Chronique d'Evariste
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L'actu plaide pour la refondation de la stratégie de l'union

par Évariste
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Nous n’avons de cesse de le clamer dans ReSPUBLICA: pas de combat des républicains de gauche sans celui pour un nouvel internationalisme ! Pas de combat des républicains de gauche sans vérifier constamment les pertinences de sa ligne, de sa stratégie et de ses formes organisationnelles ! Pas de combat des républicains de gauche sans débat démocratique digne de ce nom (information pour tous des dissensus, débat raisonné et application du suffrage universel) bien trop souvent court-circuité par les directions organisationnelles.

Cette semaine, l’actualité est, une fois encore, tristement instructive. Les colonnes de votre journal, aux côtés de quelques autres têtes raisonnées, avaient tiré la sonnette d’alarme, rappelant qu’il ne faut jamais négliger les causes pouvant entraîner une réaction en chaîne gravissime. Pourtant, l’heure est à la constatation affligeante.
Rappelez-vous de ces médias fidèles aux ordres pérorant que la crise était jugulée grâce à l’action énergique des directions des États… qu’en est-il aujourd’hui?
Et bien voilà ! Nous en sommes au comble d’additionner le nombre d’emplois supprimés par les États-Unis: après 304 000 travailleurs remerciés en juillet dernier, comptons 201 000 de plus au mois d’août, et 263 000 en septembre. Octobre, qui n’en est qu’à ses débuts, s’avère déjà tout aussi lucratif : la Compagnie fédérale de garantie des dépôts bancaires américaine (FDIC), porteuse de bonnes nouvelles, vient d’annoncer (vendredi dernier) la fermeture de trois nouvelles banques étasuniennes permettant au nombre de faillites de ce secteur d’atteindre 98, et ce, depuis le début de l’année. Cerise sur le gâteau, l’agence de gestion des faillites bancaires s’approche, elle aussi, dangereusement de la faillite.

Une telle actu mérite que ReSPUBLICA s’y attarde. A notre habitude, tirons-en les leçons.

Premier enseignement: le non de gauche tient tête à la crise.
La crise du capitalisme est en train de se renforcer malgré les bonimenteurs des médias télévisuels et des monarques néolibéraux. La preuve par l’Irlande est faite : la démocratie est acceptée par les oligarques du monde si, et seulement si, les électeurs miment les dirigeants du monde. L’histoire nous l’a montré : soit il est décidé de les faire voter de nouveau lorsqu’ils votent “mal” (Danemark, Irlande),  soit le peuple n’a d’autre choix que de rester muet puisque la parole n’est donnée qu’à la représentation parlementaire encore aux ordres (tels la France et le Pays-Bas). Pour l’Irlande, ces “bien pensants” de la gouvernance européenne ont assuré qu’ils n’y aurait pas de droit à l’IVG en Irlande (mille merci de la part des Irlandaises !), alors la droite et l’extrême droite catholique peuvent enfin voter conjointement oui avec leurs amis néolibéraux! L’alliance du cléricalisme et du néolibéralisme sur le dos des femmes n’a pas de frontières… Il n’y a que le non de gauche qui, lui, soit resté debout ! Partout en Europe, le non de droite rejoint le oui de droite.

Second enseignement: Compter sur les forces de la gauche.
Les pseudos-stratéges de l’alliance du non de gauche et du non de droite en sont pour leurs frais (comme le sont les pseudos-stratéges prônant l’alliance des communautarismes et des intégrismes avec la gauche !) : au final, il n’y a que le non de gauche qui restera. Il faut compter sur ses propres forces, car le non de gauche peut devenir majoritaire à moyen terme, mais à condition d’avoir une ligne politique claire et cohérente, une stratégie efficiente (c.f. en fin d’article) et des modes organisationnels démocratiques.

Troisième enseignement: Mener une stratégie à front large.
Il apparaît de plus en plus clairement que cette Union européenne n’est plus réformable de l’intérieur par des formes démocratiques habituelles. Cette Union européenne a recréé la monarchie de droit divin dans laquelle les peuples sont minorés, interdit de démocratie, soumis à la précarisation et au chômage, à la croissance des inégalités sociales de revenus et de protection sociale, à la marchandisation et à la privatisation de toutes les activités humaines, à l’alliance des communautarismes, des intégrismes et du néolibéralisme!
Mais la stratégie à front large paye. La Grèce l’a prouvé. Le Pasok, avec le soutien sans faille de la gauche radicale du Syriza, a repris la majorité au Parlement. Puisse cette alliance rompre avec les politiques néolibérales !, autrement le retour de la droite sera inéluctable.

Quatrième enseignement: Unir les gauches.
Le SPD allemand et le parti démocrate italien ont refusé l’union des gauches. Conséquence:  ils ont sombré au profit des candidats du grand patronat. Conclusion: l’union des gauches de la Grèce est un exemple à suivre. En France comme ailleurs, il faut une telle union pour rompre avec les politiques néolibérales et cléricales.
En Italie, bien que le Parti démocrate soit toujours à l’ouest (!), la Fédération de la presse et la CGIL (premier et important syndicat de salariés) ne se sont pas laissés abattre. Afin de défendre la liberté de presse ils ont organisé un rassemblement de plusieurs centaines de milliers de manifestants à Rome. Le mouvement social italien refuse d’être mené par les lignes politiques erronées des principaux partis de gauche.

Cinquième enseignement: Ne jamais négliger le mouvement social.
Un parti politique n’est pas là pour “donner des leçons” de l’extérieur au mouvement social. Un parti politique doit être dans le mouvement social comme un poisson dans l’eau. Les partis politiques français PS ou gauche de la gauche ont encore du pain sur la planche !
En France, près de deux millions de nos concitoyens ont apporté leur soutien à la Poste publique dans la votation citoyenne du 3 octobre. Evidemment, nos très chers ministres et porte-parole de l’UMP n’ont rien trouvé de mieux à dire que cette consultation relevait d’une manipulation digne de “l’Union soviétique, parce qu’il n’y avait pas de contrôle des urnes”. Allons jusqu’au bout de leur raisonnement: et demandons-leur pourquoi ils n’enjoignent pas leur très cher monarque Sarkozy d’organiser un référendum comme il en a la possibilité constitutionnelle ?! Et pourquoi, sur ordre de sa Majesté, des centaines de communes ont été déférées au tribunal par les préfets  lorsqu’elles ont voulu organiser un référendum local proposant toutes les garanties nécessaires ? Estrosi, Lefevre, Bachelot : de bien tristes sires.

Enseignement 6: La mobilisation.
Le mouvement social est toujours vivace en France quand il est mobilisé en stratégie à front large sur les préoccupations populaires : plein emploi contre chômage et précarité, protection sociale solidaire contre la sélection par le risque des assureurs, services publics dégagés de la rentabilité financière et du marché, principes républicains : liberté, égalité, fraternité, démocratie, solidarité, laïcité, souveraineté populaire, sûreté, écologie et développement.

Enseignement 7: Un même objectif clair.
Le Collectif national contre la privatisation de la poste, pour un débat et pour un référendum est un collectif à front large avec un objectif clair, il a donc mobilisé. Honte! aux collectifs sectaires donneurs de leçons et diviseurs du mouvement social tels que ces collectifs santé qui, au lieu de jouer la carte du 29 janvier 2009 (2 millions de manifestants) ont organisé des manifestations le 24 janvier (moins de 2000 personnes dans toute la France!).

Il reste donc à travailler pour une politique d’union des gauches (gauches politiques, gauches laïques et sociales). Pour cela, le lien avec les couches populaires (ouvriers, employés) est UN FONDAMENTAL de première importance. Sans ce lien, aucune union ne pourra fonctionner.

