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  1. chronique d'Evariste
    1. Fidel Castro, socialisme et liberté de conscience, par Évariste
  2. université populaire laïque
    1. Deuxième Université Populaire Laïque, par Union Des Familles Laïques
  3. devoir de mémoire
    1. Maurice Kriegel-Valrimont : un communiste et un républicain, par Bernard Teper
  4. combat social
    1. Le CNE, un maudit contrat, par Gérard Filoche
    2. Déficit comptable record de la Sécu de 16,9 milliards d'euros : de qui se moque-t-on ?, par Union Des Familles Laïques
  5. débats politiques
    1. Salauds d'ouvriers, d'employés, de républicains et de laïques, par Judith Elsouche
    2. On a perdu Arnaud, par Michel Charzat
  6. Proche-Orient
    1. Paix au Liban : pourquoi la mayonnaise ne prend pas en France ?, par Jeanne Bourdillon
    2. Cessez le feu immédiat !, par Parti Communiste Français
  7. Europe libérale
    1. Le mirage espagnol, par Roland Hureaux
  8. à lire
    1. Vocabulaire du politique, Fascisme, néo-fascisme, par Bernard Teper
  9. à voir
    1. Le principe d'Archimède, de Gerardo Herrero, par Pierre Cassen
  10. à lire
    1. "Le livre de ma grand-mère " de Fethiye Cetin ( traduit du turc par Alexis Krikorian et Laurent Djolakian ), par Mireille Popelin
    2. " La fête des fous, qui a tué la V ème République ?" de Marie-France Garaud, par Jean-François Chalot

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Fidel Castro, socialisme et liberté de conscience

Ce qu'espèrent les dirigeants américains depuis près de cinquante années va peut-être se produire : Fidel Castro ne sera peut-être plus à la tête de Cuba d'ici peu, plongé depuis maintenant plusieurs jours dans un coma qui pourrait être définitif.

Certains, rêvant d'y réintroduire le capitalisme sauvage, décrivent Cuba comme le dernier goulag du monde avec la Corée du Nord.

D'autres en donnent une vision paradisiaque, et, sous prétexte que le " lider maximo " a été le cauchemar des neufs présidents américains qui se sont succédés depuis son arrivée au pouvoir, en 1959, se refusent à toute critique qui risquerait de désespérer les " anti-impérialistes " de la planète.

Près de cinquante ans après l'arrivée de Castro au pouvoir, qu'en est-il de la réalité ? D'abord, alors que l'URSS s'est effondrée, que le communisme n'a pas résisté, en Europe, à la chute du Mur, Cuba est encore présent.

Haïti, son voisin, est toujours dans une grande pauvreté, un taux d'analphabétisme énorme, une mortalité très élevée et une violence quotidienne qui se traduit par une grande insécurité pour les populations.

Grâce à une volonté politique sans faille, le régime cubain a vaincu, dans les années 1960, en quelques années, l'analphabétisme et a organisé un système de santé accessible à toute la population.

Jamais Cuba demeuré sous le joug des Etats-Unis, sous le capitalisme, n'aurait été capable de réaliser ces deux hauts faits que seul un régime socialiste pouvait concrétiser.

L'éducation a permis aux femmes cubaines d'accéder à des postes de responsabilité. La maîtrise de la contraception leur a permis, dans un pays où la sexualité a toujours été très libre, de vivre pleinement des vies de femmes sans subir des grossesses à répétition les cantonnant dans le seul rôle de mère.

Les noirs descendants d'esclaves africains (25% de la population) ont accédé en 50 ans, sans mesures de discrimination positive, à tous les postes de responsabilité du pays.

Naturellement, les Etats-Unis n'ont eu de cesse, pendant près de cinquante ans, de déstabiliser le régime cubain, multipliant tentatives de débarquement et sabotage économique, dont le maintien toujours actuel de l'embargo sur La Havane.

Longtemps, l'URSS, ravi de cette épine plantée dans le pied de son rival américain, a choyé le régime cubain. Cela obligeait-il Fidel Castro à approuver l'intervention soviétique à Prague en 1968, quelques semaines après avoir insulté le mouvement étudiant de mai 1968 en France ?

Certes, Cuba n'a jamais été un immense goulag. Mais la direction communiste a connu elle-même nombre de purges à répétition, des procès fabriqués (comme celui d'Ochoa) et des exécutions. Des opposants sont en prison, et il vaut mieux être hétérosexuel qu'homosexuel à La Havane.

D'où la question que nombre de marxistes, souvent obnubilés par les seuls rapports de classe, ont souvent occulté : peut-il y avoir le socialisme sans la liberté de conscience des citoyens ? Le socialisme, cela peut-il être le parti unique, et des élections où les élus présentés par ce parti unique sont élus à 99 % des voix ? A ces questions, les républicains répondent clairement NON !

La lutte contre l'analphabétisme et la culture de masse donnée au peuple cubain est un acquis de la révolution socialiste, mais l'interdiction de la libre critique et de la pensée libre, quelle que soit la situation économique et géopolitique, ne peut qu'être un frein à ce qui doit demeurer l'objectif de tout militant qui se réclame des valeurs de la gauche : l'émancipation de l'individu dans un système de justice sociale.

Certains marxistes appellent avec mépris " démocratie bourgeoise ", les élections démocratiques, le pluripartisme, la liberté syndicale, la liberté d'association, la pluralité de la presse, le droit à la libre critique de tous les dogmes, y compris de celui qui est au pouvoir, et le droit de quitter librement son pays quand on veut aller vivre ailleurs, et qu'on peut y être accueilli.

Ces choses n'existent pas à Cuba, et c'est le principal échec de Fidel Castro.

Les Etats-Unis se sont opposés par tous les moyens, pendant des décennies, à ce qu'un second Cuba s'implante en Amérique centrale ou en Amérique du Sud.

La participation américaine au coup d'Etat de Pinochet contre le Chili de Salvador Allende, en 1973, en est l'illustration la plus visible, ainsi que le financement de la " Contra " contre le régime sandiniste du Nicaragua, dans les années 1980.

Ils voient pourtant aujourd'hui arriver au pouvoir, par les voies démocratiques, des régimes dont ils ne souhaitaient absolument pas la victoire..

Depuis quelques années, les victoires du syndicaliste brésilien Lula, du président bolivien Evo Moralès et surtout celle du président vénézuélien Chavez, que les Etats-Unis ont tout fait pour déstabiliser, sortent le régime cubain de son isolement, face aux Etats-Unis, modifiant les rapports de force dans cette région.

Nul doute que le vieux leader cubain, célèbre par des discours qui duraient rarement moins de quatre heures, se sera réjoui, lors de ces derniers mois, de cette nouvelle donnée... et de l'arrivée au pouvoir de dirigeants qui ont été baigné, toute leur enfance, dans le modèle cubain et les espoirs qu'il a suscité.

La seule liberté absolue de conscience que Fidel Castro accordait à ses concitoyens était celle de croire, ou de ne pas croire. Contrairement aux bureaucrates staliniens, il n'a jamais interdit la pratique de la religion, dans une région fortement marquée par le catholicisme. Mais cela l'obligeait-il à décréter trois jours de deuil pour la mort de Wojtyla, il y a un an ?

Ajoutons que, non seulement il n'ya pas eu d'interdiction du "culte publique" religieux, mais la Franc-maçonnerie cubaine est toujours vivante et en pleine activité (alors qu'elle a toujours été interdite dans les régimes communistes), et forme une partie des cadres du régime, sous l'égide des nombreuses statues de José Marti, héros de l'indépendance cubaine, et organisateur de la franc-maçonnerie cubaine (il va s'en dire que la franc-maçonnerie cubaine est liée au GO français et est honnie de la franc-maçonnerie américaine).

