Chronique d'Evariste
Rubriques :
  • Chronique d'Evariste
  • Ecologie
  • Politique française
  • ReSPUBLICA

1675-2013 : les « bonnets rouges » de Bretagne sont de retour

par Évariste
Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

 

Comme en septembre 1675, une « goutte d’eau a fait déborder le vase », c’était hier des taxes pour financer la guerre contre la Hollande [sic !], c’est aujourd’hui l’écotaxe, destinée à financer l’infrastructure financière. Comme en septembre 1675, la révolte bretonne est sans doute annonciatrice d’une révolution en gestation. Car une « analyse concrète de la situation concrète » montre que le mal est plus profond. Fermeture d’une myriade de PME avec des licenciements à la clé dans des bassins d’emplois mono-activité, crise de la filière agro-alimentaire avec effet d’entraînement en amont sur l’agriculture elle-même, pauvreté, misère et déclassement sont à l’œuvre en Bretagne. Le modèle économique breton subit de plein fouet le dumping salarial allemand organisé par « l’amitié franco-allemande » via les « salariés détachés » sans aucune protection sociale : avec près de 7 millions de salaires inférieurs à 8,5 euros de l’heure et plusieurs millions à 400 euros par mois, la déflation des salaires allemands ôte toute compétitivité aux abattoirs bretons.
Et nos gouvernants ordo-libéraux, ceux de gauche emboîtant le pas de leurs prédécesseurs de de droite, ne trouvent rien de mieux que de charger la barque en accroissant le prix des transports, avec une fiscalité écologique censée être une incitation à la relocalisation. Sarko-Borloo l’avaient rêvée, avec le Grenelle de l’environnement, Hollande-Duflot l’ont tentée, mais l’écotaxe connaît le même sort que la TVA dite sociale ou anti-délocalisations : ça fait pschitt. Ce n’est pas surprenant parce que les deux reposent sur la même conception économique : suivant les principes de l’économie de marché, une taxe bien calibrée sur la consommation, finale ou intermédiaire, de biens ou services permet d’orienter les comportements d’achat dans le sens souhaité par les autorités en charge de l’intérêt général.
Dans la vraie vie, ce beau principe n’est que du pipeau, tant il pose de problèmes. Il supposerait en particulier que le marché puisse fournir sans restriction les produits alternatifs à ceux dont on veut limiter l’usage et que l’utilisateur ne se reporte pas sur pire. Pénaliser le fumeur, bien sûr, mais le pauvre sera plus touché que le riche, et, double peine, le pauvre sera conduit à fumer de la contrefaçon, certainement plus nocive encore ! Ensuite, l’alternative n’est pas nécessairement privée : quant au transport, la substitution du train au camion suppose des voies ferrées, mais on sait combien la SNCF est incapable d’organiser le transport du fret. Et ce n’est pas en mettant l’argent dans les LGV pour cadres supérieurs ou dans les aéroports pour les mêmes en internationalisé que l’on va réduire le transport des cochons par camion.

Pour faire passer la pilule, on nous a présenté l’écotaxe comme « relocalisante » : le renchérissement du transport rendrait aux abattoirs bretons leur rentabilité, mais on ne nous dit pas à quel taux elle sera efficace, car il faudrait savoir quelle sera la réaction allemande. Or ce n’est pas un phénomène de marché, mais une décision politique, et les possibilités sont multiples. En réalité, une taxe qui prétend modifier les comportements ne peut être plus qu’une recette supplémentaire, elle sera alors calculée de sorte qu’elle fasse entrer de l’argent : sur le carburant, le tabac, etc., on sait de combien de pour cent diminue la consommation après 1 % de hausse du prix, le rapport entre les deux s’appelle l’élasticité de la demande ; après il n’y a plus qu’à ajuster l’arbitrage entre rentrées fiscales et effets santé ou autres en veillant à ne pas trop faire baisser la demande, de sorte que, pour le tabac, par exemple, les rentrées fiscales ne baissent pas au-delà des économies de consultations, médicaments, hospitalisation, etc., sinon l’État est perdant, et c’est de l’argent gaspillé, n’est-ce pas.
Même chose pour faire du « transport durable », il faut des alternatives crédibles, et quoi qu’il en soit, quelqu’un paiera la casse. Ainsi, l’Allemagne se porte bien au prix d’un énorme abaissement des bas salaires organisé par les socialistes du SPD du temps de Schröder et continué par la droite néolibérale de Merkel. À l’autre bout de l’échelle, les Allemands les plus riches prospèrent.1
De même, en France, la fiscalité écologique est une fois de plus dirigée contre les ouvriers, les employés et les couches moyennes intermédiaires, et au bénéfice des couches moyennes supérieures, comme souvent avec l’alliance PS-EELV. Avant-hier la taxe carbone pénalisait les ouvriers, les employés et les couches intermédiaires des zones péri-urbaines qui n’ont pas de service public de transport. Hier, une loi habitat dite Duflot protégeait la propriété lucrative immobilière des propriétaires des couches moyennes supérieures. Aujourd’hui, une écotaxe pèse sur les produits bretons situés à 350-400 km de Paris tout en épargnant les produits venus de plusieurs milliers de kilomètres et protégés par le libre-échange néolibéral ! L’écologie néo-libérale n’est qu’un alibi au matraquage fiscal des couches les plus fragiles.