Quand Jospin, en 2002, n’obtient que 11% des votes ouvriers, au lieu de 41% au premier tour de la présidentielle de 1981 par François Mitterrand, le ton est donné.

Quand Ségolène Royal n’a que 54% des votes des couches populaires au deuxième tour de la présidentielle de 2007, au lieu des 75% par François Mitterrand en 1981, même topo! Même si Ségolène Royal a percé chez les 18-24 ans et dans les couches moyennes, le compte n’y est pas. Et ce, parce que les couches populaires sont majoritaires dans le peuple, tandis que les couches moyennes sont minoritaires : qu’on se le dise ! Et on ne va pas se gêner ! Très prochainement dans votre journal, nous vous parlerons de l’ouvrage à paraître de deux jeunes militants (tout juste trentenaires !) abordant ce sujet. Soyez au rendez-vous! Continuez à lire et à soutenir ReSPUBLICA!

El pueblo unido jamas sera vencido
Le peuple uni jamais ne sera vaincu!

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Pourquoi est-il urgent de sortir du capitalisme ! 1/2

par Guillaume Desguerriers

Inutile d’agiter les soi-disantes relances de l’économie : la crise actuelle n’en est qu’à ses débuts. Le CAC40 peut afficher de bons scores, constatons que le chômage ne cesse d’augmenter, que les entreprises sont de plus en plus rachetées suivant des crédits LBO où elles sont découpées pour être revendues sous forme parcellaire, quand elles ne mettent pas simplement la clé sous la porte. Dans ce tableau sordide, la prospérité retrouvée du CAC40 n’est là que pour illustrer le transfert d’argent public vers les comptabilités privées des banques et rappelons au passage que 10% de l’aide publique versée à BNP-Parisbas sert à payer les traders. La population, elle, trinque : attaque des retraites, privatisation de la poste et réduction des services publics, dont le système de santé. Rappelons qu’à l’heure où l’Amérique d’Obama parle de fonder un système public de santé, les tenants du néo-libéralisme en France travaillent à sa privatisation… Dans un système en perte de sens, la crise va se poursuivre par soubresauts jusqu’à l’épongement des dettes, et elles sont colossales…

Dans ce paysage pour le moins sinistre, constatons que les forces politiques de gauche ne font pas le poids et que l’engouement de la population pour la chose publique, notamment les couches populaires, est pour le moins restreint. Et pour cause : rappelons qu’aux grandes heures de sa gloire, la gauche était aux XIXe et XXe siècles le fer de lance de la construction « d’un autre monde ». Un autre monde ?! C’est à dire un monde qui proposait le dépassement du capitalisme, sa fin. Aujourd’hui, constatons que la quasi totalité du discours politique de gauche ne se fonde que sur le mode de la résistance, de la préservation ou de l’assouplissement du capitalisme. Mais si nous avons besoin d’assurer le quotidien en défendant des acquis, ce mode de discours signe l’acceptation culturelle du capitalisme. Notons qu’à la fête de l’Humanité 2009, moins de 10% des débats étaient consacrés à la sortie de crise et que tous prônaient des issues vers un retour au Trente Glorieuses, avec une rustine « teintée en vert » (écologie oblige… ). Sur le dépassement du capitalisme : rien.

Les origines éthique et culturelle d’une crise inéluctable

L’avènement de la classe bourgeoise en Europe au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle signe le renversement, sur un plan culturel et éthique, du paradigme de la noblesse de l’ancien régime par le paradigme de la bourgeoisie, l’économisme (qui pose le rendement du capital comme but ultime de tout travail et de tout existence humaine). Tout est désormais réduit à sa seule fonction économique, au travail, à la production, au gain de toujours plus d’argent. L’économisme opère un réductionnisme de la totalité de la réalité du monde à la seule sphère de l’économie, et, par là, à l’exploitation du travail salarié et du monde vivant.

Les conséquences d’une telle réduction éthique et culturelles sont notables. D’abord sur le plan de la pratique économique, une société où l’économie est gérée par un marché, devient petit à petit une société exclusivement tournée vers une seule finalité : le marché lui-même ! C’est ce passage – décrit par Karl Polanyi dans son ouvrage La Grande Transformation – qui signe le triomphe de l’économisme sur la totalité du monde. Le but de la société est désormais le fonctionnement de l’économie, donc de l’activité de production (qui implique l’exploitation) et l’accumulation du capital. Sur le plan du projet de société, l’économie impose son hégémonie à la politique et cette dernière ne devient plus que la traduction des nécessités sociales des conditions d’exploitation des travailleurs salariés et du monde vivant. D’une manière générale, elle cesse donc d’être de la politique pour devenir une série de mesures économiques, sensées répondre aux exigences de construction des sociétés.

Ensuite, sur le plan individuel, la perte de repères est considérable. L’être humain est un être sensitif, psychologique, lié à des affects qui le travaillent et le construisent. L’identité d’un individu est donc liée à des objets, des décors, des personnes, auxquels il se lie affectivement. Le changement de paradigme convertit la totalité de l’affect à l’argent : seule compte désormais, non plus l’objet de l’affect, mais la valeur monétaire d’un objet. C’est la fétichisation de la marchandise et de l’argent. Certes, le mouvement ouvrier a tenté et parfois réussi à créer une « contre culture », mais progressivement cette « contre culture » s’est transformée au fil des trahisons en acceptation des règles de vie de la société capitaliste. De fait, un certain ouvriérisme a signé, au cours du XXe siècle, la soumission au paradigme de l’exploitation, au lieu de le combattre.
De là, une perte pour la construction des identités et la génération de mal-êtres pour lesquels la moindre crise économique occasionne le basculement dans des idéologies totalisantes, brutales, propices à canaliser les errances psychologiques et le ressentiment.

Aujourd’hui, la recette est la même : la propagande publicitaire rythme les désirs, formate les besoins dans le but de vendre de l’identité au travers des marques, prouvant bien là que le capitalisme à besoin de créer du déracinement identitaire pour assurer sa survie par la consommation et l’aliénation individuelle. Mais constatons que cette consommation identitaire génère davantage de perte de soi (elle est jetable), et d’autant plus que le capitalisme produit de plus en plus le superflu au détriment du nécessaire.

Échecs et fausses alternatives ?!

Le soviétisme incarne, pour sa part, une autre soumission au paradigme bourgeois : l’impossibilité de penser hors de l’économie et finalement de reproduire l’exploitation de l’homme par l’homme. En effet, il s’agissait, en URSS, par le changement d’économie et de la possession du capital, de changer les mentalités et les individus. Autrement dit, le soviétisme avait totalement incorporé le paradigme de l’ère industrielle et notamment l’idée que l’individualité est réductible à sa force de production : il s’agit bien là d’une option de l’économisme dont on a pu déjà constater l’impossibilité matérielle ! En politique, l’homme doit être pensé hors de la sphère économique, comme ce fût le cas notamment dans nombre de courants de la gauche du XIXe siècle, jusqu’à la Commune de Paris (souvent « disqualifiés » d’utopistes pour en écarter les militants de l’époque).

