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  1. chronique d'Evariste
    1. Le droit de critiquer toutes les religions, le droit de ne pas faire le ramadan, par Évariste
  2. Instrumentalisation communautariste de la mémoire
    1. Indigènes, un film à voir, par Guylain Chevrier
  3. Les islamistes sur tous les terrains
    1. Pétition au ministre de l'Intérieur pour l'interdiction d'Hani Ramadan de venir enseigner à Lyon, par Michèle Vianès, Catherine Deudon
    2. Le colloque à l'UNESCO sur le "féminisme" musulman : pire que prévu, par Caroline Fourest
  4. Offensive anti-laïque de Sarkozy
    1. Face au rapport Machelon et proposition "Glavany", défendre la laïcité, par Robert Albarèdes
    2. Le rapport Rossinot complète le rapport Machelon, par Antoine Grégoire
  5. Laïques de tous les pays unissez-vous!
    1. Chili : Michelle Bachelet à l'épreuve de l'ordre moral, par Bright France
    2. Canada : Écoles hassidiques illégales - L'État doit être ferme, par Bright France
  6. Les laïques sur le terrain
    1. Ploërmel, ou comment faire parler de sa ville : un exemple à ne pas suivre, par Chantal Terrieux
    2. Lettre à Monsieur le Maire de Saint-Cyr (07430), par Louis HOUDAYER
    3. Lettre à Monsieur le Président du Conseil Général des Htes-Alpes, par Christine ROUX
  7. courrier des lecteurs
    1. Jésus non violent ?, par Emmanuel Itié
  8. école publique
    1. Mention très bien au bac et 30 fautes en dictée, par Gilles CARLE
    2. Il faut vite rétablir les heures de français en primaire, par Michel Buttet
    3. Le silence conduit à la complicité, par Jean-François Chalot
  9. santé
    1. L'automédication : la liberté de s'autodétruire, par Raymond MARI
  10. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Le droit de critiquer toutes les religions, le droit de ne pas faire le ramadan

Cela y est, c'est parti pour un nouveau ramadan, qui coïncide cette année avec le nouvel an juif. Les laïques que nous sommes respectent, bien sûr, le droit de croire, ou de ne pas croire, de chaque citoyen, et toutes les formes que prennent les rites des croyances, à partir du moment où elles ne portent pas atteinte à la dignité humaine, ni aux lois de la République.

Les Hommes libres que nous entendons être et demeurer revendiquent également le droit à la libre critique de tous les dogmes, donc de toutes les religions, donc de l'islam et de certains de ses rites. Nous avions de quoi nous interroger sur le côté émancipateur, pour les chrétiens, de ne pas pouvoir manger de viande le vendredi, et nous indigner que seul le poisson ait longtemps été servi ce jour là dans les cantines scolaires. De même nous réclamons le droit de trouver archaïque le fait de ne pas pouvoir manger ni boire du lever au coucher du soleil pendant un mois, l'interdiction de faire des siestes crapuleuses d'après déjeuner, pour cause de pratique religieuse (quel gâchis !), et l'interdiction, entre autres, de manger du porc.

Mais à partir du moment où ces pratiques se confinent à la sphère privée, pour nous pas de problème. Là où celà se complique, c'est quand les pressions se font de plus en plus fortes contre les personnes qui, à cause de leur nom, de leur apparence, sont automatiquement amalgamées à la religion musulmane, et sommées de pratiquer de manière obligatoire, sur le territoire de la République.

Notre collaboratrice Mireille Popelin (Respublica 471) racontait la plainte qu'a déposé une famille d'origine maghrébine, dans l'agglomération lyonnaise, suite aux insultes et coups subis en cour de récréation par leur fille, parce qu'elle porte une robe, et affirme ne pas croire à un Dieu quelconque. Jocelyn Bézecourt, tous les ans, (www.atheisme.org), nous livre des anecdotes montrant les multiples pressions de ceux qui veulent imposer leur croyance et leurs pratiques à l'ensemble de leurs semblables.

Une militante féministe et laïque algérienne, à La Courneuve, nous faisait part, dernièrement, de l'angoisse qu'occasionnait le ramadan, pour elle, et nous disait que des petits gamins de dix ans se permettaient de l'insulter parce qu'elle ne le faisait pas et pire, osait fumer une cigarette sur le trottoir !

On vient d'apprendre que ce sera les 7 et 8 février que se déroulera, à Paris un procès d'un autre temps. L'hebdomadaire Charlie Hebdo, et son directeur Philippe Val, sont poursuivis devant les tribunaux par l'UOIF, rejoint par toutes les composantes du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) mis en place par Sarkozy, et par la Ligue Internationale Islamiste, suite à la publication d'un dessin de Cabu, en page une, attaquant traitant des intégristes de cons. Le délit de blasphème n'existant pas en France, n'en déplaise à Bernard Antony, président de l'Agrif et intégriste catholique, c'est donc pour incitation au racisme que l'hebdomadaire humoristique sera traîné devant les tribunaux par les disciples français de l'Arabie saoudite et de l'Iran.

Plus fort, la Mosquée de Paris, emmenée par Dalil Boubakeur, sera défendu par Francis Spizner, l'avocat de la chiraquie, celui qui a multiplié toutes les obstructions judiciaires possibles pour protéger le président de la République actuelle, et d'autres dignitaires UMP des poursuites que leurs malversations auraient dû leur occasionner.

On se rappelle que lors de l'affaire des caricatures, le chef de l'Etat, au lieu de protéger le droit à la liberté d'expression, avait, croyant apaiser les fanatiques, parler de " provocation inutile ". On se souvient que les députés UMP Roubaud et Raoult avaient déposé un projet de loi à l'Assemblée, pour réinstituer le délit de blasphème (réclamé également un temps par Mouloud Aounit, qui a cru bon de déposer plainte au nom du Mrap contre d'autres journaux ayant publié les caricatures du prophète).

Eh bien, cela ne suffisait pas, le parti présidé par Sarkozy assume ouvertement son soutien aux censeurs islamistes, en déléguant celui qui était candidat UMP dans la Saône, contre Arnaud Montebourg, et 2002, et qui se prit d'ailleurs une veste mémorable.

Toujours plus fort, Hani Ramadan, le frère de l'autre, les deux faces d'un même miroir, disait Frère Tariq, celui qui justifie la charia et la lapidation des femmes pour adultère ou grossesse hors mariage, entend venir enseigner à Lyon, dans les écoles des librairies Tawhid. Qu'attend-on pour expulser ce personnage, et l'interdire de séjour ?

C'est bien évidemment dans ce contexte que Nicolas Sarkozy, qui s'était opposé de toutes ses forces à une loi contre les signes religieux à l'école, met en avant le rapport Machelon, pour instrumentaliser l'islam et remettre en cause les principes laïques, et notamment l'article deux de la loi de 1905. Ce qui se prépare, s'il était élu, ce sera le retour du concordat d'Alsace-Moselle sur tout le territoire, et l'obligation pour tous les maires de financer les mosquées, mais aussi les édifices religieux sectaires, dans la pire tradition américaine dont se réclame le ministre de l'Intérieur.

Le calcul du libéral et communautariste maire de Neuilly est limpide : remplacer la solidarité républicaine par la charité des religions, et pour cela les arroser en toute légalité.

Dans le même temps, certains petits soldats de l'islam politique montent une véritable provocation contre un couple tenant un gite d'étape dans les Vosges. Ils envoient deux militantes voilées, elle sont refusées, et le couple se voit calomnier, traiter de raciste, le Mrap local dépose plainte contre eux !

Parallèlement, un de nos lecteurs, Gilles Bellaiche, nous signale que le professeur de philosophie Robert Redecker, auteur d'un article paru dans Le Figaro le 19 septembre, et publié dans Respublica 472, est aujourd'hui l'objet, comme les caricaturistes danois et ceux de Charlie Hebdo, de menaces de mort, et que l'administration scolaire, par mesure de sécurité, a décidé de le suspendre de ses cours.

On peut ne pas partager l'ensemble de l'article de Robert Redecker, comme on peut ne pas partager l'ensemble de la culture Charlie Hebdo, mais on ne doit pas transiger devant la liberté d'expression, ni accepter ces menaces. Rappelons-nous qu'en Hollande, pour Theo Van Gogh, cela a commencé ainsi, et qu'Aayan Hirsi Ali, avant d'être lâchée par la droite et abandonnée par la gauche, devait vivre sous escorte policière vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Les fascistes islamistes veulent intimider tous ceux qui refusent de se taire devant leurs menaces. Quand ils sont au pouvoir, ils lapident et ils assassinent. En Europe, et en France, ils veulent, par une pression de plus en plus forte, contraindre à la pratique de leur culte les populations arabo-musulmanes qui entendent, en toute liberté, pouvoir faire d'autres choix.

Ils veulent leur interdire toute intégration, tout projet émancipateur, et leur imposer un projet communautariste, sous leur coupe, naturellement.

Alors que la société civile, tout au long d'un combat qui a duré des siècles, a réussi, en utilisant la raison, la science, mais aussi l'humour, à déchristianiser la Nation, et à imposer la laïcité, allons-nous tolérer encore longtemps que de nouveaux obscurantistes reprennent, au nom de l'Islam, le combat des Torquemadia ?

Les autorités de ce pays vont-elles abandonner nombre de citoyens, français ou pas, aux mains de l'extrême droite islamiste, par lâcheté et calculs politiciens et électoralistes ?

A quand un grand coup de poing sur la table, et des réponses à la hauteur de la gravité de la situation ?

Ils sont bien trop rares, ces militants laïques, féministes, républicains qui, depuis des années, refusent de se taire devant le harcèlement des principes laïques, dont l'islam politique est le fer de lance, que subit la République.

Respublica se targue d'être de ceux là, sur des valeurs de gauche, en refusant d'abandonner ce combat aux seuls Villiers et Le Pen, qui n'attaquent l'islamisme que pour mieux se réclamer de l'intégrisme chrétien.

C'est d'ailleurs pourquoi notre lettre a de plus en plus d'abonnés, et nous sommes certains que la nouvelle formule, que vous découvrez, nous fera atteindre rapidement le chiffre de 25.000 abonnés. En plus d'une nouvelle mise en page de votre journal, nous sommes heureux de vous annoncer la mise en ligne de notre nouveau site internet: Respublica/Gauche Républicaine! Il n'est pas encore finalisé, mais vous pouvez déjà retrouver les derniers numéros en ligne. Toutes les archives seront ajoutées au cours des semaines prochaines, et le moteur de recherche interne sera fonctionnel sous peu. N'hésitez pas à nous faire parvenir vos commentaires...