Plusieurs organisations politiques ou syndicales de gauche fustigent ce mouvement parce qu’il est interclassiste et disparate (des élus de gauche, des petits patrons, des agriculteurs de la FNSEA, des ouvriers, des employés, etc.). Sans doute aurait-il été préférable que ces organisations soient capables de représenter la révolte bretonne. Malheureusement, elles n’ont pas été à la hauteur des enjeux et n’ont pas pris la mesure du « ras le bol » social de cette région, qui s’est donc cristallisé en mouvement interclassiste.
Au lieu de raisonner abstraitement en termes de classes désincarnées et de traiter d’ « esclaves » et de « nigauds » ces salariés qui se rangent derrière qui ils peuvent, les organisations syndicales et politiques de gauche seraient mieux inspirées de procéder à une analyse concrète de la situation. Elles pourraient alors être en mesure de proposer une réelle alternative aux politiques néolibérales définies au niveau européen (ici, via la directive « salariés détachés »), relayées localement par des élus de droite ou de gauche et largement soutenues par le patronat.
Pas plus que les élus locaux néolibéraux de gauche ou de droite, le gouvernement n’est en phase avec la révolte. Nous avons besoin d’un changement de modèle culturel, social, économique et politique.

Alors, développons une éducation populaire, renforçons le Réseau Éducation Populaire.

  1. Selon les statistiques officielles, les 10 % les plus riches possédaient 45 % de la richesse privée du pays en 1995 et 53 % en 2008, alors que les 50 % du bas de l’échelle se partagent 1 % (contre 4 % en 1995). Entre les deux, les Allemands qui se situent entre le 6e et le 9e décile détiennent 46 % de ce patrimoine, contre 51 % au milieu des années 1990. []
International
Rubriques :
  • International
  • Laïcité

Mener le combat laïque sans comprendre la géopolitique, c'est la course à pied sur une seule jambe

par Bernard Teper
Co-animateur du Réseau Education Populaire.
Auteur avec Michel Zerbato de « Néolibéralisme et crise de la dette ».
Auteur avec Catherine Jousse et Christophe Prudhomme « Contre les prédateurs de la santé ».

http://wwww.reseaueducationpopulaire.info

 

Nous avons largement parlé dans ReSpublica du paradoxe apparu depuis de nombreuses décennies entre une forte volonté de sécularisation dans tous les pays du monde et une poussée concomitante des intégrismes ethniques et religieux de toutes natures. Pour comprendre ce paradoxe, il faut une pensée globale qui incorpore une bonne connaissance de ce mouvement inexorable de la sécularisation, une bonne connaissance du principe d’organisation sociale et politique que représente le principe de laïcité, son interaction avec les autres principes républicains, la situation du combat laïque dans le cadre des politiques néolibérales (qui font assurer par les communautarismes et intégrismes religieux les aides sociales et même le service de l’enseignement) mais aussi comprendre la géopolitique mondiale. Cet article montrera dans quel cadre géopolitique se meuvent les histoires politiques de la planète.

Tout d’abord, à tout seigneur, tout honneur, la géopolitique étasunienne organise un lent processus visant à organiser son « pivotement » vers l’Asie, avec, petit à petit, une recrudescence d’intérêt pour donner de l’importance à ses relations transpacifiques. Son partenaire-concurrent, la République populaire de Chine, pose de plus en plus de problèmes aux EU. D’une part, parce que jusqu’ici la Chine finançait le déficit colossal des EU, et qu’aujourd’hui, elle le finance toujours, mais elle diversifie ses créances sur les dettes souveraines, D’autre part, parce que son développement industriel lui donne de plus en plus de nouvelles capacités d’influence qu’elle ne tardera pas à utiliser, ne serait-ce qu’en souhaitant acheter des quantités toujours plus grandes d’énergie, par exemple au Moyen-Orient.

