Chronique d'Evariste
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Passage de l'année du Bœuf à l'année du Tigre : où en est-on ?

par Évariste
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L’importance symbolique du Nouvel An chinois nous entraîne à rompre avec notre tropisme franco-français ou de considérer que la vraie vie est uniquement en Europe.

La crise économique de l’été 2007 et la surmultiplication réalisée par le krach bancaire et financier de septembre 2008 n’en finissent pas de s’approfondir. Les charlatans sociaux et politiques1 nous avaient prédit que 2010 voire 2011 serait l’année de la sortie de crise, s’autocongratulant pour les mesures prises pour éteindre l’incendie. Et puis patatras ! Plusieurs pays du monde ont montré des « souffrances » et puis 3 pays de la zone euro montrent de profondes défaillances.

Les dirigeants néolibéraux du monde n’ont fait que retarder les difficultés en transférant les fonds pourris des banques sur la dette des États.

Même, les économistes néolibéraux ont compris que l’accroissement sans fin de l’endettement des États allait fragiliser d’abord les États les moins solides puis par effet domino du à l’interpénétration des économies mondiales, toucher les économies les plus solides. Ils ont compris que rien ne résisterait au tsunami économique, bancaire et financier si les endettements des États continuaient.

Alors, les amis de Warren Buffet2 ont compris que s’ils voulaient conserver leurs privilèges et donc ne rien changer aux dogmes néolibéraux3 , il leur fallait intensifier la lutte des classes et donc considérer les acquis sociaux comme des variables d’ajustement et non comme des données immuables. C’est par une diminution draconienne des financements sociaux dans le monde entier qu’ils réussiront, pensent-ils, à juguler la crise.

C’est dans ce cadre qu’il faut analyser la concomitance dans la plupart des pays développés de l’organisation d’une nouvelle contre-réforme des retraites. Si l’on analyse cela uniquement dans un seul pays, on obscurcit le paysage et cela ne permet pas de comprendre l’ensemble du phénomène.

Bien évidemment, il n’y a pas de fatalité, même avec la crise économique, qui conduirait à devoir diminuer les retraites, augmenter la durée de cotisations ou encore retarder la durée légale du travail. Mais pour cela, il faut changer de paradigme et tourner le dos aux dogmes néolibéraux notamment celui qui tente de justifier que l’actuel partage de la valeur ajoutée4 est NORMAL et que celui de la fin des années 70 et du début des années 80 était ANORMAL. Et si l’on partait de l’idée contraire ? Voilà « une idée qu’elle est bonne » comme disent certains !

Nous ne pouvons donc que nous étonner de ne pas voir ce point s’immiscer dans le débat de la campagne électorale des régionales. Les partis de gauche se rangeraient-ils sagement à l’idée que ce problème n’entre pas dans les prérogatives des conseils régionaux français ? Que cela fasse partie des préoccupations des Français devrait leur suffire ! Et quand la réforme des collectivités locales diminuera encore les prérogatives de ces conseils, est-ce que les partis politiques de gauche diminueront d’autant le nombre de sujets à débattre ? Sont-ils les élus des citoyens ou les sujets des institutions ? Vaste problème sur lequel nous reviendrons.

  1. Karl Marx appelait charlatans ceux qui voulaient combattre la misère, la pauvreté et les inégalités sociales sans mécontenter le capital []
  2. Milliardaire et partisan de la lutte des classes, il est l’auteur de la formule : « Il y a une guerre des classes et ma classe est en train de la gagner » []
  3. Maintien d’une répartition des richesses terriblement injuste avec un transfert de 9,3 points de PIB par an en un quart de siècle soit plus de 170 milliards d’euros par an en euros 2007. Harmonisation des protections sociales par le bas. Marchandisation, privatisation des profits et socialisation des pertes dans la protection sociale. Alliance des dirigeants du monde avec tous les intégrismes et communautarismes ethniques et religieux. Nouvelle gouvernance mondiale (dirigeants des firmes multinationales, associations multilatérales et régionales du type Union européenne, administration étasunienne []
  4. La protection sociale représente en France 31,3 % du PIB c’est-à-dire plus de 80 % au-dessus du budget de l’État tous les ministères confondus. Elle est le premier budget humain et la première préoccupation des Français et des étrangers sur le sol français. []
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La gauche commence mal le débat sur les retraites

par Bernard Teper
Secrétaire National de l'Union des FAmilles Laïques
Portail des médias de l'UFAL : www.ufal.info

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Alors que l’ensemble de la protection sociale solidaire est sous l’emprise du processus de marchandisation et de privatisation lancé depuis une trentaine d’années par le Consensus de Washington et relayé par les politiques néolibérales nationales, voilà que Nicolas Sarkozy décide d’aborder les retraites après avoir fait reculer le principe de solidarité sur la santé et l’assurance-maladie aux profits des actionnaires des structures hospitalières privées, de l’UNOCAM1 et de l’industrie pharmaceutique.

Dix-sept ans déjà de contre-réformes..

Dès le retour de la droite en 1993 permis par une gestion calamiteuse pour les couches populaires (ouvriers et employés) et pour l’ensemble des salariés des Mitterrand, Rocard et Bérégovoy, la durée de cotisation passe de 37,5 annuités à 40 ans et le calcul du salaire de référence servant au calcul de la retraite s’allonge des 10 aux 25 meilleures années. Last but not least le montant des retraites n’est plus indexé sur les salaires mais sur les prix. Les contre-réformes de 1993 et celle qui suivent de 1994-1996, entraîneront mécaniquement une diminution de 20 points (de 78 % à 58 % du salaire moyen net) de la retraite moyenne des salariés du secteur privé dans l’avenir. En 2003, Fillon instruit par l’échec de Juppé (qui s’attaqua à la fonction publique et aux entreprises nationalisées) s’attaque uniquement aux salariés et passe ces derniers à 40 ans d’annuités. En 2007, le gouvernement remet le couvert et impose les 40 annuités aux salariés des régimes spéciaux.

L’UFAL a déjà (voir Ufal Flash n°89) montré qu’une politique alternative est possible. Mais qui est possible que si on revient à un partage des richesses du début des années 80 entre d’une part les revenus du travail et les cotisations sociales et d’autre part les profits dont la déformation a dépassé les 9,3 points du PIB ce qui correspond à plus de 170 milliards d’euros par an.
Aujourd’hui Nicolas Sarkozy veut attaquer le principe de la répartition pour privatiser les retraites par un accroissement de la capitalisation. Que dans de nombreux pays dont la Grande-Bretagne, les organisations de capitalisation aient perdu jusqu’à 50 % de leur valeur du fait de la crise, du niveau des dividendes aux actionnaires ou de frais de gestion exorbitants, n’a aucune importance, il faut marchandiser et privatiser la retraite.
Martine Aubry pour le PS et Jean-Vincent Placé pour Europe Écologie ont déjà déclaré, comme pour aider Nicolas Sarkozy, que l’âge légal de départ à la retraite « va aller très certainement vers 61 ou 62 ans » (pour la première) et que « l’allongement de la durée du travail est inéluctable » (pour le second) ! Bien sûr, ils déclarent que pour accepter cela, il faudra que le gouvernement accepte de lâcher sur la « pénibilité du travail ». mais le mal est fait ! Comment peuvent-ils annoncer cela alors que le chômage frappe de plus en plus les plus de 50 ans, que la durée réelle d’une carrière est de 37 ans et que donc, mathématiquement, l’allongement de la durée légale diminue le montant des retraites? Et « l’autre gauche » qui ne partage pas ces propositions, quand va-t-elle engager une vigoureuse campagne d’éducation populaire tournée vers l’action pour défendre la protection sociale solidaire ?
Qu’on y prenne garde, les projets de « troisième étage de capitalisation » incluent le « siphonnage » des deux premiers étages comme dans le leurre que constitue l’« épargne retraite ». Un autre leurre est le modèle suédois et ses comptes « notionnels ». Avec ce système, on ne sait plus à l’avance le montant de nos retraites ni quand on pourra partir en retraite. En fait , c’est un système qui avantage les patrons car il s’autorégule par la baisse des retraites et l’allongement de la durée légale de travail. Mais chaque cas est individuel, il n’y a donc plus de de place pour les revendications collectives en matière de retraite. Il n’y aura plus de solidarité intergénérationnelle, l’État pourra instaurer la charité institutionnalisée pour les plus démunis. Tant pis pour les femmes et les chômeurs, car leurs retraites seront calculées sur les années effectivement travaillées dans l’entreprise.

Y a-t-il une fatalité démographique ?