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Instrumentalisation communautariste de la mémoire

2.1 - Indigènes, un film à voir

A la Une de l'Humanité Dimanche de cette semaine, on retrouve le film " Indigènes ", du réalisateur Rachid Bouchareb : 130 000 tirailleurs maghrébins et africains s'engagèrent en 1943 dans l'armée française, dénommés " indigènes " par la hiérarchie militaire, " pour libérer la France de l'ennemi nazi " selon les termes du journal. Le sujet du film ? un sujet d'histoire qui nous éclaire sur des aspects de la colonisation à propos de laquelle il y a encore quantité de choses à dire, à dénoncer. Un film largement récompensé au dernier Festival de Cannes.

Le Président de la République, selon le journal de France-info du 25 septembre dernier, qui aurait été ému par le film, a considéré devoir revoir le niveau de pension de ces ex-soldats de l'armée française sinon oubliés, restés en tout cas largement en marge de l'histoire française de la seconde guerre mondiale.

On pourrait émettre ici déjà néanmoins un bémol à la présentation de ces engagés, qui n'ont pas simplement participé à " libérer la France de l'ennemi nazi ", mais aussi du risque que faisait peser ce dernier sur leurs propres pays, car il s'agissait bien d'une guerre mondiale où il fallait choisir son camp. Rappelons au passage à cet égard la campagne de Tunisie de février-mai 1943. Rappelons aussi le fait que sans l'engagement de toutes les forces contre le nazisme, dont 20 millions de morts soviétiques et un million d'alliés, le drapeau à croix gammée flotterait certainement non seulement sur la France mais sur le Maghreb. Il y a eu, ici donc, en quelque sorte réciprocité, et c'est tout à fait honorable, tous les héros se valant sur ce champ de bataille. Si c'était le simple propos de la démarche du film, on ne pourrait qu'y adhérer.

Un esprit de revanche sur la mémoire qui instrumentalise l'histoire

Sans présager de la qualité de celui-ci, qui sort ce mercredi sur les écrans, on peut néanmoins s'interroger sur le contexte sulfureux qui l'entoure, renvoyant à un débat français sur la mémoire disputée de la colonisation autour de la question identitaire. Il suffit de reprendre la mise en perspective qu'en fait le journal pour s'en convaincre. Les acteurs déclinent l'idée qu'ils entendent rendre hommage à leurs ancêtres, sur le thème : une page oubliée de l'histoire de France.

Jusque-là rien de choquant, s'il était uniquement question de rétablir dans les mémoires le fait que certains colonisés d'alors aient pris place dans l'armée française pour concourir à l'˝uvre commune de libération. Mais d'emblée, le dossier est titré : " un film au nom de leurs pères, des banlieues et de l'avenir "... Une présentation du film qui en dit long sur les arrières-pensées politiques qu'il sous-tend du côté de l'instrumentalisation de la mémoire et un esprit de revanche sur l'histoire qui ne porte en lui rien de bon. Que peut-on y lire ?

" Indigènes " pourrait bien être à l'histoire coloniale ce que " le jour le plus long " fut au débarquement ". Sous le signe de la lecture politique et sociale faite ici de ce film, faire un tel parallèle rentre dans une surenchère qui vise à mettre une fois de plus en concurrence les mémoires, sans rien respecter des équilibres dus à l'histoire. On vise à faire monter en puissance l'émotion collective du côté de ceux que l'on désigne comme les héritiers de ces " indigènes " héroïques, en même temps qu'on montre du doigt une société française qui serait par essence discriminatoire. Une démarche qui nourrit la notion d'une nouvelle injustice selon l'idée que la France aurait été sauvée par ceux qu'elle discrimine. Le contexte très politique et hypersensible pousse à prendre pour argent comptant cette démarche qui piège les bons sentiments, qui culpabilise, réclame l'examen de conscience, qui sert à imposer en fait des vérités psychologiques qui ne font pas pour autant l'histoire.

On parle ainsi d'un héritage collectif dérivant de l'engagement de ces " indigènes " pour tous les immigrés, plaquant leur situation d'alors sur la situation actuelle de l'immigration, justifiant ainsi la montée en puissance de nouvelles revendications communautaires. On globalise pour le moins un peu vite cet héritage du côté de l'immigration en France où ils ne sont pas pléthores sur les millions de personnes d'origine immigrés à avoir une telle filiation. On peut relever aussi que, ceux qui ont adhéré à l'indépendance de l'Algérie par exemple, regardent avec un ˝il suspicieux pour le moins ceux qui avaient choisi alors l'armée française. En réalité donc, dans ce domaine des enjeux de mémoire en terme d'héritage commun, c'est de ce point de vue, rien de moins qu'un mythe de plus. Un nouveau mythe qui fait symbole et s'inscrit en fait dans la logique d'un projet de rassemblement communautaire visant à peser sur la société française.

Derrière cet amalgame, on avance ainsi l'idée que ces hommes, en participant à " sauver " la France, ont donné en héritage à leurs enfants des droits sur elle. Mais pour faire quoi ? Il ne s'agit aucunement, à travers tout ce tintamarre d'affirmer la participation de ces soldats à la victoire sur le nazisme et donc à la libération, entre autre, de la France, comme une racine à l'histoire commune devant conduire à l'idée de ne faire qu'un peuple, et au combat pour l'égalité pour tous, mais de créer un rapport litigieux entre Français coupables et des enfants d'ex-colonisés victimes, dans un contexte de revendications communautaires portées par des associations partisanes qui ne peut aboutir qu'à la promotion de la discrimination positive, quoi que certains s'en défendent. Aussi, ceux qui font cette lecture, portent-ils une lourde responsabilité sur l'avenir, et le risque de l'étouffement de la démocratie par son dépeçage en droits concurrents.

De l'examen de conscience à la conscience de classe

Les témoignages des acteurs principaux du film sur leur engagement dans celui-ci, dénonçant le racisme ordinaire de certains officiers français à l'égard de ces " indigènes ", s'il est mille fois juste, est malheureusement habité par cette vision déformée de la banlieue qui serait essentiellement malade de discriminations raciales à relier directement à la question coloniale et à l'héritage de ce racisme. Ils oublient du coup tout du formidable chemin parcouru depuis cette époque et le fait que la France reste un rêve pour des millions d'immigrés à être le pays le plus avancé au monde sur le plan social, où le mélange des populations est une réalité que nulle autre pays ne connaît, en raison de ses idéaux républicains, de son patrimoine des Droits de l'Homme. La France qui est de loin la première destination d'asile au monde. Il y a du racisme en France, sans aucun doute, mais c'est une cause mineure de la mal vie des populations d'origine étrangères mêlées partout aux familles du cru les plus modestes qui connaissent le même sort de la pauvreté et des difficultés qui s'accumulent : la cause principale, c'est le libéralisme inégalitaire, qui pousse par la crise qu'engendrent les déséquilibres économiques et sociaux qu'il crée, la recherche de boucs-émissaires ou la mise au dernier rang des derniers arrivés. Toute une vision caricaturée de la France et de son peuple, convergent dans une banalisation de l'idée d'un racisme français hérité du colonialisme dans les représentations collectives, comme y participe cet autre film " Le doux pays de mon enfance " (diffusion France 2, le 29 mai 2006 à 20h50) prenant pour thème l'intégration, en faisant dire à l'un de ses acteurs cette phrase édifiante " Les Français nous voient toujours comme des colonisés " Toute une idéologie qui tend à opposer des individus qui ont les mêmes intérêts en nourrissant un ressentiment anti-français d'un côté qui prépare le terrain aux communautarismes ethniques et religieux qui n'ont rien à voir avec une quelconque émancipation, et de l'autre, une culpabilisation généralisée qui piège les bons sentiments de certains mais surtout qui crée un effet de repoussoir vis-à-vis de l'immigration, qui risque de déboucher sur une nouvelle forme de rejet de celle-ci. Finalement, ceci aboutissant à la division du peuple selon les origines et les religions, un rêve pour les chantres du libéralisme, qui savent ainsi freiner toute nouvelle conquête collective de nouvelles libertés pour tous contre l'ordre de l'argent roi.

Pourquoi devrait-on oublier cette histoire de France qui est la notre, et qui n'a rien à se reprocher de ce avec quoi elle a su en finir pour affirmer la liberté et l'égalité, la fraternité ? Quel autre pays a eu un peuple qui s'est autant mobilisé en faveur des indépendances ? pour la liberté en Algérie ? Pour l'égalité entre tous les hommes contre la domination coloniale ?

Comme l'exprime l'historien Pierre Nora, dans un dossier hors-série récent du journal " Le Monde 2 " consacré au colonialisme, à propos de la mise en concurrence des mémoires : " il y a là une porte ouverte à la dérive qui ne s'explique que par une forme de laxisme politique et par l'atmosphère repentante et pénitentiellle qui règne sur notre société. "

Ce qui manque à notre société c'est un projet politique où le peuple puisse se retrouver, afin que tous ceux qui sont touchés par les inégalités et les injustices puissent s'allier dans une cause commune, seule voie pour faire force et imposer un autre ordre humain. Mais nulle part à gauche un tel projet n'existe où on remplace allègrement l'analyse de la lutte des classes par les revendications communautaires. Il y a là à passer du piège de l'examen de conscience à la conscience de classe.

Le choix de la liberté, de l'égalité et de la fraternité universelles

La question qui est posée ici est en vérité de l'ordre de l'universel. Une question qui n'a rien à voir avec une hiérarchie des civilisations telle que celle qui a justifié un temps le colonialisme, où la concurrence entre le passé de tel peuple vainqueur ou vaincu, mais qui a à voir avec la mutualisation des grands apports de l'humanité. Il n'est pas tant question de savoir la part de ce peuple ci ou là dans telle histoire particulière dont il aurait la propriété, mais ce qu'il y a à mettre en commun de ce que les hommes ont su dépasser dans leur histoire comme la France a su le faire pour avancer un modèle de société qui est un enjeu capital pour tous les peuples aux questionnements de portée universelle, avec sa laïcité en proue qui met la citoyenneté et le bien-commun au-dessus de toutes les différences, fait des hommes par essence des égaux politiques, et est le préalable à la question de l'égalité sociale et de la juste répartition des richesses.

