de sanctionner le médecin dans ses diagnostics et ses pratiques ?) et producteurs subissant une réelle concurrence (le magnétiseur ne présente pas vraiment une alternative), la puissance publique à, sous des formes diverses, fixé un prix pour les prestations sanitaires et mis en place un certain nombre de règles pour protéger les consommateurs.

C’est ce qui insupporte les ultra-libéraux, gêne les stratégies commerciales auxquelles ils aspirent et confère à la collectivité une charge dont ils voudraient la débarrasser.

La libéralisation des honoraires médicaux

Le prix des soins de ville est à cet égard significatif : Dès la réforme (1946) de l’assurance maladie, les pouvoirs publics ont instauré le principe de contrats (les conventions) entre les professions de santé libérales et la Sécu, pour définir les rapports entre l’ordonnateur des dépenses (médecins) et le payeur (la Sécu), notamment, pour fixer des tarifs opposables qui constitueraient la base de remboursement de l’assurance maladie.

En échange, on accordait aux professionnels conventionnés de multiples avantages (la prise en charge au 2/3 des cotisations sociales par la collectivité par exemple) qui s’amplifièrent au cours des décennies suivantes. Jusqu’en 1960, ces conventions non respectées par le corps médical (déjà !) n’eurent guère d’application. De nouvelles dispositions (les décrets de 1960) édictées à cette époque firent entrer dans les faits le respect des tarifs fixés par la convention. En conséquence, la couverture des dépenses de santé devint substantielle et l’on peut dire qu’elle est l’un des facteurs essentiels d’un progrès sanitaire et social important. En 1980 (gouvernement Giscard/Barre), intervient une réforme qui va dégrader la couverture des dépenses de santé. Au sein de la convention, on met en place une option (le secteur 2) qui permet aux médecins de s’affranchir des tarifs opposables, à condition de fixer leurs honoraires « avec tact et mesure ». Ultérieurement, la loi « Douste Blazy » (2004) autorisera les spécialistes du secteur 1, consultés directement sans l’avis du médecin traitant, à dépasser les tarifs… !

En dix années, l’offre de soins pratiquant les tarifs opposables (secteur 1) se réduit dans de telles proportions qu’au début de la décennie 1990 on ne permet plus aux praticiens, à l’exception des spécialistes possédant des titres universitaires, d’opter pour le secteur 2, tout en laissant ceux qui y avaient adhéré précédemment pratiquer les honoraires libres.

Bien que la convention prévoit les procédures et les sanctions en cas de non respect du « contrat », l’assurance maladie dont c’est pourtant la mission reste totalement impassible devant la montée progressive d’une inflation des honoraires incompatible avec l’obligation de respecter scrupuleusement les tarifs en secteur 1 et le respect du « tact et de la mesure » en secteur 2.

L’Inspection Générale des Affaires Sociales à publié en avril 2007 un rapport alarmant sur ce quelle considère comme un obstacle à l’accès aux soins et un recul de la solidarité. Les dépassements augmentent de 10% par an depuis 25 ans et, dans certaines régions (Ile de France, PACA, …) et certaines spécialités (la chirurgie notamment), ces dépassements, non pris en charge par le régime général et peu couverts par les régimes complémentaires, deviennent insupportables pour la plupart des malades. En 2005, ce sont 6 milliards d’Euros de dépassements (médecins + dentistes) qui pèsent en grande partie sur le budget des ménages.

Or, cette situation qui entraîne un recul considérable de la protection sociale résulte d’une véritable stratégie. Stratégie d’un cynisme effarant de la part d’un gouvernement qui ne cache pas son intérêt pour ce genre de solution (Cf. les déclarations du candidat Sarkozy). De plus, ces manœuvres rencontrent peu d’obstacles. A l’exception de quelques pétitions de principe des partis « de gauche » et des syndicats (qui participent pourtant à la gestion de l’assurance maladie), une étrange inertie affecte ceux qui devraient défendre l’intérêt collectif. Cette stratégie est absolument conforme au triptyque que nous énoncions précédemment : 1) favoriser les dépenses de santé des malades obligés de subir des honoraires en constante augmentation ; 2) ne pas alourdir les dépenses de la Sécu puisqu’elle ne rembourse pas les dépassements ; 3) pousser les assurés vers les régimes complémentaires de plus en plus onéreux et de moins en moins généreux, et, enfin, cerise sur le gâteau, satisfaire les corporations médicales libérales très proches du pouvoir en place.

