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La gauche en ordre de bataille pour la présidentielle

par Évariste
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Avec la fin des primaires socialistes, nous entrons dans une nouvelle séquence de la période de la présidentielle. Les trois principaux candidats de gauche sont connus : François Hollande pour le PS et ses alliés, Éva Joly pour Europe Écologie - Les Verts et Jean-Luc Mélenchon pour le Front de Gauche. Les autres candidats putatifs ne sont même pas sûrs d’avoir leurs signatures y compris le NPA.

Il peut être intéressant de clarifier les éléments politiques de ce début de séquence. Nous en développerons sept :

1) Avec plus de 2,7 millions d’électeurs la primaire socialiste, on peut dire que c’est un succès de la mobilisation pour cette première primaire ouverte aux non-membres du PS. Manifestement, une partie importante des Français se sont intéressés à cette manifestation. Comme en Italie avec Romano Prodi pour la première primaire italienne de l’ensemble de la gauche (plus de 4 millions de votants), comme avec Valter Veltroni pour la deuxième primaire italienne (plus de trois millions de votants), la victoire de François Hollande, à la première primaire française,  s’est d’abord construite sur une mobilisation assez forte de l’électorat socialiste. Il est à noter que le nombre de votants pour la première primaire française est important, car pour l’Italie toute la gauche avait accepté d’aller dans une primaire ce qui n’est pas le cas de la France. Comme dans les deux primaires italiennes, la primaire française a validé le candidat des médias du système néolibéral. Ces médias ont promu François Hollande meilleur candidat contre Nicolas Sarkozy et cette promotion médiatique a influencé une partie des votants de la primaire.

2) Cela dit, ce succès de mobilisation n’implique pas, loin de là, un succès pour les scrutins d’avril et de mai 2012. D’abord par ce que le précédent italien a été catastrophique pour la gauche.Il restera à prouver que la première primaire française ne se terminera pas comme en Italie qui a vu la destruction de la gauche par ces primaires. Romano Prodi, candidat des médias, gagne d’un cheveu contre Silvio Berlusconi, fait ensuite une politique contre la classe populaire. Le résultat ne se fait pas attendre, le mécontentement populaire fait effondrer le score de Valter Veltroni et consacre la victoire « à plat de couture » de Silvio Berlusconi.

3) Une fois de plus, les médias et les sondages qui leur sont liés restent une pièce maîtresse de ce que Guy Debord appelle la société du spectacle. Ces médias ont construit Ségolène Royal en 2006, ils ont promu François Hollande en 2011. Ils vont se déchainer pour la campagne présidentielle. Nous y reviendrons plus loin.

4) Il est à noter qu’il y a pour environ 10 % de plus de votants, il y a environ 25 % de nouveaux votants. Donc, il y a des votants du premier tour des primaires qui ne se sont pas déplacés et des votants de deuxième tour qui n’ont pas voté au premier tour. Il apparaît que les votes « personnels » de Ségolène Royal et d’Arnaud Montebourg pour François Hollande ont désarçonné une partie de leurs militants et sympathisants. Pour Arnaud Montebourg, après avoir été le chantre de la démondialisation au premier tour, apporter son vote au social-libéral oui-ouiste1 qui a avalisé toutes les politiques antisociales du PS depuis le tournant libéral de 1983 a de quoi surprendre. En cas de victoire, François Hollande mènera une politique contraire aux idées déployées au premier tour par Arnaud Montebourg. D’autant que lorsque l’on est un homme politique de premier plan comme lui, il n’y a pas de vote personnel connu qui ne soit pas une consigne de vote. Arnaud Montebourg a gagné là un poste de ministre si la gauche gagne en 2012, mais a perdu tout le crédit qu’il avait su créer au premier tour de la primaire autour de ses idées. Il aurait pu se déployer et se développer dans un courant de gauche dans le PS, il réitère l’erreur stratégique de Jean-Pierre Chevènement en 1977 et d’Hamon-Emmanuelli au dernier congrès du PS, en revenant dans l’axe du parti dont les idées sont le contraire de tout ce qu’il a dit durant la première partie de la primaire. De plus les gauches du PS sont plus divisées que jamais.

5) La candidate Éva Joly (Europe-Ecologie -les Verts) est depuis l’université des partis régionalistes à Mouans-Sartoux (06), la candidate des ethno-régionalistes. Elle prône « une Europe fédéraliste des régions », et a annoncé : « nous voulons des régions autonomes » ; elle souhaite donc logiquement la réunification de la Bretagne historique, « l’autonomie basque » (d’une région pouvant aller de l’Espagne à la France), ou encore « une collectivité territoriale unique de la Corse ». Cerise sur le gâteau, elle déclare « Nous voulons que chaque région puisse avoir un statut différent en fonction de ses revendications, ». De ce fait, après avoir développé une position communautariste sur le débat sur la laïcité, la voilà sur une position anti-républicaine primaire ne souhaitant pas un grand avenir à l’État-nation France ni même le développement du principe d’égalité puisque le droit pourra être différent d’une région à l’autre !