Sur le sujet du rapport aux religions, l'ami de Fidel Castro, Hugo Chavez, dont chaque démocrate ne peut que soutenir l'action de redistribution des rentes pétrolières aux pauvres de son pays, contre les intérêts américains, est-il obligé, sous couvert de lutte contre l'ennemi commun, de fraterniser publiquement avec le fasciste et antisémite président de la " république " islamique d'Iran ?

Sans doute la disparition future de Castro sera-t-elle une donnée nouvelle à Cuba. Mais sachons lui reconnaître quelque chose. Il y avait un côté village gaulois dans sa conception des rapports avec les Etats-Unis, et il a rendu une grande fierté aux Cubains, ravis de voir le principal dirigeant d'un si petit pays ne pas céder à la pression de la première puissance économique mondiale. Le rapport du peuple cubain à Fidel Castro est un mélange charnel où la haine et l'amour peuvent parfois cohabiter.

Souhaitons au peuple cubain de savoir résister à l'offensive du libéralisme sauvage, tout en sachant gagner des espaces de libertés de conscience que Fidel Castro n'a pas jamais voulu leur accorder.

Évariste

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2 - université populaire laïque

2.1 - Deuxième Université Populaire Laïque

DU VENDREDI 18 AOUT AU LUNDI 21 AOUT, à Annonay (07)

Organisée par l'Union des Familles laïques
A Annonay (Ardèche), au Groupement des ¼uvres Laïques d'Annonay, château du Grand Mûrier

Programme :

Vendredi 18 août

séance plénière 15 h-18 h : le mouvement social, par Bernard Defaix, porte-parole de la Convergence nationale services publics(ex-Guérêt),président d'ATTAC 23.
Soirée conférence à 20H30 : Histoire des idées laïques et républicaines, par Guylain Chevrier, président du conseil scientifique de l'UFAL

Samedi 19 août

Attention : inversion de dernière minute des deux séances plénières

Séance plénière 9 h 30-12 h : l'Europe, par Bernard Teper, président de l'UFAL

14 h - 16 h : Ateliers

Séance plénière 16 h - 18 h 30 : " Les enjeux contemporains du combat laïque ", par Pierre Cassen, membre du bureau national de l'UFAL

Dimanche 20 août

Séance plénière 9H30-12H: " Energie, développement durable ", par Christian Gaudray, président de l'UFAL 33 et Guillame Campioni, chercheur au CEA

14 h - 16 h : Ateliers
séance plénière 16H-18H30 : l'école, avec Marie Perret, professeur de philosophie

Lundi 21 août

Séance plénière 9 h30 - 12h : " Le modèle alternatif au turbocapitalisme ", par Bernard Teper

Renseignements : 01.46.27.09.25, 06.27.17.26.91, et ufalsiege@ufal.org

Union Des Familles Laïques

www.ufal.org

3 - devoir de mémoire

3.1 - Maurice Kriegel-Valrimont : un communiste et un républicain

Maurice, dirigeant national de la Résistance, membre du Comité d'Action militaire du Conseil national de la Résistance, antifasciste, syndicaliste, puis dirigeant du Parti communiste (qu'il quitte en 1961), Maurice Kriegel-Valrimont s'est naturellement engagé dans la Résistance. Il est un des modèles français de l'engagement politique total pour le progrès de l'humanité.

Monument de la résistance et ancien député communiste de Meurthe-et-Moselle, Maurice Kriegel-Valrimont est décédé mercredi 2 août à l'âge de 92 ans d'une embolie pulmonaire à l'Hôtel Dieu à Paris. Il avait mené de nombreux combats, notamment contre le nazisme puis pour la transformation sociale et la sécurité sociale tout en combattant le stalinisme au sein du PCF dont il fut l'un des dirigeants jusqu'en 1961. Cet homme fut un modèle pour tous ceux qui ont compris qu'il fallait construire l'alternative dont le peuple a besoin en dehors des déviances trotskistes et staliniennes.

Organiser la Résistance

Né en mai 1914 à Strasbourg (Bas-Rhin), licencié en droit, Maurice Kriegel affirme dès les années trente un "engagement anti-fasciste". Employé dans une compagnie d'assurances en 1936, il est élu secrétaire général du syndicat CGT des assurances l'année suivante. Au moment ou la majorité des militants trotskistes défendait la position scandaleuse " bourgeoisie française et nazisme même combat ", Maurice s'engage dans la résistance sous le nom de Valrimont, il est chargé d'organiser à Lyon la branche armée du mouvement Libération-Sud. Membre de l'état-major de l'armée secrète, Maurice Kriegel-Valrimont est arrêté en mars 1943 avec Raymond Aubrac et Serge Ravanel mais parvient à s'enfuir quelques semaines plus tard. Il représente les Mouvements Unis de la Résistance (MUR) au sein du Comité d'action militaire du conseil national de la Résistance (COMAC) qui assure le commandement des Forces françaises de l'Intérieur (FFI). Maurice Kriegel avait reçu la reddition du général allemand Dietrich von Choltitz aux côtés du général Leclerc et du colonel Henri Rol-Tanguy, lors des combats de la libération de Paris. Ce modèle de la résistance devient vice-président de la Haute cour de Justice en charge de juger les dirigeants du régime de Vichy.

Construire à la Libération

Il est un des pivots de l'application du programme du Conseil national de la Résistance à la Libération.

Son soutien sans faille à l'action de Pierre Laroque, d'Ambroise Croizat,de Georges Buisson,d'Henri Raynaud,de Maître Willard et de Francis Netter, pour mettre au c½ur du premier gouvernement républicain après la Libération, le principe de solidarité avec les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945,les lois du 22 mai, du 22 août et du 30 octobre 1946 fut exemplaire.

Maurice Kriegel poursuit son engagement en intégrant en 1947 le Comité central du Parti Communiste Français (PCF). Jusqu'à la fin des années 50, il dirige le bureau de presse du parti. Il est également élu député communiste de Meurthe-et-Moselle de 1946 à 1958. En 1961, il est écarté du comité central pour "déviation opportuniste" et de "rare duplicité" et décide de quitter le parti quelques mois plus tard. Toujours resté fidèle à ses convictions communistes, il déclare :

- " on a crevé de manque de démocratie " au PCF

- " Il est impossible d'enfermer le courant communiste dans l'étroitesse du courant stalinien. "

- les choix du PCF, aux lendemains de la Libération, étaient " mauvais ", " d'autres auraient été possibles ".

- il rappelle l'épisode de la brève sortie de " l'Humanité " en 1940, " une sottise majeure ", certains dirigeants pensant ainsi pouvoir mieux " démolir " Hitler. Et d'accuser Jacques Duclos d'avoir envoyé son secrétaire à la Bibliothèque nationale " pour éliminer les pages de l'Huma " de cette époque.

A la fin des années 80, Maurice Kriegel-Valrimont s'engage dans une lutte contre le FN. Mais cet ancien résistant se rapprochera de nouveau de son parti, le PCF, aux côtés de Robert Hue. En effet, deux ans après que ce dernier ait pris la tête du parti en 1997, Maurice Kriegel accepte d'être candidat sur la liste menée par Robert Hue aux élections européennes de 1999. Il apprécie la critique du stalinisme de Robert Hue mais conclue avec beaucoup de lucidité : " On ne peut pas lui en demander plus. "

"Un homme exceptionnel"

Grand croix de la légion d'honneur, Maurice Kriegel-Valrimont était partisan de " la vieille formule : " Pas d'ennemi à gauche " et considérait que de " nouveaux moyens " surgissent pour " pousser " en faveur des revendications sociales. Enfin, il soulignait que " les centaines de milliers d'hommes et de femmes qui sont passés par le PCF " constituent actuellement " la plus grande force politique disponible ". Et lorsqu'un participant affirme qu'aujourd'hui " on peut tout dire, mais il n'y a pas de réponse ", Kriegel-Valrimont répond en ces termes : " Dès que l'on peut tout dire, c'est qu'existe déjà une possibilité de réponse ". Il a regretté qu'aucun journaliste de l'Huma lui a proposé d'écrire un livre sur sa vie[1]. Il m'a dit, assis à coté de moi lors de la commémoration du 60ème anniversaire du Conseil national de la Résistance, organisé par ATTAC France, qu'il regrettait que ce fut la seule commémoration politique organisée en la circonstance.

