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  1. chronique d'Evariste
    1. C'est promis, cette année, on va essayer de devenir politiquement correct !, par Évariste
  2. débats républicains
    1. Les idiots utiles de Sarkozy et de Le Pen, par Jérôme Manouchian
    2. A propos du droit de vote des résidents étrangers aux élections locales, par Jackie Guigo
    3. " Pourquoi le patriotisme est interdit ", par Christophe Deloire
    4. Peut-on parler de l'origine des individus sans être qualifié de lépéniste ?, par Jeanne Bourdillon
  3. combat laïque
    1. Croix hors la loi : pour une laïcité pleine et entière, par Philippe Isnard
    2. Présidentielle 2007 et laicité, par Vigilance Laïque
    3. Les suites de " l'affaire du gite des Vosges ", par Bruno Ledoux
  4. Crise d'ATTAC
    1. Bienvenue dans l'ATTAC des contrastes, par Judith Elsouche
    2. Image d'Epinal, par Danielle Berna
  5. énergies
    1. Les députés doivent être informés des tractations entre Bruxelles et les directions de GDF et Suez, par Daniel Paul
  6. rentrée scolaire
    1. Vouloir marcher sur l'eau est dangereux quand on ne sait pas nager, par Emmanuel Itié
    2. Le feuilleton du lycée musulman de Décines, par Mireille Popelin
  7. politique et affairisme
    1. Affaire Clearstream : pendant ce temps-là, à Taiwan..., par Alexandre Carme
  8. courrier des lecteurs
    1. Je vous ai connu trop tard, par Rémi Stériade
    2. Je veux lire du Jocelyn Bézecourt, par Guy VIGOUROUX
    3. Pizza hallal obligatoire, par Alain Scheyder

1 - chronique d'Evariste

1.1 - C'est promis, cette année, on va essayer de devenir politiquement correct !

En cette rentrée, dans une année électoralement décisive, votre journal préféré est en ce moment victime de deux styles d'attaque.

Les socialistes nous reprochent d'être trop méchants avec eux, et de faire le jeu de Sarkozy et de Le Pen.

Dans le même temps, certains sites trotskystes (qui ne méritent pas qu'on leur fasse de la promo en les citant) nous consacrent des dizaines de milliers de signes. Tout cela pour démontrer que nous sommes des chauvins puisque nous faisons références à la Nation, et des racistes car nous agressons les gentils islamistes et nous ne sommes pas pour la libre installation de tous les citoyens du monde en France.

Ebranlée par ces attaques, la rédaction de Respublica fait amende honorable, et décide que dorénavant, elle va essayer de bien se tenir à table, et de devenir un journal de gauche politiquement correct et respectable. Nous allons faire de gros efforts pour arriver à cela.

Finies les diatribes, entre autres, de notre collaborateur Bernard Teper stigmatisant le vide et le côté droitier du programme du PS. Maintenant, notre mot d'ordre sera : " Si tu ne veux pas de Sarko, y'a que Ségo ".

Ah ! On nous accuse de faire le jeu de Sarkozy. Eh bien, nous allons soutenir le projet de la belle Ségolène, aujourd'hui seul rempart contre un nouveau 21 avril 2002.

Et nous aurons ainsi des ministres qui vont faire vibrer le peuple de gauche.

Finis les discours altermondialistes, la lutte contre le capitalisme, les discours contre les patrons, la démagogie irresponsable du " non de gauche ", place au réalisme, place au " oui ", place à Ségolène et à son équipe.

On veut Pascal Lamy à Matignon, parce que l'Europe c'est l'avenir, c'est la paix entre les peuples, et la justice sociale, dans une mondialisation heureuse !

Bien sûr, tous les éléphants candidats aux présidentielles devront faire profiter le pays de leur expérience, donc il faut le retour de Yoyo (au développement durable).

Julien Dray devra être récompensé pour tout son travail, il faut le nommer au ministère de l'Intérieur. Un ancien trotskyste chef des flics, je veux voir cela avant de mourir !

La droite a mis une femme à la Défense, la gauche ne peut pas faire moins. Je veux voir Martine Aubry en kaki, cela lui ira fort bien, et puis, il faut bienla placer quelque part, les Lillois ne peuvent plus la voir en peinture.

La droite a mis Douste aux Affaires étrangères, essayons Lang, dans le même registre, il va coller des fêtes de la musique dans le monde entier.

Il y aura naturellement une ouverture au centre. Allez, il nous faut Bayrou et Borloo dans un gouvernement qui rassemble large.

Après des protestations d'usage, l'aile gauche choisira de siéger, pour mener le combat de l'intérieur (et bénéficier d'un nombre de députés conséquents ensuite).

Fabius sera la caution du non de gauche socialiste, mais il y aurait aussi un poste pour Buffet, un poste pour Voynet, et un pour le républicain de service, pourquoi pas le retour de Chevènement IV.

Ensuite, ouverture à la société civile, bien sûr.

Mouloud Aounit succèdera sans problème à Azouz Begag, on crééra pour lui un ministère de la lutte contre l'islamophobie.

Il faut occuper aussi Tubiana, un ministère de la laïcité ouverte, pour l'ancien président de la LDH.

Et je verrai bien Nicole Notat au ministère du Travail, le Medef ne devrait pas trop protester..

J'espère après un tel énoncé qu'on va a convaincu de la pertinence de notre nouvelle ligne : " Si tu veux pas de Sarko, y'a que Ségo ! "

Point suivant de notre repentance, c'est promis, on essaie d'arrêter d'embêter nos souffre-douleur préférés, les gauchistes, et particulièrement certains trotskystes.

On soutient tout, maintenant, fini de jouer les pisse-vinaigre républicains qui ont des principes liberticides. Interdit d'interdire !

On sera pour toutes les revendications sociétales. Pour le mariage homo, mais on veut qu'il soit élargi. Pourquoi le mariage ne concernerait-il que deux personnes, pourquoi ne pourrait-on pas se marier à trois ou à quatre ? Sortons des schémas moralistes petit-bourgeois.

La régularisation de tous les sans-papiers, cela ne suffit plus ! Pourquoi priver les sans-papiers de leur famille au sens large ? Et leur famille, ce n'est pas seulement les enfants et toutes les femmes des polygames, halte à une vision occidentale de la famille ! La famille, cela doit remonter à trois générations, avec donc les cousins premier et deuxième degré, oncles et tantes !

On soutient maintenant toutes les revendications régionalistes. A bas l'école de la République, vive les écoles régionales! A bas les impôts nationaux, vivent les împôts régionaux .A bas la langue française,tout le monde doit parler le patois régional. Et si personne ne le parle, ouvrons des camps de rééducation linguistiques! Des écoles de type Diwan partout, en Occitanie, au Pays Basque, en Corse, en Savoie, en Bretagne, avec interdiction de parler français en cours, et pendant la récréation. Bilinguisme dans toutes les régions, avec nom des rues marquées en deux langues, et des traducteurs dans tous les lieux publics !

On arrête d'embêter nos amies féministes sur la prostitution. Au gnouf le premier mec qui se fait surprendre à proposer de l'argent à une femme pour une gâterie, ou plus si affinités ! Interdiction des films pornographiques qui avilissent l'image de la femme ! Le modèle suédois, en plus féroce. Terminée la marchandisation du corps des femmes. Interdiction de voir un bout de sein, un bout de fesse, un nombril sur une publicité, sinon fermeture immédiate de la boite ! Mais, rayon prévention, nous proposerons des stages aux hommes, pour qu'ils puissent apprendre à maîtriser leurs irrépressibles pulsions sexuelles.

Nous n'accepterons plus qu'on remette en cause, en France, le rôle émancipateur du Hamas et du Hezbollah, partis des pauvres et des opprimés. Nous appellerons tous les démocrates à manifester avec eux contre l'Etat raciste et sioniste d'Israël, qui devra bien sur être jugé pour ses crimes depuis Mathusalem.

Nous allons militer pour l'abrogation de la loi raciste du 15 mars 2004, et demander à ce qu'en toute liberté, les jeunes filles qui veulent préserver leur pudeur puissent le faire au sein de l'école publique.. Mais nous irons plus loin, nous combattrons toutes les discriminations sur le lieu de travail et dans la fonction publique. Nous défendrons le droit de porter le voile et la burka partout, y compris comme salariée de la fonction publique, et nous réclamons que la nationalité française ne soit plus nécessaire pour un travailleur de l'Etat.Nous mettrons en débat l'abrogation de la nationalité française dans un mouvement de repentance post-colonial!