6) Il reste donc le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon pour promouvoir les 4 ruptures et les 10 principes de la République sociale. Mais les ouvriers et les employés (53 % de la population) ne sont pas encore gagnés à ce vote. Le fossé devenu béant avec la politique anti-populaire du gouvernement Jospin n’est toujours pas résorbé. Et sans les ouvriers et les employés, il ne peut pas y avoir d’alternative au système actuel, tout juste une alternance gestionnaire comme nous en avons connu de 1983 à 2002. Voilà donc définie la priorité politique !

7) Revenons aux médias dominants. Les principaux médias sont loin d’être neutres : ils sont le principal propagandiste des politiques néolibérales et il est fondamental de développer une force populaire autonome de ces médias si nous souhaitons une vraie alternative. Que ce soit pour mobiliser les ouvriers et les employés aux cotés des couches moyennes intermédiaires (24 % de la population selon l’INSEE) ou que ce soit pour développer un processus politique autonome des médias dominants, il convient de promotionner les assemblées citoyennes proposées par le Front de Gauche pour qu’elles ne soient pas un simple habillage d’un comité de soutien électoral ou une courroie de transmission des partis constitutifs du Front de Gauche. Si la décision est prise et que les discussions vont bon train dans les partis du Front de Gauche, sauf dans quelques cas, elles ne sont toujours pas constituées. Pourtant la gauche a besoin d’un grand lieu de débat citoyen. Puissent les semaines prochaines voir leur éclosion sur tout le territoire national, qu’elles puissent s’autosaisir sur un ordre du jour discuté démocratiquement aux fins de partir du programme partagé du Front de Gauche pour l’analyser, l’améliorer, l’approfondir, le préciser. Il en a bien besoin. Nous ferons le point de leur avancement dans quelques semaines. Mais en attendant, il faut agir pour créer ces lieux autonomes de rassemblement et de débat.

Dans cette séquence politique, quelle meilleure ligne politique que de faire en sorte que le Front de Gauche fasse le meilleur score possible ? Pour cela, n’est-il pas urgent « de marcher sur ses deux jambes » à savoir instituer les assemblées citoyennes du Front de Gauche avec une composition la plus large possible et développer parallèlement à elles les initiatives d’éducation populaire tournées vers l’action pour éclairer les citoyens ?

  1. référence au vote du 29 mai 2005 du traité constitutionnel européen []
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Encore et toujours le même cri pathétique : « SAUVONS LES BANQUES ! »

par Philippe Hervé

 

Cela devient lassant : encore une fois, une fois de plus, les trésors publics vont devoir renflouer les banques européennes. En fait, depuis 2008, ils n’ont jamais cessé. À grand coup de liquidités attribuées sans limites par la Banque centrale européenne (BCE), d’achats par celle-ci sur le marché des  « covers bonds » bancaires (obligation de couverture), de garanties multiples accordées par la Banque européenne sur les opérations interbancaires, il s’agit en  fait d’un flux continu d’argent frais en direction de nos « chères » banques (au sens propre du terme).
Sous un brouillard savamment entretenu, les faits sont d’une simplicité enfantine : depuis la crise des  « subprimes » (2007) et la faillite de Lehman Brothers (2008), la majorité des banques européennes de premier plan sont en fait des « banques zombies ». Par ce vocable « draculesque », on entend des organismes financiers vidés de leur substance, c’est-à-dire sans capacité de survie en dehors d’une perfusion étatique permanente. En fait, le système bancaire a perdu des milliers de milliards de dollars dans la crise de 2007-2008, et ne s’en est jamais remis. À cette époque, le système financier mondial aurait dû faire faillite. L’option prise à l’époque a été de maintenir coûte que coûte cette sorte de « château de cendre » pour le plus grand malheur des peuples et des nations.