Pendant ce temps, les EU, malgré leur puissance militaire considérable, n’ont pas réussi l’entièreté de leur projet en Irak, en Afghanistan ou encore au Pakistan. Leur double jeu dans le monde arabe, où ils soutiennent en même temps les dictatures arabes (de type Ben Ali en Tunisie ou Moubarak en Égypte) et l’ensemble de la confrérie des Frères musulmans (en Tunisie, en Égypte, en Turquie, en Libye, soutenue financièrement par son allié du Qatar) n’est pas une réussite totale. Car les mouvements sociaux, politiques, voire militaires, ont désarçonné en Égypte et en Tunisie la belle mécanique mise en place par l’impérialisme US. La contestation se développe en Turquie. L’instabilité politique existe en Libye malgré que les EU et leurs alliés ont repris le contrôle des sources d’énergie pétrolière et gazière. D’où le changement d’émir au Qatar (le fils a remplacé le père), qui marque un tournant géopolitique de ce pays, d’où le nouveau compromis sur la Syrie avec la Russie et la Chine (prenant à contrepied les rodomontades élyséennes françaises), d’où les tentatives de rapprochement des pays sunnites et chiites (multiplication des visites de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie saoudite à Téhéran), d’où le changement de ton de la direction politique iranienne, d’où le recul partout des Frères musulmans, qui avaient et ont toujours comme projet de revenir au califat en appliquant la charia, d’où les appels au compromis entre les chrétiens et les musulmans dans les pays arabes.
Il y a bien encore en France, des néolibéraux de droite ou de gauche et des communautaristes de gauche ou d’extrême gauche pour donner encore du crédit à la takia (double jeu) des alliés des Frères musulmans en France. Mais c’est une queue de comète dans le temps de l’histoire.

Paradoxalement, c’est l’Arabie saoudite qui soutient financièrement le courant salafiste dans le monde entier qui est sur le reculoir. Elle a mis tout son poids dans la bataille contre Bachar El Assad, suite au revirement du Qatar et aux déconvenues de leurs alliés Frères musulmans. Le soulèvement populaire du peuple syrien contre la dictature de Bachar El Assad et pour la démocratie n’a été soutenu par personne dans le monde, puisque les occidentaux ont tout fait pour permettre d’abord aux djihadistes alliés du Qatar, puis aux salafistes alliés de l’Arabie saoudite, de supplanter les forces démocratiques syriennes. Voilà pourquoi les Kurdes se battent aux côtés de l’armée syrienne. Aujourd’hui, l’Arabie saoudite montre son mécontentement : soutien inconditionnel aux salafistes en Syrie, refus d’occuper le siège au Conseil de sécurité où elle avait été élue, tentative de rapprochement avec l’Iran. Mais les dissensions internes dans la famille régnante se renforcent, les contestations internes augmentent. Heureusement pour les Séoud, ils ont encore quelques décennies de pétrole pour se maintenir, mais cela ne sera plus un long fleuve tranquille.

Même au Liban, des pourparlers ont lieu entre Nabih Berri (parti Amal chiite) et  le chef druze Walid Joumblatt. On attend le nouveau positionnement des partis chrétiens hostiles à l’alliance du chrétien Michel Aoun avec le Hezbollah et Amal. Même le Hezbollah chiite peut craindre que les djihadistes sunnites qui luttent contre le régime syrien se retournent contre eux s’il y a un accord en Syrie. Comme on a vu les anciens mercenaires  de Khadafi se retrouver au Mali pour déstabiliser ce pays.

Pour l’instant, on ne voit pas de profonds changements dans la politique israélienne. Devant ce bouleversement géopolitique, est-ce que l’État d’Israël pourra continuer sa politique expansionniste en Cisjordanie au détriment de l’Autorité palestinienne ? Rien n’est moins sûr sur le temps long.

Quant à la Turquie, sa diplomatie se déploie dans l’Europe de l’Est. Un accord de libre-échange vient d’être signé entre la Turquie et l’Ukraine, dont les échanges commerciaux devraient plus que tripler dans les deux ans qui viennent. La dernière réception grandiose du premier ministre turc dans la capitale du Kosovo laisse augurer que les échanges commerciaux entre les deux pays vont augmenter. D’une façon générale, le raffermissement des relations entre la Turquie et les pays majoritairement sunnites de l’ancien empire ottoman se réchauffent.

Dans ce contexte, malgré les difficultés rencontrées par l’alliance entre, d’une part, des néolibéraux de droite ou de gauche et, d’autre part, des forces communautaristes et intégristes ethniques et religieuses à l’échelle mondiale, nous devons maintenir la stratégie du double front contre les politiques néolibérales et leurs alliés communautaristes et intégristes en France, en Europe et dans le monde. Car cette alliance perdurera tant que les néolibéraux de droite ou de gauche auront besoin de remplacer la solidarité de la sphère de constitution des libertés (école, protection sociale, services publics) par une assistance fournie à moindre coût par leurs alliés communautaristes et intégristes ethniques et religieux. Voilà pourquoi nous devons continuer en France, en Europe, et dans le monde, à lier le combat laïque à l’ensemble des autres combats démocratiques, féministes, sociaux et écologiques, et de ne pas écouter les sirènes de ceux qui veulent isoler ce combat de son environnement réel. Les victoires laïques françaises (1905, 1912, 1937, 1944 jusqu’à 2004) n’ont été obtenues que par la globalisation des combats républicains, tandis que tous les combats de la « laïcité isolée » ont été perdus. Mais nous pouvons penser que cette modification géopolitique qui prend acte de l’extension des combats démocratiques, laïques et sociaux dans le monde va sans doute conduire à la baisse (lentement, car cela s’effectue avec le temps de l’histoire et non avec l’impatience du temps humain) des soutiens financiers et culturels aux intégristes et communautaristes en France et de par le monde. Si on ajoute à cela, que le syndrome post-colonial des enfants et petits-enfants français de ceux qui ont fait des exactions en Algérie va aussi sur le temps long s’estomper, on peut sur ce temps long être optimiste.

