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Petites et grandes manœuvres en vue des régionales

par Évariste
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La semaine écoulée a été riche en décisions de la part des appareils politiques en prévision des élections régionales de 2010.

La plus attendue était bien entendu celle du PCF. Son Conseil national a très largement validé l’offre politique nationale (80%) qui lui était proposée, actant le principe de refus d’alliance au premier tour avec le PS. Le numéro deux du PCF, Pierre Laurent, qui avait suggéré en début de semaine dernière de renoncer à une orientation nationale et de laisser les communistes décider région par région, est bon pour manger son chapeau.

Pour autant, la décision finale de partir sur des listes autonomes du PS sera prise in fine dans chaque région, et comme dans nombre d’entre elles les élus communistes sortants ont comme ligne politique de conserver leur siège et ont déjà entamé des négociations avec le PS, il faut s’attendre à ce que l’orientation nationale soit rejetée par plusieurs des conférences régionales qui auront lieu les 7 et 14 novembre.

La dynamique du Front de gauche peut donc se poursuivre et Jean-Luc Mélenchon a été le premier à s’en réjouir. Mais l’élargissement du Front de gauche paraît, lui, bien compromis étant donné le refus du NPA de participer à tout exécutif avec le PS et la crispation des rapports entre le PCF et le NPA. Or, le NPA déploie tous ses efforts pour présenter des listes communes avec la FASE et les Alternatifs.

Le week-end a donc permis une clarification de la stratégie de la gauche de gauche : autonomie du PS et d’Europe-écologie au premier tour, rassemblement sur la base d’accords préalables sur le projet de la gauche et des écologistes au second tour pour battre la droite, et refus de toute alliance avec l’opposition de droite incarnée par le MODEM. Mais la « clarification » du week-end dernier pourrait accoucher d’une situation confuse et peu lisible pour les électeurs avec, dans certaines régions, des listes Front de gauche comprenant le PCF, le PG et la GU opposées au premier tour au PS, et dans d’autres régions des listes Front de gauche comprenant le PG, la GU et peut-être le NPA, la FASE et les Alternatifs opposées au premier tour à des listes PS/PCF…

Parions que cette situation offrira au moins l’opportunité de démontrer que le rassemblement au premier tour sur la base d’un projet de rupture avec le social-libéralisme et le néolibéralisme est plus efficace pour mettre en application une vraie politique de gauche pour le peuple que les alliances électoralistes de premier tour.

Ces derniers jours ont vu la défaite de ceux qui voulaient profiter de la difficulté à définir une stratégie qui permette aux électeurs de bien identifier les différentes « offres » politiques à gauche pour tenter d’imposer leur fantasmes confusionnels de mariage de la carpe et du lapin : Cohn-Bendit, Vincent Peillon, Manuel Valls, Corinne Lepage, Stéphane Gatignon et Robert Hue peuvent aller se rhabiller, ou se préparer à changer de veste pour certains d’entre eux, la mode du débauchage lancé par Sarkozy ayant fait des émules, particulièrement à Europe-écologie.

Si l’essentiel de la stratégie est maintenant arrêté, le plus important reste à entreprendre : définir le programme de rupture qui sera soumis aux électeurs et qui devra reconquérir l’électorat populaire en répondant à ses attentes. Et du fait de l’importance croissante des politiques régionales dans notre quotidien, ce ne sera pas une mince affaire. Comme les élections régionales sont les dernières à se dérouler sur l’ensemble du territoire avant 2012, elles sont une occasion unique, alors que nous sommes à mi-mandat présidentiel, de montrer au peuple qu’une alternative à la politique néo-libérale du gouvernement est possible. Car pendant ce temps, le pouvoir sarkozyste poursuit consciencieusement ses basses œuvres aux profit de la caste des riches, tout en lançant des leurres comme l’annonce du débat sur l’identité nationale. Comme un symbole en cette période de crise qui frappe tous les jours plus durement les couches populaires, le bouclier fiscal en est sorti intact de la discussion en première lecture du projet de Loi de finance à l’Assemblée nationale.

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Recherche (le) peuple désespérement

par Bernard Teper

Source de l'article

Nous vous le disons d’emblée, c’est le livre politique de l’automne pour tous les militants et citoyens éclairés. Vous arrêtez de suite le livre que vous êtes en train de lire, il attendra bien les longues nuits d’hiver. Vous pensiez en acheter un autre ? Retardez cet achat et précipitez-vous pour acquérir, avant qu’il ne soit épuisé, le livre qui a le même titre que cet article. Il est édité aux éditions Bourin. Que dites-vous ? Un autre journal vous en conseille un autre ? Changez de journal ! Vous avez un emploi du temps qui ne vous permet pas de lire ? Supprimer vos prochaines réunions familiales et galantes, repoussez au lendemain les activités militantes à l’efficacité douteuse, sachant que beaucoup de lignes stratégiques organisationnelles sont à “l’ouest” comme disent les “djeuns”!

Vous souhaitez connaître les auteurs? Sachez d’abord que la somme de leurs âges est inférieure au mien ! Sachez ensuite que j’écris cette recension car j’en ai un peu marre de tous ces ” jeunes cons” qui ressemblent tellement par mimétisme aux “vieux cons” de ma génération. Je ne suis pas sensible au jeunisme. Mais lorsque certains d’entre eux montrent une voie de reconstruction, écoutons-les ! Pourquoi ? Pour redresser les lignes stratégiques obsolètes de la gauche tout entière, gauche de la gauche comprise. Ce n’est pas encore fait avec ce livre, mais les trois premiers chapitres en donnent les prémisses sans nul doute. Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin en ont fixé les bases sociologiques nécessaires. Car c’est bien là que toutes les lignes stratégiques de gauche ou d’extrême gauche font défaut. Après ce que d’aucuns appellent improprement “les trente glorieuses”, puis la mondialisation néolibérale et enfin le turbocapitalisme, phase actuelle du capitalisme, énormément de choses ont évolué, y compris la sociologie des classes sociales et surtout leur enracinement spatial.

En lisant ce livre, on comprend pourquoi ceux qui n’ont comme univers que les villes-centres et les lieux de vacances pour bobos, qui ne voient plus de couches populaires dans leur vie courante, qui estiment que les couches populaires (ouvriers, employés) n’existent que dans les quartiers des communes de banlieues appelés pour la circonstance “quartiers populaires”, ont en fait une vue déformée de la réalité, et donc reproduisent des schémas obsolètes, produits par des médias aux ordres du néolibéralisme et repris par les organisations de gauche dans leurs lignes stratégiques.
Ce livre concentre, en quelques dizaines de pages, les résultats des travaux de nombreux chercheurs bien répertoriés dans une bibliographie impressionnante mais directement connectée au texte lui-même. Cela est pour les militants et les citoyens éclairés de première importance ! On peut donc lire le texte lui-même ou on peut aller chercher des développements dans la bibliographie et je peux vous dire que vous en ressortez plus intelligent qu’avant.

Nous comprenons enfin pourquoi le PS de François Mitterrand a gagné en 1981 et pourquoi le PS de Jospin, Hollande et Royal a perdu par la suite. La messe est dite quand on sait que Lionel Jospin, lors du premier tour de la présidentielle de 2002, perd près des trois-quarts des couches populaires qui ont voté François Mitterrand au premier tour de la présidentielle de 1981 et que Ségolène Royal ne fait qu’un peu plus du double de Jospin et perd donc environ 40 % des voix qui  s’étaient reportés sur François Mitterrand au premier tour de 1981. Elle y est même devancée dans les couches populaires par… Nicolas Sarkozy lui-même ! Un comble ! Ségolène Royal est donc qualifiée au second tour, mais ne rassemble alors que la moitié des voix des couches populaires alors que François Mitterrand a eu au deuxième tour les trois-quarts de ces voix.
Le premier enseignement du livre est donc : qui veut gagner le droit d’administrer la France doit reconquérir d’abord les couches populaires, puis l’ensemble de la gauche.