Prenons l’exemple de Dexia. L’on présente aujourd’hui sa faillite et son démantèlement comme la conséquence de la crise de la dette des États, en particulier de la Grèce. Il n’en est rien… ou si peu. En vérité, Dexia était engagée au milieu des années 2000 pour, sans doute, des dizaines de milliards sur le marché immobilier américain et les subprimes en particulier. Pour se couvrir, elle a eu la « fausse bonne idée » d’acheter des assurances de couverture contre une baisse éventuelle du marché en question que l’on nomme CDS (credit default swap). Pas de chance, ces CDS avaient été émis par… Lehman Brothers ! Bref, à la fin 2008, Dexia s’est retrouvée dans la situation d’un particulier ayant perdu sa maison dans un incendie et dont la compagnie d’assurance viendrait de faire faillite ! Ainsi, depuis trois ans, la banque franco-belge vivotait, consumant progressivement les milliards d’euros octroyés par les états français et belge. Aujourd’hui, au prétexte de la crise grecque, alors même que Dexia est peu engagée sur la dette de cet état, on solde les comptes,  on liquide et on démembre ce fleuron  de la finance européenne… les Grecs ont bon dos !
Pour  le reste, Barroso et consorts nous proposent à l’unisson un vaste plan de recapitalisation des banques… et il faut faire vite ! Comme les investisseurs privés ne vont certainement pas se précipiter sans garantie étatique, les banques centrales des états, la BCE ou le fond de sauvetage européen (FESF) vont être mis à contribution, ou plutôt les contribuables européens devront endosser ces nouvelles dettes. Pour combien ? Impossible à dire, car les montants des pertes bancaires de l’épisode 2007-2008 sont inconnus. Au minimum, il faudrait plusieurs milliers de milliards d’euros, des sommes bien sûr impossibles à assumer pour les états. L’on en restera donc à quelques centaines de milliards en liquide et en garanties. Bref, comme d’habitude, ce sera « trop peu et trop tard ».
Notons que ce déversement d’argent public aura une « petite conséquence » : la perte de la notation triple A pour la France, et donc une augmentation des  frais de la dette publique française… Cela s’appelle un cercle vicieux.

Au fait, qu’en pense le candidat désigné par les primaires ? Hollande est-il pour ou contre la recapitalisation des banques ? Si oui, quel contrôle étatique propose-t-il ? Bref, va-t-il, comme les autres socialistes européens, participer à ce renflouement permanent sans aucune issue ni aucun espoir ? Va-t-il, comme Papandréou ou Zapatero, imposer l’austérité à leur peuple pour combler une dette d’État liée à la débine des banques et à une récession due à la crise du système financier ?

Il faudra bien un jour que nos amis, socialistes ou non, comprennent que ce système financier est définitivement mort il y a trois ans.
L’ordre du jour appelle la mise en place d’un nouveau système monétaire en réseau, fondé sur la possibilité pour chaque personnalité physique ou morale de « faire la banque » et d’émettre de la monnaie en correspondance de son épargne.
Aujourd’hui, faire un pas dans cette direction, c’est être progressiste. Maintenir un système moribond c’est être réactionnaire. Voilà le seul dilemme.
Nous y reviendrons prochainement dans ReSPUBLICA.

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Démondialisation : le débat interdit ?

par Michel Rogalski
économiste, EHESS-CNRS, directeur de la revue Recherches internationales.
http://www.recherches-internationales.fr/

 

L’ampleur du tir de barrage opposé au terme de démondialisation donne la juste mesure de son côté insupportable pour tous ceux qui avaient vanté depuis des décennies la mondialisation heureuse, alors même que les faits accumulaient jours après jours les symptômes de son échec. Qu’on en juge par les quolibets et noms d’oiseaux : tour à tour absurde, irréaliste, réactionnaire, subalterne, accusée de propager illusion démagogique, d’être un concept superficiel et simpliste, une fable, un thème provocateur, d’encourager un repli national ne pouvant conduire qu’au modèle de la Corée du Nord. Rien ne fut épargné.
La mobilisation des think tanks et des politiciens émargeant au « Cercle de la raison » ne doit pas étonner. Ils sont dans leur rôle en agissant en sorte que l’alternance reste bien une alternance et ne soit surtout pas une alternative. Les forces qui concourent à ce Cercle, tel un disque rayé, ressassent en boucle, malgré la réalité, les bienfaits de la mondialisation. Par contre, on ne peut qu’être surpris que d’autres, au nom de l’idéologie altermondialiste dont le bilan des avancées depuis dix ans confine à l’évanescence, viennent, dans la crainte de perdre le peu qu’il reste de leur fond de commerce, joindre leurs voix aux premiers avec tout autant de mauvaise foi. Mais le débat n’est plus confiné à la gauche de la gauche puisqu’il s’est invité dans la bataille présidentielle. Et c’est bien normal car il porte en lui l’analyse nécessaire du bilan des trente dernières années. Vouloir étouffer un tel débat serait une faute politique majeure. Ce serait occulter la richesse potentielle inhérente à tout débat sur la sortie maîtrisée du tunnel de l’austérité fabriqué à coup de déflation salariale, de délocalisations, d’invention de « contraintes extérieures » recherchées par nos élites et reposant sur une soi-disante rationalité supérieure d’essence mondiale, de construction européenne important les formes les plus exacerbées de la mondialisation, souvent au prétexte d’y résister et bien sûr se mettant dans l’incapacité de protéger, de promouvoir le social ou de contrôler la finance.