Notes

[1] Maurice Kriegel-Valrimont, Olivier Biffaud. " Mémoires rebelles ". Editions Odile Jacob. 288 pages. 140 francs

Bernard Teper

4 - combat social

4.1 - Le CNE, un maudit contrat

Le 4 août, c'était la date de l'abolition des privilèges, aujourd'hui, on veut nous le présenter comme la date anniversaire de la restauration du privilège de pouvoir licencier sans motif.

On nous abreuve d'une prétendue " polémique " pour ou contre les bienfaits du Cne, ce " contrat nouvelle embauche " institué sans concertation par ordonnance, c'est-à-dire par un coup de force du ministre Villepin en plein été 2005.

On cherche à nous faire participer à un " débat " sur l'intérêt d'un tel Cne qui se serait, paraît-il, " installé " dans le paysage (sic, France inter). Mais ce dont il s'agit, c'est d'un recul des droits de l'homme et du travail en même temps.

Le Cne, c'est la pire atteinte que l'on puisse faire à un salarié : l'atteinte à sa dignité ! On peut le " virer " à nouveau du jour au lendemain sans motif : c'est le retour au XIX° siècle, à Zola, Germinal, le porion peut " virer " le mineur Lantier, le réduire à la mendicité, sans même que le patron lui jette un regard. Et l'on nous affirme, qu'il vaut mieux que les Lantier d'aujourd'hui soient à nouveau soumis à ce régime, plient l'échine, ne puissent de syndiquer, ni se révolter, plutôt que d'être au chômage !

On croyait cet esclavage révolu : la convention internationale n°158 de l'Oit affirme que l'on ne peut " licencier sans motif ", toutes les déclarations des droits de l'homme affirment que l'on ne peut " licencier sans motif ". Et la France - qui n'a jamais été aussi riche - de MM Chirac-Villepin-Sarkozy-Dutreil rétablit sous le prétexte mensonger de lutter contre le chômage, la possibilité d'un employeur de fouler aux pieds la dignité élémentaire d'un humain qui travaille pour lui : " - Dehors !... et je n'ai pas à dire pourquoi ! ".

Il n'y a pas de " débat " possible autour du Cne, il n'y a qu'un combat : un combat pour le droit, un combat pour la dignité, un combat pour le droit élémentaire du licenciement. La prétention qu'il y ait 55 000 emplois créés par le Cne est une fable indigne : il y aurait 550 000, soit 8,8 % des intentions d'embauche en Cne dans les entreprises de moins de 20 salariés, dont 10 % (sic) n'auraient pas été créés autrement (c'est à dire pas par le biais de 950 000 Cdd et des 650 000 intérimaires, des 850 000 saisonniers existants par ailleurs).

Mais la même enquête affirme que 30 % des Cne ont été interrompus " avant six mois " ! Cela signifie que 180 000 salariés ont été " jetés " sans motif, sans droit, sans explication, sans défense, et il n'y aurait, hélas, que 370 plaintes aux prud'hommes recensées, soit autour de 0,2 %.

On nous dit que la rupture émanerait du salarié dans 45 % des cas, ce qui, si c'est vrai, ne démontre qu'une chose, c'est qu'il y a, en dépit du poids du chantage à l'emploi, un nombre important de salariés (presque un sur deux) qui préfèrent s'évader de ce système d'exploitation où l'on est corvéable à merci, où l'on ne peut rien refuser à l'employeur ! Car un employeur qui choisit d'embaucher en Cne à la place d'un Cdi, il faut le désigner du doigt, il a tout pour rendre méfiant : c'est qu'il a l'intention de tirer le maximum du salarié, sans vouloir s'embarrasser de respecter ses droits ! Le Cne, c'est une invention perverse qui va chercher les moins bonnes intentions d'un petit employeur puisque l'argument de " vente " de ce maudit contrat, c'est " - N'hésites pas à l'embaucher puisque tu pourras le virer sans problème "..

Quand vous n'avez pas de droit face à un licenciement " abusif ", et sans " cause réelle et sérieuse ", en fait, chacun le comprend, vous n'avez plus de droit du tout, en amont, vous ne pouvez plus réclamer le paiement de vos heures supplémentaires (des milliards d'heures supplémentaires sont impayées, volées aux salariés, volées aux caisses de protection sociale) car si vous le faites, on vous vire ! Et c'est pareil pour vos conditions de travail, l'hygiène la sécurité, ainsi de suite, précarisés vous êtes !

Renaud Dutreil ose affirmer que ceux qui combattent le Cne (dont il propose qu'il soit " étendu en 2007 "... si la droite gagne) relèvent du " Jurassic Park à la française ". Il y a toujours eu des gens de droite comme lui, pour rêver d'en revenir avant l'abolition des privilèges, avant la Révolution Française, avant la Commune, avant le Front populaire, avant la Libération, avant Mai 68, avant l'inspection du travail, avant le droit syndical, avant le droit élémentaire du travail, c'est ce qu'ils appellent à contrario " la France d'après ".

Mais ces réactionnaires passéistes viennent encore d'être battus par des millions de salariés, de manifestants, par toute la jeunesse, par plus de 80 % de l'opinion, au printemps 2006 ! Ca ne fait rien : ils s'obstinent, ils osent essayer de ranimer la maigre flamme d'un " débat " dans les médias pour leur misérable contrat : vivement que cette droite intégriste-là soit battue !

4.2 - Déficit comptable record de la Sécu de 16,9 milliards d'euros : de qui se moque-t-on ?

Alors que le gouvernement néolibéral a justifié le vote de la loi Douste-Blazy en 2004 d'un déficit comptable de la Sécu trop important, voilà que nous avons la preuve que le vote de cette loi n'avait rien à voir avec ce déficit puisque la conséquence d'une application pleine de la loi Douste-Blazy confirme, ce que nous disions à l'époque, le nouveau record du déficit comptable de la sécu. Jamais le déficit n'a été aussi grand grâce à la loi Douste-Blazy.

Nous répétons que cette loi vise à accélérer le processus de privatisation et de marchandisation de la santé et de la Sécu (favoriser les cliniques privées et défavoriser l'hôpital public, favoriser les multinationales de l'assurance et défavoriser les mutuelles qui veulent rester solidaires),à augmenter les dépenses de santé et à diminuer ,surtout pour les couches les plus défavorisés, les remboursements.

Tout le reste n'est que bla-bla-bla doublé d'une communication de type société du spectacle.

Alors qu'une alternative existe : elle sera présentée lors de la session nationale des Etats généraux de la santé et de l'assurance-maladie(EGSAM) qui se réunira les 21 et les 22 octobre dans la grande salle de la Bourse du travail de Bobigny(93).

Nous présenterons alors notre projet alternatif basé d'abord sur la transformation d'un système de soins en un système de santé (introduction de la prévention au c½ur du système),sur un financement solidaire nouveau, sur un remboursement à 100% des soins nécessaires et efficaces, sur une nouvelle démocratie sanitaire gérée par des élus responsables, par une nouvelle politique de recherche de médicaments, une nouvelle organisation du système de santé, etc.

