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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°593 - mercredi 25 juin 2008

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1 - chronique d'Evariste

1 - Fin juin 2008 - Où en est la résistance ?

Nous vivons une époque formidable ! Beaucoup de mobilisations, beaucoup de déceptions, des initiatives prometteuses, des militants qui s’enfoncent avec enthousiasme dans des impasses stratégiques… La crise s’approfondit. L’état d’urgence sociale et politique est de plus en plus patent. La crise économique n’a pas encore révélée toutes ses conséquences d’autant plus que les dirigeants du monde font aujourd’hui le contraire de ce qui s’est passé en 1929 en subventionnant de façon anti-libérale les banques privées néolibérales. « La concurrence libre et non faussée » n'est visiblement pas valable pour tout le monde.

Bien que le mouvement social s’amplifie, celui-ci reste néanmoins dans une grande confusion idéologique quant à l’analyse des causes, le projet politique et la stratégie notamment. Par certains cotés, les réactions des couches populaires et du peuple sont en avance par rapport à nombre de militants qui se précipitent avec ferveur dans des impasses théoriques et pratiques, faute d'une révision sérieuse des fondements, d'un travail d'analyse poussé et d'une large diffuse de ces travaux.
Le niveau de mobilisation populaire, bien que local, des évènements de Carhaix et de Quimper – presque ignorés par les grands médias... – montre néanmoins une montée du mécontentement. On pourrait multiplier les exemples de mobilisations locales (pêcheurs, caissières de supermarché, etc.). Pourtant, de grands appels de mobilisations syndicales n’ont pas rassemblé les foules. Nous avançons plusieurs hypothèses à cela :
les individus-citoyens veulent une clarification politique sur les enjeux, la stratégie et un projet véritablement de gauche (terriblement déficient dans sa capacité à « tourner la page » et à innover), la prise de conscience que seul un projet global peut fournir un cadre solide à des revendications locales sur le « mieux vivre » n'est pas encore là. L'éthique et culture libérale ont fortement usé et sapé le « sentiment citoyen », c'est à dire la capacité à se lier d'empathie avec ceux qui ne sont pas nécessairement les très proches (amis, famille). Or cette capacité à se sentier lier est ce qui fonde l'individu-citoyen et rend la mobilisation globale possible enfin, le maintien pour une partie des individus employés par le libéralisme du fatalisme dû à une faiblesse de l’éducation populaire réellement menée par les organisations supposées le faire.

Un contexte global en France comme à l'étranger

Et pendant ce temps-là, ne venons-nous pas d’apprendre que Barack Obama vient de refuser l’aide publique pour le financement de sa campagne électorale aux Etats-Unis pour éviter de brider son financement privé. Pour la première fois de l’histoire des Etats-Unis, le candidat démocrate risque d’avoir plus du double de financement que le candidat républicain. Que ceux qui n’ont pas compris que cela peut préfigurer un changement de politique de la gouvernance mondiale se mettent à y penser ! Et comme ce qui se passe outre-atlantique a des conséquences en Europe, soyons attentifs ! Sur le plan syndical, la bande des cinq centrales dites « représentatives », c’est comme Capri, c’est (presque) fini ! La « déclaration commune », si elle est appliquée, va rebattre les cartes des centrales dites représentatives. D’autant plus que cette déclaration arrive juste avant le vote des prud’hommes de la fin 2008 où sont appelés au vote la majorité des salariés (le privé). L’heure des comptes peut arriver pour les syndicats FO, CGC, CFTC sous la poussée des syndicats UNSA, FSU, Solidaires !
Quand à la droite néolibérale au pouvoir, elle accélère les reculs de la laïcité et de la démocratie, le processus de privatisation et de marchandisation de la protection sociale, les atteintes au droit du travail, sans que la résistance populaire soit à la hauteur des enjeux malgré une hausse du mécontentement.

Vers les européennes de 2009...

La direction social-libérale du PS et la direction trotskiste du NPA semble aujourd’hui cannibaliser l’ensemble de la gauche. Pour l'heure, la gauche républicaine, sociale et laïque n’a pas encore réussi à se frayer un espace de développement dans le champ politique alors qu’elle est en plein développement dans le mouvement social... Paradoxe quand tu nous tiens ! Mais ce paradoxe tombe si on réalise qu'un vrai mouvement politique de gauche républicaine, sociale et laïque, ne peut fonctionner que s'il se nourrit auprès des militants, des individus, des citoyens, de cette sensibilité dans le mouvement social ; car là est l'expérience, le savoir, la réflexion, l'initiative. Va-t-on vers une liste unique du non de gauche aux élections européennes de juin 2009 ? Le 29 Mai 2005, le front unitaire du non de gauche représente plus de 31% des votes de notre pays ! Combien aurons-nous de députés européens pour défendre notre Europe sociale ? Chaque jour qui passe nous éloigne d'une forte représentativité au parlement européen à l'heure même où le non irlandais au traité de Lisbonne « made in Sarkozy » nous rappellent encore que la demande des peuples, elle, n'a pas changée.

Continuez donc le travail opiniâtre de la gauche républicaine, laïque et sociale dans le mouvement social et osez soutenir votre média ReSPUBLICA. La rédaction de ce dernier prépare une nouvelle animation politique pour ceux qui ont marqué leur attachement à votre journal par leur intérêt, par leur implication rédactionnelle, par le niveau des informations fournies ou par leurs soutiens financiers.
A bientôt donc !

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - laïcité

1 - Va-t-on accepter longtemps la ségrégation spatiale et les agressions ethniques et religieuses ?

Communiqué de presse

Mohamed Sifaoui, journaliste de confession musulmane, agressé par des intégristes islamistes, un jeune loubavitch agressé par une bande formée de jeunes d'origine africaine et maghrébine. Va-t-on tolérer longtemps dans la France des Lumières que le droit à la sûreté (article 2 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789) soit bafoué ? Va-t-on tolérer longtemps dans la France des Lumières que l'article 10 de la même déclaration devienne obsolète. Nous rappelons que ce dernier article stipule que nul ne doit être inquiété par ses opinions, même religieuses, pourvu que sa manifestation ne trouble pas l'ordre public défini par la loi !
Bien sûr, nous souhaitons que les agresseurs soient condamnés par la justice. Mais cela ne suffit pas !

Car toutes ses agressions sont le produit d'une évolution de notre pays qui a accéléré la ségrégation spatiale par la ghettoïsation communautariste et sociale. Doit-on accepter la transformation de la France en pays anglo-saxon pour vivre dans un quartier uniquement en fonction de ses revenus, de son ethnie ou de sa religion ou option philosophique ?

La politique de l'urbanisme depuis un quart de siècle a accéléré cette ségrégation.
L'UFAL propose une rupture avec cette politique et appelle les pouvoirs publics, les hommes et les femmes politiques à rompre avec le communautarisme social d'abord et ethnique et religieux ensuite. L'UFAL appelle le gouvernement à rompre avec la désectorisation scolaire qui accentue ces communautarismes et à fournir les moyens aux écoles des quartiers populaires bien au-delà des moyens donnés au ZEP notoirement insuffisants.

L'UFAL appelle les pouvoirs publics, les hommes et les femmes politiques à rompre avec la politique de destruction des services publics et des politiques sociales aboutissant aux politiques de charité au profit d'un renforcement des services publics et des politiques sociales au service du principe républicain de solidarité. L'UFAL appelle les pouvoirs publics, les hommes et les femmes politiques, à créer en France un "vivre ensemble" laïque et républicain grâce à la mixité sociale dans tous les quartiers.

Voir cet article sur son site d'origine

L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org

2 - Horaires de piscine communautaristes : Nous militants du MRAP sommes contre la position d'Aounit

Interviewé sur la chaîne de télévision France 2 le 19/06 à 20 heures à propos des revendications communautaristes concernant la séparation des sexes dans les lieux publics (gymnases piscines) Mouloud Aounit président du MRAP a affirmé qu'il n'était pas choqué par le fait que l'utilisation des lieux publics soient soumis à un planning permettant de séparer les hommes des femmes.

Nous condamnons cette déclaration du président du MRAP qui se fait ainsi le relais d'une revendication de secteurs religieux obscurantistes...

En appelant à des horaires spécifiques basés sur des critères non seulement religieux mais nationaux, il entre dans l'engrenage infernal de l'éclatement de la société en groupes et sous-groupes communautaristes.

Il s'inscrit dans l'affirmation de la primauté de la morale religieuse sur les principes républicains, primauté revendiquée aussi par le Président de la République.

