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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°603 - samedi 8 novembre 2008

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1 - chronique d'Evariste

1 - Enfin !

Après l’échec de la gauche à la présidentielle de 2007, après le rouleau compresseur néolibéral et communautariste de Nicolas Sarkozy, après le déclenchement de la plus importante crise depuis celle ouverte le 24 octobre 1929, pourrions-nous continuer à regarder
comme des spectateurs fatalistes la trilogie des trois congrès (PS, PC, NPA) en continuant à se dire : « Pourquoi ces trois partis qui ont échoué en 2007, réussiraient-il demain ? »

Le vote des adhérents du PS du 6 novembre 2008 conforte son ancienne direction, celle qui a subit un troisième échec en 2007, et qui aujourd’hui, est incapable de construire un discours face à la crise et ne réussi guère mieux à rassembler le non de gauche.
Le PC a bien lancé un appel au rassemblement pour les élections européennes mais sans être précis sur cette proposition (rappelons-nous de « Bouge l’Europe » de Robert Hue !)… Quant au NPA, bien qu’ayant triplé, voire quadruplé les effectifs de la LCR, reste toujours muet sur sa stratégie de prise de pouvoir ainsi que sur les alliances nécessaires… Chacun sait bien que même avec une ligne juste, si la stratégie est floue on ne fait seulement que du témoignage politique sans créer le rapport des forces nécessaire à la victoire… Alors… Fait notoire, Marc Dolez et Jean-Luc Mélenchon viennent de claquer la porte du PS ! Comme toujours le neuf ne peut venir qu’à partir d’une rupture. C’est une loi de l’histoire. Et voilà qui est fait ! Prenons cet acte comme une réponse à l’urgence politique et sociale de la période. Nous avons maintenant une chance de créer un Die Linke à la française. Nous le voyons bien, c’est la seule stratégie qui progresse en Allemagne et qui, à terme, peut mettre fin aux alliances du SPD avec la droite chrétienne-démocrate. Cependant, la stratégie d’un Die Linke à la française ne peut pas se constituer sans les socialistes de gauche.
Dans de telles conditions, comment se fait-il que dans un pays comme la France, avec son histoire, l’on puisse concevoir une possibilité de transformation sociale en omettant les laïques et les républicains de gauche que sont Marc Dolez et Jean-Luc Mélenchon ? Est-il possible de penser plus d’une demi-seconde qu’une alternative politique puisse s’effectuer sans les jauressiens du 21ème siècle ? Notons que toutes les études d’opinion sérieuses révèlent que les couches populaires, d’ouvriers et d’employés espèrent de nouveaux droits universels (accès aux soins pour tous au lieu de la CMU par exemple !) et non des droits communautaristes, mais revendiquent l’égalité, la solidarité et la laïcité et non l’équité, la charité et le relativisme culturel. Ces couches -celles que la gauche et l’extrême gauche ont abandonné- représentent, selon l’INSEE, la moitié des ménages ! Il n’y a que les laïques et républicains de gauche qui peuvent reconquérir à gauche les couches sociales populaires. Souvenez-vous que François Mitterrand avait eu 75 % des ouvriers au 2ème tour de la présidentielle quand Ségolène Royal obtenait faiblement 54 % de leurs votes. Tout montre que les autres candidats de gauche n’ont pas récupéré cet électorat ! Voilà toute la différence. On ne gagne pas à gauche avec les couches moyennes supérieures radicalisées qui font de la charité au lumpenprolétariat (les « sans », les précaires, etc.). Mais on gagne à gauche avec une alliance des couches moyennes, populaires, et celle du lumpenprolétariat. Voilà pourquoi les laïques et les républicains de gauche sont indispensables !
En outre, avec Marc Dolez et Jean-Luc Mélenchon, nous avons une stratégie de prise de pouvoir : c’est l’union des gauches sans exclusive proposé à toute la gauche et à toute l’extrême gauche.
Vous direz que nous allons vite en besogne et que ce n’est pas gagné ! Vous avez raison. Mais en politique, l’objectif principal est autant le bout du chemin que le chemin lui-même. Il n’y a que les batailles que l’on ne mène pas que l’on est sûr de perdre ! Et nous y voilà donc, devant ce chemin frayé par Marc Dolez et Jean-Luc Mélenchon. A nous tous de l’emprunter !
Votre journal RESPUBLICA continuera son travail de refondation idéologique et politique, continuera à appeler inlassablement au travail d’éducation populaire laïque tourné vers l’action et continuera à appeler les citoyens à la mobilisation sociale et politique.
Le débat est ouvert, venez en discuter avec nous !

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Reconstruire la Gauche

1 - Ca suffit comme ça !

Le résultat du vote au parti socialiste est connu. Les trois motions issues de la majorité sortante du Parti arrivent en tête. Elles obtiennent 80% des suffrages. Et la motion de Ségolène Royal l'emporte avec sa proposition d'alliance au centre. Ainsi, les orientations qui dominent la social-démocratie européenne l'ont emporté alors quelles conduisent partout à l'échec. Elles avalisent l'Europe du traité de Lisbonne, les alliances changeantes, l'abstention face à la droite, et refusent de mettre en cause le capitalisme. Ce résultat est sans ambiguïté. Le score respectable de la gauche du parti n'y change rien malheureusement.

Pour nous, ça suffit comme ça !

Nous refusons de nous renier en participant à des complots et des combinaisons tactiques. Car quels que soient les arrangements qui sortiront du Congrès de Reims, la future direction du PS appliquera l'orientation majoritaire en particulier quand viendront les prochaines élections européennes. Il faudrait alors accepter ce que nous refusons depuis toujours : le traité de Lisbonne et le Manifeste commun avec les partis sociaux démocrates qui gouvernent avec la droite dans leur pays. Non ! Pour nous, ça suffit comme ça !

Nous prenons nos responsabilités. Dans la crise du capitalisme, notre pays a besoin d'une autre voix à gauche. Nous voulons lui être utiles. Nous voulons reprendre l'initiative, formuler une alternative, faire reculer et battre Sarkozy. Par fidélité à nos engagements, nous prenons donc notre indépendance d'action. Nous quittons le Parti socialiste. Nous allons porter publiquement notre conception du combat républicain et socialiste, sans concession face à la droite, au capitalisme et leur irresponsabilité destructrice contre la société humaine et l'écosystème. Nous allons la proposer au suffrage universel. Ainsi que nous la montré en Allemagne Oskar Lafontaine avec Die Linke, nous décidons d'engager avec tous ceux qui partagent ces orientations la construction d'un nouveau parti de gauche et nous appelons à la constitution d'un front de forces de gauche pour les élections européennes. Nous savons qu'une énergie immense dans notre peuple est disponible pour le changement. Il faut aller de l'avant.

Voir cet article sur son site d'origine

Marc Dolez www.marc-dolez.net

Jean-Luc Mélenchon www.jean-luc-melenchon.fr

2 - Oui, l'Humanité peut exister sans les banques!

Lors des crises systémiques et fondamentales, ce qui fait le plus défaut… c’est l’imagination. Depuis le 16ème siècle, en cas de désastre, les dirigeants politiques ont pris l’habitude de se tourner vers les « savants » du moment - hier les théologiens, aujourd’hui les économistes- pour trouver les remèdes afin de sortir du marasme. Avec une égale constance, ces dignitaires intellectuels ne proposent que des solutions du passé pour colmater les brèches actuelles et font en sorte que le futur puisse ressembler au présent, et surtout au passé. Au moment de la Renaissance, les « savants » de l’église proposaient donc tout naturellement des solutions du Moyen Age. Aujourd’hui, les économistes recommandent des solutions des années 1980 et 1990. Loin d’imaginer un nouveau monde, le replâtrage est de mise car ces beaux esprits ne peuvent renoncer à leur formation ou à leurs déformations, à leurs années d’apprentissage et de sélection scolaire et universitaire. Ils radotent donc des théories éculées dont l’échec est patent.