Guylain Chevrier Docteur en Histoire

3 - Les islamistes sur tous les terrains

3.1 - Pétition au ministre de l'Intérieur pour l'interdiction d'Hani Ramadan de venir enseigner à Lyon

Vous trouverez ci-dessous une lettre-pétition demandant l'interdiction de l'accès au territoire français de Hani Ramadan ainsi qu'en pièce jointe cette même pétition, copie de la lettre adressée au minsitre de l'Intérieur ainsi que le message de l'UJM annonçant " le cursus d'étude " au centre Shabiti à Lyon.

Les 100 premières et premiers signataires sont engagés dans de multiples actions pour faire vivre la citoyenneté, c'est-à-dire le sens et les principes du vivre ensemble sur le territoire de la République.

Comment peut-on tolérer ces enseignements de Hani Ramadan et autres prêcheurs de shari'a, alors que leurs écrits et publications sont fondamentalement étrangers et antagonistes aux valeurs et principes de notre République ?

Les signatures sont à adresser à regardsdefemmes@chello.fr

Pour mémoire

1- Hani Ramadan avait été interdit d'entrée dans le territoire en 1997, décision jugée " entâchée d'illégalité " par le tribunal administratif de Lyon en juin 2001.

2- Les éditions Al tawhid publient les K7 des 3 frères Ramadan, d'Iquouissen, du Conseil européen des fatwas (Qaradawi),etc. Association 1901, dont un des comptes bancaires était au nom de l'UJM, un autre au nom de Siham Andalouci, elle a été transformée, en juillet 2003, en SARL unipersonnelle (Sodelim) dont le nom commercial est Tawhid. L'association avait un chiffre d'affaire de 600 000 euros par an. A la suite des enquêtes effectuées après les attentats de Madrid, la police espagnole a signalé des appels téléphoniques entre des responsables d'Al Qaïda en Espagne et la librairie Tawhid à Lyon.

Nous avons pu voir sur France 2, l'éviction de Mohamed Sifaoui quand il avait voulu se rendre à la librairie.

Catherine Deudon, Michèle Vianès


LETTRE PETITION AU MINISTRE DE L'INTERIEUR

Monsieur le Ministre de l'Intérieur,

L'Union des Jeunes Musulmans (membre du conseil régional Rhône-Alpes du culte musulman) organise à Lyon, dans le centre Shatibi situé dans les locaux de la librairie Tawhid un cursus d'étude " en sciences islamiques ". (http://ujm.free.fr/shabiti/index.php)

Parmi les 3 enseignants en " sciences islamiques ", 2 sont diplômés en maîtrise de shari'a des universités de Médine et Riyad, le troisième, Hani Ramadan, est responsable du Centre islamique de Genève.

Hani Ramadan justifie la lapidation des femmes en cas d'adultère ou de grossesse " illégitime " (hors mariage) : ce serait une purification ! Pour lui le Sida atteint les personnes au " comportement déviant ". Ce serait une punition pour " non-respect des commandements divins " (La charia incomprise, Le Monde, 12 septembre 2002).

La librairie Tawhid, maison d'édition des prédicateurs islamiques, serait-elle au-dessus des lois ?

Nous, républicains, laïques, féministes, exigeons

1-l'interdiction d'entrée sur le territoire de la République de Hani Ramadan dont les propos légitiment les violences envers les femmes et diffusent l'homophobie, en veillant cette fois-ci à ce que l'arrêté d'interdiction soit exactement motivé légalement.

2-l'interdiction d'entrée sur le territoire ou l'expulsion des " savants en religion " qui transmettent l'idéologie totalitaire de la shari'a. Cette doctrine, ne reconnaissant ni l'autorité ni le droit des états démocratiques, est contraire aux principes constitutionnels de laïcité et d'égalité en droit des hommes et des femmes.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de notre considération distinguée.

Les premières et premiers signataires : (Signatures à adresser à regardsdefemmes@chello.fr)

Michèle Vianès, présidente de Regards de Femmes-France, Lyon Catherine Deudon photographe, Paris Yvette Roudy, ancienne Ministre, Paris Corinne Lepage, ancienne Ministre, Paris Françoise Hostalier, ancien Ministre, pdte de Action droits de l'homme Nieppe (Nord) Leila Babès, écrivain Lille Jean-Claude Santana, professeur, président de l'UFAL du Rhône, Lyon Frédéric Bard, président du collectif Respect Paris Lucien Samir Ouhlabib, Tous contre le voile Lyon David Potente, responsable associatif, Saint-Etienne Philippe Granarolo, professeur de chaire supérieure maire-adjoint La Garde (Var) Anne Zelensky, présidente de la ligue du droit des femmes Paris Alice Coffin, rencontres féministes, Paris Isabelle Gillette Faye, présidente de l'association Genre et cultures, Paris Françoise Morvan, bureau de la Coordination Française Lobby Européen des Femmes Elisabeth Loichot, artiste peintre, Paris Mireille Popelin, Ufal Villeurbanne, Rhône Caroline Brancher, responsable associative à Boulogne Billancourt Huguette Chomsky-Magnis, Mouvement pour la paix et contre le terrorisme, Paris Nicole Thuet présidente du collectif 13 Droit des Femmes, Marseille Robert Albarèdes, maire honoraire, Gréasque (13) Jean-François Malesset militant associatif, Marseille Mohamed Sifaoui, écrivain, Paris Jean-Pierre Albadaron, militant associatif, Dunkerque Bernice Dubois, Conseil européen des fédérations Wizo, Paris Brigitte Mulero secrétaire BPW, La Garde (Var) Monique Sander, militante féministe, Paris Ziad Goudjil, éducateur, Histoires de mémoire, Malakoff (92) Elisabeth Mouchart, membre de la commission féminine des Verts Nicole Jaillet, conseillère municipale Les Verts, Saint Priest (69) Monique Bellanger, élue municipale, Pdte Planning familial Maine&Loire, St Mathurin 49 Jean Michaud, Responsable d'associations, Dieppe 59 Pierre Cassen, Les Amis de Respublica, Paris Simon Archipenko, militant associatif, Lyon Jacqueline Manonni, représentant l'archevêque de Paris à la CNDH, Paris Jack Droulout militant, réseau laïcité écologie, à Carrière sous Poissy 78 Jacqueline Feldmann, militante féministe, Paris Jocelyn Bézecourt, Responsable du site athéisme.org, écrivain Paris Olga Trostiansky, Maire-adjointe, Paris Françoise Durand, Assemblée des femmes, Paris Nathalie Kaufman, Conseillère régionale Ile de France, Paris Pascal Dal Pont, Porte-parole du collectif solidarité cuba libre, Paris Françoise Bellot, Coordinations féministes contre le viol, Paris Marie-Josèphe Dhavernas, Militante féministe, Paris Nicole Menessier, Enseignante, Beauvais Catherine Kriegel, Psychanalyste, Paris Denise Brial, Vidéaste, Paris Fabienne Kriegel, Directrice d'éditions, Paris Maryam Youssefi, militante féministe, Paris Natacha Chetcuti, Doctorante en sociologie, Paris Nadia Chaabane, enseignante et militante féministe, 20 ans Barakat, Paris Catherine Nègrerie-Durivaux, vice présidente BPW France, Paris Nicolas Rossignol, membre des Verts, Paris Marie-Claude Topenot, Saint Nicolas de la Grave Claude Klein, Militante féministe, Paris Jacques Klein, Républicain, Paris Azzedine Haffar, Association nationale des élus de banlieue, Décines (69) Maguy Girerd, Talents de femmes, Lyon Isabelle Denoix, Membre du collectif Marche mondiale des femmes, Millau Brigitte Farjas, Psychothérapeute, Baziège (31) Marinette Bache, Conseillère de Paris, Paris Guillemette Grobon, Femmes contre les Intégrismes, Lyon Bernadette Merchez, Présidente de prémisses, CA de la CLEF , Paris Esther Fouchier, Forum Femmes méditerranée, Marseille Jocelyne Le Boulicault, Militante écologiste, Paris Maryse Arditi, Vce-Présidente du conseil Régional Midi-Pyrénées, Narbonne Sophie Ribot-Astier, Responsable associative, Les Ulis André Vianès, Pdt du Comité pour le non républicain au TCE, Lyon Monique Gruson-Hocq, Administratrice CAF Hervé Hirigoyen, Dél.rég.Midi-Pyrénées Oublié-e-s de la mémoire, (déportés gays et lesbiennes), pdt Orcontre sida Philippe Carbiener, Conseiller régional d'Alsace, maire adjoint de Illkirch Grafenstaden Jacqueline Lefebvre, Action droits de l'homme Niort (79) Martine Lévy, Vice-pdte de la CLEF, Paris Christian Adalbaron, Militant associatif à Saint martin au Laert (62) Lucette Adalbaron, Militante associative à Saint Martin au Laert (62) Danielle Charest, Auteur Paris Claire Michard Linguiste, Montrouge Mahlagha Alizadeh, Membre de Femmes iraniennes pour la démocratie, Paris Michel Joblot, MRC Rhône Christian Le Bars, Président de Arc en ciel, centre LBGT Toulouse Jean-François Gaye-Palette, Administrateur centre LBGT, Arc en ciel Toulouse Maud Tabachnik, Ecrivaine Paris Françoise Nolland, Militante féministe, Paris Didier Daeninckx, Ecrivain, Paris Liliane Agnetti, Militante féministe, Paris Suzanne Horer, Militante féministe, Paris Michèle Causse, Ecrivain, Toulouse Monique Halpern, Pdte de la CLEF, Paris Marie-José Dupont, Chef d'entreprise, Paris Philippe Biscaye, Rotary-Club de la grande arche, Paris Malka Marcovich, Dce Europe coalition contre la traite des femmes, Paris Laurence Vuillemot, militante laïque CPLAID, Rennes Marie-Claude Ramain, Professeur, Segry (36) Nadia Mabrouki, Militante féministe, Paris Martine Ruppe, pdte du Comité Ornais Défense Laïcité, Flers Jocelyne Pitte, directrice artistique, Thuir (66) Rachid Kaci, écrivain, Paris Renée Clergue, collectif 13 droits des femmes, Marseille Annie Sugier, Ligue Internationale des femmes, Paris Evelyne Rochedereux, Coordination lesbienne en France, Paris Yvonne Pelat, Mouvement Jeunes femmes, Paris David Dornbush, Parti socialiste, Fontenay (94) Béatrice Strouf, Responsable projets, Paris Sophie Jabès, Ecrivain, Paris Sylviane Tropper, Conseillère régionale IDF,sec.gle CAP 21, Paris Samia Labidi, pdte AIME (d'Ailleurs et d'Ici Mais Ensemble),Paris René Baranes, Directeur Addora, Vincennes (94) Lionel Calafat, Cadre commercial, Marseille Eve Benhamou, Enseignante, Paris Horiya Mekrelouf, Présidente du MRAP de Marseille, Marseille Brigitte Bré Bayle, Ufal Marseille

Michèle Vianès Présidente de Regards de Femmes
Auteur de " Un voile sur la République " Stock, et " Les islamistes en man½uvre Silence, on manipule " Editions Hors Commerce

Catherine Deudon

3.2 - Le colloque à l'UNESCO sur le "féminisme" musulman : pire que prévu

L'objectif est connu : défendre l'idée que le féminisme égalitariste est une idée occidentale pour mieux faire croire que seul le retour aux fondements de l'islam sauvera les musulmanes.