Oui, il faut tourner le dos à la logique néolibérale qui vise à détruire notre système solidaire de santé et de Sécu depuis plus de 20 ans.

Ca suffit!

Union Des Familles Laïques

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5 - débats politiques

5.1 - Salauds d'ouvriers, d'employés, de républicains et de laïques

Depuis les émeutes de novembre 2005 dans les banlieues, il y a un domaine en pleine expansion, c'est le secteur des livres, des essais, des colloques ne voyant dans ces émeutes que le mal-être de la jeunesse et tous de déclamer que la seule cause pour expliquer tout cela est le manque de social, et pour beaucoup de considérer les émeutiers comme la frange avancée de la révolution qui arrive. Mais aucun mot pour les violences faites aux femmes, aux couches populaires et aux services publics dans les quartiers.

- Comment, un ouvrier se plaint de sa voiture brûlée : salaud d'ouvrier qui ne comprend pas que c'est pour son bien !

- Comment, une employée se fait agresser : salope d'employée qui se range comme complice des flics et de la grande bourgeoisie en osant porter plainte alors qu'elle devrait aller à la manif pour demander la libération des émeutiers !

- Comment, des laïques et des républicains osent dire que des saccages et incendies d'écoles et de services publics sont scandaleux : voilà qu'ils sont stipendiés comme faisant le jeu du fascisme et de la réaction.

-Comment, une jeune fille d'origine maghrébine ose défier l'ordre machiste des quartiers en critiquant les viols, les mariages forcés : voilà qu'elle est stigmatisée et combattue par les communautaristes de gauche et d'extrême gauche. En effet, si ose critiquer les identités ethniques et religieuses, qui sont pour ces féodaux le creuset de la société anglo-saxonne qu'ils rêvent de construire ! L'égalité hommes-femmes pour eux, c'est pour les quartiers bourgeois, pas pour les couches populaires ! Exactement comme Jeannette Thorez-Vermersch qui osait dire que le droit à l'avortement et à la contraception était une revendication bourgeoise contraire aux intérêts de la classe ouvrière.

- Comment, encore des " meufs " qui nous bassinent avec la mort de Sohane, brûlée vive pour avoir osé aller contre l'ordre machiste, voilà qui divise les quartiers selon les communautaristes !

- Comment, il y a des " meufs " qui ne sont pas contentes d'avoir été interdites de manif de soutien, sur diktat des imams locaux, aux deux électrocutés de Clichy-sous-Bois par les communautaristes et intégristes du coin, souhaitent-elles rompre la sainte alliance des quartiers, salopes?

Pour eux, critiquer aujourd'hui l'offensive réactionnaire des islamistes et le machisme des grands frères dans les quartiers populaires, c'est se rendre complice de racisme, rien de moins... Cela nous rappelle, là encore, les staliniens qui, hier, amalgamaient toute critique, légitime, du stalinisme, à une attitude réactionnaire et fasciste, qui allait désespérer Billancourt.

Tout cela est bien affligeant ! Et, les communautaristes du non de gauche voudraient une candidature de la gauche anti-libérale sans débattre de ce point-là ! C'est affligeant, et bien peu crédible.

Et si on laisse les néolibéraux de droite et les sociolibéraux de gauche conserver le pouvoir par une alternance sans alternative, la ghettoïsation et la communautarisation de la société va continuer !

Et l'extrême-droite qui profite de de ce jeu de rôle entre les néo-libéraux, les sociaux-libéraux et les communautaristes de gauche et d'extrême gauche... Mais qui va mettre le grain de sable pour arrêter ce jeu de rôle entre ces quatre complices ?

Il n'y a pas d'autre solution que de développer l'autonomie de pensée et d'action des citoyens (et donc des citoyennes !), de promouvoir au sein du mouvement social l'analyse juste des causes (car il y en a plusieurs !), de la cohérence du modèle turbocapitaliste organisant la complicité de la bande des quatre (extrême droite, néolibéraux, sociaux-libéraux et communautaristes de gauche et d'extrême gauche) et surtout de développer l'idée d'un projet alternatif.

Pour cela, plusieurs conditions sont nécessaires :

- développer un large mouvement d'éducation populaire LAIQUE tourné vers l'action ou le travail de masse peut s'effectuer. Ras le bol d'évacuer les vrais problèmes au nom du consensus à priori (nouveau concept tyrannique) tant chéri par les communautaristes de gauche et d'extrême gauche.

- développer l'idée conjointe du manque de social et de l'illégitimité de la violence au sein du peuple. Ras le bol de vouloir dissocier ce couple nécessaire pour produire de l'alternative.

- développer l'idée que le manque de social du turbocapitalisme ne peut se combattre que dans le cadre d'un modèle laïque de la république sociale.

Toute tentative des communautaristes de gauche et d'extrême gauche de s'appuyer sur les modèles obsolètes du communisme soviétique, de la social-démocratie ou du communautarisme anglo-saxon matiné de la doctrine sociale de l'Eglise (niant les antagonismes de classe au profit d'un antagonisme des riches contre les pauvres) est vouée à l'échec ! Et que ceux qui veulent proposer un autre modèle, qu'ils le fassent et le soumettent au peuple !

- redécouvrir les textes de Karl Marx sur le lumpenprolétariat et l'opium du peuple !

Pourquoi ceux qui ont fait les propositions les plus audacieuses sur la liaison du combat laïque et du combat social, qui ont été le plus loin sur la proposition du plan d'urgence sociale pour les banlieues, comme l'Ufal, sont vilipendés par les communautaristes de gauche et d'extrême gauche ? La réponse est simple : les communautaristes de gauche et d'extrême gauche ne supportent pas l'idée de promouvoir l'illégitimité conjointe de l'insécurité sociale et de la violence au sein du peuple.

Nous ne devons pas plus céder à ceux qui ne voient la sortie de crise que dans le sécuritaire ou le lien religieux qu'à ceux qui légitiment la violence faite au sein du peuple.

C'est pourquoi nous devons renforcer les organisations laïques et républicaines du mouvement social.

Judith Elsouche

5.2 - On a perdu Arnaud

On connaît, on aime le sémillant Arnaud, le socialiste coruscant, parlementaire insigne, bretteur intrépide et pourfendeur inlassable des scandales et des abus, du chiraquisme finissant au capitalisme pourrissant.

On apprécie l'homme de convictions, le chantre éloquent de la VIe République, le héraut des causes minoritaires, l'homme qui a dit non à Dijon après avoir repoussé la Constitution européenne.

On salue le talent et l'insolence de celui qui blesse, risque, stimule et sait faire front, seul contre tous.

Or, depuis quelques jours, on a perdu Arnaud. Seul indice, une curieuse "lettre" adressée à ses disciples interdits et reprise par Libération, où l'on ne retrouve ni l'envolée ni la clarté coutumières du signataire. Une bouteille à la mère qui fera, de lapsus en formules confuses et barbarismes, le bonheur de quelque psy médiatique. Quoi ? L'héroïque Arnaud arguant qu'il "nous faut désormais choisir, car nous n'avons plus le choix" ? Hein ? L'insoumis créatif prêt à vendre ses combats en "pièces détachées" ?

Ce n'est pas un plaidoyer, c'est un faire-part. Ce n'est pas un viatique, c'est une bouée de sauvetage.

La ligne générale ? Un pas en avant, deux pas en arrière, non vers la Révolution mais vers le "royalisme". La ligne politique ? "Ne pas se tenir à l'écart de l'aspiration au renouvellement." Traduction libre : attraper le train de l'opinion, des sondages, des bien-pensants. Notre Cyrano enfile des charentaises et délaisse Marianne pour Ségolène : reléguer les Eléphants au cimetière, c'est un peu court quand on a voulu inventer la VIe, incarner le combat contre la mollesse social-démocrate, pourfendre le capitalisme financier, en appeler à la République européenne !