Ainsi donc, depuis le début de la grande crise dite des « subprimes », un seul mot d’ordre, simple, et se résumant à un cri du cœur scandé en écho : « Il faut sauver les banques! Il faut sauver les banques! ». Car bien sûr, l’humanité ne peut vivre sans les banques qui sont l’ oxygène, la source de vie de l’humanité !
Soyons sérieux, c’est au moment même où le consensus se fait sur le caractère hautement parasitaire du système financier et bancaire que les gouvernements l’abreuvent de centaines de milliards d’euros ou de dollars pour combler les trous sans fond de leurs escroqueries combinardes en tous genres. Quel paradoxe quand la gouvernance politique mobilise toutes les énergies et toutes les richesses publiques pour fournir sans contrôle les moyens matériels aux les banques afin qu’elles continuent leur entreprise de destruction du tissu économique réel. On pourrait résumer la situation par la formule suivante : pour nous sauver de la destruction, renforçons donc le pouvoir de nuisance des démolisseurs.
Or la crise que nous vivons aujourd’hui n’est pas une petite crispation d’ajustement mais une crise fondamentale remettant en cause les fondements mêmes de ce que nous avons appelé depuis des années le turbo capitalisme, c’est-à-dire le dernier stade de la prise de contrôle de la sphère financière sur l’économie réelle et, plus largement, sur l’ensemble de la société. Pour en sortir, il faut donc imaginer un autre monde avec d’autres paradigmes et d’autres systèmes de rapports économiques et sociaux.
Cette crise est celle de la circulation monétaire confiée exclusivement aux banques monopolistes. Le flux financier organisé par ces banques n’est tout simplement plus en rapport avec les échanges physiques des marchandises. D’une certaine manière, il est indépendant dans son volume et dans son débit par rapport au monde des échanges entre les femmes et les hommes à l’échelon planétaire.
La solution est donc simple : il faut que la circulation monétaire ne soit plus confiée en exclusivité aux banques !
… Je vous l’accorde, cette proposition risque de ne pas être reprise in extenso par le prochain congrès du Parti Socialiste par exemple… mais relativisons un peu. La banque telle que nous la connaissons aujourd’hui est une création très récente. A la fin du 15 ème et au début du 16 ème siècle, des intermédiaires, installés sur des bancs publics (d’ou son nom banco ou banque,) se sont appropriés progressivement la circulation monétaire. Pendant des millénaires, l’humanité s’était dispensée du travail de ces beaux messieurs. La banque n’est certainement qu’un phénomène transitoire à l’échelle historique, correspondant à une certaine époque… et qui justement prend peut-être fin sous nos yeux.
La monnaie, en tant qu’équivalent universel, est justement LE support qui s’adapte le mieux à une déconcentration, bref à une économie en réseau. Les banques monopolistes se sont arrogé l’exclusivité macro économique de cette circulation monétaire mais surtout de cette création monétaire. Aujourd’hui, la création monétaire liée à la mise en place d’une «  économie du crédit et de la dette  » précipite le turbo capitalisme vers une instabilité fatale.
C’est donc le moment de penser autrement et de faire en sorte que la création et la circulation monétaires soient fluides, ouvertes, libres et contrôlées par la République pour son caractère honnête, sa «  vertu  », et que cette République donne sa garantie en dernière instance.
Nous ne pouvons pas aller ici beaucoup plus loin que cette intuition, une intuition de la nécessité de changer les règles, entre autres, de la circulation monétaire. Car nous ne disposons pas tout simplement des capacités intellectuelles pour élaborer un projet de système monétaire en réseau. Il faut donc que des femmes et des hommes, des intellectuels liés à l’expression et à l’action sociale se penchent sur le sujet, sans tabou et en refusant de limiter leurs pensées aux règles actuelles de la science économique dominante, qui justement s’effondre sous nos yeux
Il ne s’agit pas d’Utopie, il s’agit au contraire d’une initiative intellectuelle rationnelle et en prise avec le réel, mais débarrassée des carcans que nous impose l’idéologie du turbo capitalisme aux abois.

Et dans ces moments de crise financière, il faut se souvenir des paroles du quatrième couplet de l’Internationale :

Dans les coffres-forts de la Banque
Ce qu’il a gagné, s’est perdu
En exigeant qu’on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû !

Philippe Hervé

3 - Les périodes de crise influent sur les comportements politiques et idéologiques

Aujourd'hui, la pire trouvaille sorti du chapeau des souverainistes et de la droite incluant les transfuges, c'est la nécessaire union nationale pour sauver les spéculateurs et les dirigeants du monde, c'est la nécessaire union droite-gauche contre l'Islam ou l'islamisme pour fortifier l'Occident Chrétien.

Comme dans les années 30, les périodes de crise favorisent des mutations profondes dans les comportements. La crise actuelle financière et bancaire (perte de la moitié de la valorisation boursière mondiale pour l'instant) préfigure la crise économique à venir, puis la crise sociale et probablement la crise politique. Mais pendant ce temps-là, les comportements politiques et idéologiques mutent.

Dans les années 30, on a vu dans le peuple, la radicalisation vers l'extrême droite pour une partie du peuple et la radicalisation vers la gauche d'une partie importante du peuple qui a conduit au Front populaire de 1936. A noter que le programme du Front populaire était vide (à part la dissolution des ligues factieuses) et que c'est le peuple qui a estimé que le compte n'y était pas et qui a provoqué la grève générale qui a surpris la CGT, le PC et les socialistes, bien que ces trois organisations ont rapidement suivi le mouvement, puis animer le mouvement pour la CGT et participé à la négociation pour les deux autres organisations.

Toujours dans les années 30, on a vu aussi dans les élites et les militants, un mouvement vers la droite et l'extrême droite de responsables de gauche (Déat, Doriot, puis les pleins pouvoirs à Pétain de la majorité du Front populaire) et aussi une radicalisation vers la gauche républicaine d'une autre partie des élites et militants. On a également vu une partie de la droite choisir l'accord stratégique avec la gauche républicaine (De Gaulle et Jean Moulin par exemple pour passer ensuite un accord avec le PCF). Pendant cette période, nous avions également une sorte d'idéologie du Choc de civilisations entre le nazisme montant comme rempart au communisme soviétique.

Toute chose étant inégale par ailleurs, nous avons aujourd'hui l'équivalent. Certains voudraient relancer le Choc des civilisations entre les dirigeants du turbocapitalisme et des impérialismes occidentaux, animateur de l'Occident chrétien et un Orient islamique. Le transfert vers la droite d'une partie des élites et militants de gauche et d'extrême gauche est largement entamé. Deux socialistes français sont à la tête du FMI et de l'OMC, le gouvernement Sarkozy-Fillon a enrolé plusieurs anciens socialistes, plusieurs élus du PS souhaitent manifestement faire partie du prochain voyage, Philippe Herzog ex-économiste communiste est aujourd'hui l'un des économistes les plus libéraux (voir la revue Confrontations), la secrétaire nationale du PCF est plus proche de la doctrine sociale de l'Eglise que du marxisme, d'anciens membres de la LCR, du PCF et du chevènementisme se retrouvent aujourd'hui proche de Nicolas Dupont Aignan (voir les organisations Vive la république animé par François Morvan ou Riposte laïque animé par Pierre Cassen), le noniste souverainiste de droite qui veut supprimer le droit de grève dans les services publics (et qui a organisé une manifestation à ce sujet), sans compter les écologistes passés au Modem, la majorité des parlementaires radicaux de gauche qui ont permis le vote constitutionnel de Sarkozy, la direction de la Fédération nationale de la mutualité française (FNMF) comme partenaire principal du processus de marchandisation et de privatisation de la santé et de la Sécurité sociale, le responsable du CISS (Collectif interassociatif regroupant des associations de patients, de consommateurs et familiales) acceptant ce même processus, etc.

Bien évidemment, ce déport a lieu vers la droite et vers le souverainisme comme dans les années 30. Il s'écarte de la gauche et du républicanisme. Bien évidemment ce déport se fait en essayant de brouiller les pistes. Les uns disent que pour la plupart des sujets, il faut bannir le clivage gauche-droite et faire l'union nationale contre la crise ou contre l'islam ou l'islamisme. De même, ils entretiennent la confusion entre souverainisme et républicanisme. Comme si la souveraineté nationale et l'identité française face à l'islam cher au souverainisme surplombait toute autre considération. Et bien non! Pour la gauche laïque et républicaine, il s'agit de défendre aujourd'hui l'ensemble des principes républicains (liberté, égalité, fraternité, laïcité, solidarité, démocratie, souveraineté populaire, sûreté et développement durable), de proposer la sanctuarisation de l'école et des services publics (qui doivent se dégager de la logique du marché selon le principe de la laïcité économique), de lutter contre tous les communautarismes et tous les intégrismes et pas seulement ceux qui ont cours dans l'Islam et de refuser le Choc des civilisations qui visent à masquer les véritables problèmes économiques, politiques et sociaux.

C'est par le développement de la gauche laïque et républicaine au sein de la gauche que nous pouvons sortir par le haut de cette crise. C'est une forme d'union dans l'union qui n'empêche pas de combattre au sein de la gauche les déviances néo-libérales et communautaristes de cette gauche.
Voilà l'appel que nous lançons pour que la gauche laïque et républicaine soit plus forte à gauche pour que la gauche soit plus forte contre la droite et le souverainisme.

Jérôme Manouchian

4 - “Un programme immédiat d'au moins 50 milliards“

Lafontaine demande de relancer la conjoncture et reproche une mentalité de joueurs aux banquiers – il plaide pour un impôt sur les millionnaire

L'ex-chef du SPD Oskar Lafontaine doute que le SPD pourra mettre les bouts après son changement de dirigeance. Le président du Parti de Gauche dans sa conversation avec Thomas Maron critique en plus la gestion de la crise du gouvernement. Le marché financier devrait être mis à la chaîne.

Est-ce que Frank-Walter Steinmeier serait convenable comme candidat à la chancellerie?

De son aptitude il faut que jugent les délégués du congrès du SPD. Je n'en fais plus partie. Steinmeier devrait apprendre aussi bien que la chancelière présente que la politique étrangère allemande devra respecter le droit international et que nous n'avons rien perdu en Afghanistan.

Le SPD se trouve programmatiquement en reprise. A juste titre?

Cela reste à attendre. Bien sûr nous vivons en ce moment le temps des traîtres à la cause, et les propositions de la gauche sont adaptées dans une vitesse suffocante par tous les partis, aussi par le SPD, pourtant: les mots ne valent pas grand chose, il faut agir. Peer Steinbrück continue d'être contre le forfait pour navettiers, la semaine dernière le SPD a voté pour l'augmentation du contingent de l'armée fédérale en Afghanistan. Aussi longtemps que le SPD fait une telle politique, il reste incrédible.

Si le SPD peut sonner sans contrainte des thèmes de gauche en ce moment, car même la chancelière chante la Haute Chanson de la nationalisation, il ne vous reste guère d'espace après tout.

Il n'y a pas ce danger. Déjà dans la question de la nationalisation des banques le gouvernement de l'Union et du SPD vacille. Le ministre des finances et la chancelière parlent d'actions sans droits de vote et de certificats de jouissance. Cela veut dire, en différence des États-Unis et de la Grande Bretagne, que le CDU/CSU et le SPD n'osent même pas d'acquérir aux banques, pour l'argent des contribuables, des actions à pleins droits de vote.