Enfin, dans les pays occidentaux, du fait du rapport de force, à la fin de la seconde guerre mondiale, favorable aux couches populaires, deux sphères ont pu cohabiter : l’une dévolue au capitalisme « pure », l’autre à la production d’un état et d’une société sur la base de services publics hors de la propriété privée. Mais constatons que cette seconde sphère, dans laquelle sont nés en France ces services publics, la sécurité sociale ou la retraite par répartition, n’avaient pas de valeurs individuelles opposables à la sphère de l’économie qui a pu ainsi coloniser les esprits grâce sa conception de l’individualité : la consommation et l’illusion d’une opulence pour tous. Notons aussi que cette cohabitation existait également aux USA (où le taux d’imposition sur le revenu montait à cette époque jusqu’à 91% ! ). Là encore, ces échecs face au capitalisme montrent que le projet d’épanouissement de l’individualité ne peut être ignoré en politique, et que le projet alternatif au capitalisme doit nécessairement reposer sur une vision philosophique de l’individu, car c’est sur lui que vient reposer la pérennité de cette alternative et de ce « vivre-ensemble » républicain qui ne peuvent être maintenus « par le haut » (« France d’après-guerre » ou soviétisme). La force du capitalisme est sa colonisation des individus sur le terrain des pratiques, donc sur le terrain idéologique, éthique et culturel. Ainsi, sans option philosophique sur le terrain de l’individualité, le paradigme bourgeois est vainqueur à coup sûr (le soviétisme ayant démontré que « le collectif » et « le travail » ne permettent pas de penser et d’épanouir toute la richesse de l’individualité).

Aujourd’hui, le paradigme de l’économisme est sans freins, sans opposants. Son réductionnisme total est donc confronté de plein fouet à la réalité matérielle du monde. Or, cette réalité ne peut être réduite à la seule sphère économique comme il prétend le faire. De fait, les mentalités et les pratiques incarnant l’économisme sont en contradiction (au sens défini par Marx) avec la réalité du monde, et de fait le système ne peut que générer des dégâts considérables sans trouver d’issues, autrement dit : il génère une crise qui le conduira à sa propre perte.

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Le deuxième Sommet Afrique-Amérique du Sud débouche sur des propositions historiques

Échanges économiques, énergétiques, financiers, sociaux, politiques, technologiques et culturels marqués par la solidarité, la coopération et le respect sont les points fondamentaux de l´accord final du deuxième Sommet Afrique-Amérique du Sud, conclu le 28 septembre 2009 à Margarita (Venezuela).

Evo Morales, président de la Bolivie, a rappelé que le tiers de l´ONU était présent à ce Sommet. Pour l’Afrique, 19 présidents, 5 vice-présidents et 15 ministres des affaires étrangères. Pour l’Amérique du Sud , 8 chefs d’État et un ministre des affaires étrangères. Etaient également présents des hauts fonctionnaires des organismes multilatéraux tels que le président de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Mohamed Ibn Chambas ; Jacques Diouf, directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ; Ahmen Benhelli, secrétaire général adjoint de la Ligue arabe ; le président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, et le représentant du président de la Banque africaine de développement (BAD), Antoinette Batumubwira.

« Nous allons former deux grands pôles de pouvoir dans un monde pluripolaire qui a déjà commencé à naître. Nous cherchons un monde où il n’y aura plus d’impérialisme, où les peuples seront libres, où l’on s’unira pour sortir de la misère, du retard, du sous-développement auquel nous avons été soumis par l’Empire du Nord », a déclaré le président Chávez, faisant référence à l’Europe et aux États-Unis : « Ici, dans le Sud, la salvation du monde et de l’humanité a commencé ».

Pendant les deux jours de discussion, les chefs d’État ont présenté des propositions importantes en matière de relations internationales. « La libération des peuples africains et sud-américains du Nouveau monde est en train de se construire », a affirmé la présidente de l’Argentine, Christina Fernández.

Evo Morales, a demandé aux dirigeants et aux peuples du Sud de récupérer leurs ressources naturelles et de prendre les mesures nécessaires pour que le capitalisme ne détruise pas le monde : « Il est important que nous nous libérions comme êtres humains, mais il est aussi important de libérer nos ressources naturelles pour résoudre les problèmes de nos pays ».

Le président de l’Équateur, Rafael Correa, a souligné que ces réunions entre les pauvres du monde nous assurent une deuxième indépendance. Président en exercice de l’Union des nations sud-américaines (Unasur), il s´est engagé à « renforcer le processus de coordination latino-américaine, à construire le développement équitable de nos peuples, à articuler la coopération internationale et la lutte contre l’inclusion sociale et, dans ce cas, l’approfondissement des relations entre Amérique du Sud et Afrique ».

Accord entre la FAO, le Venezuela et plusieurs pays africains

Le président Hugo Chávez a affirmé qu’il avait signé une série d’accords de coopération entre le Venezuela et la FAO, incorporant des pays d’Afrique et l’Amérique du Sud. « Le ministre des industries de base et de l’industrie minière, Rodolfo Sanz, m’a informé de la signature d’accords de création de compagnies mixtes dans le secteur minier entre le Venezuela et la Sierra Leone, la Mauritanie, le Mali, la Namibie et le Niger. De plus, ils ont aussi signé un accord avec la FAO », a-t-il déclaré.

Il s’agit d’augmenter les capacités de production agricole : semences certifiées, engrais, systèmes de stockage, ateliers de fabrication d’outils agricoles, installation et développement de systèmes d’irrigation, formation technique.

Une banque au capital de 20 milliards de dollars

Hugo Chávez a raconté une anecdote : « Il y a quelques années, Fidel Castro m’avait demandé si je savais où se trouvaient les réserves financières du Venezuela. Je n’avais pas cette information. Les gouvernements précédents avaient négocié le dépôt de nos réserves avec les banques du Nord qui les déplaçaient d’un endroit à un autre et s’enrichissaient grâce à notre argent ». Avec la Banque du Sud, c’est une tout autre démarche qui se met en place, au service des peuples du Sud.
La Banque du Sud, dotée de la personnalité juridique, est née officiellement le samedi 26 septembre avec la signature de sa convention constitutive. L’accord a été signé par Cristina Fernández (Argentina), Evo Morales (Bolivia), Luiz Inácio Lula da Silva (Brésil), Rafael Correa (Equateur), Fernando Lugo (Paraguay), Tabaré Vázquez (Uruguay) et Hugo Chávez (Venezuela).

La Banque accordera des crédits aux pays membres de l’Unasur pour financer leur développement économique, social et environnemental. Elle accueillera l’épargne régionale et extra-régionale. Son siège principal sera situé à Caracas, avec d’autres sièges à Buenos Aires et La Paz. La Banque servira aussi à renforcer l’intégration régionale, à réduire les asymétries et à promouvoir une distribution équitable des investissements entre les pays membres, puis, dans une phase ultérieure avec l´Afrique.

Le capital total de la Banque est de 20 milliards de dollars, dont 10 milliards déjà autorisés. Les trois associés ayant la plus grande capacité économique (l’Argentine, le Brésil et le Venezuela) font un apport de 2 milliards chacun. L’Equateur et l’Uruguay apporteront 400 millions chacun, la Bolivie et le Paraguay 200 millions, la Guyana et le Surinam moins de 100 millions. Quant à la Colombie, au Chili et au Pérou, ils apporteront entre 400 et 2 milliards de dollars.

Communication, culture et éducation

Le président de la télévision interétatique Telesur, Andrès Izarra, a confirmé la signature de conventions avec les télévisions publiques du Mozambique, de l’Angola et de la Guinée- Bissau, dont les informations seront transmises en langue portugaise.
Ont également été annoncés le lancement de Radio Sud, autre passerelle avec l’Afrique, et le projet de l’Université des peuples du Sud.

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Notre manifeste

par le Cercle Lakanal

“Dans une république, l’indigence est un crime social”
Joseph Lakanal

Le Cercle Lakanal1 a pour vocation de promouvoir toutes les initiatives publiques visant à favoriser l’avancement des idéaux de la république sociale. Il est une libre association de citoyens déterminés, à l’exemple du révolutionnaire Joseph Lakanal, à faire progresser, avec la liberté, l’égalité, valeur centrale de la grande révolution, la notion de bien commun et la laïcité aujourd’hui mises à mal de toutes parts.