En se pliant aux exigences religieuses rétrogrades il revient sur des décennies de lutte des femmes pour l'égalité des droits. Si des horaires des piscines sont réservés aux femmes sur des bases confessionnelles, demain la jeune fille qui entendra continuer à fréquenter les lieux mixtes, subira alors toute la pression de l'environnement religieux.

Cette déclaration du président du MRAP intervient sur un journal de France 2, consacré pour une large part au sort réservé aux sans-papiers et dans le contexte du vote de la directive de la honte par le parlement européen. Il est symptomatique que la parole associative soit donnée à la CIMADE pour traiter des sans-papiers et qu'une fois de plus Mouloud Aounit assure le rôle d'amuseur médiatique pour défendre les revendications religieuses rétrogrades.

Nos comités qui luttent au quotidien contre les discriminations et qui défendent une conception universelle des droits de l'homme, notamment dans le cadre de la semaine de l'éducation contre le racisme, ne peuvent plus s'encombrer de telles expressions publiques incompatibles avec le message citoyen qu'il convient de défendre auprès de la jeunesse.

Nous demandons la démission de Mouloud Aounit de la fonction de président du MRAP.

Sa déclaration communautariste remet en cause la mixité de la société et entre en contradiction avec 60 ans d'existence du MRAP

Signataires du MRAP:
Yves Loriette Comité de Vitry, Monique Loriette Comité de Vitry, Nadia Kurys Comité Aubenas, Colette et Claude CHENU Comité Saint-Etienne, Bernard André Comité Chelles 77, Evelyne Verlaque, Comité de Vitrolles, Patrick Lecroq MRAP 66, Henri Saint-Jean Comité de marseille, Didier Poupardin Comité Vitry, Danièle Poupardin Comité d'Ivry, Horiya Mekrelouf Comité de Marseille, Renée Clergue Comité de Marseille, Claude Raymond - Comité d' Aubenas, Andre Genissieux Comité Montpellier, Anne Savigneux Comité de Bourgoin-Jallieu Guillaume Perrin Comité de Perpignan Gérard Kerforn Fédération des Landes France Combet Comité de Largentière François Savigneux Comité Bourgouin Jallieu, René Meyer Comité toulousain, Arlette Tapiau Dangla Comité Marsan, Christiane Lucas Comité de Dijon

Nadia Kurys Vice-présidente du MRAP

3 - Lettre ouverte, aux conseillers municipaux de la Commune de Besançon

APPEL du 21 JUIN 2008

Elus républicains,

Vous avez été élus par les citoyens bisontins pour les représenter. Chacun de vous est républicain et conseiller municipal. La Commune est la représentation locale de la République. Notre République Française est laïque, démocratique et sociale . La Commune est évidemment respectueuse de La Loi.
La loi de « Séparation des Eglises et de l’Etat » du 9 décembre 1905 affirme la Laïcité républicaine. Loi de liberté, elle garantit la liberté de conscience et la liberté de culte, elle précise que  « La République …ne reconnaît, ni ne salarie, ni ne subventionne aucun culte ».

La décision, prise par vos prédécesseurs (dont certains d’entre vous) lors du conseil municipal du 16 janvier 2006[1], a conduit le Maire de Besançon à signer un bail emphytéotique, avec un loyer symbolique de 1E (un euro), pour un terrain de 150.000E , avec une association cultuelle. La jurisprudence (TA Montpellier, 30 juin 2006- TA Marseille, 17 Avril 2007- TA Cergy-pontoise, 12 Juin 2007- et le jugement récent du tribunal administratif de Besançon contre la Ville de Belfort) démontre qu’un tel montant est illégal. Saisie, Notre Justice républicaine considérera ce loyer symbolique comme une subvention déguisée et condamnera la Commune.

Nous sommes des habitants de Besançon et du Grand Besançon respectueux de la République, de la Laïcité, des religions. Nous nous réjouissons que les musulmans puissent pratiquer leur culte dans la mosquée qu’ils ont construite. Nous espérons qu’ils pourront y ajouter un minaret.
Mais, Citoyens de Notre République , nous sommes respectueux de « LA LOI ». Nous ne pouvons supporter d’être  « Hors la LOI ». Nous ne pouvons accepter que les élus placent Besançon « Hors la Loi » républicaine.

En ce jour de Lumière[2],

Dans cette attente, élus républicains, nous vous présentons nos respectueuses salutations.

« Je veux…l’Eglise chez elle et l’Etat chez lui…je veux l’Etat laïque, purement laïque, exclusivement laïque » V. HUGO, Député de la Nation, à l’Assemblée, le 15 janvier 1850

« Celui qui voit un problème et qui ne fait rien, fait aussi partie du problème » Gandhi

Notes

[1] Pages 120 et 121du BO de la Commune

[2] Le 21 juin , solstice d’été, marque « le retour de La lumière »

[3] Pages 117 à 120 du BO de la Commune

Comité LILA liberté de conscience, liberté d’expression, LAICITE

4 - La différence entre une musulmane et une islamiste

Le refus de deux équipes féminines de basket-ball de deux mosquées d'accepter les hommes parmi les spectateurs du match qu'elles devaient disputer entre elles, le dimanche, 29 juin prochain, dans le gymnase de la commune de Vigneux, en région parisienne, montre on ne peut mieux la différence entre musulmane, qui est une croyante, et islamiste, qui est une militante politique, et qui instrumentalise la religion à cette fin.

Les hommes islamistes manipulent jeunes filles et jeunes femmes (Al-Jazeera et al Qaradhaoui ont joué eux aussi un rôle, non négligeable) en leur inculquant une interprétation réactionnaire de l'islam, notamment en les persuadant que leur propre corps est une awra'a, une honte qu'il faut cacher.

Celles-ci ont auparavant été culpabilisées, à fond, en leur affirmant qu'elles avaient vécu jusque-là dans le pêché, « dénudées » comme les islamistes qualifient couramment les centaines de millions de musulmanes, qui ne portent pas leur uniforme politique. Ils leur font croire que Dieu était par conséquent en colère contre elles, parce qu'elles l'ont offensé, en ne se couvrant pas « convenablement Â» (complètement) le corps… Bref, qu'elles étaient en situation irrégulières (des sans-papiers, quoi !), dans le Royaume de Dieu sur Terre, et qu'il était temps pour elles de régulariser leur situation avec Lui, en « se conformant à leur religion »… Une fois rentrées dans le rang, ils les flattent, en leur disant qu'elles sont pudiques, et que ô combien Dieu aime cette qualité chez une femme. Parfois, ils appellent celles qui porte le hidjab, mouhtachima (pudique), et cela rime en arabe avec moutahadjiba (enhidjabée). Qu'elles seront privilégiées le Jour du jugement dernier, parce qu'elles sont les véritables musulmanes, sous-entendons que les autres, celles qu'ils n'ont pas embrigadées, ne l'étaient pas.

Or, elles sont des dizaines de milliers de musulmanes en Occident et dans les pays musulmans à pratiquer sans absolument aucun complexe, le sport de compétition, notamment le foot-ball, en portant des tenus de sport réglementaire, short, manches courts, jouent devant un public mixte, voire essentiellement masculin... tout en ne doutant pas un instant de leur conviction musulmane. Au moins, plusieurs milliers d'entre elles font également la prière.

Le grand réformateur et féministe égyptien, Kacim Amin (1863-1908) n'a-t-il pas déjà écrit, en 1897, dans son fameux ouvrage, Ta'ahrir el mar'a (l'Émancipation de la femme) : « C'est tout de même étonnant ! Pourquoi ne demande-t-on pas à l'homme de porter le voile ou de dérober son visage au regard des femmes, s'ils craignaient tant de séduire ? ».

Contrairement à ce que croient des Indigènes de la République, à cause de l'influence des courants d'extrême droite musulmans, le dévoilement des femmes musulmanes ne remontent pas à l'opération politique de l'armée française en Algérie, en pleine guerre d'Algérie, consistant en dévoilement de quelques Algériennes, mais à plusieurs décennies auparavant par des musulmans eux-mêmes et/ou appartenant à l'aire musulmane.

Le même auteur avait, dès le début du XXe siècle, réclamé le dévoilement (du visage) des femmes, voile que devait alors porter les musulmanes comme les chrétiennes. Huda Cha'arawi, sa compatriote et l'une des premières féministes arabes, avait enlevé le hidjab, dès le début des années 1920, à son retour d'une rencontre féministe, à Rome, et appelé à son bannissement. Mustapha Kemal en Turquie avait interdit le hidjab dans la sphère publique et le Shah père l'avait interdit partout en Iran. Habib Bourguiba l'avait interdit depuis les années 1950 dans la sphère publique et le roi Mohammed V, père de Hassan II, avait interdit à sa propre fille de le porter.