Comment est-ce que la régulation des marchés financiers devrait être façonnée à l'échelle internationale?

Nous avons besoin d'une stabilisation des cours d'échange. Pour les dernières années il y avait souvent des crise des monnaies qui en Amérique du Sud et en Asie ont plongé des économies toutes entières dans la récession. Il faut reintroduire les contrôles de traffic des capitaux, parce que la dépense légère de cet argent flottant librement par le monde a causé cette crise. En plus il faut descendre les paradis fiscaux, parce qu'une régulation internationale ne pourra pas fonctionner si les fonds à risques ou les sociétés à équité privée prennent résidence dans des paradis fiscaux où il n'y a pas de lois.

Merkel a annoncé une régulation plus sévère. Est-ce que le gouvernement fédéral est sur le bon chemin?

Le gouvernement fédéral a fait des fautes graves. D'abord l'on avait dit que la crise financière est une affaire des États-Unis, que chacun/e balaie devant sa propre porte. Alors vint la crise de la Hypo Real Estate, et le ministre des finances parla de démantèlement. Cela est si dévastant pour une banque qui en fait a besoin d'argent en vitesse qu'en fait il aurait dû résigner.

Tout ce qui pourra mettre à la chaîne les marchés financiers, le gouvernement fédéral l'a rejeté. Au lieu de cela elle repète des présentations qui sont défendues par les banques mêmes depuis des années, par exemple une meilleure transparence ou un meilleure contrôle des agences d'évaluation. Tout cela pourtant est beaucoup trop anodin. Pour en rester aux agences d'évaluation qui évaluent les papiers des banques: ils appartiennent sous contrôle public. La Gauche est le seul parti à demander cela en tout clarté.

La gauche du SPD revendique ça aussi...

Oui, mais elle ne fait rien.

D'abord vous avez dit que le paquet de sauvetage est techniquement nécessaire. Alors vous l'avez refusé après tout. Pourquoi?

Deux choses sont inévitables. Premièrement: rétablir le flux monétaire entre les banques. Cela se fait par des garanties. Deuxièmement: garder les banques de la banque-route. Cela se fait par la préparation de capital. Ces deux mesures sont inévitables. Mais si le gouvernement fédéral se refuse à demander des actions pour l'État en échange de nos impôts, le paquet ne sera pas admissible. En plus l'on aurait dû lancer un paquet conjoncturel depuis longtemps.

Quelles sont vos propositions pour cela?

Nous avons besoin d'un renforcement de la demande. Des réductions d'impôts pourtant ne sont pas le bon chemin. Au lieu de cela les taux de Hartz IV, des pensions et des salaires, comme les réductions d'impôts n'arrivent pas chez une grande partie des récipients de Hartz IV, des pensionnaires et chez 30 pourcents des récipients de salaires. En plus il faut que l'État monte un programme d'investissements. Il faut surtout des investissements dans la protection de l'environnement, cela commence par l'assainissement des bâtiments jusqu'aux avis de crédits pour acheter des appareils économes en énergie.

A part ça il y a beaucoup d'écoles où les parents peintent les murs et des universités où la chaux ruisselle des murs. L'Allemagne investit dans l'infrastructure publique, mesurée par le produit social brut, uniquement la moitié de nos voisins européens. Cela n'est pas une situation qui tient debout. Il faut tout de suite allouer 50 milliards d'Euros pour mettre en route de telle mesure. En plus nous proposons de reintroduire une dépréciation dégressive pour entreprises qui commencerait par 50 pourcents dans la première année pour stimuler l'activité d'investissement de l'économie. Pour que les joueurs rendent une contribution à la gestion de la crise, nous avons besoin de l'impôt sur les millionnaires.

Est-ce qu'il y a ici des nouvelles intersections avec le SPD qui demande la même chose en partie?

Si les faits suivent aux mots: Oui.

Qu'est-ce qu'un exécutif banacaire devrait pouvoir gagner à votre avis alors?

Nous avons proposé pour tous les managers le 20e d'un salaire moyen comme limite supérieure, cela seraient 600000 Euro. Cela était refusé par toutes les autres fractions et nous étions insultés comme populistes. Maintenant tout le monde est d'accord pour des limites sur les revenus: Steinbrück pour 500000 Euro, d'autres pour 370000 – le salaire du président de la Banque Fédérale. Alors je ne puis dire que: bienvenus au club des populistes.

Est-ce que vous arrêteriez M. Ackermann comme l'a dit votre candidat à l'élection à la présidence fédérale, Peter Sodann?

Il est rejouissant si un ancien commissaire des “Lieux du crime“ est si indigné des sommes gaspillées qu'il considère ça comme rélévant sous le code pénal. Je ne penserais là non seulement à M. Ackermann, mais à beaucoup d'autres qui ont participé aussi à ce jeu et maintenant passent en retraite avec des hauts paiements. Malheureusement nous avons des règles trop modestes pour la responsabilité des managers. Et celles que nous avons ne sont même pas appliquées. Si nous avions des lois raisonnables dans ce respect, quelques-uns devraient maintenant passer sous les verrous.

Stuttgarter Zeitung,
en allemand sur: www.linksfraktion.de

Oskar Lafontaine

3 - laïcité

1 - Catherine Kintzler face à Tariq Ramadan: les rumeurs

Compte rendu de l'émission "Ce soir ou jamais" FR3 du 23 octobre

L'émission "Ce soir ou jamais" (France 3, animée par Frédéric Taddeï) du 23 octobre dernier, sur le thème "A-t-on besoin des religions ?" a suscité de nombreuses réactions et, inévitablement, une campagne de rumeurs au sein du mouvement laïque lui-même. La meilleure manière de se faire soi-même son opinion, c'est évidemment de regarder l'intégralité du débat, disponible en ligne .

Mais puisque des comptes rendus fantaisistes et tendancieux circulent, je propose ici le mien. J'y reprends l'essentiel de mes interventions, lesquelles sont référencées par le minutage de la vidéo accessible sur le site de France.
Voir la fenêtre vidéo ci-dessous - le débat lui-même commence à la 18e minute de la vidéo, qui comprend aussi l'interview précédente avec Claude Lelouch.

Un dispositif d’extériorité

Rappelons d’abord les invités, la thématique et le dispositif matériel de l’émission.
Trois représentants religieux : Jean-Michel Di Falco, Marc-Alain Ouaknin, Tariq Ramadan ; un représentant de la Libre-pensée : Marc Blondel. Ma participation à l’émission s’est faite sur la base, clairement discutée au préalable avec les responsables de l’émission, d’une explicitation de la laïcité précisément en ce qu’elle n’est pas réductible à un courant de pensée comparable à ceux qui étaient représentés ce soir-là ou à d’autres. Ce que j’ai souligné dès ma première prise de parole (26e minute et suivantes) : la laïcité n’a pas à être confondue avec une doctrine particulière notamment avec l’incroyance. Il était indispensable également de préciser dès cette première intervention que dans un dispositif laïque, la fondation de l’association politique est totalement disjointe de toute référence à un lien religieux, c’est ce que j’appelle un "minimalisme politique" que certains, faisant volontairement un contresens, transforment en une "position minimale" c’est à dire peu offensive. C’est tout le contraire - j’y suis revenue en fin d’émission (1h12 min.).
Il était d’autre part inévitable, puisque j’expliquais la laïcité comme dispositif, que mes propos soient perçus comme "extérieurs" et c’est un point auquel je tenais particulièrement. Il a fallu, conséquemment, que j’impose ma parole comme par effraction dans un ensemble parfois ronronnant tournant autour de la "quête du sens" et de ses différentes voies.
Voilà pour le dispositif rhétorique de l’émission : une position clairement revendiquée comme ex-orbitante, qui m’a valu tout aussi conséquemment une place "en marge", à une des extrémités du petit salon où prennent place les invités, et non au milieu de ces messieurs comme l’aurait voulu une galanterie ici déplacée (j’étais en effet la seule femme). Il faut au contraire remercier Frédéric Taddeï et ses collaborateurs pour cette disposition topologique qui déjà était une analyse transposée à l’image.
La rumeur d’une parole "non offensive" est donc partiellement fondée ! Je n’y vois qu’une manière volontairement déformée à des fins agressives de dire qu’il s’agissait d’une parole exorbitante. Elle se voulait telle : c’est exprès !

Mais où est la question qui fâche dans une discussion de salon sur "la recherche du sens" ?

La merveilleuse discussion métaphysique initiale où tout baignait dans l’huile n’était possible, il fallait le rappeler, que dans un cadre laïque : un cadre dans lequel les religions (mais aussi l’athéisme) renoncent à faire la loi, à régler les vies et les mœurs en imposant un régime de pensée, pour se consacrer à ce qui était présenté comme de la haute métaphysique et de la haute morale (26e minute et suivantes). La laïcité ampute les religions de leurs prétentions civiles. J’ai eu l’occasion, plus tard dans le débat, de rappeler que ces questions philosophiques ne sont certainement pas l’exclusivité des religions, et que notamment l’enseignement républicain et l’enseignement critique de la philosophie y sont pour une grande part (1h29min.).

Un ronron bienpensant ne pouvait pas satisfaire un laïque. J’ai tenu à soulever la question qui fâche : rappeler que les religions ne sont pas seulement des lieux de réflexion morale et métaphysique comme on nous le répétait à l’envi, mais aussi des doctrines prescriptrices de règles, autrement dit des systèmes juridiques et politiques (55e minute et suiv.). C’est précisément là que la laïcité s’oppose aux religions : dans la mesure où elles prétendent dicter des lois - et ce serait la même chose pour une religion civile ou un athéisme officiel, il fallait aussi le dire. J’ai cité alors trois exemples. Les lois sur le blasphème ; la question de la maîtrise de la sexualité et de la maternité par les femmes ; celle d’un héritage inégal entre filles et garçons. J’invite les lecteurs à apprécier le regard malicieux de la caméra juste à ce moment (57minutes 37 secondes) : loin de se promener, T. Ramadan se frotte le nez... Bingo ! J’y suis revenue une seconde fois (1h01min.)