Société
Rubriques :
  • ReSPUBLICA
  • Société

Classes moyennes et anesthésie de la conscience prolétarienne

par Michel Zerbato
Universitaire.
Auteur de "Néolibéralisme et crise de la dette, aux éditions "Osez la République Sociale"

 

Seconde partie du texte “Classes moyennes et conscience de classe”, dont la première partie s’intitule : L’émergence des classes moyennes

La question de savoir pourquoi la conscience de classe des dominés n’émerge pas est très complexe, mais si la réponse est bien dans « les conditions de la vie matérielle », celle des classes moyennes y prend nécessairement une grande part. Certes, si ce sont bien les conditions de la vie matérielle qui déterminent la conscience, il est évident que la complexité du processus interdit de faire un lien mécanique des unes à l’autre. Cependant, il est possible d’en donner un schéma qui permette de comprendre ce qu’il se passe.

Globalement, les conditions de la vie matérielle sont celles du travail et celles de la reproduction de la force de travail, c’est-à-dire principalement de la consommation, privée ou collective (services publics). De ces conditions, émergent alors des valeurs et des comportements cohérents avec le mode de vie que permettent socialement l’emploi et le revenu correspondant. Socialement, au sens où la cohésion sociale est une condition sine qua non de la bonne marche du système et de sa reproduction. Diversité des situations, donc, diversité des valeurs nouvelles et des comportements qui en résultent.

Quant aux classes moyennes, l’amélioration de leur qualité de vie doit les conduire à penser autrement que les couches plus populaires. Cela renvoie d’abord aux effets d’un revenu au-dessus de celui des couches populaires, effets qui dépendent du degré auquel leur pouvoir d’achat leur ouvre les portes du monde de la consommation de masse et de la constitution d’un patrimoine. Cela renvoie ensuite aux valeurs qui dictent leur comportement et les insèrent dans la société, dont c’est un cliché de dire qu’elles tournent autour de l’individualisme, quand ce n’est pas du cynisme.

Associer classes moyennes et consommation est un réflexe général, le débat sur le ras le bol fiscal en est un exemple caricatural : même les libéraux, qui ne jurent que par la baisse du coût salarial, expliquent que s’attaquer au pouvoir d’achat des classes moyennes est mauvais pour la croissance et l’emploi ; certes, c’est pour demander la baisse des dépenses publiques et la réduction des services publics ou de la protection sociale, mais ils utilisent un argument « keynésien » ! Si l’équation « classes moyennes égale pouvoir d’achat égale consommation » est si généralement admise, c’est parce qu’elle un puissant vecteur de l’idéologie dominante : le libre choix sur le marché, le progrès des conditions de vie, l’accès à l’ascenseur social, au capital social, etc., font que la classe moyenne échappée à la condition ouvrière ne se vit plus comme opprimée et adopte les valeurs de la société bourgeoise.

La grande hétérogénéité de ces couches moyennes pose ainsi le problème de ce que Lénine appelait l’aristocratie ouvrière et qui était pour lui un obstacle à la révolution, la limite indépassable de l’action syndicale des Trade Unions étant la défense de la condition ouvrière : les syndicats ne sont pas « naturellement » révolutionnaires. Au plus fort des Trente glorieuses, la « gauche moderne », tant politique que syndicale, a placé ses espoirs de transformation dans ce salariat avancé, tandis que la « gauche archaïque », CGT et PCF en tête, misait de même sur ces ITC (ingénieurs, techniciens et cadres), sans voir qu’ils n’avaient aucun intérêt ni envie de changer de monde, eux qui voulaient juste changer la vie.
Ajoutée à ces erreurs stratégiques, la crise a contribué au fort affaiblissement du mouvement ouvrier, par diverses transformations qui fractionnent l’emploi. Le développement du travail intérimaire, l’externalisation des salariés dans des entreprises sous-traitantes, etc., ont fait éclater les collectifs de travail constitués dans les grandes unités et conduit le syndicalisme à résister sur les bastions les plus solides, les ouvriers et employés bien intégrés, les plus aptes à se défendre contre l’agression anti-sociale.
Une conséquence en est la perte d’unité de perception des enjeux politiques et sociaux qui aboutit à une apparente schizophrénie des organisations syndicales, même les plus contestatrices, qui continuent au niveau national de résister à la régression sociale, mais qui négocient localement des plans sociaux ou signent des accords de flexibilité des horaires ou de gel des salaires. L’impuissance à faire valoir nationalement leur intérêt et l’urgence de l’immédiat conduit les salariés à accepter des régressions en chaîne, ce qu’il s’est passé avec le travail dominical ou nocturne le montre à l’envi.