Le moyen très simple : Les intégristes ont pris l'habitude de convaincre certains naïfs et quelques idiots utiles rongés par le relativisme culturel qu'ils avaient inventé un autre féminisme... musulman celui-là. Ils oublient bien sûr de préciser qu'il s'agit d'un "féminisme religieux", patriarcal et vigoureusement anti-égalité et anti-laïcité. Qu'importe, la stratégie fonctionne à merveilles auprès des journalistes ne connaissant rien au féminisme ou à l'islamisme et glorifiant ce mouvement depuis son premier congrès international à Barcelone en 2005 appelant au "jihad pour l'égalité des genres".

Les masques tombent pourtant lorsqu'on écoute attentivement. Ou lorsqu'on regarde simplement attentivement la liste des invités au dernier colloque en date sur ce mode, tenu les 18 et 19 septembre dernier à l'UNESCO. Cette fois, l'initiative a ni plus ni moins reçu le soutien de la Ligue des droits de l'homme et de sa commission "Islam & laïcité", célèbre pour favoriser depuis longtemps l'islam des Frères musulmans au détriment des musulmans laïques. L'UNESCO a refusé la venue de Nadia Yassine, porte-parole du mouvement islamiste marocain, et que les organisateurs avaient invitée ! Mais il y avait bien d'autres lieutenantes de l'intégrisme pour rappeler à l'ordre les musulmanes qui s'égareraient en pensant pouvoir réellement se libérer grâce au "féminisme" musulman. Ainsi, Amina Wadud, voilée comme il se doit et figure emblématique du mouvement, a rappelé qu'elle était "croyante avant d'être féministe". Au cas où certains aient un doute... Fille d'un pasteur méthodiste qui l'emmenait écouter Martin Luther King s'est convertie en 1972 car "l'islam réunit amour et justice".

Mais de quel islam parle-t-on ? De l'islam éclairé ou de l'islam fondamentaliste ? De l'islam fondamentaliste des Frères musulmans, qui ont toujours prétendu libérer les femmes pour mieux les enrôler dans leur projet politique patriarcal... En atteste la présence de la femme du cheikh Youssouf al-Qaradhaoui - le théologien des Frères musulmans approuvant que l'on batte sa femme ! Mme Bekada, la femme dudit théologien qui approuve que l'on batte sa femme, a parlé du féminisme comme d'une notion individualiste et laïque. A ses côtés, Sisters In Islam, créée en 1988 en Malaisie, dit pourtant obtenu une loi criminalisant les violences conjugales grâce à leurs efforts de persuasion sur les leaders religieux. Mais ne serait-ce pas plus simple que Mme Bekada, présente à ce colloque, demande à son mari cesse d'édicter des fatwa rendant licite le fait de battre sa femme !

La question ne fût pas abordée... Par contre, lorsque la plus radicale des "féministes musulmanes" a osé esquisser un refus de littéralisme (à ne pas confondre avec le refus du fondamentalisme dont se revendique le "féminisme" musulman), elle a tout de suite fait figure de radicale grâce au rappel à l'ordre d'Asmaa Bekada (Qatar), ex-productrice d'une émission pour les femmes à Al Jazira, et qui s'est félicitée que son pays n'ait jamais ratifié la Convention pour l'abolition des discriminations envers les femmes de l'ONU (CEDAW).

Et oui, c'est bien connu, les conventions internationales prônant l'égalité ne sont que des diktats post-coloniaux opprimant les femmes de milliardaires sadoudiens... Tandis que le "féminisme" musulman, le vrai, sauvera les femmes de leurs propres tentations. "La femme est un scorpion" disait Saint-Augustin. Pourtant, aucun journaliste, ni de Libération ni de l'AFP, trouverait fabuleux un mouvement se réclamant du fondamentalisme chrétien pour concurencer le MLF.

Caroline Fourest

4 - Offensive anti-laïque de Sarkozy

4.1 - Face au rapport Machelon et proposition "Glavany", défendre la laïcité

Ce qui frappe à la lecture du rapport commandé par le ministre de l'Intérieur à la " commission Machelon " afin de justifier le " toilettage " de la loi de 1905, c'est qu'il s'attache à vider de sens l'article 2 de cette loi et à réinstaller le religieux dans l'espace politique en gommant les notions de " sphère privée " et de " sphère publique " , effaçant ainsi d'un trait de plume la longue histoire de la laïcité que notre pays avait durement élaborée et qui avait abouti à la séparation stricte des Eglises et de l'Etat... C'est un retour en arrière perpétré au nom d'une " pseudo-faillite " du " modèle français " , auquel se substituerait un " modèle sociétal anglo-saxon " ( pourtant à bout de souffle) découpant notre espace social en niches communautaristes , décalque de la déstructuration de l'espace " unitaire " national que prépare la construction politique européenne... En permettant toutes les formes de financement public pour la construction des lieux de culte, la commission " Machelon " détruit un des éléments essentiels de cette séparation stricte qui caractérise notre République.

En élargissant la notion " d'association cultuelle " jusqu'à la confondre avec celle " d'association culturelle et sociale ", elle place sous la coupe réglée d'une quelconque communauté ce qui relève de la responsabilité et de l'action publiques, en instituant, notamment, les prémices d'un communautarisme qui n'ose pas dire son nom, comme le montre également sa volonté de développer " les cimetières privés ". En renforçant les spécificités de l'Alsace-Moselle par l'introduction dans l'enseignement de la religion musulmane et le paiement des imans, elle renforce la notion " concordataire " au détriment du principe laïque et laisse entrevoir combien elle souhaite faire passer notre pays d'une situation " laïque " à une situation " sécularisée " par le biais d'accords Etat-Eglises.

Il faudra décortiquer ce rapport, en éclairer les intentions politiques, en montrer la nocivité et le bond en arrière qu'il suppose pour notre pays : nos impôts locaux vont-ils servir à financer les mosquées, les écoles coraniques, l' action sociale et caritative des structures islamiques ? Cela mérite, pour le moins, un débat national et l'intervention du peuple de France !

Mais il faudra aussi montrer combien ce rapport " surfe " sur les ambiguités, les compromissions, la pusillanimité , les décisions quotidiennes des responsables politiques de ce pays, de droite comme de gauche, enclins à précipiter notre société dans un espace européen qui la détruit et à cultiver la " quête " électorale " tous azimuts " (mais là, il va peut-être y avoir des surprises) . Et en particulier sur les textes , discours et pratiques des élus et responsables socialistes .

La proposition de loi sur la laïcité , déposée le 29 juin dernier par Jean Glavany, (au sujet de laquelle j'ai produit une lecture critique parue dans " Respublica ") énonce , à propos de la situation en Alsace-Moselle , les mêmes projets que le rapport incriminé ici , suggérant elle aussi d'enseigner l'islam , et , par conséquence , d'aligner le statut des imans sur celui des prêtres catholiques, tout en renvoyant " aux calendes grecques " la possibilité d'uniformiser l'application de la loi de 1905 sur l'ensemble du territoire . De la même manière, elle balaie l'article 2 de cette loi, cité ainsi : " la République ne reconnaît ni ne privilégie aucun culte " alors que son énoncé est : " la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte " , ce qui, on en conviendra , n'a pas la même signification ni les mêmes conséquences . Et elle génère l'émergence des tentations communautaristes quand elle évoque la gestion des lieux de sépulture et admet , comme une situation définitivement fixée , l'existence d'un enseignement privé, concurrentiel de l'enseignement public : on est tout près des futures structures " éducatives " musulmanes .

Mais le plus grave, de ce point de vue, c'est la pratique " quotidienne " de ces élus " de gauche " qui prétendent ˝uvrer au nom de la laïcité . Un seul exemple ici, mais, ô combien révélateur, celui de la construction du centre islamique " nord " de Rennes ( maire socialiste) sur un terrain municipal , avec un investissement municipal direct , confié à une association islamique , comprenant des espaces destinés à la prière , à l'éducation , à l'action sociale . Mais c'est l'application du rapport " Machelon " avant son existence même!!! Car , d'Evry à Aix en Provence ( où l'opposition socialiste en appelle au financement public de la future mosquée face au maire UMP , pour le moins réticent) , en passant par Lyon et Paris , il n'est de semaine où " la nomenclature " des élus socialistes ne met en pratique ce que le rapport vilipendé préconise aujourd'hui.

La " balle est dans le camp " de tous ceux qui portent en eux les valeurs essentielles de la laïcité : liberté de conscience, égalité des droits sans distinction d'option spirituelle , universalité de l'action de la sphère publique dévolue au seul intérêt général. Quelles soient portées par un rapport officiel, par une proposition de loi - aujourd'hui oppositionnelle- ou qu'elles viennent de l'action commune d'élus de toutes les obédiences , les atteintes au socle laïque de notre République et à l'institutionnalisation de cette laïcité , n'ont pour but que de les affaiblir pour pouvoir , ensuite , insérer notre pays dans un espace politique européen où les Eglises ( et en particulier la première d'entre elles ) réimposeraient leur (s) loi(s)...

Nous avons dépassé l'état d'alerte ; nous sommes en état de " Résistance ", et cette résistance doit être celle de tous, par-delà les " boutiques " et les calculs étroits... Elle doit s'organiser autour d'actions nationales et unitaires car elle doit se dérouler dans l'espace public, devant notre peuple et avec lui , toutes sensibilités confondues , le principe laïque transcendant les influences des partis .

" Les laïques en Réseau " préparent une interpellation publique des candidats aux prochains scrutins à partir d'un questionnaire qui lancera une campagne d'information et de sensibilisation au thème de la laïcité pour qu'il s'impose au c˝ur du débat électoral. Chacun pourra relayer cette première initiative.