Ce dont il s’agit aujourd’hui, c’est de reprendre et d’approfondir l’opposition à la bifurcation de 1983 qui sacrifia les avancées sociales sur l’autel de la construction européenne, en prenant appui sur l’acquis de la confrontation d’idées qui vit le jour en 2005 à l’occasion du referendum constitutionnel européen. Magnifique débat dont l’enjeu ne portait ni sur des personnes ou des postes et qui est relancé aujourd’hui par la crise de 2008 et son contrecoup actuel alimenté par les dettes souveraines, l’incertitude sur l’euro et les interrogations sur la façon de penser la construction européenne. Et si la démondialisation interpelle fortement l’Europe c’est parce que cette région du monde est devenue un concentré -un laboratoire- de la mondialisation et que, loin d’y être douce, elle y concentre tous ses excès. Il n’y a pas lieu de s’en étonner. C’est dans cet espace que le commerce de proximité s’est le plus développé, que l’interdépendance y est la plus forte, que des pans entiers de souveraineté nationale ont été transférés, qu’une majorité de pays ont décidé de se doter d’une même monnaie et d’une Banque centrale indépendante des gouvernements et enfin que des éléments de constitutions économiques se sont successivement empilés (Acte unique, Traité de Maastricht, Pacte de stabilité, etc.) pour être repris dans le corset du Traité de Lisbonne. En s’élargissant à 27 pays, l’Europe a brutalement modifié les conditions de la concurrence, y a importé brutalement la diversité de mondialisation et s’est mise hors d’état de pouvoir assurer la moindre protection à ses populations sur lesquelles plane l’ombre de l’austérité.

C’est pourquoi les débats que suscite le thème de la démondialisation sont essentiels. Ils touchent tout simplement aux conditions nécessaires à la réalisation d’une rupture avec trente années de néolibéralisme mondialisé qui tel un rouleau compresseur écrase tout sur son passage. Car peut-on supporter plus longtemps la stratégie délibérément mise en place par le capital pour se rapprocher d’un travail précaire et non protégé et fuir celui qui avait su lui imposer la « contrainte » des acquis sociaux. Tout fut tenté avec les conséquences que l’on sait, des délocalisations massives à l’organisation de flux migratoires en passant par libre circulation des capitaux spéculatifs et déstabilisants, le libre-échange généralisé des marchandises, la déflation salariale et son corollaire l’endettement des ménages, la soumission aux signaux des marchés, internationaux de préférence.

Quelques questions centrales émergent avec force de ce débat dont on voudrait étouffer la richesse :

  • On nous explique qu’il faudrait être patient et que nos maux proviendraient de la situation d’entre deux dans laquelle nous serions entrés. L’État-Nation est blessé, mais il bouge encore, alors que l’économie mondiale ne serait pas encore instaurée et peinerait à se doter d’une gouvernance globale (ou européenne). Ainsi nous cumulerions les défauts de l’érosion des frontières sans être encore en mesure de bénéficier des avantages de leur dépassement. Cette « transition », qui se déroule depuis une trentaine d’années, n’a pour l’instant accouché que de la crise et se trouve de moins en moins en mesure de prouver que l’expansion du néolibéralisme à l’échelle du monde serait salvatrice. L’attente d’un gouvernement mondial pour résoudre les problèmes engendrés par sa recherche risque fort de s’enliser dans le sable. Elle est évidemment insupportable pour les peuples. Se sortir de cette ornière en proposant une véritable issue, c’est, pour tout pays, nécessairement entrer dans un processus de démondialisation. Faut-il attendre que ça change en Europe ou dans le monde pour que cela puisse changer chez nous ? Ou bien, faut-il engager l’action de façon unilatérale en mesurant sa portée conflictuelle et s’y préparer ? Véritable réductrice d’incertitude, l’Europe qui s’est construite a toujours servi de gangue gluante atténuant l’amplitude de l’oscillation du balancier de l’alternance et jouer ainsi le rôle de Sainte Alliance, remplaçant le Mur d’argent des années 20. Ainsi refuser l’antimondialisation reviendrait à subordonner tout changement en France à d’éventuelles et bien improbables évolutions européennes ou mondiales. Ce constat conduit à poser la question incontournable de l’exercice de la souveraineté, c’est-à-dire de la nécessaire superposition entre le périmètre où se joue la démocratie et celui de la maîtrise de la régulation des flux économiques et financiers. Le cadre national s’impose. Pourquoi la « relocalisation » sur la région serait à la limite acceptable, l’Europe fédérale souhaitée et la souveraineté nationale vilipendée ? Pourquoi cette haine de l’état-Nation qu’il faudrait prendre en tenaille par le bas et par le haut ? Les gauches latino-américaines ont montré que le cadre national pouvait permettre des avancées sociales substantielles, faire tache d’huile et rendre possible des coopérations.
  • La soumission à une rationalité dite supérieure parce que mondiale crée ce que nos élites appellent la « contrainte extérieure ». Celle-ci n’est que le retour de ce qui a été voulu et recherché. La mondialisation qui nous retombe sur la tête c’est celle que l’on a envoyée en l’air à coups de dérégulation, de libre-échange forcené, de privatisations, de délocalisations, de circulation incontrôlée de capitaux et de marchandises, de financiarisation, d’endettement de peuples et d’états. Elle se heurte aux acquis sociaux historiquement constitués qui deviennent ainsi pour nos mondialisateurs des « contraintes internes » qui freinent leurs objectifs et dont ils doivent se débarrasser pour obtempérer aux ordres des marchés. La compétition internationale devient l’arme de l’antisocial et dévaste les territoires. Le mérite du débat sur la démondialisation est de bien montrer l’affrontement des logiques des deux contraintes, l’une fabriquée pour mieux combattre l’autre (1) et d’identifier les gagnants (les facteur mobiles : capital et finance, grandes firmes, maffias) et les perdants (les facteurs fixes : peuples et territoires).
  • Les conséquences sur les politiques économiques à adopter reviennent au cœur du débat. La demande de protection qui monte concerne prioritairement l’ensemble des acquis sociaux engrangés pendant les Trente Glorieuses, annexement ceux du capital national malmené par la concurrence sauvage. Cette période a connu les protections tarifaires, quelques contrôles de change, nombre de dévaluations qui n’ont pas signifié pour autant repli national, fermeture ou adoption d’un modèle nord-coréen. Croissance, élévation du niveau de vie, plein-emploi ont bien été au cœur de ce qu’on voudrait nous faire regarder aujourd’hui comme une horreur « national-protectionniste ». La crise actuelle appelle au retour de l’état comme acteur économique majeur. Il n’y a pas de protection possible sans qu’un rôle accru lui soit confié, aussi bien en termes de périmètre d’action que dans la nature de ses interventions. Enfin, faut-il se tourner vers la satisfaction des besoins du marché intérieur ou vers ceux, erratiques, du marché mondial ? Où sont situées les sources de croissance de notre pays ? Dans notre territoire où à l’export ? Un pays peut le tenter, mais si tous font de même l’avantage disparaît. C’est cette stratégie non généralisable qui fut proposée au Tiers monde dans les années 70 et provoqua la crise de la dette et les politiques d’austérité qui s’ensuivirent.