Nous présenterons à chaque numéro nos excuses aux enfants nés en France, dont les familles ont subi les dégâts de la colonisation et du racisme. Nous réclamerons qu'on leur réserve des quotas d'emplois dans la fonction publique, et dans les grandes écoles, et ils devront toucher tous les mois une prime de repentance coloniale indexée sur les cours du pétrole.

Les résolutions de la rentrée

Bien sûr, droit de vote à toutes les personnes qui auront mis une seule fois les pieds en France, même pour les vacances, et nous abaisserons ce droit de vote à l'âge de quatorze ans. Si on peut conduire une mobylette, on peut voter !

Sur les énergies, nous suivrons désormais le collectif " Sortir du nucléaire ". Fermeture immédiate de toutes les centrales nucléaires ! Il faut des éoliennes (bien qu'elles détruisent les biosystèmes sur de nombreux kilomètres à la ronde) sur tout le territoire français, pour sortir d'un mode énergétique fasciste et policier !

Nous ne dirons plus de mal de la direction libérale du Parti socialiste, des bobos Verts, de l'auberge espagnole du PCF, des sympathiques trotskystes lambertistes du Parti des Travailleurs aux arguments frappants, de la direction communautariste de la LCR, des Indigènes de la République (islamique), de la direction du Mrap (mouvement pour l'Amitié du Prophète), ni de celle de la LDH, des syndicats enseignants, notamment la direction de la FSU (des moyens, des moyens !!!!), ni de la direction de la FCPE favorable aux signes religieux à l'école, ni de nos autres têtes de Turcs habituels.

Enfin, on va essayer...

Évariste

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2 - débats républicains

2.1 - Les idiots utiles de Sarkozy et de Le Pen

Dans une interview parue dans Le Figaro du 17 août, Alain Krivine tient ses propos : " Nous refusons que les immigrés, et aujourd'hui leurs enfants, soient les boucs émissaires des politiques libérales. Il n'y a pas de problème de l'immigration. Il y a d'abord des problèmes de chômage, de logement, de service publics et de racisme. Nous sommes pour la régularisation de tous les sans-papiers et pour la libre circulation et installation des étrangers comme celle qui existe pour les capitaux... Après celles de Pasqua ou de Chevènement, les lois Sarkozy ne règlent rien si ce n'est de rejeter dans la clandestinité et dans des conditions de vie scandaleuses des dizaines de milliers de gens. Elles n'ont pour but que de gagner des voix lepénistes et c'est misérable. "

Tout est dit dans ces quelques mots du vieux leader trotskyste, qui manifestement, n'a rien compris à ce qui s'est passé le 21 avril 2002. Le terrorisme intellectuel est au rendez-vous. Si, comme la plupart des couches populaires, vous vous interrogez, dans une période de chômage de masse, sur l'opportunité de continuer à faire venir massivement une main d'œuvre étrangère, dont chaque travailleur normalement constitué comprend, en période de mondialisation néo-libérale, que le patronat va l'utiliser pour faire baisser les salaires et les conditions de travail, vous êtes un misérable lepéniste ! Pire encore, la partie de la phrase mise en gras par nos soins montre que Krivine, comme tous les néocommunautaristes de gauche et d'extrême gauche, sont des adeptes du libre-échange, dogme central du turbocapitalisme actuel.

Rien de nouveau depuis des années, et surtout depuis novembre 2005, quand, là encore, ils avaient laissé Sarkozy, pendant trois semaines, tenir le discours de la fermeté, quant eux apparaissaient d'une incroyable mansuétude devant la minorité qui brûlait les écoles de la République, les centres sociaux, les voitures des travailleurs et des chômeurs, et agressaient y compris mortellement quiconque se trouvait au mauvais endroit. Pire encore, ces apprentis-sorciers légitimaient la violence au sein du peuple.

Battu sur le terrain social, la droite savait qu'elle pouvait compter sur les désordres pour se refaire une santé, et Sarkozy a fait tout ce qu'il fallait pour cela. Là encore, la gauche communautariste, aiguillonnée par le néocommunautarisme d'extrême gauche, a eu le rôle que le ministre de l'Intérieur espérait : pendant que les élus locaux passaient leurs nuits à protéger les biens publics, certains leaders de gauche et d'extrême gauche tenaient des discours impuissants, et donnaient l'impression de d'excuser les voyous et les hors-la-loi plutôt que de proposer un projet global alternatif au turbocapitalisme. On a même vu un responsable d'Attac, membre de l'opposition à la direction, demander aux militants d'aller dans les quartiers populaires pour expliquer aux ouvriers et employés victimes des violences qu'ils fallaient qu'ils acceptent cela car c'était pour leur bien !

Les services d'ordre syndicaux, notamment celui de la CGT, quelques mois plus tard, avaient été, eux aussi, confrontés à la violence de jeunes contre-manifestants, très majoritairement blacks (je sais, je risque une plainte du Mrap, mais c'est ce qu'ont vu tous ceux qui assuraient le service d'ordre, ou qui se faisaient agresser), eux n'ont pas fait dans l'angélisme, et ils ont bien fait.

Alors que ces néocommunautaristes de gauche et d'extrême-gauche qui sont présents dans le mouvement altermondialiste, dans le mouvement syndical et dans les partis de la gauche et de l'extrême gauche, sont les idiots utiles de Sarkozy et de le Pen, ils pratiquent le terrorisme intellectuel vis-à-vis de tous ceux qui souhaitent débattre sereinement de cela dans un projet alternatif au turbocapitalisme.

Aujourd'hui, le nouveau cheval de bataille des Krivine et autres est donc derrière la régularisation de tous les sans-papiers la demande d'une régularisation ad vitam de tous les futurs sans -papiers qui ne sont pas encore sur le territoire national. Cela alimentera le discours de culpabilisation du Bloc des Indigènes de la République (lieu d'émission de la pensée néocommunautariste dans toutes les organisations politiques, syndicales et associatives), qui déclare que la France dans son ensemble est toujours raciste et coloniale, et qu'elle a une dette qu'elle doit continuer de payer en mettant le différentialisme ethnique et religieux avant toute application des principes universels comme liberté, égalité, fraternité, laïcité, solidarité, démocratie, sûreté, souveraineté populaire et développement durable.

Peu importe à ces démagogues les conséquences de leur discours : quelles conditions d'accueil, quelles conséquences à l'école, dans les centres de santé, au niveau de l'habitation, de l'emploi, etc.

Pourtant, aujourd'hui, près d'un Français sur trois a un grand-parent issu de l'immigration. C'est la fierté de ce pays, plus grand pays d'immigration d'Europe, que d'avoir su, grâce au creuset laïque et républicain, faire des citoyens français égaux en droits de tous ces enfants qui ont grandi dans les principes de la République.

N'en déplaise à Krivine et aux néocommunautaristes, il est sain qu'un gouvernement ait la maîtrise de ses flux migratoires, et que les critères ne soient pas les mêmes en période de plein emploi et en période de chômage de masse.

N'en déplaise aux culpabilisés post-coloniaux, réclamer la liberté d'installation de tous les étrangers, c'est piller certains pays pauvres de leurs meilleurs richesses humaines au profit des puissances occidentales. Cela serait d'autre part provoquer un appel d'air qui deviendrait rapidement ingérable pour tout gouvernement y compris antilibéral..

Qui va dire cela à gauche, sans avoir peur de se faire lyncher par les commissaires politiques des néocommunautarismes de gauche et d'extrême gauche?

Pour l'instant personne, pour le plus grand bonheur de Sarkozy et de Le Pen, et pour le plus grand malheur de ceux qui ne veulent pas d'un nouveau 21 avril 2002 en 2007.

La situation actuelle, avec des sans-papiers ni régularisables, ni expulsables, n'est pas tenable. Les républicains de gauche et d'extrême gauche doivent proposer aux peuples cinq pistes, afin d'éviter de n'avoir à choisir, sur l'immigration, qu'entre la politique de Sarkozy, ou celle des néocommunautaristes.