Mais il faut que toutes les structures qui ont au centre de leur réflexion et de leur action la défense et le renforcement du principe laïque de notre République se retrouvent et agissent ensemble .

Si les propositions nocives des " deux partis de gouvernement " s'imposent et, avec elles, les dérives communautaristes confortées par " la gauche de la gauche " (ouf) , " les laïques " (le terme est, certes, discutable) n'auront à s'en prendre qu'à eux-mêmes.

4.2 - Le rapport Rossinot complète le rapport Machelon

En apparence, on pourrait croire que le Rapport Machelon, qui propose de toiletter la loi de 1905 et le rapport Rossinot qui propose une charte de la laïcité à faire signer à tous les acteurs du service public sont contradictoires. Il n'en est rien. En réalité les deux rapports sont tout à fait complémentaire et donnent un idée plus précise sur la stratégie de Nicolas Sarkozy pour mettre fin à cette laïcité qui nuit à sa stratégie éléctorale communautaire.

La stratégie de Nicolas Sarkozy est connue : mettre fin à cette laïcité française et à la loi de 1905. Cependant, il a compris combien les français y étaient attachés. Il a donc adopté une stratégie de dissimulation qui est tout entière exprimée dans le rapport Rossinot : Les Français placent la laïcité au coeur de la République. Ils sont pleinement conscients de ce que le principe de laïcité est - aujourd'hui plus encore qu'hier - l'un des moteurs les plus puissants de l'intégration. Toute l'idée est de définir que la laïcité par rapport aux religions. La laïcité serait bien sur préservée en tant que principe général de liberté de conscience et de culte mais son aspect de séparation de l'église et de l'Etat inscrit dans la loi serait modifié. C'est sous ce couvert que le rapport Rossinot se propose de réaffirmer la laïcité.

A aucun moment dans les cinquante pages du rapport, dont pourtant le titre est clairement " la laïcité dans les services publics ", on ne trouve la mention de la séparation de l'église et de l'Etat. Le rapport ne traite que de l'obligation de neutralité de l'Etat par rapport aux religions. La laïcité est décrite comme l'idée que l'Etat repose directement sur la volonté des citoyens, sans subordination à aucune autorité supérieure à cette volonté. (p.3) Cela suppose que n'importe qui, par un simple référundum ou même juste sur base de son mandat, puisse se permettre de redéfinir la laïcité comme il lui chante.

Tout au long du rapport est déclinée une laïcité qui s'appliquerait au cas par cas selon les villes et collectivité territoriales : Qu'il agisse en qualité de législateur ou de puissance publique, l'Etat a le devoir de tirer les conséquences de cette expérience (la loi sur le voile) et de prévenir l'émergence de nouvelles situations de crises. Sans obérer la marge de manoeuvre des décideurs locaux, et notamment la libre administration des collectivités territoriales, il doit les aider à mesurer les implications concrètes des principes de laïcité et de neutralité dans les services publics dont ils ont la charge, et mettre à leur disposition les outils juridiques et pratiques nécessaires pour faire face aux pressions. (p.12) La formulation est déjà ambiguë. Le rapport ne peut se permettre de considérer que la loi sur le voile fut un échec.

Que ce soit le rapport Obin ou le Rapport Chérifi sur l'application de la loi du 15 mars 2004 à la rentrée scolaire 2005, tous les acteurs s'accordent à dire que cette loi aconsidérablement fait reculer les dérives et l'entrisme des organisations communautaires. Cependant, le rapport insiste sur le fait que de nouvelles lois ne sont pas nécessaires. Toute l'idée est de créer une laïcité régionale, s'adaptant au contexte et selon la présence et les pressions des groupes religieux et communautaires.

(...)

Plus généralement, ce rapport est un porte ouverte aux dérives sectaires et communautaristes. On sait quel importance ces organisation accordent à leur présence comme bénévoles à la Santé publique, et comme infiltration des entreprise par le biais de la formation professionnelle.

Le rapport y prend garde et propose de faire signer un contrat de non prosélytisme aux acteurs bénévols des hôpitaux et de la formation professionnelle. Cette signature valant agrément et inscription sur une liste blanche, on imagine combien toute dérive sectaire ou communautariste ira signer en toute bonne foi ce document. En effet, aucune de ces organisation ne fait de prosélytisme, ils font simplement du bénévolat, incitant les patients à refuser la transfusion sanguine ou d'être soigné par le sexe opposé, réclamant des menus spéciaux à l'attention de certains patients, et propose aux incurables des solutions miracle issues de médecine orientale. Aucun prosélytisme non plus dans la formation professionnelle, simplement des cours de dévellopement personnel et du coaching. Ces organismes signeront volontiers une vague charte limitant le prosélytisme et auront alors agrément pour agir en toute liberté dans les domaines qu'ils convoitent le plus : la santé, l'emploi, l'école.

(...)

D'une façon générale, le rapport est bardé d'exceptions à faire, de règles à adapter d'une laïcité à débattre, à remettre en question à réformer. Sarkozy est donc bien aise de trouver dans ce rapport, sa laïcité, une laïcité dynamique, en rupture, une laïcité du changement. L'idée force du rapport est exprimée sous deux formes : la laïcité est d'abord un idéal avant d'être une norme juridique créatrice de droits et d'obligations. (p. 3) et p.29 : la laïcité est d'abord une éthique avant d'être une règle de droit.

C'est cette idée qui est la plus dangereuse et sur laquelle se fonde tout le rapport. Si la laïcité est d'abord un idée ou une éthique avant d'être une règle de droit, cela implique que Sarkozy, par une série de rapports commandés à divers acteurs redéfinira la laïcité à sa guise pourra ensuite toucher au droit et toiletter la loi de 1905 sans avoir l'air de toucher à la laïcité et donc, sans choquer les français. On laisse à ce peuple conservateur qui ne comprend rien un petit joujou d'apparence pour apaiser la fièreté nationale et l'exception culturelle mais dérrière on saborde entièrement une des base fondamentale de notre république. Mais avec un rapport commandé par Sarkozy, à quoi s'attendait-on ?

Antoine Grégoire

5 - Laïques de tous les pays unissez-vous!

5.1 - Chili : Michelle Bachelet à l'épreuve de l'ordre moral

Michelle Bachelet aurait difficilement pu choisir une annonce plus controversée pour marquer le coup de ses six premiers mois à la présidence du Chili. Le 3 septembre, elle déclarait que la pildora del dia despues - la pilule du lendemain - serait désormais distribuée gratuitement aux jeunes filles de 14 ans, sans autorisation préalable des parents. Dans ce pays encore très catholique où l'avortement - même thérapeutique - est un crime, il n'en fallait pas davantage pour créer scandale.

Depuis, les journaux chiliens ne parlent que de ça, ou presque. La Tercera et le Mercurio, les deux grands quotidiens de Santiago - étroitement liés aux partis de droite - ont ouvert toutes grandes leurs pages éditoriales au clergé chilien, qui s'est empressé de dénoncer le projet de la présidente socialiste.

"C'est une attaque contre le mariage, une attaque contre la natalité, une attaque contre la famille", a ainsi écrit l'archevêque de Santiago, Francisco Javier Erràzuriz, certainement l'une des plus influentes figures religieuses du pays. Michelle Bachelet, cette présidente athée, séparée, mère de trois enfants issus de deux unions différentes, n'a jamais été dans ses bonnes grâces. Mais cette fois, le verbe est plus incisif que jamais.

"Sa politique est une incitation à la sexualité irresponsable et un attentat à la vie", s'est emporté l'évêque Damiàn Acuna dans son homélie prononcée dimanche à la grande cathédrale de la métropole.

La charge la plus virulente est venue de deux partis de droite, le Renouveau national (RN) et l'Union démocrate indépendante (UDI). Ils ont porté l'affaire devant les tribunaux, et obtenu la suspension temporaire de la mesure. Il semble cependant improbable que la Cour suprême leur accorde gain de cause en définitive.

Attaque surprenante

Mais la plus surprenante des attaques est venue de l'intérieur même du parti de Michelle Bachelet. Soledad Alvear, présidente de la Démocratie chrétienne, la coalition au pouvoir, s'est rangée du côté de l'archevêque de Santiago. "Je ne voudrais pas que mes enfants entament leur vie sexuelle à 14 ans. Et si ma fille devait prendre la pilule du lendemain, je voudrais en être avisée", a-t-elle déclaré.

Voilà donc Michelle Bachelet obligée de défendre son projet sur toutes les tribunes possibles, et elles sont nombreuses en cette période de réjouissances entourant la fête nationale du 18 septembre.

Michelle Bachelet riposte en choisissant bien ses mots. Pédiatre de profession, elle a souligné, études médicales à l'appui, que la pilule du lendemain n'est pas "abortive", mais bien "anticonceptionnelle" puisqu'elle agit avant la fécondation de l'ovule par le spermatozoïde.

Puis, elle a détourné le discours sur l'aspect "démocratique" de la mesure. "Personne ne fait une campagne en faveur de relations sexuelles précoces, s'est-elle défendu. Malheureusement, 14% des jeunes filles de 14 ans sont déjà actives sexuellement. Il est donc du devoir de l'État de leur fournir une alternative qui ne soit ni l'avortement, ni la grossesse."

Avortements clandestins

En filigrane, il faut décoder que "la Bachelet", comme on la surnomme affectueusement là-bas, compte s'attaquer au phénomène encore très tabou des avortements clandestins. En effet, même si cette pratique est officiellement interdite - et ce, même en cas de viol ou de malformation foetale - il y en aurait plusieurs dizaines de milliers chaque année. Loin des regards, et souvent au péril de la santé des Chiliennes, estiment les organisations de défense des droits des femmes.

"Il y a beaucoup d'hypocrisie", dit Carolina Peyrin, directrice exécutive de Domos. Elle explique que les femmes des quartiers plus aisés peuvent se payer un avortement dans une clinique médicale répondant à toutes les normes d'hygiène - on inscrira alors faussement dans leur dossier qu'elles ont subi l'ablation de leur appendice, par exemple- alors que celles des quartiers pauvres en sont réduites à recourir à des méthodes autrement plus dangereuses.

Certaines se mutileraient la paroi utérine pour provoquer le rejet du foetus. Annuellement, 25 000 femmes sont admises dans les hôpitaux relativement à des complications de grossesse "inexpliquées", évalue Mme Peyrin.

