Chronique d'Evariste
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Hollande a réussi un beau meeting au Bourget mais malheureusement le compte n'y est pas pour les couches populaires et les couches moyennes intermédiaires

par Évariste
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Disons-le tout net : un certain nombre de mesures présentées au Bourget sont de bonnes mesures que tout militant du mouvement social accepte volontiers. Mais il n’y a pas de mesures qui visent à une alternative au modèle néolibéral parce qu’il n’y a pas de mesures suffisantes pour agir sur les causes de la triple crise.
Le ton de son discours est devenu plus ferme contre la finance internationale mais les propositions ne suivent pas.
Bien sûr, la séparation des banques de dépôt et des banques d’affaires et la taxation des transactions financières vont dans le bon sens. Mais il n’y a rien par exemple pour financer les États à près de 0 % car seule une banque centrale peut le faire – ce qui est interdit par l’article 123 du traité de Lisbonne. François Hollande ne dit pas qu’il faut désobéir aux articles 123 et 125 du traité de Lisbonne. C’est pourtant essentiel. Il ne dit rien non plus sur la nécessité d’un audit citoyen de la dette, etc.
Il ne dit pas comment il compte régler le problème du libre-échange qui empêche tout développement tant des pays moins avancés que de la France (et sa nécessaire réindustrialisation).
Il dit qu’il veut 60.000 enseignants en plus uniquement par redéploiement ce qui veut dire qu’il compte supprimer 60.000 nouveaux postes de fonctionnaires ailleurs (sans dire où, ce qui est très préoccupant pour les hôpitaux, la police, etc.).
Sur le développement des services publics et des services de santé et de protection sociale, nous restons sur notre faim dans la mesure où les couches populaires et les couches moyennes intermédiaires (77 % de la population) souffrent des inégalités sociales de santé, du refus de soins pour cause financière, des dépassements d’honoraires, des franchises sur les soins, de la désertification médicale, des délais d’attente de plus en plus grand,s des maisons de retraite à prix prohibitifs pour elles, etc.
A part les créations d’emplois aidés, l’insuffisance est patente des projets contre le chômage, contre la précarité, contre les CDD, contre les temps partiels subis, contre la pauvreté, contre le manque de logements (nécessité de 500.000 constructions nouvelles par an dont la très grande majorité en logement social : le durcissement souhaitable de la loi SRU proposé par François Hollande est insuffisant pour obtenir cet objectif), contre la dette illégitime (car n’ayant servi qu’à enrichir les spéculateurs sans lien avec l’économie réelle).
Rien sur la nécessaire augmentation du remboursement de l’assurance-maladie ni sur le refus de la retraite à 60 ans pour tous. Là encore, François Hollande nous fait croire qu’il y a un problème démographique pour les retraites, alors que c’est un leurre comme ce fut un leurre de croire en 1960 que diviser le nombre de paysans par 10 et doubler le nombre de bouches à nourrir en 50 ans allait aboutir en 2010 à la famine…1
En fait, François Hollande en ne prenant pas à bras-le-corps le problème de la répartition des richesses de plus en plus inégalitaires entre d’une part les salaires directs (le bas de la fiche de paye) et les salaires socialisés (les prestations sociales) et d’autre part les profits, s’interdit de changer de modèle politique et nous fait croire qu’un modèle néolibéral de gauche est susceptible de changer la donne. N’a-t-il pas compris qu’il faut partir d’une critique du tournant néolibéral de 1983 et non pas rester dans le paradigme des Zapatero, Papandréou, Socrates et consorts ?
Même la proposition de constitutionnalisation de la loi du 9 décembre 1905, qui va dans le bon sens, mérite quelques éclaircissements : ne voit-on pas le Sénat à majorité socialiste voter un amendement du sénateur socialiste Alain Richard visant à permettre le financement des crèches confessionnelles en contradiction avec la loi de Séparation ! Et Roland Ries, maire de Strasbourg et membre de l’équipe de campagne de Hollande, déclarer que son candidat est favorable au maintien du statut concordataire en Alsace-Moselle ! Tout cela fait désordre, mais François Hollande voudra-t-il désavouer sa majorité au Sénat et le maire de Strasbourg ?

Pour exercer la vigilance nécessaire aux enjeux de la période et éclairer les citoyens, le journal ReSPUBLICA appelle infatigablement à des initiatives d’éducation populaire tournées vers l’action.