Parallèlement, avec la crise, les partis politiques ont du mal à mobiliser sur des objectifs autres que de ne pas être déclassés, des salariés qui ne se vivent plus comme des prolétaires. Ainsi, à droite comme à gauche (hélas), les partis « de gouvernement » ont parié sur les classes moyennes et renoncé à tout objectif de changement profond, tandis que les partis de gauche « révolutionnaires », interdits de toute compréhension de la crise par leurs présupposés idéologiques assimilant marxisme et stalinisme, n’ont pu éviter que leur audience tombe vers zéro.
Sans référence idéologique solide, les couches moyennes tentent de sauver les meubles en gardant leur confiance dans ceux qui conduisent les politiques néo-libérales qui les laminent tout en leur laissant croire qu’ils vont les protéger des tempêtes qui viennent : le clientélisme peut prospérer tranquillement sur ce terrain favorable. Pendant ce temps, totalement abandonnées, les couches « périphérisées » se détournent de la politique et vont alors « naturellement » vers l’abstention ou l’extrême droite.

L’aspect matériel de l’insertion sociale des classes moyennes contribue donc à tenir sous le boisseau la conscience de classe des salariés moyens, mais il n’y parviendrait pas sans l’aide de la représentation qu’ils se font de leur place dans la société. Ainsi, leurs conditions de vie très disparates les rendent plus ou moins perméables à l’idéologie bourgeoise, ceux qui appartiennent aux couches parmi les plus aisées pouvant même se situer, très cyniquement, dans une perspective carrément anti-prolétarienne. Tels ceux qui s’inscrivent professionnellement dans la mondialisation, qui sont « dans la mobilité », qui n’ont pas de frontières, qui travaillent ou étudient à l’étranger et voyagent plus ou moins « low cost », selon leur statut, qui n’ont pas d’autre attache territoriale que le siège de leur multinationale, et qui sont ainsi déconnectés du reste de la société.
Or la nation est le lieu de la prise de conscience de classe, le lieu de la République et de la constitution des sphères de la (vraie) liberté. La réalité sociale est dans les rapports de classe, donc dans l’État, qui en est l’émanation, et dans le politique, qui le légitime, au sein de la nation. Là où il n’y a pas d’instance politique de régulation de la question sociale, la classe dominante doit s’imposer par la force puisqu’elle ne dispose pas d’autre moyen de bâillonner le peuple. Par contre, le développement du capitalisme, qui passe par celui du marché, a besoin de la paix sociale1 et donc d’instances politiques de négociation du rapport de forces entre classes. C’est ce que Jaurès avait compris, qui voulait la République sociale, mais les libéraux aussi, qui s’ingénient au contraire à nier toute place du politique dans la société pour légitimer la soumission de la nation à la prétendue optimalité économique, en réalité aux choix la bourgeoisie.
C’est dans la nation que se nouent les solidarités, le « vivre ensemble », pas dans un imaginaire libertaire où les sujets sont citoyens du monde. À leur appui, les internationalistes béats citent souvent cette célèbre phrase du Manifeste : « les prolétaires n’ont pas de patrie ». Mais elle signifiait, non pas qu’ils ne doivent pas en avoir, mais qu’ils n’en ont pas parce que la bourgeoisie les en exclut, et que la libération du prolétariat passe par sa réintégration dans la patrie, afin de se constituer en classe souveraine avant de pouvoir, in fine, faire la révolution prolétarienne, qui, elle, abolira tout à la fois classes et nations.

Les essayistes ont très tôt dénoncé les aspects délétères de la « société de consommation », dès avant même qu’elle ne s’étende à l’ensemble des classes moyennes, mais aujourd’hui ils sont bien oubliés, si ce n’est par les « décroissants », qui tels le Don Quichotte se battent contre des moulins à vent. L’imprégnation des esprits est telle, aujourd’hui, et les inégalités tellement fortes, qu’il est difficile de persuader les couches moyennes basses, qui n’aspirent qu’à augmenter un peu leur part du gâteau, qu’il est de leur intérêt d’être plus sobre. Et encore plus aux couches populaires, à qui la sobriété est durement imposée.

• La force du consumérisme est accrue par ses effets sur les valeurs. En tant que le capitalisme est une économie de marché, il repose sur l’échange et le libre choix de celui qui vend ou achète est fondamental. La liberté individuelle est consubstantielle au capitalisme et le libéralisme sa doctrine naturelle. Mais la liberté de l’individu consommateur est totalement formelle, car elle entre en contradiction avec celle de l’individu travailleur, qui est dans un rapport inégal avec son employeur. Le salarié est contraint par la nécessité absolue de vendre sa force de travail pour subvenir à ses besoins, tandis que l’employeur peut décider de ne pas l’acheter, étant lui-même sa soumis à la loi du marché, qui lui impose d’être compétitif et de dégrader les conditions de travail si besoin est.