Disons-le tout net, non ! Car avec une aggravation de la crise du capitalisme, ce sont les déficits publics qui nous mettront en difficulté et pas les retraites. Une croissance de 1,7 % par an fait doubler les richesses en 40 ans, soit une augmentation de 1 700 milliards dont un peu plus de 200 milliards seront nécessaires pour les retraites ! Il y a bien là possibilité de financer les 63 % de retraités supplémentaires (passage de 13 millions en 2007 à 21 millions en 2050) ! Bien sûr à condition de ne pas sanctuariser la déformation de la valeur ajoutée notée plus haut.
Rajoutons à cela que pour moitié cette augmentation est due au baby-boom et qu’à partir de 2036, avec l’arrivée des « classes creuses », le nombre de retraités diminuera rapidement. Pour la seconde moitié, due à l’augmentation de l’espérance de vie, le Conseil d’orientation des retraites (COR) 2007 vient de calculer un allongement de l’espérance de vie de 1,1 ans tous les 10 ans soit 0,44 trimestres tous les ans ce qui infirment les chiffres du MEDEF d’une trimestre tous les ans. Encore une fois, les arguments du MEDEF tombent à l’eau.
Continuons avec les chiffres tant aimés par les bac +35 de la finance internationale qui essayent de nous enfumer du haut de leur piédestal.
Le COR 2007 estime que le solde migratoire passera de 50 000 à 100 000 personne chaque année.
Quand les dirigeants du turbocapitalisme ont essayé d’organiser les scenarii catastrophe, ils se sont basés sur un taux de fécondité des femmes de 1,8 – criant au loup parce que les femmes avaient leur premier enfant deux ans plus tard (aujourd’hui 29,9 ans). Errare humanum est, le recul de l’âge au premier enfant n’a pas empêché de faire monter le taux de fécondité des Françaises à 2 ! Avec « environ 69 personnes de 60 ans et plus pour 100 personnes de 20 à 59 ans », nous sommes au-delà des chiffres de 2006 : « 47 personnes de 60 ans et plus pour 100 personnes d’âge actif ». Mais nous sommes très loin des scenarii catastrophe agités à la fin des années 1990 et au début des années 2000 : 81 personnes de 60 ans et plus pour 100 personnes d’âge actif. Cela signifie que la population en âge de travailler ne subirait donc pas, entre 2006 et 2050, la diminution de 4,1 millions prévue par ces mêmes scenarii catastrophes, mais resterait stable.

Quels choix ?

Le rapport du COR de 2001 donnait trois choix :

  1. ne pas augmenter les cotisations retraites et ne pas diminuer le montant des retraites. Dans ce cas, il fallait augmenter de 9 ans la durée de cotisation.
  2. ne pas augmenter les cotisations retraites et ne pas allonger la durée de cotisation. Dans ce cas, le montant moyen des retraites diminuerait de 78 % du salaire net moyen à 43 % de ce même salaire net.
  3. ne pas allonger la durée de cotisation, ne pas baisser le montant des retraites mais augmenter de 15 points le montant des cotisations retraites entre 2003 et 2040.

Jamais la troisième option présentée par le COR n’a été soumise au débat public, pourquoi ? N’est-ce pas la solution la plus acceptable pour les citoyens et leurs familles ? 15 points d’augmentation en un peu moins de 40 ans, cela représente 0,40 point d’augmentation par an. Qui pourrait prétendre qu’une augmentation de 0,25 point de la part patronale des cotisations retraites et de 0,15 point de la part salariale n’est pas préférable à un allongement de 9 ans de la durée de cotisation ou à une baisse de 25 points du montant des retraites ? Et pourquoi ne pas mettre toute l’augmentation sur la part patronale jusqu’à la suppression de la déformation de la valeur ajoutée notée plus haut ?

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Et pendant ce temps, la casse du service public hospitalier continue…

par Bruno VALENTIN
Secrétaire National à la Santé
République et Socialisme

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Alors que des millions d’euros ont été négligemment dilapidés pour prévenir la grippe A !! … L’État s’attaque à l’hôpital public, nous en voulons pour exemples :

- L’hôpital des enfants à Toulouse (CHU), très réputé pour son service de cardiologie pédiatrique a été fermé du jour au lendemain sur décision de l’ARH : pourtant un service de pointe qui devait devenir le Centre Interrégional d’organisation sanitaire de la chirurgie cardiaque pédiatrique.

Cette situation relève de l’absurde selon les cardiologues et les chirurgiens toulousains qui pendant plusieurs mois se sont impliqués dans la mise en conformité de ce centre. Ce sont 3 régions qui seront touchées si l’ARH (ARS) ne revient pas sur sa décision. De très petits bébés et des enfants qui devaient subir des interventions ont du être transféré en urgence à Bordeaux dans un service de cardiologie adulte ou à Marseille à plus 5 heures de route.

Cette décision insensée met en danger la vie et la santé de centaines d’enfants.

- La direction de l’hôpital du Centre Hospitalier de Decize (58) confirme l’arrêt des accouchements fin février, malgré l’opposition des élus. Il n’y aura plus d’accouchements à partir du 20 février 2010. La municipalité et les habitants de la Région s’insurgent contre cette décision qui est inacceptable, au seul motif qu’on ne trouve pas de remplaçant au médecin qui part à la retraite et suscite l’incompréhension, en effet, environ 360 enfants naissent chaque année à la maternité. La direction de l’hôpital indique que l’établissement continuera à assurer le suivi gynécologique, les échographies, le suivi pré et post natal, les cours de préparation à la naissance et la rééducation périnéale.

Après Clamecy et Cosne-sur-Loire, c’est un nouveau coup dur pour les maternités de la Nièvre.

- L’Assistance Publique/ Hôpitaux de Paris (AP-HP) est une « grosse machine » sanitaire ; c’est 37 hôpitaux, 90 000 employés et plus de 7 milliards d’euros de budget annuel. Une institution que l’on croyait hors d’atteinte mais Sarkozy a osé le faire ! ! ! Il prévoit de « rendre » 1000 postes en 2010, la prise en charge des patients est déjà insatisfaisante et la charge de travail importante, les agents ont déjà des problèmes pour poser leurs congés…. Si l’année 2010 fait peur, les suivantes également. Il est prévu la réduction annuelle de 1% de postes de personnel soignant jusqu’en 2012.

- L’hôpital de Decazeville (12) : arrêt du financement du service de soins continus pourtant, c’est un service qui fonctionne et il faudra faire plus de 40 kms pour que le patient soit pris en charge…

- Autres atteintes des services publics, ce sont les Centres d’Interruption Volontaire de Grossesse, par souci d’économie mais aussi pour « faire les yeux doux » aux lobbyistes de l’anti-avortement. Depuis Juillet, et le départ en retraite du médecin, le centre IVG de Tenon est fermé pour une durée indéterminée. Les femmes dans l’attente d’IVG sont dirigées vers l’Hôpital Saint Antoine, mais nous savons que la maternité et le centre IVG ST Antoine va disparaître aussi, les femmes devront alors aller à l’hôpital Trousseau, dont on ne sait si les capacités d’accueil répondront aux besoins. Cette année en région parisienne 3 centres ont fermé: Jean ROSTAND, BROUSSAIS, TENON, et prochainement AVICENNE. C’est non seulement une casse des services publics mais aussi une atteinte à la liberté des femmes de « disposer » de leurs corps !

- SISTERON, CREIL, VALREAS, CLAMECY… et la liste est malheureusement très longue de ces hôpitaux menacées par les décisions injustes du gouvernement français.

République et Socialisme sera aux cotés de ceux qui souhaitent garder un système public hospitalier de qualité et de proximité ! seule garantie d’une égalité de traitement de tous les patients quels qu’ils soient !

République et Socialisme exige le maintien des structures pratiquant l’IVG (c’est une obligation : loi du 30/11/1979)

République et Socialisme exige le maintien des grands centres de soins qui font la renommée du système sanitaire français !

République et Socialisme demande que soit mis en place rapidement des Etats généraux de la Santé !

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Sarkoz'îles : grands projets, petits desseins

par Pascal Basse
Saint-Pierre, Ile de la Réunion
délégué national du MRC à l'outre-mer

Dernière lubie du président, formulée le 19 janvier à Saint-Denis de la Réunion : présenter désormais ses vœux spécifiquement aux Français d’outre-mer chaque année depuis un territoire ultramarin différent. Vaste programme, il lui faudra au moins un second mandat pour honorer un tel engagement. Nous voici davantage informés quant à ses intentions pour 2012… Cela dit, comment interpréter ce traitement spécifique? Y aurait-il, aux yeux du président, différents types de français ? Les citoyens d’outre-mer sont-ils considérés, pour reprendre la formule d’Aimé Cesaire, comme ” des Français à part entière ou des Français entièrement à part ? “.Étrange initiative, pour ne pas dire inquiétante, de la part d’un président censé représenter l’ensemble des Français.

Tout aussi inquiétant, le coût de cette escapade d’un jour à la Réunion : deux hôtels de luxe, trois avions, plusieurs cohortes de forces de l’ordre appelées en renfort depuis la métropole, etc. , le tout pour assurer un déplacement présidentiel officiel qui, vu de la Réunion, ressemble davantage à une campagne électorale destinée à soutenir la liste UMP aux élections régionales de mars 2010. En évitant soigneusement d’être accueilli par l’un ou l’autre des présidents des deux collectivités territoriales (à majorité de gauche), le président Sarkozy s’assoit délibérément sur les usages protocolaires républicains. En s’affichant constamment au milieu des seuls barons locaux UMP, candidats aux élections de mars, monsieur Sarkozy donne l’image d’un président partisan, contraire au rôle d’arbitre que lui confère l’esprit de la constitution.