Si la chute du mur de Berlin en 1989 a clos le XXe siècle par l’effondrement du système soviétique, le XXIe s’ouvre avec l’entrée en crise structurelle du capitalisme financier qui saccage les hommes comme la planète et maintient son ambition de laisser l’individu seul, face au marché. En dépit des démentis apportés par sa faillite majeure, l’objectif du système reste le même : rien ne doit échapper à la marchandisation dès lors qu’une source de profit existe ou surgit. La santé, la culture, l’éducation, le transport, l’énergie, l’eau, les moyens de communication…

Pas un domaine ne doit lui être étranger. Sous le manteau de l’individu-roi, libéré de toutes contraintes, on assiste, en vérité, à un grand bond en arrière. Une régression historique sur tous les fronts : social, démocratique, écologique et pacifique. Le renflouement par les Etats des banques et des entreprises mondialisées n’a pour but que de permettre de renouer avec la loi de la jungle dès la première éclaircie venue. Sous la direction des Etats-Unis d’Amérique, la main mise de fer du capitalisme se veut commerciale, politique, sociale, idéologique et culturelle. Ce système combat l’égalité, il refuse les solidarités.

Là où la politique était un processus qui devait permettre aux citoyens de décider des modalités du Contrat Social, le capitalisme cherche aujourd’hui à briser tout cadre qui permettrait l’exercice d’une pensée critique et d’une action collective. L’espace des Etats-Nations, lui-même, doit se dissoudre devant l’impératif financier et le suffrage universel est devenu, singulièrement dans l’Union Européenne, un embarras que l’on contourne dès le lendemain de scrutins dont le résultat est jugé défavorable.

En rendant le politique au peuple, en s’appuyant sur l’héritage des Lumières, de la grande révolution de 1789 et de figures historiques comme celle de Lakanal, il est plus que temps de réaffirmer la vitalité du modèle républicain. Celui-ci, loin d’être dépassé, est au contraire d’une grande pertinence, et le sera plus encore dans les années à venir. Car la république ne peut s’entendre comme une proclamation gravée dans le marbre. Le contenu du projet républicain est bel et bien inachevé, en évolution permanente, et se doit d’être porteur de la transformation des structures sociales, politiques et économiques. Selon l’heureuse formule de Jaurès, « le socialisme, c’est la République poussée jusqu’au bout ».

Dans ce contexte, l’émiettement extrême de la gauche radicale, le primat des intérêts partisans, la volonté de préservation des rentes de pouvoir ou de représentation portent un tort considérable à la mise en échec de la stratégie d’une droite française qui tente de liquider les derniers acquis du mouvement populaire. Le Parti socialiste, quant à lui, a renoncé depuis longtemps à toute politique de changement et lorgne ouvertement vers le centre dans le déchirement des ambitions et la concurrence des infimes.

Le cercle Lakanal se propose, en conséquence, de favoriser la convergence des forces de transformation comme le renouveau de la réflexion théorique et culturelle sans prétendre ajouter à un morcellement déjà fort dommageable. Il prendra position dans l’espace public, participera des actions unitaires et lancera ses propres manifestations sous toutes les formes possibles sans prétendre se substituer ni concurrencer les forces déjà organisées.

Ce projet, on le voit, dépasse et de beaucoup les limites de l’Ariège, la patrie de Lakanal. Mais c’est d’Ariège, (des Arièges…) qu’il est lancé, c’est ici qu’il s’enracine d’abord dans une terre de résistance, une terre républicaine.

Foix, septembre 2009

  1. Cercle Lakanal, 5 rue Gabriel Péri 09100 Pamiers. cerclelakanal@live.fr []
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Retour de flamme anti-islam

par Caroline Fourest

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Sommes-nous condamnés à être pris en tenaille entre les « idiots utiles » de l’intégrisme habile et les tenants d’une vision rance de la Nation ? On pourrait le penser en regardant certains duels télévisés. Pas seulement en France, mais en Europe. La mode consiste à organiser des face-à-face entre islamistes sulfureux et nationalistes nauséabonds. La recette a fait ses preuves : pour gonfler à la fois l’audience et les extrêmes. Avec un peu d’habileté rhétorique, les ambassadeurs d’un islam intolérant parviennent à occuper l’espace médiatique au détriment des musulmans laïques, mieux, à les faire passer pour de « faux » musulmans. Les citoyens se demandent où sont passés les esprits libres de culture musulmane. Les populistes n’ont aucun mal à les convaincre que tous les musulmans sont… des intégristes.

Les émissions à sensation ne sont pas les seules responsables de ce glissement. La tétanie avec laquelle les politiques nuancés ou progressistes abordent ces sujets facilite la fuite vers les extrêmes. Ce n’est pas un hasard si les partis populistes font des percées en Suisse, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. Dans ces trois pays, on a trop longtemps toléré l’islam intolérant au nom du multiculturalisme. Le retour de flamme a une couleur illusoire mais rassurante : « le bon vieux temps… monoculturaliste ».

Le danger ne vient pas d’une extrême droite caricaturale, mais de partis libéraux et populistes. Ils captent une inquiétude légitime envers l’islamisme, et la transforment en peur de « l’islamisation ». Ces dernières années ont connu la percée de trois partis populistes européens ayant fait campagne sur ce thème : le Parti national britannique de Nick Griffin en Grande-Bretagne, le Parti de la liberté de Geert Wilders aux Pays-Bas et l’UDC de Christophe Blocher en Suisse.

Provisoirement contenue grâce à une alliance entre la gauche et le centre, l’UDC menace d’élargir sa base en allant jusqu’à usurper le drapeau de la laïcité. En juillet 2008, son initiative populaire « contre la construction de minarets » a recueilli plus de 115 000 signatures. Pourtant, il ne s’agit pas de défendre la laïcité, qui respecte les lieux de culte. Fils de pasteur, Christophe Blocher rêve d’assurer la domination visuelle et culturelle du christianisme sur l’islam. Comme au temps où la Réforme opprimait la minorité catholique en lui interdisant de construire des clochers…

La France est-elle à l’abri de pareilles dérives ? Le fait qu’il existe un camp républicain et laïque permettant d’incarner la résistance à l’intégrisme, sans tomber dans le monoculturalisme, est sans doute la meilleure des protections. Mais les digues se fissurent. Sur Internet, les amis de Philippe de Villiers, jadis raillés pour leurs diatribes contre la République laïque, tissent des liens avec des ultra-laïques, tentés de passer de la posture « laïcité contre tous les intégrismes » à celle de la « chrétienté contre l’islam ».

Cette tentation porte désormais un nom : riposte laïque. Un réseau Internet, alimenté par un petit nombre de contributeurs (souvent des pseudonymes). Son site considère qu’il n’existe pas de différence entre « islam » et « islamisme ». En vertu de quoi les musulmans seraient plus heureux dans un Etat islamique, et la promotion d’un islam de France constitue une « tentative de viol de l’identité ». Il ne veut pas seulement interdire le voile intégral dans la rue, mais carrément le voile simple « dans tous les lieux publics ».

Son intransigeance envers l’islam n’a d’égal que sa complaisance envers le christianisme, décrit comme porteur « de valeurs qui ont conduit à la sécularisation et à la démocratisation » caractérisant « le modèle occidental ». Comme s’il n’avait jamais fallu arracher ces valeurs à l’Eglise… Ces « laïques »-là travaillent désormais en réseau avec des sites nationalistes chrétiens. Leur vision de l’islam rejoint celle des islamistes. Aucun de ses deux extrêmes ne veut d’un islam éclairé et laïque.