  1. dire clairement que pour construire une alternative au turbocapitalisme, il faut ROMPRE avec l'idéologie du libre-échange tant des capitaux, des produits économiques que de la force de travail. Il faut donc rompre avec l'idéologie des idiots utiles de Sarkosy et de Le Pen.
  2. qu'il faut une politique visant à l'éradication du travail au noir, véritable 5 ème colonne contre notre système de protection sociale. Pour cela, il faut, entre autres mesures, régulariser tous les sans -papiers pour pouvoir ensuite mener une politique de répression contre les employeurs du travail au noir. Tout gouvernement qui maintient des sans -papiers est complice de cette 5ème colonne du travail au noir, qui ne peut que tirer les systèmes solidaires de protection sociale vers le bas.
  3. qu'il faut en même temps une politique hyper-restrictive de la politique d'immigration liée à une politique de plein-emploi et donc de lutte implacable contre le chômage et la précarité. Certaines organisations prônant le modèle laïque de la république sociale ont sur ce point des propositions concrètes. Il faut dire clairement qu'il n'y aura plus d'appel d'air pour une immigration massive.
  4. Il faut rompre avec l'hypocrisie de la gauche compassionnelle qui parle beaucoup mais ne participe que très peu au nécessaire développement des pays sous-développés. Pour cela, il faut proposer un néo-protectionnisme social et altruiste qui permette à TOUS de développer les systèmes de protection sociale. La taxe devrait être fonction du différentiel des niveaux de protection sociale et écologique et reversée au pays à système de protection plus faible pour financer cette protection..
  5. L'aide aux pays moins développés serait dans un premier temps doublé puis au bout de 5 ans triplé pour abonder les fonds nécessaires pour améliorer les systèmes de protection sociale et de protection écologique. Cette aide irait aussi bien à certains pays de l'Union européenne qu'aux pays du Sud.

Jérôme Manouchian

2.2 - A propos du droit de vote des résidents étrangers aux élections locales

Le point central du débat se situe autour du contenu affecté au concept de Nation.

Les néo-libéraux et les socio-libéraux qui, malgré le vote du 29 Mai, ne renoncent aucunement à la construction Européenne dans la voie du fédéralisme, c'est à dire à l'affaiblissement de la " dimension nationale ", ont bien compris l'importance du droit de vote accordé aux résidents communautaires dans chacun des pays membres. Il s'agit de préparer l'avènement d'une " citoyenneté européenne " qui devra, à terme, supplanter la " citoyenneté nationale ". On peut faire à ce propos un parallèle avec l'introduction de l'Euro, dont la nécessité monétaire passait en vérité après la force du symbole.

D'ordinaire la monnaie est la clé de voûte de la naissance d'une Nation, son aboutissement, elle a été, pour les besoins de la cause, transformée en prémisse augurant le futur avènement d'une Nation Européenne. De même, les nombreuses délégations de compétences consenties à la Commission préparaient-elles la mise en place d'une constitution et d'un gouvernement Européen. Il y avait là une grande cohérence. Le non au référendum a perturbé cette mécanique destructrice....

Le palier suivant dans l'escalade à la disparition des Etats-Nations est bien entendu celui de la citoyenneté de résidence visant à détruire toute notion d'espace national, au sens où l'entend notre République, c'est à dire un lieu ouvert mais pas un " moulin "...

Il ne s'agit donc pas de savoir s'il est " juste " c'est à dire presque charitable d'accorder le droit de vote aux résidents étrangers, sous prétexte qu'ils paient des impôts par exemple, mais d'examiner si cette mesure est en accord avec l'idée que nous nous faisons du concept de Nation. A l'évidence non ! La preuve la plus éclatante de ce hiatus se trouve dans l'empressement de nos adversaires les plus identifiés que sont les néo-libéraux " de tout poil ", à exiger l'inscription de ce droit dans notre constitution. Les néo-libéraux comme les libertaires (Verts en tête), les uns pour des raisons économiques ( flux de travailleurs " bon marché ", mobilité de la main d'œuvre et des entreprises etc..), les autres pour de mauvaises raisons " droit de l'hommistes " ( métissage généralisé, universalisme de pacotille, religion des sans-papiers etc.. ) ont très bien perçu l'importance de cet outil.

Notre droit du sol est l'un des plus riche et des plus souple, il est doublé par le droit du sang ; il est donc plutôt " difficile " de ne pas être ou devenir français pour peu qu'on le souhaite et ainsi d'acquérir le droit de vote à toutes les élections. Qu'il faille faciliter encore l'accès à la nationalité française peut se discuter et semble même souhaitable, c'est d'ailleurs ce qu'avait commencé JP Chevènement avec les CODAC. C'est la bonne voie, qui évite de créer des demi-citoyens ne votant qu'aux " petites élections " sorte de demi-français.

En outre, il n'est guère constestable que l'octroi de ce droit de vote dérogatoire à des " non français " revient à abaisser le niveau de légitimité de la nationalité française elle-même, qui doit rester garante de droits spécifiques à ceux qui la possèdent.

De plus, au nom de quelle théorie accorderions-nous, d'office, le droit de vote à certains qui, en France depuis des dizaines d'années, n'ont jamais et c'est leur droit, demandé la nationalité française qu'ils obtiendraient pourtant sans aucune difficulté ? Je pense aux parents de Zidane, en France depuis plus de 40 ans, qui ont choisi de demeurer Algériens tandis que leur fils est un des Français les plus célèbres...

Evitons donc de suivre la mode qui consiste, sur le registre de la bonne conscience et de l'équité - notions qui n'ont rien à voir avec une vision politique de la citoyenneté - à demander la mise en place de cette fausse bonne mesure.

Sur ce point, gardons notre identité et restons en accord avec les principes fondateurs de notre République qui font de la Nation l'échelon le plus pertinent de la communauté humaine, organisée autour d'une langue unique et commune (et non d'une somme de langues régionales), autour d'un corpus de lois (et non d'un ensemble de contrats), autour d'un concept exigeant de nationalité (et non d'un agglomérat de résidents).

Il est malheureusement évident que cette position qui s'appuie sur la Politique et non sur la Morale, demande à être très bien expliquée et argumentée car nos adversaires, experts en bonne conscience, ont beau jeu de la travestir en vision quasi raciste alors qu'elle en est très exactement à l'opposé. En effet, c'est bien par respect de l'autre, de l'étranger qui souhaite intégrer notre communauté en devenant français que nous devons maintenir la haute valeur symbolique et juridique de la nationalité et du droit de vote qu'elle induit. Ce qui s'acquiert sans peine, sans volonté, ne valorise en rien celui qui reçoit, tout comme sont minorés la portée du don et l'effort même du donateur. Tout le monde est perdant.

Nous devons pratiquer la Politique et non la Morale, c'est à dire : la Justice et non l'Equité, la Solidarité et non la Charité, la Fraternité et non l'Assistanat, bref, ainsi que l'exige notre tradition républicaine remettre en route la machine à fabriquer des Français tous égaux devant les droits et les devoirs !

Jackie Guigo

2.3 - " Pourquoi le patriotisme est interdit "

Le Point : Quand vous observez la frénésie autour du Mondial, n'avez-vous pas l'impression que la France, ce n'est plus que le nom d'une équipe de football ?

Marcel Gauchet : L'enthousiasme autour des exploits sportifs est le révélateur d'un interdit. Les peuples n'ont le droit d'exprimer leur patriotisme, d'ailleurs bon enfant, que dans le domaine du sport, alors que cela leur est interdit partout ailleurs. Selon la doctrine officielle, en effet, il ne doit plus être question d'intérêt national, car les nations, c'est le nationalisme, et le nationalisme, c'est le péché mortel.

Le Point : Pourquoi les élites ont-elles instauré cet interdit ? Par souci d'éviter les guerres ou pour un intérêt bien compris ?

Marcel Gauchet : La volonté d'échapper aux malheurs de l'histoire européenne a été salutaire. Mais nous avons affaire à un phénomène plus récent et d'une autre nature, où il ne s'agit plus seulement de désarmer les nationalismes - très bien -, mais de dépasser les nations. Cela au nom d'une idéologie qui s'est développée dans les années 80 et 90 et qui a pris deux formes. A gauche, l'idéologie des droits de l'homme a pris la relève de l'internationalisme prolétarien, tandis qu'à droite est apparu un néolibéralisme économique fou. Je ne suis pas de ceux, comme vous savez, qui sont hostiles au libéralisme, mais ce nouvel inégalitarisme porté par un capitalisme sans frontières me semble intenable. Il est pire, d'ailleurs, dans sa version européenne que dans sa version américaine.

Le Point : La société est plus inégalitaire aux Etats-Unis, pourtant.

Marcel Gauchet : C'est vrai, mais aux Etats-Unis le libéralisme est compensé par le sens de l'appartenance nationale. A chacun de faire ses preuves, mais dans le cadre d'une communauté d'égaux. Regardez, Warren Buffett donne sa fortune, car s'il trouve normal de gagner de l'argent il ne veut pas d'une caste d'héritiers sans mérite. Quand Antoine Zacharias ex-PDG de Vinci donnera son argent à l'abbé Pierre, on en reparlera ! La nouvelle religion de l'inégalité promue par les élites européennes réduit la valeur de l'homme du commun à rien. Elle les délivre de l'obligation de contribuer au bien de leurs pays.

Le Point : Comment tenir un discours national ?