Le choix de la Réunion n’est pas anodin. Pas de Domota et de LKP guadeloupéen dans les parages, le mouvement mis en place pour lutter contre la vie chère à la Réunion (COSPAR ) utilise des formes de protestation plus traditionnelles : le séjour n’en sera que plus tranquille, à quelques charges policières et gaz lacrymogènes près quand même. D’autre part, monsieur Sarkozy est un adepte de la méthode Coué : il a obtenu son pire résultat à l’élection présidentielle à la Réunion (36,3%) : il mettra un point d’honneur à ce que la droite locale lave l’affront et, cerise sur le gâteau, empêche ainsi toute possibilité de grand chelem de la gauche aux régionales. On a les victoires que l’on peut!
Le président a aussi besoin de faire oublier le récent échec de la mise en place de la taxe carbone : que pouvait-il trouver de mieux pour ” reverdir” son blason que de s’approprier le temps d’une journée cette vitrine du développement durable qu’aspire à devenir le territoire réunionnais?

Les vœux formulés pour l’outre-mer par le président, au-delà de quelques effets d’annonces, accentuent cependant la rupture avec les pratiques de ses prédécesseurs. Avec Sarkozy semble s’achever le cycle de la départementalisation. Place à celui des expérimentations et des initiatives à géométrie variable, “liberalism is back”! “Fin de l’assistanat”, “nouveau modèle de développement moins dépendant de la métropole” s’inscrivent dans la lignée des propos tenus lors de la convention nationale de l’UMP (juillet 2006) alors présidé par Nicolas Sarkozy. On y enterra définitivement toute perspective de rattrapage pour les DOM. Mayotte, département en 2011, sera la seule exception où l’État aura à intensifier son action pour créer les conditions d’un développement rapide du territoire. Partout ailleurs, les mouvements centrifuges devraient s’amplifier. Le prochain quinquennat verra si la ligne jaune à ne pas franchir en matière d’évolution institutionnelle fixée par le président (l’indépendance) est aussi intangible qu’il le souhaite. La Nouvelle Calédonie pourrait bien être le premier territoire à explorer les confins de l’autonomie, voire à les dépasser. D’autres outre-mers pourraient, par réaction en chaîne, explorer d’autres formes de gouvernance, et flurter avec les lignes jaunes, un jour…

Algérie
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"Daniel Timsit, l’Algérien" par Nasredine Guenifi

par Hakim Arabdiou

Fidèle à sa tradition, Magic Cinéma, de Bobigny, vient de projeter en avant-première, le documentaire du réalisateur d’origine algérienne, Nasredine Guenifi, intitulé, Daniel Timsit, l’Algérien, relatif à ce communiste et résistant anticolonialiste, d’origine judéo-berbère, né le 16 janvier 1928, à Alger, et décédé le 1er août 2002 à Paris où il exerçait comme médecin. Ce documentaire se veut un hommage aux combattants « Algériens non-musulmans qui ont participé activement à la guerre pour l’indépendance » de leur pays ; et qui « sont aujourd’hui injustement oubliés ou méconnus. »1

Daniel Timsit, de mère constantinoise, de père algérois et d’un grand-père, rabbin de Constantine, n’aime pas, de par les « valeurs internationalistes et universalistes qui sont les siennes », se définir sur une base ethnique. Il se considère citoyen d’une nation formée de divers apports, berbère, arabe, français, européen, musulman, chrétien, juif… Cela ne signifie nullement qu’il renie ses origines berbère et juive, dont la présence en Algérie remonte à 2 000 ans.

Il évoque également dans le film ce qui a déterminé son engagement militant. C’est d’abord la misère insoutenable dans laquelle le colonialisme avait jeté les « Indigènes », comme les colons aimaient à désigner les Algériens de souches. Puis le « combat contre le nazisme et le fascisme », au cours duquel les dirigeants nationalistes avaient été jetés en prison (en même temps que les communistes) par les autorités coloniales vichystes, à la solde des nazis, parce qu’ils avaient refusé de jouer le jeu de ces derniers. Et enfin, son adhésion « naturelle » au Parti communiste algérien, qui était la seule formation politique qui accueillait les militants de toute origine ethnique ou nationale.

Ce parti a forgé sa conscience politique, ainsi que ses idéaux humanistes et de justice, mais l’avait « obscurci », selon lui, pour ce qui est de la question de l’indépendance de l’Algérie, une dimension qu’il trouvait bien claire chez les jeunes militants nationalistes, de sa génération, du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, de Messali Hadj, des militants auxquels l’unissait le fraternel combat anticolonial.

Il raconte également son engagement dans la lutte indépendantiste, dès les premiers jours de l’appel émancipateur du Front de libération nationale, le 1er novembre 1954. Il faisait alors partie de l’Union des étudiants communistes à l’université d’Alger. Sa principale activité avait été la mise sur pied, avec ses camarades de section, à Birkadhem, à la périphérie immédiate d’Alger, d’un laboratoire du Parti communiste algérien, de fabrication de bombes, et la fabrication de bombes destinées au Front de libération nationale et aux Combattants de la libérations (branche armée du PCA). Arrêté en octobre 1956, torturé et emprisonné, il sera libéré à la veille de l’indépendance de son pays.

Les gens, en particuliers les jeunes algériens, ont tendance selon lui à oublier les horreurs du colonialisme ; un colonialisme qui a également « bloqué le développement historique normal des sociétés » qui furent soumises à sa domination.

Pour autant, il ne dédouane pas les dirigeants de son pays pour le mal qu’ils ont fait à l’Algérie indépendante, à commencer par la guerre fratricide de l’été 1962 qui avait opposé diverses factions du mouvement de la résistance anticoloniale.

Quant aux harkis, ces supplétifs algériens qui avaient servi dans les rangs de l’armée française pendant la guerre de libération nationale, il estime qu’il est temps, quarante ans après l’indépendance de l’Algérie, de leur pardonner, sauf bien sûr pour ceux qui ont commis des crimes.

Il regrette aussi le départ massif des Algériens d’origine européenne et juive, qu’il considère comme un drame. « Ils n’ont cependant pas été chassés », a-t-il tenu à préciser.

Il a également fait part de son espoir de voir s’établir entre la France et l’Algérie des relations sur une base d’égalité et de respect mutuel. Nous ne devobs pas oublier, selon lui, qu’il existe en France jusqu’à trois millions de personnes qui ont un lien ou un autre avec l’Algérie; et la présence en Algérie, de la langue française, une présence plus que nulle part ailleurs, un « butin de guerre », comme l’a qualifiée le romancier algérien, Kateb Yacine. Il ne renie pas non plus sa double culture algérienne et française.

Mais pour lui ces relations ne doivent pas occulter la « vérité historique » qu’ont été les méfaits du colonialisme. Ils doivent être reconnus par la France. On a traduit en justice les criminels de guerre serbes, a-t-on jamais traduit en justice, s’est-il interrogé, des militaires français de hauts rangs, qui ont pratiqué officiellement la torture sur des milliers d’Algériens ?

  1. Les frères de Daniel Timsit et sa soeur étaient également engagés dans les réseaux de la résistance pour la libération de l’Algérie. Leur sœur avait été elle aussi arrêtée et torturée lors de la Bataille d’Alger. (Voir p. 33 d’ Algérie, récit anachronique, éd. Bouchène, Alger 1998, de Daniel Timsit). []
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Nasredine Guenifi : « J’étais loin savoir que je côtoyais un grand fidaï »

par Hakim Arabdiou

Nasredine Guenifi, réalisateur d’origine algérienne, a débuté sa carrière professionnelle à la Radiodiffusion télévision française (RTF), au début de 1962, soit peu avant le cessez-le-feu du 19 mars, qui a vu la fin de la guerre de libération nationale algérienne. Il a rejoint, à l’Indépendance, à Alger, le réalisateur français, René Vautier, qui était chargé de monter un atelier de production cinématographique pour le compte du ministère algérien de la Jeunesse et des Sports, jusqu’à la création du Centre national du cinéma.

Guenifi a ensuite, exercé pendant longtemps en qualité de Directeur de la photo, puis de réalisateur documentariste. Il réside en France, depuis quinze ans. Mais il lui a été quasiment impossible d’exercer son métier. Il s’est alors résigné à réaliser avec ses propres moyens de petits films sur divers sujets, qu’il projetait en milieu associatif, et suivis de débats. Il a publié parallèlement un roman historique, Ahmed bey, l’Algérien, et il est en train d’en rédiger une suite.

Hakim Arabdiou : Comment t’est venue l’idée de réaliser un film sur le résistant communiste et résistant anticolonialiste algérien, Daniel Timsit?

Nasredine Guenifi : J’avais rencontré Daniel pour la première fois en 1997, dans le cadre d’une association “Carrefour des solidarités avec l’Algérie” fondée par Daniel et quelques autres algériens, au plus fort de la tristement célèbre campagne du “qui tue qui en Algérie?”1 Je ne connaissais rien de sa vie antérieure et lorsque j’ai lu son livre « Algérie : récit anachronique », édité chez Bouchène, c’était pour moi une grande surprise, car j’étais loin d’imaginer que je côtoyais un vrai fidaï2 de la guerre d’indépendance de l’Algérie au cours de ce qu’on a appelé, la Bataille d’Alger. Je me disais alors pourquoi lui, un Juif algérien, s’était-il impliqué au péril de sa vie, dans une guerre qui, en principe, ne concernait que les musulmans, uniques victimes du colonialisme. Je me disais aussi qu’une personnalité de cette envergure ne devait pas demeurer méconnue de la jeune génération, comme de l’ancienne. Je lui ai donc proposé de raconter son histoire devant mon petit caméscope DV. Au début, il était réticent à parler de lui-même, surtout par modestie.