On souhaite beaucoup de courage à Arnaud. Il en faudra pour rendre le Royalisme buvable à gauche. Il devra pour cela surmonter les trois apories ­ contradictions logiques dans les termes ­ du royalisme.

Première aporie : la démarche politique. Arnaud Montebourg, c'est le retour au politique et l'appel aux citoyens éclairés. Ségolène Royal, c'est la démocratie de l'opinion. Comment un républicain, et plutôt six fois qu'une, contribuera-t-il à transformer l'électeur en consom-acteur ?

Deuxième aporie : le projet politique. Arnaud Montebourg s'est présenté comme héritier de Pierre Mendès France et de son fameux : "Gouverner, c'est prévoir, c'est un calendrier, des priorités." Ségolène Royal semble vouloir éviter tout ce qui fâche : Liban, défense nationale, Corse, rémunération des grands patrons ou tentations communautaristes...

Troisième aporie : la stratégie politique. Arnaud Montebourg semble avoir toujours souhaité rassembler son camp avant d'élargir sa base, il est en outre dans la ligne de Dijon qui écarte toute tentation centriste. Ségolène Royal est autrement plus ambiguë. La préemption de la sécurité, de la famille ­ fût-elle new-look ­ ou de l'émancipation régionale semble bâtie pour encercler les arguments de Nicolas Sarkozy, lequel manifeste les mêmes velléités de contournement à l'endroit du peuple de gauche, de la double peine à l'humanisation des régularisations (sic), en passant par les attaques de patrons voyous. On est loin du rassemblement à gauche, pourtant brandi dans les dernières nouvelles d'Arnaud...

Sujets secondaires en exergue, positions prudentes, esquives calculées : pour vivre avec ces contradictions royalistes, Arnaud devra ménager sa peine, assoupir ses qualités d'indépendance, taire son insoumission viscérale aux idées reçues, brider son penchant pour les choix fermes. Bien qu'il affirme dans sa lettre n'avoir "nullement l'intention d'être un autre que celui qu'il a toujours été et toujours voulu être", on a peine à croire qu'il puisse être celui-là. On a perdu Arnaud. Qui risque fort de se perdre à son tour, pour son malheur et celui d'une vie politique et d'un parti que son énergie contribuait à sauver du pire.

Michel Charzat

député (PS) de Paris
maire du XXe arrondissement

Source : Paru dans Libération du vendredi 4 août 06

6 - Proche-Orient

6.1 - Paix au Liban : pourquoi la mayonnaise ne prend pas en France ?

Certes, les vacances n'ont jamais été une bonne période pour organiser des manifestations contre la guerre. Certains diront que, bien que minimes, les manifestations pour la Paix au Liban qui se déroulent, le samedi, à Paris, Marseille, Toulouse, Lille et dans quelques autres grandes villes ont le mérite d'exister. Pourtant, les organisateurs peuvent difficilement cacher leur déception, devant le faible nombre de citoyens qui se retrouvent dans les rassemblements.

Cela est-il étonnant ? Dans le plupart des cortèges, le discours est unilatéral : on y stigmatise l'agression sauvage et barbare d'Israël contre le Liban, ainsi que le nombre important, et incontestable, de victimes innocentes que les bombardements de l'Etat hébreu occasionnent dans la population civile.

Mais, au mieux, il n'y a pas une seule critique contre le rôle du Hezbollah au Liban, et du Hamas à Gaza, au pire, on peut y entendre des discours élogieux sur ces deux organisations. On a pu voir, à Lille, le samedi 31 juillet, des banderoles avec la croix de David et la croix gammée, et un jeune juif qui a voulu prendre des photos se faire tabasser par des manifestants surexcités.

Ailleurs, les manifestants sincères qui veulent défiler pour la paix voient des drapeaux du Hezbollah fleurir en manifestation, ou bien sont confrontés, comme à Paris, toujours le 31 juillet, à des slogans de militants radicaux très hostiles à l'existence même de l'Etat d'Israël.

Il n'y a donc rien d'étonnant, tant que les manifestations pour la Paix seront instrumentalisées par les comités Palestine et les supporters du Hezbollah, à ce qu'elles demeurent squelettiques. Pourtant, le drame subi par les populations, au Liban, mais aussi à Gaza et en Israël (que les manifestants oublient souvent) mérite des manifestations massives pour la Paix, en désignant, sans exception, tous les fauteurs de guerre responsables du désastre actuel.

Nombre de militants de gauche, sincèrement attachés à la Paix, ne peuvent se sentir à l'aise dans ces rassemblements unilatéraux, au milieu de nombre de personnes portant le voile islamiste et autres tenues obscurantistes.

C'est pourquoi ils restent chez eux, laissant des pacifistes sincères, mais naïfs, des islamistes et des islamogauchistes hurler leur haine à Israël, jugé unique coupable de tous les maux.

Jeanne Bourdillon

6.2 - Cessez le feu immédiat !

L'offensive israélienne au Liban entrée dans son 23e jour jeudi 3 août, a déjà fait selon le gouvernement libanais, plus de 900 morts et 3.000 blessés dont un tiers d'enfants de moins de douze ans. Près d'un quart de la population est déplacée.

On ne compte plus les destructions d'infrastructures, d'habitations et d'équipements vitaux pour les Libanais.

Le Parti communiste français exprime une nouvelle fois sa profonde émotion et sa condamnation de ces actes meurtriers.

Par l'obstruction des Etats-Unis, le Conseil de sécurité de l'ONU est paralysé et incapable de sanctionner Israël même devant un massacre tel que celui de Cana.

La stratégie délibérée d'Israël d'élargir le conflit est lourde de tous les dangers pour la région.

Il faut tout faire pour que cesse l'entreprise guerrière de destruction systématique conduite par Israël au Liban avec son cortège d'horreurs contre les populations civiles.

Le peuple libanais qui a déjà connu plus de 17 ans de guerre et qui au prix d'efforts considérables de reconstruction pouvait enfin espérer de l'avenir, se trouve aujourd'hui ramené aux pires moments de son histoire récente. Il a besoin en urgence de la solidarité matérielle, politique et humanitaire de tous les pays et les peuples épris de paix. La France qui s'y engage et l'Union européenne ont tout particulièrement le devoir d'être au premier rang de cet effort indispensable.

Le Parti communiste, comme l'a fait en son nom Marie-George Buffet il y a 10 jours, ses représentants en mission d'information et de solidarité à Beyrouth ces derniers jours (le député Jean Claude Lefort et Serge Guichard), exige un cessez-le feu immédiat et sans condition.

Le désarmement du Hezbollah ne peut-être exigé comme préalable au cessez-le-feu comme le font Israël et les Etats èunis. Seul le dialogue inter-libanais peut y parvenir. C'est ce que proposent la quasi-totalité des forces politiques du Liban ainsi que son gouvernement. Le Liban, pays souverain exige justement le respect de sa souveraineté.

Le Parti communiste appelle donc les autorités françaises et de l'Union européenne à agir avec force pour :

" imposer l'arrêt immédiat des bombardements et des occupations israéliennes au Liban et en Palestine. L'arrêt de tirs de roquettes du Hezbollah et du Hamas. " effectuer un échange de prisonniers. Toutes les personnes - soldats israéliens, élus et ministres palestiniens - détenues dans le cadre de cette crise doivent être libérées sans conditions. " garantir le respect absolu des conventions de Genève et du droit humanitaire. La sécurité des missions humanitaires et des secours d'urgence doit être garantie. " exiger le retrait des troupes israéliennes de Gaza et du Liban. Une force internationale sous l'égide de l'ONU devra être chargée de faire respecter le cessez-le-feu et de garantir la sécurité du Liban, d'Israël et de la Palestine.