On allèguera qu’il existe une forme de mondialisation désirable, celle des échanges culturels, du tourisme, de la connaissance et des savoirs, de la coopération entre les peuples, de tout ce qui fait la densité de la vie internationale ou d’un espace public en construction à ce niveau. Mais ne la mélangeons pas avec celle qui fait l’objet du débat d’aujourd’hui à savoir le nécessaire blocage de l’expansion du néolibéralisme à l’espace mondial. Ne fusillons pas les messagers qui apportent la mauvaise nouvelle mais regardons plutôt les signaux divers qui attestent des limites de la phase en cours, à commencer par l’annonce faite par la Cnuced de la réduction du commerce mondial de 8 % au premier trimestre 2011.

(1) Lionel Stoléru, conseiller de Giscard, nous avait déjà tout expliqué dès 1987 dans L’ambition internationale (Le Seuil) en résumant parfaitement le sens de la démarche mondialiste : “Ces prétendues “contraintes” internationales, c’est nous-mêmes qui les avons voulues, c’est nous-mêmes qui les avons édifiées, c’est nous-mêmes qui, jour après jour, nous employons à les développer. Nous n’avons plus les coudées franches parce que nous avons voulu ne plus avoir les coudées franches.” (p.12) (…) “Disons d’abord qu’il n’y a pas de contraintes internationales, il n’y a que des ambitions internationales que nous avons librement choisies, que nous voulons atteindre parce que nous savons qu’hors d’elles, point de salut”. “Disons que par rapport à ces ambitions internationales, il n’y a plus de politiques nationales, il n’y a plus que des contraintes nationales, qui nous freinent dans la recherche de nos ambitions internationales”. (p.13)


Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales à laquelle collaborent de nombreux universitaires ou chercheurs et qui a pour champ d’analyse les grandes questions qui bouleversent le monde aujourd’hui, les enjeux de la mondialisation, les luttes de solidarité qui se nouent et apparaissent de plus en plus indissociables de ce qui se passe dans chaque pays.