Avec l’amélioration des salaires, les valeurs de travail et de solidarité, sur laquelle peut reposer la conscience de classe, se perdent dans un individualisme qui progresse d’autant mieux dans l’ensemble la société, que comme le déplorait déjà Platon, la richesse ne va pas nécessairement à la vertu. Quand les éléments de solidarité (services publics, etc.) sont disqualifiés par la diminution drastique des financements, tandis que les impôts augmentent et que l’école, les hôpitaux, la sécurité, etc. fonctionnent de plus en plus mal, les classes moyennes s’interrogent : où va l’argent ? à quoi bon l’effort ? Le repli individualiste gagne alors les esprits, jusque à la gauche de la gauche, où ne sont pas rares des réactions quasi résignées du type « au fond, chacun à le droit de construire sa liberté et de croire ou ne pas croire au ciel… »

Cette perversion capitaliste de l’idée de liberté atteint l’idéologie des « droits de l’homme », en vidant de contenu réel cette conquête citoyenne contre les possédants transformée en droits purement individuels. De pair avec l’universalisme, victime du même traitement, elle concourt alors à la mondialisation des esprits (le monde est un village), au rejet de la nation (elle oppose les peuples) et donc de la République, idée creuse sans le sentiment pour chacun d’être un acteur politique, d’où la désaffection des salariés vis-à-vis de cette forme d’organisation « naturelle ». Ainsi, selon l’historien S. Ledoux (« L’histoire-bataille n’est plus un socle identitaire », Le Monde), les crimes contre l’humanité deviennent le socle identitaire du vivre ensemble : on passe de la raison à l’émotion, du concert des nations à l’humanité, on oublie que l’émancipation de l’homme passe par la fin des classes.

Dans le prolongement de cet individualisme structurel, la valeur d’égalité se dégrade aussi : on mettra en avant la méritocratie et l’égalité des chances, mais quand faute d’emplois suffisants, l’éducation n’ouvre plus la porte de l’ascenseur social, et mieux vaut compter sur le capital social ou les réseaux, l’égalité devient le droit de faire comme les autres, contre les autres. Il n’y a plus que des individus en concurrence, empêchés dans la perception de leur vraie situation de classe.
L’idéologie dominante s’insinue dans les esprits, notamment via le langage, le vocabulaire et le raisonnement économiste ou managérial. Elle dispose à cette fin de nombreux intellectuels stipendiés déclarés experts (médiatiques), économistes, sociologues, philosophes, etc., qui ont oublié les valeurs morales de leur statut originel pour mettre la forme d’autorité dont ils disposent au service de la classe dominante.
Ainsi, le vocabulaire de la mondialisation nie la nation, avec la propagation par les publicitaires d’un « anglais de communication » vide de toute culture sociale, qui ne sert qu’à promouvoir la consommation et les techniques modernes de management. Dans tous les domaines, publics ou privés, le vocabulaire économique met en avant la rationalité du comportement de chacun, qui doit être efficace (les plus atteints disent efficient) afin d’optimiser le rendement de son capital, qu’il soit santé, social, et même culturel ou symbolique. La force de travail est devenue un capital !

La « science économique » intervient plus subtilement, en participant à la négation des classes et de la crise structurelle du capitalisme. En hypostasiant le libre choix individuel, la théorie libérale de l’Homo œconomicus soutient explicitement la fiction d’une pure économie de marché où des égaux échangent pour leur bien commun. Mais en mettant en avant les grandes fonctions du système capitaliste, le keynésianisme contribue tout autant à masquer la réalité, en faisant du salarié un consommateur, du capitaliste industriel un producteur et du capitaliste financier le fournisseur de la monnaie ; seul le rentier, qui ne consomme pas, ni ne produit, doit être contenu. L’idée de liberté est ainsi un puissant instrument d’aliénation, une composante de l’idéologie de la classe dominante dans le processus qui lui permet de se reproduire en tant que telle, en conservant le système.

Cependant, il n’y a pas de canal direct de la situation de classe, de la place dans les rapports sociaux de production, à la conscience de cette situation. Certes, les idées de la classe dominante s’étendent à l’ensemble de la société et viennent empêcher la perception de la dite situation. Ainsi, par leur attitude, les classes moyennes contribuent à la marche du capital, mais les excès du consumérisme, la mal bouffe, les médicaments frelatés, la montée de l’extrême droite, les discours sur l’insécurité, l’impéritie des oligarques, etc., peuvent faire ré-émerger dans leurs couches les moins intégrées et les plus fragilisées, des valeurs de solidarité pour se protéger dans l’immédiat, mais aussi des valeurs morales en réponse à un avenir incertain. Selon l’éducation, la religion, l’éveil à la culture politique et sociale, etc., celles-là peuvent commencer à prendre du recul, à s’interroger sur le risque autoritaire, sur la propagation de la corruption à tous les échelons de la société. C’est leur rapport à l’histoire morale du pays qui va les faire tomber d’un côté ou de l’autre. Les partis politiques pourront alors reprendre du poil de la bête.
En attendant, l’éducation populaire doit préparer les esprits à vivre le moment où les uns et les autres devront prendre parti et se prononcer sur le devenir du monde.