Au-delà du cessez-le feu immédiat, il est urgent de se mobiliser pour réunir les conditions d'une paix durable au Proche-Orient. Le défi posé à la communauté internationale est considérable. La France et ses partenaires européens doivent être à la hauteur et faire preuve d'initiatives. Une conférence internationale, dans le cadre de l'ONU, doit être convoquée pour obtenir et garantir des avancées décisives :

" La mise en oeuvre d'un nouveau processus de règlement politique du conflit israélo-palestinien. Pour cela, il faut tout de suite rétablir les financements internationaux de l'autorité palestinienne. L'objectif est d'aller vers un règlement global comprenant la création d'un Etat Palestinien dans les frontières de 1967, la sécurité pour tous, la libération de tous les prisonniers palestiniens et libanais en Israël.

" La garantie d'une pleine souveraineté libanaise où seul un Etat démocratique et non confessionnel puisse disposer de la force armée. Seul un accord politique par consensus inter-libanais doit permettre l'obtenir le désarmement du Hezbollah

" La définition dans le cadre de l'ONU des conditions régionales de la sécurité et d'un désarmement multilatéral, notamment nucléaire, impliquant tous les pays concernés y compris l'Iran et Israël.

Les peuples doivent peser de tout leur poids pour faire avancer ces solutions. Tous les mercredis à Paris et dans de nombreuses villes en France la solidarité s'exprime avec le peuple libanais. Le 12 août prochain a été proclamée journée d'action mondiale, par un appel de délégations internationales rassemblées à Beyrouth.. Nous invitons toutes celles et ceux qui partagent les exigences de cessez-le-feu immédiat et de paix juste et durable au Proche Orient à contribuer aux mobilisations indispensables.

Assurons la participation populaire aux rassemblements,
partout où cela est possible
Paris, rendez-vous le 12 août,
15H30 Place du Châtelet

Parti Communiste Français

7 - Europe libérale

7.1 - Le mirage espagnol

Rien de plus affligeant pour ceux qui aiment la véritable Espagne que l'image artificielle qu'on s'en fait trop souvent de ce côté ci des Pyrénées. Il y avait jadis l'Espagne des toreros et du fandango, de Carmen et des pénitents de Séville, terre implacable de la foi la plus ardente et des guerres sans merci.

Il y a aujourd'hui l'Espagne de Zapatero, qui a fait récemment la une du Nouvel Observateur, grand hebdomadaire de gauche, mais est aussi célébrée par les organes de presse de tous bord, même The Economist, comme le pays à la mode par excellence : une social-démocratie ouverte et respectueuse de l'économie libérale, une croissance économique exemplaire, une décentralisation radicale, l'adoption sans réserves de l'euro, le oui à la Constitution européenne (quoique avec 60 % d'abstentions), le mariage des homosexuels et leur possibilité d'adoption , les régularisations massives d'immigrés et, fait déjà plus ancien dont les Espagnols sont en train de revenir, le cannabis en vente libre. Bref : le pays catholique et traditionnel par excellence est devenu en quelques années, sous les applaudissements des médias internationaux, le pays le plus branché, l'Eldorado du politically correct.

Une nation audacieuse à faire honte aux Français, toujours jacobins rétrogrades, xénophobes sournois , encorerétifs au mariage dit " gay ", refusant hargneusement l'intégration européenne et, c'est bien fait pour eux, à l'économie stagnante !

De cette Espagne, Carlos Saura, metteur en scène talentueux et homosexuel affiché, et Pénélope Cruz, symbole de la nouvelle Espagnole pleinement libérée (bien qu'au " au bord de la crise de nerfs "... ), de pair avec le nouveau président du gouvernement socialiste, à l'allure juvénile et décontractée, sont les symboles emblématiques largement reproduits par les couvertures des magazines.

Hélas, la véritable Espagne est loin de ces clichés où se complaisent les ayatollahs de la pensée unique internationale

Sa prospérité est fragile : liée à la bulle immobilière et à une explosion des crédits aux particuliers, elle réserve, dès que la bulle percera, des lendemains qui déchantent ; le respect apparent du pacte de stabilité européen repose sur des statistiques encore plus douteuses que les nôtres (même s'il est vrai que les prélèvements obligatoires sont beaucoup moins lourds en Espagne qu'en France ), le rapport entre le centre et la périphérie est loin d'être stabilisé. Surtout, donnée majeure, la situation démographique du pays est catastrophique. Le taux de fécondité est à 1,2 (rappelons que ce taux est de 2,1 aux Etats-Unis, 1,9 en France, 1,7 au Royaume-Uni). L'Espagne est en train de dépérir à grande vitesse ou plutôt elle " brûle la vie par les deux bouts " comme on dit ; elle est comme un immeuble en flammes : tandis qu'il se consume, les gogos admirent l'éclat de la flamme et croient qu'il embellit. Cette situation est grave sur le plan biologique : les générations espagnoles ne seremplaçant qu'à moitié, le pays est vouée à la disparition à l'échéance d'un siècle ; elle l'est aussi sur un plan plus général : l'indice de fécondité est comme la synthèse du moral d'un peuple ; l'effondrement de la natalité - que l'on retrouve dans toute l'Europe méditerranéenne et de l'Est, mais sans que l'on chante autant de louanges des pays en cause - reflète de graves déséquilibres. L'imprudente liquidation de la politique familiale (assimilée de manière historiquement erronée au franquisme) n'explique pas tout, la crise de la famille ( si bien illustrée par Carlos Saura ) non plus : c'est toute une société qui, ayant perdu ses repères, prise de vertige, se laisse aspirer par le néant.

Gageons qu'en fait, c'est bien pour cela que l'Espagne est si populaire dans certains milieux dont le goût de la modernité n'est que le vernis du nihilisme : parce que d'une manière plus radicale que le reste de l'Europe, ce pays, où la déchristianisation est presque aussi avancée que chez nous, liquide dans la fiesta l'héritage judéo-chrétien que, plus audacieusement que d'autres poursuit sa course à l'abîme. Derrière les feux de la rampe du " miracle espagnol ", l'instinct de mort. On aime l'Espagne qui apostasie et transgresse mais aussi, sans le dire, l'Espagne qui se suicide.

Par derrière la crise de la société, se profile celle du système politique espagnol. Le pays avait forcé l'admiration du monde par la sagesse avec laquelle il avait sur gérer l'après-franquisme : trois hommes y avaient plus que d'autres contribué : le roi Juan Carlos qui, même si son étoile commence à pâlir, a longtemps impressionné par son charisme et sa prudence, Adolfo Suarez, premier chef de gouvernement de l'Espagne démocratique (1976-1980), castillan grave, conscient de la difficulté de sa mission et menant la barque avec discernement : l'un et l'autre vinrent à bout avec courage de la tentative de coup d'Etat de 1980 , Felipe Gonzalez (1980-1996), représentant de la gauche dans ce qu'elle a de plus respectable : fils d'ouvrier agricole andalou arrivé au sommet, fier des valeurs populaires qu'il incarne mais en même temps prudent social-démocrate ayant le sens de l'Etat. La transition fut fondée sur un triple équilibre que chacun, de quelque bord qu'il soit, s'attacha à préserver :

- entre le pouvoir central et les autonomies ;

- entre la tradition ( représentée d'abord par l'Eglise catholique) et la modernité , inspiratrice d'une laïcité tempérée ;

- entre la mémoire franquiste et la mémoire républicaine, chacun convenant que l'Espagne nouvelle ne pouvait se fonder sur l'exclusion d'aucune.