Je me rendais chez lui une fois par mois, environ. Je lui posais une ou deux questions sur le thème qui m’intéressait et je le laissai répondre longuement. Cela s’est passé durant le premier semestre de l’année 2000. Puis, j’ai laissé les rushes de côté en me disant que j’en ferai plus tard le montage. L’essentiel pour moi était que le témoignage de Daniel était en boîte, comme on dit dans la profession.

Durant l’année 2007/2008, une nouvelle campagne médiatique anti-algérienne s’est déclenchée en France, non pas pour dénoncer les tares d’un régime despotique, mais pour remettre en cause l’indépendance même de l’Algérie et pour dénigrer le FLN de la guerre de libération nationale. On disait que si le FLN n’avait pas déclaré cette guerre, s’il n’avait pas pratiqué le « terrorisme », s’il n’avait pas chassé les pieds-noirs et les Juifs, l’Algérie serait aujourd’hui « civilisée ». Ils regrettent en somme l’Algérie française (l’Algérie sous domination coloniale). Cette campagne était aussi bien orchestrée par des Français de souche que par des Algériens de souche. Comment répondre à ces « révisionnistes » ? J’ai alors pensé à Daniel Timsit. Lui seul pourra le faire, car il était aux premières loges durant la guerre et de surcroît, il n’est pas musulman.

H.A : As-tu rencontré des difficultés particulières pour la réalisation de ce film ?

N.G. : Il me manquait un logiciel de montage, même semi-professionnel. Et il coûtait très cher, à l’époque. Pour le tournage, je n’ai pas rencontré de difficultés qu’on rencontre en général avec un producteur ou un diffuseur : délais de tournage et de montage limités, durée du film tout autant, etc., car j’étais seul maître à bord de mon projet. Mon seul regret est de n’avoir pas disposé d’un matériel professionnel (caméra, éclairage, son). Je n’ai toutefois pas imaginé une seconde que ce film sera un jour projeté en salle de cinéma. Comme quoi, on peut faire un film intéressant avec de faibles moyens techniques.

H. A : Comment comptes-tu le diffuser ?

N. G. : Après cette expérience au Magic cinéma de Bobigny, en région parisienne, où, grâce à sa directrice, Madame Dominique Bax, un public nombreux a pu voir le film, on m’a demandé de le diffuser en DVD et aussi de le projeter dans d’autres salles en France. J’avoue que je ne m’attendais pas au grand intérêt qu’il a suscité, parce que, je ne l’ai pas conçu comme un documentaire classique. Au contraire, j’ai utilisé un style encore peu répandu dans le cinéma, qui consiste à laisser la parole à quelqu’un sans intervenir au moyen d’un commentaire et d’images d’archives. Je craignais donc que le public ne parvienne pas à voir et entendre parler un personnage durant deux heures de projection, sans autres images que la sienne. Mais la « magie » a fonctionné. Le talent de conteur de Daniel, ses révélations sur la résistance, son opinion clairvoyante sur l’identité algérienne… sont à l’origine de ce succès. Je suis actuellement en contact avec le directeur des « 3 Luxembourg » mythiques salles parisiennes “d’art et d’essai”, et qui est en même temps le président du festival du cinéma maghrébin, pour étudier la possibilité d’une diffusion du film en salle . J’attends également de voir si je suis invité ou non au festival du film Amazight de Tizi-Ouzou, en Algérie, ainsi que le projet de mettre le film en vente en DVD.

  1. Les « Qui-tue-qui ? » désignent, pour le peuple et les démocrates républicains algériens, ceux qui, en France, principalement des islamogauchistes (militants de partis d’extrême gauche, journalistes, militants et organisations de droits de l’Homme, intellectuels, universitaires qui sont très souvent des gauchistes ou des gauchistes repentis ) qui se sont déshonorés en essayant d’absoudre les islamoterroristes algériens de leurs innombrables crimes, en essayant de jeter le doute sur les auteurs de l’immense majorité des attentats et massacres commis contre le peuple musulman algérien : syndicalistes, militants de gauche, femmes, imams, paysans, membres des forces de l’ordre… Les adeptes du « Qui-tue-qui ? » n’avaient pas également hésité pendant toutes ces années de sang versé par le peuple algérien martyre de calomnier les démocrates républicains algériens pour valoriser implicitement et explicitement les terroristes et les islamistes en général. []
  2. Fidaï, terme arabe qui désigne les membres des réseaux de la résistance urbaine du Front algérien de libération nationale et de sa branche armée, l’Armée de libération nationale, durant la guerre de libération de l’Algérie. []
Réforme territoriale
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Non à la Réforme Territoriale

par Marc Dolez
www.marc-dolez.net

Intervention, le 18 février à la tribune de l’Assemblée Nationale, pour dénoncer la réforme territoriale voulue par le gouvernement.

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, le débat sur les collectivités territoriales n’est pas simplement un débat technique qui n’intéresserait ou ne concernerait que les élus, comme on essaie trop souvent de nous le faire croire. Dans la perspective de la réforme territoriale du Gouvernement, nous pensons au contraire qu’il s’agit d’un débat éminemment politique – probablement l’un des plus importants de la législature – dont les enjeux sont d’une exceptionnelle gravité.
Sous couvert de procéder à des allégements, à des clarifications, à des simplifications, votre réforme des collectivités territoriales, monsieur le secrétaire d’État, s’attaque aux fondements mêmes de l’organisation républicaine de notre pays, une organisation héritée de la Révolution française et de notre histoire démocratique. Il s’agit en fait d’une offensive sans précédent contre le système français de protection collective et de solidarité républicaine.
Le Gouvernement invoque régulièrement le millefeuille administratif, présentation inexacte et trompeuse. Dans notre organisation territoriale, qui comporte essentiellement six niveaux – communes, regroupements de communes, départements, régions, nation, Europe – le triptyque communes-départements-État est historique, comme l’a brillamment démontré Anicet Le Pors dans un article paru au mois de décembre dernier : il structure politiquement le pays tandis que le triptyque regroupements de communes-régions-Europe est à dominante économique.
Le politique devrait prévaloir sur l’économique.
Mais c’est le choix inverse qu’ont fait le Président de la République et le Gouvernement. Régions et intercommunalités deviennent, avec votre projet, les échelons privilégiés car ils correspondent le mieux à la vision économique libérale, à une mise en concurrence conforme aux dogmes qui guident l’Union européenne.
L’objectif réel de la réforme, comme l’avoue sans détour Nicolas Sarkozy, est « d’adapter notre territoire aux réalités de la mondialisation et de l’économie contemporaine ».
Pour notre part, nous défendons l’axe communes-départements-État parce qu’il privilégie le rapport de proximité avec les citoyens et la mise en œuvre d’un système de solidarité républicaine et collective au plus près des habitants. Il nous semble toujours le plus adapté aux besoins actuels.
Nous nous opposons totalement à l’objectif de réduire le nombre de communes, lesquelles doivent rester l’échelon de base de l’action publique. Jaurès, qui était aussi un exceptionnel historien de la Révolution française, disait que le principal apport de la Révolution était probablement l’instauration des 44 000 communes démocratiques – il en reste aujourd’hui 36 000 –, instauration qui a « mis en mouvement, en vibration, toutes les cellules, toutes les fibres de l’organisme social ».
Nous sommes pour notre part fermement attachés aux principes constitutionnels de libre administration des communes et de non-tutelle d’une collectivité sur une autre, desquels découle la notion intangible d’intercommunalité de projet. La loi du 12 juillet 1999 l’avait d’ailleurs clairement affirmé : aux termes de l’article L. 5210-1 du code général des collectivités territoriales, les groupements de communes se fondent sur la « libre volonté des communes d’élaborer des projets communs de développement au sein de périmètres de solidarité ».
Ces principes s’opposent à l’intercommunalité forcée que, quoi qu’il en dise, le Gouvernement veut instituer, conformément aux recommandations du rapport Balladur et aux déclarations mêmes du Président de la République, qui, le 20 octobre 2009, affirmait : « Il y a trop de structures communales, il faut supprimer les syndicats inutiles, réduire le nombre de structures ». Si l’objectif est parfaitement clair, la méthode, elle, est plus insidieuse car nos collectivités territoriales ne peuvent être explicitement supprimées d’un trait de plume.
Sous couvert de renforcement et de généralisation des différentes formes d’intercommunalité et d’interterritorialité, c’est en réalité une nouvelle architecture qui se profile. Vont en effet se côtoyer nos collectivités actuelles, appelées à terme à disparaître puisqu’elles seront transformées en coquille vide et seront asphyxiées financièrement, et de nouvelles institutions, plus intégrées, qui seront les futures collectivités. Comment lire autrement la proposition de créer des communes nouvelles, ne regroupant pas moins de 5 000 habitants, ou de créer des métropoles d’au moins 450 000 habitants, qui entraîneront rapidement et immanquablement une profonde déstabilisation des départements ?
Quatre principes au moins nous semblent caractériser cette machine infernale qu’engendreront les différents textes concourant à la réforme territoriale que vous vous apprêtez à déposer :
D’abord, une régression démocratique avec l’affaiblissement de la démocratie locale et l’éloignement des centres de décision ;
Ensuite, une centralisation que je qualifierai volontiers de féodale, symbolisée par les pouvoirs coercitifs donnés aux préfets en matière d’intercommunalité ;
Par ailleurs, la limitation de l’intervention publique sous l’effet conjoint de la suppression de la clause générale de compétence et de l’assèchement des ressources financières des collectivités territoriales, déjà bien entamé avec la suppression de la taxe professionnelle ;
Enfin, une mise en concurrence exacerbée des territoires qui creusera encore un peu plus les inégalités entre eux.
Cet affaiblissement des compétences et de la démocratie locale ne profite pas pour autant aux administrations déconcentrées de l’État, affaiblies elles aussi par la révision générale des politiques publiques, la RGPP, qui entraîne une réduction des effectifs et des moyens. On ne peut pas analyser votre projet de réforme territoriale sans mettre en parallèle la réforme de l’État déjà engagée avec cette RGPP.
Ce double affaiblissement aura notamment pour conséquence de réduire les services publics relevant soit des collectivités territoriales, soit de l’État. Dans le même temps, il ouvre largement le champ au secteur privé pour occuper les espaces abandonnés par la responsabilité publique.
Toutes ces conséquences dessinent ainsi, non une réforme qui servirait l’intérêt général, mais bien ce que d’aucuns appellent, à juste titre, une contre-révolution au service des grandes puissances économiques. Cette réforme, combinée avec la RGPP, porte en germe la remise en cause du principe fondamental d’égalité républicaine : la destruction de l’égalité des citoyens devant l’impôt et les services publics.
Avant de conclure, et après avoir dénoncé ce que je crois être la philosophie de cette réforme territoriale, j’évoquerai plus particulièrement le mode de scrutin que vous avez retenu pour le moment, pour la désignation des conseillers territoriaux.
Il y aurait, à l’évidence, beaucoup de choses à dire sur l’instauration de ces conseillers territoriaux, sur le mode de scrutin utilisé, qui va combiner un scrutin uninominal majoritaire à un tour avec une pincée de proportionnelle, et sur sa constitutionnalité. Je veux mettre en garde le Gouvernement contre cette idée un peu folle qui consiste à introduire dans notre République le mode de scrutin à un tour qui existe par exemple en Grande-Bretagne.
Ce mode de scrutin, totalement inédit et étranger à notre tradition républicaine, risque de menacer sérieusement notre pluralisme politique, le multipartisme qui structure la vie politique française depuis près de deux siècles.
Évidemment, ce mode de scrutin n’est pas dénué d’arrière-pensées électorales à court ou moyen terme pour ceux qui le promeuvent. Au-delà, il tend à imposer dans ce pays qui n’en veut pas le bipartisme et à rayer les petits partis politiques de la carte. Notre démocratie ne peut en sortir qu’en lambeaux. Aussi, je demande au Gouvernement de bien réfléchir avant de persister dans cette voie mortifère pour la démocratie et la République.
Monsieur le secrétaire d’État, vous le savez, les députés du groupe de la Gauche démocrate et républicaine sont résolument opposés à ce projet de réforme territoriale qui touche aux fondements même de nos institutions, de notre démocratie et de la République. Compte tenu de la gravité de ces attaques, de leurs conséquences pour la République et l’ensemble de nos concitoyens, le mieux serait de retirer le projet. Mais comme je n’ai pas le sentiment que ce soit dans vos intentions, je suggère au Gouvernement de réfléchir au fait qu’il n’y a guère que le peuple qui pourrait décider de ces nouvelles orientations.
Monsieur le secrétaire d’État, organisez un référendum sur cette question et donnez la parole au peuple !

