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  1. chronique d'Evariste
    1. Des adversaires rêvés pour l'extrême droite, par Évariste
  2. Débat autour du soutien à Robert Redeker
    1. Robert Redeker ignoblement injurié et diffamé, par Antoine Peillon
    2. Redeker mort ou vivant ? Raison philosophique d'un soutien sans réserve, par Catherine Kintzler
    3. Le Mouvement de Respect d'Allah et du Prophète, par Guy Konopnicki
    4. Lettre de soutien d'un élu communiste et républicain à Robert Redeker, par André GERIN
    5. Lettre au journal L'Humanité, par Laurent Frajerman
  3. combat laïque
    1. Les raisons de sauver Anas Jazouli et sa famille, par Kebir Jbil
    2. Anas El Jazouli, hospitalisé d'urgence le 07 octobre malgré son état continue sa grêve de la faim !, par Nicolas Pomiès
    3. Paris, Rennes, Montpellier : les Maires Socialiste anticipent le Rapport "Machelon", par Robert Albarèdes
    4. Laïcité halal : Georges Sarre rompt le jeûne du Ramadan dans une église, par Jocelyn Bézecourt
    5. Défendre la laïcité à la Réunion, par Myriam Kissel
  4. Ne pas tolérer les offensives islamistes
    1. Une collégienne agressée à coups de pierre pour avoir rompu le jeûne du ramadan, par Mireille Popelin
    2. Rassemblement contre la venue d'Hani Ramadan, par Michèle Vianès
  5. débats républicains
    1. Indigènes, film salutaire ou propagande contre la laïcité et les valeurs de la République ? (1ère partie), par Guylain Chevrier
  6. extrême-droite catholique
    1. Campagne de terreur contre des juges argentins, par Suzy Candido
  7. santé
    1. Quatrième rencontre nationale - Etats Généraux de l'Assurance Maladie, par Bernard Teper, Lucette Guibert
    2. L'ex-directeur de la CPAM de Nantes, Claude Frémont, règle ses comptes dans "Adieu sécu", par APM News
  8. services publics
    1. Non à la privatisation de GDF, par Le Collectif Riposte à La Droite
  9. Les limites du communautarisme
    1. La fin de la tolérance aux Pays-Bas, par Ian Burma
    2. Le débat britannique sur le voile s'enflamme, par Sonia Stolper
  10. néo-libéralisme
    1. Dix ans..., par Denis Robert
  11. à lire
    1. Sexus Politicus, de Christophe Deloire et Christophe Dubois, par Pierre Caspi
  12. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Des adversaires rêvés pour l'extrême droite

Après les excellents scores de l'extrême droite flamande, en Belgique, on s'interroge parfois, en France, sur les motivations réelles de certaines organisations prétendant combattre le Front national.

Plusieurs faits de la vie politique française ne pourront qu'avoir des répercussions sur les prochaines échéances municipales, et il convient de s'interroger dès aujourd'hui : font-elles ou ne font-elles pas le jeu du parti de Le Pen ? Commençons par les menaces de mort émises contre le professeur de philosophie Robert Redeker. Les différentes pétitions impulsées, dont celle de Respublica, que nous vous encourageons à continuer à signer (www.petitionredeker.info) sont révélatrices de l'inquiétude de la population française, devant la harcèlement permanent des représentants de l'islam politique. Ces derniers se comportent en véritables porte-paroles, en France, des dictatures théocratiques ou des Frères Musulmans, contre nos valeurs démocratiques et laïques. Outre les insupportables menaces de mort contre le philosophe, la pression de l'islamisme sur la société française est de plus en plus forte : en période de ramadan, contre ceux qui ne veulent pas le faire (jeune fille agressée en cour de récréation, dans la région lyonnaise), revendications de constructions de mosquées financées par nos élus, de gauche comme de droite, nombre de plus en plus important de femmes voilées, parfois entièrement, dans les rues, multiplication, dans certains quartiers, de commerces communautaristes, refus de plus en plus nombreux, à l'école, de manger de la viande si elle n'est pas halal, etc. Surtout, au-delà du cas de Redeker, une année après l'affaire des caricatures, cette pression permanente contre toute critique de l'islam, amalgamée à du racisme par des militants antiracistes dégénérés, est massivement rejetée par la grande majorité de la société française, qui y voit à juste titre une offensive obscurantiste insupportable contre la liberté d'expression. D'autres philosophes islamogauchistes crachent sur leur collègue Redeker, pour la plus grande joie de l'extrême droite islamiste, amalgamant sa critique de l'islam aux propos antisémites de Céline ou de Drumont, rien que cela ! L'absence de réactions à la hauteur de la situation, de la plupart des leaders de gauche, excepté André Gérin ou Laurent Fabius, est accablante, et révèle combien les principales composantes de la gauche ont abandonné le combat laïque et sont prêts à capituler devant les islamistes et tous les cléricaux.