Avec le néo-conservateur José Maria Aznar (1995-2004), vint le temps de la droite américaine et ultralibérale (l'intéressé n'est pas pour rien l'inspirateur de Nicolas Sarkozy !). Si l'Espagne de toujours y perdait ses couleurs, les équilibres de la transition n'étaient pas remis en cause.

Le bilan du socialiste José Luis Zapatero n'est pas nul : avoir obtenu que l'ETA dépose les armes est une réussite considérable. Mais à quel prix ?

Avec l'actuel premier ministre, on assiste, pour la première fois depuis 1975, à la remise en cause radicale du triple équilibre de la transition :

- les concessions qui sont faites à la Généralité de Catalogne et celles qui vont l'être au gouvernement basque vont si loin dans la décentralisation que l'on peut de demander combien de temps l'unité espagnole y survivra : après la Catalogne et le Pays basque, viendront sans doute le tour de la Galice et de l'Andalousie et puis après ? Le fédéralisme espagnol, comme le fédéralisme belge , qui font l'admiration de l'Europe vont aujourd'hui plus loin que l'allemand ou l'américain : il n'est pas encore prouvé qu'ils soient une molécule stable, autre chose qu'une phase de transition avant la rupture du pacte national ; - l'adoption du mariage homosexuel en juillet 2005 , malgré le défilé d'un million de manifestants à Madrid, a mis l'Eglise et l'opinion catholique en position de rupture ; - enfin le nouveau pouvoir s'attaque sur tout le territoire aux signes de la mémoire franquiste (noms de rues, d'institutions, statues) : au compromis entre les deux Espagne, n'est pas loin de substituer la revanche de l' Espagne républicaine, tenue pour celle de la lumière sur l'ombre.

On peut craindre qu'à terme, ces ruptures soient porteuses de nouveaux drames.

En contraste avec le sérieux plébéien de Felipe Gonzalez, Zapatero représente sans doute ce que les communistes détestaient le plus dans une certaine social-démocratie : la légèreté petite-bourgeoise, l'insouciance des fils de famille qui bradent allègrement l'héritage familial .

Est-il nécessaire de dire que dans un tel contexte, la monarchie, mal enracinée, risque de d'apparaître assez vite comme un symbole suranné et en porte à faux ?

Si la France est le pays de la mesure ( bien qu'elle ne l'ait pas toujours été !) , l'Espagne est, c'est bien connu, celui de l'exagération : elle a exagéré jadis la chevalerie, le catholicisme tridentin ; puis l'anarchisme et le commmunisme ; notre Front populaire ne fut que l'ombre policée du Frente popular. Depuis dix ans, elle se lance à fond dans le " libéral libertaire " au point que les Français ont l'impression de n'être que des " coincés ". Les Françaises ont fumé avant les Espagnoles mais jamais dans la rue comme ces dernières.

Les Français ont mis les premiers le holà aux excès de l'Europe ; ils conservent jalousement une politique familiale et ne sont pas encore prêts d'adopter le mariage homosexuel (plus de 20 000 maires ont fait savoir qu'ils ne les célèbreraient pas), ils ne régularisent les immigrés que honteusement . Sur tous ces sujets, l'Espagne semble, elle, aller " jusqu'au bout " sans complexes ; c'est pourquoi à chaque phase, y voyant la projection grossie de ce qu'ils voudraient être , certains Français admirent l'exagération espagnole : au XVIe siècle, les Ligueurs admiraient l'Espagne de Philippe II, au XXe siècle la gauche française admirait le courage de la République espagnole (sans se décider pour autant à l'aider, en dehors des volontaires des brigades internationales) ; aujourd'hui les libéraux libertaires admirent dans l'Espagne un pays apparemment plus " libéré " qu'eux. Jusqu'à quand durera le mirage ? Déjà la Constitution européenne a marqué un divorce - plus apparent que réel - de sensibilités ; la théorie des " chocs asymétriques " fait craindre qu'au premier orage d'une certaine ampleur, l'Espagne, avant même la France, ne soit conduite à s'interroger sur la pertinence de son adhésion à la zone euro qui oblige son économie à monter les cols avec le même braquet que l'économie allemande .

Après l'euphorie factice d'aujourd'hui, il n'est pas exclu que quelque choc salutaire vienne sauver l'Espagne de sa marche flamboyante au néant.

Roland Hureaux

Essayiste,
membre du comité de rédaction de Commentaire,
auteur de Le temps des derniers hommes (Hachette, 2000) et Les nouveaux féodaux (Gallimard, 2004)

8 - à lire

8.1 - Vocabulaire du politique, Fascisme, néo-fascisme

Ce livre arrive à point nommé. Au moment ou il n'y a pratiquement plus d'étude sur le fascisme mais seulement sur le totalitarisme(stalinisme = fascisme), il est bon de voir encore des intellectuels refuser la pensée conformiste. Eh, oui, le fait de "penser" que le stalinisme et le fascisme, ce n'est la même chose empêche de nombreux militants de "penser" les nouveaux fascismes comme une nouvelle extrême droite.

Puis, une étude sur la pensée du fascisme comme une catégorie historique (Pourquoi le fascisme) puis comme une catégorie politique (comment le reconnaître?). Très bel article sur les réprésentations du fascisme puis sur Heidegger et l'introduction du nazisme dans la philosophie.

Dans cet ouvrage ,une étude critique intéressante du livre "Précheurs de haine" de Pierre-André Taguieff ou l'auteur tout en reconnaissant son apport incontestable à la recherche de la vérité, critique le fait que pour Pierre-André, le seul lien et donc la seule cause de la nouvelle judéophobie serait la queue de comète du communisme.

Bernard Teper

9 - à voir

9.1 - Le principe d'Archimède, de Gerardo Herrero

Sonia est, depuis sept ans, cadre supérieure, dans une chaîne de montage de magasins de vêtements, en Espagne. Elle ne compte plus ses heures. Mariée à un architecte tout aussi pris et ambitieux qu'elle, donc aussi peu disponible, c'est elle doit souvent, au dernier moment, trouver la nourrice qui va garder leur enfant quand une réunion de dernière minute l'oblige à rentrer à 23 heures. Elle est heureuse de pouvoir compter sur sa voisine, Rocio, femme au foyer mariée à un enseignant syndicaliste, et mère, d'une fille du même âge.

Elle rêve de conquérir son indépendance économique par rapport à un époux, qui ne montre pas un enthousiasme extraordinaire à ce qu'elle aille " se faire exploiter " par un patron.

Sonia pistonne Rocio qui finit par décrocher le poste dont elle rêve. Par ailleurs, elle qui a joué le jeu de la direction, sans état d'âme, depuis sept ans, commence à se poser des questions sur sa vie, se comparant à une orange qu'on presse toujours davantage. Collaboratrice exemplaire et efficace, ayant effectué le travail, y compris le sale (licenciement d'une responsable de magasin) sans état d'âme, elle commence à avoir l'audace de contester certaines orientations stratégiques de son directeur.

Celui-ci interprète cela comme des faiblesses qui n'ont pas lieu d'être : il rétrograde donc Sonia, et nomme Rocio à sa place. Celle-ci, dans la foulée, noue une relation amoureuse avec l'époux de Sonia, et concrétise le projet professionnel de sa voisine de palier. Cela fait beaucoup pour qu'une belle amitié puisse perdurer.

La vie des deux femmes se transforme. Sonia retrouve le plaisir d'avoir du temps, de s'occuper de son fils, et, sous les conseils du mari de Rocio, découvre la nécessité de se défendre et de contacter le syndicat.

Rocio joue sa chance à fond, sans le moindre scrupule, ni vis-à-vis de son ancienne amie, ni de son époux et de sa fille, qu'elle délaisse totalement, absorbée uniquement par sa réussite professionnelle. Elle a trouvé vraiment l'âme s½ur avec le mari de Sonia, qui est du même moule qu'elle, couple de gagnants obsédé par la réussite et le pouvoir, dont le symbole est le téléphone portable qui sonne toutes les minutes, les taxis, les avions et les réunions de travail inopinées.