Mais cela ne suffit pas. Il faut comprendre les modifications de la réalité depuis lors.
Nous voyons, directement en lisant ce livre, comment la mondialisation néolibérale a profondément modifié la sociologie française. Nous voyons que, contrairement à ceux qui ont cru à la fin de la classe ouvrière et des couches populaires, ces dernières sont majoritaires dans le pays et donc que les couches moyennes dont on parle tant sont toujours minoritaires dans le pays. Nous voyons la recomposition sociologique s’effectuer dans quatre types de territoires : villes-centres, banlieues, zones périurbaines et zones rurales. Nous y voyons que les deux derniers espaces sont méconnus, oubliés, voire méprisés par tous les partis de la gauche, gauche de la gauche comprise. Nous comprenons mieux pourquoi le Front national a pu un temps s’y engouffrer. Qui sait que dans les zones rurales les couches populaires sont 5 fois plus nombreuses que les paysans pris au sens large ! Voilà qui va surprendre des militants et des citoyens éclairés !
C’est le deuxième enseignement de ce livre : la gauche ne peut gagner que si elle parle aussi aux couches populaires des zones périurbaines et rurales !

Mais cela ne suffit pas. Il faut comprendre comment se déterminent les couches populaires. Le non au traité constitutionnel européen a gagné principalement grâce à une mobilisation sans précédent des couches populaires des banlieues, des zones périurbaines et des zones rurales.
C’est le troisième enseignement de ce livre : si la gauche veut gagner, elle doit reconstituer le bloc sociologique majoritaire réalisé le 29 mai. Car les villes-centres concentrent principalement les gagnants de la mondialisation néolibérale. Et les banlieues, les zones périurbaines et les zones rurales, principalement les perdants. Voilà donc l’alliance majoritaire potentielle pour la gauche.

C’est le quatrième enseignement de ce livre : la bataille pour l’hégémonie idéologique de la gauche dans les banlieues, dans les zones périurbaines et dans les zones rurales devient donc centrale. Ceux qui ont organisé ou pris la parole dans les zones périurbaines et rurales pendant la bataille du non au TCE ont-ils remarqué qu’il y avait plus de monde pour participer aux réunions d’éducation populaire dans les zones rurales et périurbaines que dans les villes-centres ? De ce point de vue, les organisations qui ont répondu à l’appel de l’UFAL pour mener dans tout le pays une campagne d’éducation populaire tournée vers l’action ont vu juste. Comment expliquer autrement que lors de cette campagne d’éducation populaire tournée vers l’action, il y ait fréquemment un public beaucoup plus important sur une ligne de classe dans les zones rurales et périurbaines que dans les villes-centres !

Mais ce n’est pas tout. Pour retisser le lien avec les couches populaires, il convient de comprendre qu’ils ont compris où se situent leurs intérêts.
C’est le cinquième enseignement du livre : si la gauche veut gagner, elle doit reprendre le chemin des discours sur l’émancipation humaine, de la lutte pour la démocratie y compris au sein des organisations, elle doit comprendre que la lutte contre le libre-échange est une nécessité, que l’aspiration à l’égalité des couches populaires ne sera pas satisfaite par l’ersatz de l’équité ! L’aspiration à la république égalitaire ne sera pas détournée vers l’acceptation de l’apartheid social organisé par un communautarisme de quotas de visibilité !

Trois regrets : il manque une réflexion profonde sur la laïcité (pourtant sous-jacente dans les propos du livre) et un approfondissement des alternatives au libre-échange. Sur ce dernier point, il est dommage que le néo-protectionnisme altruiste, écologique et social ne soit pas présenté comme une alternative au libre-échange et au vieux protectionnisme de la droite. Enfin, on pourrait ajouter au livre que les sujets qui intéressent les couches populaires (emploi, précarité, protection sociale, logement, services publics, école, vivre ensemble et laïcité) sont ceux qui ne sont pas ou peu représentés dans les universités d’été des « grandes organisations », le PS à la Rochelle, le PC au Vieux-Boucau, le NPA à Port-Leucate ou le PG à Clermont-Ferrand ou ATTAC à Arles.

Mais ne ménageons pas notre satisfaction à la lecture de ce livre. Et comme nous sommes favorables à votre satisfaction, il est impératif que vous lisiez ce livre et que nous vous nous en fassiez à votre tour une recension. Nous attendons vos avis. Car c’est sur les sujets de ce livre que doivent se déterminer les débats politiques de la période. En tout cas pour ceux, militants et citoyens éclairés, qui veulent oeuvrer à la transformation sociale avec une coalition sociale majoritaire. Les autres peuvent continuer à lire leurs autres médias favoris…

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Recherche (le) peuple désespérément, entretien avec les auteurs

par ReSPUBLICA

Recherche (le) peuple désespérément, entretien avec les auteurs du livre1

Pourquoi ce livre aujourd’hui?
« Recherche le peuple désespérément » vient baliser une première étape de notre engagement politique. Nous avons découvert la politique auprès d’hommes talentueux qui plaçaient toujours le débat d’idées au cœur de leur combat. C’est un sain principe. Et puis maintenant, nous volons de nos propres ailes, en électrons libres au sein d’un Parti Socialiste qui a besoin de revenir à quelques solides repères républicains, à l’idéal socialiste et à une analyse de la société la plus cohérente qui puisse être. Raison de plus pour mener un combat culturel en interne, les militants sont, pour l’heure, plus touchés par nos idées que les dirigeants. C’est un bon début !
Le principal objectif de notre livre est de traduire en termes politiques une somme impressionnante d’études sociologiques, géographiques, démographiques qui permettent de mieux comprendre notre société. Au confluent des discours savants et militants, notre livre donne quelques clés stratégiques.

Vous êtes très critiques vis-à-vis de la gauche politique? Qui aime bien châtie bien? Qu’espérez-vous ?

Nous espérons faire comprendre à la gauche qu’elle ne pourra battre Sarkozy qu’en se dotant d’une vision de la sociologie de notre pays autant qu’en développant un projet alternatif. Il y a chez Sarkozy et ses conseillers une véritable connaissance de la société française mise au service d’une droite radicalisée, presque berlusconnisée. A nous de retrouver un électorat qui nous a fait défaut depuis vingt-cinq ans : les couches populaires. Elles n’ont pas disparu et ce sont elles qui ont fait la décision politique en 2005 comme en 2007 !

Vous remettez au centre du débat, les travaux de nombreux intellectuels lumineux mais méconnus du grand public et des dirigeants politiques. Vous relancez l’idée d’un lien dialectique entre la pensée et l’action. C’est un ressourcement ?

Certains sont bien connus mais marginalisés par les élites : pensons au talentueux Emmanuel Todd. D’autres, dans l’ombre, poursuivent un travail intellectuel de première importance, on doit citer ici Christophe Guilluy et les nouvelles fractures sociales et territoriales ou encore Nicolas Renahy, un chercheur en sociologie qui travaille sur la jeunesse ouvrière et rurale. Il y a, parmi les chercheurs français, quantité de femmes et d’hommes dont les écrits ne semblent pas intéresser les responsables politiques… Il faut retisser des liens entre ceux qui contribuent à l’intelligence de la société et ceux qui s’attachent à imaginer une alternative politique.

Parlons aussi de chercheurs en science politique étasuniens comme Thomas Franck dont les travaux sont essentiels. A fortiori, remarquons qu’aux Etats-Unis, il existe des « professionnels de la politique », comme Joe Trippi, qui s’efforcent de penser la société américaine et les méthodes pour bâtir des alliances électorales durables.

N’oublions pas non plus que les chiffres les plus alarmants sur l’état de la société française se lisent très facilement dans les publications de l’INSEE. Au-delà des titres, censés rassurer les ministres, le contenu de leurs études est édifiant !

Votre étude de ce que l’on pourrait appeler une nouvelle géosociologie des territoires est lumineuse notamment sur l’implantation des couches populaires (ouvriers, employés) dans notre pays. Vous appelez la gauche à s’intéresser aux couches populaires des zones périurbaines et rurales largement oublié par la gauche politique. Pouvez-vous en dire plus?