Pourtant, il ne serait pas difficile de démontrer que les intégristes catholiques ont la même attitude que les islamistes, et que le Front national soutient leurs démarches contre la liberté d'expression. La complicité affichée de Nicolas Sarkozy et des islamistes est aveuglante. Après leur avoir offert le Conseil Français du Culte Musulman, il veut aujourd'hui, avec le rapport Machelon, véritable programme antilaïque du ministre de l'Intérieur, contraindre les maires à financer tout lieu de cultes, mosquées ou autres. Cela est totalement en phase avec le projet communautariste du maire de Neuilly, fasciné par le modèle anglo-saxon, où les imams doivent remplacer les travailleurs sociaux. Le risque est grand que toutes ces lâchetés, ces calculs politiciens n'éloignent encore davantage nombre d'électeurs écoeurés par le décalage entre leurs aspirations et la réalité du discours de l'UMP, du PS ou des gauchistes. Au mieux, ils se réfugieront dans l'abstention, au pire, ils crieront leur rejet du système en votant pour celui qui incarnera le discours le plus protestataire. Il nous étonnerait que cela soit Bayrou ! A cause d'eux, l'avertissement du 21 avril risque de n'avoir servi à rien ! Pourtant, il ne serait pas difficile de démontrer que les duettistes Le Pen et Villiers sont pour le financement des cultes par les fonds publics, il suffit d'aller en Vendée pour s'en rendre compte. Autre exemple : quand, en période de chômage de masse, de baisse permanente des salaires et de précarité de l'emploi, un leader d'extrême gauche comme Alain Krivine réclame la libre installation en France de tous les étrangers qui le demandent, avec comme prétexte que les capitaux circulant librement, la force de travail doit faire de même, quel message fait-il passer aux travailleurs ? Vers qui les encourage-t-il à se tourner ? Comment un salarié peut-il traduire de tels propos ? ll comprend que si Krivine et ses amis arrivent au pouvoir, cela sera la liberté d'exploitation totale pour les employeurs, au détriment des salariés, français ou étrangers, déjà installés en France, et soumis aux difficultés du monde du travail. Il voudrait jeter de nouveaux électeurs dans les bras de ceux qui vont profiter de la crise pour stigmatiser les étrangers avec des discours racistes et xénophobes qu'il ne s'y prendrait pas autrement. La LCR et tous ces groupes démagogiques sont-ils donc aveugles, ou bien font-ils le calcul que la progression de l'extrême droite en fera les futures gardes rouges de la révolution socialiste, vers qui le peuple en armes va se tourner pour lutter contre la barbarie ? Pitoyable calcul d'apprenti sorcier ! Pourtant, il ne serait pas difficile de démontrer que loin de défendre les travailleurs, le Front national veut briser les syndicats ouvriers, et leur substituer des structures corporatistes, dirigées par les employeurs. Les citoyens voient ce qui se passe, sentent bien qu'aucun homme politique n'est aujourd'hui porteur d'un discours qui répond à leurs préoccupations. Sarkozy veut médiatiser toutes les agressions policières (par ailleurs graves et insupportables), en convoquant la presse à six heures du matin, comme aux Mureaux, mais en oubliant de prévenir le maire ! Depuis qu'il est ministre de l'Intérieur, les agressions contre les personnes progressent. Fiasco total, pain béni pour Le Pen ! Parallèlement, le squatt de Cachan continue à servir de marge de man½uvre aux organisations gauchistes qui instrumentalisent les revendications communautaristes et les demandes de discrimination positive des squatters les plus déterminés. Comment peuvent réagir, demain dans les urnes, les habitants de Cachan, dont les enfants sont privés de gymnase depuis plusieurs semaines, devant ce pourrissement de la situation ? Pain béni pour Le Pen ! Le discours sur la repentance de la France, alimenté par l'instrumentalisation d'un film comme " Indigènes " et les propos d'un Djamel Debbouze, et par les propos du président de l'Algérie Bouteflika, qui, entre deux séjours hospitaliers à Paris, n'hésite pas à comparer la guerre d'Algérie au génocide perpétrép par le régime nazi, exaspère de plus en plus les électeurs. Pain béni pour Le Pen ! Pourtant, très majoritairement, les citoyens de ce pays combattent le racisme, ne se reconnaissent pas dans les discours xénophobes et racistes du Front national.