Hakim Arabdiou

3 - combat social

1 - Le gouvernement tue la solidarité et marchande la santé

Interview de Bernard Teper, coordinateur du Collectif national contre les franchises médicales et président de l'Ufal (Union des familles laïques), sur le déremboursement des ALD.
Interview réalisée par Sibylle Laurent pour le Nouvel Obs.

Frédéric van Roekeghem, directeur de l'assurance maladie a proposé dans la presse une réduction du taux de prise en charge de certains médicaments des patients souffrant d'affections longue durée. L'annonce a été démentie par le gouvernement. Est-ce un ballon d'essai ou une mesure réellement envisagée ?

Un peu des deux. Bien évidemment, nous sommes habitués de la part du gouvernement à des coups de sonde, puis à une réadaptation des mesures en fonction des réactions. C'est peut-être cela. Mais il est clair pour nous que le gouvernement a pour objectif de "marchander", de privatiser le système de remboursement des soins du système de santé. C'est une proposition cohérente avec la politique néo-libérale menée depuis quelques années.
Cette proposition sur les affections longue durée (ALD) est terrible. Le seul endroit où il y a le principe de solidarité entre les assurés sociaux est la Sécurité sociale. Commencer à dire : "nous allons diminuer les remboursements", c'est supprimer ce principe de solidarité. C'est avoir une gestion de comptable, faire un choix par le risque. La solidarité, cela veut dire que chacun doit bénéficier de la Sécurité sociale en fonction de ses besoins, et y contribuer en fonction de ses moyens.

Depuis quelques années, la tendance semble en effet aller vers un déremboursement et une moins bonne prise en charge des patients. Allons-nous vers un système à deux vitesses, où seuls ceux qui ont une mutuelle pourront faire face aux dépenses de santé ?

Cette proposition marque en tout cas une nouvelle étape dans la politique de démantèlement de la sécurité sociale : il y a clairement une accélération.
Dans sa déclaration, le directeur de la Cnam (Caisse nationale d'assurance maladie) dit ouvertement qu'il est pour la diminution des remboursements de la Sécu et pour l'augmentation des remboursements par des complémentaires de santé.
Ce qu'il faut savoir, c'est que dans les complémentaires de santé, il y a les grandes firmes multinationales de l'assurance. Celles-ci possèdent 24% de parts de marché des complémentaires de santé. L'augmentation du chiffre d'affaire de ces firmes est de plus de 80% sur les six dernières années. Il n'y a pas ici de problème d'argent.
En fait, en transférant les remboursements de la Sécurité sociale vers les complémentaires, le gouvernement va vers la privatisation de la santé. Et surtout, nous rentrons dans une spirale d'augmentation des inégalités sociales et un nouveau modèle social.
A la Libération, les ordonnances du 4 et du 19 octobre 1945 ont dessiné le modèle du système de santé : il n'y a pas de concurrence dans la santé. C'était un consensus français. Ceux qui étaient plus riches contribuaient pour les plus pauvres ; les plus jeunes pour les plus vieux.
Le gouvernement est en train de tuer la solidarité et de favoriser les grandes cliniques et les firmes multinationales. Derrière cela, il y a une médecine "à 5 vitesses". Selon les revenus que l'on a, on a accès aux soins ou pas : les cliniques privées choisissent leurs clients en fonction de leur solvabilité. Il faut absolument changer de logique et revenir sur la base d'un financement solidaire.

L'Assurance maladie veut stabiliser ses comptes. Elle a donc besoin besoin d'argent. Où peut-elle en trouver ? Qui en pâtirait ?

La solution est très simple. Il suffit pour cela de prendre les comptes de l'Insee ou ceux de la Commission européenne. La Sécurité sociale est assise sur les revenus du travail. Une fraction de ces revenus constitue les cotisations sociales. Le problème, celui qui crée le trou de la Sécu, est la modification méthodique de répartition des richesses depuis 25 ans. La richesse produite en un an sur un pays peut se répartir d'un côté en revenu du travail et en cotisations sociales, et de l'autre en profits. En 25 ans, la part des revenus et des cotisations sociales a baissé de près de 10 points de PIB (Produit intérieur brut, ndlr) et la part des profits a augmenté de 9,3 points de PIB, selon les chiffres de la Commission européenne. 9,3% du PIB, c'est 170 milliards d'euros par an. Le trou de la Sécu, lui, est de 9,8 milliards d'euros en 2007. Les chiffres sont éloquents.
Frédéric van Roekeghem et le gouvernement sont dans une fuite en avant : ils baissent les rentrées financières de la Sécu, notamment les cotisations patronales, ce qui augmente le trou de la Sécu. A côté de cela, ils disent qu'il faut limiter les dépenses. C'est un cercle vicieux. C'est une opération à court terme, mais qui va aggraver les dépenses à moyen terme.
Mais quand on voit qu'une des priorités du gouvernement est de mettre en place un bouclier fiscal de 15 milliards d'euros, c'est un modèle de société qui est remis en cause, un souhait de société qui change.

Voir cet article sur son site d'origine

Bernard Teper Président de l'Uion des FAmilles Laïques
www.ufal.org
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2 - Priorité Santé Mutualiste : le dernier coup de poignard de la Mutualité Française à la Sécu

La Mutualité française avait mis en place en 2006 un « Parcours de Santé Mutualiste Â», un parcours où « l'objectif de la Mutualité française, était de proposer demain à ses adhérents une marche à suivre, un circuit balisé et expertisé depuis le médecin généraliste jusqu'au service de pointe, en incluant le dépistage et la prévention.»
Ce parcours risquait rapidement de s'apparenter à une filière de soins dans laquelle le patient sera obligé de s'inscrire pour bénéficier des conditions de remboursement de sa mutuelle : Médecin traitant conventionné, Spécialiste conventionné, Clinique conventionnée, etc.
L'égalité d'accès au soins des assurés sociaux théoriquement garantit par la loi s'en trouvait éliminé.

Sous couvert de qualité des soins, il se cachait une volonté de captation du patient dans un système économique pour le bénéfice comptable des seules mutuelles de la Mutualité Française. Avec ce "Parcours de Santé Mutualiste" il y avait fort à parier qu'il s'agirait de créer un réseau de soins spécifique au parcours "mutualiste" mieux remboursé qu'en dehors.

La Mutualité Française adoptait en fait la même logique financière que la compagnie AGF (Le Point 19/01/06 - N°1740) qui proposait une superbe assurance privée réservée à une élite bénéficiant des services de 200 médecins sélectionnés par la compagnie elle-même.

Déjà ce "Parcours de Santé Mutualité" était une attaque en règle du conventionnement des médecins, praticiens et établissements, piloté par l'UNCAM, et négocié dans une convention nationale. En bref, cette création de la Mutualité Française était un outil majeur de sa grande revanche contre la Sécurité Sociale de 1945 (il faut savoir que la plupart des dirigeants de la Mutualité Française trouvaient la Charte du Travail de Pétain comme une merveille et la Sécu comme une horreur).

Le Président de la Mutualité Française, M. Davant se disait d'ailleurs « prêt à engager des discussions avec les professions de santé, collectivement mais aussi individuellement » ?

La Mutualité Française vient donc de passer aux actes en transformant en mai 2008 son "Parcours de Santé Mutualiste" en "Priorité Santé Mutualiste" qui enfonce le clou.

Ainsi le praticien ou le centre de soins seront évalués sur des critères de performance (sic!) sur la résolution des pathologies.

L'adhérent d'une "mutuelle" de la Mutualité Française est donc convié à contacter une plate-forme téléphonique pour connaître l'établissement le mieux adapté car bien noté à la résolution de sa pathologie. Les critères d'évaluation étant conformes à ceux donnés par la haute autorité de santé (HAS) et suivis par un comité d'experts et éventuellement d'associations de malades reconnues.

Quelle garantie d'indépendance médicale un conventionnement de ce type offre-t-il pour le patient ? Et surtout jusque quand le remboursement de la "mutuelle" sera maintenue en dehors de "Priorité Santé Mutualiste" ? En effet, si l'on suit la feuille de route que consista le rapport Chadelat de 2003, la Sécu devrait bientôt définitivement ne gérer qu'une assurance minimale, la grosse part des soins devraient être laissées aux seules complémentaires santé. "Priorité Santé Mutualité" n'est que la copie des démarches de conventionnement en dehors de la Sécu déjà opérées par plusieurs opérateurs "réseau de santé". Les groupes financiers qui investissent en ce moment sur la santé préparent leurs réseaux de soins privés favorisés par toutes les mesures gouvernementales actuelles obéissant aux directives européennes (privatisation des hôpitaux, fin du remboursement de l'optique et du dentaire; déremboursement de nombreux médicaments, automédication et vente en supermarché et station-service etc.) dont la Ministre Bachelot a indiqué qu'elles devaient porter leur fruits pour 2010.