Cette France invisible, celles des périphéries (périurbaines et rurales) est tout simplement la France majoritaire ! Pour nous, il s’agit d’inviter la gauche française, dans sa diversité, à s’intéresser à cette France là, à la comprendre, à lui parler. C’est un travail d’autant plus difficile que, dans certains milieux de gauche, le peuple est déprécié, considéré assez négativement. La percée du FN chez les ouvriers, le vote « Non » en mai 2005 ou même le vote pour Nicolas Sarkozy de la « France qui se lève tôt » ne sont analysés que sous un angle moral, pour ne pas dire moralisateur.

Il s’agit, selon nous, de bâtir, une coalition sociale majoritaire avec des classes sociales qui, d’une part existent encore et, d’autre part, adhèrent encore aux principes et aux idéaux républicains. L’état de l’opinion publique après l’affaire de l’EPAD laisse entendre que notre peuple adhère très majoritairement à un idéal d’égalité…

Vous appelez la gauche à tenir compte du vote du 29 mai 2005 où les couches populaires ont largement contribué à la victoire du non. N’est-ce pas être à contre-courant de l’histoire ?

Le 29 mai est un fait. C’est un fait électoral révélateur de nombreux faits sociaux. On peut interpréter le vote du 29 mai de nombreuses façons. Nous retenons, pour notre part, une interprétations sociale et spatiale en lien avec la mondialisation. Nous y voyons, quoi que l’on pense par ailleurs de l’actuel traité de Lisbonne, la manifestation d’un « principe de précaution démocratique » qui a sanctionné la politique du choix unique des élites et la manipulation des symboles démocratiques. Oui, la Gauche doit appréhender les craintes des classes populaires. Oui, elle doit s’adresser à cette France du « non » qui n’est pas une France nationaliste, xénophobe ou repliée mais une France qui souffre et qui appelle ses dirigeants à remettre en avant des principes et des idéaux républicains.

Vous estimez nécessaire que la gauche fasse une critique radicale du libre-échange largement véhiculé par la gauche française. Pensez-vous être entendus ?

C’est un débat, pour l’instant interdit par le conformisme ambiant, qu’il va falloir mener. Le PS devra bien choisir entre d’un côté Pascal Lamy et Dominique Strauss-Kahn, idiots utiles du néolibéralisme, et les analyses d’Emmanuel Todd ou Jacques Sapir de l’autre qui avancent des propositions sur le protectionnisme européen. Comment expliquer à l’électorat populaire qu’il est acceptable de contempler béat et les bras ballants la désindustrialisation de notre continent !

Vous semblez lier la possible victoire politique de la gauche au ressourcement du lien de la gauche avec les couches populaires. Alors que de nombreux dirigeants de la gauche se lamentent d’avoir perdu le soutien des couches populaires et appellent à une meilleure communication, vous dîtes que c’est à la gauche de changer de ligne stratégique. Vous leur demandez un travail de titan !

Les pleureuses sont les bienvenues dans les enterrements siciliens. Il est à souhaiter que la gauche française n’est soit pas encore là ! Rien n’est définitivement perdu pour la gauche, ni le peuple, ni les élections à venir. Il est pour autant certain que les couches populaires n’accepteront de faire à nouveau confiance à la gauche que si elle présente à la fois un nouveau visage et un autre programme que l’accompagnement social du néolibéralisme. Travail de Titan ? Pour qui a un peu de sens du bien commun et d’ambition pour son pays, il semble que ce ne soit pas une mission impossible.

Dans l’état actuel des choses, bien que vous soyez membres du PS, vous ne semblez ni être suivi par la direction du PS, ni par les dirigeants du Front de gauche et du NPA. Vous vous préparez à une longue marche ?

Yan’an est en vue ! Au moins avons-nous un cap et une stratégie ! C’est déjà beaucoup et, de plus, nous ne comptons que sur nos propres forces ! Si l’on est raisonnable, il convient de constater qu’il y a dans notre pays, au-delà des clans, des écuries présidentielles et des groupuscules, des ressorts intellectuels et moraux qui peuvent nous permettre de bâtir ce socle sociologique et majoritaire stable qui seul pourrait engager une politique de redressement républicain. A nous de nous rassembler pour ce faire.

  1. Propos recueillis auprès des auteurs du livre Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin par Bernard Teper []
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La Bibliothèque Républicaine

par Olivier Liétard

Les vieux militants s’attristent souvent de voir leurs jeunes successeurs aborder la politique avec des tonnes de bonne volonté mais sans aucune connaissance des fondamentaux, ce qui les conduit à réinventer la roue (au mieux) ou à s’enferrer dans des contresens (au pire). Dans tous les cas, il y a là un gâchis phénoménal de temps et d’efforts, qui explique en grande partie l’inefficacité des petits partis de gauche à construire une alternative crédible aux modèles néolibéraux et sociaux-démocrates qui tiennent aujourd’hui le haut du pavé. L’élaboration en cours du programme écologique du Parti de Gauche est un exemple frappant (et navrant) de l’inculture de ses jeunes rédacteurs, qui ne se rendent pas compte qu’ils suent sur une pâle copie de la contribution du Mouvement d’Écologie Politique (MEP) au livre de la campagne 1981 d’Aujourd’hui l’Écologie, Le pouvoir de vivre.

Dans un tel contexte, on ne peut que saluer l’initiative des éditions Le Bord de l’Eau, celle de la réimpression de tous les textes fondamentaux de la Troisième République dans la collection Bibliothèque Républicaine dirigée par Vincent Peillon. Chaque titre est présenté par un spécialiste du thème abordé, ce qui lui donne une dimension actuelle extrêmement intéressante et invite le lecteur à sentir combien les idées proposées il y a plus d’un siècle sont toujours d’actualité ; elles le sont même d’autant plus depuis que nous sommes confrontés à la déferlante réactionnaire néolibérale. On trouvera la liste complète des ouvrages réédités sur le site de l’éditeur : www.editionsbdl.com. La fiche de lecture présente se limite à trois livres phares de la collection, sans vouloir cependant atténuer l’intérêt de tous les autres.

A tout seigneur tout honneur sur ReSPUBLICA : La foi laïque de Ferdinand Buisson (1841-1932). Voilà un incontournable que l’Éducation Nationale devrait offrir à tous ses enseignants afin qu’ils comprennent l’importance de la mission qui leur est confiée et qu’ils disposent de tous les guides sans lesquels ils ne sauraient remplir cette mission sans faillir. Livre de chevet obligé également pour tous ceux qui voudraient participer efficacement à l’éveil politique de tous les citoyens, éveil-réveil sans lequel la reconstruction du socialisme est impossible. Il serait trop long de résumer ici l’œuvre de Buisson 1 , tant elle est considérable : sa présentation par Mireille Gueissaz, d’ailleurs, n’a pas nécessité moins d’une quarantaine de pages, c’est dire sa richesse. Mais la définition de la laïcité qui y est proposée est assez simple et sert de fil conducteur tout au long de la lecture : le respect de chaque conscience passe par le rejet de tous les dogmes. Le rôle de l’enseignant, en conséquence, consiste à éveiller chez ses élèves le sens critique qui, lors de l’étude de toutes les idéologies (qu’elles soient religieuses ou politiques, c’est-à-dire, en fin de compte, philosophiques), les amènera à trier le bon grain de l’ivraie : garder l’idée de base comme un acquis social qu’il serait contre-productif de retrouver par soi-même, mais l’enrichir par sa réflexion personnelle. Toutes les idées, lorsqu’elles dérivent vers le dogme, aboutissent aux désastres que l’on sait (inquisitions entre autres, mais aussi famines du « socialisme réellement existant » et hyper pollution générée par le stakhanovisme).