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Réponse à Tariq Ramadan

par Caroline Fourest

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Le 26 Septembre 2009, Tariq Ramadan est invité dans l’émission de Laurent Ruquier, “On est pas couché!”. Il attaque Caroline Fourest, journaliste-essayiste, en l’accusant d’être contre l’Islam et “malhonnête” intellectuellement. L’émission de Laurent Ruquier n’a pas donné la parole à Caroline Fourest pour qu’elle puisse répondre. Jonathan Halimi et Florent Rodo l’ont rencontré afin de lui donner ce droit de réponse sur le web.

http://www.dailymotion.com/videoxaooyr

Pour en savoir + sur son double discours : http://carolinefourest.wordpress.com/2009/08/29/tariq-ramadan-et-son-double/

Réaction et décryptage à l’émission de Ruquierhttp://carolinefourest.wordpress.com/2009/09/29/le-dernier-show-de-tariq-ramadan-chez-ruquier/

Pour écouter un extrait de cassette de Tariq Ramadanhttp://www.dailymotion.com/user/prochoix/video/xandxh_le-double-discours-de-tariq-ramadan_news

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Le Lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine

par Hakim Arabdiou

Selon John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, coauteurs du livre1 , beaucoup de leurs compatriotes et de personnes dans le monde s’interrogent sur les soutiens étatique et privé, sur les plans aussi bien financier que diplomatique et militaire « hors du commun » et de longue date des Etats-Unis d’Amérique à Israël, alors même que le second ne revêt aucun intérêt stratégique pour le premier. Ce soutien, d’une aussi grande ampleur et étalée sur une telle durée, se justifie d’autant moins qu’il est souvent néfaste aux intérêts des Etats-Unis d’Amérique, et même à ceux d’Israël.

Selon ces deux auteurs, ce soutien s’explique principalement par l’activisme inlassable du lobby américain pro-israélien.

Qu’est-ce que le lobby pro-israélien états-unien ?

Ce lobby se compose d’individus et d’organisations juives- et non juives- qui, comme dans tout lobby, consacrent l’essentiel de leur temps, de leurs énergies ou de leurs ressources à défendre une cause, en l’occurrence Israël.

Il compte en fait trois sous-ensembles : les riches donateurs juifs et les organisations juives ; les néoconservateurs, où les Juifs américains jouent un rôle de premier plan ; et les sionistes chrétiens évangélistes.

Chacun de ces sous-ensembles dispose de moyens d’action et propagande considérables : argent, journaux, sites Internet, centres de recherche, ainsi que de postes sensibles occupés par leurs adhérents ou leurs sympathisants dans d’autres organes de presse et dans des institutions publiques : Congrès, gouvernement, conseillers au gouvernement, Conseil pour la sécurité nationale, diplomatie, haute administration…

Jusque-là, rien d’anormal, dans la mesure où l’existence des lobbys fait partie de la vie politique de ce pays. C’est bien différent du mode de fonctionnement de la vie politique et des institutions politiques françaises. Même si l’extrême droite française tente d’instrumentaliser ce terme à des fins nauséabondes. Ce qui, en revanche, posent problème, ce sont certains des procédés du lobby pro-israélien.

Il s’agit d’abord, selon les deux auteurs, des conséquences néfastes des pressions constantes du lobby sur le président, le gouvernement et les membres du Congrès des Etats-Unis d’Amérique pour qu’ils alignent totalement la politique étrangère moyen-orientale de la première puissance mondiale sur celle de l’Etat d’Israël, et qu’ils satisfassent toutes les demandes de ce dernier.

Le deuxième grief que les deux professeurs états-uniens adressent à ce lobby est son emploie à cette fin de tous les moyens, y compris les « plus brutaux. »

Plus concrètement, cette pression du lobby vise, par exemple, à empêcher le pouvoir états-unien de faire pression sur Israël, pour que ce dernier accepte l’établissement d’un État palestinien aux frontières d’avant le 5 juin 1967 ; un État viable économiquement et politiquement, en échange de la paix et la sécurité pour lui.

C’est pour cette raison, selon les deux chercheurs, que l’offre de paix d’Ehud Barak en 2000 à Camp David n’a été qu’une fumisterie à l’égard des Palestiniens, et une mystification des opinions publiques israélienne et mondiale.

Le lobby pro-israélien et Israël ont également torpillé, selon les deux intéressés, toute chance de mise en œuvre par le Congrès et le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique d’une politique de dialogue avec l’Irak de Saddam Hussein, la Syrie et l’Iran.

Cela s’est soldé par la contribution directe à la victoire électorale du Hamas dans les Territoires de l’Autorité palestinienne, le désastre politico-militaire pour les Etats-Unis d’Amérique en Irak, et pour Israël le bombardement à vaste échelle du Liban et de sa population par Israël, en été 2006.

Cette politique de confrontation — systématique — concourt à alimenter le terrorisme et à empêcher la formation d’une large coalition internationale contre ce fléau.

Elle ne laisse pas non plus, selon eux, le choix à ces pays, pour se protéger, que de continuer à financer et à armer le Hamas, le Djihad islamique et le Hezbollah libanais, et également, pour ce qui est de l’Iran, d’accélérer son programme nucléaire civil, puis militaire.

Qu’est-ce qui fait la puissance du lobby pro-israélien ?

Cette puissance, ce lobby la tient avant tout, d’après le livre, de l’énorme manne financière, dont il bénéficie de la part des milliardaires juifs états-uniens. Elle lui permet de financer les campagnes électorales des candidats, à la chambre des Représentants, au sénat et à la présidence de la république, donnant suffisamment de gages de soutien inconditionnel à Israël.

Elle permet aussi au lobby de punir les candidats, qui ne veulent pas se plier à ses injonctions, en finançant les campagnes électorales de leurs rivaux, de même que toute critique d’Israël, émanant de qui que ce soit, élu du peuple, universitaire, journaliste, ministre et même du Président des Etats-Unis d’Amérique, s’exposera à de violentes attaques, voire à un lynchage médiatique de la part de ce lobby.

La sénatrice démocrate, Hillary Clinton, en sait quelque chose, elle qui, comme beaucoup d’autres, essuya selon Mearsheimer et Walt, les pires critiques de la part du lobby, parce qu’elle avait seulement appelé, en 1998, à l’établissement d’un État palestinien et qu’elle avait fait la bise à Souha Arafat, l’épouse de l’ex-président de l’Autorité palestinienne.

Le lobby use et abuse aussi de la redoutable accusation d’antisémitisme. Nombre de membres du Congrès, de journalistes ou d’universitaires, bien qu’amis de longue date d’Israël, n’ont pas été épargnés, pour peu qu’ils aient émis une critique de tel ou tel aspect de la politique israélienne, qu’ils jugent contre-productif.

Nos deux universitaires racontent aussi comment ce lobby a traîné dans la boue l’ancien président des États-Unis d’Amérique, Jimmy Carter, parce que celui-ci avait écrit dans son livre, Palestine : Peace Not Aparthied, quelques vérités sur le traitement qu’Israël inflige aux Palestiniens dans les territoires occupés et sur certaines méthodes, peu amen, de ce lobby.

Des membres du lobby sont allés jusqu’à qualifier Paris de « capitale de l’Europe antisémite. » Ces intimidations consistent également, d’après l’ouvrage, en quelques heures seulement, en la signature de pétitions, en l’envoi de milliers de lettres postales et de courriels électroniques à l’intéressé, ou encore, des milliers d’appels téléphoniques, la publication d’encarts publicitaires dénonciateurs dans les journaux, l’organisation de manifestations ou de rassemblements devant le siège d’un journal ou d’une radio, etc.

Le lobby fait également actionner, comme un seul Homme, plusieurs dizaines de représentants et de sénateurs pour qu’ils envoient une lettre collective « cinglante » à la cible qu’il leur désigne, souvent le président des Etats-Unis d’Amérique ou l’un de ses ministres, mais aussi des journalistes, des universitaires…

Il charge aussi des étudiants de faire pour lui de la délation, concernant les organisations estudiantines et des enseignants jugés hostiles à Israël ou au lobby. Il n’hésite pas non plus, d’après nos deux chercheurs, à tenter de faire taire ou de briser la carrière universitaire d’un professeur, d’empêcher la publication d’une production académique.