Malgré tout, la succession de rapports alarmants (IGAS, Cours des Comptes, Haut Conseil) et quelques campagnes de presse (notamment une série d’articles du « Parisien » en 2007) ne peut qu’entraîner quelques aménagements dans cette situation anarchique. Les projets du gouvernement sont assez clairs : Sous prétexte de réguler les dépassements en les limitant en nombre et en pourcentage, on va les pérenniser, peut-être même les généraliser[5]. A titre d’exemple, si les médecins sont autorisés à fixer des dépassements jusqu’à concurrence de 100% des tarifs de remboursement, alors qu’aujourd’hui pour une consultation de généraliste, le remboursement s’effectue sur la base de 23 E., soit 16,10 E., demain, pour une dépense de 46 E., avec une base de remboursement qui n’aurait pas progressée, le reste à charge serait de 29,90 E. au lieu de 6,90 E actuellement.

Si on en arrive à ce résultat, on aura dissout la notion de tarifs opposables pour les actes médicaux et on aura quadruplé le reste à charge des ménages !

Quant aux limites que les textes pourraient définir, les médecins savent par expérience (Cf. rapport de la Cour des Comptes 2005), qu’elles n’engagent que ceux qui ont la naïveté de les respecter.

Les grandes manœuvres pharmaceutiques

Près de 32 milliards d’euros, c’est ce que nous dépensons au cours d’une année pour acheter les médicaments qui doivent être prescrits par un médecin et délivrés par un pharmacien, gage d’une relative sécurité puisque, malgré ces précautions, les effets indésirables de ces produits provoquent plus de morts que les accidents de la route.

En France, la pharmacie est l’exemple d’une hallucinante gabegie, largement organisée par une industrie qui a su s’infiltrer dans la plupart des organes de décisions : les structures publiques qui autorisent les médicamentss au remboursement et qui en fixent les prix, les prescripteurs (les médecins), pour lesquels elles investissent des moyens marketing considérables.

Résultat, des prescriptions foisonnantes et inappropriées, une pharmacopée considérable composées de multiples copies d’une même molécule et la plus grosse consommation mondiale.

Confrontés à une inflation financière considérable, les pouvoirs publics ont pris un certain nombre de décisions dont quelques unes sont justifiées. A cet égard, on comptera la volonté d’exclure du remboursement des produits totalement inutiles, voire, dangereux. Mais, première interrogation, pourquoi ne pas en avoir interdit la commercialisation ? Seconde préoccupation, sous couvert de cette légitime intention, on en profite actuellement pour éliminer des médicaments à « SMR insuffisant » (Cf. chapitre sur le panier de soins), c'est-à-dire des médicaments dont on ne conteste pas l’efficacité, mais que l’on considère insuffisamment importants (?) pour être pris en charge par la solidarité. Certaines décisions sont d’ailleurs totalement scandaleuses. Ainsi, la réduction (à 35%) du remboursement des antihistaminiques indispensables pour soulager les troubles consécutifs aux maladies allergiques qui se développent, n’est motivée que par de bas calculs économiques.

Autre mesure destinée à réduire les dépenses de l’assurance maladie pour les produits pharmaceutiques, depuis plusieurs années, les pouvoirs publics ont engagés de considérables efforts pour développer l’utilisation de génériques tombés dans le domaine public et donc moins chers que les multiples copies que l’on continue à produire. Pour y parvenir, compte tenu de la faible contribution des médecins, on a autorisé la substitution par les pharmaciens que l’on a intéressés à l’affaire en revalorisant le remise légale qu’ils perçoivent et en laissant augmenter les marges supplémentaires que leurs accordent les fabricants. Ces ristournes perçues par les officines auraient dû être répercutées sur le prix de vente et, en conséquence, elles auraient diminué les dépenses de l’assurance maladie. En fait, ces réductions n’ont pas eu lieu et les pharmaciens ont conservés le pactole. La Direction de la concurrence était en train d’instruire une action contentieuse, lorsque le gouvernement est intervenu pour faire cesser toute velléité à l’encontre de cette corporation très protégée. Qu’en pensent les malades soumis à une rigueur opiniâtre ?

Ces patients qui deviendront peut-être malades, lorsqu’ils auront accès à des produits mis en vente libre et distribués sans prescription médicale. Car c’est l’une des stratégies d’un couple gouvernement/industrie pharmaceutique qui voit dans « l’automédication », non remboursée bien entendu, le moyen particulièrement pervers de diriger des patients forcément incompétents, livrés aux tentations de la publicité, vers un marché libre où les prix flambent[6].