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Réforme des collectivités territoriales et services publics - Pour des États généraux du Service Public

par Anicet Le Pors

Intervention d’Anicet Le Pors, Palais de la Mutualité, 17 décembre 2009

Le philosophe Marcel Gauchet a écrit : « Le programme initial de Sarkozy c’est la banalisation de la France ». Je partage ce point de vue. Pour Sarkozy, la France est une somme d’anomalies.

Anomalie, le modèle français d’intégration fondé sur le droit du sol et le principe d’égalité des citoyens ;

Anomalie, une laïcité qui se définit par la raison et non par la religion ;

Anomalie, un service public qui réunit un quart de la population active du pays dans une situation statutaire et non contractuelle ;

Anomalie un pays qui n’en finit pas de réfléchir à son modèle politique : quinze constitutions en deux siècles ;

Anomalie, l’existence de 500 000 élus territoriaux et de 36 000 communes.

C’est pourquoi il a entrepris de mettre ce pays aux normes du libéralisme et de l’assujettir en tous domaines aux règles du marché. Les moyens utilisés ne correspondent à aucun dessein national, au sens où l’on a pu parler autrefois d’ « ardente obligation » de la planification « à la française », mais par le mayen d’un « pragmatisme destructeur » de tout ce qui confère à la France une « identité nationale » démocratique et progressiste.

La réforme des collectivités territoriales en est un exemple frappant.

Il invoque le « mille feuilles » administratif. Mais cette présentation est inexacte et trompeuse. Il existe en réalité six niveaux déterminants : les communes, les regroupements de communes, les départements, les régions, la nation et l’Europe.

Le triptyque : communes-départements-nation est historique, il structure politiquement le pays.

Le triptyque : regroupement de communes-régions-Europe est à dominante économique.

Le choix est clair : le politique doit prévaloir sur l’économique, qui, aussi utile qu’il soit, ne doit être que supplétif du politique.

C’est le choix inverse qu’a fait Nicolas Sarkozy :

Avec la création des conseillers territoriaux réduisant de moitié les effectifs actuels de conseillers généraux et régionaux, élus sur la base d’un mode de scrutin inique à la constitutionnalité plus que douteuse, réduction qui affaiblira le lien avec les citoyens et privilégiera le niveau le plus globalisant : la région - malgré des compétences également réduites - au détriment du département.

Choix négatif encore avec, la création des métropoles, justifiées par des raisons extraterritoriales : la compétition capitaliste européenne et mondiale ; création entraînant une profonde déstabilisation des communes, des départements et des régions.

Choix préjudiciable enfin avec, la suppression de la taxe professionnelle qui conduira à l’asphyxie des collectivités territoriales et qui met en cause gravement le principe constitutionnel de libre administration des collectivités territoriales.

Cet affaiblissement des compétences et de la démocratie locales ne profite pas pour autant aux administrations déconcentrées, affaiblies elles aussi par l’effet combiné d’une part de la LOLF et sa « fongibilité asymétrique », d’autre par de la RGPP entraînant une réduction des effectifs et des moyens de fonctionnement et d’investissement.

On peut identifier trois conséquences de la combinaison de ce double affaiblissement :

Premièrement, une dégradation des conditions matérielles et morales des fonctionnaires des trois fonctions publiques, de l’État, territoriale et hospitalière, avec : des réductions d’emplois, conséquences des contractions administratives ; le recours accru à la contractualisation, justifié par la mise en place des nouvelles structures, notamment des métropoles ; le développement du clientélisme, par le moyen de rémunérations et d’indemnités destinées à s’attacher les services d’exécutants serviles.

Deuxièmement, la réduction des services publics, relevant aussi bien des collectivités territoriales que de l’État, dont les directions seront réduites à huit au niveau régional et à trois au niveau départemental (voire deux pour les départements les moins peuplés). C’est, en même temps, le champ largement ouvert au secteur privé pour occuper les espaces abandonnés par la responsabilité publique.

Troisièmement, la mainmise renforcée du pouvoir présidentiel par le moyen des nouvelles compétences conférées au préfet de région, relais majeur du pouvoir central, écran imposé entre les services publics territoriaux et les ministères de tutelle, dénaturant le statut actuel des régions dans le but et l’espoir de les soustraire à l’opposition. Ces préfets de région, véritables proconsuls, maîtres d’œuvre de la réforme des collectivités territoriales puisque chargés de mener à son terme le schéma national de l’intercommunalité en 2014, de définir le périmètre des métropoles, de présider aux regroupements concernant les départements et les régions. Ils accentueront, au niveau des collectivités territoriales, la présidentialisation du régime, sa « dérive bonapartiste ».

Mais il n’y a en la matière aucune fatalité.

Le président de la République a été mis en échec sur la « Révolution culturelle » qu’il voulait provoquer dans la fonction publique. La crise a spectaculairement démontré le rôle d’ « amortisseur social » du service public en France. Les attaques se poursuivront sans nul doute, mais elles ne peuvent plus prendre la forme provocatrice de la contre-révolution qu’il avait envisagée.

Le président de la République voulait supprimer les classements de sortie des écoles de la fonction publique, classements relevant du principe du concours posé par l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et repris par le statut général des fonctionnaires. Le projet vient d’être reporté sine die par le ministre Éric Woerth.

Le président de la République s’était fixé l’objectif absurde et réactionnaire de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Philippe Séguin, premier président de la Cour des comptes, vient de lui répondre aujourd’hui même en considérant que cette réforme était seulement - je le cite - « dictée par des considérations budgétaires de court terme ».