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15 octobre 2011 : grande victoire pour les Indignés

par Eric Toussaint
Docteur en sciences politiques et préside le CADTM Belgique.
Dernier ouvrage paru : La Dette ou la Vie, Aden-CADTM, 2011 (livre collectif coordonné par Damien Millet et Eric Toussaint).

http://www.cadtm.org/

 

Depuis février 2003, c’est la première fois qu’un appel à une action internationale à une date déterminée rencontre un tel écho. En Espagne, d’où l’action est partie près de 500 000 manifestants ont défilé dans les rues d’environ 80 villes différentes dont 200 000 ou plus à Madrid1 . Des actions se sont déroulées dans 5 continents. Plus de 80 pays et près d’un millier de villes différentes ont vu défilé des centaines de milliers de jeunes et d’adultes qui protestent contre la gestion de la crise économique internationale par des gouvernements qui courent aux secours des institutions privées responsables de la débâcle et qui en profitent pour renforcer les politiques néolibérales : licenciements massifs dans les services publics, coupes claires dans les dépenses sociales, privatisations massives, atteintes aux mécanismes de solidarité collective (systèmes publics de pension, droits aux allocations de chômage, convention collectives entre salariés et patronat, …) Partout le remboursement de la dette publique est le prétexte utilisé pour renforcer l’austérité. Partout les manifestants dénoncent les banques.
En février 2003, il s’était agi de la plus grande mobilisation internationale pour tenter d’empêcher une guerre : l’invasion de l’Irak. Plus de 10 millions de personnes s’étaient rassemblées dans d’innombrables manifestations autour de la planète. Depuis lors, la dynamique du mouvement altermondialiste né au cours des années 1990 s’était progressivement estompée sans s’épuiser tout à fait.
Ce 15 octobre 2011, un peu moins d’un million de personnes ont manifesté mais il s’agit néanmoins d’une énorme victoire car c’est la première grande manifestation réalisée en 24 heures autour de la planète contre les responsables de la crise capitaliste qui fait des dizaines de millions de victimes.
La crise financière et économique qui a démarré aux Etats-Unis en 2007 s’est étendue principalement en Europe à partir de 2008. La crise de la dette qui était le lot des pays en développement s’est déplacée vers les pays du Nord. Elle est interconnectée à la crise alimentaire qui frappe d’importantes régions des pays en développement depuis 2007-2008. Sans oublier la crise climatique qui affecte principalement les populations du Sud de la planète. Cette crise systémique s’exprime également au niveau institutionnel : les dirigeants des pays membres du G8 savent qu’ils n’ont pas les moyens de gérer la crise internationale, ils ont dès lors réuni le G20. Celui-ci démontre depuis 3 ans qu’il est incapable de trouver des solutions valables. La crise recèle une dimension de civilisation. Sont remis en cause pêle-mêle le consumérisme, la marchandisation généralisée, la non prise en compte des impacts environnementaux des activités économiques, le productivisme, la recherche de la satisfaction des intérêts privés au détriment des intérêts, des biens et des services communs, l’utilisation systématique de la violence par les grandes puissances, la négation des droits élémentaires des peuples comme celui de Palestine… Souvent c’est le capitalisme qui est au centre de la remise en question.
Aucune organisation centralisée n’a convoqué cette mobilisation. Le mouvement des Indignés est né en Espagne en mai 2011 dans la foulée des rébellions tunisienne et égyptienne des mois précédents. Il s’est étendu à la Grèce en juin 2011 et dans d’autres pays européens. Il a franchi l’Atlantique Nord depuis septembre 2011. Evidemment une série d’organisations politiques radicales et de mouvements sociaux organisés soutiennent le mouvement mais ils ne le conduisent pas. Leur influence est limitée. Il s’agit d’un mouvement largement spontané, jeune en majorité, avec un énorme potentiel de développement qui inquiète fortement les gouvernants, les dirigeants des grandes entreprises et toutes les polices de la planète. Il peut s’éteindre comme un feu de paille ou mettre le feu aux poudres. Personne ne le sait.

Le 15 octobre 2011, l’appel à la mobilisation a surtout réuni des manifestants dans les villes des pays du Nord et n’a pas épargné les centres financiers de la planète, ce qui est très prometteur. Le mouvement des Indignés a déclenché une dynamique très créative et émancipatrice. Si vous n’en faites pas encore partie, cherchez à le rejoindre ou à le lancer s’il n’existe pas encore là vous vous vivez. Interconnectons-nous pour une authentique émancipation.

  1. J’écris ces lignes depuis Madrid où j’ai participé à cette imposante manifestation de 200 000 personnes. []
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Tunisie : Opération « Aatakni », retour aux fondamentaux révolutionnaires

par ProChoix
la revue pour le droit de
choisir, dirigée par Caroline Fourest et Fiammetta Venner
www.prochoix.org

http://www.prochoix.org

Source de l'article

 

L’affaire Persépolis n’en finit pas de créer des remous en Tunisie. A une semaine d’élections censées représenter l’aboutissement du processus révolutionnaire, une partie de la jeunesse révolutionnaire se mobilise comme au bon vieux temps et remet ça. Celle-là même qui avait été à l’avant-garde du combat contre la censure ayant mené à terme à la chute du régime. Cette fois sa cible est double : les autorités judiciaires et leur tentation réactionnaire, ainsi que l’ordre moral qui a survécu à la dictature. 