Même 70 % des électeurs du FN ne veulent pas que Le Pen arrive au pouvoir !

Mais pendant ce temps là, en Seine-et-Marne, le militant laïque Anas El Jazouli, est en grève de la faim, et met sa vie en danger, parce que la France, qui a accordé l'asile politique à plein d'islamistes dans les années 90, refuse d'accueillir un homme qui se reconnaît dans la République des Lumières, et que les fous d'Allah ont condamné à mort au Maroc. Mais les médias préfèrent parler des islamistes, pourtant minoritaires, que des maghrébins laïques. Gare, à force de jouer avec le feu, à ce que les attitudes irresponsables de certains gauchistes et des communautaristes ne se retournent contre la majorité des immigrés qui, en dehors de toute instrumentalisation, souhaite vivre et travailler paisiblement dans une République laïque, et n'ont pas envie d'imposer leurs pratiques religieuses aux citoyens laïques. Cette République a, par ailleurs, le droit et le devoir de contrôler ses flux migratoires, pour la défense de tous les salariés, face à ceux qui, du Medef à Krivine, pour des raisons différentes, veulent la libre circulation de la force de travail. Dire et écrire le contraire est de la folie furieuse, et ne peut que se retourner contre le monde du travail. Nul doute que Le Pen ne puisse que se réjouir d'avoir comme adversaires, outre les partisans de l'immigration libre, des libéraux-sociaux ou sociaux-libéraux, partisans du oui, de gauche comme de droite, et des communautaristes de gauche et d'extrême gauche partisans du non. Les semaines qui suivent verront-elles l'émergence d'un candidat de gauche, partisan du non, capable de tenir un vrai discours républicain, dépourvu de toute démagogie ? Ce serait la meilleure chose pour tous ceux qui souhaitent sincèrement, et efficacement, faire reculer, en France, en 2007, dans les urnes, les scores de l'extrême droite.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Débat autour du soutien à Robert Redeker

2.1 - Robert Redeker ignoblement injurié et diffamé

Dans un Point de vue publié dans Le Monde daté du 06/10/06 et titré Non aux propos stéréotypés ! , Jean Baubérot, présenté comme historien, spécialiste de la laïcité à l'Ecole pratique des hautes études , n'a pas hésité à injurier toutes celles et tous ceux qui, ces derniers jours, ont apporté leur soutien inconditionnel à Robert Redeker. Ces milliers de personnes de tous horizons, unies par leur confiance commune dans la République, et parmi lesquelles se trouvent des personnalités politiques, des intellectuels et des militants antiracistes de renom, ces femmes et ces hommes qui ont eu à coeur de défendre sans hésitation les droits fondamentaux de l'homme et du citoyen, sont tout simplement accusé, par Jean Baubérot, de (...) se coucher devant la bêtise haineuse.