Sonia se rapproche du mari de Rocio, et, tout en restant salariée dans l'entreprise, découvre la cruauté d'un système auquel elle a participé pendant des années.

La dernière scène, une réunion organisée par la direction, devant les journalistes, pour informer le personnel d'une fusion avec un groupe italien, en occultant bien sûr de parler des licenciements qui vont suivre, sera le moment fort du film.

Rocio est à la tribune de direction, Sonia organise la contestation depuis la salle et torpille la réunion, avec le syndicat CGT.

La prise de parole, depuis la salle, d'une directrice de magasins, vingt-sept d'ancienneté, qui décrit les méthodes d'intimidation de la direction, sa façon de monter les salariés les uns contre les autres, de falsifier les chiffres pour exiger encore davantage des résultats, et surtout son angoisse de perdre son boulot à cinquante ans, est un moment de forte émotion où chacun comprend la peur que suscite, à tous les niveaux, la logique du surprofit.

Bien sûr, les cartes sont redistribuées. Les " gagnants ", Rocio et le mari de Sonia, s'installent dans une grande maison, avec nourrice à domicile.

Sonia et le mari de Rocio recherchent un appartement plus petit, pour rembourser moins, mais ont l'air tout-à-fait heureux de disposer de temps libre pour se voir, s'occuper de leurs enfants, et refuser surtout de se faire broyer par la machine.

Ce film constitue une réflexion intéressante, outre les règles impitoyables de la surexploitation capitaliste, sur les conditions de travail, et le peu de marges de man½uvre dont dispose tout salarié accédant aux postes de direction (Sonia aura du mal à en vouloir vraiment à Rocio, elle doit lutter pour ne pas la plaindre).

L'évolution, tout au long de ce film, des deux femmes, permet de s'interroger sur différentes manières d'être heureux et de s'accomplir, entre la réussite professionnelle, le surtravail, la vie amoureuse, les loisirs, les enfants, les amis, les engagements. A Chacun de faire les choix qui lui correspondent vraiment.

Pierre Cassen

10 - à lire

10.1 - "Le livre de ma grand-mère " de Fethiye Cetin ( traduit du turc par Alexis Krikorian et Laurent Djolakian )

S'il y a un livre qui témoigne du génocide arménien , c'est bien celui-là . " Que ces jours s'en aillent et qu'ils ne reviennent plus jamais "

C'est ainsi qu'Héranus, la grand-mère de l'auteure, finit chaque récit de la tragédie de 1915 : les Turcs ont pris tous les hommes du village , les ont massacrés , jetés dans la rivière qui était rouge de sang . La longue marche des femmes , des enfants et des vieillards a commencé , les gendarmes, impitoyables , tuaient tous ceux qui ne pouvaient plus avancer .. " Personne ne sortira vivant de cette folle marche . Si tu les donnes ( les enfants ) , tu sauveras leur vie " dit une parente d'Héranus à sa mère .

C'est ainsi qu'Héranus, petite arménienne rescapée fut adoptée par un gendarme turc (un de ceux qui obéirent et planifièrent la tuerie ) . Il l'éleva cependant comme sa fille , sa femme ne pouvant avoir d'enfants ) Cette vérité , Héranus l'a cachée à sa famille . Le certificat de naissance contenait le mot " Muhtedi " qui signifie "converti ". C'était une stigmatisation que ce mot-là , pour accéder à un poste , pour se marier , ces convertis , c'étaient des " sangs souillés " . Désignés aussi par une expression méprisante , " kilic artigi " qui signifie : " les restes de l'épée " .

Juste avant sa mort, Héranus révèle cette terrible vérité à sa petite fille, son nom véritable n'est pas turc, c'est Héranus Gadarian, elle a encore de la famille rescapée en Amérique. La petite fille n'a de cesse de retrouver ses parents arméniens d'Amérique, et j'ai été bouleversée par la lecture de ce livre,les retrouvailles, scrutant les photos, relisant même des passages, pour mieux partager cette douleur et cette histoire. C'est un témoignage qui vaut (presque) tous les livres d'historiens sur le sujet ! Est-ce que le gouvernent turc peut encore nier le génocide des Arméniens ?

Mireille Popelin

10.2 - " La fête des fous, qui a tué la V ème République ?" de Marie-France Garaud

Marie France Garaud, gaulliste historique, conseillère de barons et surtout d'anciens présidents de la République, durant leur mandat ou avant qu'ils soient en exercice règle ses comptes.

Naturellement Mitterrand devenu le Don Juan, opposant de toujours au Commandeur, de Gaulle , triomphant symbolise le mal absolu aux yeux de M.F Garaud.. Mais qui a tué la Vème République, l'anti gaulliste de toujours qui a su se servir de la Constitution qu'il a tant combattue ou les héritiers du Général, notamment Jacques Chirac ?

On peut comprendre le ressentiment et la colère de l'auteure, d'autant plus que c'est elle et quelques autres qui ont su en 1974, choisir Giscard comme moindre mal contre un Chaban incapable de battre la gauche, le tout en préparant le terrain à Chirac...

Je n'ai jamais eu de complaisance avec le Gaullisme et j'ai toujours refusé d'encenser d'une façon ou de l'autre tel aspect de la politique gaulliste et ce qui m'horripile le plus c'est de constater que certains militants de gauche continuent à entretenir un mythe... Aujourd'hui un nouveau mythe est maintenu, celui d'un Mitterrand, authentique homme de gauche, porteurs de valeurs...

Ce livre[1], écrit par une gaulliste qui ne masque pas son identité, nous rappelle les roueries, les calculs politiciens de " l'homme du 10 mai 1981 " qui a su briser le rêve du peuple de gauche et choisir dans l'autre camp un successeur : Chirac se plaçant dans sa lignée !

La personnalité de Chirac et son caractère sont mis à nue, sans faux-fuyant : " lui variait et variera toujours, selon les influences. Il était de plus en plus difficile de tenir une ligne de conduite avec quelqu'un qui, volontairement ou par inadvertance, en changeait constamment " !

Il est parfois intéressant et instructif de lire dans le texte, les propos et les analyses de ses adversaires. Notamment quand comme MF Garaud ils excellent dans tel domaine comme l'ancienne conseillère de Pompidou qui montre sa connaissance de la géo-politique.

Effectivement la Cinquième République est morte et bien morte et ses principaux fossoyeurs ne sont pas, à part quelques notables exceptions, des politiciens de gauche mais les " gaullistes " qui en 1992 ont laissé faire " Maastricht " :

" Le RPR, lui, traversait il est vrai des heures difficiles. Le virement de bord est toujours délicat, surtout quand le barreur hésite sur le sens du vent ou la direction à prendre et que l'équipage est fait de militants rétifs à la man½uvre. "....

Qui pleurera le naufrage du gaullisme ? Certainement pas tous ceux et toutes celles qui combattent cette constitution anti démocratique...

MF Garaud nous rappelle d'ailleurs la nature profonde du gaullisme :

" De Gaulle gouverna nom de la France et de la République. Pour la nation , le gaullisme, fils de la monarchie et de la Révolution, associait, en cette double référence, le pouvoir du monarque et la démocratie "... !

L'agonie de la 5ème république est bien lente, ne faudrait-il pas précipiter les choses et mettre à bas cette constitution et lutter contre le libéralisme adopté à la fois par de nombreux gaullistes et de non moins nombreux sociaux-démocrates convertis ?

Notes

[1] Editions Plon, 266 pages, juin 2006, 17,50 euros

Jean-François Chalot