Aussi, s’il convient de bâtir sur les idées passées, il n’en faut pas moins lutter contre leur tendance naturelle à l’exclusive : c’est ainsi que se comprend la laïcité. Certes, à la lecture de Buisson, on pourra s’irriter de la foi outrancière en la science que tous les penseurs de son temps partageaient, sans se rendre compte que leur scientisme était une idéologie comme les autres. Il aurait fallu pour cela qu’ils assimilent la révolution introduite par Einstein au début du vingtième siècle, à savoir que l’ambivalence n’est pas la contradiction. Cent ans après, tout scientifique digne de ce nom sait qu’il ne saurait progresser sans comprendre que la logique d’Aristote du « ou exclusif » est dorénavant inopérante, et qu’il lui faut accéder à un niveau bien plus complexe de la réflexion, celui du « et inclusif » : un photon est une onde ET une particule, l’univers est fini ET on peut y voyager indéfiniment (univers sphérique dodécaédrique de Poincaré). Il en va de la science comme de la philosophie : toutes les idées se valent, et il convient de les juxtaposer pour une meilleure compréhension, plutôt que de s’enferrer dans une seule — celle de l’idéologie à laquelle se soumet le scientiste. C’est l’illustre Richard Feynman qui disait : « attaquez un problème par une méthode de résolution, vous obtenez UNE solution ; multipliez les approches, et vous aurez LA solution ». Il en va de même en philosophie et donc en politique, et là est toute l’essence de la laïcité : c’est par la multiplication des regards (la libération des consciences) et leur juxtaposition que naît la vérité (reconnue et acceptée par tous).

Deuxième incontournable : Solidarité de Léon Bourgeois (1851-1925). Le solidarisme était très en vogue à l’orée du vingtième siècle en France, et c’est sur sa base que le Conseil National de la Résistance nous a concocté tous les organismes de protection mutualistes contre les risques (maladie, accidents, chômage et vieillesse), organismes dont notre pays peut se glorifier aujourd’hui (et qui atténuent chez nous les conséquences de la crise mondiale que nous traversons). A l’heure où le néolibéralisme le plus débridé détruit miette après miette ces structures de solidarité nationale, on ne saurait concevoir de résistance efficace sans un retour à l’étude des considérations de Bourgeois. Même constatation que pour Buisson : c’est tellement riche que là aussi, l’introduction de Marie-Claude Blais fait quarante pages. Difficile donc de résumer ; on pourra dire cependant que Bourgeois a bâti son propos sur deux idées directrices, celles de dette sociale et de quasi-contrat.

En un mot : tout citoyen devrait comprendre qu’il jouit des acquis sociaux cumulés par ses ancêtres et amplifiés par le travail de ses contemporains ; en cela il est redevable par quasi-contrat d’une dette sociale envers ces derniers ET les générations à venir, générations envers lesquelles il doit au minimum la conservation, au mieux la bonification, du territoire national (voire aujourd’hui du biotope humain). Voilà une philosophie sociale qui tente d’élargir celle de la Déclaration des droits de l’homme, toute de libéralisme et d’individualisme, à celle de ses devoirs envers la société, essence même du solidarisme. Bourgeois le dit lui-même : il est grand temps d’écrire la Déclaration des devoirs du citoyen, sans laquelle on aboutit aujourd’hui au libertarisme. D’un côté les évadés fiscaux en tous genres du néolibéralisme, de l’autre les assistés sociaux perpétuels, tous unis dans la lecture de leurs droits et dans le rejet de leurs devoirs. Entre les deux : des citoyens véritables, en nombre de plus en plus réduit, qui se plient aux obligations du quasi-contrat tout en s’indignant chaque jour davantage de sa dénégation par les suppôts du néolibéralisme et les bénéficiaires du populisme.

Pour avoir écrit moi-même La fin des inégalités (L’Harmattan, 2008), je me suis rué sur Les idées égalitaires de Célestin Bouglé (1870-1940). C’est truffé de petites phrases lapidaires, mais l’introduction de Serge Audier (plus de 110 pages !) est tout à fait monumentale, en particulier son dernier paragraphe, intitulé Le solidarisme républicain aujourd’hui : l’enjeu écologique. Voilà quarante ans que je ne comprenais pas pourquoi, instinctivement, je ne pouvais concevoir de socialisme sans écologie : grâce à Audier, j’ai enfin compris. Rien que pour cela, je ne saurais trop recommander cette lecture… mais à chacun ses dadas !

  1. Sur Ferdinand Buisson, nous recommandons également un ouvrage de Pierre HAYAT, La Passion laïque de Ferdinand Buisson, Paris, Éditions Kimé, 1999, 122 p. (coll. « Philosophie-épistémologie ») [NDR] []
Politique française
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« Bien vieillir » un défi majeur de notre société

par Bruno VALENTIN
Secrétaire National à la Santé
République et Socialisme

Une atteinte aux droits fondamentaux des personnes âgées est dans les tuyaux du gouvernement. Un projet de décret du ministère du Travail modifie les dotations accordées aux établissements publics et associatifs et prévoit de leur laisser une plus grande liberté pour fixer le tarif hébergement, une des trois composantes du prix de journée, avec les soins et la dépendance. Allons-nous vers un système à deux vitesses ? Cette révision tarifaire est imposée par la loi de financement de la Sécurité Sociale de 2009. Il s’agit en pratique de laisser la maison de retraite fixer elle-même son prix de journée pour les personnes qui ne bénéficient pas de l’aide sociale.

Le vieillissement de la population est tout à la fois une chance et un défi majeur pour notre société, qui appelle une vision politique et sociétale ambitieuse et volontaire. La politique menée par l’État envers nos aînés les plus vulnérables présente malheureusement des contradictions avec les dernières lois censées favoriser l’accompagnement de la perte d’autonomie et avec les plans nationaux en cours (plan solidarité grand âge, plan alzheimer, soins palliatifs…). Cette politique risque de conduire à une baisse sensible de la qualité des prestations et à un rationnement des soins envers les personnes âgées.

République et Socialisme condamne les mesures qui tendent à la maîtrise purement comptable des enveloppes budgétaires des structures.

République et Socialisme fait le constat suivant pour le maintien à domicile :

Le soutien à domicile des personnes âgées recouvre un champ de prestations très vaste, tel que l’accompagnement dans les gestes de la vie courante ou dans les activités domestiques, le transport accompagné ou encore le portage de repas, les activités sociales, les soins… Pourtant, les pouvoirs publics ne proposent pas de solutions structurantes face aux difficultés financières que rencontrent actuellement les services d’aide, de soins ou d’accompagnement à domicile et les personnes âgées accompagnées.
Les services d’aide et d’accompagnement à domicile ayant fait le choix de la qualité des prestations et de la qualification de leur personnel se voient aujourd’hui pénalisés par une tarification ne prenant pas en compte ces coûts.
L’allocation personnalisée d’autonomie (APA) se révèle bien souvent insuffisante pour financer le maintien à domicile des personnes âgées les plus fragilisées : « l’importance du reste à charge pour les personnes les plus démunies et les plus dépendantes limite fortement les possibilités de maintien à domicile. » - rapport public annuel de la cour des comptes du 4 février 2009. Quant aux avantages fiscaux, ils restent hors de portée de cette même population, le crédit d’impôt destiné aux personnes ne payant pas l’impôt sur le revenu excluant les personnes âgées.

République et Socialisme constate également dans les établissements :

L’abandon progressif de la qualité au profit de choix exclusivement budgétaires dans la contractualisation entre l’Etat et les établissements

Jusqu’à présent, la loi instituant les conventions tripartites (Etat – département – établissement) et le cahier des charges de ces mêmes conventions (avril 1999) prévoyaient que les moyens des établissements devaient être corrélés d’une part au besoin d’aide des résidents, et d’autre part à des objectifs de renforcement de la qualité.
En instituant une méthode de calcul de l’allocation de moyens des établissements totalement déconnectée de la qualité, et basée uniquement sur des indicateurs de pathologie et de perte d’autonomie, l’Etat donne un coup d’arrêt à la dynamique de qualité contractualisée développée dans les établissements depuis 10 ans. Les négociations budgétaires et tarifaires prennent désormais le pas sur la qualité basée sur les projets de vie des personnes accompagnées.