  1. Là encore, les conférences du ]
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Sécurité sociale : comment étatiser pour mieux privatiser

par Bernard Teper
Responsable du secteur Education populaire de l'Union des FAmilles Laïques
Portail des secteurs de l'UFAL : www.ufal.info

http://www.ufal.org

 

Depuis longtemps, les contributeurs de ReSPUBLICA et les conférenciers du Réseau Éducation Populaire (REP) expliquent inlassablement que le projet du modèle politique néolibéral a pour objectif prioritaire la privatisation des secteurs rentables de la sécurité sociale dont le budget est supérieur au budget de l’État. Ils expliquent aussi que pour les néolibéraux la phase de l’étatisation est un point de passage nécessaire.

Reprenons l’histoire. Les révolutionnaires du Conseil national de la Résistance (CNR) estiment que la Sécurité sociale est trop importante pour être gérée par le privé mais aussi par l’État. C’est pourquoi ils décident que la Sécurité sociale sera gérée par les représentants élus des assurés sociaux lors d’élections dont les dernières ont eu lieu en 1983 avant d’être abandonnées par Michel Rocard puis supprimées par la loi par Alain Juppé.
Mais pour privatiser ce qui appartient au peuple, il faut d’abord étatiser puis vendre « par appartements » au privé. Ainsi des ordonnances de 1967 à la sinistre loi Bachelot HPST en passant par la contre-réforme régressive Juppé de 1995 et les lois de financement de la sécurité sociale (LFSS) votés chaque fin d’année, tout a été fait pour étatiser ce qui appartenait au peuple. Enfin presque tout. Il fallait en même temps diminuer les pouvoirs des conseils de la Sécurité sociale et augmenter ceux des directeurs nommés par la monarchie élective de la Ve République.
La dernière péripétie sous l’État néolibéral sarkozyste a consisté à enlever à l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam, dont les membres ne sont plus élus mais nommés par des règles injustes) la possibilité de fixer le taux de la participation de l’assuré aux dépenses de santé (appelé de façon impropre le ticket « modérateur ») pour l’augmenter bien sûr et privatiser un peu plus le remboursement des soins. Après s’être fait retoquer par le Conseil d’État le 5 décembre 2011, le gouvernement fait publier un décret le 15 janvier 2012 en application de l’article 82 de la dernière LFSS, stipulant que l’Uncam doit se prononcer dans un délai de deux mois dès que le gouvernement fixe de nouvelles fourchettes de taux pour les les médicaments à service médical rendu (SMR) modéré, les médicaments homéopathiques et les dispositifs médicaux. Rendez-vous donc le 15 mars 2012 pour voir les nouveaux taux néolibéraux.

Pour privatiser le remboursement des soins, les néoliberaux baissent le remboursement Sécu et augmentent le remboursement par les complementaires santé… subventionnées par la Sécu !