Le système qui consiste à mettre dans les mains d'actionnaires, la santé de la population est connu, il provoque des ravages aux Etats-Unis. La médiatisation du contenu de "Priorité Santé Mutualiste" prouve, une fois de plus, que les dirigeants de la Mutualité Française ont fait le deuil de la Sécurité Sociale Solidaire et préparent leur positionnement sur le marché qu'est devenu notre santé.

Bien évidemment, en tentant de jouer l'économie capitaliste, sans résister et défendre les spécificités de l'économie sociale et solidaire mais au contraire en oeuvrant à la privatisation totale de la santé, les mutuelles de la Mutualité Française creusent leurs tombes comme elles contribuent par leurs doubles discours solidaires un jour, assurantiels souvent, à désorienter les assurés sociaux.

Car en fin de compte, c'est l'état sanitaire de la population qui va pâtir des trahisons et autres "priorité Santé Mutualistes".

Nicolas Pomiès Directeur de L'Avenir Mutualiste (www.avenirmutualiste.fr), de l'Union de Gestion des Oeuvres Sociales et Sanitaires (UGOSS - www.ugoss.fr) et de la Mutuelle Solidaire d'Aide à la Personne (MSAP - www.msap.fr)

3 - Affaire UIMM: «la parole est d’argent et le silence est d’or»

M. Gautier Sauvagnac, l’ancien président de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) restera dans l’Histoire comme celui qui fit des efforts méritoires pour travestir la corruption par un euphémisme emprunté à la mécanique des fluides : “la fluidification des relations sociales�.

Pour l’heure, il est à lui seul un excellent exemple pour comprendre “la relation d’information� qui fait trop souvent l’objet de si naïves representations. Il est des moments, en effet, où ce monsieur se mure dans le silence et d’autres où il prend la parole. Cette discrimination est un beau cas de figure pour illustrer le principe fondamental qui gouverne “la relation d’information� : nul être sain ne livre volontairement une information susceptible de lui nuire.

La parole d’argent de M. Gautier-Sauvagnac

Ainsi M. Gautier-Sauvagnac vient-il de sortir de son silence en donnant une interview au Figaro, le 20 juin 2008. Lui, si discret, a donc jugé nécessaire de livrer des informations qui lui étaient utiles. Quelles sont-elles ? 1- Son silence sur les mouvements de fonds considérables (18 millions d’Euros) qui lui valent d’être mis en examen pour “abus de confiance�, n’a pas été acheté. La preuve ? C’est lui qui a pris l’initiative de le garder, en l’annonçant dès les premiers jours.�Il n’y avait donc rien à acheter,� conclut-il un peu rapidement. 2- Sa prime de départ, justifiée par les dommages que ces désagréments lui ont causés, a été revue à la baisse à sa demande. “Je connais peu de dirigeants, conclut-il, dont le sens des responsabilités s’est traduit, de leur plein gré, par un tel renoncement.� Quel assassinat moral du patronat en direct !

Une transparence opaque

Un aussi brutal accès de transparence chez un homme si économe de ses paroles et qui trie si minutieusement ce qu’il a intérêt à dire ou à taire, ne manque pas à la règle énoncée par M. de Villepin récemment : « La transparence en politique (et ailleurs du reste) est toujours le maquillage de quelque chose. »

1- Que vaut la réfutation faite par cet honnête homme de l’accusation selon laquelle son silence aurait été acheté par une prime ? On ne saurait lui accorder que le crédit que l’on veut bien consentir à toute "information donnée" et donc à celui qui la soutient.

Est-ce donc une simple question de chronologie entre le silence annoncé avant et la promesse d’une prime faite ensuite ? Ne peut-on imaginer qu’avant de rendre public son silence, M. Gautier Sauvagnac ait négocié avec l’UIMM une issue à la crise ? Et quand bien même les honorables membres de cette organisation auraient été pris de court par la décision de leur président, la prime ne peut-elle avoir été consentie en récompense du silence salutaire promis ? Dans ce dernier cas de figure, n’est-ce pas d’ailleurs aussi un bon moyen pour se prémunir contre l’avenir, au cas où, un moment de faiblesse survenant, le silencieux aurait la tentation de parler devant la justice ?

2- Quant à la révision à la baisse de sa prime de départ en dédommagement d’un préjudice subi, l’explication de M. Gautier-Sauvagnac vaut-elle plus cher ? Chacun se souvient de la stupeur qu’a produite dans l’opinion la nouvelle de cette prime d’un million et demi d’euros. Que M. Gautier-Sauvagnac soutienne avoir lui-même pris les devants pour calmer l’opinion, c’est au mieux sous la pression de celle-ci et celle d’un patronat catastrophé par l’image collective déplorable qu’elle donnait de lui. Les 780.000 euros de la nouvelle prime représentent tout de même 35 ans d’un salaire mensuel de 2.000 euros ! Combien de Français sont ainsi payés ? En outre les modalités du nouvel accord reste évidemment confidentielles.

Le silence d’or de M. Gautier-Sauvagnac

Reste le silence promis par M. Gautier-Sauvagnac sur la destination des fonds retirés des comptes de l’UIMM. Il confirme qu’il n’a pas la moindre intention de pratiquer la transparence. Il est aisé d’en déduire que, selon lui, en cas de divulgation, les informations qu’il garde secrètes, seraient nuisibles tant à ses intérêts qu’ à ceux de l’organisation qu’il a présidée. Mais à devoir choisir sans doute entre deux maux, il a dû estimer aussi, du moins peut-on le supposer, que les hypothèses ou élucubrations sur un usage vraisemblable de ces fonds sont moins nuisibles que la révélation du nom de leurs heureux destinataires.

Corrupteurs et corrompus supposés sont ainsi liés par un pacte de silence qui les protègent, sauf aveu de l’un ou de l’autre. Mais, c’est ici que M. Gautier-Sauvagnac a repris utilement la parole pour la protection des intérêts de tous. À la question posée par le Figaro sur d’éventuelles fuites ou aveux, il a été très net et la formule convenue chez un spécialiste de l’euphémisme n’en prend pas moins valeur d’avertissement solennel : « Que chacun prenne ses responsabilités comme j’ai pris les miennes. Â» Si ce n’est pas une menace, qu’est-ce que c’est ?

Cette utile réflexion sur la relation d’information par l’usage alterné de la parole et du silence conduit avec M. Gautier-Sauvagnac et l’ UIMM à une autre réflexion sur l’usage particulier que peuvent en faire certains groupes au point d’en être leur caractéristique spécifique. Comment appeler un groupe qui brasse des sommes énormes pour des usages secrets de « fluidification sociale Â» et qui oppose la loi du silence à toute demande d’explication, y compris de la part de la justice du pays où il sévit ?

4 - débats politiques

1 - Réponse à l'article sur l’origine du prix élevé du pétrole

Lire l'article critiqué :
Précisions sur l’origine du prix élevé du pétrole par F. William Engdahl

Suite à l’article de William Engdahl, je voudrais élargir le débat concernant l’avenir du pétrole. Il est vrai qu'une partie importante de la hausse du prix du pétrole est liée à la spéculation. Mais il est difficile de spéculer sur quelque chose qui est abondant et dont l'offre est largement supérieur à la demande. C'est la même chose avec les denrées alimentaires.

Si vous suivez l'histoire de la production pétrolière mondiale depuis les dernières dix années, vous pouvez en gros divisez les avis en deux camps. Les optimistes qui soutiennent que la production mondiale de pétrole va continuer à augmenter encore pendant au moins 20 ans (bonjour le CO2). Pas de Pic en vue. Qui sont-ils? Dirigeants des compagnies pétrolières privées et d'état, et économistes. De l'autre coté, les 'pessimistes' pour qui le pic est imminent. Qui sont-ils? En majorité des géologues, des anciens de l'industrie pétrolière (si vous avez un problème d'agent, allez-vous consulter un géologue? Si vous avez des problèmes de production pétrolière allez-vous voir un banquier, un économiste?).