Il peut et il doit donc en être de même pour la réforme des collectivités territoriales qui provoque de toute part tant d’opposition. Le grand chambardement des services publics territoriaux peut et doit être mis en échec

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Loi Veil : aux larmes infirmières, aux armes citoyennes!

par Le Journal Marianne
www.marianne2.fr

Source de l'article

« Rationalisation de la santé », « regroupement hospitaliers », « économies d’échelle »… Quels que soient les termes utilisés, la conséquence est là : les Centres d’Interruptions Volontaires de Grossesse (CIVG) ferment l’un après l’autre. Une remise en cause, dans la pratique, du droit à l’avortement.
Trente cinq ans. Souffler les bougies de la loi Veil, si chèrement acquise, serait malvenu aujourd’hui. La cire a fondu, laissant sur le droit à l’avortement un goût amer. Car si les « pro-vie » sont toujours là, en témoigne la manifestation parisienne anti-avortement de ce dimanche, ils ne sont pas les plus à craindre. Un regard sur l’actualité et sur la politique de santé pointe le danger principal pour le droit à l’IVG : ceux qui sont pour le choix mais qui ne donnent pas les moyens pour que le droit s’applique.

Des fermetures en cascade

Tenon, Rostand et Broussais ont fermé leurs portes. Avicennes et Saint Antoine sont en sursis. Les centres IVG parisiens connaissent une période difficile. La cause ? La politique hospitalière est entrée dans une phase de rationalisation économique pour « une plus grande efficacité et une meilleure offre de soins » assurent en cœur le ministère de la santé et l’AP-HP (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris). La logique financière pousse au regroupement. Que les centres IVG soient les premiers touchés n’est pas étonnant. Une IVG chirurgicale est tarifée 300 euros contre 3 fois plus pour une fausse couche. Les deux actes techniques sont pourtant similaires : même matériel, même personnel…

Une gestion comptable de la santé qui n’intègre pas le facteur humain dans le calcul. Ariane Calvo, adjointe à la mairie du XXème arrondissement chargée de l’égalité hommes/femmes s’est battue au sein du collectif pour sauver le CIVG de l’hôpital Tenon. Elle refuse qu’on puisse appliquer une logique de médecine de pointe à l’IVG : « les femmes qui viennent pour une IVG ont des besoins particuliers : la proximité et l’accompagnement sont indispensables. On en vient à créer des usines à avortement qui font fuir tout le monde… »
Mais le CIVG de Tenon a bien fermé, transféré aujourd’hui à Saint Antoine. Reste une antenne d’orientation et d’écoute où les deux infirmières semblent inquiètes de la tournure des évènements.

Des craintes partagées du côté de Saint Antoine. Pas de personnel ni de moyens supplémentaires et un centre déjà surchargé qui voit arriver un surplus de demandes. « On est sur le fil du rasoir » explique Régine Linard, infirmière CGT. « Ils jouent sur le fait que l’on fait de plus en plus d’IVG médicamenteuses pour réduire les moyens en chirurgie ». Pourtant, les IVG par aspiration représentent encore 60% des interventions. Un démantèlement de Saint Antoine a été annoncé mais, pour le moment, l’infirmière se veut rassurante : « le centre est encore là, dans le nouveau bloc de chirurgie ambulatoire ». Mais lorsqu’elle évoque les réunions fréquentes de l’AP-HP concernant un transfert économique de la maternité, le doute devient pesant : « si la maternité ferme, il n’y aura plus de centre IVG ici, les spécialistes seront partis ». L’ensemble de l’est-parisien ne disposerait alors plus que d’un seul CIVG, aux Bluets, alors que ce même territoire connaît une explosion des grossesses adolescentes (13-18 ans).

Un parcours d’obstacles à l’avortement

Les conséquences sur les parcours d’avortement sont désastreuses. En Ile de France, il faut compter en moyenne trois semaines de délais du premier appel à l’avortement chirurgical, trois rendez-vous minimum plus tard (gynécologie, anesthésie…). Danielle Gaudry, gynécologue responsable de la commission avortement du Mouvement français pour le planning familial s’alarme : « les centres refusent parfois des femmes qui appellent à 10 semaines de grossesse car ils savent qu’ils ne pourront pas tenir les délais ». Alors oui, un tel refus est illégal. Mais peu de femmes, souvent seules et fragilisées dans une telle épreuve, vont occuper l’établissement et crier au scandale. Elles vont appeler une clinique privée, voire se tourner vers l’étranger, quand elles le peuvent.

Du coup, les équipes des CIVG et des plannings familiaux paniquent. Sur l’avenir, sur le droit effectif du recours à l’IVG, sur le devenir de ces femmes qu’elles renvoient de plus en plus souvent ailleurs, faute de temps, de personnel, de moyens. Pour Ariane Calvo, la messe est dite : « tout est en place pour que le droit à l’IVG soit remis en cause en France. On serait revenus sur la loi Veil, ça n’aurait pas été pire… »

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Comment ne pas réagir à l’agression contre Rayhana?

par l'IFE
Initiative Féministe Européenne
pour une autre Europe

Comment ne pas réagir à l’agression, le 12 janvier à Paris, contre Rayhana, dramaturge et actrice algérienne, auteure de la pièce “A mon âge, je me cache encore pour fumer”!

L’attaque dont elle a été victime est d’une extrême violence et nous saluons non seulement son courage face à cette attaque mais tout son engagement de femme et d’artiste.

Qu’il s’agisse d’attaques à l’acide ou à l’essence, cet acte extrême est utilisé à travers la planète contre les femmes dès qu’elles luttent pour leurs droits et leur liberté ! C’est un acte qui a pour objectif non seulement de les terroriser mais surtout de les défigurer à vie physiquement, psychologiquement et de faire disparaître socialement les femmes.

Cependant nous ne pouvons pas rester simplement dans la condamnation d’un acte et ne pas nous interroger sur ses causes. Il est d’autant plus important de nous interroger sur la portée de cet acte dans un pays où la laïcité est consacrée dès l’article premier de la Constitution.

Pourquoi ? La République laïque, dans laquelle nous sommes néEs, ou bien avons choisi de vivre, doit être respectée dans son essence parce que la France des Lumières n’a pas le droit de brader les valeurs fondamentales pour lesquelles se sont battus des millions de Françaises et de Français de 1789 à nos jours.

Que cela signifie-t-il ?

D’une part, la laïcité conjugue la liberté de conscience, qui permet aux options spirituelles de s’affirmer sans s’imposer, l’égalité des droits de tous les citoyens et citoyennes sans distinction d’option spirituelle et la définition d’une loi commune à tous visant le seul intérêt général.

D’autre part, des femmes et des hommes, qu’ils soient nés ou aient choisi de vivre en France sont dans un État laïque où la liberté de conscience est garantie par la loi. L’instauration « des lois divines » dans différents pays (Iran, Algérie, Soudan, Égypte, etc.), les violences et les actes terroristes qui sont perpétrés contre les femmes et les hommes porteurs de valeurs laïques, de liberté de conscience ont été poussés à l’exil. Ces femmes et ces hommes ont choisi de vivre dans une démocratie où la laïcité fait place à la liberté et aux rapports humains dans une société vivable pour toutes et tous.

Au cours de ces dernières années, nous n’avons eu de cesse d’interpeller les décideurs politiques pour rappeler que la laïcité, la mixité et le principe d’égalité entre les femmes et les hommes sont des valeurs non négociables du vivre ensemble. A chaque fois qu’un responsable politique cède sur les principes fondateurs de la République au nom de la liberté de religion, il met en péril le principe de laïcité et de ce fait, ouvre la brèche au particularisme et au communautarisme.

Nous ne sommes pas surpris par l’agression de Rayhana. L’avancée de l’islamisme politique est une réalité quotidienne pour nos concitoyennes de Paris à Marseille, Lille, Lyon, Montpellier, Montataire, Creil, Orly, Saint-Denis….

Qu’il s’agisse de la pression sociale du groupe ou du quartier, des agressions verbales et physiques dont elles sont victimes, elles le vivent dans la plus grande indifférence mais aussi dans le déni d’une majorité des décideurs politiques. S’il n’existait pas des associations progressistes et laïques, des initiatives citoyennes au sein des quartiers, les femmes auraient été encore plus rapidement éradiquées de l’espace public et de la vie sociale.

Ce n’est pas faute d’avoir exprimé notre inquiétude face à la montée de l’Islamisme en France, comme en Europe. Un grand nombre de défenseurs des droits humains, des forces de droite et de gauche ont fait le lit de ces intégristes religieux.

Les luttes des féministes contre le patriarcat et l’interprétation des «lois divines» les amènent à être taxées de « féministes blanches » par les groupes communautaristes, les islamistes et les islamo-gauchistes. Si, elles sont féministes, laïques et de naissance musulmane, c’est d’occidentalisées, de traitres à leur culture, d’islamophobes qu’elles sont accusées dès qu’elles dénoncent les atteintes aux droits fondamentaux des femmes et le relativisme culturel de ces «penseurs du communautarisme ».

Ces penseurs communautaristes ont amené les citoyens et citoyennes à avoir un langage stéréotypé et une pensée aseptisée : C’est leur culture…, institutionnalisant un racisme différentialiste.

Nous ne pouvons pas oublier Sohane, brulée vive, Samira Bellil dans l’enfer des tournantes, les jeunes filles mariées de force et celles tuées « au nom de l’honneur ». Les femmes, dès qu’elles veulent exprimer leur émancipation ou revendiquer une autre façon de vivre de penser, sont les victimes de l’ordre moral codifié par le patriarcat en pleine expansion par la montée de l’intégrisme religieux.