Mais le pire est que le même soi-disant historien de la laïcité se livre à une ignoble diffamation de Robert Redeker lui-même, en le comparant à... Edouard Drumont, l'écrivain antisémite, auteur du brûlot La France juive (1886) qui est encore, de nos jours, le bréviaire des néo-nazis de tous poils. Se livrant à une fiction historique hallucinante, Jean Baubérot écrit : J'imagine la situation en 1894 ; supposons une minute qu'ait existé alors un groupe d'extrémistes menaçant Edouard Drumont ou un autre publiciste antisémite, pouvons-nous concevoir ceux que l'affaire Dreyfus allait faire qualifier d'intellectuels écrivant pour défendre le publiciste attaqué : "quel que soit le contenu des articles de La Libre Parole (l'organe de Drumont)..." ?

Le message est clair : Redeker = Drumont, la critique de l'islam = l'antisémitisme... Il s'agit là d'une injure publique et d'une diffamation gravissimes, proférées à l'encontre d'un homme qui est actuellement menacé de mort, empêché d'exercer sa mission d'enseignant et obligé de vivre dans la clandestinité, un homme qui se trouve dans l'impossibilité matérielle et morale de répondre par lui-même à des propos aussi monstrueux.

Pour mémoire, Jean Baubérot a été le seul expert au sein de la Commission Stasi à s'être opposé, courageusement par abstention, à l'idée d'une nouvelle loi sur le voile ( signes religieux ostensibles ), ce qui lui a valu, dès lors, la reconnaissance éternelle des islamistes les plus fanatiques. Une pancarte brandie lors d'une manifestation contre l'islamophobie , le 7 février 2004, avait ainsi qualifié Jean Baubérot d' homme juste . Un an après, le soi-disant historien de la laïcité s'est vu invité au congrès 2005 de l'UOIF. Ce 26 mars 2005, au Bourget, devant plusieurs milliers de personnes, femmes voilées et hommes barbus séparés, Jean Baubérot a été présenté comme étant le plus grand spécialiste de la laïcité en France . Ainsi encensé, et même acclamé, l'universitaire qui ne fait jamais mystère de sa foi (protestante) s'est déclaré très heureux, (...) en tant que frère de revenir au congrès du Bourget, évènement où il avait déjà fait acte de présence en 2004. Cette connivence, pour ne pas dire complicité, avec les islamistes dégénère, aujourd'hui, en haine de la liberté d'expression.

Quant à sa légitimité vis-à-vis de l'histoire de la laïcité, Jean Baubérot est éditorialiste de l'hebdomadaire Réforme, un regard protestant sur l'actualité , et candidat, cette année à la présidence du Conseil national de la Fédération protestante de France... Comment s'étonner qu'il ait alors tenté, dès 1990, de nous fourguer l'idée d'un nouveau pacte laïque (Le Seuil), réformant la loi de décembre 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat, nouveau pacte qui devrait (je cite) affronter les impensés de la laïcité , c'est-à-dire le sacré, la morale ? Comment s'étonner que le même nous vende le Concordat napoléonien de 1801 comme premier seuil de laïcisation , jetant par ailleurs aux oubliettes la première loi de séparation de l'Etat et des cultes du 18 septembre 1795 ? Le 21 septembre, déjà, Danielle Bleitrach, dans LeGrandSoir.info, le Journal alternatif d'information militante, se livrait à une diatribe diffamatoire : Donc Redeker le sioniste non juif, comme les Evangélistes sionistes des Etats-Unis exaltent la caricature et aiment les juifs dans la caricature que fait d'eux un Dieudonné, ce sont des antisémites qui aiment les juifs. Et en bonne logique pour eux aimer les juifs c'est haïr les musulmans, leur mettre l'étoile jaune. Cet extrait se passe de commentaire !