Qui a raison? Que nous disent les chiffres de production des dernières années par rapport aux prédictions des uns et des autres?. Ci-dessous 3 graphiques de la production des dernières années, 1 liquides totaux (y compris biocarburants etc), 2 production pétrolière (production de brut) et 3 production de l'Arabie Saoudite. Ils montrent une stagnation importante depuis 2004-2005. Depuis le début de cette année, la production a de nouveau augmenté légèrement, mais il faut toujours attendre presqu'une année pour que des chiffres plus fiables soient disponibles.

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La cruelle réalité est que c'est plutot les pessimistes qui ont raison, nous sommes sur un plateau ondulant de production qui peut encore durer des années ou se mettre à décliner dans un proche avenir. Plusieurs articles ont repris les prédictions des optimistes (les plus influents sont Daniel Yergin du CERA, Cambridge Energy Research Associates) des années 2005, 2006 et 2007 en ce qui concerne la production et le prix et les ont comparé à la réalité. Ils sont loin du compte! Même les prévisions du très officiel IEA (International energy agency) se trouvent de plus en plus déconnectées de la réalité. Une réevaluation à la baisse de leurs chiffres est prévue pour la fin de l’année. En revanche, les prédictions des pessimistes sont toujours plus proche de la réalité constatée. C'est pour cette raison qu'il est très facile de spéculer et provoquer un envol du prix.
Méfions nous du mythe que relaie Endghal: Le plus important producteur de pétrole du monde, l'Arabie Saoudite, est en train de finaliser des plans pour renforcer l'activité de forage d'un tiers et accroître les investissements de 40 %. Le plan de Saudi Aramco, couvrant la période de 2009 à 2013, devrait être approuvé ce mois-ci par le conseil d'administration et le Ministère du pétrole. Le Royaume est au beau milieu d'un plan d'élargissement de la production pétrolière de 50 milliard de dollars pour répondre à la demande croissante de l'Asie et des autres marchés émergents. Le Royaume prévoit d'accroître sa capacité totale de pompage jusqu'à 12, 5 millions de barils par jour d'ici à l'an prochain, une hausse d'environ 11 % de sa capacité actuelle de 11, 3 millions de barils par jour.

C'est la propagande de Saudi Aramco. La réalité des chiffres est bien plus inquiétante, car la production des dernières années du Royame était plutot constante voire en baisse (voir graphique 3). Chaque fois que vous entendez un commentateur vous dire que l'Arabie Saoudite est capable d’augmenter sérieusement sa production, demandez des preuves et des chiffres établis de façon indépendente. Vous n'en aurez pas, car au Royaume de la lapidation, ces informations là sont secret d'état. Sachez qu’on décortique les images satéllite de Google Earth afin de traquer l’activité au dessus des champs pétroliers et qu’on tente même d’utiliser des techniques de laser afin de mesurer l’affaissement des sols, une indication du degré d’exploitation des réservoirs situés en dessous de la surface. Il ne faut pas simplement répéter ce que les Saudis proclamment, sans avoir aucune vérification de la réalité des chiffres. Pour les autres mégaprojets les chiffres annoncées par les compagnies sont largement contestées et cette nouvelle production sera nécessaire simplement pour compenser les baisses constatées au niveau d'autres producteurs, mer du nord, Mexique, Kuwait etc. Il faut savoir que les réserves des pays de l’OPEP ont été augmentées de façon artificielle dans les années 80 avec l’instauration du système des quotas, et que malgré les millions de barils produits chaque année, les réserves officielles restent constantes. Seul le Kuwait a été récement obligé de reconnaître la vérité avec la baisse de la production de leur plus grand exploitation de Burgan.

Il est surtout très important de ne pas confondre réserves et production. Les sables bitumeux d'Alberta au Canada sont quasiment inépuisables, mais la production sera très lente. C'est comme si vous aviez 1 millions d'euros à la banque mais que vous ne pouvez rétirer que 2000 euros par mois. Le pic de production ne signifie nullement la fin du pétrole. Simplement le début de son long déclin, mais avec des répercussions économiques importantes.

Il n’y a pas que la question de la production, il faut également tenir compte des exportations du pétrole. Il y a des pays producteurs, comme l'Arabie Saoudite et surtout la Féderation Russe, qui exportent moins car ils consomment plus chez eux. L'équation est bien plus compliquée qu'on imagine généralement. Regardons les Etats-Unis, la production mexicaine (un de leurs plus importants fournisseurs) est en forte baisse. Il faut donc s’apprivisioner ailleurs, chez des pays moins bienviellants à leur égard, comme le Vénezuela. Résultat de cette situation, les réserves de l’OCDE ont baissé de 8.1 millions de barils en avril, un moment de l’année où habituellement les réserves augmentent de 30 millions barils. Cette année nous sommes en train de bruler nos réserves, au lieu de les réstituer après les mois d’hiver.

Il est toujours facile et très confortable d'imaginer que notre mode de vie continuera inchangé pendant des décénies, et que tous cela n'est que vaste conspiration des spéculateurs (qui existent bien sur). Mais regardons la situation avec du recul et nous verrons que l'age du pétrole aura duré grosso modo un siècle 1920-2020.

Oui, il y une bulle spéculative, non il n'y pas un avenir rose pour la production pétrolière.

Irwin Davidson Strasbourg, France.

5 - Philosophie politique & Grands textes

1 - Vous avez dit "communisme néoplatonicien"?

Jean-Michel Muglioni nous invite à relire La République non comme un tract politique mais comme une série de paradoxes qui sont autant d’instruments d’analyse. Une mode déjà ancienne fait de Platon une sorte de repoussoir totalitaire au point que parfois platonicien est une injure. Mais se méprendre ainsi sur Platon est une façon de se débarrasser de la philosophie pour se dispenser de toute vigilance critique à l’égard de nos mœurs politiques et des étranges catégories qui les justifient. Le communisme platonicien en effet ne concerne que la classe aristocratique : dans La République, elle est privée de propriété et ne saurait être constituée de familles, tandis que les producteurs demeurent chacun propriétaire de ses moyens de production, sans jamais participer au gouvernement de la cité. Lu à travers nos catégories politiques, Platon ne peut donc que passer pour fou.
Catherine Kintzler, Mezetulle.net

Il y a plusieurs façons de voter la mort de Socrate. Un éditorialiste respectable accusait récemment un pamphlet politique de communisme néo-platonicien[1]. Il fallait sans doute être intraitable avec son auteur qui a fort peu combattu les régimes les pires que le siècle dernier ait inventés, mais le qualifiant de « communisme néo-platonicien Â», ce critique témoigne d’un rapport au passé qui ressemble assez à la barbarie qu’il prétend combattre et son adversaire aura aisément raison de lui.
Qualification étrange, en effet, concentré de poncifs et d’ignorances. Traiter quelqu’un de « communiste Â» le disqualifie : s’il fait une critique du régime présent de la propriété, les camps de concentration staliniens ne sont pas loin. Platon ayant commis le crime de communisme, la philosophie tout entière est objet de défiance. Avec le néoplatonisme, Plotin aussi est mis au piquet, quoique peu connu pour sa philosophie politique, sauf découverte récente de palimpsestes que j’ignore. Il est vrai qu’il n’a pas couru après richesses et propriétés. S’en prendre au néoplatonisme, c’est aussi condamner le platonisme de la Renaissance, où quelques artistes trouvèrent leur inspiration. Quel bonheur pourtant si paraissait aujourd’hui un ouvrage véritablement platonicien ! Il nous expliquerait peut-être pourquoi le titre grec de l’ouvrage de Platon a été traduit en latin res publica, et pourquoi la France s’est voulue républicaine.

Trois paradoxes platoniciens

C’est un lieu commun, Platon est communiste, collectiviste, totalitaire, bref stalinien[2]. On n’est pas à un anachronisme prêt. Certes, l’idée communiste (je ne dis pas les partis communistes) exprime une revendication de justice : mais comprend-elle la justice comme La République de Platon? Trois paradoxes[3], trois «vagues» déferlent au Livre V. La première soutient que les femmes sont capables de remplir les mêmes fonctions que les hommes et donc celles de philosophe et de gardien. La seconde est célèbre sous la dénomination de communauté des femmes et des enfants ; elle comprend l’abolition de la famille et de la propriété, mais pour les seuls gouvernants et gardiens de la cité. La troisième est un raz de marée : le philosophe roi.