Marcel Gauchet : L'évolution que je viens de décrire n'a rien d'inéluctable. Elle est le produit d'une conjoncture. Elle suscite déjà des réactions violentes des populations. Il va bien falloir retrouver le sens du pacte social. De là à instaurer à nouveau le " plébiscite de tous les jours ", façon Renan... La formule est belle, mais pas très opératoire. Le plébiscite de tous les jours n'existe pas. Les processus de construction de l'identité collective sont essentiellement inconscients.
Sur quoi alors fonder le consensus politique ? Sur le sens des identités produites par l'Histoire, justement. Tous les pays ne se gouvernent pas de la même manière. La compréhension de la liberté n'est pas identique en Grande-Bretagne, en Allemagne ou en France. L'économisme a engendré des technocraties aveugles, qui ne connaissent qu'une seule recette et ignorent l'enracinement historique des pratiques collectives. Or les peuples veulent la continuation de leur histoire.

Le Point : Si demain un dirigeant du pays vous demande comment procéder concrètement...

Marcel Gauchet : La première tâche est de clarifier les choix collectifs. L'impuissance est fille de la confusion. Je prends l'exemple des services publics. Les libéraux formulent une critique juste en disant que les agents se sont appropriés les services publics aux dépens des citoyens.. Ils en tirent une conclusion hâtive en prônant leur liquidation. De l'autre côté, les " républicains ", au nom d'une défense juste du principe du service public, justifient tous les abus. Pour avancer, il faut sortir de ces querelles de fous. S'agissant de l'éducation, c'est la même chose, le blocage intellectuel est complet.

Le Point : Les médias n'y sont pas étrangers, avez-vous dit avant l'entretien.

Marcel Gauchet : C'est exact, les médias ne contribuent pas à l'éclaircissement du public, car ils sont très idéologiques. Les journalistes n'ont pas de doctrine, mais ils se croient les défenseurs des grands principes, spécialement en France. Ils empêchent que toute une série de questions soient posées. Il n'est pas excessif de parler de censure.

Le Point : La censure, diable !

Marcel Gauchet : Il n'est pas possible de suggérer que l'immigration pose des problèmes sans être taxé de " lepénisme " ou de fascisme. Regardez ce qui s'est passé avec l'Europe. Le débat sur l'élargissement a été interdit. Résultat : le refoulé a fait retour au moment du référendum sur la Constitution européenne, en dépit des injures et du mépris. De la même façon, il est presque impossible de mettre en doute les vertus du libre-échange sans être disqualifié d'avance. Pourtant, l'état de nos économies devrait susciter quelques questions. Mais non. Naturellement, vous avez le droit d'être trotskiste. Vous êtes alors un marginal toléré. Mais si vous prétendez parler en responsable, c'est inadmissible.

Le Point : Si ce que vous dites est exact, pourquoi un homme ou une femme politique intelligent, même cynique, ne pose-t-il pas les problèmes dans ces termes, ne serait-ce que pour plaire à l'électorat ?

Marcel Gauchet : Parce qu'il y a une physique politique. Les thèmes rejetés sont appropriés par les démagogues d'extrême droite et d'extrême gauche. Leur traitement raisonnable dans l'espace politique normal devient inaudible. Voilà pourquoi notre société politique est bloquée..

Le Point : Pour clore cette interview, je vous propose un petit jeu intellectuel. Dites-moi du tac-au-tac ce que vous évoquent ces noms. D'abord, Jacques Chirac ?

Marcel Gauchet : Je ne vois qu'un mot : le naufrageur. C'est un très brave homme, très sympathique, mais totalement déconnecté de la réalité depuis trente ans. Formé dans la technocratie gaulliste, il y a longtemps qu'il ne comprend plus grand-chose à ce qui se passe. Il compense par un opportunisme intégral. Sa façon de faire de la politique est usée jusqu'à la corde, mais elle influence toute la classe politique française.

Le Point : Nicolas Sarkozy ?

Marcel Gauchet : Le même opportunisme en plus jeune, avec toutefois l'avantage d'une autre formation. Sarkozy n'est pas énarque, mais avocat. Cela en fait notre seul homme politique qui écoute ce qu'on lui dit. Un avocat essaie de comprendre un dossier, tandis qu'un énarque sait déjà. Comme Chirac, il croit qu'il ne faut pas être contrariant. Les gens veulent de la rupture libérale ? Qu'on leur donne de la rupture. Ils exigent plus d'autorité de l'Etat ?
Donnons-leur plus d'Etat. La recette a ses limites.

Le Point : Villepin ?

Marcel Gauchet : Il incarne la malédiction française. Au départ, cet homme a tout pour plaire, il sait, lui, ce qu'est la France, il donne l'impression d'avoir compris ce dont le pays a besoin, et soudain tous ses atouts se retournent contre lui. Une occasion manquée.

Le Point : Ségolène Royal ?

Marcel Gauchet : Un mystère. Le mystère qu'une créature du sérail mitterrandiste se trouve être l'incarnation du renouvellement à gauche. Cet espoir n'est compréhensible qu'en fonction de l'idée selon laquelle " on a tout essayé sauf les femmes ". Le problème est que le changement pourrait bien n'être à l'arrivée que la même chose au féminin.

Le Point : Votre commentaire sur Lionel Jospin, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius ? Ce n'est peut-être pas juste de les citer tous les trois dans la même question...

Marcel Gauchet : En tout cas, pour l'opinion, ils forment un groupe, qu'on appelle les " éléphants ". Je dirais plutôt les " survivants ". Ils incarnent la perpétuation du mitterrandisme. En dépit de leurs talents réels, ce ne sont pas des personnes d'avenir.

Le Point : François Bayrou ?

Marcel Gauchet : C'est le traître du mélodrame. Ni droite ni gauche, et suspect aux deux camps. Pas facile de faire exister ce qui n'a jamais réussi à prendre en France : le centre catholique.

Le Point : Jean-Marie Le Pen ?

Marcel Gauchet : Le candidat qui n'a même plus besoin de parler ! Plus complexe qu'on ne l'a dit, le personnage de Le Pen mélange la vieille extrême droite et la version démago du républicanisme à la française. Ajoutons que c'est notre seul homme politique, avec Barre, qui s'exprime en bon français.

Le Point : Olivier Besancenot et José Bové ?

Marcel Gauchet : Je ne les mets pas dans le même panier. Besancenot, Laguiller et Buffet représentent le vieux bolchevisme jacobin à la française. Bové, lui, relève d'une autre culture, en quête d'une alternative au monde technique moderne. Il a la tête du populisme paysan, une allure de Vercingétorix, mais il surfe sur l'écologisme version bobo.

Le Point : Quel serait le portrait du candidat idéal ?

Marcel Gauchet : Une femme, puisqu'il faut essayer une femme, qui saurait prendre les Français comme ils sont pour leur dire où ils doivent aller s'ils veulent rester ce qu'ils ont été.

Christophe Deloire

Source : Le Point 17/08/06

2.4 - Peut-on parler de l'origine des individus sans être qualifié de lépéniste ?

On se souvient, il y a une bonne dizaine d'années, d'une polémique féroce qui avait opposé Hervé Le Bras, directeur de l'EHESS (Ecole des Hautes Etudes Sciences Sociales) à la démographe Michèle Tribalat, de l'INED (Institut National des Etudes Démographiques).

Le premier, devenu aujourd'hui supporter de Jack Lang dans la course à la candidature aux présidentielles, reprochait à la deuxième d'avoir fait référence, lors de ses travaux, à l'origine des populations vivant sur le territoire national.

Michèle Tribalat, par ailleurs auteur de la pétition contre les signes religieux à l'école, le 7 mai 2003, avec notre collaborateur Bernard Teper, Catherine Kintzler et Pierre-André Taguieff, Expliquait pourtant que ces différenciations avaient pour but de démontrer que, contrairement à certains discours réactionnaires, l'intégration se passait bien en France.

Elle fut néanmoins victime d'un véritable procès en sorcellerie de la part d'Hervé Le Bras, qui ira jusqu'à l'accuser sans vergogne de relayer dans ses travaux les thèses racistes du Front national.

C'était l'époque où quiconque s'écartait du droit chemin se voyait immédiatement qualifié d'allié objectif du Front national par les journaux de la bien-pensance officielle.

Quelques années plus tard, dans un ouvrage remarquable sur les violences urbaines, intitulé " La guerre des rues ", Christian Jelen, qui se qualifiait de militant laïque et républicain, brisait cet interdit en écrivant clairement - ce que chaque citoyen avait pu constater depuis des années - que la majorité des auteurs de violences était issu de l'immigration post-colonial.