Peut-on laisser dire que la raison et la laïcité sont dogmatiques ?

Autre rumeur : T. Ramadan a taxé la laïcité de et la rationalité de "dogmatisme"... et ces propos n’auraient pas rencontré d’opposition, ce serait passé comme une lettre à la poste. M’accuser d’inertie devant de tels propos est infondé.
Cette sortie au sujet d’une laïcité "dogmatique" transformée en idéologie (36e minute et suiv.) m’a en effet immédiatement donné l’occasion de caractériser deux déformations de la thèse laïque (38e minute et suiv.) . Celle que décrivait et que dénonçait Marc Blondel, laquelle consiste à vouloir diluer le principe de laïcité dans une "tolérance" générale applicable jusque dans le domaine de la puissance publique - dérive sarkozyenne. Celle à laquelle T. Ramadan voulait réduire la laïcité : une position anti-religieuse rigide consistant à "bouffer du curé" et à vouloir nettoyer la société civile de toute manifestation religieuse... position que les intégristes religieux aiment beaucoup car elle leur offre la cible facile du "laïcard" dont ils rêvent et à laquelle ils voudraient identifier le mouvement laïque.
Quant à la rationalité "dogmatique" (50e minute), il n’était pas question non plus de laisser passer un contresens volontaire transformé en grenade offensive : rien n’était plus facile pour un ancien professeur de philosophie d’expliquer que la raison n’est pas une chose, mais un exercice critique qui suppose le doute (54e minute et suiv.) et que par définition elle ne peut pas être un dogmatisme.

Tordre le cou aux rumeurs, et finir par écouter un peu de jazz...

Mais pour tordre le cou à des rumeurs, rien ne vaut la confrontation avec l’objet même du débat. Vous pouvez regarder l’intégralité de la vidéo sur le site de FR3 en cliquant sur l’image dans la fenêtre suivante (il faut aller directement à la 18e minute pour trouver le début). Ne vous privez pas, à la fin (1h18 min.) du morceau de jazz "live" par Aldo Romano, Géraldine Laurent et Henri Texier, c’est un régal.

Voir cet article sur son site d'origine

Catherine Kintzler www.mezetulle.net
Auteur de "Qu’est-ce que la laïcité ?", publié chez Vrin, 2007.

2 - Les anciens du MDS créent le MDSL : Un nouveau mouvement pour la laïcité

Vous pouvez également lire l'avant projet du MDSL en cliquant ici.
La Rédaction

Pour mettre fin à la crise qui secoue depuis plus de trois ans le Mouvement démocratique et social (MDS), des membres du conseil national et du bureau politique ont décidé de quitter ce mouvement pour en créer un autre qui porte presque le même sigle : il s’agit du Mouvement démocratique social et laïque (MDSL).

Lors d’une conférence de presse tenue le 1er novembre à Alger, les membres fondateurs de ce nouveau-né ont livré l’avant-projet de la plateforme du MDSL tout en brossant au passage un tableau peu reluisant de la situation globale qui prévaut actuellement en Algérie. « La crise du pays est multidimensionnelle », déplore d’emblée M. Moulay, porte-parole du mouvement. Elle touche, dira-t-il, tous les secteurs de la vie politique, sociale, économique et culturelle. « Tous les chaînons de cette crise sont imbriqués entre eux de façon indissociable et prétendre la résoudre sans refonder l’Algérie sur des bases radicalement nouvelles est une illusion », avertit l’orateur, persuadé que cette refondation, qui définira clairement la place et le rôle des institutions et veillera au respect de leur fonctionnement, doit passer inéluctablement par l’abrogation de l’article 2 de la Constitution, l’abrogation pure et simple du code de la famille, la proclamation de l’Etat laïque, la disqualification des partis islamistes et de toutes les organisations satellites du pouvoir (UGTA, ONM...). Pour le MDSL, la transition pour une alternative démocratique est un acte révolutionnaire qui aura un retentissement sans précédent sur le développement du pays et constituera l’acte de naissance de la nouvelle république. Les initiateurs de ce projet qu’est le MDSL affichent haut et fort leur laïcité et leur rupture avec « le système rentier ». « Il n’est plus question d’être un laïc honteux, ainsi nous revendiquons la séparation de la religion du système et nous allons nous battre pour une nouvelle république laïque et démocratique.

Nous allons travailler de sorte à expliquer aux citoyens le sens de la laïcité qui n’est nullement un blasphème
 », a plaidé le conférencier qui est convaincu que la république laïque mettra à l’abri les religions de toute manipulation à des fins politiques ou idéologiques et prendra résolument le chemin de la modernité en consacrant l’égalité des droits des femmes et des hommes et en déclarant caduque toute disposition contraire à cette valeur essentielle, tout particulièrement le code de la famille. La nouvelle république, estime M. Moulay, résoudra démocratiquement la crise identitaire nationale et plurielle, notamment en faisant de tamazight une langue officielle. « Il faut que l’ensemble des forces démocratiques décide de ne plus cautionner le système en refusant de participer aux élections truquées. Ce sont les démocrates qui sont en train de permettre au système de se pérenniser », regrettent les ex-camarades du défunt El Hachemi Cherif qui pensent que les démocrates ne sont pas encore convaincus qu’ils sont capables d’aller vers une transition. « Il est inconcevable de voir le parti d’Aït Ahmed critiquer le pouvoir et participer en même temps aux différents scrutins. Il faut construire un rassemblement démocratique fort qui constituera un pôle d’opposition lui permettant de négocier avec le pouvoir », a affirmé M. Moulay. Evoquant la révision de la Constitution, le porte-parole du MDSL se dit non concerné par cette annonce. « La révision de la Constitution doit se faire autour d’une table et avec la participation de tout le monde. La révision de la Loi fondamentale par un seul individu vise tout simplement le maintien du système en place », a expliqué l’orateur. Pour ce qui est de l’agrément et de l’activité du MDSL, M. Moulay a soutenu qu’un comité national est chargé de préparer les assises et plus tard le congrès. « La loi nous permet de créer un parti et avant de demander l’agrément, nous allons prendre notre temps pour préparer le congrès, d’autant plus que nous ne fixons pas comme objectif l’élection présidentielle, bien au contraire, nous voulons arrêter ce processus à l’heure actuelle », déclarent les membres fondateurs de ce nouveau parti.

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Nabila Amir

4 - politique française

1 - Massacres du 17 Octobre 1961 à Paris : pour la reconnaissance de ce crime d'Etat

L’association laïque, Africa, de la cité des 4 000 de La Courneuve a, comme chaque année depuis sa création en 1987, commémoré le 47e anniversaire des massacres d’Algériennes et d’Algériens à Paris.

Elle a projeté et suivi de débats, le documentaire franco-britannique, Une journée disparue : 17 octobre 1961, d’A. Hayling. Elle s’est également associée à la cérémonie organisée à cette occasion, rue du 17-Octobre 1961, à La Courneuve. Cette cérémonie a été présidée par Gilles Poux, maire communiste de cette municipalité et s’est déroulée en présence également des sections locales des partis communiste et socialiste, du Comité du 17-Octobre 1961, de deux représentants du consulat d’Algérie et d’Algériennes et d’Algériens, acteurs ou parents d’acteurs, de ces douloureux événements. Chacun des participants a déposé une gerbe de fleurs, en mémoire des martyrs de ce massacre, avant de se rendre à la collation offerte par la municipalité, dans le centre culturel, Jean Houdon, situé à proximité.

Pour rappel, le 17 octobre 1961 des milliers d’Algériennes et d’Algériens, venant des immenses bidonvilles de Nanterre et de plusieurs villes de banlieue, avaient, à l’appel du Front de libération national algérien, manifesté pacifiquement dans plusieurs quartiers parisiens, Champs-Elysées, République, Opéra, Saint-Michel, la Concorde, etc. Ils avaient réclamé la levée du couvre-feu, qui leur avait été imposée, depuis le 1er octobre 1961, de 20h30 à 5h30.

La levée de ce couvre-feu était vitale pour les chefs de la résistance algérienne, tant ses effets attendus étaient dévastateurs, pour la guerre d’indépendance de l’Algérie. Et pour cause, l’immigration représentait le poumon économique de cette guerre. Or ce couvre-feu aurait gêné considérablement la collecte des fonds le soir dans les cafés, les bars et les foyers pour travailleurs, fréquentés par les Algériens.

De leurs côtés, les divers centres de décision français étaient décidés, bien que pour des raisons diamétralement opposées, à baigner cette manifestation dans le sang. Pour les uns (de Gaulle et son clan), il fallait négocier en position de force, dans l’espoir de préserver quelques privilèges néocoloniaux, de l’inéluctable indépendance de l’Algérie ; et pour les autres (les ultras colonialistes de l’Algérie française tels que Michel Debré, Premier ministre, Roger Frey, ministre de l’Intérieur, Maurice Papon, de sinistre mémoire, préfet de Paris…) pour saborder les négociations en cours avec le Gouvernement provisoire de la république algérienne, en vue de maintenir le peuple algérien, sous les bottes de leurs maîtres, les capitalistes coloniaux.