 

 

  1. À l’inverse de l’idée libérale des Lumières, reprise de Montesquieu contre le mercantilisme, selon laquelle le « doux commerce » porte la paix, par la seule force de l’intérêt. []
Protection sociale
Rubriques :
  • Lutter contre le néo-libéralisme
  • Protection sociale
  • ReSPUBLICA

Après la santé et les retraites, la branche famille de la Sécu nouveau champ de conquête pour le Medef

par Zohra Ramdane

 

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS 2014) a deux objectifs directs :

  • réduire le déficit de la branche famille par une nouvelle cure d’austérité (le déficit du régime général de la branche se réduirait de 2,8 milliards d’euros en 2013 à 1 milliard d’euros en 2017),
  • recentrer les financements sur les prestations sous conditions de ressources, en revoyant à la baisse des plafonds déjà très bas.

Les objectifs de fond de ce projet sont ainsi :

  • de continuer à attaquer le champ du droit social et ses prestations universelles
  • et plus généralement d’appliquer la stratégie du Medef de recul progressif de la cotisation sociale pour augmenter les profits des entreprises.

La conséquence mécanique de ce PLFSS sera une aggravation des inégalités sociales, concernant notamment les familles ou la santé (en abaissant les plafonds de ressources).
En visant à réduire globalement la masse des prestations, c’est-à-dire le salaire socialisé, le projet s’inscrit clairement dans la stratégie néo-libérale habituelle de restauration des profits par diminution du coût salarial.

Les chiffres fournis par le Haut conseil de la famille (HCF) permettent d’enfoncer le clou sur la nécessité de s’intéresser de plus près à la protection sociale. D’abord par ce que c’est le premier budget humain, avec plus de 31 % du PIB, soit près de 9 fois plus que le budget de l’Education nationale, premier budget de l’État.
Ensuite, parce que le Medef centre son attaque sur la protection sociale, secteur toujours le plus socialisé avec l’école, alors que les militants de la gauche de la gauche « regardent ailleurs pendant que la maison brûle ». Pourtant, voilà des politiques qui impactent les couches populaires ouvrières et employées (53 % de la population), celles qui ont le sentiment que la gauche, y compris la gauche de la gauche, les abandonnent. Pourtant, c’est bien la sphère de constitution des libertés (protection sociale, services publics, école) qui peut permettre aux citoyens et  leurs familles de passer des droits formels aux droits réels.

Les trois décisions concernant les dépenses

1) Majoration du complément familial (CF) et de l’allocation de soutien familial (ASF) à horizon 2018

À l’horizon 2018, le complément familial (d’un montant de 167,34 € depuis le 1/4/2013 en métropole) sera revalorisé de +50 % (en plus de la revalorisation liée à l’inflation) pour les familles nombreuses vivant sous le seuil de pauvreté.
En métropole, le plafond ouvrant droit à un CF majoré équivaut à la moitié du plafond de ressources en vigueur au 1/1/2013. Il est de 10 167 €, avec une majoration de 25% par enfant à charge (soit 2 542 €), de 30 % par enfant à charge supplémentaire à partir du 3e enfant (soit 3 050 €) et de 4 087 € si les parents sont biactifs et en cas d’isolement.

La majoration mensuelle sera de 17 € en métropole et de 10 € dans les DOM en 2014 (hors revalorisation de la BMAF(base mensuelle des allocations familiales). En métropole, le CF majoré devrait bénéficier à la moitié des bénéficiaires actuels du CF (les plus modestes), soit environ 400 000 familles

Afin que cette majoration du CF n’ait pas pour effet de réduire le montant du RSA auquel le allocataires ont droit, il est proposé d’exclure cette majoration de la base ressources de calcul du RSA.
Le code de l’action sociale et des familles sera modifié en ce sens par décret en Conseil d’État.