Loin de tenir un discours raciste, le journaliste expliquait sociologiquement ce phénomène, tout en précisant qu'il était largement minoritaire dans les populations concernées. Bien entendu, lui aussi fut qualifié d'agent du lepénisme incitant à la haine raciale.

Le 21 avril est passé par là, la naissance d'un journal comme Marianne, qui a brisé cette chape de plomb que " Le Monde " et " Libération " faisaient peser sur la société française et ses dirigeants, a permis que la parole se libère, et qu'on puisse dire et écrire enfin ce que chacun constate dans la rue, sans être immédiatement traîné devant les tribunaux.

Certes, il restait les indécrottables du Mrap pour continuer à brandir ces menaces.

Mais, lors des dernières manifestations contre le CPE, ou bien l'année précédente, lors de l'agression de la manifestation lycéenne, la majorité des journaux écrirent ce que chaque manifestant, chaque membre de service d'ordre avait pu constater de ses propres yeux : la majorité des agresseurs étaient plutôt d'origine africaine, ou maghrébine.

Sans surprise, donc, en janvier 2005 (avant les émeutes de décembre), les renseignements généraux ont remis un rapport au ministre de l'Intérieur, sur l'origine de 436 personnes considérées comme meneurs, dans 24 quartiers sensibles.

87 % ont la nationalité française. 67 % sont d'origine maghrébine, et 17 % sont d'origine africaine. Seuls 9 % des meneurs sont français " de souche ".

On peut retrouver des chiffres aussi parlants quant à la composition des 60.000 prisonniers, actuellement.

La décision de la direction de SOS Racisme de poursuivre le ministère de l'Intérieur, dans ce contexte, pour élaboration de fichiers ethniques, laisse perplexe.

Certes, il convient de protéger les populations les plus vulnérables face aux discriminations à l'embauche ou au logement, et de condamner sans hésitation toute discrimination effectuée sur la base de l'origine d'un citoyen.

Mais faut-il revenir aux années 1990, et interdire, comme le réclamait Hervé Le Bras, toute référence ethnique à des statistiques, ou à des enquêtes ?

Ce n'est certainement pas ainsi que ces organisations contreront efficacement le discours du Front national, qui ne pourrait que se réjouir d'être le seul à dire tout haut ce que nombre de citoyens constate dans leur vie quotidienne.

Jeanne Bourdillon

3 - combat laïque

3.1 - Croix hors la loi : pour une laïcité pleine et entière

Le texte " Croix hors-la-loi " a suscité de francs soutiens, mais aussi quelques réactions et interrogations. LAIQUES, Laïcité & Libre Pensée et l'UFAL leur répond.

Tout d'abord, il faut rappeler que ce texte ne concernait UNIQUEMENT les croix, oratoires et autres signes religieux CONSTRUITS SUR LE DOMAINE PUBLIC APRES LA LOI DE 1905. Et, pour la neutralité laïque, de faire respecter l'interdiction de la loi de Séparation contenue dans l'article 21 du titre V : " Il est interdit à l'avenir donc après la loi, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture privée ainsi que des musées ou expositions. "

Il s'agit de faire enlever de l'espace public ces monuments qui seraient être remis à leurs concepteurs, qui pourraient les installer sur un lieu privé. Un simple déplacement, car religion ou philosophie étant une affaire privée, intime. Donc, il ne s'agit pas de les détruire comme cela a pu se faire dans le passé voir les grandes périodes anticléricales d'avant 1905, dans le Midi et ailleurs, entre 1880 et 1901, telle " l'Affaire des croix d'Arles ", où une dizaine de croix publiques ont été détruites par la municipalité, et quelques citoyens).

ARROGANCE DES CROIX

Nous nous sommes intéressés aux problèmes des croix illégales car des laïques nous interpellent depuis une dizaine d'années. Dans le Midi, ils nous signalent diverses implantations découvertes sur le terrain (route, randonnée) et dans la presse, et nous demandent d'intervenir. Des athées (Christine, Emile, Régis, Paul), des croyants laïques (Florent, Frédéric) et d'autres laïques (les trois Philippe) répertorient ces constructions illégales anti-laïques voir http://laicite.free.fr/picbure.htm. Ils sont choqués par l'arrogance des croyants cléricaux, dont les amicales d'oratoires (ou d'amicales de Compostelle), qui s'approprient des lieux publics pour y insérer leurs symboles, comme d'autres posent des panneaux de pub ! Nous ne voulons pas non plus, comme à Antibes, que les croix privées " débordent " sur l'espace public par leur côté monumental (sur le toit d'une villa !).

Pour faire cesser ces transgressions de la loi laïque, des citoyens et associations interviennent auprès des élus et fonctionnaires, et quelquefois s'adressent à la justice (avec succès).

RAS-LE-BOL DES MARQUES

Des lecteurs expriment leur soutien à notre action, leur " ras-le-bol " de ce " marquage du territoire qui (leur) rappelle le comportement de certains animaux " ; Jean propose d'intervenir systématiquement auprès des autorités avec des photos. Parmi les contradicteurs, Rethore s'inquiète de la conservation des croix d'avant 1905, et de leur valeur culturelle, et pense que seules les croix d'après 1905 seraient réactionnaires. Contre-exemple : la croix du sommet de la Ste-Victoire d'Aix-en-Provence est née en plein ordre moral (1851), et son intérêt esthétique et culturel est discutable. De plus, elle coûte cher à la collectivité car elle est régulièrement attaquée par la foudre (comme les croix des pics). Celle-ci pourrait être déplacée dans un musée, un lieu cultuel et-ou privé, sans dommage, ni pour " l'histoire ", ni pour la " culture ". De manière générale, nos collègues historiens, archéologues et médiévistes, pensent que les valeurs historiques, culturelles sont relatives, et que tout n'est pas forcément culture ou histoire. Il faut cesser de céder à la confusion entre cultuel et le culturel (cela concerne aussi bien la chrétienté que l'islam : les musées " culturels " des cathédrale d'Evry/J. Lang, de la grande mosquée de Paris/E. Herriot, et de bien d'autres mosquées, une astuce pour les financer en contournant la loi de 1905).

Emmanuel préfère s'attaquer au site internet de la mairie de Issy-les-Moulineaux, où le maire Santini participait à une bénédiction d'une cloche d'une église restaurée. Chaque laïque actif détermine ses priorités, et une action d'un citoyen n'empêche celle d'un autre. Donc aucune incompatibilité ! Une différence de forme : pour empêcher la construction d'un signe religieux sur la voie publique, la loi est claire, il suffit de la faire appliquer. La loi n'étant pas aussi précise sur la présence d'élus à des cérémonies cultuelles. De plus, tous les citoyens ne se connectent pas à internet.

NON AUX AMALGAMES DOUTEUX

Jack réagit au " danger total que représente l'islam " et que c'est " un combat stupide " intégriste " dans le sens où combattre sa propre histoire, ses propres positions, c'est se tirer une balle dans le pied (*)".. Notre interlocuteur semble penser - et hélas, il n'est pas le seul - que la dérive intégriste de l'islam (et non pas l'islam en soi) puisse être contenue par le cléricalisme chrétien. Nous sommes surpris de ces soutiens aux cléricaux anti-laïques. Il nous considère comme des " abrutis du jusqu'au-boutisme laïque* (ces) " idiots utiles " de tous facismes, incapables de voir plus loin que leur indignation primitive et non réfléchie* ils boufferont du curé pour installer des imams (*) sans se rendre compte que le curé ne représente aucun danger (*) ". Passons sur la suite des " compliments ", tout autant emportée et IRREFLECHIE, que nous mettrons sur le compte de la passion et du dérapage du verbe. MAIS il n'est pas question de faire des AMALGAMES entre une croyance et ses dérives. La construction des lieux de cultes est une liberté, à condition de respecter les règles d'urbanisme (et le non-financement public). On peut tout à fait être un fervent laïque et croyant, et se battre pour l'application stricte de la laïcité. Désolé, mais nous ne sommes pas racistes, nous défendons l'égalité des droits et des devoirs, la République laïque et sociale, la religion ou la philosophie comme une affaire privée. Et cette conception laïque, une grande partie du mouvement féministe l'a défend en France, en Europe, dans le monde, dans les Forums sociaux contre les cléricaux, intégristes et leurs alliés de " gauche ". Avec les Polonaises de Neutrum, les Algériennes et bien d'autres, nous voulons la stricte NEUTRALITE qu'offre la laïcité.