Il n’est pas inutile non plus de préciser que Papon avait été nommé à ce poste, au lendemain de la manifestation, le 13 mars 1958, vers l’Assemblée nationale, de 2 000 policiers au cri : « Sales Juifs ! A la Seine ! Morts aux fellagas ! »

La répression, qui avait durée du 17 au 20 octobre, avait vu policiers et gendarmes, déjà gangrenés par le racisme, l’antisémitisme et les idées d’extrême droite, battre avec sauvagerie les manifestants algériens, auxquels ils ligotaient parfois les mains et les noyer dans la Seine. Des milliers d’autres avaient été pourchassés ou pris dans des rafles sur les quais de métro, ainsi que dans les rues de Paris et de banlieue ; les blessés étaient laissés, sans soins, et beaucoup parmi les prisonniers avaient été torturés. Le bilan parmi les manifestants s’était élevé à au moins 200 morts, 400 disparus, des milliers de blessés et près de 12 000 Algériens officiellement arrêtés.

Cependant, nombreuses furent les voix de ce pays qui avaient condamné cette violence inouïe des forces de répression parmi les intellectuels républicains de gauche, anticolonialistes ou libéraux ; les journaux progressistes ou libéraux ; les partis politiques et les associations de gauche ; et les organisations religieuses ou communautaires protestantes ou juives.

Comme les années précédentes, les républicains anticolonialistes s’activent à laver cette autre souillure que les colonialistes firent à la France. Celle-ci doit, selon eux, s’en débarrasser en reconnaissant le crime d’État, qu’a été le massacre de la manifestation du 17 octobre 1961, comme elle a su le faire avec courage et dignité pour d’autres causes, dans un passé récent. Cette reconnaissance aidera les victimes, ainsi que leurs enfants et petits-enfants, français dans leur quasi-totalité, à faire enfin leur deuil et à tourner une page de l’histoire de France pour un avenir serein commun.

Ces républicains sont bien conscients qu’il leur faut, dans leur quête de justice, combattre, outre les nostalgiques de l’« Algérie de papa », les tenants de trois écueils, déjà unis par leur commune confusion de la république avec ce qu’en ont fait ses fossoyeurs à tel ou tel moment de son histoire. Ces trois écueils, qui se nourrissent mutuellement, sont le négationnisme, la relativisation des crimes contre les peuples et la hiérarchie entre les victimes de ces crimes. Ils sévissent malheureusement chez une frange de la gauche laïque, qui a perdu une partie de ses repères : les uns, quelquefois francophobes, servent de marche-pied à la droite et l’extrême droite islamiste, et les autres, musulmanophobes et négrophobes, servent de marche-pied à la droite et l’extrême droite chrétienne.

Il n’est pas inintéressant de rappeler le contexte de ce second couvre-feu ; le premier, décrété pour le 1er septembre 1958, avait été rendu inapplicable. Fin août 1958, les chefs de la Fédération de France du FLN décident d’étendre la lutte armée à la métropole. Pourtant, malgré la répression, dont les résistants algériens faisaient l’objet depuis le premier jour de l’insurrection, le 1er novembre 1954, ils s’étaient limités vaille que vaille à l’affrontement fratricide et sanglant avec le Mouvement nationaliste algérien, de Messali Hadj.

Leurs objectifs visaient à faire découvrir aux Français de Métropole la réalité de la guerre et à desserrer l’étau sur les unités de l’Armée de libération nationale, sérieusement mises à mal dans les maquis en Algérie. C’est ainsi qu’ils avaient incendié ou détruit un grand nombre d’installations économiques, attaqués de nombreux commissariats et abattu ou blessé des dizaines de collabo et de policiers, généralement ceux qui s’étaient distingués par leur cruauté envers les Algériens.

La décision d’« exporter » la lutte armée en métropole ne fut pas moins une grave erreur politique et militaire. En effet, ces attentats ne pouvaient que desservir, sur tous les plans, la cause algérienne. La conséquence la plus grave et immédiate avait été de donner toutes les justifications pour élever de plusieurs crans la répression, dont le couvre-feu, contre la communauté algérienne et les réseaux de sa résistance dans l’Hexagone.

Hakim Arabdiou

5 - combat féministe

1 - Sampat Pal Devi, la combattante indienne en sari rose

Sampat Pal a quitté l’Inde pour la première fois pour le lancement du livre qui raconte son histoire. Vendredi à Deauville, elle était l’invitée d’honneur du 4e Forum international des femmes. :
Cette femme de 46 ans anime un « gang » de 3 000 femmes qui se battent, de sit-in en opérations coup de poing, contre les injustices liées à l’inégalité des sexes et des castes.
Sampat Pal Devi. Native de l’Uttar Pradesh, région rurale et pauvre du nord-est de l’Inde, elle a créé en 2006 le Gulabi gang, le « gang des saris roses ».

ouest-fr


crédit : Jean-Yves Desfoux

Comment a commencé votre combat contre les injustices ?

Quand ma belle-sœur est venue vivre avec nous, elle avait 12 ans. Comme moi à l’âge où je me suis mariée. Je l’entendais se faire battre à travers la cloison. Violemment, régulièrement. Je ne pouvais rien dire car la femme, en Inde, doit faire ce que son mari dit. Et le mien me disait que ce n’était pas nos affaires. J’ai quand même décidé d’agir et suis allée voir mon beau-frère pour qu’il cesse. J’étais révoltée et c’est ainsi que j’ai commencé à aider d’autres femmes.

Votre constat de la condition féminine en Inde est alarmant...

Des femmes souffrent. Humiliées, battues, mises plus bas que terre. Elles passent leur vie à enfanter. Si elles ne font plus l’affaire, elles sont mises à la porte par leur mari. Dans ma région, les femmes ne mangent pas à leur faim. N’ont parfois pas de couvertures pour dormir. Doivent aller faire leurs besoins dans les champs alors que des bandits rôdent et menacent de les violer.

Comment est né le Gulabi gang[1], le gang rose en hindi ?

J’ai commencé à créer des groupes d’entraide dans les années 80 : j’ai compris que si une seule personne demande justice, elle a moins de chance de se faire entendre que si elle est accompagnée de cinquante manifestants. Dans mon gang, je leur permets d’être autonomes en leur apprenant la couture (elle montre les broderies du sari qu’elle porte) mais aussi à épargner.

Cela dynamise l’économie locale. Nous avions besoin d’une identité pour obtenir une vraie résonance. D’où le sari rose et le bâton à la main. Le sari rose est féminin. Le bâton, c’est pour terroriser les hommes qui ne nous écoutent pas. Et je n’ai pas peur de m’en servir !

Où puisez-vous ce courage ?

J’ai obtenu le soutien de mon mari, de mes enfants, qui me laissent désormais mener mes actions. J’ai assisté à mes premiers meetings en cachette. J’ai parfois des craintes, des peurs, mais je ne peux pas rester les bras croisés. Même si des menaces pèsent sur ma tête. En Inde, les avocats sont corrompus, ils exploitent leurs clients ! Si les policiers et les ministres ne font pas leur travail, je les rappelle à l’ordre. Quand on me dit que je vais trop loin, je leur dis qu’ils n’ont qu’à bien faire ce pour quoi on les paie !

Vous n’avez pas été à l’école. Cela constitue-t-il un frein à votre action ?

J’ai la capacité de persuader, de convaincre et unir les gens pour une cause. A-t-on besoin d’avoir fait des études pour protéger quelqu’un qui souffre ? Je sens que mon niveau de confiance s’améliore chaque jour. Que je deviens plus forte au fur et à mesure que les rangs de mon gang s’épaississent.

Les mariages d’enfants sont-ils toujours d’actualité ?

Oui. Et l’état de santé de ces enfants qui enfantent est désastreux. Nous sensibilisons les jeunes filles au sexe, sujet tabou dans notre région afin qu’elle ne le découvre pas, comme moi, au moment de la nuit de noces. Nous distribuons aussi des pilules contraceptives, parfois en cachette des maris. Pour qu’elles aient le choix.

Le 12 octobre, j’ai interrompu un mariage d’enfants avec mes femmes. Le ministre du Développement rural m’a téléphoné pour me dire que je mettais mon nez dans une affaire privée. Que cela ne me regardait pas. Je lui ai répondu que le jour où sa fille serait mariée de force, ce serait lui qui viendrait à ma porte pour réclamer mon aide !

On vous compare souvent à Phulan Devi, passée du statut de « chef de bande » à celui de députée. Envisagez-vous une carrière en politique ?

Je n’ai pas encore décidé. Mais si je dois me présenter, je le ferai : pour la justice et les femmes. Je ne suis pas intéressée par la politique traditionnelle.

Phulan Devi a été assassinée (ndlr : en 2001), je ne veux pas d’un tel dénouement, j’ai encore trop à faire. Pour l’instant, je pense qu’il est plus respectable d’intégrer mon gang que de faire de la politique. Les politiciens commencent à avoir la frousse ! (rires) Je gère mon groupe de manière non conventionnelle mais je ne succomberai jamais à la pression.

Propos recueillis par Johann FLEURI.

Notes

[1] Moi, Sampat Pal, chef de gang en sari rose, écrit en collaboration avec Anne Berthod, chez Oh éditions|_|! sort demain lundi 20 octobre. 18, 90 €.

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Johann FLEURI

6 - débats politiques

1 - Après l’Obamania, quelle est la réalité matérielle ?

De tout évidence, le scrutin majoritaire par Etat des élections états-uniennes amplifie énormément le rapport des forces réel.