Le pouvoir judiciaire tunisien, après avoir été aux ordres de l’ex régime autoritaire de Ben Ali, est-il en train de dériver à nouveau ? Une succession de décisions de justice, de convocations et d’enquêtes à caractère inquisitoire constituent aux yeux de nombreux observateurs des signes avant-coureurs d’une chasse aux sorcières, voire de réflexes théocratiques liberticides. En l’absence de lois claires régissant la liberté d’expression et surtout de nouvelle Constitution qui reste à rédiger, des juges semblent céder de plus en plus à des demandes populistes pour calmer la rue et la partie la plus bruyante de l’opinion, comme dans une authentique ochlocratie.

L’insupportable escalade de l’appareil judiciaire

Pour la blogosphère tunisienne, traditionnellement très active s’agissant des libertés individuelles après avoir été un rempart contre la censure du net, la coupe est pleine. Cela a commencé par deux jugements, en première instance et en appel, favorables au groupe d’avocats ayant porté plainte contre l’ATI (Agence Tunisienne de l’Internet) et appelé au retour de la censure de la pornographie sur internet, ce qui implique un redéploiement des outils de la censure en place sous Ben Ali. Une autre plainte a ensuite été jugée recevable par le parquet contre la cinéaste Nadia El Fani, auteur de « Laïcité Inchallah » (ex « Ni Dieu Ni Maître »), suite à la projection en avant-première de son documentaire à Tunis en juin dernier.
C’est au tour de Nabil Karoui, PDG de Nessma TV d’être convoqué mercredi par un juge, suite à la plainte d’un autre groupe d’avocats, souhaitant poursuivre la chaîne pour avoir diffusé le film d’animation franco-iranien Persépolis au motif que celui-ci est « blasphématoire » et « porte atteinte aux valeurs islamiques ». Et, énième fuite en avant, l’instruction nécessite à présent la convocation et l’interrogation par le procureur de la République de l’équipe d’acteurs tunisiens ayant participé au doublage du film en dialecte tunisien.

Vers une révolution 2.0 ?

Avec cet ultime rebondissement, une ligne jaune a clairement été franchie et on parle désormais sur le web tunisien et dans les médias occidentaux d’atteinte caractérisée à l’art et la création. Tout le monde se souvient encore en Tunisie de l’opération « Nhar ala Ammar », manifestation pacifique de jeunes internautes dès mai 2010, première en son genre à réagir contre un étau de la censure devenu insoutenable à l’époque, mais surtout mouvement libertaire après lequel la tension et la dynamique révolutionnaire n’allaient plus retomber jusqu’à l’éclatement des mouvements sociaux en décembre de la même année. Cela avait consisté entre autres en cette idée originale qui a vite fait de déborder les censeurs : tous les soutiens au mouvement postaient leurs photos, à visage découvert, brandissant des messages écrits défiant la censure, dont le depuis devenu célèbre slogan « Sayyeb Salah » (expression voulant dire « Fous-moi la paix »).
On pensait la technique reléguée à jamais au musée de la révolution, mais voici que les pancartes sont à nouveau de sortie un an et demi plus tard, avec cette fois un synonyme clin d’œil au passé récent en guise de slogan donnant son nom au mouvement : « Aatakni », littéralement « lâche-moi ! » en argot tunisien.
Derrière l’initiative citoyenne et spontanée, aucun parti politique pour l’instant, que de jeunes tunisiens qui nous ont confié leur ras-le-bol de voir une révolution tunisienne confisquée par une arrière-garde au nom de la vertu, des dépositaires de l’ordre moral qui pour eux représentent clairement les nouvelles forces contre-révolutionnaires, qu’il s’agisse d’un Etat complaisant envers l’intégrisme religieux, de juges rétrogrades ou de salafistes et jeunes identitaires radicaux. « Ils ont cru que la révolution du 14 janvier les autorise désormais à attaquer, au nom de la démocratie, les locaux d’une chaîne de télévision diffusant un contenu qui leur déplait », déplore une des instigatrices d’« Aatakni ».
Une page Facebook a aussi été créée pour fédérer autour de cette cause, quelques centaines de personnes y ont confirmé leur présence à une marche ce dimanche 16 octobre qui parcourra l’Avenue Mohamed V à Tunis, afin de dénoncer un recul des libertés parfois pire que durant l’ère Ben Ali.
L’enjeu est de taille : entre la mobilisation d’aujourd’hui après la prière du vendredi du camp fondamentaliste (seconde manifestation contre Nessma TV) et celle de dimanche qui y répondra, c’est la nature-même de la révolution tunisienne qui est probablement en train de se dessiner, entre universalisme et acception « locale » des libertés.