Le lobby pro-israélien aux Etats-Unis d’Amérique a atteint une telle puissance, qu’il est devenu un danger… pour l’avenir d’Israël

  1. Le Lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine (( éd. La Découverte, Paris, 2009 []
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Honduras, les putschistes sont à la peine

par Christophe Ventura
Mémoire des Luttes,
co-auteur de "En finir avec l'eurolibéralisme" (Editions des 1001 Nuits, Paris, 2008).

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Article publié sur le site Mémoires des luttes

Au Honduras, la résistance populaire au gouvernement putschiste de Monsieur Roberto Micheletti vient de fêter son 100ème jour dans l’indifférence médiatique générale. Pendant ces trois derniers mois, ce sont plusieurs morts, des dizaines de blessés et des centaines – certainement plus – de personnes arrêtées - et au-delà tout un peuple - qui, se battant quotidiennement pour le respect de la constitutionnalité et le retour du président démocratiquement élu Manuel Zelaya, n’auront pas eu le droit aux faveurs de nos journaux et télévisions1 . Pour autant, leur combat n’aura pas été vain. Aujourd’hui, le gouvernement « de fait », affaiblit dans le pays et isolé en Amérique latine, semble montrer des premiers signes de recul.

Honduras opposing Zelaya / Photo : Flickr - rbreve

Il convient de le rappeler. Le coup d’Etat du 28 juin au Honduras concerne l’ensemble de la région. Ce pays est le poste avancé de la tentative de reprise en main du sous-continent par les forces de droite et les oligarchies locales, avec le soutien direct de certains éléments du Pentagone et de l’administration des Etats-Unis. Il s’agit de fragiliser l’ensemble des processus démocratiques et sociaux qui ont porté ces dernières années au pouvoir des gouvernements de rupture avec le modèle néolibéral et avec la traditionnelle domination des Etats-Unis et de leurs relais réactionnaires en Amérique latine. Ces gouvernements (Bolivie, Equateur, Nicaragua, Venezuela) se retrouvent au sein de l’Alba et développent aujourd’hui les instruments de leur indépendance politique vis-à-vis des Etats-Unis. Ils promeuvent également de nouveaux espaces de coopération internationale entre pays du « Sud » comme viennent de le confirmer les conclusions du deuxième Sommet Afrique/Amérique du Sud qui s’est tenu, en présence de 27 Chefs d’Etat et de gouvernement, au Venezuela les 28 et 29 septembre2 .

Ce sont ces dynamiques politiques que tentent de stopper les oligarchies. Roberto Micheletti ne dit pas autre chose – dans la langue traditionnelle des secteurs politiques, économiques et intellectuels les plus à droite en Amérique latine et aux Etats-Unis - lorsqu’il affirme, dans un entretien accordé le 3 octobre à la revue brésilienne Veja, que la motivation réelle qui l’a conduit, avec le soutien actif de l’armée hondurienne, a fomenté le coup d’Etat était de « défendre (le) pays d’un communisme version 21ème siècle inventé par un fou d’Amérique du Sud »…

Considérant le président élu Manuel Zelaya comme une « marionnette de Chavez », Roberto Micheletti concède néanmoins, pour la première fois, que son expulsion « fut une erreur ». Ceci est un élément nouveau. Il promet même, dans une attitude de pur cynisme, que les individus responsables de cet acte de violation de la Constitution seront « punis conformément à la loi ».

Ce changement de ton et de positionnement intervient alors que le gouvernement « de fait » est sous la pression constante des mobilisations populaires qui se multiplient dans le pays et des gouvernements latino-américains. Le Brésil, en accueillant Manuel Zelaya dans son ambassade à Tegucigalpa depuis son retour au pays le 21 septembre, a désormais décidé de s’engager directement dans le rapport de forces avec Roberto Micheletti. Le président Lula a même obtenu, en marge du troisième sommet Union européenne/Brésil qui se déroule actuellement, la signature d’une déclaration commune des deux acteurs (mardi 6 octobre) dénonçant la violation de l’ordre constitutionnel au Honduras.

Le gouvernement « de fait » sait qu’il est incapable d’obtenir une légitimité politique dans le pays à quelques semaines des prochaines élections nationales du 29 novembre. Mais ayant tenu jusqu’à quelques semaines de ce cette échéance (à laquelle, malgré ce qu’a voulu faire croire la propagande officielle initiale, Manuel Zelaya ne pourra se présenter), ce dernier va tenter de poursuivre son objectif : empêcher, coûte que coûte, Manuel Zelaya de jouer un rôle politique concret au Honduras avant ces élections.

En ayant annoncé lundi 5 octobre l’annulation du décret du 27 septembre qui organisait la suspension des libertés publiques, de réunion, d’association, de circulation et d’expression et permettait d’élargir les pouvoirs répressifs de la police et de l’armée, Roberto Micheletti semble vouloir montrer les nouvelles dispositions de son gouvernement avant l’arrivée, mercredi 7 octobre, d’une nouvelle mission de l’Organisation des Etats américains (OEA) à Tegucigalpa ( acceptée par le gouvernement « de fait » vendredi 2 octobre après qu’il ait refusé son entrée dans le pays 10 jours auparavant).

Pour Manuel Zelaya, ce mouvement du gouvernement de « fait » pourrait être un « piège » dans lequel il demande à l’OEA de ne pas tomber. Constatant que malgré l’annulation du décret du 27 septembre, les deux principaux médias d’opposition au gouvernement Micheletti - Radio Globo et Canal 36 - sont toujours interdits et que l’ambassade du Brésil dans laquelle il réside reste encerclée par les forces armées, le président légitime du Honduras voit dans la nouvelle attitude du gouvernement « de fait » une manœuvre tactique visant à redorer quelque peu son image au niveau international. Pour lui, Roberto Micheletti veut gagner du temps à travers le lancement de nouvelles négociations sans fin et organiser un « piège de plus pour prolonger l’agonie du peuple hondurien »3 .

Pour de réelles négociations, Manuel Zelaya a donc fixé ses conditions. Il faudra repartir des propositions contenues dans l’Accord de San José élaboré en juillet dans le cadre d’une première médiation de l’OEA qui avait avorté du fait de l’intransigeance du gouvernement putschiste. Cet accord, que Manuel Zelaya considère par ailleurs largement dépassé par le contexte actuel, prévoyait néanmoins l’essentiel : son retour effectif et « immédiat » à la présidence.

On comprend l’importance de ce point dans les conditions actuelles où le gouvernement « de fait » souhaite gagner du temps. Face à la presse internationale, Roberto Micheletti se dit prêt « à prendre cette décision (le retour de Zelaya à la présidence), si cela peut alléger le problème que nous vivons »4 .

Une sortie de crise est elle aujourd’hui plus envisageable ? Les putschistes n’ont pas encore désarmé. Ils tenteront de jouer la montre contre Manuel Zelaya et, dans le même temps, s’attèleront, dans la perspective des prochaines élections, à préparer la candidature, avec d’énormes moyens institutionnels, financiers et médiatiques, d’un homme ou d’une femme fidèle à la défense de leurs intérêts et à ceux des secteurs économiques, politiques, médiatiques qui les soutiennent.

Une nouvelle fois, seules l’intensité des mobilisations populaires et la solidarité politique des gouvernements latino-américains en faveur du président Zelaya pèseront sur la séquence politique qui s’ouvre.

Gageons que les honduriens devront, une nouvelle fois, continuer leur combat dans le silence médiatique.