NOTRE HISTOIRE EST LAIQUE

Enfin nous ne pensons pas que " notre propre histoire " soit uniquement religieuse, ce qui serait extrêmement réducteur. Selon ce raisonnement, il n'y aurait pas d'histoire laïque ! Nous combattons tous les cléricalismes, qu'ils oppriment et-ou tuent. Nous ne faisons pas d'amalgame entre croyance et cléricalisme, entre croyance et terrorisme. Nous ne voulons ni aide publique aux cultes, ni construction religieuse sur le domaine public, et ce quelque soit le culte. Nous ne " bouffons " ni du curé, ni de l'imam, mais nous combattons les cléricaux quel que soit leur culte ou leur philosophie !

Comme Henri Pena-Ruiz, nous voulons une République laïque, purement laïque, strictement laïque ! Et comme le dit notre ami Albarèdes, nous voulons tous : " une laïcité pleine et entière "*

Philippe Isnard

LAIQUES, Laïcité & Libre Pensée & l'UFAL
LAIQUES 44, av. E. Herriot 13200 Arles.
LAIQUES@laposte.net - tél. 06 19 58 40 84
www.laicite.biz

3.2 - Présidentielle 2007 et laicité

Un nouveau site laïque qui parle des candidats à la présidentielle de 2007 et de leurs positions sur la laïcité. A lire et faire lire de toute urgence.

http://vigilance-laique.over-blog.com

Vigilance Laïque

vigilance-laique.over-blog.com

3.3 - Les suites de " l'affaire du gite des Vosges "

Dans Respublica numéro 464, Evariste évoquait ce qui s'était passé le 11 août dernier, dans un gite situé à Villerupt, dans les Vosges.

Ayant loué par internet, une femme de 27 ans, Houria, vivant en région parisienne, s'était présentée avec un voile sur la tête, ainsi que sa mère.

La propriétaire, Fanny Truchelut, lui avait fait savoir qu'elle pouvait mettre son voile dans sa chambre, mais que dans les lieux communs (salle télévision et lieu de restauration), elle devrait le retirer, par respect pour les autres personnes présentes

Devant le refus d'Houria, les propriétaires lui ont remboursé ses arrhes, et la jeune femme a quitté le gite avec sa mère et trois autres personnes.

Affaire classée ? C'était sans compter sur la presse locale, et surtout la section locale du Mrap.

Tandis que l'Est Républicain, sans vergogne, titrait " Discrimination raciale dans un gite ", les émules locaux de Mouloud Aounit, par la voix de Claude Gavoille, déposaient plainte contre le couple Truchelut, pour discrimination raciale.

La présidente du Mrap des Vosges, dans " Le Parisien " du 19 août, tiendra des propos qui devraient la discréditer à tout jamais : " D'une manière générale, les actes de racisme se multiplient. Nous avions eu à l'automne du vandalisme au cimetière de Remiremont (...) Une réaction comme celle des propriétaires de Villerupt s'inscrit dans ce contexte ".

Le Mrap égal à lui-même ! Tout se vaut, il ose mettre le même sac un acte raciste et antisémite commis dans un cimetière, et le simple rappel du respect de la laïcité dans un lieu public. Ceux qui ont défilé avec le Hezbollah tout l'été, ceux qui portent plainte contre un dessin de Charlie Hebdo, ceux qui ont manifesté contre le racisme avec l'UOIF le 7 novembre 2004, sont encore aux côtés des islamistes contre l'égalité hommes-femmes et la laïcité.

Fort logiquement, certains site islamistes relaient insultes et menaces contre les propriétaires du gite.

Après avoir lutté ensemble pour s'opposer à une loi contre les signes religieux à l'école, après avoir demandé ensemble des limites à la liberté d'expression quant il s'agit de critiquer une religion, Mrap et islamistes s'orientent de concert, avec leurs juristes, vers l'obligation d'accepter le voile, symbole de l'oppression des femmes, dans tous les lieux ouverts au public.

Bruno Ledoux

4 - Crise d'ATTAC

4.1 - Bienvenue dans l'ATTAC des contrastes

Alors que les participants ont en général apprécié la qualité des ateliers de l'Université d'été d'ATTAC, les tribulations claniques dans la direction d'ATTAC doublée de la désinformation de certains médias néolibéraux et sociolibéraux a de quoi surprendre son monde!

A croire que les principaux médias ne viennent pas vérifier eux-mêmes les informations qu'on leur donnent. Beaucoup de discussions ont tourné autour du rôle joué par les médias et de leur plus grande volonté de nuire plutôt que d'informer.

Eh bien, RESPUBLICA a envoyé une journaliste vérifier tout cela sur place!

Ces médias ont annoncé la démission du CA d'ATTAC alors que la motion unanime du CA d'ATTAC dit le contraire et lui permet de mieux fonctionner grâce à l'accord des deux clans de travailler dans un comité paritaire qui remplacerait la présidence et le bureau! Mais dès l'accord réalisé, Régine Tassi,signataire solitaire d'un troisième texte demande d'avoir sa place dans le comité paritaire qui ne serait donc plus paritaire! Mais alors quels sont les noms qui seront déposés en préfecture? Nouveau casse-tête! La préfecture va-t-elle accepter les co-présidences souhaitées ou exiger qui serait le président,le secrétaire, etc.

Nouvel imbroglio! Mais alors, ce sera qui? Ne serait-il pas nécessaire alors d'avoir des porte-paroles d'ATTAC représentants les trois textes en présence(pro-Nikonoff,pro-majorité du Collège des fondateurs et Régine Tassi pour le troisième texte? Vous suivez toujours ou vous avez déjà changé de chaîne?

Après une après-midi de tension,l'accord se fait sur le dépôt en préfecture du duo DELEPOUVE (FSU, pour la majorité du Collège des fondateurs)-BEAUVAIS (Politis, pour l'équipe Cassen, Nikonoff, Dessenne) chacun représentant l'un des clans puis par un vote 21 voix (pro-Nikonoff-Cassen-Dessenne) contre 20 (pro-majorité du Collège des fondateurs,Khalfa,Delepouve,Georges) et une abstention,les trois porte-paroles d'ATTAC sont acceptés pour représenter chaque texte si on compte sur 42 membres au CA selon la volonté largement majoritaire des adhérents et du CA..Mais comme la barre des votants pour changer les statuts n'est pas encore atteinte(de peu!),le décompte sur les 30 membres statutaires donnent un résultat dans l'ordre de 14(pro-Nikonoff,Cassen,Dessenne)-15(pro-majorité des organisations fondatrices) et une abstention.Donc à ATTAC,pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué!Il y a de quoi en perdre son latin!

Par ailleurs, les débats de l'université d'été d'ATTAC ont entraîné des questions non élucidés pour beaucoup sur la ligne suivie par la direction nationale de la FSU et de ses syndicats dans la crise interne d'ATTAC.Le fait que Marc Delepouve semble devenir au nom de la FSU un acteur majeur et que cette question soit posée dans les discussions par de nombreux membres de la FSU,très nombreux dans ATTAC est un nouvel élément du dossier qui ne manquera pas de relancer le débat existant dans la FSU, en tant qu'organisation, sur son rôle dans le syndicalisme et à l'extérieur de celui-ci.

A part quelques excités minoritaires dans le camp de la majorité du collège des fondateurs qui souhaitent"éliminer des camarades d'en face",il semble que tous les autres souhaitent une issue à cette crise.

La nouvelle élection de la direction d'ATTAC France prévue en novembre -décembre qui sera précédée de réunions d'adhérents dans toute la France(sauf dans quelques comités peu nombreux d'ultra-sectaires du camp de la majorité du Collège des fondateurs qui ne souhaitent aucun débat tellement ils sont pourvus de la vérité révélée!)devrait permettre une issue positive à cette crise.

Quant à la sortie du manifeste anti-libéral qui sera le document majeur pour l'action d'ATTAC dans la période 2007-2008,un débat mardi matin dernier a permis un échange sur la forme que devrait prendre ce dernier..

Pour beaucoup de militants d'ATTAC,le sentiment d'avoir beaucoup appris dans la dernière période et qu'un espoir est toujours là pour relancer ATTAC "tous ensemble" était le plus perceptible.

Judith Elsouche

4.2 - Image d'Epinal

En cette fin du mois d'août plutôt gris,Poitiers accueille, pour la deuxième année consécutive, l'université d'été d'ATTAC.

Le remue-ménage occasionné par le passage de la présidente du Conseil régional de Poitou-Charente, Ségolène Royal, entourée d'une nuée de journalistes, caméras, micros-perches et Savary, n'a pas secoué l'assemblée réunie dans ce grand amphi de la faculté de droit de Poitiers.. Son discours de circonstance ne m'a pas fait oublié celui qu'elle a tenu fermement à Bordeaux au début de la campagne référendaire pour le oui au projet de traité constitutionnel européen(TCE).