Nous pourrions développer bien d’autres exemples d’une remise en cause globale des mécanismes de solidarité de notre système de protection sanitaire et sociale. La dégradation de nos hôpitaux publics au bénéfice des cliniques privées étant l’un des exemples les plus inquiétants. Devant ces tristes réalités, on comprend la volonté des promoteurs du dieu « marché » de nous conduire vers un « ailleurs » que nous aurions gagné à force de pénitences.

Notes

[1] En fait, d’après les déclarations du Président de la République, seul 1/3 des 850 Millions de « recette » des nouvelles franchises sera consacré à quelques nouvelles dispositions sur le sujet

[2] Les complémentaires ne couvrent pas la totalité du RAC. 8% de la population n’a pas d’assurance complémentaire. Les cotisations complémentaires ont augmenté de 25 à 60% en quatre ans.

[3] On appréciera les précautions sémantiques du Haut Conseil : « Pour améliorer la prise en compte du critère d’efficience, le haut Conseil estime que la réflexion pourrait utilement être menée pour envisager le panier de biens remboursables de manière moins cloisonnée afin de mieux prendre en compte les stratégies de soins définies pour les pathologies » … ?

[4] C’est le cas pour les médicaments jugés comme ayant un Service Médical Rendu (SMR) insuffisant. La Haute Autorité de Santé qui prononce ces jugements définit le SMR insuffisant comme suit : « insuffisant pour justifier une prise en charge financière par la solidarité nationale. C’est parfois compris à tort comme synonyme d’inefficace. »

[5] Au cours de l’année 2007, le gouvernement s’est acharné à instaurer une nouvelle possibilité de dépassements tarifaires, « le secteur optionnel ». Pour le moment, ce secteur n’est pas mis en place, mais…

[6] le prix des médicaments déremboursés flambe. On observe des augmentations jusqu’à 5 fois le prix initial.

Raymond MARI

8 - Ah ! Comme le média est immédiat. J’en ai le tournis.

Si j’en crois mes oreilles alimentées des commentaires des plus fins analystes, Nicolas Sarkozy serait donc beaucoup moins bien en président qu’en candidat.

Est-ce que cela voudrait dire que les analystes n’en seraient pas ou serait-ce que l’apparence prévaudrait sur les fait réels ?

Dans les 2 cas, on peut se demander qui a composé les écrans (de fumée).

J’en suis même à me demander si – mais par pure paranoïa sans doute – il n’y aurait pas un chef d’orchestre. Mais où ?

On me répliquera que le chef d’orchestre ne peut pas être l’ancien candidat puisqu’il est aujourd’hui vilipendé.

Alors comment se fait t’il que l’on brûle en 2008 ce que l’opinion adorait en 2007 (9 mois déjà !) ?

La France n’a pas changé, du moins pas sensiblement. Les pauvres sont bien un peu plus pauvres et les riches beaucoup plus riches mais c’était déjà dans la lignée précédente.

Alors je me perd en conjecture.

Le seule réponse qui me vienne à l’esprit est la suivante : les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Donc la grande vague des promesses aurait-elle enfumé les esprits les plus fins (sans oublier les moins fins bien sûr) ?

Le grand jeu de certains journalistes actuellement est de faire dire aux politiques que ce ne sont pas les médias qui font l’opinion. L’avez-vous remarqué ?

Mais qui se pose sincèrement la question : les médias sont ils les relais des promesses (voir les invitations sur le plateau des thuriféraires - masqués ou non - de Sarkozy durant des mois) ou ont-ils la possibilité de faire autre chose ?

En fait je n’en sais rien tant l’imbrication entre le politique, les affaires, la télévision (publique comme privée ,TNT comprise), le Show Biz et le Dieu Audimat forme une équation qu’aucun mathématicien ne peut résoudre puisque les termes sont imbriqués les uns aux autres.

L’écheveau semblait pouvoir être démêlé au moment du référendum grâce – entre autre – à Internet. Les politiques, les médias, les chefs d’entreprise, etc … ont eu la peur de leur vie. Vous l’avez vu, ils s’en sont bien remis, ils ont même dissous le peuple.

Alors, je veux bien entendre encore beaucoup de bêtises, mais, et vous l’aurez compris, avec les médias, inchangés, nous auront en 2012 la même mayonnaise (souvenez-vous du très bon coup de Chirac en 2001 agitant l’insécurité avec la très grande bénédiction des médias).

Sarkozy peut donc être impopulaire jusqu’en Janvier 2012, l’important est que la fumée monte juste avant mai de cette année là. Il lui reste donc du (bon) temps. Et pour la grande masse, du sang, de la sueur et des larmes.