Le rapport Chadelat l’a théorisé en 2003. Pour faire baisser les prélèvements obligatoires, il suffit entre autres de baisser les remboursements assurance-maladie (dont les cotisations sont obligatoires et proportionnelles aux salaires - sauf pour les cotisations retraites plafonnées) et d’augmenter très fortement les remboursements par les complémentaires santé (dont les cotisations sont facultatives et en général forfaitaires, donc antisociales car défavorisant les couches populaires, les catégories précarisées et les familles monoparentales). Tout cela a comme conséquence l’accroissement exponentiel des refus de soins pour causes financières (29 % dans la dernière étude) car plus de 7 % des assurés n’ont pas de complémentaire santé et plus du tiers des complémentaires santé ont des remboursements médiocres et scandaleux.
Or, pour ceux qui sont en refus de soins pour causes financières, le modèle politique néolibéral impose à l’assurance-maladie de subventionner les complémentaires santé en obligeant les caisses d’assurance maladie de financer l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS) et en les incitant d’augmenter les ACS par un « coup de pouce ». Ainsi la boucle est bouclée. Le modèle néolibéral organise la baisse des remboursements de l’assurance-maladie, oblige donc les assurés sociaux à souscrire de plus en plus de complémentaires santé et, pire, demande à l’assurance-maladie de subventionner son concurrent à savoir les complémentaires santé (alors que les frais de gestion de la sécurité sociale sont de l’ordre du 6 % contre 15 à 28 % pour les complémentaires santé) !
Il va de soi que le modèle politique néolibéral vise en fait à privatiser les profits dans les complémentaires santé et à socialiser les pertes dans l’assurance-maladie dont le « trou » est construit et fabriqué par la déformation du partage de la valeur ajoutée (changement dans la répartition des richesses faisant passer tous les ans environ 9,3 points de PIB des salaires vers les profits, soit plus de 180 milliards par an, si on se réfère à la répartition des richesses de la période de la fin des années 70 et du début des années 80).
On ne sera pas surpris que parmi les trois types de complémentaires santé, en matière de parts de marché, ce sont les mutuelles qui reculent et les firmes multinationales de l’assurance qui progressent, les instituts de prévoyance soi-disant paritaires (le paritarisme est un procédé qui donne le pouvoir au patronat, car il peut s’associer avec un syndicat complaisant contre la majorité du peuple) ayant une part stagnante actuellement.
Si on se réfère au Fonds CMU dirigé par M. Jean-François Chadelat, nous pouvons connaître les chiffres des attestations délivrées pour l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS).
Sa lettre de janvier montre que le nombre d’attestations a augmenté de 19,5 % sur les dix premiers mois de l’année 2011 et que 734.620 personnes se sont vu délivrer, sur douze mois, cette attestation  : tel est le recul organisé du remboursement assurance-maladie dans notre modèle néolibéral. La détresse sociale est telle que les dirigeants néolibéraux de l’État ont augmenté le plafond des ressources permettant l’ACS de 20 à 26 % au-dessus du plafond de la CMU (LFSS 2011) puis à 35 % (LFSS 2012). Le nombre de bénéficiaires de la CMU complémentaire est aujourd’hui de 4,3 millions de personnes ! Le rapport d’évaluation de M. Jean-François Chadelat dit bien que « la population cible de l’ACS est aujourd’hui loin d’être atteinte » et qu’« un nombre non négligeable de personnes en situation de précarité n’est pas éligible à la CMU-C compte tenu de l’érosion de ce plafond ». Que c’est bien dit pour « noyer le poisson »… Pourquoi ne pas dire ouvertement que la politique menée par les néolibéraux dirigeant l’État (élus et hauts fonctionnaires) sous l’impulsion du MEDEF est d’augmenter la pauvreté, les inégalités sociales de santé, la privatisation des profits et la socialisation des pertes !
La solution existe : remboursement à 100  % des soins utiles et nécessaires partout et pour tous par l’Assurance-maladie financé par un rééquilibrage du partage de la valeur ajoutée (voir plus haut). On n’aurait alors plus besoin de la CMU et des complémentaires santé (dont les frais de gestion sont au moins 2 fois et demi à 4 fois plus importantes que ceux de l’Assurance-maladie) et ce serait la fin de ces indignes inégalités sociales de santé.

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Service public ferroviaire : pourquoi le 3 mars à Clermont Ferrand

par Pierre Ménard
Secrétaire de Convergence Nationale Rail.

 

La Convergence Nationale pour un Service Public ferroviaire de qualité1 est maintenant sur les Rails. Désormais il nous appartient de mettre en œuvre les résolutions prises lors de notre AG constitutive : « organiser la convergence de luttes pour défendre, promouvoir et développer le service public en exigeant une véritable politique publique de transport voyageurs et marchandises ».

Les Assises du ferroviaire, initiées par le ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, présentées à tort comme un grand débat national et public, n’ont réuni que des « experts » triés sur le volet, économistes libéraux chantres de la dérèglementation et de l’ouverture à la concurrence du rail français.

Elles ont fait l’impasse des besoins des usagers, ignoré les conditions de travail des salariés, nié l’enjeu d’un développement éco-responsable et harmonieux du fret sur l’ensemble du territoire.

Cette grand-messe visait, par l’introduction de plus de libéralisme, à poursuivre le dépeçage et l’affaiblissement du secteur public, le nivellement par le bas des conditions sociales des personnels. Elle y a ajouté une menace de suppression sur plus d’un tiers du réseau jugé « non rentable » soit 9 à 11000 km de voies !

Ces Assises ont conclu de façon dogmatique à l’inéluctabilité de l’ouverture à la concurrence dans le ferroviaire… Mais celle-ci, déjà à l’œuvre dans l’activité fret, produit des résultats catastrophiques : elle ne reprend aucun trafic à la route. Pendant ce temps, le réseau ferroviaire français continue de se dégrader (3 000 km de ralentissements) sous le coup de la réduction des investissements, de l’incapacité financière de RFF à moderniser les infrastructures et de mauvais choix politiques et budgétaires.