Une baisse de moyens inexplicable pour certains établissements

Cette nouvelle méthode de calcul des dotations aux établissements arrêtée par l’Etat est plafonnée à des niveaux très inférieurs aux objectifs fixés par ailleurs dans les plans gouvernementaux tels que le plan solidarité grand âge ou le plan alzheimer 2008-2012… « expérimenter la présence d’infirmières de nuit formées aux soins palliatifs » dans le plan de développement des soins palliatifs 2008-2012. Alors que ces plans prévoient de renforcer les effectifs en personnel qualifié pour améliorer l’accompagnement de nos aînés, l’Etat a plafonné les dotations relatives aux soins au niveau des dotations moyennes actuelles des établissements. Ce sont ainsi plusieurs centaines d’établissements qui sont considérés comme « sur-dotés » ; ces établissements vont-ils être contraints de licencier une partie de leur personnel soignant ?
En outre, les plafonds fixés par l’Etat correspondent à un ratio global d’encadrement d’à peine plus de 1 salarié pour 2 résidents. Or cet objectif est insuffisant au regard des besoins et des ratios actuellement observés sur le terrain. (le plan Alzheimer prévoit 1 salarié pour 1 résident) Ce sont les mêmes qui promettent dans des plans ambitieux et qui font des « coupes sombres » dans la réalité budgétaire ! ! ! ! allez comprendre…
Les conventions tripartites devaient être un moyen d’allouer équitablement des moyens aux établissements, or le nivellement se fait par le bas.

Les démarches qualité et de prévention mises a mal

Outre la suppression de toute référence qualité dans ses calculs, le nouveau système de convergence tarifaire risque de conduire à un abandon forcé des démarches de prévention dans les établissements. Les récents évènements de la maison de retraite de Bayonne atteste que le gouvernement devrait être encore plus vigilant. Même si l’Etat enjoint les établissements d’appliquer les recommandations de bonnes pratiques publiées par l’ANESM (agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services médico-sociaux), et notamment celles portant sur l’accompagnement alzheimer, dont la mise en œuvre doit conduire à une amélioration de l’état de santé des résidents. Or, comment mettre en œuvre ces recommandations sans les moyens correspondants ?
La certification des établissements médico sociaux feraient ressortir des manques en matière de prise en charge, de sécurité…et engendrerait des fermetures de structures, véritable mouroir… Plutôt fermer les yeux… les projets de l’ANESM sont de la poudre aux yeux…

Un coût toujours plus élevé a la charge des résidents et de leurs familles

La réduction des dotations soins organisée et la libéralisation (du tarif hébergement) risquent fort de se répercuter sur le coût de l’hébergement payé par les résidents, lequel devient alors la seule variable d’ajustement pour pallier les carences du dispositif.

Ce que République et Socialisme exige pour le maintien à domicile :

  1. Un droit opposable du vivre décemment à domicile pour les personnes.
  2. Un vrai financement de l’aide à domicile comprenant la qualité des prestations et la professionnalisation des personnels.
  3. Des tarifs décents pour les services de soins infirmiers à domicile (ssiad), pour notamment permettre d’assurer une continuité de service à l’égard des personnes les plus fragilisées.

Ce que République et Socialisme exige pour l’amélioration de la prise en charge dans les établissements :

  1. Allégement de la part de financement pour les résidents et les familles ; aujourd’hui le coût d’un établissement, supporté par le résident et sa famille, est en moyenne de 1800 euros par mois. il dépasse ainsi très souvent les possibilités financières des personnes puisque le montant moyen des retraites est de l’ordre de 1000 euros par mois.
  2. Création de 500.000 emplois prévus au service des personnes âgées ; l’aide aux personnes âgées est un formidable vivier d’emplois pour l’avenir ; il s’agit en outre d’emplois non délocalisables et équitablement répartis sur l’ensemble du territoire. L’aide à l’autonomie doit être considérée non plus seulement comme une charge et une source de dépenses publiques incontrôlables, mais davantage comme un engagement éthique et un investissement économique générant un formidable retour sur investissement pour l’ensemble de l’économie du pays, vecteur de l’aménagement du territoire et de solidarité intergénérationnelle.
  3. Modernisation des établissements et professionnalisation les équipes ; il faut que les établissements restent des lieux de vie, de prévention et de soins.
  4. Application de la réglementation et les recommandations de l’Etat ; nous demandons l’application du plan solidarité Grand Age et du Plan Alzheimer, avec les moyens nécessaires correspondants ; la possibilité de mettre en œuvre toutes les recommandations de bonne pratique initiées ou publiées par les professionnels et les pouvoirs publics.
  5. Ajustement des politiques aux discours prononcés ; le gouvernement doit donner aux établissements et services les moyens de leurs ambitions.

République et Socialisme exige la reconnaissance de la gérontologie comme une spécialité pour tout le personnel soignant (IDE, AS, animateur, AMP…) pas uniquement pour les médecins et que les démarches qualité initiées par les établissements soient reconnues et encouragées par les pouvoirs publics.

République et Socialisme demande au gouvernement d’engager un grenelle de la solidarité envers nos anciens.

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L’(auto)-extermination de la classe ouvrière

par Jacques Broda

Il y a vingt ans, à Marseille nous inaugurions un colloque : “Travail et Santé Mentale”, nous pointions déjà à l’époque les atteintes à la santé psychique dans un article : “Pression, répression, dépression”1 . Nous étions au début de la grande opération d’(auto)-extermination salariale, via le chômage, la (sur)charge de travail, la mobilisation psychique, la précarisation de tous les rapports sociaux, la régression des organisations de classe, et du parti communiste comme vecteur identitaire.

Vingt ans de recherches dans les quartiers populaires, les cités, le Secours Populaire, les jeunes étudiants, vingt ans de quêtes et d’enquêtes me conduisent au concept d’auto-extermination. Il me semble supérieur à la notion de santé mentale ô combien dépassée, à la notion de souffrance au travail, cette dernière évacue dans son énoncé les rapports sociaux, se contente des relations salariales. Aucune analyse ne saurait évacuer la violence de l’exploitation de l’homme par l’homme ; c’est à partir de ce rapport qu’il faut interroger la déferlante actuelle. Le sens du travail ne se confine pas à la sphère limitée de l’atelier, du bureau, du groupe des pairs, du collectif, des petits chefs et des pressions hiérarchiques. La spoliation généralisée - jusqu’à l’extermination - c’est le travail du capital.

L’extermination par le travail et dans le travail est mise en jeu à partir des trois formes d’extraction de la plus value : plus-value absolue, plus-value relative, plus-value extra. Dans la mondialisation, ces trois formes d’extraction sont mises simultanément à l’œuvre à partir des modes de management essentiellement basés sur l’évaluation et le contrôle des activités humaines, insupportables aux sujets vivants.

J’ajouterai une quatrième plus-value, la plus-value intégrale, celle qui totalise les trois classiques plus une plus-value qui s’obtient par l’appropriation de toutes les capacités humaines : physiques, cognitives, psychiques, voire inconscientes. Le travailleur sollicité corps et âme, s’engage à fond sous les fourches caudines du capital, avec la capacité d’intégrer toutes les formes d’exploitation en une seule, jusqu’à son intégrité singulière. La plus-value intégrale c’est l’exploitation jusqu’à la mort du désir.

Quand la mort du sujet et du collectif sont le cœur du rapport social, nous parlerons d’(auto)-extermination.

Depuis trente ans les stratégies capitalistes ont visé à la destruction des organisations et des syndicats de classe, des partis révolutionnaires porteurs d’un projet d’émancipation. Sans utopie, sans idéal, sans une transcendance politique du travail et de l’acte au travail, le travailleur se retrouve seul, nu. On assiste alors à un long processus de dégradation, de découragement, de renoncement, de trahisons voire de corruptions quant aux idéaux et aux projets universels qui dépassent très largement la question de la maîtrise de son espace de travail, de sa ligne de profit. Cette contradiction qui se loge au sein de la valeur, Marx la désigne comme travail abstrait. La distorsion cosmique entre travail concret et travail abstrait signe la crise du travail.