"Michelle Bachelet s'est attaquée à quelque chose de gros. De très gros, note Lidia Casas, professeure en droit de la reproduction à l'Université du Chili. Mais si elle l'a fait, c'est qu'elle pensait avoir les reins assez solides pour s'en sortir plus forte." Car si la droite religieuse est opposée au projet, la population, elle, y serait plutôt favorable, croit Mme Casas. "Les pratiques et le discours du Chilien lambda ne correspondent pas à celui de l'élite. La population souhaite la commercialisation des contraceptifs d'urgence."

Mais le politologue Patricio Navia est beaucoup plus sceptique, et croit que la crise actuelle est symptomatique d'un malaise plus profond. La popularité de Michelle Bachelet est en baisse quasi constante depuis son élection. "En définitive, ses six premiers mois sont assez décevants. La population a l'impression qu'elle ne remplit pas ses promesses." La distribution de la pilule du lendemain ne faisait pas partie de son programme électoral.

source

Bright France

5.2 - Canada : Écoles hassidiques illégales - L'État doit être ferme

Dans des reportages saisissants, la Société Radio-Canada a mis au jour l'existence d'"écoles" religieuses illégales, dont une est intégrée au sein des murs d'une institution scolaire d'enseignement primaire tout à fait légale. Ces pseudo-institutions scolaires sont fréquentées par environ 800 jeunes entre 13 et 16 ans.

Selon Radio-Canada, les jeunes hassidiques qui fréquentent l'"école" Toldos Yakov n'apprennent presque rien d'autre que les lois de la Torah et le Talmud, livres religieux juifs. Pas de sciences, pures ou humaines. Pas de nouveaux cours d'histoire des religions. Exit le français. Exit l'anglais. Exeunt les cours optionnels. Pour expliquer cette situation, le directeur de l'école Toldos Yakov affirmait sereinement, comme s'il s'agissait là d'une vérité universelle, que la philosophie religieuse importe plus que tout le reste !

Ces "écoles" parallèles fonctionnent au su et au vu du gouvernement depuis plusieurs années. Étonnant ? Pas vraiment ! Les personnes qui suivent de près l'évolution des relations entre les religions, sectaires ou non, et l'État québécois savent à quel point les fonctionnaires et les élus sont incapables d'avoir une pensée logique en cette matière. Pourquoi ? Une des raisons de cette absence de cohérence réside sans aucun doute dans la peur. Peur du pouvoir politique de ces mouvements et des communautés qui les appuient. Peur de brimer leurs libertés accordées par la Charte québécoise des droits et libertés.

Peu de réactions

Certes, le gouvernement clame à qui veut bien l'entendre que cette situation est inacceptable et que tous doivent obéir à la Loi sur l'instruction publique, qui stipule à l'article 14 que tout enfant qui est résidant du Québec doit fréquenter une école jusqu'à l'âge de 16 ans. Pour que la communauté hassidique respecte cette loi, le gouvernement préfère le dialogue à la répression. Cette démarche a semble-t-il été à la base de l'ouverture d'écoles primaires privées ayant un permis délivré par le ministère de l'Éducation.

Cependant, le dialogue entre le gouvernement et les communautés hassidiques perdure depuis de très nombreuses années. Le gouvernement et la société doivent se montrer plus fermes devant cette volonté de sectarisme et d'isolement manifestée par certains groupes religieux.

À cet égard, il est symptomatique que très peu d'intervenants du monde de l'éducation, de sociologues, de religiologues et de syndicalistes se soient manifestés afin d'apporter leur contribution à la réflexion suscitée par l'existence de ces écoles parallèles. Dans une société qui se veut laïque et ouverte sur le monde, une telle situation aurait normalement dû susciter un torrent de réactions diverses.

Au lieu de cela, on se contente de suivre de loin les actualités en spectateurs, comme si le fait que près de 800 jeunes hassidiques de 13 à 17 ans ne reçoivent qu'un enseignement religieux n'était qu'un vulgaire fait divers. Il est dès lors facile de comprendre pourquoi les familles hassidiques et leurs leaders ne soient pas pressés de changer certaines de leurs coutumes qui sont en décalage complet par rapport aux exigences de notre société laïque et ouverte sur le monde.

Bright France

6 - Les laïques sur le terrain

6.1 - Ploërmel, ou comment faire parler de sa ville : un exemple à ne pas suivre

Pour le maire de Ploërmel tous les moyens semblent bons pour faire parler de sa ville. Après les caméras de surveillance, sa dernière trouvaille ne passera pas inaperçue : une statue d'environ 10 mètres en plein centre ville !

Et alors, me direz-vous ?!

Ben... la place portera le nom de la statue... Jean- Paul II !

Ľuvre du sculpteur russe Zurab Tsereteli, elle a été offerte au maire de la commune, Paul Anselin, qui, ne voulant pas la mettre dans son jardin (on se demande vraiment pourquoi ???) l'a proposée aux Frères de la Mennais, institution religieuse ploërmelaise (selon ses dires) mais ils n'ont pas donné suite à cette offre (pourtant bien alléchante !!)

C'est donc au mépris le plus total de la loi (voir Titre V, article 21 de la loi du 9 décembre 1905 dite de séparation des églises et de l'Etat) (et avec l'aval du préfet !) qu'elle sera érigée en centre ville, sur un socle de bronze de 8 mètres (il lui faudra 8 jours pour faire le voyage de Saint-Pétersbourg à Ploërmel, aux frais de la commune tout comme le socle et les frais d'hébergement de l'équipe russe pendant 8 jours, budget prévu : 30 000 euros mais des demandes de subventions ont été faites, et pour cela on trouvera sûrement des sous !) (et son sculpteur aura un giratoire à son nom).

La Bretagne est peut-être terre des prêtres dans beaucoup d'esprits mais elle compte aussi bon nombre de Laïques Républicains qui n'hésiteront pas à se battre pour empêcher cela. D'ores et déjà un recours en référé est envisagé pour " trouble de l'ordre public ", une pétition nationale circulera sûrement... et bien évidemment un rassemblement que nous souhaitons très important le jour de l'inauguration, à savoir le 22 octobre prochain. Anselin compte sur la venue de Bernadette Chirac, de Charles Aznavour, de Nicolas Sarkozy, pour faire de la publicité à cette inauguration de la statue de la honte. Ils ne seront peut-être pas là mais nous pouvons lui assurer que même si nos noms sont moins connus, nous, nous serons présents !

Alors un conseil, si vous souhaitez visiter la Bretagne, passez donc par Ploërmel le 22 octobre cela vaudra sûrement le détour, ambiance assurée !!!

Nous savons que nous pouvons compter sur tous les Laïques pour nous aider à faire respecter le bon droit !

Laïques et solidaires pour vivre ensemble !

Chantal Terrieux UFAL-29
www.ufal29.infini.fr

6.2 - Lettre à Monsieur le Maire de Saint-Cyr (07430)

Monsieur le Maire,

Notre association " Union des Familles Laïques " du Pays du Haut Vivarais, UFAL Haut Vivarais, association loi 1901 régulièrement déclarée en Préfecture, et adhérente au mouvement national UFAL, association nationale agréée au sein de l'UNAF (Union des Associations Familiales) a lu avec surprise dans le bulletin paroissial " Le Lien ", qu'allait être célébré dimanche 1er octobre 06 un culte religieux dans la salle communale polyvalente de Saint-Cyr.

Cette utilisation précise, célébration d'un culte religieux, dans des locaux construits sur fonds publics et dont la commune est propriétaire, est contraire aux dispositions consécutives à la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat ainsi qu'aux lois garantissant la neutralité de la puissance publique. Aussi nous vous demandons d'annuler l'attribution de cet espace public aux cérémonies religieuses.

En conséquence, nous sommes convaincus que votre décision, à nous communiquer rapidement, sera dans le parfait respect des lois précédemment citées. Enfin, nous sommes informés qu'à la suite de l'attribution à une congrégation, de cette salle communale polyvalente pour la célébration d'un culte religieux, vous ferez l'objet d'autres démarches du même ordre par d'autres mouvements ou organisations religieux voire sectaires, et sommes bien sûr disposés à débattre ultérieurement avec vous de cet aspect laïc des lois républicaines.

Recevez, Monsieur le Maire, l'assurance de notre considération distinguée.

Louis HOUDAYER Secrétaire général de l'UFAL du pays du Haut Vivarais

6.3 - Lettre à Monsieur le Président du Conseil Général des Htes-Alpes

Le conseil général a offert aux élèves de sixième un dictionnaire Robert, ce qui est une bonne idée dont je le remercie.

Ce dictionnaire est enrichi de notices biographiques de quelques personnages importants des Hautes-Alpes, ce qui est une bonne idée, et orné de votre portrait.

Les notices biographiques sont extraites de l'ouvrage de référence de Georges Dioque, ouvrage reconnu, mais l'une d'entre elles aurait mérité une relecture de votre part.

Il s'agit de celle de Benoîte Rencurel, à propos de laquelle il est écrit qu'elle a vu la Vierge Marie plusieurs fois. Cette phrase implique :

  1. Que la vierge Marie existe
  2. Qu'elle peut apparaître à des humains.

Il s'agit de croyances propres au dogme catholique, alors que l'école - et la République- sont laïques et n'affichent aucun dogme religieux comme vrai. Les enfants ne doivent pas lire dans un ouvrage d'Etat que la vierge Marie existe et qu'elle apparaît de ci - de là. Il aurait fallu écrire que " la vierge Marie lui apparut, selon ses dires ", ou qu'elle " prétendait (ou affirmait) avoir vu la vierge Marie ".

Il est associé ensuite cette affaire de vision et l'idée d'une richesse spirituelle. Cela n'est qu'une interprétation, car vous conviendrez avec moi que ce type de vision relève aujourd'hui du domaine de la psychiatrie.

En conséquence, je pense qu'il faudra rédiger de nouveau cet article dans une perspective laïque lors d'une édition future, ou, encore mieux, simplement éliminer cette pauvre fille de la liste des personnages importants du département.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à mes sentiments laïques,

Christine ROUX

7 - courrier des lecteurs

7.1 - Jésus non violent ?

Monsieur Redeker, c'est avec plaisir que j'ai pu lire votre intervention dans le n°472 de Respublica.

Vous opposez Mahomet et Jésus :

" Chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame, tel se révèle Mahomet à travers le Coran "

" Aucune des fautes de l'Église ne plonge ses racines dans l'Évangile. Jésus est non-violent "

Je souhaite cependant attirer votre attention ainsi que celle des lecteurs de Respublica sur le caractère violent de la Bible et de Jésus, très insidieusement camouflé par des siècles de recopie, censures (Concile de Nicée en 325) et erreurs de traduction.