Par ailleurs le Parlement européen a voté un nouveau « paquet ferroviaire ». Ce vote du Parlement sur la création d’un espace ferroviaire unique européen ouvre une voie royale aux profiteurs privés dans le secteur ferroviaire en Europe. Il prépare le terrain pour la privatisation et la sous-traitance des services.
Avec les possibilités d’ouverture à la privatisation des gares, des plateformes de triage, des installations de maintenance, des services d’exploitation, les compagnies ferroviaires publiques sont affaiblies.

Le rétablissement d’un Réseau Ferré Public et unifié constitue un enjeu de société pour une politique publique de développement de nos territoires, de nos villes, pour la ré-industrialisation de notre pays.

Il est donc urgent et nécessaire d’organiser la riposte.

C’est pourquoi nous appelons à une initiative nationale qui se tiendra le

Samedi 3 Mars 2012 à Clermont-Ferrand
à partir de 12 heures 30

Nous avons choisi Clermont-Ferrand, chef-lieu de la région AUVERGNE, car celle-ci est déjà sérieusement affectée par le dépeçage du Service Public ferroviaire et serait la première région à être menacée par la perspective de fermeture d’un tiers du réseau ferré. La défense de ce lieu est aussi symbolique de la lutte contre le jacobinisme économique : français aujourd’hui, européen voire mondial demain, qui transforme en déserts des régions entières de notre pays.

Cette initiative se concrétisera par un accueil en gare SNCF à partir de 12h30 ; des stands d’associations (à l’arrivée en gare), alimenteront le débat et étofferont les argumentations. La manifestation proprement dite, avec défilé dans la ville de Clermont-Ferrand, démarrera à 13h30.

Nous demandons à être reçus en délégation à la Préfecture de Région (représentant l’ÉTAT) devant laquelle des prises de paroles auront lieu.

Notre objectif est de faire venir de toutes les régions de France des délégations afin d’atteindre, en rassemblant les forces locales et régionales le plus grand nombre de manifestants portant protestations et exigences. Cet objectif atteint, nous demanderons à être reçus au Ministère des Transports afin d’évoquer les difficultés locales et les revendications de toutes les régions de France touchées par ces attaques.
Nous montrerons ainsi par cette manifestation notre refus des conclusions des Assises du Ferroviaire, notre opposition au libéralisme et nous ferons prévaloir un autre avenir pour le rail public.

Le Bureau de Convergence Nationale Rail
Président : Patrick DELFOSSE
Vice-Président : Didier LE RESTE
Secrétaire : Pierre MÉNARD
Secrétaire Adjoint : Christophe SCHIMMEL
Trésorier : Vincent JOUILLE

  1. La Convergence Nationale Rail est la Convergence Nationale des collectifs pour un Service Public Ferroviaire de qualité. Elle rassemble les Collectifs locaux et les personnes (« Individuels » ne représentant pas un Collectif) luttant sur tout le territoire pour le maintien et l’amélioration des services ferroviaires, dans le respect des sensibilités et des choix d’actions des uns et des autres. Elle a pour but de créer des outils d’échanges, de partage et de convergence de luttes pour défendre, promouvoir et développer le Service Public en exigeant une véritable politique publique de transport voyageurs et marchandises. []
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Comprendre les déceptions du « printemps arabe » implique d'analyser la situation sociale et politique dans les pays arabes et/ou musulmans – et au delà

par Zohra Ramdane

 

Dans un de ses textes, Tariq Mira (député algérien de Bejaïa) rappelle que Mario Vargas Llosa, futur prix Nobel, déclarait, alors qu’il devait participer à un colloque d’écrivains latino-américains « Le Mexique, c’est une dictature presque parfaite parce qu’invisible ». Il fut expulsé.
Mario Vargas Llosa disait cela malgré le fait que le Mexique pratique des élections. Mais nous savons depuis Condorcet que le suffrage universel ne suffit pas pour constituer la démocratie. Et qu’il y a bien d’autres critères : libre diffusion des idées et propositions financée par l’État à tous les électeurs sans discrimination d’émission sur tous les supports médias (internet, télévision, journaux, etc.), débat raisonné avant le vote et bien sûr assurance contre le truquage des élections. Nous savons aussi, depuis l’émergence du modèle politique de la république sociale, que cela demande aussi plusieurs conditions sociales, scolaires et éducatives, à savoir l’émergence d’une sphère de constitution des libertés (école, santé et protection sociale, services publics) dégagée de l’influence et de la tutelle des dogmes religieux, économiques et financiers avec des statuts des praticiens professionnels qui les mettent en situation d’autonomie (et non d’indépendance) vis-à-vis de l’État.