Fini l'image d'Epinal finement colorisée comme vers 22H,de l'église romane "Notre dame de la Grande"au centre de Poitiers:la dame Royal est en campagne!

Revenons à notre université sans tomber dans le piège sans fond de la polémique. La ligne d'ATTAC doit se résumer,à mon avis, aux propos de Jacques Nikonoff lors de son intervention sur le thème"Emploi, Revenu, Chômage, Précarité" : les campagnes d'ATTAC doivent évoluer,la première étape critique est terminée, nous devons aborder la deuxième étape,celle des alternatives, avec des propositions concrètes, surtout pas des slogans, mais bien des réflexions cohérentes, dont certaines doivent pouvoir être d'applications immédiates."Pour les personnes qui ont besoin de plus d'informations pour comprendre, ATTAC 21 a conçu une plaquette"Comprendre pour agir : ATTAC pour les nuls"! A mettre dans toutes les mains pour comprendre ses idées, ses combats.

Allez! Courage! Bon manifeste anti-libéral !

Danielle Berna

UFAL 33 et ATTAC 33

5 - énergies

5.1 - Les députés doivent être informés des tractations entre Bruxelles et les directions de GDF et Suez

Le groupe des député-e-s communistes et républicains proteste contre l'interdiction faite aux parlementaires français de prendre connaissance ou de faire état de la lettre de griefs notifiée par la Commission Européenne aux groupes GDF et SUEZ, le vendredi 18 août dernier, au sujet de leur projet de fusion.

Alors que ce projet motive la décision du gouvernement de procéder par voie législative à la privatisation de GDF, une telle interdiction est particulièrement scandaleuse. On ne peut en effet envisager que le débat parlementaire sur ce projet de fusion-privatisation, qui implique une entreprise publique et affecte l'ensemble du secteur stratégique de l'énergie, puisse se dérouler sans que les parlementaires aient connaissance, de façon officielle, de l'intégralité du document de la Commission européenne.

Comment peut on en effet imaginer que la représentation nationale se prononce en ignorant les décisions envisagées par la Commission européenne, alors que celles-ci pourraient conduire à une restructuration de GDF par des abandons d'actifs, et que la Commission a annoncée qu'elle ne prendra de mesures qu'après le vote du Parlement.

Au nom de la confidentialité, qui ne sert qu'à protéger les intérêts des actionnaires, on entend ainsi priver les citoyens, leurs représentants et les élus des salariés, de leur légitime droit à l'information sur le sort d'un service public.

C'est inacceptable, comme il est inacceptable de proposer aux députés que seuls quelques uns d'entre eux puissent prendre connaissance d'une version expurgée de la lettre de griefs de la Commission européenne, à la condition expresse qu'ils signent un engagement écrit de ne rien divulguer de son contenu !

Cette situation montre comment la volonté de préserver des intérêts financiers et commerciaux, avec l'aval des institutions européennes, aboutit de fait à confisquer le débat démocratique. Ce black-out nous conforte dans notre opposition au projet de privatisation de GDF et de fusion avec SUEZ et renforce notre détermination à travailler à réorienter la construction européenne..

Daniel Paul

Député du groupe communiste et républicain de Seine-Maritime

6 - rentrée scolaire

6.1 - Vouloir marcher sur l'eau est dangereux quand on ne sait pas nager

Ce mardi 30 aout, et pour tous ceux que le journal gratuit 20 Minutes concernent, vous auriez pu lire en page 9 un fait divers qui, s'il n'était pas tragique, provoquerait l'hilarité chez la plupart.

"GABON - N'est pas Jésus qui veut - Un jeune pasteur d'une Eglise pentecôtiste s'est noyé lundi au Gabon en voulant marcher sur l'eau, tel Jésus dans la Bible, selon la presse locale."

Et sur la page 8 en vis à vis, le constat de l'abandon de l'école publique pour l'école privée, dont le témoignage anonyme d'un enseignant public de Lyon indiquant (entre autres) que s'il avait des enfants, il refuserait de les mettre dans l'établissement où il travaille, ainsi qu'un encart sur la dénonciation de la loi de 2004 sur "l'obligation par l'Etat" de financer des écoles catholiques privées.

A priori aucun lien entre ces deux articles. Et pourtant ...

Le financement des écoles privées catholique qui provoque une fronde d'une dizaine de maires dans la Sarthe ou en Savoie n'est-il pas la preuve d'une cette influence grandissante du "fait religieux" que dénonçait justement Robert Albarédès dans le n°465 de Respublica ?

Et quand ces écoles religieuses enseigneront le créationnisme comme dans certains états américains, que fera l'Etat français ?

Et quand une école musulmane (projet dans le Rhône notamment) enseignera que le port du voile est obligatoire pour une femme, que fera l'Etat français ?

Et quand des pentecôtistes enseigneront qu'il faut marcher sur l'eau ? L'Etat français devra t'il faire paraître dans le Journal Officiel que l'eau est un élément liquide qui n'est solide qu'en dessous de 0°C - ou éventuellement franchissable si des pierres sont présentes ?

L'Ecole Publique permet d'enseigner des connaissances libres de toutes critiques. Et il est même souhaitable que l'enseignement soit criticable.

Sinon, nous en serions encore à croire qu'une Terre plate créée par un vieux bonhomme barbu il y a 6000 ans est le centre de l'Univers.

Et bien sûr, nous tenterions, tels de bêtes lemmings, de marcher sur l'eau.

Emmanuel Itié

6.2 - Le feuilleton du lycée musulman de Décines

Dans le Progrès du 29/8/2006, le recteur Alain Morvan annonçait son opposition au projet d'ouverture du lycée musulman de Décines :

" Il y a à proximité une conduite de gaz à haute pression, les sols sont pollués (benzène , tétrachloro-éthylène). Au départ, l'association avait déposé un permis de construire pour un établissement pouvant accueillir de 500 à 700 élèves. La Drire a refusé. L'association Al Kindi a alors demandé l'agrément pour moins de 200 élèves, accord cette fois. ( ? ) Ne peut-on considérer que ce qui est dangereux pour 500 élèves l'est aussi pour 200 ? " rétorque fort justement le recteur.

Mais alors pourquoi le feu vert de GDF ? Pourquoi le permis de construire ? etc demande la citoyenne lambda que je suis. Le recteur a visité les lieux : et la photo est parlante, la conduite se trouve à quelques mètres du lycée , et cette conduite est mal protégée . Aujourd'hui, Progrès du 31/8/2006 : coup de théâtre !

Le directeur pressenti, Zoubir Meddour, a annoncé sa démission et réintègre son poste d'enseignant, à la suite d'un grave désaccord avec la gestion et le fonctionnement du projet, il dénonce " l' INGERENCE" dont il est victime .

En fait, le directeur démissionnaire est enseignant dans l' Education Nationale, et il veut réintégrer son poste ! Il n'y a donc plus de " porteur juridique " du projet ..

Evidemment, Azzedine Gaci, président du Conseil régional du culte musulman (photo sur le Progrès - a été difficilement élu, il est représentant de l'UOIF , organisations islamiques ) s'exprime : " Il y a des dizaines de lycées catholiques ou juifs... Indéniablement, surtout chez les jeunes musulmans , il y a un sentiment de PERSECUTION. Et ça va permettre à tous les RADICAUX de s'exprimer .. "

Voilà un discours que nous connaissons bien, le discours victimaire, l'islamophobie n'est pas loin et la menace (à peine voilée, si je puis dire) de la colère des persécutés...

Mireille Popelin

7 - politique et affairisme

7.1 - Affaire Clearstream : pendant ce temps-là, à Taiwan...

Il y a deux semaines, la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN) a donné un avis défavorable à la requête des magistrats visant à obtenir de la direction des douanes une liste de noms d'intermédiaires taiwanais et chinois impliqués dans l'affaire des frégates. Au contraire, le 21 juillet, elle a émis un avis favorable à la déclassification de documents concernant le travail qu'a réalisé l'informaticien Imad Lahoud pour la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). C'est donc sur cet étrange personnage que repose pour l'instant l'enquête en France : ayant travaillé pour la famile Ben Laden, ses activités vont le mener en prison mais son profil intéressant le gouvernement va faire qu'il sera engagé par les services secrets nationaux après sa liberation. Aujourd'hui, ce sont ses rapports avec l' écrivain Denis Robert et la corrélation entre leurs témoignages qui sont au coeur de l'investigation.