Femmes philosophes et guerrières

D’abord il faudrait dire : communauté des femmes et des hommes, car sur ce point la réciprocité est totale, et Platon envisage sans ambigüité qu’une femme puisse être philosophe-roi. Socrate prend de grandes précautions, sachant qu’il sera doublement décrié : il remet en cause non seulement la famille, mais aussi la prétendue supériorité des hommes sur les femmes. Sur l’essentiel, en effet, la vertu, science du juste et de l’injuste, il n’y a pas de vraie différence entre eux, pas plus qu’entre chauves et chevelus. L’analogie est de Platon[4], qui ridiculise ceux qui croient qu’il y a entre les deux sexes une différence essentielle sous le rapport de l’intelligence et des vertus guerrières, sous prétexte que les femmes portent les enfants. Elles peuvent être philosophes et guerrières. Il n’y a pas de raison de croire qu’elles soient moins courageuses que les chiennes. A Athènes, de tels propos provoquent soit le rire[5], soit le scandale. Socrate passe pour l’ami des spartiates, les ennemis. Et que des femmes puissent s’entraîner nues avec les hommes est contraire aux bonnes mÅ“urs. Platon en effet a beau se tenir bien et ne pas se comporter comme Diogène qu’il aurait qualifié de « Socrate devenu fou Â», il a beau écrire dans le style le plus élevé contrairement à ce que pensent certains traducteurs qui voudraient que ses dialogues aient le ton de la conversation, il rompt avec toutes les façons de penser convenues. Son Socrate est ici plus près des cyniques qu’on ne le dit généralement et Aristote lui-même sera très sévère avec cet aspect du socratisme présent chez Platon.

Une aristocratie sans famille !

La République fait disparaître la famille dans ce que les commentateurs appellent la « classe aristocratique Â» : Platon se moque des catégories politiques, il leur donne un nouveau sens, puisqu’on entend généralement par aristocratie un régime fondé sur la famille et l’héritage. Il en dessine l’exact contraire. Tout dans ces pages du livre V, comme toujours chez lui, est paradoxal. La République ne propose pas un programme politique, mais invite à un examen systématique de préjugés politiques qui sont le fond de nos débats publics. Mais il suffit de la lire comme un programme électoral pour ne pas avoir à s’interroger et s’en débarrasser par l’accusation de communisme.

La contingence de la naissance

Cette étrange aristocratie ne pouvant se reproduire comme les aristocraties ordinaires, il faut organiser le trucage des accouplements (on ne peut plus dire les mariages) entre les meilleurs pour la perpétuer : un berger ne laisserait jamais son troupeau se reproduire comme font les aristocrates ! Tout le monde crie donc à l’eugénisme.

Mais est-il permis de lire ces paradoxes comme une critique radicale de l’aristocratie historique, celle que le Théétète dénonce, se moquant des nobles, fiers de leur généalogie, qui croient descendre des dieux par Hercule, fils d’Amphitryon, hérédité peu glorieuse d’un mari trompé ? Et toute lignée comporte autant de barbares que d’hellènes et par myriades « riches et gueux, rois et esclaves[6] ». Qu’est-ce en effet qui partout règle les naissances ? Le hasard. Socrate, envisageant dans La République des mariages arrangés par les rois philosophes, détruit, avec la famille, le hasard des naissances : il prend l’exact contre-pied de ce qui se fait. La naissance, c’est ce sur quoi nous n’avons pas prise. L’effet de contraste entre ce hasard et les calculs des législateurs fictifs de La République permet au lecteur de comprendre qu’il y a dans les choses humaines une part irréductible à la raison. Le Théétète conclura[7] qu’il est impossible que le mal disparaisse de la nature mortelle. Ainsi, la reproduction signifie que nous appartenons à une espèce mortelle et non divine. En tant que reproduction du même, elle symbolise l’éternité et l’amour qui est pour cette raison considéré par Platon un élan vers le divin, et non, comme le croient l’Aristophane du Banquet et les sophistes, une régression dangereuse vers une nature primitive. Mais il y a une part irréductible de contingence dans le monde. Ainsi une manière « socratique » de lire Platon consiste pour le lecteur à s’interroger sur ses propres croyances.

L’éducation sentimentale : la famille est antisociale

De la même façon la famille est le lieu de l’éducation affective des hommes ; elle les lie par le sentiment à leurs proches et à leurs biens, et pour cette raison elle fait prévaloir en eux l’amour de leurs biens propres et de leurs parents sur celui du bien commun. Ou, pour parler comme Proudhon, elle est antisociale. Un homme ne peut travailler au bien commun que s’il est totalement délivré de tout lien familial et totalement libre à l’égard de quelque bien privé que ce soit. Nous comprenons ainsi ce qui fait que l’éducation habituelle des hommes les corrompt ou du moins les rend inaptes au gouvernement ou au simple civisme. Dans un discours de distribution des prix, le jeune Georges Canguilhem rappela aux élèves, à leurs familles et aux corps constitués que Socrate est « la première victime connue des associations de parents d’élèves ».

Pressé par ses amis de s’expliquer sur la communauté des femmes, qui est aussi bien une communauté des hommes, Socrate n'en parle que malgré lui ; il se fait prier et prévient qu'on ne le comprendra pas. Il prévoit beaucoup d’ennuis, insiste sur la difficulté de la question ; il sait qu’on se moquera d’une cité irréalisable et lui-même ne présente son propos que comme une recherche et non comme l’exposé d’un savoir[8].

Contrairement à ce disent les notes d’une édition littéraire de qualité, ce n’est pas seulement une précaution oratoire, Socrate faisant semblant d’hésiter. Ce n’est pas un jeu de scène, mais par là Platon alerte le lecteur.

Que signifie cet éclatement de la famille ? C’est d’abord la critique radicale des castes et tribus, telles qu'elles ont toujours ruiné les cités méditerranéennes. Platon sait que la politique des clans est la pire de toutes. Surtout, dans toute cité, si la famille ne peut en effet disparaître, les pires inégalités se transmettront. Léon Blum disait que la vraie politique exige deux choses seulement, une loi sur l'héritage et une loi sur l'instruction publique. Et comme La République est un traité d'éducation, le paradigme de l’abolition de la famille pour les meilleurs signifie qu’en chacun de nous, les liens familiaux les plus forts et les plus doux ne doivent pas s'emparer du jugement, et en effet rien n'est plus difficile que de s’en déprendre.

Richesse et pouvoir, ou le « réalisme » platonicien

La cité ne peut être une que si elle est une « communauté de sentiment », ce qui suppose que les philosophes et les gardiens soient délivrés de l’égoïsme familial. Pour la même raison il faut qu’ils ne soient pas « propriétaires »[9]. Les artisans et les hommes appartenant à ce que nous appellerions la société civile, producteurs, créateurs de richesses, le demeurent. Etrange communisme, qui, dans un régime aristocratique et non démocratique, est réservé aux chefs ! Il est inséparable de l’idée aristocratique de hiérarchie, selon laquelle c’est au meilleur de commander au moins bon. Nouveaux paradoxes donc. Les dirigeants de la cité ne doivent disposer d’aucun bien privé parce qu’ils ne manqueraient pas de faire prévaloir leurs intérêts particuliers sur le bien commun. Au contraire les hommes en qui l’appétit des richesses est finalement demeuré maître peuvent rester « propriétaires Â» et sans doute ne pourraient-ils pas enrichir la cité sans cela ! Ainsi les producteurs de cette cité qui passe pour communiste possèdent leurs moyens de production et cela en vertu d’une nécessité « anthropologique Â». La loi doit mesurer leur propriété, pour que l’obsession des richesses qui croît avec l’accroissement des richesses ne leur fasse pas rompre tout lien civique. Platon ne se fait aucune illusion sur la nature humaine. Toute étude de l’économie qui n’est pas d’abord une théorie des passions est vaine : c’est par une anthropologie, longuement exposée, qu’Adam Smith et le libéralisme économique s’opposeront aux anciens.

Pour la même raison qui justifie qu’ils soient propriétaires, les producteurs ne sauraient participer au gouvernement de la cité. Platon n’est pas un idéaliste, ou un utopiste au sens le plus commun du terme, c’est-à-dire un naïf. Pour que les riches ne corrompent pas le pouvoir, pour qu’ils ne constituent pas une oligarchie, ombre d’aristocratie, il faut que les gouvernants aient renoncé à toute richesse, ou plutôt qu’ils soient totalement indifférents à la possession de richesses parce qu’ils ont d’autres intérêts, et pour cette raison peuvent juger droitement du bien commun. Curieux communisme, puisque pour libérer la cité du règne de l’argent, il ne s’agit nullement de répartir les richesses, comme si la justice consistait à se partager le gâteau, mais seulement de faire en sorte que la richesse ne pervertisse pas le jugement de ceux qui doivent décider du sort de la cité, ce que Platon sait à peu près impossible.