Il n'est pas inopportun, cependant, de rappeler que Danielle Bleitrach s'était déjà livrée, le 21 février 2005, dans le même site alternatif , à une hallucinante déclaration d'amour en direction de... Dieudonné : Je ne crois pas que Dieudonné soit judéophobe, homophobe, et autres gracieusetés dont on l'affuble... Mon point de vue "iconoclaste", est inspiré d'Erasme, l'humaniste : (...) Je crois que comme beaucoup d'artistes il est hypersensible, réactif , son travail le conduit à se vider de lui-même, d'être comme la page blanche sur laquelle s'inscrivent les signes, où les contenus remontent en forme...

Le 6 octobre, dans un courrier des lecteurs de Libération, l'écrivain Abdelwahab Meddeb lançait, à son tour : Un tel texte (celui de Redeker) est égal aux pamphlets antisémites les plus abjects, ceux écrits par Céline par exemple. Cette comparaison relève une fois de plus de l'injure et de la diffamation. Pour avoir travaillé sur le sujet et savoir combien Céline fut un nazi fanatiquement antisémite, je ne peux qu'être sidéré, horrifié, par le propos publié par Libération. Enfin, dans un A propos de l'affaire Redeker diffusé le mardi 3 octobre 2006 et intégralement publié sur le site internet islamiste Oumma.com, la Fédération nationale de la Libre Pensée, se livre, elle aussi, à un commentaire injurieux et diffamatoire, même en y mettant de dérisoires guillemets, et payant le luxe de mettre en oeuvre, au passage, un des lieux communs anti-judaïque les plus éculés. Le texte du professeur de philosophie est commenté ainsi : Il ne s'agit donc pas d'une critique laïque et rationaliste des croyances, mais l'affirmation que toutes les religions ne se valent pas et que l'Islam est pire que toutes les autres. Au passage, la lecture historique est un peu "révisionniste", car faire de la Bible hébraïque une livre de douceurs humanistes relève d'une méconnaissance totale d'un ouvrage qui fait l'apologie de massacres et de pillages et qui amène l'assassinat politique au rang de méthode de gouvernement.

Ici encore, il n'est pas inopportun de rappeler que la Fédération nationale de la Libre Pensée s'est, elle aussi, opposée à la loi du 15 mars 2004 contre les signes religieux à l'école publique. Les raisons politiques de cette attitude paradoxale ont déjà été dévoilées par Evariste, dans le numéro 460 de ReSPUBLICA, daté du 31 juillet dernier. De là à traiter Robert Redeker de révisionniste ... Baubérot, Bleitrach, Meddeb, Parti des Travailleurs à travers la Libre Pensée... Voici, en quelques lignes, le joli front des diffamateurs de Robert Redeker et de celles et ceux qui le soutiennent. Quel est leur motif commun ?

Nous espérons que Robert Redeker demandera prochainement à la justice de condamner lourdement une atteinte aussi violente à son honneur. Nous l'assurons que, dans ce cas, nous lui apporterons toute l'aide possible (matérielle, juridique et morale) et que notre engagement sera total à ses côtés.

Antoine Peillon Président de la France Radicale - Gauche Démocratique et Républicaine