L’augmentation de l’allocation de soutien familial de 25 %, toujours à horizon 2018, n’est pas inscrite dans le PLFSS car elle est de nature réglementaire. Le montant actuel de l’ASF par enfant lorsqu’il est privé de l’aide de l’un de ses deux parents est actuellement de 90,40 €.Ces augmentations du CF et de l’ASF interviendront à partir du 1/4/2014

2) Plusieurs mesures concernent les composantes de la Paje pour les enfants nés à partir du 1/4/2014

Le montant de l’allocation de base (AB) de la Prestation d’accueil du jeune enfant (Paje) - 184,62 € depuis le 1/4/2013 - sera divisé par deux au-delà d’un seuil de ressources, plus bas que le plafond d’octroi actuel. Le plafond d’octroi va évoluer du fait de la modification du calcul des majorations :

- la majoration pour les parents isolés et les couples biactifs passe de +40% dans le système actuel à + 33 % ;

- la progression du plafond de ressources de l’AB en fonction du nombre d’enfants devient linéaire, avec une majoration de 22 % par enfant quel que soit son rang, alors que le système actuel est progressif à partir du troisième enfant avec des majorations plus élevées (+ 25 % pour chacun des deux premiers enfants puis + 30 % par enfant à partir du troisième).

Le nouveau système de plafonds proposé est construit à partir de l’hypothèse d’un maintien à son niveau actuel du plafond pour les couples avec un enfant ne disposant que d’un seul revenu. Pour les autres configurations familiales, les plafonds d’exclusion de l’AB seront plus bas qu’actuellement, notamment pour les familles avec trois enfants ou plus du fait de la suppression de la progressivité.
Par exemple, le plafond d’exclusion pour un couple biactif (ou un parent isolé) avec quatre enfants sera abaissé de 10 % par rapport au système actuel.

La fixation du montant de ces plafonds de l’AB et des majorations relève du niveau réglementaire. Ils seront donc fixés par décret après le vote de la LFSS. Trente mille familles seraient exclues de l’AB, soit 3 % des bénéficiaires ; 10 % des bénéficiaires seraient concernées par l’AB à taux partiel, soit 180 000 familles.

Le plafond de ressources de l’AB étant commun avec celui des primes à la naissance et à l’adoption (PN) et servant au calcul des plafonds de ressources pour le droit au CMG, cette modification de la structure des plafonds de l’AB va impacter ces autres prestations.

Enfin, il est prévu de geler le montant de l’AB de la Paje jusqu’au moment où sa valeur sera ramenée à celle du complément familial attribué aux familles nombreuses en métropole, qui est actuellement d’un niveau inférieur (167,34 €)

La majoration du Complément de libre choix d’activité (CLCA) du montant de l’AB de la Paje (184,62 € euros nets de CRDS par mois et par enfant actuellement) pour les familles n’en bénéficiant pas du fait de ressources supérieures au plafond sera supprimée. Cette disparition du CLCA majoré touchera 16 % des familles dans le haut de la distribution des revenus.

3) Gel des paramètres de calcul des allocations logement en 2014

Dans le PLFSS et le PLF, le Gouvernement prévoit le gel des aides personnelles au logement (APL, ALS et ALF) en 2014. Cette mesure va donc toucher les ménages les plus modestes (6,4 millions de foyers).

Les deux décisions concernant les recettes

1) Plafonnement du quotient familial

La recette fiscale résultant de la baisse du plafond du quotient familial à 1500 euros par demi-part (2000 euros en 2013) sera affecté à la Cnaf : le gain attendu est de 1,03 milliard d’euros.
Cette mesure devrait concerner 13 % des foyers fiscaux ayant des enfants mineurs à charge ou des majeurs rattachés au foyer fiscal de leur parent.

2) La baisse de la cotisation patronale famille sera compensée à la CNAF

L’impact sur le coût du travail de la hausse de 0,15 point de la cotisation vieillesse décidée dans le cadre de la réforme des retraites de 2013 sera neutralisé par une réduction de la cotisation patronale famille de même ampleur (- 0,15 point sur les 5,4 points de cotisation actuelle). Cette dernière sera intégralement compensée à la Cnaf (montant total du transfert de recettes estimé de 1,16 milliard d’euros). Nouvelle avancée de la fiscalisation souhaitée par le Medef.

Reprise du déficit par la Cades pour augmenter les dividendes du secteur bancaire et financier

L’article 14 du PLFSS 2014 propose d’intégrer les déficits des branches famille et maladie dans la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades). Comprenons ce que cela veut dire : on baisse les recettes de la Sécu par la déformation du partage de la valeur ajoutée (augmentation relative du profit au détriment des salaires directs et du salaire socialisé), puis avec le déficit crée, on emprunte sur les marchés financiers pour le grand profit du secteur bancaire et financier. En 2014, il y aura une reprise de 4 milliards d’euros mais pour la seule CNAM-TS. Pour les années 2012 à 2017, 6,9 milliards de déficit de la branche famille seront repris par la CADES sur les 12,1 milliards de déficits accumulés prévus, ce qui laisse 5,2 milliards d’euros à purger à l’issue de cette période.

Conclusion provisoire : Voilà présentée une nouvelle tranche de la « vraie vie » qui impacte des millions de nos concitoyens. Soyons les bourgeons de la future transformation culturelle sociale et politique.