Le rôle de la CCSDN n' étant que consultatif, le futur de l'enquête est entre les mains de la Ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, qui se doit de prendre une décision quant à l'utilisation qui sera faite des documents déclassifiés. Cependant, comme chacun sait, l'intégrité de l'Etat français étant en jeu, du fait de l'implication simultanée de l'armée, des services secrets et de politiques de l'ère Mitterrand et du gouvernement Balladur, il est difficilement envisageable - pour ne pas dire impossible - que l'enquête aboutisse vraiment.

Pendant ce temps-là, à Taiwan, l'enquête poursuit son cours d'une manière quelque peu similaire. Au cours du mois dernier, pas moins de deux anciens premiers ministres, Hau Pei-tsun et Vincent Siew, et d'un ex-président, Lee Teng-hui, ont été entendu par les inspecteurs en qualité de témoin. Le petit jeu entre Hau et Lee rappelle curieusement l'affaire Roland Dumas : l'ex-président se décharge sur le dos des militaires de la décision prise, déclarant que les questions techniques relatives aux achats de matériel militaire dépassent ses compétences et qu'il n'aurait fait que signer un document n'expliquant guère le processus d'achat, alors que Hau affirme que toute initiative de ce type doit être cautionnée par le président, qui est officiellement " commandant-en-chef des forces armées de la République de Chine. "

Un petit rappel des faits

En 1988, Taiwan, qui est alors dirigé par le fils de Tchang Kaï-chek, Tchang Ching-kuo, est en pourparlers avancés avec la Corée du Sud pour l'achat de 16 frégates " Ulsan ". En 1989, Hau, ancien militaire se tournant vers la politique et occupant les postes successifs de chef d'état-major, de ministre de la défense et de premier ministre dans les années 80-90, va se rendre en France avec une délégation militaire (1).. Au cours de la visite, il aurait ordonné à son adjoint d'envoyer un télégramme demandant de suspendre les négotiations avec la Corée. En 1991, Lee a sur sa table un rapport militaire dont six lignes mentionnent le changement de fournisseur et l'achat des 6 frégates " Lafayette " : Lee a expliqué pendant ses entretiens avec les inspecteurs qu'il a d'abord été surpris et qu'il l'a effectivement signé sans connaître les détails de ce changement de bord. Lee n'est pas au courant, Hau n'a fait que suivre des ordres, Vincent Siew explique que le contrat a été signé afin de balancer le déficit commercial croissant de la France avec Taiwan. Quoi qu'il en soit, il est difficile de croire qu'un contrat militaire de 2.8 milliards de dollars américains soit passé aussi inaperçu, surtout que la commission d'enquête spécial, assigné par la cours suprême locale, estime que le montant des commissions versées aux intermédiaires ait dépassé 400 millions de dollars (2). Sur ces 400 millions, plus de 125 millions auraient été versés à des hommes d'affaires taiwanais, le reste aux chinois (pour permettre cette vente d'armes sans l'intervention et les critiques de Beijing) et aux français.

Les résultats de l'enquête taiwanaise

Du côté taiwanais, trois brokers ont été mis en cause par les législateurs du Parti Démocratique Progressiste (en anglais, Democratic Progressive Party ou DPP), parti au pouvoir depuis 2000 sous la présidence de Chen Shui-bian : la hongkongaise Lily Liu, le chinois Edmund Kwan et le taiwanais Andrew Wang. Ce dernier a été inculpé de meurtre, corruption, blanchiment et fraude. Il est en effet soupçonné d'avoir commandité l'assassinat d'un capitaine de la Marine taiwanaise, le capitaine Yin Ching-feng, qui enquêtait alors sur les rétrocommissions du fameux contrat Bravo. Bien que 46 comptes en banque suisses à son nom ont été retrouvés et bloqués, contenant un montant de plus de 1.2 milliards de francs suisses, l'étude de ces comptes n'a pas été fructueuse : ils ont dû être gelés avant que les commissions ne soient versées. Seuls deux versements se sont révélés suspects. Le premier concerne le capitaine Kuo Lin-heng et son frère Kuo Wen-tien qui ont admis avoir touchés 17 millions de dollars. Alors qu'ils ont promis de retourner cette somme à l'état taiwanais, Kuo Lin-heng est emprisonné à vie pour corruption (3). Le deuxième versement a été versé à l'intermédiaire Étienne Leandri, un proche de Charles Pasqua décédé en 1995. Pour 150 000 dollars américains, il aurait fourni de faux passeports à Andrew Wang.

Des meurtres et suicides présumés, des anciens PDGs et ministres amenés au parloir, des centaines de millions d'Euros impliquant des hauts fonctionnaires et importants hommes d'affaires de trois pays (4) ... Depuis le début des investigations, l'affaire s'est finalement très peu éclaircie. Il semble bien que, comme l'a dit un magistrat parisien, " l'affaire des frégates de Taïwan est une bombe qui n'éclatera jamais. "

Alexandre Carme

8 - courrier des lecteurs

8.1 - Je vous ai connu trop tard

Cher Evariste,

Je vais poster un petit chèque aujourd'hui. Je suis retraité, pas riche mais je vais faire ce que je peux pour aider une entreprise que je qualifie de salutaire.

Respublica m'a été recommandé par un ami parisien. Depuis mon abonnement je me félicite d'avoir suivi son conseil. Même si je ne suis pas d'accord avec tout ce qui s'exprime dans cette lettre, les points de vue publiés me permettent une pensée particulière.

Certains articles sont un peu partisans mais la majorité d'entre-eux exposent les problèmes plus complètement que ne le font les informateurs patentés; pour une fois je ressens votre désir de montrer le dessous des cartes et je vous félicite de cet effort, duquel peut enfin naître une pensée politique personnelle.

Un mot aussi pour saluer ta prose, elle est claire, simple, limpide et permet de comprendre le débat ou les situations, sans pour autant faire appel aux lexiques spécialisés.

Cette prose me fait du bien et, comme aimait à le dire l'École Universelle d'autrefois, "... elle mériterait d'être prise en charge par la Sécu." Je n'ai qu'un regret: celui de ne pas l'avoir connu voici 50 ans, ma vie et mes actes en auraient été changés.

Bien cordialement.

Rémi Stériade

8.2 - Je veux lire du Jocelyn Bézecourt

Bonjour, Evariste

De retour de vacances, je comble mon retard de lecture et constate avec joie que mon intérêt pour Respublica va croissant... Je continue d'ailleurs d'en d'assurer la diffusion à mon entourage, au hasard des articles, en précisant qu'il est très aisé de s'abonner...

C'était moi qui vous avais fait parvenir ce billet d'humeur sur le foot après le match de demi finale qui avait laissé le stade Charléty dans un pitoyable état... Nous avions échangé quelques mails et étions tombés d'accord sur le fait que la pollution n'était pas l'apanage des seuls supporteurs. Au fait, avez-vous vu que mon " article " était paru in extenso dans le courrier des lecteurs du Nouvel Obs du 23 juillet ?

Là, je viens simplement vous demander si Jocelyn Bézecourt avait commis quelque livre ou parution ; je suis, en effet, subjugué par la force de sa verve anti religieuse... Etant moi-même athée forcené, (et libre penseur encarté) je verrais avantage à lire ses écrits...

Merci, donc de prendre le temps de m'informer.

Bravo, tant que j'y suis, pour la réponse distanciée mais percutante que vous avez faite à la diatribe insultante d'Alain Soral... Moi, Evariste, je vous redis toute mon admiration pour la pertinence de vos propos et vous encourage à continuer.

Très cordialement

Guy VIGOUROUX

Professeur de sport à la direction régionale Jeunesse & Sports de Franche-Comté (Besançon)

8.3 - Pizza hallal obligatoire

Evariste, Bravo pour votre article (sur le gaz) du dernier numéro, qui est en tout point excellent.

je me permets de vous narrer une anecdote.

Une personne de ma connaissance, infirmière en milieu hospitalier, s'est fait "remonter les bretelles" par sa hiérarchie pour une question de pizza !!

Un soir avec des collègues, elles ont commandé des pizza, jusque là mon anecdote est sans intérêt, mais..certaines collègues sont musulmanes, pas de problème en apparence, - elles commandent donc , mais des pizza Hallal - La personne en question leur dit qu'elle ne mange pas hallal, comme c'est leur droit à elles de ne pas manger comme elle, l'esprit religieux de cette personne est peu développé, elle est croyante, pas du tout pratiquante, mais ne se sent pas obligée , pour faire plaisir de manger kasher ou hallal puisque réciproque il n'y a pas - Moralité, les collègues se sont plaintes, et elle a eu droit à des remontrances puisqu'elle avait eu le mauvais goût de ne pas manger hallal - elle perturbait la bonne entente dans le service, bonne entente allant dans un sens unique celà va de soi - *

Vive la Laicité, bien à vous

Alain Scheyder