Alors qu’en est-il de la Tunisie et de l’Égypte où des élections libres ont eu lieu et où les extrêmes droites intégristes de l’islam politique sont au pouvoir ? Alors, soit certaines «  belles âmes » des pays riches s’en émeuvent mais en prenant soin de ne pas en chercher les causes néolibérales, soit d’autres « belles âmes » munichoises1 de ces mêmes pays riches inventent les faux concepts d’« intégristes modérés » ou d’« extrême droite modérée ».
Alors qu’en est-il de la Libye où les armées des pays riches (regroupés dans l’OTAN) ont installé à la tête du pays les extrêmes droites intégristes de l’islam politique ? Le premier mot du président auto-proclamé fut d’appeler à la charia contre les femmes ! Cela a ému la « belle âme » Juppé !
Alors, qu’en est-il de l’Algérie, pays où la dictature militaire s’est alliée avec l’islam politique des « Frères musulmans » ? Sans doute, le prix du sang (200.000 morts durant la décennie sanglante) brise-t-il encore les ardeurs de changement, et la corruption et la rente pétrolière permettent-elles d’expliquer la situation. Mais c’est le pays où il y a le plus de grèves, de revendications socioprofessionnelles et d’émeutes : jusqu’à 700 par mois !
Alors qu’en est-il au Bahreïn où l’extrême droite salafiste de l’Arabie saoudite a envoyé son armée pour mater le peuple en révolte ?
Aujourd’hui, la mondialisation néolibérale a favorisé l’unification des politiques. Partout les politiques néolibérales sont à l’œuvre et ces politiques ont besoin d’un système d’alliances pour les appliquer. Partout, les néolibéraux se sont alliés avec les communautaristes et les intégristes tant religieux que financiers. Et c’est comme cela depuis la guerre d’Afghanistan en 1979 ! Voilà pourquoi on peut comprendre le paradoxe d’une montée de la sécularisation (y compris dans les pays arabes et/ou musulmans) et de l’arrivée au pouvoir des intégristes religieux et politiques. Comme le FN en France, comme les extrêmes droites populistes qui peuvent à terme arriver au pouvoir par une alliance avec la droite néolibérale.
Quand le sage montre la lune, la « belle âme » regarde le doigt : voilà qui pourrait expliquer l’aveuglement de ces « belles âmes » des pays riches. Car bien sûr, les intégristes de l’islam politique ne sont forts que parce qu’ils sont soutenus par le modèle politique néolibéral. Et si l’islam politique prend le pouvoir aujourd’hui, c’est parce qu’il s’appuie sur l’islam social qui s’est développé depuis l’arrivée planétaire du modèle néolibéral. Le modèle politique néolibéral avait comme priorité d’harmoniser les systèmes de protection sociale par le bas, de privatiser les services publics et la protection sociale pour privatiser les profits et socialiser les pertes. Eh bien pour cela, il y a une condition sans laquelle le modèle politique néolibéral ne peut pas fonctionner : remplacer le principe de solidarité des services publics et de la protection sociale par la charité des communautarismes et autres intégrismes religieux et politiques. Voilà pourquoi l’alliance des néolibéraux, des communautarismes et des intégrismes est nécessaire !
Et cela ne touche pas que les pays arabes et/ou musulmans. On comprend mieux pourquoi, en Israël, les partis intégristes islamistes, sépharade et ashkenaze font aujourd’hui plus de 20 % des voix. Pourquoi il y a une montée des extrêmes droites aux États-Unis, en Europe, jusqu’en France, une montée des extrêmes droites religieuses et politiques.
Oui, les dictatures militaires arabes, même celles qui ont réprimé l’islam politique, n’ont eu de cesse, politique néolibérale oblige, de sous-traiter les politiques sociales à l’islam social. En Tunisie, en Égypte, en Algérie, etc. Alors, quand les dictatures militaires tombent, seul l’islam social dispose d’un réseau national (aucun parti démocratique et, ou de gauche n’a de réseau national dans ces pays) et le passage de l’islam social à l’islam politique n’est alors qu’un jeu d’enfant pour ces manipulateurs. Nous ne le répèterons jamais assez : les masses populaires vont vers les extrémismes religieux et politiques non à cause d’un regain religieux ou idéologique mais quand seuls ces derniers leur permettre de survivre ! Mais c’est au prix du compromis entre les néolibéraux d’une part et les communautarismes et intégrismes d’autre part qui stipule la destruction de la sphère publique de constitution des libertés (école, services publics, protection sociale solidaire) et la sous-traitance des politiques de protection et d’aide sociales à la charité des communautarismes et des intégrismes religieux et politiques. La protection sociale solidaire publique, les politiques sociales doivent être le cœur des politiques publiques et répondre partout et pour tous à l’ensemble des besoins des citoyens et de leurs familles. La laïcité revient à garantir la liberté des cultes de toutes les spiritualités religieuses. Cette garantie est une condition sine qua non du modèle politique de la république sociale. Mais la république sociale n’a pas à sous-traiter la protection et la politique sociale ni à l’islam social, ni au catholicisme social, ni au protestantisme social, ni au judaïsme social, ni au bouddhisme social, ni à l’hindouisme social, ni au shintoïsme social, ni au capitalisme social, etc. Voilà la clé de compréhension de ce qui se passe dans le monde et notamment dans les pays arabes et/ou musulmans. Cette vérité est planétaire et concerne tous les pays à commencer par le nôtre.
Et seules les « belles âmes » font semblant de ne pas comprendre. Parce que cela nuirait à leur confort. Car les responsabilités coloniales et néocoloniales existent. Car comprendre cela obligerait « les belles âmes » à œuvrer pour créer ou recréer partout et pour tous et toutes une école publique républicaine gratuite et laïque, à réserver les fonds publics à l’école publique, à créer ou recréer des services publics et une protection sociale solidaire répondant aux besoins sociaux, à réserver les fonds publics (et donc les fonds de la sécurité sociale !) à l’hôpital public et aux structures de santé sans but lucratif : oui, il faut en finir avec les parties privées de l’hôpital public, avec le financement public par la sécurité sociale des cliniques privées à but lucratif pour les actionnaires, avec la privatisation du remboursement des soins, avec les prélèvements forfaitaires dans la protection sociale pour les remplacer par des prélèvements proportionnels ou mieux encore progressifs, etc.