Obama a obtenu plus du double de grands électeurs que son rival Mac Cain, mais cela ne correspond qu’à 52 % de ses voix. Alors que les hommes ont voté égalitairement pour les deux rivaux (49 % pour Obama et 48 % pour Mac Cain), la gent féminine a provoqué un véritable raz-de-marée pour Obama (56 % contre 43 %). Une plus grande sensibilité aux questions sociales des femmes dans la période aux Etats-Unis expliquerait un tel élan.
De même, les jeunes l’ont tout autant plébiscité (66 % contre 32 % chez les 18-29 ans et 52 % contre 46 % chez les 30-44 ans, alors qu’il faut attendre 60 ans pour avoir un vote minoritaire pour Obama).
Ajoutons que le vote Obama est à la fois un vote populaire (chez les citoyens de niveau collège, ils sont 63 % pour Obama) et un vote urbain (71 % dans les grandes villes, 59 % dans les villes moyennes !). Et bien que les protestants (45 %) et que les pratiquants au moins hebdomadaires (43 %) lui ont été minoritaires, c’est une majorité de juifs (77 %) et de catholiques (53 %) qui ont fait pencher la balance.
Ce vote montre un appel à la résolution de la question sociale qui implique à changer le partage des richesses en faveur des revenus du travail et des prélèvements sociaux. Assumera-t-il la lutte de classes ?
Dès lors, les choses difficiles commencent pour Obama.
5 difficultés sont prévisibles :

  1. La mobilisation financière pour le plan Paulson diminue ses marges de manœuvre.
  2. Nous n’en sommes qu’au début de la crise. Demain est un autre jour ! Les causes de l’effondrement bancaire et financier sont toujours là.
  3. Sa volonté annoncée de rassembler au centre tous les états-uniens est contradictoire avec ses propositions de financer la diminution des inégalités sociales par la fiscalité.
  4. Sa proposition d’assurer la couverture sociale des 50 millions d’états-uniens qui en sont dépourvus par une assurance privée payée par l’employeur sans modification des systèmes de santé et de remboursement des soins qui resteront privés (en dehors de Medicare et de Medicaid), va encore augmenter les dépenses de santé (16 % du PIB aujourd’hui, record du monde  contre 11 % pour la France!)
  5. Le passage de l’unilatéralisme au multilatéralisme dans les affaires du monde demandera une plus grande implication des autres grandes puissances (Europe, Russie, Japon, Chine, Inde, Brésil notamment), à l’échelle internationale. L’accepteront-ils ? Travailler en G20 plutôt qu’en G7 n’est pas anodin. Les intérêts de la Chine seront-ils encore d’acheter les bons du trésor états-uniens pour financer la dette ? Cela reste à voir. Et les contradictions dues au repartage des territoires entre les impérialismes sont encore devant nous.

Après le show mondial et le soutien affiché à Obama par la majorité des forces de droite, de gauche et d’extrême gauche du monde, nous allons voir arriver le principe de réalité et le jeu des contradictions qui risquent au moins de frictionner toutes les promesses qui n’engagent que ceux qui y croient !
Mais une chose est sûre, le jeu est plus ouvert qu’auparavant. Pourtant, le « Yes, we can » pourrait vite se transformer en « Yes, it’s possible... Perhaps ».

Jérôme Manouchian

2 - Novembre 2008 : Pourquoi la victoire d’Obama ne changera rien

ou
Se réjouir sans s’illusionner

Parce que la pensée unique sur ce sujet, entretenue par les grands médias, me semble bénéficier, comme à chaque fois, d’un panurgisme déconcertant, d’un effet de mode superficiel et d’un oubli irraisonné des nuances de l’histoire.

Plan de l’enquête :

I - Entre les sirènes de l’illusion et le murmure de la lucidité
II - Un nom qui sonne comme une exclamation et qui s’articule comme un sourire
III - Un air de revanche
IV - « Change », un mot SDF : sans destination fixe
V - Ce qu’incarne John McCain aux yeux du monde
VI - La stratégie d’Obama
VII - Marketing politique et rôle digne d’Hollywood
VIII - Barack, la baraka de l’Amérique (ou le candidat qui casse la baraque)
IX - Les fantômes d’un gouvernement d’ouverture au centre et à droite
X - Quand Philippe Val loue « la beauté de la démocratie américaine »
XI - Mister America 2008-2012
XII - Finies les promesses hivernales
XIII - Quand un candidat français et ses communicants empruntaient à Rimbaud son « changer la vie »
XIV - Simple retour à la normale de la politique américaine
XV - La vraie bonne nouvelle de cette élection est ailleurs.

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Yannis Youlountas www.youlountas.net/

3 - Obama et les nains

Une série d’articles sur ce qui peut se passer après les élections américaines ne serait sans doute pas dépourvue d’intérêt, mais nous nous sommes donnés pour but de réfléchir à (sur) ce qui pourrait transformer la donne politique en France ; c’est donc l’impact du caractère « historique » de l’élection d’Obama et les comparaisons qu’il est possible de faire qui attirent notre attention.

On peut d’ailleurs dès l’abord s’interroger sur la dimension « historique » de l’événement survenu dans la nuit du 4 au 5 novembre 2008, après le basculement de l’Ohio en faveur du candidat démocrate à la présidence des Etats-Unis ; un institut de sondage ne pose-t-il pas la question de savoir si l’événement marquant est l’élection d’un noir ou la page tournée de la présidence Bush ? C’est une question en effet, et nous avons ici même choisi le premier terme de l’alternative, en ayant aussi à l’esprit ce qui rendait la société politique française tout à fait incapable d’une telle résolution.

Somewhere over the rainbow, blue birds fly…

Il n’est pas étonnant que la presse ait titré, en France et ailleurs, sur cette première et que nous soyons abreuvés de rappels du discours de Martin Luther King en 1965 ; ce qui ne laisse pas d’étonner, c’est qu’avec l’enthousiasme que manifeste la totalité de nos « partis de gouvernement », ils aient si peu fait quand ils furent au pouvoir ou dans leurs propres instances pour administrer la preuve que le rêve du pasteur américain était la réalité de la République des citoyens !

Certains observateurs ne se sont pas privés d’établir un lien entre l’origine sociale des élus et la nature de l’intégration à la communauté nationale des populations pour lesquelles « nos ancêtres les gaulois » était une formule dépourvue de sens.

On a aussi à l’occasion établi un lien avec la situation faite à la parité féminine ; il n’est sans doute pas possible de trancher sur l’exemplarité des primaires démocrates à l’occasion de cette élection et il est raisonnable d’envisager l’hypothèse que Mme Clinton a perdu son duel, non parce qu’elle était une femme mais parce qu’elle ne répondait pas avec assez de force à l’aspiration dominante à vouloir tourner la page avec au moins la décennie écoulée. Cela serait, semble-t-il, intellectuellement plus satisfaisant que de croire qu’à tout prendre l’électorat préfère un homme dans chaque cas de figure. Cela, même en tenant compte du charisme évident et du talent oratoire de son concurrent et de l’engagement réel de l’ensemble des  minorités ethniques, qui soutinrent longtemps la sénatrice de New-York.

Il est indéniable que pour l’histoire américaine, pour les populations non WASP, cette élection marque un saut qualitatif réel : il y aura bien un avant et un après l’élection du 44ème locataire de la Maison-Blanche et les Etats-Unis y ont gagné un nouveau visage au regard du reste du monde. Il est bon toutefois de nuancer notre enthousiasme et de ne pas croire tout de go à l’émergence d’une société post-raciale : 55 % des blancs ont voté pour Mac Cain…
Quant à nous, nous ne sommes pas américains et nous n’avons ni à défendre les espérances, ni les intérêts de l’Amérique. L’exemple donné est fondé sur une autre histoire que la nôtre. Les rêves de la population américaine ne sont pas les nôtres.

Mais à quoi peuvent rêver les Français ?

Rêvent-ils seulement ? Contraints d’élire un président « Ratenfânger » qui sous le mot de rupture ne mettait que des régressions sauvages pour les salariés et un accroissement des privilèges des possesseurs de patrimoines, ils ont rapidement constaté que l’opposition, élément politique institutionnel pourtant indispensable face à une politique systématiquement réactionnaire, n’était capable ni de formuler un discours dénonciateur d’un peu de hauteur, ni de proposer au peuple une alternative mobilisatrice, ni de relayer les revendications et d’accompagner les manifestations et les actions des salariés spoliés.
Ce sont des élus d’opposition qui ont trouvé dans la politique sécuritaire le souci de répondre à une demande sociale !
Ce n’est pas l’opposition qui s’est le plus manifestée contre les expulsions et le piégeage des familles par les enfants scolarisés.
La dénonciation du bouclier fiscal n’a été justifiée par aucune analyse politique sérieuse et mettait en évidence la nature de classe de la politique mise en œuvre par une droite consciente de l’inanité de la pensée socialiste et de l’absence de crédibilité de « l’autre gauche ».

Quand chacun est sur le même terrain idéologique, quand le parti socialiste achève par une déclaration d’orientation générale, qu’on eut en d’autres temps qualifiée de « monument vide et sonore », l’abandon progressif de tout son bagage doctrinal, il ne reste plus qu’à observer les pitreries lamentables des vaincus d’hier et d’avant-hier, à entendre des leçons dont la conduite passée de ceux qui les donnent ne montre aucun exemple de tentative de réalisation, ou à faire semblant de croire que dans la gestion de «  proximité  » il est possible de montrer une autre façon de faire de la politique !