La perte de sens, de dignité, la soumission aux pressions ne peuvent être combattues qu’en liquidant le Capital comme forme de domination généralisée du travail et du travailleur. Quand plus rien ne fait sens, quand le sens de son existence surinvestie dans le travail s’effondre, quand les adhésions imaginaires aux logiques managériales se dévoilent dans leurs cruautés, le sujet s’effondre, dans un face à face mélancolique avec la seule instance qui ne le trahit pas : la mort.

Les suicides au travail, sont la face immergée d’un iceberg. Ils signent un mal universel : au Japon tous les matins des travailleurs se jettent sous les trains2 .

Dénoncer d’un côté la crise financière et de l’autre la souffrance au travail sans les mettre en rapport pour le coup est suicidaire de la politique. Il ne s’agit pas de réguler le capital d’un côté et de changer le travail de l’autre, il s’agit de construire la totalité inédite du sens humain de nos actes. Trop de morts, trop de souffrances, trop de désespoirs, trop de vies gâchées à l’autel du profit capitaliste ! Le moment est venu de rassembler toutes les forces de résistances. Si nous voulons changer le monde, il faut le nommer, et comme nous l’enseigne Freud, remonter aux causes, appeler un chat un chat !

  1. Broda, J ; « Pression, Répression, Dépression », Perspectives psychiatriques, 1990, n°22 []
  2. “Stress, surmenage, la mort en silence de milliers de travailleurs japonais” (AFP) – 11 janv. 2009 []
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Quand la plateforme de France Télécom devient un camp de travail

par Roger Latour

Les employés de la plateforme de Lille n’en croyaient pas leurs yeux. Seraient–ils tombés dans un camp de travail obligatoire avec maltraitances ? Les élèves des lycées professionnels de l’académie de Créteil reçoivent plus d’égards puisqu’on les  « intéresse », qu’on leur parle gentiment et que les instructions visent à former le citoyen.
On a beau leur rappeler, à ces petits chefs, que la meilleure façon de motiver le personnel est de faire régner un climat de confiance, ces « managers » ont mal compris la leçon. Se prenant pour des DRH (ah ! les ressources humaines !) ils sont plus près des chefs de camp. Donnez une once de pouvoir et voilà ce que cela donne.
Le mardi 27 août 2007 (au début donc de la méthode FT pour décourager les personnels), un chef de plateforme, un incertain Dominique M., remobilisait ses troupes par quelques aboiements. Quelques citations d’un document qui fera date, et de plus écrit dans un charabia et avec des fautes d’orthographe dont aurait honte un élève de cours moyen.

“”je vous fait (sic) un rappel sur les règles de fonctionnement du 1014 » … « Cependant rien n’interdit d’arriver 10 mn plus tôt pour dire bonjour à ses collègues (mais sans les dérangés (resic) si ils sont déjà en plein travail”

Et le chef ne manque pas ni d’ élégance ni de respect :

“De plus, un grand respect des autres est demandé. : on laisse le soir en partant son bureau nickel. débarrassez vos gobelet (resic), vos feuilles de brouillon, vos photos perso, en 2 mots votre « bordel »”

Spécialiste en civisme, le monsieur concède : 

” « ces remarques sont juste une question de civisme, vous n’aimeriez pas que l’on vous fasse la même chose. »”

Voilà qui est bien dit !!!
Et la totalité du document est de cette veine. On est plus près d’une maison de correction ou du goulag que d’une entreprise qui fut autrefois le fleuron du service public. Même le CAC 40 n’a pas entériné cette avancée sociale. A désespérer du management à la française.

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Pour un accès des filles à tous les internats de Prépa

par le collectif Ouvrons les portes !

Source de l'article

Par la présente pétition, nous dénonçons les inégalités entre filles et garçons scolarisés en Classes Préparatoires aux Grandes Écoles (CPGE) dans l’accès aux internats de leurs lycées.
En France, sur 16 académies, 3412 places d’internats (36%) sont proposées en CPGE aux filles contre 6087 places pour les garçons (64%). Certains lycées ont même choisi de n’héberger que des garçons… Pourquoi accepter cette exclusion parfois systématique des filles ?

Une étudiante discriminée en raison de son sexe est amenée à chercher parmi des logements : moins nombreux, à coût plus élevé, plus distants, souvent tenus par des institutions religieuses (n’offrant pas aux filles les mêmes conditions de laïcité qu’aux garçons dans les internats des lycées publics). Les jeunes filles issues de milieux socialement défavorisés sont particulièrement vulnérables face à cette privation de ressources.

Ces inégalités d’accès au logement induisent des inégalités en termes d’éducation :
1. les temps de transports plus longs entre le domicile et le lieu d’étude sont pris sur le temps d’étude ou de repos, parfois limité en CPGE.
2. elles ne peuvent bénéficier des mêmes conditions de travail que les garçons : bibliothèque du lycée, travail en groupe, restauration, équipements sportifs…
Les solutions alternatives actuellement proposées à ces filles, scolarisées dans des lycées dont l’internat est réservé aux garçons, sont discriminantes socialement et scolairement.

Nous, collectif d’associations Ouvrons les portes ! (Paris Montagne, Femmes et Sciences, Femmes et Mathématiques, Femmes Ingénieurs) avons donc décidé de saisir la HALDE pour que TOUS les internats de CPGE soient ouverts aux filles comme aux garçons.

Si vous pensez que l’internat est une aide qui devrait être accordée non pas en fonction du sexe mais en fonction du mérite scolaire, de la distance et de la condition sociale, soutenez-nous en signant cette pétition ! » sur le site http://www.ouvronslesportes.org/petition/

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Projet de Charte de la laïcité pour le Canada

par Hakim Arabdiou

Nos camarades laïques canadiens, fondateurs du Collectif citoyen pour l’égalité et la laïcité, viennent d’élaborer un projet de Charte de la laïcité dans leur État, qu’ils espèrent faire adopter par leur Parlement.

Ce projet de charte rappelle d’abord l’absence de référence au caractère laïque de cet État dans aucune des lois canadiennes. Il ne considère pas moins que l’État canadien est laïque de fait. Cette situation est selon ce texte l’aboutissement d’un long processus d’accès à la modernité de cette société et de son État, symbolisé notamment par la fin de l’obligation, qui était faite aux femmes canadiennes, et à elles seules, de se présenter la tête recouverte devant leur Assemblée nationale.

Il cite aussi quelques grandes étapes de ce processus. Il s’agit d’abord de cette avancée notable, qu’a été l’obtention, en 1940, du droit de vote par les Canadiennes ; de l’instauration de l’État du bien-être social, dit État- providence, de la promulgation, en 1975, de la « Charte des droits et libertés de la personne », qui proclame l’égalité en droit et en dignité entre les hommes et les femmes. Cette dernière charte a favorisé grandement l’obtention de nombreux autres droits par les femmes du Québec, et constitue l’un des socles de la modernité du Québec.

Autre victoire des forces laïques et du peuple canadien : l’achèvement, en 2005, de la déconfessionnalisation de l’École publique, commencée en 1997. Ils sont cependant inquiets et réclament la suppression du « Programme d’étique et de culture religieuse » à l’École qui constitue un « danger pour l’avenir de la laïcité ».

Néanmoins, l’absence de référence explicite et officielle à la laïcité de l’État canadien place les droits démocratiques, égalitaires et les droits des femmes à la merci des rendus de la Cour suprême et des tribunaux ordinaires, auxquels sont de plus en plus soumis des demandes d’« accommodements raisonnables ». Ces derniers ne sont rien moins qu’un euphémisme pour nommer les multiples attaques frontales ou sournoises, contre le caractère moderne et sécularisé des institutions et de la société canadiennes, de la part des islamistes, qui sont présentement les plus virulents, et de leurs amis juifs et chrétiens.