Economie et politique

Seule l’éducation peut préparer les hommes à ne pas subordonner la politique à l’économie, c’est-à-dire à ne pas laisser le ventre commander la tête. Quand les nécessités liées d’abord aux besoins déterminent leur vie, les hommes sont des esclaves. Des pourceaux parfaitement heureux de posséder autant de richesses qu’ils en désirent ne peuvent savoir se gouverner, et une telle richesse ne vaut pas mieux que la misère qui rend la vie inhumaine. Ventre, cœur, tête, économie, armée et police, gouvernement : ces deux trilogies parallèles donnent à penser que le primat de l’économie, c’est la tête subordonnée au ventre, et le gouvernement du cœur la confiscation du pouvoir par l’armée.

Le philosophe roi ou le refus du pouvoir

La provocation platonicienne ne s’arrête pas là. Socrate dans l’Apologie dit à ses juges que s’il s’était mêlé plus jeune de politique au lieu de se contenter d’interroger les Athéniens, il y a beau temps que sa perte aurait été consommée[10]. La politique est ainsi jugée une fois pour toutes. Que signifie donc l’idée du philosophe roi, sinon que jamais les choses n’iront mieux, puisque jamais il n’y aura un tel philosophe (Socrate est mort) et que s’il y en avait un, il refuserait le pouvoir ou comme lui serait mis à mort ? La République développe une si haute idée du philosophe qu’on se demande quel homme pourrait prétendre à ce titre ; et les conditions historiques, géographiques et démographiques qu’elle dit requise pour la réalisation d’une cité juste sont telles qu’on ne voit pas qu’elles puissent se rencontrer un jour : Platon, du moins tel que je le comprends, fait tout pour que nous ne puissions pas nous imaginer qu’elles peuvent être remplies.

Le refus du pouvoir

Ainsi le roi philosophe est l’exact contraire non pas seulement du tyran sanguinaire mais du plus ordinaire des hommes de pouvoir. Citons une page célèbre[11]. « L’Etat le mieux gouverné est nécessairement celui où le pouvoir est exercé par ceux qui ont le moins le goût du pouvoir, et ce sera le contraire tant qu’il n’en est pas ainsi. … S’il y a pour ceux qui sont appelés à exercer le pouvoir une vie qui soit meilleure que le pouvoir lui-même, alors il est possible qu’un Etat soit bien gouverné. Car c’est seulement dans un tel Etat qu’exerceront le pouvoir ceux qui sont réellement riches, riches non pas d’or mais de ce dont il faut être riche pour être heureux, la vie bonne et raisonnable. Si au contraire viennent s’occuper des affaires publiques des hommes affamés de biens qui ne soient qu’à eux et persuadés que le pouvoir est le lieu où ils peuvent faire main basse sur le bien, alors il est exclu qu’un bon gouvernement soit possible. Car le pouvoir est alors l’enjeu d’une lutte, et cette guerre civile et intestine les perd, eux et l’Etat tout entier. »

A quoi reconnaît-on le bon gouvernant ? A ce qu’il ne veut pas du pouvoir, ni des honneurs ; et il n’en veut à aucun prix parce qu’il se passionne pour quelque chose de supérieur. Considérer le pouvoir comme le souverain bien est folie et fera toujours le malheur non pas seulement des victimes du pouvoir, mais d’abord de ceux qui l’adorent et y consacrent leur vie. On ne peut à la fois vouloir le pouvoir et son propre bonheur. Ainsi, dans la république platonicienne il faut contraindre le vrai philosophe à diriger la cité et à s'occuper des affaires publiques. Nouveau paradoxe : les meilleurs ne remplissent pas cette fonction pour un salaire mais pour éviter une peine ! On ne fera pas croire à un lecteur de Platon qu’ils doivent être mieux payés que les autres parce qu’ils sont les meilleurs, car il sait que s’ils sont les meilleurs, ils n’ont pas besoin de carotte, et la punition qu’ils craignent n’est pas celle qu’on a coutume d’infliger aux hommes : le philosophe, si du moins il juge que la cité n’est pas corrompue, consent à servir l’Etat parce que le pire des châtiments est d'être gouverné par pire que soi. Tel est le vrai sens du gouvernement du meilleur ou aristocratie[12].

Pérennité des paradoxes philosophiques

Une telle pensée est à ce point étrangère au monde contemporain qu’un Popper voyait dans ses paradoxes le programme politique fou d’un homme si imbu de lui-même qu’il aurait cru pouvoir changer le cours de l’histoire humaine si on lui avait donné le pouvoir. Dirons-nous pour la sauver qu’elle est d’une autre époque ? Mais elle était aussi paradoxale dans l’Athènes du IV° siècle : les précautions que Platon met au livre V, avant l’arrivée de chaque vague, dans la bouche de Socrate, qui s’attend à une réprobation générale, suffisent à le prouver. Platon était aussi étrange ou extraordinaire pour un grec du IV° siècle avant J.C. que pour un moderne, comme au siècle précédent Socrate était a-topos, c’est-à-dire « marginal »[13], ou hors du commun, et fut éliminé.

© Jean-Michel Muglioni et Mezetulle, 2008

Notes

[1] Nous ne le nommerons pas, puisqu’il est victime d’une illusion commune qui ne disqualifie pas ses analyses plus que d’autres. Et « néoplatonicien » est peut-être seulement un lapsus.

[2] Karl Popper, dans La société ouverte et ses ennemis, considère que la séduction de Platon, «|_|le divin Platon|_|», a perverti toute la tradition, sa philosophie politique sacrifiant l’individu à la collectivité.

[3] 451b, 457d, 472a.

[4] 454c

[5] 452a.

[6] Théétète, Trad. Dies Belles-Lettres 174-175. Où l’on voit en passant que Platon ne croit nullement en une quelconque supériorité de nature des grecs sur les barbares. Cf. Politique 262d sq.

[7] Ibid.176 a.

[8] 450a-451c

[9] Nous ne nous prononcerons pas ici sur la question de savoir si l’on peut parler de propriété au sens où les modernes en parlent.

[10] Apologie de Socrate, 31 d-e

[11] Rép. VII 520d sq. trad. Monique Dixsaut

[12] République, I, 347 c

[13] Phèdre 229 c, traduction proposée par Bernard Sève dans son commentaire Editions Pédagogie Moderne 1980. Bailly dit étrange, extraordinaire, extravagant, insolite et même absurde, insensé.

Voir cet article sur son site d'origine

Jean-Michel Muglioni

6 - International

1 - Sondage en Palestine

Palestinian Center for Public Opinion, 18 juin 2008
Nabil Kukali

Traduction : Gérard pour La Paix Maintenant Méthodologie : sondage effectué entre les 25 et 31 mai 2008. Echantillon représentatif constitué de 1051 adultes (Cisjordanie et Jérusalem Est 60,7%, bande de Gaza 37,3%). Interviews en face-à-face au domicile des personnes interrogées, à différents heures de la journée. Marge d'erreur : ±3.0 %.

Principaux résultats :

  • 83.0 % des Palestiniens soutiennent le cessez-le-feu israélo-palestinien
  • ­ 56% sont contre les attentats suicides en Israël
  • ­ 59,8% soutiennent la solution à deux Etats pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
  • ­ 54.3 % sont mécontents du président Mahmoud Abbas
  • ­ 89,8% sont opposés à la renonciation au droit au retour

Détails du sondage

Trêve israélo-palestinienne

Q. : Quelle est votre attitude aujourd'hui à l'égard d'une trêve israélo-palestinienne (question posée avant l'entrée en vigueur de la trêve, ndt) ?

Attentats suicides

53,8% des Palestiniens pensent que les attentas-suicides nuisent aux intérêts nationaux palestiniens, 40,7% pensent qu'ils les servent.
Concernant les attentats suicides à l'intérieur d'Israël, 56% souhaitent qu'ils cessent, 41% qu'ils continuent.

Déploiement d'une force mulitnationale

Q. : Etes-vous favorable ou défavorable au déploiement d'une force multinationale dans la bande de Gaza ?

Elections législatives

Q. Etes-vous favorable à de nouvelles élections législatives ?

Action du président Mahmoud Abbas

54,3% des Palestiniens sont mécontents de la manière dont Mahmoud Abbas remplit sa fonction de président de l'Autorité palestinienne, 39,1% se déclarent satisfaits.

Elections présidentielles

Q. Etes-vous favorable à de nouvelles élections présidentielles ?

Q. Si de nouvelles élections présidentielles avaient lieu aujourd'hui, et si Mahmoud Abbas était le candidat du Fatah et Ismail Haniyeh le candidat du Hamas, pour qui voteriez-vous ?