Alain LE DOSSEUR

3 - Liberté d'expression

1 - Ayaan Hirsi Ali doit avoir la nationalité française

Dimanche soir 10 février 20H, salle Jules Ferry à l’Ecole normale supérieure 29 rue d’Ulm, plus de 300 personnes accueillent Ayaan Hirsi Ali. Plus de 800 personnes ne peuvent entrer. Pourquoi ? La Mutualité a retiré la réservation, la Sorbonne a refusé ses salles. Difficile de trouver une salle pour défendre la démocratie,la laïcité, la liberté d’expression en France : constat douleureux !

Caroline Fourest en maitresse des cérémonies de la soirée nous raconte la biographie et les difficultés endurées par Ayaan Hirsi Ali et cadre bien les enjeux de la lutte pour la laïcité, pour le droit des femmes, pour la lutte contre l’obscurantisme et le fanatisme et last but not least, pour défendre la position de Voltaire visant à combattre pour que chacun puisse dire son propos sans encourir des risques sur sa vie, et enfin pour avoir le droit de croire ou de ne pas croire, d’entrer ou de sortir d’une religion. Elle fait état de l’abandon par le gouvernement néerlandais de sa protection depuis le mois d’octobre et qu’elle est obligé de lever des fonds privés pour assurer sa protection aux Etats-Unis. Philippe Val (Charlie Hebdo) et Laurent Joffrin (Libération) font de bons discours de soutien au combat d’Ayaan. Laurent Joffrin faisant même remarquer que Rama Yade, présente à la soirée, avait traité son journal de charognard. Très vite, les orateurs se succèdent. A remarquer Elisabeth Badinter qui nomme de nombreuses femmes des pays du Sud qui sont dans une situation pouvant s’apparenter à ce que vit Ayaan Hirsi Ali. Son intervention a été très remarquée.

Bernard Henri Lévy lance un appel au président de la République pour qu’il accorde la nationalité française à Ayaan Hirsi Ali pour respecter sa phrase pendant la campagne ou Nicolas Sarkozy avait promis que s’il était élu, la France serait un refuge pour les femmes qui subissent des violences dans le monde. Rama Yade, secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, après avoir dit qu’elle se sentait aux cotés d’Ayaan Hirsi Ali, a lu une déclaration du Président de la République ou celui-ci promettait d’utiliser sa future présidence de l’Union européenne pour assurer la protection d’une citoyenne néerlandaise suite à la défection du gouvernement néerlandais. Ségolène Royal a eu beau jeu de dire que c’est tout de suite que la France doit régler le problème et ne pas renvoyer à plus de cinq mois la résolution de celui-ci. Puis Claude Lanzmann de la Revue des temps modernes et surtout Julie Kristeva remit le prix Simone de Beauvoir à Ayaan Hirsi Ali qui l’a obtenu avec Taslima Nasreen qui attend toujours le renouvellement de sa carte de séjour en Inde.

Soirée très émouvante marqué par l’absence (...) de la gauche anti-libérale et altermondialiste. Quand comprendront-ils que cette lutte pour la liberté d’expression, pour le droit à tous les blasphèmes, pour la laïcité, séparation de la sphère publique et de la sphère privée, pour le droit des femmes à leur émancipation, un n’est pas négociable et deux qu’elle est un préalable pour avoir le soutien des couches populaires en France largement attaché à la liaison des combats laïques, démocratiques et sociaux.

En attendant, nous devons amplifier le combat pour que Ayaan Hirsi Ali obtienne la nationalité française.

Voir cet article sur son site d'origine

Bernard Teper Président de l'Uion des FAmilles Laïques
www.ufal.org
Portail des médias de l'UFAL: www.ufal.info

2 - Le cas de Ayaan Hirsi Ali expliqué

Samedi 16 février, à 8h30, Caroline Fourest a été l'invitée de "7 jours sur la planète" (TV5 Monde) pour expliquer le cas de Ayaan Hirsi Ali, son besoin d'être protégée. Elle dément aussi certaines attaques diffamatoires circulant contre elle, et nous parle de l'enjeu pour l'Europe politique.

Vous pouvez voir cette émission sur le lien suivant : http://www.tv5.org/

L'émission a été enregistrée au lendemain de son déplacement à Bruxelles, où elle accompagnait Ayaan Hirsi Ali à la rencontre de journalistes et de députés européens en compagnie de Benoît Hamon (auteur de la question écrite demandant à l'Union européenne de financer sa protection) et de Bernard-Henri Lévy. Très suivie et très émouvante, la conférence fût un grand moment européen. Quelques minutes plus tôt, le président du parlement européen a reçu Ayaan Hirsi Ali pour dire qu'il soutiendrait la question écrite.