Aujourd’hui, la régression est telle que l’on voit fleurir non seulement le voile, le niquab et la burqa mais aussi les accommodements de tout genre : des repas hallal dans les cantines scolaires, le choix du médecin dans les hôpitaux. Dans une commune, il a été demandé aux fonctionnaires de sexe féminin d’apporter une attention particulière à leur tenue vestimentaire afin de ne pas agresser ou provoquer… les usagers « d’obédience musulmane » !!

Dans certaines villes et quartiers, il a même été instauré … un couvre-feu de fait ! Au delà d’une certaine heure, les femmes et les jeunes filles doivent se claquemurer chez elles faute de quoi elles sont considérées comme des femmes aux mœurs légères, exposées aux insultes, voire à la violence.

Tous ces exemples, ne sont pas de l’ordre du fantasme. Ils sont une réalité quotidienne !

Lors du rassemblement devant la Maison des Metallos, samedi après-midi, nous avons été bien aise d’apprendre que l’imam de la mosquée du quartier avait condamné l’attaque dont a été victime Rayhana.

Il est aisé de condamner un acte, par une déclaration aux autorités locales ou à la presse, cela s’appelle avoir une bonne politique de communication. Qu’en est-il des prêches incendiaires de cet imam dont le fonds de commerce est la haine des femmes, la chasse aux mécréants et mécréantes.

La situation est telle que, dans sa tentative de fuir ses incendiaires, Rayhana n’a trouvé ni refuge, ni main protectrice dans le quartier. C’est dire qu’il existe déjà dans une partie du territoire du XIème arrondissement de Paris, un ordre islamiste qui quadrille le quartier et impose son diktat par la terreur et la peur.

Quand nos décideurs politiques arrêteront-ils de penser que l’on règle les problèmes en faisant appel aux imams et autres représentants religieux ? La réponse au repli identitaire et au déni de citoyenneté ne se résout pas en accordant un rôle politique aux représentants religieux. Ils ne sont en aucun cas les représentants des citoyennes et des citoyens dans la Cité. Ce n’est pas non plus en offrant, à la place des services publics, des salles de prière, des terrains pour la construction de mosquées ou en permettant l’éclosion de commerces à dominante cultuelle.

Nos décideurs politiques ont tellement cherché la paix sociale, par peur d’être accusés de racistes, qu’ils ont pactisé avec la pensée islamiste. Ils ont offert à ses représentantes et représentants des tribunes, des plateaux de télé et tout un espace social et politique au sein de la Cité. Est-ce par naïveté ou par calcul politique, toujours est-il qu’ils ont contribué à l’islamisation des esprits.

Ils ont refusé d’écouter la voix des forces progressistes laïques, des féministes. Ils ont entériné le recul de la laïcité en la confinant exclusivement dans le respect et le dialogue des religions. La laïcité, est d’abord et avant tout liberté de conscience, séparation de la sphère politique et de la sphère religieuse.

La vraie réponse au recul de la laïcité, de la mixité c’est la reconnaissance d’une pleine citoyenneté, un enseignement laïque avec la protection de l’école publique laïque - abandonnée au nom du choix de la carte scolaire –, la défense des services publics de proximité, de maisons de jeunes, de maisons de quartiers dignes de ce nom, d’acteurs sociaux prônant des valeurs de laïcité, d’égalité, de mixité. Ce qui est loin d’être une réalité aujourd’hui.

Les jeunes filles et les jeunes hommes, les citoyennes et les citoyens aspirent à un avenir dans notre société laïque, démocratique et sociale. Ils souhaitent vivre dans l’égalité politique, économique et sociale et non dans un quelconque attachement ou appartenance à une communauté religieuse. Dans une société laïque, l’individu est d’abord un CITOYEN !

Les responsables politiques étaient certes présentEs à ces rassemblements mais quand sortiront–ils de l’ambiguïté et l’inaction pour qu’enfin se décide dans toute sa rigueur le respect du principe de Laïcité ?

A moins qu’il ne faille commencer à compter nos morts, ICI, pour que les lois de la République reprennent naturellement leur place dans la société.

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HAÏTI : il faut choisir entre le maintien d'inégalités intolérables ou l'application du principe de la solidarité

par Évariste
Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

Cephas Lumina, expert auprès de l’Organisation des Nations Unies (ONU), a appelé jeudi à l’annulation immédiate de la dette multilatérale d’Haïti et à l’octroi « de subventions d’aide sans condition » et non pas à de nouveaux prêts. Soit il faut appliquer les propositions de Cephas Lumina, soit il faut annuler la dette par un paiement sans contrepartie du Fonds monétaire international (FMI) qui pour une fois ferait preuve de solidarité.

Nous déclarons qu’il faut en finir avec l’économie de la dette qui n’avantage que les prêteurs sans résoudre les déficiences de l’acquéreur des prêts.

La récente annonce par le Club de Paris, un groupe informel de 19 pays créditeurs, de l’annulation de 214 millions de dollars que leur devait Haïti, est un bon début. Toutefois, nous partageons la position de Cephas Lumina à savoir que « cette décision est insuffisante pour garantir la durabilité de l’effort de relèvement, compte tenu du fait que le gros de la dette est détenu par des créditeurs multilatéraux.»

Actuellement, Haïti doit environ 890 millions de dollars à ses créditeurs internationaux, dont 70 % à des créditeurs multilatéraux, principalement la Banque inter-américaine de développement, à hauteur de 41 %, et la Banque mondiale, à hauteur de 27 %.

Nous estimons scandaleux que le Fonds monétaire international (FMI) ait fourni récemment un prêt sans intérêt de 114 millions de dollars à Haïti, dont le paiement sera dû après une période de cinq ans et demi. Avec Cephas Lumina, nous disons qu’ « il est irréaliste d’attendre de la population haïtienne qu’elle puisse, sur une période de cinq ans, réunir les ressources nécessaires à rembourser cette dette. Il est également inapproprié de faire payer Haïti pour l’aide d’urgence ».

Nous proclamons que Haïti est l’archétype des conséquences de la logique turbocapitaliste de l’aide au développement où l’aide et les prêts sont prévus pour favoriser les prêteurs, mais également pour maintenir une oligarchie économique et politique qui use de la dictature et de la répression sans jamais répondre aux besoins sociaux de première nécessité et sans jamais être capable d’engager un développement auto-centré absolument nécessaire.

Notre devoir de solidarité doit s’inscrire dans un combat internationaliste contre le turbocapitalisme.

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Egypte : Al Azhar vs Taha Hussein

par ProChoix
la revue pour le droit de
choisir, dirigée par Caroline Fourest et Fiammetta Venner
www.prochoix.org

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Il y a deux jours, je me réveille comme d’habitude. Il est 6 heure du matin, je suis insomniaque. Je prépare mon café enfin, si on peut appeler ça un café, deux gouttes de nescafé avec beaucoup d’eau chaude. J’allume la télé pour voir mon amie William sur la 2. J’allume une cigarette et mon ordinateur, pour regarder la presse arabe. Voir ce qui se passe dans ma région. C’est toujours un moment de grande surprise, je trouve une information plus scandaleuse que l’autre.

Donc, ce matin-là, j’ouvre le journal libanais Al-Akhbar, et qu’elle n’est pas ma surprise de voir en première page, la photo de Taha Hussein?! Le doyen de la littérature arabe. Et en légende, cette phrase « Al Azhar a enfin triomphé sur Taha Hussein ».

J’ai eu mal au cœur. Je ne sais pas comment je suis arrivée à ouvrir la page et commencé à lire. Je voyais à peine les mots. J’avais les larmes aux yeux. Ils ont enfin gagné ! Ça fait longtemps que Al-Azhar a déclaré la guerre à ce grand monsieur. Et pas uniquement Al-Azhar, Taha Hussein a été attaqué par les islamistes de toutes sortes. Ils lui reprochent d’être l’élève du célèbre Imam Mohamad Abdou, et de prêcher ses idées. Ils lui reprochent ses études en France. Ils l’appellent le mécréant vendu à l’Occident !!!!

Mais surtout ils lui reprochent ses œuvres, qui ont enrichi la littérature arabe. Et plus que tout, ils lui ont toujours reproché d’avoir écrit son célèbre roman Al Ayyam (1929). Ce livre figurait dans le programme des écoles secondaires et, ça, ils ne l’ont jamais accepté;  ils n’ont jamais arrêté d’essayer de l’interdire.

Il y a quatre ans, les censeurs ont réussi à charcuter le livre, et ont retiré quatre gros paragraphes.

Le responsable du ministère de l’éducation M. Hussein Bakht a dit : « le livre Al-Ayyam contient des phrases et des propos qui nuisent à Al Azhar et ses dignitaires. ». La raison de la censure avait le mérite d’être claire. Mais ça ne leur a pas suffit. Il y a quelques jours ils ont enfin gagné et ils ont réussi à interdire le livre Al-Ayyam de Taha Husein des programmes des écoles secondaires !