Lutter pour le féminisme, la démocratie et la laïcité est une nécessité mais, en paraphrasant Jean Jaurès, à condition de lier le combat féministe, démocratique et laïque au combat social.
Voilà pourquoi « les belles âmes » qui font semblant de ne pas comprendre pourquoi nous vivons la montée conjointe de la sécularisation d’une part et des intégrismes et communautarismes religieux ou politiques d’autre part. Voilà pourquoi nous vivons la montée des dictatures néolibérales que certains croient « invisibles ».

  1. Daladier et Chamberlain revenant de Munich en 1938 avaient sûrement trouvé en Hitler un nazisme modéré ! Heureusement que Churchill a dégainé en disant : « Vous avez voulu le déshonneur pour sauver la paix et éviter la guerre, vous aurez le déshonneur et vous aurez la guerre » ! []
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Déclaration sur la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

par le PLD
Parti pour la Laïcité et la Démocratie
http://pldexmdsl.fr.gd/

 

Depuis une année, la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord s’est considérablement dégradée au plan politique et a sérieusement plombé les espoirs de liberté et d’ouverture des peuples à la modernité.

Ainsi, en Tunisie le parti Ennahda remporte les élections constituantes du 23 octobre 2011 et obtient 90 des 217 sièges de l’Assemblée avec plus de 40% des suffrages.

Au Maroc, avec plus d’un siège sur quatre, les islamistes du Parti pour la Justice et le Développement, sont les vainqueurs des législatives du 25 novembre 2011 et depuis, pour la première fois de son histoire, le gouvernement marocain a un premier ministre islamiste.

Les élections législatives en Egypte quant à elles, ont été un véritable raz de marée puisqu’à eux seuls les islamistes détiennent près de …70 % des sièges du parlement !