La réflexion en vue d'un Fond européen permettant de financer la protection des esprits libres menacés de mort en raison de leurs opinions est en bonne voie. Mais il manque encore des signatures de députés européens pour obtenir la majorité.

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ProChoix

3 - Ayaan Hirsi Ali n'a pas tous les défenseurs qu'elle devrait avoir

Ayaan Hirsi Ali risque pour sa vie parce qu'elle est pour la liberté de conscience, pour les droit des femmes à disposer de son corps et pour le principe de laïcité. Députée néerlandaise, elle est pour ces mêmes motifs, abandonnée par les Pays-Bas. On lui reproche d'avoir menti pour échapper à l'horreur de sa soumission au clan familial. Elle a eu raison de mentir pour cela.
Mais elle tombe mal!

Les extrêmes droites fustigent cette immigrée qui vient manger le pain des européens! Ainsi fonctionne les extrêmes droites notamment païennes, chrétiennes et islamistes.

Les dirigeants de droite du turbocapitalisme ont passé un accord avec les comunautaristes et les intégristes sur une base anti-sociale, anti-démocratique, antiféministe et anti-laïque. Ainsi fonctionne Bush, Berlusconi et Sarkozy entre autres. Honte à ceux de gauche qui les ont rejoint au nom de l'"ouverture" ou qui développe des stratégies des pseudos "républicains des deux rives" qui vont dans le sens d'un soutien implicite à cette politique.

La gauche social-libérale, défend les mêmes thèses que la droite néolibérale (voir le soutien de la direction du PS français à Sarkozy le 4 février au Congrès de Versailles!) mais espère que les excès de la droite néolibérale va l'amener au pouvoir mécaniquement. Sans comprendre qu'elle est dans le syndrôme Prodi à fond les manettes! Ainsi fonctionne la direction du PS français après leur forfaiture de Versailles avec les municipales et les cantonales.

La gauche anti-libérale et altermondialiste est ailleurs. Parce que beaucoup d'entre eux manquent de clarté pour le moins dans leurs alliances avec le communautarisme anglo-saxon en faisant l'autruche. Comment soutenir le communautarisme anglo-saxon contre les principes laïques et républicains tout en voulant combattre les dirigeants du turbocapitalisme appuyés sur le communautarisme anglo-saxon! Et après, on s'étonne que ceux-ci soient passés de 31,3% du non de gauche le 29 mai 2005 à 9% le 22 avril 2007 soit le plus grand recul électoral de la vie politique française. La politique est tétue: combien de temps leur faudra-t-il pour comprendre que cette politique de l'autruche les empêche d'être efficace dans leur combat pour toucher les couches populaires (ouvriers, employés)? Devant ce marasme, une poignée d'organisations dont l'UFAL et Prochoix ont choisi de défendre sans réserve Ayaan Hirsi Ali.

Devant ce marasme, nous ne pouvons que soutenir les efforts de Caroline Fourest de mener cette bataille avec ceux qui sont prêts à le mener. D'autant plus que Caroline Fourest a dans la dernière période été très clair sur la laïcité en refusant d'entrer dans la guerre des civilisations voulu par les dirigeants du turbocapitalisme. Elle a refusé d'entrer dans une posture qui visait à détruire le principe de séparation entre la sphère publique (lieux de l'autorité politique et de constitution de la citoyenneté) et la société civile instauré par la loi du 9 décembre 1905 comme. Elle considère que l'émancipation des femmes est une des conditions de l'émancipation humaine.

Les citoyens attachés aux principes républicains de liberté, d'égalité et de laïcité ne peuvent donc que soutenir l'action de Caroline Fourest pour défendre l'honneur d'Ayaan Hirsi Ali et lui permettre d'avoir la nationalité française.

Jérôme Manouchian

4 - combat féministe

1 - Le corps des femmes leur appartient !

Nous, Association franco-italienne Cercle 25 Avril,
adhérons à l’appel ci-dessous des femmes italiennes contre les graves attaques à la liberté des femmes et appelons à la vigilance en France également, après l’arrêté de la Cour de Cassation du 6 février 2008, qui reconnaît implicitement la statut de l’embryon et, afin de prévenir toutes dérives analogues en France,

Nous appelons à signer cet appel italien et à nous contacter pour organiser une mobilisation contre cette offensive.