Seif Soudani

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Appel pour la reconnaissance officielle de la tragédie du 17 octobre 1961 à Paris

par Médiapart
http://www.mediapart.fr/

 

Edition : 17 octobre 1961

http://www.dailymotion.com/videoxlr6wn

Le massacre de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 fait partie de notre histoire. En partenariat avec l’association Au nom de la mémoire, Mediapart lance, à l’aube du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, cet appel pour «une nouvelle fraternité franco-algérienne». La carte des manifestations prévues lundi 17 octobre 2011 dans toute la France est ici. Pour comprendre ou revisiter l’événement dramatique du 17 octobre 1961, Mediapart propose ici le documentaire de Mehdi LallaouiLe Silence du fleuve; là dix-sept contributions d’écrivains; enfin une étude des racines policières de cette répression raciste.

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«Il y a cinquante ans, le préfet de Police de la Seine, Maurice Papon, avec l’accord du gouvernement, imposa un couvre-feu visant exclusivement tous les Français musulmans d’Algérie.

«Ce couvre-feu raciste entraîna une réaction pacifique des Algériens, sous la forme d’une manifestation dans les rues de Paris. Au soir du mardi 17 octobre 1961, ils furent près de trente mille, hommes, femmes et enfants, à défiler pacifiquement sur les grandes artères de la capitale pour revendiquer le droit à l’égalité et défendre l’indépendance de l’Algérie.

«La répression policière de cette protestation non violente est une des pages les plus sombres de notre histoire. Longtemps dissimulée à l’opinion et désormais établie par les historiens, elle fut féroce : onze mille arrestations, des dizaines d’assassinats, dont de nombreux manifestants noyés dans la Seine, tués par balles, frappés à mort.

«Le temps est venu d’une reconnaissane officielle de cette tragédie dont la mémoire est aussi bien française qu’algérienne. Les victimes oubliées du 17 octobre 1961 travaillaient, habitaient et vivaient en France. Nous leur devons cette justice élémentaire, celle du souvenir.

«Reconnaître les crimes du 17 octobre 1961, c’est aussi ouvrir les pages d’une histoire apaisée entre les deux rives de la Méditerranée. En 2012, l’Algérie fêtera cinquante ans d’une indépendance qui fut aussi une déchirure française. A l’orée de cette commémoration, seule la vérité est gage de réconciliation.

«Ni vengeance, ni repentance, mais justice de la vérité et réconciliation des peuples: c’est ainsi que nous construirons une nouvelle fraternité franco-algérienne. »

Signez directement l’appel en ligne.

Vous trouverez ensuite la liste de la première centaine de signatures que nous avons pu récolter avant cette mise en ligne. Parmi les nombreuses personnalités qui ont déjà donné leur accord, on remarque notamment les noms des anciens résistants Raymond Aubrac, Stéphane Hessel et Edgar Morin; du fondateur du Nouvel Observateur Jean Daniel, du directeur des Temps Modernes Claude Lanzmann et de celui de la revue Esprit, Olivier Mongin; des philosophes Régis Debray et Alain Badiou, de l’écrivain et ancien éditeur François Maspero, de l’écrivain Didier Daeninckx, des professeurs au Collège de France Françoise Héritier et Pierre Rosanvallon; des historiens André Burguière, Jean-Luc Einaudi, Gilles Manceron, Benjamin Stora, Tzvetan Todorov, Enzo Traverso, Françoise Vergès, Georges Vigarello; des avocats Henri Leclerc, Jean-Pierre Mignard et Roland Rappaport; enfin ceux de Florence Malraux, Alain Joxe et Mireille Fanon-Mendès France ainsi que de l’ancien premier ministre Michel Rocard.

Mise à jour, samedi 15 octobre 2011: depuis sa mise en ligne, mercredi 12 octobre, cet Appel a reçu les soutiens de toutes les forces politiques de la gauche française dans sa diversité. Figurent dans la liste des plus de 4.000 signataires à ce jour les dirigeants du Parti socialiste (Martine Aubry et François Hollande sont signataires ainsi que l’actuel premier secrétaire du PS Harlem Désir), d’Europe Ecologie–Les Verts (la secrétaire nationale Cécile Duflot est signataires, tout comme de nombreux élus nationaux et européens, parmi lesquels Daniel Cohn Bendit), du Parti de gauche (ses co-présidents Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard ont signé), du Parti communiste (son secrétaire national Pierre Laurent compte parmi les premiers signataires) et du NPA (Philippe Poutou, Olivier Besancenot et les deux porte-paroles ont signé). Pour l’avenir, et notamment pour 2012, en cas d’alternance politique, ces signatures les engagent tous.

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17 octobre 1961 - 17 octobre 2011

 

Les évènements du 17 octobre 1961 désignent la répression sanglante ayant frappé une manifestation organisée par la Fédération de France du F.L.N. en faveur de l’indépendance de l’Algérie à Paris. Des dizaines à des centaines d’Algériens, selon les sources, sont morts lors de la confrontation avec les forces de l’ordre alors dirigées par le préfet de police Maurice Papon. Les manifestants internés dans des centres de détention pendant quatre jours y auraient subi des violences.

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