Les islamistes, forts de soutiens politiques décisifs et de moyens financiers sans précédent, sont sortis du bois et confisqué « démocratiquement » la majorité des suffrages là où des « élections » se sont tenues.

1. Ne pas capituler face aux ennemis de la démocratie !

En Algérie, si la mouvance islamiste n’a pas encore en main toutes les clefs du pouvoir, le tsunami islamiste risque d’emporter le pays par la brèche électorale si le pouvoir s’obstine à maintenir les échéances des élections législatives de Mai prochain. Celui-ci sait pourtant qu’une telle aventure électoraliste a coûté des dizaines de milliers de victimes et ruiné l’infrastructure économique du pays. Seuls le coup d’arrêt à un processus électoral suicidaire vingt ans plus tôt et les immenses sacrifices des forces patriotiques et démocratiques ont permis à l’Algérie de ne pas abdiquer face à l’islamisme armé.

Aujourd’hui, les apprentis sorciers du pouvoir font fi de l’Histoire et serine un discours rassurant. Il semblerait même qu’ils songent à recycler de vieux chevaux de retour san’tegidiots pour réactualiser le contrat de la trahison du 13 janvier 1995 conclu entre le FLN, le FIS et le FFS. Ils jouent sur le mensonge pour se faire passer aux yeux du peuple pour les champions et les précurseurs du changement et agitent l’épouvantail de la peur pour apparaître comme les sauveurs de la République. Tout indique qu’ils sont déjà en campagne pour rameuter le maximum de voix sur leurs candidats.

Les premières passes d’arme sur la scène politique montrent à l’envie que la classe politique aussi ne tire pas les leçons du passé et semble s’acheminer sans état d’âme vers les urnes, à l’instar du FFS, de l’UDR, des Rahabi et consorts.

Pourtant, les élections en Algérie ont toujours été un simulacre. Elles n’ont en fait servi au pouvoir en place qu’à maquiller une dictature pour conforter une image «démocratique » à l’extérieur et se donner d’autre part toute la garantie de manoeuvre à l’intérieur pour y imposer ses choix.

Mais pourra–t-il faire face au rouleau compresseur islamiste auquel la dynamique du succès électoral assure une marche triomphale inexorable ? Autrement dit, pourra-t-il manipuler les chiffres à sa guise comme dans les scrutins précédents ? L’escroquerie des voix et le bourrage des urnes, pourront-t-ils se faire dans les mêmes proportions pour assurer le rapport de force dont a besoin le système pour perdurer ?

2. Les élections de Mai : un engrenage suicidaire !

Des voix désespérées s’élèvent de l’intérieur même du pouvoir pour fustiger l’abstention qui se profile, qui risque de réduire considérablement le tripatouillage des voix et de chambarder les quotas préétablis.

Au plan politique, la « majorité » présidentielle a l’air de se fissurer. Après avoir tiré profit de tous les
dividendes du pouvoir, les islamistes se démarquent de plus en plus de celui-ci dans la perspective de
constituer à eux seuls les majorités de demain et fait inédit, l’Algérie est désormais dans les mâchoires
islamistes de l’étau maghrébin.

Le nouveau contexte régional pousse à l’inquiétude et rejaillit sur la sécurité intérieure du pays. Les
frontières sont plus poreuses au trafic des armes, à l’infiltration terroriste et l’AQMI a fait du sahel une
base arrière terroriste redoutable. La mobilité et les capacités de nuisance du terrorisme islamiste sont
telles que ses commandos agissent sans embarras aux quatre coins du territoire et sont à même de
mener des opérations spectaculaires : Dans la région de Tindouf, trois étrangers sont enlevés dans un
camp de réfugiés sahraouis tandis qu’à la frontière libyenne, le wali d’Illizi en personne est kidnappé
dans une zone ultra sécurisée. Ce dernier est libéré 24 heures plus tard sans que l’on ne sache à quel
prix a été obtenue sa libération. Par contre, des centaines de citoyens ont été kidnappés au cours de
l’année 2011 sans que le pouvoir n’ait investi le moindre effort dans leur libération.