« Cher Veltroni, cher Bertinotti, chers dirigeants du Centre Gauche, Ca suffit ! »

L’offensive cléricale contre les femmes – souvent une véritable croisade bigote – a atteint des niveaux intolérables (suite aux moratoires sur l’avortement proposés par le journal de droite Il Foglio et repris par les milieux catholiques et par Berlusconi NDT). Mais sont également intolérables :

Le corps des femmes est redevenu une chose, terrain d’affrontement pour le fanatisme religieux, objet sur lesquels exercer le pouvoir. Le 24 novembre dernier 100 000 femmes –complètement auto organisées – ont rempli les rues de Rome pour dénoncer la violence exercée sur elles par une culture patriarcale qui a du mal à mourir. Ces agressions cléricales et bigotes sont les dernières, et les plus sournoises, formes d’une même violence, masquée par l’arrogance hypocrite de la « défense de la vie ».

Il ne suffit plus, chers dirigeants du Centre Gauche, de se limiter à dire que "la loi 194 on n'y touche pas!". Celle-ci est déjà remise en cause dans les faits. Nous exigeons de votre part une position claire et sans appel, qui condamne sans hésitation toutes les tentatives – de quelque chaire qu'elles proviennent – de mettre en danger l’autodétermination des femmes si durement acquise : notre droit à dire le premier et le dernier mot sur notre corps et sur nos grossesses.

Nous exigeons donc que vos programmes (pour qu’ils soient aussi les nôtres) soient explicites : si la loi 194 a besoin d’une révision, c’est celle d’éliminer l’objection de conscience, qui empêche toujours plus dans les faits d’exercer notre droit. La pilule RU 486 doit être rendue immédiatement disponible dans toute l’Italie, pour que à un drame ne s’ajoute pas une souffrance désormais évitable. Il faut rendre simple et rapide l’accès à la pilule du lendemain, après et avec une campagne sur la contraception dès le collège. Il faut introduire l’enseignement de l’éducation sexuelle dès l’école primaire. Doivent être réalisés des programmes culturels et sociaux en soutien aux femmes immigrées, renforcer les normes et les services de tutelle de la maternité (dans le cadre d’une politique capable d’éradiquer la plaie du travail précaire).

Ce sont pour nous des valeurs non négociables et sur lesquelles nous ne sommes pas disposées à faire des compromis. »

Premières signataires : Simona Argentieri, Natalia Aspesi, Adriana Cavarero, Isabella Ferrari, Sabina Guzzanti, Margherita Hack, Fiorella Mannoia, Dacia Maraini, Alda Merini, Valeria Parrella, Lidia Ravera, Elisabetta Visalberghi

Pour signer l’appel : www.firmiamo.it/liberadonna

Pour contacter l’association 25 avril en France : cercle25avril@yahoo.fr

L’association 25 Avril

5 - courrier des lecteurs

1 - Réactions à l'édito du n°579: foi, espérance et religion

Nous publions ci dessous quelques réactions au dernier édito d'Evariste, n'oubliez pas que si vous voulez réagir à un édito ou à un article, une seule adresse:

Salut Evariste,

Derrière le projet sarkosien esquissé à Latran, il ne faut pas perdre de vue qu'en plus de démolir la loi de 1905, il y a également la démarche de transférer la République sociale aux associations caritatives. Ce projet a été énoncé il y a une bonne dizaine d'années (vers 95 à peu près) par le délégué américain des églises chrétiennes au forum de Davos qui avait expliqué que les églises pouvaient prendre à leur compte l'assistance aux démunis par le biais des associations caritatives. Comme il faut environ 20 ans statistiquement pour faire aboutir un projet de ce type...

Continuons le combat, l'heure du repos est très loin d'être arrivée.

Salut républicain donc laïque à tous,

E. Bonnamour

 

Cher Evariste,

Il y a longtemps que je ne vous ai pas écrit (!) mais je lis toujours et apprécie le journal. Cette fois-ci, je tiens à vous dire que je suis pleinement d'accord avec votre éditorial et si vous le permettez, je voudrais en prolonger la dernière partie : "la croyance n'a rien à voir avec la religion". Car un autre point remarquable des défenseurs de la "laïcité positive", Benoit XVI en tête mais surtout Sarkozy dans ses deux discours, à Latran et à Riad, (surtout celui-là), ne parlent pas de religion mais de croyance. Ce n'est pas de la ou des religions que Sarkozy déclare que sans elles, le monde court à sa perte, mais de "la croyance en l'infini" et plus explicitement encore, de la foi. Pour le choix des mots, il a été relativement bien conseillé. La foi n'est en effet pas n'importe quelle croyance, elle est de l'ordre d'une espérance sans raisons ou dont la raison transcende toutes les raisons. C'est Pascal qui l'a dit et il s'y connaissait autant en raisons de la foi qu'en raisons de la raison. Et notre président utilise correctement tous ces termes théologiques : foi, espérance, transcendance, sens de l'infini ; ils vont ensemble et se signifient les uns les autres en laissant à côté, dans le registre du profane et de "l'immanence", les croyances naturelles et plus ou moins rationnelles ; par exemples celles qui ont poussé 53% des Français à voter pour Sarkozy : ils avaient des raisons, bonnes ou mauvaises, et beaucoup semblent avoir changé de croyances en 9 mois ; ce qui prouve bien que dans les croyances "normales", on n'est pas à l'échelle de la transcendance et du sens de l'infini.