Q. Si de nouvelles élections présidentielles avaient lieu aujourd'hui, et si Marwan Barghouti était le candidat du Fatah et Ismail Haniyeh le candidat du Hamas, pour qui voteriez-vous ?

Négociations de paix avec Israël

Q. Etes-vous favorable aux négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens ?

Q. Qu'attendez-vous des négociations entamées à Annapolis ? Pensez-vous qu'elles réussiront à mettre fin à l'occupation ?

Par ailleurs, 61,9% des Palestiniens pensent que les rencontres entre Mahmoud Abbas et Ehoud Olmert, confronté à des problèmes internes, ne servent à rien, alors que 32,0% pensent qu'elles sont utiles.

Solution préférable au conflit israélo-palestinien

59,6% des Palestiniens pensent que l'option de deux Etats est la solution préférable, alors que 30,4% pensent que la Palestine historique ne peut pas être divisée en deux Etats et qu'en conséquence, un Etat binational sur toute la Palestine où Palestiniens et Israéliens auraient les mêmes droits est la solution préférable. 5,2% ont répondu qu'"il n'y a pas de solution au conflit israélo-palestinien".

La question des réfugiés

Q. : Pensez-vous que les Palestiniens doivent renoncer au droit au retour en échange de la création d'un Etat palestinien indépendant et la signature d'un traité de paix avec Israël ?

Q. La direction palestinienne doit-elle accepter de renoncer au droit au retour en échange d'indemnisations financières ?

Schisme Gaza - Cisjordanie

Q. : Selon vous, un an après le schisme entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, qui est responsable de la coninuation de cet état de fait ?

La Paix Maintenant www.lapaixmaintenant.org

7 - à lire, à voir ou à écouter

1 - La nouvelle de l'été deuxième partie

Respublica innove et vous propose la lecture d'une fiction écrite par un jeune auteur, Elie Maucourant. Ce texte est diffusé en 5 parties. Nous espérons qu'il vous plaira. Ci-dessous, la deuxième partie (Première partie de la nouvelle).

(...)

Wodan ouvrit les yeux. Instinctivement, il chercha la chaleur de sa femme. Il posa la main sur son épaule avant de se lever. Sa cams s'activa, balayant le loft de son laser. A partir de maintenant, n'importe qui avait accès à sa vie.

Wodan alluma le Cube et choisit la section 8 du bloc Europe, quartier Est, lignitude 456-45, appartement 9.

Devant lui, flottait à partir du cube, un corps maigre et endormi. A ses côtés se tenait une jeune femme aux longs cheveux noirs et fins.

Son avatar répéta la même chose.

Wodan tira la langue.

Son avatar répéta la même chose.

Une bonne douche s'imposait. Il se leva et se dirigea vers la salle de bains. La salle de bains et les toilettes étaient le seul lieu où la cams se désactivait. Question de morale héritée des pays occidentaux.

Là, il se saisit d'un shampoing et d'un savon. Méthodiquement, il répéta les gestes que la percussion imposait. Il imaginait devant lui les toms et les cymbales. Jouant d'habileté, il enchaîna les mouvements et les techniques les plus avancées. Ses pieds martelaient le sol, mimant la présence d'une double pédale. Il souffla, puis transpira. Ses muscles se bandèrent, encore et encore. Le rythme, telle une divinité d'un passé lointain, le possédait.

Tam, tam. Bam, Bam.

Wodan ne laissait que les temps de silence dans un seul but : mettre en valeur ses reprises rythmiques.

Mais il s'arrêta. Quand il sortirait de la salle de bains, il serait contraint de se taire.

Il ne fallait pas aller à l'encontre des profits du Conservatoire et de la machina.

Il en avait assez. Marre de jouer le pantin. Marre se cacher dans le lieu où l'on déféquait et où l'on se lavait de ses fèces.

Il se rapprocha du dallage. Son cœur battit plus fort.

Il lança sa tête à pleine vitesse contre les carreaux de la salle de bain. Le sang gicla. Sa cams vola en éclat alors qu'il s'effondrait, face contre terre.

(...)

Wodan était classé arriéré de niveau 3. Son geste serait interprété comme une acte déraisonné. Il ne risquait pas la liquéfaction. Mais le temps qu'ils l'envoient en centre de réfection, l'Evenement aurait eu lieu.

La Boucle-Z ? un jeu de petit face à son courage. Lui au moins avait eu la force de se détruire. De détruire l'avatar que chaque homme et chaque femme contemplait de son Cube. A partir de maintenant et jusqu'à la réparation de sa cams, il était un cadavre. Un non sens. Un homme mort et oublié.

Malgré le sang qui coulait le long de sa bouche et de sa tempe, il eut la force de murmurer à la baignoire :

Sa femme cogna à la porte, inquiète. Wodan cria.

Il se leva et s'épongea le visage. Sa joue était striée de longues lignes rouge foncé. Son maxillaire supérieur était saccagé. Et la douleur frappait régulièrement, comme un marteau.

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2 - Entretien avec Fabienne Jouvet dernières parties

Voici la deuxième partie de l'entretien avec Fabienne Jouvet. Pour rappel la première partie est disponible ici

Pour écouter la 2ème partie et la 3ème partie de l'entretien de c'est ici:

Pour tous ceux qui souhaitent soutenir, s'informer, apporter leurs témoignages ou contacter Fabienne Jouvet, les informations nécessaires sont ici

ReSPUBLICA

3 - China Blues, voyage au pays de l’harmonie précaire

China Blues, Voyage au pays de l’harmonie précaire
Hsi Hsuan-wou et Charles Reeve,
Ed. Verticales, 22 euros.

Alors que les regards tournés vers la Chine à la faveur des Jeux Olympiques lorgnent sur les prouesses des grands travaux et le miracle d’une croissance économique à deux chiffres, China Blues nous plonge dans le quotidien de Chinois ordinaires, histoire d’éclairer un peu la face cachée de la lune, quand les idiots regardent le doigt.

Partis dans un road-movie de Belleville à Pékin, en passant par Shanghai et Hongkong, Hsi Hsuan-wou et Charles Reeve, -auteurs du précédent « Bureaucratie, bagne et business » paru en 1997 aux éditions l’Insomniaque -, brossent un portrait ubuesque et saisissant des changements à l’œuvre dans l’Empire du Milieu, vus par les Chinois eux-mêmes. Au gré des rencontres et des propos recueillis, on y croise tour à tour, des sans-papiers parisiens et des mingongs, ces immigrés de l’intérieur; un jeune producteur de cinéma et un ex-détenu dissident ; un rockeur rebelle ou une ouvrière d’une zone économique spéciale ; une chauffeuse de taxi et des adeptes du Qi gong ; un instructeur de l’armée diplômé de philosophie et des grévistes, ou encore des militants écologistes et des locataires expulsés. La diversité des paroles, - étayées par des encadrés documentés -, exprime avec vitalité une critique lucide et souvent teintée d’ironie, sur un système, d’autant plus rapidement converti au totalitarisme de marché, qu’il s’appuie sur un parti-Etat unique répressif, où l’ombre du laogai - camps de travail pour les délits graves - et du laojiao –qui permet à la police d’incarcérer les auteurs de délits mineurs sur décision administrative sans aucune forme de procès – ne cède le pas qu’à la corruption institutionnalisée au moindre échelon de pouvoir.

Réprimer plus pour trimer plus

Au pays de « l’harmonie précaire », les libertés démocratiques revendiquées et écrasées il y a vingt ans, ont été troquées pour la liberté du marché et la frénésie de consommation. Le grand bond en avant de la Chine dans le capitalisme mondialisé, avec sa main d’œuvre corvéable à bas prix et sa capacité de production sans limites qui fait la prospérité de la classe bureaucratique et des nouveaux riches, suscite les convoitises de bien des dirigeants d’entreprises et d’Etats. Les « réformes » achèvent le démantèlement des services et des entreprises publiques, précarisant des dizaines des millions d’ouvriers et d’employés. Avec les Etats-Unis, la Chine est aussi en passe de devenir le plus gros pollueur de la planète, au mépris de l’environnement et des droits humains les plus élémentaires. Paradoxalement, de nombreux secteurs de la société civile n’en continuent pas moins de se mobiliser, l’état reconnaissant « 70 000 incidents de masse» en 2006. Mais qui s’en soucie? Certainement pas les tenants du « travailler plus, pour gagner plus ». Surtout quand ça rime avec réprimer plus.

Coco Chan

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