Je me réfère ici au livre de Robert Ambelain " Jésus ou le mortel secret des templiers ", ancien Grand Maître de plusieurs obédiences maçonniques, auteurs de nombreux ouvrages consacrés à l'occultisme.

Robert Ambelain effectue une analyse des textes bibliques, et si certaines conclusions peuvent paraître exagérées, il n'en demeure pas moins que certains points soulignés sont troublants.

En voici quelques uns.

a) En parcourrant les Evangiles, vous pourrez lire que les apôtres sont armés d'épée ainsi que la foule qui les accompagne.

Et le Christ de dire " Que celui qui n'a point d'épée, vende ses vêtements et s'en achète une " (Dans Luc 5, verset 36).

Il est d'ailleurs d'usage dans la symbolique chrétienne de représenter le Christ, une épée sortant de sa bouche, faisant de cette arme le symbole de la Vérité.

b) Judas l'Iscariote est traditionnellement traduit par " Judas, de la ville d'Iscariote ". Cette ville existe mais n'a aucun lien historique avec Jésus et les apôtres.

En revanche, Ish-Karioth peut être traduit par " L'homme au poignard " toujours selon Robert Amberlain, le sicaire étant l'arme de prédilection d'un groupe de fanatiques qui furent d'ailleurs nommés du nom de leur arme.

c) Simon le Zélote, le zélé, c'est-à-dire le fanatique, nous montre également les traits de caractère de ceux qui entouraient le Christ.

d) Dernier exemple : Simon fils de Jonas, " Simeon Bar Jonas " en hébreu, peut être une erreur de traduction de " Simeon Barionas " signifiant Simon le brigand, le hors la loi, l'anarchiste.

Car c'est oublié que les Evangiles canoniques sont en grec et non de l'hébreu : les textes grecs pouvant inclure des mots hébreu non traduits car sans équivalence linguistique.

Les moines qui transcrivirent les Evangiles au 4ème siècle connaissaient-ils l'hébreu ? Etaient ils infaillibles ?

Jésus non violent : pouvez-vous encore soutenir cette thèse ?

Si vous lisez cet ouvrage, la conclusion de Robert Ambelain est que Jésus était un révolutionnaire juif extrémiste qui pillait et rançonnait avec sa bande de hors-la-loi la Judée, et était entouré également de ceux que la religion juive rejetait : les prostitués et les péagers (publicains, préleveurs d'impôts sur les routes - et ils prenaient plus que le nécessaire !)

De lignée davidique, Robert Ambelain campe un Jésus historique fils de Juda de Gamala, leader du soulèvement dit " du Grand Recensement " contre l'envahisseur romain, et prétendant au trône d'Israël.

Son fils n'aurait jamais fait que reprendre le flambeau, pillant, tuant, accompagné de prostituées.

Il est d'ailleurs remarquable que le motif de la condamnation de Jésus (comme prévu par la législation romaine) soit inscrit sur la croix sous la forme d'une pancarte : " Roi des Juifs ".

La peine encourue selon le droit romain pour brigandage et prétention au pouvoir était justement la crucifixion.

Et bien entendu, que dire d'un Jésus crucifié aux côtés de deux ladres ?

En conclusion, vous constatez maintenant que les portraits de Mahomet et de Jésus sont d'une étonnante ressemblance.

Bien sûr les religions chrétiennes ont évolué : il paraît maintenant qu'il faut tendre l'autre joue lorsqu'on vous frappe.

Mais sans entrer dans des considérations d'érudits sur les textes anciens, ne peut on pas se contenter d'un constat plus simple ?

Un crucifié mettait plusieurs jours à mourir, par asphyxie : la position des bras empêche la cage thoracique de se soulever.

La plupart des crucifiés l'étaient la tête en bas, pour qu'ils meurent plus vite.La tête en haut était réservée aux grands criminels.

On vous brisait ensuite les jambes à coups de gourdin, supprimant l'appui naturel des pieds permettant de survivre.

Et trois jours plus tard, alors que vous n'étiez pas nécessairement mort, vous terminiez votre agonie dans " la fausse d'infamie " au milieu des cadavres de vos semblables, moitié-vivant, moitié-mort, livré en pâture aux charognards. C'est là seulement, après plusieurs jours, que vous pouviez espérer mourir.

Voilà le symbole aujourd'hui vénéré par Benoît XVI et ses ouailles : une image digne d'un film interdit au moins de 18 ans, une image d'une violence inouïe.

Mais n'est ce pas aussi que l'envie de devenir bourreau vous taraude lorsque vous vous complaisez dans une victimisation ?

L'islamisme ne fait jamais que reproduire ce que d'autres ont fait auparavant, et de ce point de vue, le christianisme fanatique aura été un exemple de premier ordre.

Emmanuel Itié

8 - école publique

8.1 - Mention très bien au bac et 30 fautes en dictée

Quand, lors de la rentrée, leurs professeurs leur ont demandé de " sortir une feuille pour faire une dictée ", les 180 étudiants de première année de l'IUT (institut universitaire de technologie) gestion des entreprises et des administrations de Grenoble (Isère) ont cru d'abord à une blague : " On avait l'impression de se retrouver à l'école primaire alors que l'on est tous bacheliers. On ne s'attendait pas à ça en entrant dans l'enseignement supérieur ", reconnaît Julien, 19 ans.

Bruno Raibon, directeur des études à l'IUT, assume parfaitement cette démarche pédagogique à première vue originale : " Depuis des années, nous sommes excédés par les fautes d'orthographe, de grammaire que font nos étudiants dans leurs copies. Les entreprises dans lesquelles ils vont faire des stages nous ont fait les mêmes remarques. Quand un CV ou un mémoire sont bourrés de fautes, cela les dessert forcément. Nous avons donc décidé de réagir en leur proposant une dictée et des cours de règles élémentaires de l'orthographe avec obligation d'acheter le célèbre Bled. "

Marie-Jo Saillen, enseignante à l'IUT, lit le texte (à message) de cette première dictée de l'année : " Syntaxe défaillante, orthographe négligée, pauvreté lexicale, triste constat fait par vos professeurs du second degré. Quant à nous, enseignantes en expression et communication, nous sommes persuadées qu'il est possible de pallier vos lacunes par un travail régulier et méthodique. " Les résultats de cette dictée d'une vingtaine de lignes ont été à la hauteur des craintes des enseignants, avec en moyenne dix à quinze fautes relevées sur les copies. " J'ai fait une trentaine de fautes, avoue Michaël, 18 ans. J'ai par exemple écrit syntaxe sintax. C'est certainement dû à de nombreuses années de SMS, MSN, mails échangés sur Internet. On n'a plus l'habitude de respecter les règles de grammaire, d'orthographe. Il y a peut-être eu aussi une mauvaise formation à l'école primaire. Mais, même si je ne sais pas bien écrire, j'ai eu mon bac avec mention assez bien ", tient à préciser Michaël. " Les étudiants ont souvent un niveau déplorable. Ils écrivent discussion avec un s, volontiers sans s, davantage avec un d apostrophe, occuper avec deux p ", raconte Marie-Jo Saillen, professeur en expression et communication.

" Un handicap "

Elodie, 18 ans, a obtenu son bac avec mention très bien. Mais elle aussi reconnaît ses lacunes : " J'ai fait malheureusement neuf fautes. Je remercie l'IUT de nous remettre à niveau, car ces problèmes d'orthographe peuvent être un handicap dans notre vie professionnelle. " Et il y a du travail. Bled en main, Marie-Jo Saillen dirige un véritable cours d'orthographe et corrige avec les étudiants un exercice de conjugaison. Pour Sandra, 18 ans, mention bien au bac, ce n'est pas brillant : pour le verbe tenir, au passé simple de l'indicatif, elle a écrit " je tenis ", " nous tenâtes ", " ils tenèrent ". Pour le verbe venir, " je venis ", " il venit ", " vous venîtes ". " II faut que je progresse ", admet Sandra. Pour le futur de l'indicatif un autre étudiant a écrit " j'envoyerai " et " je mourrirai ". Conclusion de Sandra : " Avec les chats, les blogs, les SMS, on écrit tout en abrégé et on n'arrive même plus à savoir l'orthographe des mots les plus simples. C'est l'homme qui nuit à l'homme avec les nouvelles technologies. " Un beau sujet de réflexion philosophique pour l'Education nationale.

Gilles CARLE

8.2 - Il faut vite rétablir les heures de français en primaire

PROPOS RECUEILLIS PAR CHARLES DE SAINT SAUVEUR Le Parisien du 22 septembre

Le Parisien : Les résultats de la dictée vous surprennent-ils ?

Michel Buttet. Pas du tout II y a un an et demi, notre collectif avait soumis 2 300 élèves de seconde à une dictée du brevet 1988, en la notant avec les consignes de l'époque. Résultat, seuls 18 % des lycéens avaient obtenu la moyenne ! 56 % avaient récolté un zéro, soit une quinzaine de fautes pour une dictée de dix lignes. Quatre ans plus tôt pour le même test 28 % avaient obtenu un zéro pointé : en quatre ans, il y a 30 % d'écart. Le plus inquiétant c'est moins l'écriture des mots que les fautes grammaticales, tous ces accords sujet-verbe ou adjectif-nom que les élèves ne maîtrisent plus.

Le Parisien : Est-ce si grave finalement ?

Prenez le conditionnel et le futur : entre ces deux temps, la confusion est générale. Or, entre " je ferais " et " je ferai ", le sens est différent. Toutes ces lacunes ont donc des incidences sur la compréhension et la réflexion. C'est vrai pour certains textes classiques un peu compliqués, ou même en mathématiques : les enseignants demandent de moins en moins de démonstration, faute d'une maîtrise suffisante de la langue. Quand on dit aux élèves de 2nde " II faut que vous sachiez ", certains demandent ce qu'est le verbe " sacher ". Il faut dire que le subjonctif comme beaucoup d'autres fondamentaux, a disparu des programmes du primaire. Quand ils l'abordent au collège, c'est trop tard pour l'ancrer dans leurs têtes. C'est catastrophique, car le fiançais conditionne tous les apprentissages.

Le Parisien : Comment en est-on arrivé là ?