En parlant de croyance et même de foi, Sarkozy fait donc semblant de ne pas parler de religion ; et donc de ne rien toucher à la constitution française ni aux lois de 1905 qui, au contraire, distinguent aussi clairement que possible les champs d'exercice du religieux ("Eglises et communautés religieuses") et celui des croyances ("la conscience de chacun"). Evidemment, la conscience de chacun n'est pas un espace très clairement délimité ! Mais au moins, il est dit qu'aucune conscience individuelle, fût-ce celle du président de la République, n'a d'autorité légitime pour décider en quoi les citoyens et encore moins tous les hommes doivent croire ; sur ce point, on ne peut que saluer Bayrou qui a déclaré à l'émission A vous de juger ; "en tant que chrétien et catholique pratiquant, je dénie au président de la République le droit de décider si un monde avec Dieu est meilleur qu'un monde sans Dieu."

Mais derrière la hauteur apparente d'une positiont théologico-anthropologique, c'est pourtant bien d'étendre la sphère d'exercice et d'influence des religions qu'il s'agit. Comme vous le dites, la croyance n'a rien à voir avec la religion, parce qu'une religion a toujours consisté et consiste toujours à relier (c'est l'étymologie du mot) des croyants et parfois des incroyants ou des hérétiques dans une "église" ou une "communauté" transcendant les liens sociaux et politiques, et ravalant par conséquent ces derniers dans l'immanence et l'insignifiance. La République française "reconnait" l'existence et le droit de pareils liens entre les individus s'ils en éprouvent le besoin et y trouvent quelque satisfaction ; c'est toute la différence avec le système soviétique qui fut le seul à interdire les religions. Mais dans le système de laïcité français, c'est aux Eglises et aux communautés religieuses de procéder à leur mission de catéchèse et de recrutement ; elles ont même le droit d'exclure les hérétiques de tout poil et de les priver des bénéfices attendus, toutes libertés qui leur sont reconnus dans le respect des libertés et des lois communes.Mais ce n'est certainement pas aux représentants de l'Etat de faire leur boulot.

Amicalement,

Nicole Delattre

 

les deux....

Il faut relire ces deux poèmes de Prévert, car nous y sommes ..toujours, hélas..
"l'effort humain" découlant de "Crosse en l'air"

Cher Evariste,

"La religion, c'est l'opium du peuple" disait Marx, le peuple est dans une grosse fumerie, cloué au sol par le sarkolabo, le diablotin revenchard des contestataires de mai 1968. qui veut catéchismer la France du cours élémentaire jusqu'à l'avortement. A bas les calotins ! parents des publicitaires, vendeurs de rêves, de drogues, d'illusions. Un des slogans de mai, était, "consomner plus, vous vivrez moins".
Boycottons la conso-spectacle,
Difficile, car cela ne peut se mettre en place que par une prise de conscience de notre aliénation de consommateur par rapport à ce que nous croyons être "la réalité", mais le consommateur n'a pas d'existence réelle, par lui-même, il n'existe que dans le regard des autres, son voisin, son patron, son curé, son sarko, son monde de plus en plus crétin, sa consommation, sa voiture etc...et c'est là son (notre) drame, il est dépossédé de lui-même, de sa vie et du manque engendré, on lui en fait un objet de consommation-frustration qui ne correspond pas à son besoin, il est donc perpétuellement en manque, comme un drogué.
Il tourne en rond et re-consomme. Allons-nous nous réveiller ?
Tout cela n'a aucun sens sauf celui d'engranger de substantiels profits pour actionnaires peu scrupuleux et qui sont passés expert dans l'art de mettre en scène notre aliénation, ils nous la re-distillent sous forme de pub. il y en a pour toutes les catégories sociales.
Bon j'arrête là, mais je voulais te dire que j'ai vraiment bien aimé ton propos cher Evariste.