  1. Sur la question du traitement médiatique des processus de transformation sociale et politique d’Amérique latine, lire l’article d’Eric Toussaint « Venezuela, Honduras, Pérou, Equateur : « petits » oublis et « grands » mensonges des médias » (http://www.cadtm.org/Venezuela-Honduras-Perou-Equateur). []
  2. Lire « Le deuxième Sommet Afrique-Amérique du Sud débouche sur des propositions historiques » sur le site de Mémoire des luttes (http://www.medelu.org/spip.php ?article275) et de Larevolucionvive.org (http://www.larevolucionvive.org.ve/spip.php ?article302&lang=fr) []
  3. Conférence de presse du 6 octobre (http://www.telesurtv.net/noticias/secciones/nota/59059-NN/zelaya-denuncio-actitud-complaciente-de-la-oea-con-el-regimen-de-facto/) []
  4. http://www.elpais.com/articulo/internacional/Micheletti/deroga/estado/sitio/Honduras/elpepiint/20091006elpepiint_9/Tes []
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Indonésie: Colère après Une loi sur la lapidation des adultères à Aceh

par Le WLUML
Femmes vivant sous les lois
musulmanes
www.wluml.org

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16/09/2009: En dépit de vives protestations des défenseurs des droits de l’homme et des organisations féminines, la province d’Aceh, région semi-autonome d’Indonésie, va durcir ses lois déjà très strictes en instituant la lapidation à mort en cas d’adultère.1

Lorsque cette nouvelle loi entrera en vigueur, l’adultère commis par une personne non-mariée sera passible de 100 coups de bâton, tandis que l’adultère commis par une personne mariée sera puni de lapidation jusqu’à la mort, une pratique barbare dont de nombreuses femmes à travers le monde sont les victimes chaque année, parfois sans avoir pu se défendre des accusations portées contre elles.

Bastonnades en public

Egalement sanctionnée, l’homosexualité masculine et féminine sera passible de 100 coups de bâton et d’une amende “de 100 grammes d’or fin” ou d’une peine de 100 mois d’emprisonnement.
La loi islamique de cette province prévoyait déjà des sanctions très sévères pour les jeux d’argent et la consommation d’alcool. Des séances publique de bastonnade sont régulièrement organisées par la police spéciale de la charia. La nouvelle loi vise à renforcer ces sanctions et élargit le spectre des infractions punissables.

Porte d’entrée de l’Islam

Aceh est située au nord de l’île de Sumatra, l’une des plus grandes îles de l’archipel indonésien. C’est par cette province que l’Islam pénétra en Indonésie au 15ème siècle, et sa population demeure attachée à son identité islamique très forte.
En 2001, les autorités locales ont été autorisées par le pouvoir central à établir la loi islamique. Celle-ci était d’ailleurs revendiquée par la population, alors en lutte contre le pouvoir central et ses méthodes répressives. L’octroi de la charia fut considéré comme un geste d’ouverture de Djakarta à l’égard de sa province rebelle.
Mais la charia est appliquée avec une extrême vigueur par la police spéciale créée à cette fin. Dans le reste de l’Indonésie par contre, le plus grand pays musulman du monde, l’Islam est pratiqué avec modération.

Conséquence du tsunami

Il semble que le durcissement en cours soit la conséquence d’un relâchement observé suite au tsunami, qui avait fait des centaines de milliers de morts dans la province.
Nombre de jeunes filles avaient abandonné leur voile, faute de vêtements traditionnels, ou influencées par le personnel humanitaire venu en nombre pour la reconstruction de la province.

15 Sep 2009
Par T. Nagant

  1. RTBF, http://www.rtbf.be/info/ []
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Une cagnotte contre l'absentéisme au Lycée Education ou dressage ?

par Catherine Kintzler
www.mezetulle.net
Auteur de "Qu'est-ce que la laïcité", publié chez Vrin, 2007.

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« Dans l’académie de Créteil, six classes de lycées professionnels verront leur assiduité récompensée par le financement de projets de groupe pouvant aller jusqu’à 10.000 euros par an » (source : Le Figaro 2 octobre 2009). Il est même question d’étendre cette expérience.
Bien sûr, ce n’est pas de l’argent de poche individuel. Mais sous l’alibi du « collectif » et du « projet », on accrédite l’idée que l’effort pour s’instruire et s’autoconstituer comme sujet libre est identique à l’effort du travail, que l’instruction n’est rien d’autre qu’une « formation », une sorte de stage dont le produit fini et finalisable à merci serait… le travailleur.

C’est oublier que si les élèves travaillent au sens libéral du terme (comme Socrate travaillait), s’ils travaillent sur eux-mêmes, ils ne travaillent pas exactement au sens du circuit économique. Leur travail est une praxis et non une poïèsis1 - y compris lorsqu’il s’agit d’enseignement professionnel (on relira à ce sujet le Quatrième mémoire sur l’instruction publique de Condorcet, consacré à « l’enseignement des professions »). Et même si l’éducation est pour un pays une forme d’investissement, c’est aussi et avant tout une « combinaison pour assurer la liberté », comme le précisait encore Condorcet.
Mais la confusion n’a-t-elle pas déjà commencé avec la disparition du terme instituteur ?

Avec ce mélange des genres se pose bien le problème qui alerte l’opinion. Osons les gros mots : un problème moral. N’entendait-on pas hier (5 oct.) sur une chaîne de radio une auditrice expliquer au téléphone que
oui, pourquoi pas, ça rétablirait la justice car les riches récompensent leurs enfants avec de l’argent et des beaux cadeaux quand ils ont des bonnes notes… ?
Ben voyons, il n’y a que les ringards comme Spinoza pour expliquer que « la vertu est à elle-même sa propre récompense » ! Comme s’il fallait s’aligner sur ce qu’on croit que font les « riches »… dont cette auditrice avoue au fond qu’elle les méprise tout en les enviant.

Face à ces inepties dangereuses parce qu’elles remplacent l’éducation par le dressage et l’instruction par le conditionnement, parce qu’elles traitent les êtres humains comme des produits à finaliser, on est soulagé d’entendre un célèbre humoriste matinal déclarer, imitant la bougonnerie savoureuse de Jean-Pierre Bacri :

Au fait, on pourrait peut-être aussi payer les profs ?

Nicolas Cantelou et ses collaborateurs ont les idées claires : en effet les profs, eux, travaillent au sens ordinaire du terme, et ils doivent être payés pour leurs efforts au travail. Mais c’est à eux qu’on tient le discours moral : voyons, vous n’avez pas besoin d’un bon salaire, vous faites le plus beau métier du monde et vous avez tant de satisfactions ! D’ailleurs, c’est bien connu : les professeurs sont des ringards comme Spinoza.
Nicolas Cantelou y est revenu ce matin, encore plus férocement :

On devrait aussi donner une prime à celui qui n’a pas insulté son prof d’histoire ou qui n’a pas violé sa prof d’anglais !

  1. praxis : pris au sens large, travail sur soi-même ; poïèsis : production d’un objet. Voir l’usage philosophique courant sur philagora. []
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loi Carle : le recours au conseil constitutionnel

par ReSPUBLICA

Ce document nous a été transmis par Christophe PIERCY, assistant parlementaire de Daniel GOLDBERG
Député PS de Seine-Saint-Denis. Il s’agit du texte de la saisine du Conseil Constitutionnel déposée par de nombreux parlementaires du Groupe Socialiste, Radical et Citoyen et de gauche, suite au vote de la loi dite Carle, garantissant “la parité de financement entre les écoles élémentaires publiques et privées sous contrat d’association lorsqu’elles accueillent des élèves scolarisés hors de leur commune de résidence”.

Document à télécharger : Saisine suite à la loi Carle

Affaire à suivre !