Devant cette offensive, le gouvernement canadien a amendé, en 2007, la « Charte des droits et libertés de la personne », pour réaffirmer l’égalité des sexes en droit et en dignité, ainsi que les droits des homosexuels féminins et masculins, en faveur desquels il envisage de mettre également en place, en 2010, un dispositif de lutte contre l’homophobie.

Ils considèrent pour leur part qu’il est urgent et crucial pour le Canada et tous ses habitants, quelles que soient leurs origines sociales ou nationales et le vivre-ensemble, l’adoption d’une Charte de la laïcité de l’État canadien, seule à même de favoriser le vivre-ensemble et de constituer une digue devant tous les fondamentalismes et les tenants d’une société multiculturelle.

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Un peu de SUCRE dans un monde d’amertumes

En moins d’un an, l’Alliance bolivarienne des peuples d’Amérique (ALBA-TCP), a conçu et mis en place un système régional de compensation de paiements, le SUCRE, associé a une valeur d’échange commune du même nom. Le mécanisme commencera à opérer courant 2010.

Confrontées au délabrement d’un modèle économique qui deviendra bientôt insoutenable, les autorités économiques internationales se contentent de le maintenir sous perfusion et cherchent vainement les recettes nécessaires pour relancer une croissance déprimée. On pourrait voir dans les efforts largement médiatisés des Prix Nobel Joseph Stiglitz et Amyarta Sen, visant à repenser ou plutôt à “recalculer” le développement, l’expression d’une certaine propension universitaire à diluer les urgences de l’actuelle récession. Une démarche aussi stérile que la promesse de certains, à la veille d’un énième sommet de G + quelque chose, de “refonder le capitalisme”.

On ne saurait s’étonner de l’intérêt, pour les élites économiques et politiques du monde, du maintien du statu quo. Surtout quand elles argumentent que la défense du libre commerce, garant de l’intensité des échanges mondiaux, est nécessaire à la préservation du niveau de vie des Occidentaux. Néanmoins les masques tombent lorsque dix-sept des vingt pays qui condamnent ensemble le protectionnisme s’empressent de protéger leurs économies nationales et leurs appareils industriels : le discours économique du G20 est bel et bien truqué. Aussi truqué que le seigneuriage des États-Unis qui relancent leur économie en laissant chuter le billet vert, continuant ainsi à aspirer les richesses du reste du monde.

Au Sud, la crise n’est pas nouvelle et ne fait qu’exacerber trois de ses grands problèmes :

  • l’asymétrie entre, d’un côté, les centres technologiques à haute valeur ajoutée du Nord et, de l’autre, les pays du Sud, condamnés à fournir les premiers en produits de base, ce qui les prive de la possibilité de satisfaire leurs besoins fondamentaux ;
  • l’extrême difficulté des États du Sud à développer des appareils productifs solides, contribuant à la création d’emplois dignes et au bien-être de leurs populations. Une conséquence, là encore, des recettes néolibérales de croissance basée sur les exportations ;
  • et, finalement, le carcan monétaire à peine desserré par le FMI qui, pour atténuer les incohérences d’un monde intoxiqué de dollars mal répartis, a récemment opté pour une attribution généralisée de droits de tirage spéciaux (DTS). Des DTS qui, quand ils sont liquidés, vous renvoient aussitôt à des négociations de vos politiques avec un FMI rajeuni par les “bienfaits” artificiels du G20.

S’inscrivant en faux contre la prétendue résignation des peuples à continuer à subir l’insoutenable, et en guise de réponse modeste, mais bien concrète, à ces trois cancers qui rongent les économies du Sud, l’ALBA1  a créé, le 16 octobre dernier, le Système unitaire de compensation régionale de paiements (SUCRE)2 lors de son septième Sommet de chefs d’État.

Ce mécanisme commencera par compenser les flux commerciaux encore modestes3  entre la Bolivie, l’Equateur, le Venezuela, le Nicaragua et Cuba. Le SUCRE s’émancipera ainsi symboliquement d’autres systèmes internationaux de paiements en utilisant une valeur d’échange commune, le sucre. Comme autrefois l’écu en Europe, le sucre sera composé d’un panier de monnaies nationales. Il ne servira initialement qu’à la compensation entre banques centrales des valeurs des flux de commerce international, et non pas aux transferts de capital. Ces sucres ne seront cependant pas si virtuels que cela, puisque chaque unité émise et attribuée à un pays aura comme contrepartie son équivalent en monnaie nationale, déposé au Conseil monétaire régional, organe suprême du SUCRE.

Il s’agit là d’une manière originale de moins utiliser le dollar dans les échanges entre pays proches et amis. Il reste que les débuts du Système seront nécessairement affectés par l’omniprésence de la devise qui sert de référence pour convertir les monnaies nationales entre elles, qui constitue toujours le moyen de paiement préféré des agents commerciaux, et qui reste l’unité de réserve s’imposant encore aux banques centrales. Après chaque semestre d’opérations libellées en sucres, il faudra donc que les banques centrales convertissent leurs positions en dollars afin oxygéner leurs balances des paiements. Cette opération sera aussi et surtout un moyen de maintenir une politique d’émission fixe, gage de confiance contre d’éventuels risques de spéculation.

À mesure que le commerce intra-régional s’intensifiera, le sucre gagnera en poids et en crédibilité. En espaçant progressivement les liquidations en dollars dans le temps, on pourra en faire un moyen de paiement alternatif interne à l’ALBA, voire l’étendre aux services ou encore l’utiliser avec d’autres blocs monétaires en construction.

S’émanciper du dollar implique que les autorités commerciales des pays membres du SUCRE remplissent le contrat de consolider leurs relations commerciales… De là découlent les deux objectifs de court et moyen terme :

  • d’abord une expansion équilibrée du commerce. Les premiers chiffres seront symboliques : ils ne dépasseront pas l’équivalent d’un milliard de dollars afin de tester le système sans risques. Progressivement, ces montants s’amplifieront. S’il sont aujourd’hui insignifiants, il suffira qu’il croissent au rythme des échanges de ces dernières années (de 17 à 26 % par an depuis 2005) pour devenir consistants. La particularité du SUCRE sera de répondre en premier lieu aux nécessités fondamentales des pays membres, et à s’intéresser au commerce “complémentaire”, réaffirmant ainsi le rôle de l’Etat dans la planification des échanges ;
  • l’investissement croisé entre pays membres, centré sur la consolidation de leurs appareils productifs et l’application du principe de solidarité entre excédentaires et déficitaires chroniques4 . Il s’agit d’intéresser les uns au développement des autres afin de réduire les asymétries commerciales et productives.

Si le système s’amorce correctement, alors, à la fin de l’année 2010 — et c’est en tout cas ce que souhaitent les présidents des États membres — la transformation d’une fraction des positions déficitaires en investissements productifs pourrait commencer à concrétiser les efforts communs visant à consolider le potentiel productif des ces nations riches en ressources et en main d’œuvre. L’intermédiaire de ces opérations croisées sera le Fonds de réserve et de convergence commerciale (FRCC) qui, à l’instar de la Chambre centrale de compensation, sera géré par la Banque de l’ALBA5 .

L’orchestration de ces efforts complémentaires incombera au Conseil monétaire régional, le CMR, qui, à différence d’une Banque centrale supranationale, ne se limitera pas à un ou deux objectifs macroéconomiques ni ne se contentera d’émettre des orientations de politique économique supranationale. Le CMR définira les variables et paramètres du système de paiements, de la monnaie, et il servira de relais en matière d’information commerciale et de politique d’investissement.