La crise a fait dire ou écrire à certains de nos camarades « nous vous l’avions dit », « notre contribution est la seule qui… », sans que l’examen de leurs interventions d’élus, la lecture des ouvrages qu’ils signent, leurs campagnes récentes ne montrent la moindre trace réelle de leur prescience ou d’une volonté claire de s’en prendre à la racine du mal ; l’absence remarquable de certains ténors sur le terrain aux côtés des salariés en lutte pour leurs droits, leur emploi, leur pouvoir d’achat n’est même pas compensée par un travail parlementaire assidu, visible et en phase avec les aspirations des électeurs de gauche. Comment pourrait-il en être autrement quand les mots d’ouvriers, d’employés, de patrons, de capitalisme, de classe sociale sont comme échenillés des discours et des textes soumis aux militants ?
La renonciation à la responsabilité politique est telle que saluer le retour de l’Etat à l’occasion des remèdes proposés par le gouvernement pour sauver les banques, a permis à quelques uns de nos ambitieux de province soit de faire croire que le Président avait changé la nature de sa politique, soit que l’autorité de l’Etat, hors de tout contexte de classe allait de soi pour régler les problèmes nés de dérégulations et de privatisations auxquelles la gauche avait naguère prêté la main, au nom des règles imposées par l’Europe ou par la conviction que l’histoire était finie ; comme si l’Europe pouvait décider quoi que ce soit sans l’aval des gouvernements !   Ce qui se passe aujourd’hui à propos de « la crise » est la meilleure illustration possible des mensonges et autres impostures verbales proférés par les dirigeants de notre pays depuis le traité de Maastricht !
Un gouvernement soucieux de défendre les intérêts bien compris de ses citoyens a les moyens de le faire, au moins autant que pour s’efforcer de sauver ses banques !
Dire aujourd’hui que l’on assiste à la fin de l’ultra-libéralisme, est malheureusement une autre façon de dire qu’il ne sera pas question de remettre en cause le système de production, ni même d’établir une distinction utile pour qui voudrait punir des prédateurs coupables « d’excès injustifiables », entre le capitalisme et les capitalistes !
Le bonus pool de Wall street serait de 49 milliards de dollars en janvier 2009, en baisse de 10 % par rapport à l’année précédente, après les turpitudes auxquelles se sont livrés les financiers : une partie des finances publiques, au lieu de servir à relancer la machine économique, sert donc à arrondir la pelote de quelques milliers d’individus dont la cupidité n’a d’égale que la bonne conscience. L’abstention du groupe socialiste à propos du plan gouvernemental de sauvegarde n’avait pas même la justification d’une contribution utile au rétablissement d’un climat de « confiance ». Le vote récent du Parlement sur la taxation des parachutes en or et sur le refus de toucher à la fiscalité des stock-options et des retraites chapeau montre que nous n’avons rien à envier aux Etats-Unis sur ce point !
Il n’est pas évident que puisse être vu comme une circonstance atténuante le fait qu’Obama, non plus, ne conteste pas le Système !
Car, lui, a été capable de faire rêver. Ce dont Sarkozy avait pu se dispenser en 2007.

L’arc-en-ciel de la gravité…
Ce titre de Thomas Pynchon évoque les paraboles des vols de fusées… Leur effet sur un personnage du roman n’est pas de l’ordre du rêve et on ne demande pas au PS de le produire pour la population française.
On pourrait toutefois espérer d’un parti qui s’est trompé dans son acceptation de la doxa néo-libérale et dans son conformisme idéologique, au point d’y perdre ses bases populaires en général et ouvrières en particulier, que ce parti, analysant sérieusement les causes de ses échecs dans ce qu’il considère comme l’élection majeure, au point de ne plus penser du tout et de lier son fonctionnement interne au rythme électoral, soit capable de choisir une fois pour toutes d’assumer ou non son histoire et son nom, l’histoire de son pays et des luttes qui ont permis la construction d’un état social.
Un congrès est programmé, la seule question paraît être de savoir si en surgira le candidat de 2012 et pas même de savoir comment battre la droite!
Ceux qui aujourd’hui louent l’Amérique et son président élu, devraient prendre en exemple la règle généralement suivie, qui veut qu’un échec disqualifie pour le tour suivant ! Cela ôterait du congrès le poids insupportable d’une ambition inassouvie et, à vrai dire, injustifiée. Sauf à penser, ce que l’on peut admettre, que n’importe quel citoyen peut aspirer à la fonction de chef de l’Etat ; mais ce n’est pas vraiment ce qu’ont en tête nos pseudo-candidats.
Après tout, il n’y a pas que des éléphants au PS, ou des gardes du corps, ou des colleurs d’affiche, ou des clients obligés, ou des experts multicartes, ou des élus cumulards. Il y a aussi des cons, des naïfs, des gens qui souffrent, des militants sincères et pas mal de désabusés. Des Français, quoi !
Apparemment Obama avait compris ce qu’attendaient les Américains ; qui au PS est prêt à dire aux Français ce qu’ils ont besoin d’entendre?

Jean-Paul Beauquier

7 - International

1 - En Equateur, la révolution citoyenne est en marche

Manuela Gallegos Anda est ministre du gouvernement équatorien. Dès l’arrivée de Rafael Correa à la présidence de la république en janvier 2007, la création du « Secrétariat aux Peuples, aux Mouvements Sociaux et à la Participation Citoyenne » lui a été confiée. Elle aborde les grands domaines de compétence du Secrétariat, ainsi que le projet du gouvernement.
Entretien.

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Pouvez-vous nous présenter le Secrétariat aux Peuples, aux Mouvements Sociaux et à la Participation Citoyenne ?

Le « Secrétariat aux Peuples, aux Mouvements Sociaux et à la Participation Citoyenne » est l’outil qui donne le plus de clarté et de profondeur au projet politique du gouvernement équatorien. Dans ce gouvernement, nous parlons toujours de « révolution citoyenne », cela implique un changement radical afin que la population dispose d’une citoyenneté pleine et entière, qu’elle puisse exercer ses droits. Qu’elle connaisse ses droits et ses devoirs, qu’elle s’approprie des espaces de participation et qu’elle exige des comptes de ses représentants élus. Nous croyons en une société organisée, en une société solidaire, en une société qui travaille d’arrache pied pour construire son pays. Ça c’est l’esprit du Secrétariat.

Aujourd’hui, nous sommes la réponse à ce que la pseudo démocratie a fait du pouvoir dans notre pays. Une démocratie qui s’est transformée en un espace de contrôle politique au profit d’une oligarchie. L’Equateur a été sous le contrôle d’une dizaine de familles qui ont régné sur la scène politique, empêchant que le majorité des Equatoriens soient inclus dans un quelconque processus. Une grande partie de la population a ainsi été privée de sa liberté d’exercer tout droit démocratique. Dans ce pays, on « échangeait » un vote contre un t-shirt ; comment pouvait-on parler de démocratie ?

Comment le Secrétariat permet-il de créer et de développer un pouvoir populaire ?

Avant tout avec beaucoup de détermination. A titre personnel, c’est très excitant, j’ai moi-même travaillé dans des organisations de quartiers. En formant ce Secrétariat, j’ai pu réaliser tous mes rêves frustrés, comme n’importe quelle citoyenne qui désire faire entendre sa voix et avoir un espace d’action. Etre citoyen, ça signifie avoir la possibilité d’exercer cette citoyenneté. Sinon, il ne reste que deux solutions pour faire entendre sa voix : le cri ou la pierre.

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Christophe Kenderian

2 - Les escadrons du néo-libéralisme

Les chiens sont lâchés et prolifèrent, aboyant maintenant sur place publique, alléchés qu'ils sont par l'odeur du corps exsangue de l'Amérique latine, les veines ne se sont pas encore refermées. La croisade occidentale financée par de dangereux néo-cons et fondamentalistes chrétiens ont l'alibi des crimes parfaits: les luttes contre le terrorisme et le narcotrafic qui forment un immense rideau de fumée derrière lequel se cache mal l'absurde et dévastatrice théorie du choc des civilisations développée par Samuel Huntington.[1]

Depuis le 11 septembre 2001, on assiste à un processus de rentabilisation d'une barbarie perpétrée par des écervelés armés jusqu'aux dents, des Sociétés Militaires Privées (SMP) disposent de moyens humains et techniques considérables, des dizaines de milliers d'assassins-vacataires sont à leur disposition et, en Irak, leur Nombre a dépassé celui du contingent britannique (près de 28000).
En effet, Il leur a été donné carte blanche pour installer le chaos humain, la terreur politique, économique et sociale. Ces soldats, ces mercenaires du néo-libéralisme sont employés par un secteur militaro-industriel qui ne recule devant rien "to make money" et le chiffre d'affaire des Sociétés Militaires Privés (SMP) était en 2006 de l'ordre d'une centaine de milliard de dollars.

Ces SMP (il en existerait près de 600) participent du pillage organisé des Etats-cibles et de l'assassinat des peuples qui y vivent, au delà d'une prétendue aide au génie-civil et à la reconstruction, ils fournissent du matériel de guerre et vendent des formations aux techniques de guérillas urbaines. Mais pire encore, ils forment aux techniques d'interrogatoire directement issues de la théorie du Dr Cameron, cette thérapie par le choc qui se base sur la dépersonnalisation, la sur-sensibilisation et les électrochocs, en un mot, la torture, celle-là même qui est aujourd'hui pratiquée notamment à Guantanamo et à Abu Ghraib.
Nous savons que ces escadrons de tortionnaires privés, existaient déjà pendant la guerre froide: En 1969 au Brésil les "OBAN" (Opération Bandeirantes) étaient, comme le souligne Naomi Klein, financées par Ford et Général Motors, mais aussi en Argentine, Au Chili, en Bolivie, en Colombie..., cependant ils ne disposaient guère d'une artillerie impressionnante, d'un département aérien comptant avions et hélicoptères et d'un embryon de flotte de guerre ni d'un éventail de services liés au renseignement.[2]

Ces armées privées permettent non seulement de faire diminuer le chiffre officiel des morts au cours d'une opération militaire, mais aussi de ne pas impliquer la politique de Washington dans les massacres commis, elles agissent dans l'ombre, dans l'impunité la plus complète car leurs agissements ne sont évidemment pas documentées.