Depuis 1929, ils ont tout essayé pour parvenir à leurs fins. Sans succès. Mais, au début de cette nouvelle année 2010 au XXIe siècle, ils ont gagné. Quelle tristesse, pour tous ses élèves qui ne vont pas pouvoir découvrir ce roman. Dans l’article libanais, on pouvait lire le témoignage d’une mère triste de ne plus pouvoir partager son livre d’école préféré avec sa fille qui n’aura plus la chance de sa mère.

Quel dégat ! Quel gâchis!

En plus, l’information est passée inaperçue. J’ai cherché partout. Rien. Aucun journal, aucune télé, aucun site. Personne n’en parle. Pourquoi ! Pourquoi ce qui était possible dans les années 30 est interdit de nos jours ?

Pourquoi tant de censure ! En littérature mais aussi dans toutes formes d’expression !

Les films qui étaient tolérés dans les années 20 et 30 ne le sont plus aujourd’hui. On voit des réalisateurs qui se font traîner devant la justice par les islamistes, à la sortie de leurs films.

Pourquoi les petites filles d’Houda Chaarawi (qui au début de XXe siècle est descendue dans la rue manifester contre le port de la burqua et l’a même arraché avec plein d’autres femmes manifestant avec elle) descendent dans la rue manifester pour le remettre, contre Al-Azhar qui vient d’interdire la Burqua dans ses universités? Al Azhar, la même institution qui vient de réussir à interdire le livre Al-Ayyam de Taha Hussein !!!!

”Pour ceux qui ne le connaissent pas voilà quelques informations utiles pour connaître ce grand homme ”

Taha Hussein est un romancier, essayiste et critique littéraire égyptien né le 14 novembre 1889 et mort le 28 octobre 1973. Surnommé le doyen de la littérature arabe, c’est un des plus importants penseurs arabes du XXe siècle.

Hussein est né au sein d’une famille pauvre dans un village de la Moyenne Égypte en 1889. Septième d’une fratrie de treize enfants, il perd la vue à l’âge de six ans, des suites d’une conjonctivite mal soignée. Il apprend le Coran par cœur avant de quitter son village.

Au Caire, il fait ses études à la célèbre université religieuse dAl-Azhar, élève du célèbre Imam Mohamad Abdou, qui lui vaut d’être expulsé d’Al-Azhar puis suit les cours à l’université Égyptienne en 1908 où il va étudier l’histoire, la géographie, la philosophie, la civilisation de l’Égypte Ancienne, et islamique ; le 15 mai 1914 il reçoit le doctorat en littérature arabe sur l’un de ses auteurs préférés « ABOU AL ALAA » aussi aveugle ; il bénéficie ensuite d’une bourse d’État pour poursuivre ses études en France, il arrive à l’université de Montpellier puis il part pour Paris où il soutient sa thèse de doctorat sur Ibn Khaldoun à la Sorbonne en 1919. Il y rencontre sa future épouse Suzanne, qui l’aida à apprendre le français, et joua un rôle important dans sa carrière comme dans sa vie.

Quand il revient de France en 1919, il travaille comme professeur d’histoire de l’Antiquité jusqu’en 1925, mais dès son retour en Égypte, il s’est appliqué à moderniser l’enseignement supérieur et à dynamiser la vie culturelle du pays. Il a également été professeur de littérature arabe à la faculté des lettres du Caire, doyen de cette faculté 1930, premier recteur de l’université d’Alexandrie, créée par lui en 1942, contrôleur général de la culture, conseiller technique, sous-secrétaire d’État au ministère de l’Instruction Publique, puis finalement ministre de l’Éducation Nationale. On lui doit l’éduction gratuite pour tous, et d’ouvrir des écoles partout en Égypte.

Sur le plan littéraire, il commencera comme de nombreux écrivains de la Nahda, par des travaux de traduction (dont les tragédies de Sophocle). Ses problèmes commencent dès la parution de l’une de ses premières œuvres la Littérature préislamique ; son œuvre principale, Al-ayyâm, (littéralement “Les Jours”, traduite en français sous les titres “Le Livre des jours” pour les deux premiers tomes, puis “La traversée intérieure” pour le dernier) est une autobiographie à la troisième personne. Le premier tome décrit la vie dans le village de son enfance, au bord du Nil. Il y décrit l’apprentissage précoce de la solitude dont a souffert ce jeune aveugle. Le deuxième tome s’attache à la narration de ses années d’étudiant au Caire, notamment à l’université Al-Azhar. Là encore, la critique lucide et acérée de Taha Hussein n’épargnera pas même Al-Azhar, qui faisait pourtant figure de vénérable institution. Le dernier tome se déroule entre Le Caire, Paris et Montpellier, et décrit ses années d’études en France sur fond de Première Guerre mondiale, la vie parisienne, la découverte de l’amour, la guerre, ses difficultés… Dans ce livre, simplicité, lyrisme, et même humour, tissent le style de Taha Hussein.

Il a marqué plusieurs générations d’intellectuels du monde arabe en poussant la modernisation de la littérature arabe, notamment à travers celle de la langue arabe : avec lui, les phrases  (peut-être du fait qu’il n’écrit pas ses livres mais les dicte à sa fille, à qui il dédie d’ailleurs Al-ayyâm) acquièrent une plus grande souplesse, le vocabulaire est simple et abordable. André Gide, dira dans sa préface à la version française des deux premiers tomes : ” C’est là ce qui rend ce récit si attachant, en dépit de ces lassantes lenteurs; une âme qui souffre, qui veut vivre et se débat. Et l’on doute si, des ténèbres qui l’oppressent, celles de l’ignorance et de la sottise ne sont pas plus épaisses encore et redoutables et mortelles que celles de la cécité.” Ses écrits sont traduits en plusieurs langues.

Je n’ai plus que des questions, je croyais à un moment avoir les réponses, et même parfois je croyais avoir les solutions.

J’ai lu des études, des livres, des analyses, je connais très bien ma région, et au final je n’ai que des questions auxquelles je ne trouve plus de réponses.

Je croyais que si on donnait les outils, l’éducation pour tous, les armes nécessaires pour faire face à la vie, (comme a fait Taha Hussein qui a transformé beaucoup d’écoles coraniques en écoles publiques) qu’on finit par choisir la tolérance, la liberté, et surtout la laïcité.

Eh bien non, depuis que je suis en France, je découvre que non, ce n’est pas le cas, l’obscurantisme fini par gagner.

Il ne me reste que ce mot : POURQUOI ?

Darina Al Joundi

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Tunisie : Libérez immédiatement nos étudiantes

par le Comité de Soutien aux Militants de l'UGET

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Le 22 janvier 2010, Ameni Rezgallah et Hanen Dhahiri ont été kidnappées. Les deux militantes de l’UGET avaient été condamnées, le 21 décembre 2009, par le tribunal de première instance de Manouba à 6 mois de prison pour entrave à la liberté de travail, 6 mois de prison pour dégradation du bien d’autrui et à 9,6 dinars d’amende pour tapage.

Ces accusations de droit commun sont l’habillage que les autorités tunisiennes ont présenté en guise d’unique réponse pour les revendications légitimes des étudiantes et à leur mouvement de protestation qui a duré 28 jours.

Les quatre étudiantes avaient comparu en état de liberté. Selon le code pénal tunisien, il est de leur droit de rester en liberté jusqu’au procès en Appel ; la Cour n’ayant pas décerné de mandat de dépôt. Encore une fois, la loi et le droit ont été bafoués en Tunisie : se rendant au local de l’association tunisienne des Femmes démocrates qui organisait une action de solidarité avec les militants de l’UGET, elles furent kidnappées par des policiers en civile. L’accès au siège de l’ATFD a été interdit à toutes personnes étrangères à l’association. Jusqu’à tard dans l’après midi du 22/01/2010, des forces de l’ordre, par dizaines, encerclaient la rue. Wissem Sghaeir, un militant de l’UGET, a eu droit à un passage à tabac.

Dans un communiqué publié en décembre 2009, les Femmes démocrates ont déclaré leur soutien aux militantes et militants victimes de la répression qui s’abat sur le mouvement estudiantin. Dans un autre communiqué, l’ATFD a dénoncé l’état de siège persistant et la tentative d’isolement que subi l’association par un encerclement policier permanent : l’ATFD fait partie de ces organisations tunisiennes qui se battent pour leur indépendance.

Hanene et Amani sont doublement victimes ; victimes de la privatisation, de la corruption, du népotisme et d’une politique irresponsable de fuite en avant qui n’a que la répression policière et judiciaire pour contourner les problèmes. L’incarcération de jeunes étudiantes pour des soi-disant crimes de droit commun n’est autre chose qu’un crime honteux. Libérez immédiatement nos étudiantes.

Le Comité de Soutien aux Militants de l’UGET dénonce la répression des militants étudiants, appelle à la libération immédiate des étudiantes et étudiants et renouvelle son appel pour :

  • La libération de tous les militants emprisonnés.
  • L’arrêt de toutes les poursuites judiciaires engagées contre les militants de l’UGET.
  • La réintégration dans leurs universités de tous les étudiants exclus.
  • La satisfaction des revendications syndicales et pédagogiques des étudiants.
  • L’arrêt de toute forme de répression contre l’UGET et lui permettre de tenir son congrès en toute liberté et de fonctionner en toute indépendance.

Signez et faites signer la Pétition internationale de solidarité avec les militants de l’UGET en envoyant vos signatures à : uget.petition@gmail.com ou en cliquant sur ce lien