Encore beaucoup de “si”, certes, et de gros efforts à accomplir au-delà de l’installation du Système en 2010. Mais, déjà, cinq signatures présidentielles donnent tout leur poids aux premiers grammes de SUCRE déposés sur le plateau d’une économie réelle et constructive. En face : l’arrogance académique et l’amer projet d’hégémonies qui ne seront pas éternelles…

  1. L’ALBA, l’Alliance bolivarienne des peuples d’Amérique, est née en décembre 2004 en réaction symbolique à l’ALCA, connue en francais sous le nom de ZLEA (Zone de libre échange des Amériques). L’ALCA fut définitivement enterrée lors du Sommet des Amériques tenu à Mar del Plata (Argentine) en novembre 2005 en présence de George Bush. Le président bolivien, Evo Morales, a proposé d’ajouter a l’acronyme de l’ALBA la mention TCP (Traité de commerce des peuples), en réaction directe aux traités de libre commerce (TLC) qui ne sont rien d’autre que les versions bilatérales d’une ALCA discréditée. []
  2. En référence au nom du Libertador José Antonio de Sucre, et à l’ancienne monnaie de l’Équateur, dont l’économie a été dollarisée en l’an 2000. Lire http://www.medelu.org/spip.php ?article211. []
  3.   Actuellement, le volume des échanges intra-régionaux entre membres du SUCRE représente à peine 5 % de leur commerce global.  []
  4. Une idée développée par John Maynard Keynes dans le plan qui l’opposa à celui de Harry Dexter White, chef de la delegation américaine à la conférence de Bretton Woods. []
  5. La Banque de l’ALBA dispose d’un statut juridique depuis septembre 2009. []
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Antiraciste, Radouane Bouhlal ?

par Nadia Geertz

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Radouane Bouhlal est prompt à dénoncer le racisme dissimulé, selon lui, derrière toute contestation de toute revendication à caractère islamique. Faut-il en conclure que le président du MRAX est, comme il aime à le laisser entendre, particulièrement sensible à toute forme de discrimination, de préjugé ou de « stigmatisation » ? Un récent communiqué de presse émanant des travailleurs du MRAX réunis en front commun et de leurs délégués syndicaux, intitulé « AU SECOURS ! : Despotisme, autocratie, zone de non droits ! Voilà ce qu’est devenu le MRAX ! » jette un autre éclairage sur un président de plus en plus controversé.

Le premier point de ce texte, en particulier, devrait interpeler tout militant antiraciste. Il y est fait état de l’attitude de Radouane Bouhlal envers les sans papiers. On y apprend que : « Alors que le service social et juridique du MRAX s’active pour répondre aux nombreuses demandes dans le cadre de la campagne de régularisation actuelle, le Président, Radouane Bouhlal, exige des travailleurs du MRAX de demander aux “sans papiers” une participation financière par le biais d’une inscription pour devenir membres de l’association, et utilise pour cela l’argument suivant : “ils parviennent à se payer un mariage blanc à 14.000 euros ou à donner autant à un avocat, ils pourraient nous donner quelque chose à nous aussi”. Il s’agit bel et bien d’une conception scandaleuse du travail social du MRAX mais surtout d’un mépris profond pour tous ses usagers qui pour la majorité sont sans ressources financières. »

Ainsi donc, Radouane Bouhlal, qui n’hésite pas à clamer son indignation face à la stigmatisation insupportable dont seraient victimes les musulmans de Belgique lorsqu’on a le toupet de dénoncer, avec force précautions oratoires, l’extrémisme d’une minorité agissante d’entre eux, se permet quant à lui de tenir des propos dont on peut sérieusement se demander s’ils ne tombent pas sous le coup des missions du MRAX lui-même, censé lutter contre toutes les discriminations.

Je ne vois pas, en effet, en quoi prétendre que « les » sans papiers parviennent à se payer un mariage blanc ou un avocat onéreux est plus acceptable que de déclarer que « les » Arabes ont de quoi se payer une grosse bagnole tout en émargeant au chômage. Or, dire cela, ce serait à coup sûr, et à bon droit, s’attirer un procès infraction aux lois antiracistes. Le problème étant que le président du MRAX ne semble pas s’appliquer à lui-même les préceptes qu’il entend faire respecter par les autres avec la belle intransigeance qui le caractérise.

Ce qui est réconfortant, finalement, c’est de constater que le combat antiraciste tel qu’il est pratiqué par le MRAX ne convainc plus grand monde. A force de recourir à une police de la pensée rendant suspect tout discours laïque, et de pratiquer parallèlement un deux poids deux mesures systématique, Radouane Bouhlal contribue grandement à décrédibiliser l’association qu’il préside. Une association dont ont successivement démissionné France Blanmailland, Michel Staszewski, François De Smet et Abdullah Mohammad « en dénonçant la dérive antidémocratique du CA par la manipulation des débats et la confiscation du pouvoir par quelques administrateurs entourant le Président. ».

Rappelons par ailleurs que le 15 février 2008, Anne Morelli démissionnait également du conseil d’administration du MRAX, expliquant dans sa lettre que « Je vous avoue, que je me sens de plus en plus détachée de ce Mouvement auquel j’ai tant donné, car je ne me sens plus concernée par ses prises de position communautaristes, sa défense systématique de la religion musulmane et ses exagérations continuelles sur une soi-disant “islamophobie” menaçante. (…) Le Mrax apparaît à l’extérieur comme un groupement d’autodéfense utilisé par des musulmans avec quelques hommes liges extérieurs ».

Il n’en reste pas moins que le combat antiraciste méritait mieux que ce naufrage pathétique. Car le racisme, le vrai, ça existe encore.

Agenda

mardi 3 - mardi 3 novembre 2009
Meeting unitaire contre la taxation des indemnités des accidentés du travail

A l’appel de P. Laurent A. Laguiller, J. Fraysse, JC Cambadélis, B. Hamon, M-N. Lienemann, N. Mamère, M. Billard, JL Mélenchon, O. Besancenot, N. Arthaud, Annick Coupé, Eric Beynel, W. Pelletier, G. Filoche… nous vous invitons au MEETING UNITAIRE qui se déroulera le 3 novembre, Bourse du Travail, à 18h30, Salle Grande Croizat, 3 rue du Château d’Eau, Métro : République.

La pétition est signable en ligne à l’adresse : http://www.non-taxation-at.net

samedi 14 - samedi 14 novembre 2009
Formation citoyenne sur la question de la gestion de l'eau

FORMATION CITOYENNE

Nous organisons une formation sur la question de la gestion de l’eau, avec un spécialiste Monsieur Linossier.

A la MAISON DES ASSOCIATIONS
2 rue des Corroyeurs DIJON
Grande salle du RC

Programme

La formation est essentiellement interactive pour être sûr de ne pas
passer à côté des attentes du public.

Programme sur l’organisation de la gestion de l’eau en France via les agences de l’eau notamment. Soit :
- la gestion de la ressource en France
- la gestion locale de la distribution d’eau et de l’assainissement
- les modes de gestion

  • la règlementation, les lois ;
  • les acteurs ;
  • les usagers et leurs associations ;

- que peut faire le collectif

  • les données sur lesquelles il doit s’appuyer
  • vers qui doit-il se tourner pour gagner son combat.

Etude à partir d’un contrat, en principe celui de Dijon.

Pour organiser cette formation une inscription est nécessaire dans les meilleurs délais et avant le 1° novembre.

Ecrire à “Eau 21 - 3 impasse du Vauloin 21370 LANTENAY”

Une participation aux frais, à votre bonne volonté, sera proposée. Le repas de midi pourra être pris à proximité au Foyer des Jeunes Travailleurs

samedi 14 - samedi 14 novembre 2009
Réunion publique sur la laïcité

Organisée par l’UFAL côte d’or, l’UFAL de l’Yonne et les AMD secteur de DIJON
Intervenant : Bernard Teper

Lieu maison des Associations
Rue des corroyeurs
21000 DIJON
contact:
Jacques Delémontez, 0650949804

jeudi 19 - jeudi 19 novembre 2009
Femme Travail Handicap

Sous le patronage de la Mairie de Paris
L’association « Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir »
Organise son quatrième forum national

Parrainé par Claudie HAIGNERÉ,
présidente de la Cité des Sciences et de l’Industrie de Paris, médecin et spationaute

Le jeudi 19 novembre 2009 à la Mairie du 18ème arrondissement de Paris

Télécharger le programme et le bulletin d’inscription.