Mais ce qui est nouveau sur la scène politique, c’est le zèle que manifestent l’Occident, notamment les
USA et la France, ses alliés historiques : la Turquie, l’Arabie Séoudite et dans le lot, un nouveau
mercenaire particulièrement actif et agressif, le Qatar, dans la tentation de soumettre tous les pays
arabes aux fourches caudines de l’islamisme « modéré ». Mieux encore, l’organisme français
d’assurance (COFACE) s’est converti à l’expertise politique et parie carrément sur la victoire du FLN
aux futures « élections » législatives. D’où tient-il cette indiscrétion ? En tous cas, d’aucuns
s’interrogent sur ce qui a bien pu le pousser à gonfler la note sécuritaire de la bonne élève et ce, en
flagrante contradiction avec l’état réel du pays, qu’est devenue à ses yeux l’Algérie.

Dans une situation politique aussi délétère et dangereuse, faudrait-il que les démocrates s’engagent
dans un processus qui risque d’assombrir durablement l’horizon démocratique du pays ? A-t-on le
droit de se hasarder dans un engrenage suicidaire et jouer le va-tout du pays à la roulette russe ?

Le combat solitaire et le black-out des années 90 ont ébranlé le pays mais ne l’ont pas mis à genoux.
Les Algériennes et les Algériens ont fait la traversée du désert en subissant une des étapes les plus
cruciales de leur existence sans faillir à l’objectif principal : Tenir en échec l’islamisme armé. Cette
victoire leur a été confisquée par ceux-là mêmes qui les ont traînés dans cette souillure infâme que
sont la « Réconciliation nationale » et la « concorde civile » et qui, aujourd’hui font allégeance aux
nouveaux maîtres de l’heure : les émirs du Qatar et de la Tunisie, après avoir largement ouvert
l’échiquier politique algérien à l’islamisme.

3. Résister, c’est construire un front républicain et démocratique

Les réformes proposées par le pouvoir articulent clairement une tactique politique au souci de
préserver le compromis islamo-conservateur. Elles s’inscrivent dans le refus d’une sécularisation du
pays et illustrent, en dernier ressort, le caractère profondément anti-démocratique d’une démarche qui
nie les valeurs de liberté et d’égalité.

Saignés par les vampires de l’islamisme politique et une maffia vautrée dans la corruption et l’incurie,
les Algériennes et les Algériens n’en peuvent plus de voir s’éloigner les échéances du redressement et
n’aspirent qu’à la paix et à la construction de l’Etat de droit.

La démocratie n’est ni une partie de poker, ni un saut dans l’inconnu mais elle s’arc boute sur un socle
de valeurs universelles que les islamo-conservateurs n’ont pas en odeur de sainteté. A partir de quel
seuil du pire va-t-on commencer à réfléchir à l’avenir du pays et cessé enfin de jouer avec le feu
d’élections biaisées ?

La démocratie ne se construit pas avec ses fossoyeurs. C’est pourquoi, briser le cercle vicieux dans
lequel on veut enfermer les Algériens, devient un impératif car le système n’est pas une fatalité.

Au plus fort du terrorisme, dans un sursaut salutaire d’union sacrée, les Algériennes et les Algériens
ont su passer sous silence toute leur mal vie et puiser dans leurs dernières ressources de résistance
pour permettre à la puissance publique de casser la déferlante islamiste. Aujourd’hui, l’urgence est de
sceller l’union la plus forte pour faire barrage à l’échéance macabre de mai 2012.

Respectueux des fondements de l’Etat de droit, nous ne sommes pas contre le principe des élections
mais nous ne signerons pas un chèque en blanc à ceux qui les ont profilées pour se reproduire ad vitam
aeternam et à ceux qui s’en servent comme ruse pour tuer dans l’oeuf le projet démocratique.

L’heure est au combat dont l’épicentre est le projet de société moderne par lequel les individus, quel
que soit leur sexe et leur origine sociale, sont des citoyens libres et égaux. C’est pourquoi s’impose la
nécessité de constituer un très large front de forces patriotiques acquises à l’idéal laïque et
démocratique pour s’opposer aux « élections » de mai 2012 et travailler avec l’ensemble des forces
vives du pays : les travailleur(se)s, les citoyen(ne)s, les jeunes, les cadres du pays, les artistes, les
intellectuel(le)s, à la mise en oeuvre d’une transition républicaine. De ce point de vue, la plate-forme
de la Coordination Nationale pour le Changement et la Démocratie (CNCD), peut être une base de
départ pour relancer la dynamique de la convergence de toutes les forces démocratiques.

Le Bureau National du PLD

Alger le 22 janvier 2012

Cette déclaration a été publiée intégralement dans le quotidien algérien El Watan en date du 22 janvier 2012.