Bien fraternellement à toute l'équipe aussi E Pellegrini

 

Laïcité : humble critique !

Article plaisant mais qui ne prend pas en compte la réalité des enjeux…
Que l’Eglise romaine est encore une influence forte en Italie c’est évident… Mais en France c’est un peu dépassé…
En effet, au regard des personnes qui fréquentent ces lieux du culte ( nombre, âge,sexe) il est évident que de plus en plus d’églises seront transformés en restau, local artisanal, et au mieux en salle de concert ou musée patrimonial ou logements sociaux ! Concentrer cet article sur l’Eglise est un peu dépassé…
C’est un peu comme « tirer sur une ambulance ».
Bien évidemment le grand prêtre SARKO se propose de ressusciter tout cela mais franchement cela ne changera pas grand-chose à cette évolution inéluctable.
Où le bas blesse c’est bien évidemment que cette démarche donne des gages aux organisations musulmanes les plus réactionnaires qui vont se faufiler dans la brèche pour faire avancer quelques pans du communautarisme religieux.
Effectivement la philosophie sociale de SARKO s’adresse à toutes les religions mais les reculades républicaines engendreront surtout des avancées pour l’islam radical… pour mieux voiler la raison.
Pour s’armer idéologiquement contre ces dérives, il est essentiel de bien montrer comment la loi de 1905 est une loi universelle qui ne saurait être manipulée ou dénaturée.
Je compte sur vous pour mener à bien cette urgente nécessité !

Gilles Maistre, Maire vert d’un petit village savoyard

On ajoutera à la remarque de Gilles Maistre, que les sectes et les courants évangéliques seront, sans doute, sur le terrain les principaux bénéficiaires avec l'islamisme. Mais au final, une remise en cause de la séparation des églises et de l'Etat redonnera de la vigeur à tous les courants cléricaux, catholiques compris...
La rédaction

ReSPUBLICA

2 - Réaction à l'article "Sarkozy persiste et signe" paru dans le n°579

Ceci est une réaction, après l'article "Sarkozy persiste et signe.... de Jean Yves Camus".

J.Y. Camus analyse le discours du Président Sarkozy, lors du diner du CRIF, discours dans lequel il explicite une fois de plus ses thèses en faveur d'un enseignement religieux, pour ouvrir les jeunes esprits à la "spiritualité".

Je me permets de revenir sur un point :
Sarkozy , dans son zèle prosélyte, occulte le fait que les partisans de Hitler et les européens, avaient été des enfants dûment catéchisés, et donc, forcément "ouverts à la question spirituelle et à la dimension de Dieu", selon ses paroles. L'antisémitisme forcené de Hitler n'a pas surgi dans le vide, mais sur le terreau d'une culture religieuse millénaire qui l'a assidûment et continûment prêché.

Je cite Imre Kertesz (entretien avec Myriam Anissimow publié dans la revue "Transfuges"):
"La Shoah est une grande aventure où les peuples européens sont arrivés au terme de deux mille ans de culture et de morale. Auschwitz a eu lieu au sein de la culture chrétienne et constitue une plaie ouverte"

Sarkozy est d'origine hongroise; je ne sais pas, évidemment jusqu'à quel point il reste imprégné de cette culture. Mais la Hongrie fut l'un des pays les plus antisémites - et - le communisme y ayant succédé à l'occupation allemande, aucune réflexion n'y fut conduite sur l'extermination systématique des juifs hongrois, avec la collaboration active de la population.
Les consciences en Europe se sont interrogées sur la validité - non des fondements du christianisme- mais de celle de cette Institution vaticane si opportuniste - et qui non seulement fut si favorable à Hitler, mais accueillit et cacha bien des nazis.
La légitimité des enseignements religieux n'a pas été entamée par "l'athéisme" , mais bien par cette "plaie ouverte" que la légèreté du Président- ou tous "les parfums du monde" ne font que raviver.

Edith Lévy

ReSPUBLICA

Agenda

samedi 8 mars 2008, 08:30

Laïcité, Libre pensée, Franc-maçonnerie

CHÂTEAU DU KARREVELD, AV. JEAN DE LA HOESE, 1080 BRUXELLES

Retrouvez l'invitation au format PDF: Verso

Colloque

QUELLE LAICITE POUR LE 21ème SIECLE ?

LIBRE-PENSEE OU PENSEE LIBRE

FRANC-MACONNERIE : ECOLE DE LIBERTE ?

_Conclusion:__

CONTACT: Charles.Susanne@ulb.ac.be

Voir l'agenda complet en ligne

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