Les premiers responsables sont les programmes, qui favorisent les apprentissages par séquences didactiques : à l'occasion d'un texte, on évoquera par exemple l'accord des adjectifs de couleur. Puis un autre point sera abordé avec un autre texte... Il n'y a plus de progression ordonnée dans l'apprentissage de la grammaire et de l'orthographe. Dans la classe, cela passe après l'explication de texte. De toute façon, les enseignants n'ont plus le temps.

Le Parisien : Comment ça ?

En trente ans, le nombre d'heures consacrées en classe à l'apprentissage de la langue a chuté de huit cents heures, surtout en primaire ! Dit autrement, un élève qui débarque en 2nde en 2006 aura eu autant de formation en français (depuis son CP) qu'un collégien de fin de 5ème en 1976. Dans ces conditions, les bases ne peuvent pas être répétées, ni apprises durablement Ce n'est une priorité ni des programmes ni des examens : au bac, on ne retire plus que deux points maximum, même si vous faites 60 fautes. Le message de l'Education nationale est clair : l'orthographe n'est pas importante.

Le Parisien : Ils lisent moins aussi, non ?

Il y a un réel déficit de lecture, mais est-ce la cause ou la conséquence ? Comment se plonger dans un beau livre si la langue paraît trop ardue ? Où est le plaisir ? Quant à accuser Internet ou les SMS, j'y crois peu : si cela affecte l'écriture, c'est à la marge, et encore. Personnellement je ne l'ai jamais vu dans aucune copie. Pour eux, c'est juste un jargon. Ils savent vraiment faire la différence.

Le Parisien : Que suggérez-vous ? Simplifier l'orthographe ?

Pourquoi pas ? Je n'ai rien contre écrire " nénufar " au lieu de " nénuphar ", mais ça ne résoudrait pas grand-chose car le vrai problème, c'est moins l'écriture des mots que les fautes d'accords. Nous sommes déjà dans le mur. Le seul moyen d'en sortir est de rétablir les horaires de français : quinze heures par semaine en CP au lieu de neuf heures trente aujourd'hui, onze heures trente au CE 1 au lieu de six heures trente... Cela ne coûtera pas plus, mais il faudra réduire un peu les activités d'éveil. En dix ans, on peut redresser la barre, le temps pour une nouvelle génération d'écoliers d'accéder au lycée.

Michel Buttet Coauteur d'un ouvrage paru en septembre : " les Programmes scolaires au piquet ", Ed. Textuel, 19 euros.

8.3 - Le silence conduit à la complicité

" L'école face à l'obscurantisme religieux "

20 personnalités commentent un rapport choc de l'Education nationale

Max Milo Débat

376 pages, septembre 2006, 20 euros

Le rapport " Obin " est resté longtemps confidentiel... Il s'agit là pourtant d'une étude de terrain commandée par l'Education Nationale. Rédigé en 2004, ce document est la résultante d'une enquête menée par une dizaine d'inspecteurs généraux sur: " les Signes et manifestations d'appartenance religieuse dans les établissements scolaires "...

Comme nous en informe Annette Coulon dans l'un des textes qui figure dans ce livre, la Ligue de l'Enseignement qui a combattu la loi du 15 mars 2004 a décidé lors d'une réunion tenue le 11 mars 2005 " de publier sur son site le rapport de l'inspection générale, faisant basculer le rapport de forces à gauche, et entraînant sans doute quelques jours plus tard la mise en ligne du texte par le Ministère de l'Education nationale "... Evolution ou revirement ? Qu'importe ! Ce qui compte c'est le retour remarqué de cette grande organisation dans le camp de toutes celles et de tous ceux qui luttent contre l'intégrisme et pour la laïcité de l'école.

Le rapport qui est présenté en annexe permet aux lecteurs de prendre la mesure de la diversité des différentes manifestations intégristes, de la maternelle au lycée... Certaines sont très connues, d'autres sont étonnantes et même effarantes : des petits garçons refusant de donner la main à des petites filles, l'exigence d'une séparation des robinets d'eau en fonction des origines des enfants, pour ne prendre que deux exemples.

Les 20 personnalités qui témoignent ici sont d'origines et d'opinions différentes, laïques convaincues, elles ont lu le rapport Obin qu'elles nous commentent, chacune d'entre elles avec son style propre... Le produit de ce travail constitue une oeuvre pleine, soignée avec des analyses convergentes...

Il ne s'agit ni de stigmatiser qui que ce soit, ni d'exagérer une situation déjà préoccupante mais de s'appuyer sur une enquête sérieuse pour proposer une contre-offensive afin de faire échec à toutes les forces qui souhaitent communautariser le pays et remettre en cause les fondements de la démocratie.

Les jeunes instrumentalisés sont des victimes d'un système et s'il faut refuser toute remise en cause de l'égalité des droits et de la mixité sociale et culturelle sous toutes ses formes, il faut pour ce faire ne pas oublier de prendre le mal par la racine. Ghaleb Bencheikh, président de la conférence mondiale des religions pour la paix nous donne quelques indications : " Tant que " les jeunes en mal de vivre " évolueront dans un univers hideux, hostile, où seule la charia de la jungle prévaut, ils ne pourront qu'être réceptifs au discours fondamentaliste. Ils sont d'autant plus sensibles aux sirènes " radicales "qu'ils sont éternellement issus de l'immigration et qu'ils peuvent porter en eux les stigmates du rejet, de l'exclusion et de la discrimination, à l'emploi, au logement et aux loisirs. "

Comme il le précise en pied de page, " c'est la seule frange de la population dont on n' arrête pas l'énumération des générations. On ose parler de cinquième génération ! "

Il n'y a pas de citoyens de deuxième zone, ni d'indigènes de la République, ni de personnes issues de l'immigration mais des hommes et des femmes, des enfants et des adultes égaux en droits.

Gaston Kelman rappelle aux personnes qui l'auraient oublié que " l'enfant est un devenir et non une histoire, qu'il est un édifice en construction et non un site archéologique . "

Jean-François Chalot

9 - santé

9.1 - L'automédication : la liberté de s'autodétruire

En matière de santé et de protection sociale, la politique menée par la droite libérale depuis son accession au pouvoir relève de l'imposture permanente. En résumé, il s'agit de saper les fondations des dispositifs à finalités sociales mises en ˝uvre, surtout depuis la fin de la seconde guerre mondiale, pour instaurer progressivement l'émergence d'un individualisme de bon aloi.

La santé et son pendant (la protection sociale) fonctionneraient alors dans le cadre d'un marché où " la main invisible " serait sensée être plus efficace que la tutelle de l'Etat organisant jusqu'à lors la gestion du capital sanitaire de la Nation.

Dans la mesure où l'annonce de ce type de politique aurait peu de chance d'emporter l'adhésion de nos concitoyens, en comptant sur l'extrême complexité des mécanismes et sur la faible information des électeurs, le gouvernement actuel n'a de cesse d'accumuler les dispositions macro et microscopiques pour parvenir à ses fins.

Pour en citer quelques unes, on retiendra la loi " Douste-Blazy " de juillet 2003, la dernière convention signée entre les médecins et l'Assurance Maladie et toutes les mesures dont l'objectif est de transférer la charge des dépenses de santé du système solidaire géré par la Sécurité Sociale, vers les ménages et, lorsqu'ils en disposent, les assurances complémentaires qu'ils ont pu souscrire.

Dissimulés derrière l'énoncé des grands principes (solidarité, égal accès aux soins, etc...) nos responsables politiques dégradent obstinément la protection sanitaire et sociale.

La pharmacie en est le dernier exemple.

Chacun d'entre nous est conscient que le médicament est un moyen thérapeutique essentiel. Comme tout principe actif, son utilisation requiert une compétence que seules les professions médicales (médecins, pharmaciens,...) maîtrisent ou devraient maîtriser. Le médicament est donc efficace, mais dangereux. Il y a plus de morts du fait des accidents liés à la prise de médicaments que du fait des accidents de la route.

En France où se prescrivent beaucoup plus de produits pharmaceutiques qu'ailleurs (ce que le gouvernement ne cesse de dénoncer sous une forme plutôt tendancieuse : " les patients consomment trop "), la consommation de médicaments est très encadrée (même si elle l'est mal). Les produits actifs sont soumis à des processus d'autorisations délivrées par la puissance publique. Ils sont soumis à la prescription d'un médecin et sont vendus par des professionnels de santé au sein d'officines pharmaceutiques.

L'inflation de consommation pharmaceutique n'a pas que des effets néfastes pour la santé. Elle grève de façon importante le budget de l'assurance maladie (16,7 Mds Euros en 2005) et, sous l'effet de déremboursements successifs parfois totalement injustifiés, elle alourdit la charge des assurances complémentaires et des ménages (la dépense des français à ce titre s'élève à 31,3 Mds d'euros).

Pour les libéraux qui nous gouvernent, cette situation pose un problème difficile à résoudre : comment limiter la facture pour l'assurance maladie tout en continuant à favoriser les formidables profits des industries pharmaceutiques ?

La réponse est : déréguler. Faire sauter les " carcans " réglementaires destinés à protéger un consommateur forcément captif en raison de son incompétence et de la sensibilité du sujet : sa Santé !

La stratégie est aujourd'hui bien réglée : au sein d'un groupe de travail " ad hoc ", on organise une apparente concertation dont les conclusions viendront conforter des décisions déjà arrêtées.

Ce groupe placé sous l'égide de l'ancien directeur de la Haute Autorité de Santé (Alain Coulomb), expert dans la maîtrise des faiblesses du service public dont il est un transfuge, s'est donc réuni début juillet pour étudier le développement de l'automédication !!

Le rêve des publicitaires de tous poils : la santé au niveau de la cosmétique... !

Fort heureusement, dans les organisations pressenties pour participer à cette pantalonnade, quelques unes d'entre elles sont compétentes et donc, lucides.

Ainsi, le Collectif Interassociatif Sur la Santé (CISS) vient de se retirer du groupe en dénonçant " un marché de dupes " et en précisant " qu'il s'agit d'un deal entre les pouvoirs publics d'un côté et les industriels et les officinaux de l'autre, en vue de compenser les déremboursements " ;

Bien que restant dans le groupe de travail, l'UFC QUE CHOISIR " a déclaré qu'elle partageait le constat du CISS, en précisant : " Si la concertation vise uniquement le développement d'un marché, alors nous ne voyons pas où se situe l'intérêt du patient " et en ajoutant : " On ne peut pas dire d'un côté que les français consomment trop de médicaments et d'un autre les encourager à consommer davantage de produits d'automédication ".

Décidément, le libéralisme n'a pas d'Ami. Il n'a que des intérêts.

Raymond MARI

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