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La route des tétons est réouverte

par Nicolas Pomiès

Souvenez-vous, à deux reprises, nous vous avions informé de la mise en examen de l’artiste Philippe Pissier parce qu’il avait envoyé quatre cartes postales comportant des tétons de seins parés de pinces à linge.

Le responsable du Centre de tri de la Poste de Cahors, rempli de vertu et de bons sentiments, avait immédiatement contacté la maréchaussée afin de s’indigner et de porter plainte, lorsque ces cartes postales étaient arrivées jusqu’à lui (ce qui en dit long sur le contrôle de la correspondance à certains endroits).

L’État, par le biais de son Parquet de Cahors, donna suite à la plainte et, désireux de rétablir l’ordre moral, attaqua Philippe Pissier sur la base de l’article 227-24 (qui punit jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende): « le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine, soit de faire commerce d’un tel message […] lorsque ce message est susceptible d’être vu ou perçu par un mineur. »

Initialement adoptée pour lutter contre les minitels roses, cette disposition ne sert pourtant guère qu’à faire traduire les artistes en justice, écrivains, peintres ou photographes. Et, ce, en dépit d’une déclaration claire de Jacques Toubon qui, en 1994, alors qu’il était ministre de la Culture, avait précisé qu’elle ne visait aucunement à censurer les œuvres d’art.

Outre ReSPUBLICA, une importante mobilisation de soutien vit le jour autour de Philippe Pissier et il fut relaxé le 25 juin dernier des faits portant atteinte à la morale qui lui était reprochés. Toutefois, Pissier ne sortit pas du tribunal sans condamnation, car il écopa d’un mois de sursis, de 1000 euros d’amende et de 450 euros de frais de justice.

C’est dans les procès-verbaux (mis en ligne par Philippe Pissier) dressés par la Gendarmerie qu’on comprendra pourquoi — bien qu’il soit innocenté sur le motif de l’enquête et de la mise en examen dont il a fait l’objet —  on chercha à tout prix à le condamner: l’attaque de Pissier était tellement méprisable qu’il fallait gonfler l’affaire.

Aussi, accrochez vous bien !, les enquêteurs allèrent jusqu’à rechercher la propriétaire des seins. Ce fut difficile, car les cartes postales incriminées, qui, rappelons-le, résultaient d’un collage d’une photo touristique et d’une photo de buste, ne disposaient pas du visage se trouvant au dessus des seins ! Hé oui !, l’artiste avait enlevé la tête sur ses créations. On pouvait donc seulement voir une carte postale de son village (Castelnau-Montratier) avec des seins et des pinces à linge.

Toute la technologie de la Gendarmerie ayant été mobilisée pour cette affreuse atteinte à l’ordre moral, la propriétaire du buste retrouvée, reconnaissant ses seins malgré l’absence de son visage, déposa avec une spontanéité qui ne vous aura pas échappée, plainte contre l’artiste pour diffusion d’image sans consentement de sa personne.
On tenta également de gonfler l’affaire en attaquant Pissier pour la détention d’une arme de chasse pourtant régulièrement détenue, comme le reconnaîtra le tribunal.

Le comble de cette enquête inquisitoriale fut atteint lorsque le concepteur de la carte postale touristique originale vint témoigner de la justesse et de la beauté de ses photos qu’il se désolait de voir détournées par le collagiste. Il s’agissait bien d’un comble, puisque ce concepteur était à la tête d’un catalogue de ces cartes postales vulgaires et dégradantes à caractères scabreux pour le genre féminin, des cartes que nous avons tous vues en vente libre dans nombre de librairies.

Il fallait donc charger l’artiste dont les créations à caractères érotiques sont en définitive une attaque contre la pornographie marchande.

Mais Philippe Pissier est de nature rebelle et opiniâtre, et attaque aujourd’hui en Justice à la fois la section de recherche de Cahors de la Gendarmerie mais aussi La Poste !

Liberté créatrice contre cloisonnement moral et marchand, ce nouveau procès permettra-t-il de mettre un terme définitif au retour à l’ordre moral caractérisant la période ?

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Suicides au travail : le tournant gestionnaire et le déficit philosophique

par Catherine Kintzler
www.mezetulle.net
Auteur de "Qu'est-ce que la laïcité", publié chez Vrin, 2007.

Source de l'article

S’appuyant notamment sur les ouvrages de Christophe Dejours, Martine Verlhac examine le « tournant gestionnaire » qui dénature la reconnaissance dont le travail est producteur, au point de livrer ceux qui en sont victimes à l’exclusion et à l’humiliation, à un double déni d’humanité. Devant les idéologies qui, lorsqu’elles ne culpabilisent pas le travailleur en le renvoyant à la « gestion de son stress », dévalorisent le travail en tant que tel, il est urgent de remettre à l’ordre du jour une analyse philosophique inspirée par les grands classiques du travail. Car si aujourd’hui on néglige tant, entre autres, Hegel, Marx ou Simone Weil, c’est peut-être parce qu’ils ont su penser l’ambivalence du travail.

Lire la suite sur le blog de Catherine Kintlzer Mezetulle.net

Agenda

samedi 10 - samedi 10 octobre 2009
Forum laïcité 2010 : Renaissance de la République indivisible, laïque, démocratique et sociale

Gauche Avenir - Think Tank - Pour l’unité de la gauche

Il y aura 50 ans le 31 décembre, malgré les nombreuses et imposantes manifestations de protestation, le Gouvernement de M. Debré s’apprêtait à faire voter la loi qui portera son nom.

En donnant un statut à l’enseignement privé, cette loi ouvrait la brèche par laquelle la droite libérale détruirait la loi du 9 décembre 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat, fondatrice de la République laïque, c’est-à-dire unie et attentive à l’égalité des citoyens.

Aujourd’hui, notre République dérive vers le communautarisme et le cléricalisme renaissant, dont l’Histoire et le présent montrent les dangers de division et de conflits.

Il faut réagir. C’est l’intention exprimée par le thème du colloque organisé par Gauche Avenir.

Assemblée nationale, Salle Victor Hugo
101, rue de l’Université, Paris

Un dossier complet sera adressé aux inscrits à partir du 20 septembre 2009.

Programme

9h30 : Ouverture par un responsable de Gauche Avenir

  • THEME 1 : Laïcité, valeur universelle sans épithète
  • THEME 2 : Science et laïcité : les menaces
  • THEME 3 : Laïcité et enseignement : un cas d’école

Débat

Pause déjeuner

  • THEME 4 : La progression du communautarisme, ses dangers
  • THEME 5 : Laïcité et Union européenne : état des lieux
  • THEME 6 : Loi du 9 décembre 1905 contournée et menacée : comment la réhabiliter ?

Débat

17h : Conclusion par un responsable de Gauche Avenir

Inscription urgente

Nom :
Prénom :
Adresse :
Nombre de participants :
Organisation :
Nombre de repas (26,50 euros),
chèque à l’ordre de Gauche Avenir :
E-mail : ;
Téléphone :
Merci de nous retourner ce coupon-réponse à l’adresse suivante : Gauche Avenir – 26, rue du Commandant Mouchotte – 75014 Paris, ou de nous confirmer votre inscription par mail à : contact@gaucheavenir.org (la participation au repas devra cependant nous parvenir par courrier).

vendredi 9 - vendredi 9 octobre 2009
L'égalité entre les femmes et les hommes à l'épreuve des politiques et des débats publics

La Mairie de Paris,
le CNDF (Collectif national pour les droits des femmes)
et le MAGE,

co-organisent un Forum-débat
à Paris,
sur le thème
L’égalité entre les femmes et les hommes à l ‘épreuve des politiques et des débats publics

voir le programme sur le site du mage http://www.mage.cnrs.fr/news2009.htm

inscription obligatoire par mel à : colloque9oct@paris.fr
(en précisant vos nom/prénom/organisation/adresse/contact)