Tandis qu'au lendemain du 11 septembre, Busch faisait les discours les plus « rooseveltiens" de sa carrière et tentait de montrer le retour de l'Etat dans les affaires de sécurité, de nombreuses multinationales d’exploitation pétrolières comme le Groupe Carlyle, Enron, Halliburton, Energy Services, Unocal... comprirent les profit qu'il y avait à tirer des situations de choc, les chiens de guerre furent lâchés dans divers bourbiers du monde, échappant à toute juridiction, jusques et y compris la Convention de Genève.

Le groupe "Chiquita Banana", en mars 2007, ne fut condamné qu'à une amende de 25 millions de Dollars pour avoir "versé de l'argent" à des groupes de protection para-militaire (Dyn Corp), cette entreprise qui détient le monopole de l'industrie bananière en Amérique centrale contrôle de nombreux ports, ce parasite tentaculaire hérité des heures les plus sombres de l'Amérique latine n'est autre que l'ex United Fruit Company qui a participé, entre autres, au renversement de J.Arbenz en 1954 au Guatemala et que le grand écrivain E. Galeano appelait "la pieuvre verte"[3].

Blackwater est l'une de ces sociétés, elle fut fondée en 1997 par Erik Prince, un millionnaire chrétien conservateur mais qui a vu son chiffre d'affaire augmenter considérablement après le 11 septembre. Cette société a, depuis lors, tout fait pour ne pas être soumis aux lois martiales et à la Convention de Genève pour ses crimes en Irak, en Afghanistan, en Afrique sub-saharienne...

Cependant, le 06 avril 2004, une image très violente parvenant de Felloujah a fait le tour du monde, elle montrait quatre cadavres de "civils" américains lynchés, cette médiatisation changea quelque peu la donne. Blackwater, sous les projecteurs des médias internationaux, profita des feux de la rampe et des négociations avec les néo-conservateurs de Washington pour prouver que la liberté et la démocratie avaient désormais besoin de solutions de sécurité innovantes et flexibles partout dans le monde. les SMP gagnèrent en légitimité dans le protagonisme de ces nouvelles guerres, elles sortirent de la clandestinité et de la discrétion qui prévalait par le passé chez les mercenaires traditionnels.

Malgré les accusations portées par les familles des quatre hommes tués à Felloujah et notamment par katy helvenston:

« Les sous-traitants privés comme Blackwater travaillent en dehors du champ de la chaîne de commandement militaire et peuvent littéralement faire ce que bon leur semble sans avoir aucune obligation de rendre des comptes au gouvernement ».[4]

Trois mois plus tard, Blackwater signa un contrat de sécurité internationale avec le gouvernement de 300 millions de dollars...

Aussi, lorsque Obama déclare dans "The Nation" qu'il " rétablirait le contrôle sur ces entreprises ", tout en « mettant les sociétés sous l’emprise de la loi », on peut craindre une institutionnalisation du phénomène et de l'entreprenariat militaire, c'est exactement le même épouvantail que celui de la "moralisation" du néo-libéralisme, la même contradiction dans les termes, tant il est évident que là où doit régner en maître absolu la loi du marché, aucune régulation n'est possible.

Comme le souligne Jeff danziger[5]: "Disons que vous êtes un Américain de base, un type d'un intellect marginal pour qui le respect des autres revêt une importance inhabituelle. (...) Vous avez toujours aimé les armes à cause de cette façon qu'elles ont de faire peur aux gens.(...)Alors vous choisissez la sécurité privée. Pas de marche à pied. Des tas de flingues et presque pas de paperasse. Seul règle: on ne pose pas de questions."

De surcroît, la logique de ces SMP s'inscrivant en droite ligne de la stratégie néo-libérale, de nombreux militaires chiliens chevronnés par des années de service sous Pinochet, des péruviens, des brésiliens qui constituent de la chair à canons bon marché (payés 1000 dollars par mois au lieu de 1222 dollars la journée pour les "salariés" venant d'un des pays du Nord).

La vérité de leurs agissements a toujours été noyée dans la poussière et le sang des rues de Bagdad et de Bogotá, la barbarie a maintenant pignon sur rue et continue son oeuvre de mort.

Brian Bonfiglio (vice-président de l'entreprise) a affirmé en juin dernier que des contingents avaient été envoyés dans une base près de la frontière mexicaine. Cette base située à 500 mètres de la première barrière métallique qui sépare la Californie de Tijuana constitue un nouveau vivier de paramilitaires présentés comme les stagiaires d'une "école de vocations".

Cette guerre qui assassine les syndicalistes et défenseurs de droits humains un peu partout où il existe une résistance à la volonté hégémonique de Washington, une guerre qui rappelle les massacres commis par les escadrons de la mort, à ceci de très inquiétant qu'elle dispose, maintenant, de moyens considérables car le Congrès a accordé une aide de 1.5 milliards de dollars au gouvernement Calderon dans la lutte contre le narcotrafic (Plan Mexico), justement lorsque Washington brigue la dénationalisation des champs pétrolifères au Mexique...[6]

Il s'agit de contrecarrer la strangulation de la vérité opérée par le quatrième pouvoir qui se contente de parler de ces SMP que lorsqu'elles sont acculées au scandale (comme en septembre 2007 en Irak). Ne serait-ce que pour lutter contre tous les silences médiatiques et faire mentir Naomi Klein[7] lorsqu'elle dit que parler du déclin du néo-libéralisme est "un hasard analytique auto-consolateur", car ce déclin se précipite à mesure que la vérité au grand jour éclate.

Voilà la présentation (traduite par mes soins) que fait Blackwater de son entreprise sur son site:

"Blackwater est Dans le monde entier célèbre pour sa capacité à porter durement les coups, nous proposons des expériences de formation efficaces pour l'armée, la sécurité et des professionnels d'application de la loi. Nous fournissons des cours de formation avancés pour une vaste gamme de missions, pour le terrain et pour des situations tactiques."

"Le personnel de formation très habile et hautement qualifié de Blackwater croit en la mise en pratique pédagogique pour augmenter votre sécurité et votre efficacité dans la rue ou sur le champ de bataille quotidien."

Notes

[1] Le Monde Diplomatique, N°632, 11/06/08.

[2] Blackwater propose un service de renseignement privé capable d'égaler ceux de la CIA: « Total Intelligence Solutions »

[3] E.Galeano, Las venas abiertas de América Latina, Siglo veintiuno, 1971.

[4] J.Scahill, L'ascenssion de Blackwater ou la privatisation de la guerre, Ed. Actes sud, 2008.

[5] Dessinateur et chroniqueur, auteur d'articles dans Courrier International.

[6] [charger le lien]

[7] Interview accordé à Manifesto par benedetto Vecchi, le 26 octobre 2007, auteur de l'enquête admirable publiée en 2008: La stratégie du choc,la montée d'un capitalisme du désastre, Léméac/Actes sud

Guillaume Gobbi

Agenda

vendredi 14 novembre 2008, 20:30

Projection du film “Dernier maquis”, suivie d'un débat

Cinéma Marcel-Pagnol
12, rue Béranger, Malakoff,
Métro ligne 13 : station Malakoff- Plateau de Vanves (3 min à pied du cinéma)

Projection du film “Dernier maquis”, suivie d'un débat en présence de l’auteur, Rabah Ameur-Zaïmèche, et Tewfik Allal.

“Une tragédie prolétarienne, qui interroge la place de l’islam et son rapport avec le monde du travail”.
Cette soirée est proposée par le Théâtre 71/ Cinéma Marcel-Pagnol, avec le soutien du Manifeste des libertés.

Tarif réduit de 4,80 pour cette projection Autres projections : samedi 15 novembre, 18h ; dimanche 16 novembre, 18h ; lundi 17 novembre, 20h30 ; mardi 18 novembre 12h.

jeudi 20 novembre 2008, 19:30

« Laïcité, Europe République »

à la M.I.E.L.
(Maison Intercommunale de l'Enfance et des Loisirs )
rue des Eygras - Offemont - 90300

Des Franc-Maçons ouvrent débat !

En commémoration anniversaire de la loi du 9 décembre 1905, des Franc-maçons de l'Aire Urbaine, de toutes appartenances, vous invitent à une Conférence Publique sur la question :

« Laïcité, Europe République »

Le Conférencier, Louis GAUTIER, Docteur en Sciences Politiques, Conseiller maître à la Cour des Comptes, présentera une réflexion sur laquelle un débat public avec la salle sera ouvert. Attachés à la Liberté de Conscience, et devant :

  1. les menaces implicites subies par la laïcité, à travers la dégradation de son enseignement : on n'enseigne plus ce qu'on n'apprend pas! Comment transmettre? Comment construire la République sans l'harmonie sociale que permet la laïcité?
  2. les menaces explicites, à savoir les déclarations du Président de la République - officiellement gardien des Institutions - de la « laïcité positive » aux discours du Latran et de Ryad, pour finir par sa comparaison fâcheuse « ministres des cultes-instituteurs », des Francs-maçons considèrent qu'il est temps d'ouvrir une réflexion de ce qu'est simplement la laïcité, autant dans sa proposition sociale que dans sa garantie de la liberté de conscience.

Laïcité condamnée ? Il n'est trop tard que si on laisse faire!

La construction Européenne telle qu'elle existe, laisse subsister des positions compromettantes avec la règle de laïcité, qui méritent réflexion et analyse.

La laïcité est-elle exportable ou non en Europe, et l'Europe l'accepte-t-elle, pourquoi ? La laïcité est-elle ou peut-elle être un dénominateur commun pour l'Europe ?

Un « Pot Républicain » sera offert à l'issue du débat. Bienvenue à tous.

A Belfort, le Président de « Tolérance et Fraternité »,

Michel DAËRON

Voir l'agenda complet en ligne

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