www.franceradicale.org

2.2 - Redeker mort ou vivant ? Raison philosophique d'un soutien sans réserve

Mezetulle a signé la pétition lancée par Respublica contre la barbarie, soutien sans réserve à Robert Redeker. Voici les raisons philosophiques de ce soutien sans réserve. Cela suppose qu'on réponde à l'objection du cercle : n'est-il pas paradoxal de suspendre la critique pour pouvoir défendre l'esprit critique ? De bonnes âmes et même des esprits distingués, devant la question du soutien à apporter à Robert Redeker, aujourd'hui menacé de mort pour avoir écrit un article sur l'islam qui a déplu à certains, s'interrogent sur la portée d'un soutien sans réserve et reculent devant ce qu'ils considèrent comme un forçage, une sorte de chantage intellectuel. Ils soulèvent, à juste titre, un problème. Faut-il, au prétexte du soutien à un homme menacé dans sa vie et sa liberté, faire taire toute critique quant au contenu du texte qui a valu un contrat sur sa tête ? N'est-il pas pour le moins paradoxal de suspendre la critique pour pouvoir défendre l'esprit critique ? Il y aurait même là une suspension pour motif moral : on arrête de discuter tant que R. Redeker est sous le coup de ces menaces, ce qui revient à suspendre ce dont il se réclame précisément, la liberté d'opinion et de critique. Ce scrupule souligne une sorte de cercle dans la position du soutien sans réserve : faire taire la critique pour que la critique existe. J'attire donc l'attention de ceux qui, comme moi, souscrivent à un soutien sans réserve : on ne peut le faire que si on s'attache à briser ce cercle. Et pour briser ce cercle, il ne suffit pas de prononcer une maxime morale on ne tire pas sur un homme à terre , ou plutôt il faut établir que cette maxime est en l'occurrence un principe rationnel, philosophique et politique et non un bon sentiment pouvant se retourner en bâillon. Je tenterai de le faire en trois points.

1 - Ne pas traiter un vivant comme s'il était mort

L'état de nature est effectivement une suspension de la pensée. Il est de fait aujourd'hui imposé à R. Redeker. C'est insupportable (ce sur quoi tout le monde est d'accord et qui anime tous les soutiens, qu'ils soient ou non sans réserve). On ajoutera à cela que c'est insupportable de continuer à l'exercer tout particulièrement pour s'en prendre au contenu de son discours, auquel il n'a plus accès dans les conditions où il l'a proféré. L'espace critique dont il a voulu jouir, et dont nous avons besoin pour lire son texte, est suspendu. Or l'argument de la suspension de l'espace critique, ainsi présenté, est insuffisant. Il faut aller plus loin. Il faut aller au-delà de ce qui peut apparaître comme une rhétorique morale.

Ce qui est insupportable me semble tenir plus précisément à la question du statut des auteurs dans cet espace critique. Morts ou vivants ? ce n'est pas du tout la même chose. En effet, on ne peut se prévaloir en général de l'exclusion d'un auteur de l'espace critique vivant pour dire suspendons la critique puisqu'il ne peut pas répondre , car à ce compte, les morts seraient au-dessus de toute critique. Il faut donc distinguer ici les morts et les vivants. C'est pour les vivants que l'argument de l'absence et de la réduction au silence vaut pleinement. Poursuivre la critique maintenant sur le contenu du texte de RR alors qu'il est tenu hors de l'espace critique vivant, c'est le traiter comme s'il était mort, c'est écrire, en positif et en négatif, son oraison funèbre en le faisant basculer dans l'espace critique que nous réservons aux morts. C'est une manière de le tuer, c'est une manière d'obéir aux fanatiques islamistes.

2 - Soutenir les musulmans laïques

La question devient alors politique : comment travailler à rétablir cet espace critique et à faire revenir Robert Redeker dans le monde vivant de la discussion ?

L'objectif est de faire cesser les menaces, de faire lever l'appel au meurtre. Or à mon avis la seule stratégie efficace, outre les soutiens sous forme de pétition, etc., c'est de favoriser une division publique et réfléchie au sein des musulmans et des personnes de culture musulmane. C'est que les musulmans laïques et de façon générale les personnes de culture musulmane attachées à la laïcité se lèvent et disent : ça suffit, nous sommes laïques, il n'y a pas à nos yeux de délit de blasphème, la critique contre l'islam est possible, y compris sous des formes qui peuvent être perçues comme choquantes. Je crois que cela seul est capable de faire reculer les fascistes verts partout et les islamogauchistes ici.

Or à la lumière de cette analyse, le schéma je soutiens, mais il n'aurait pas dû... ; je soutiens, bien qu'il dise des âneries... se retourne en soutien de ceux qui ne veulent pas cette division des musulmans et qui approuvent les mesures de censure et d'autocensure qui progressent un peu partout dans le monde, et en soutien du communautarisme en général. C'est pourquoi je pense que le soutien à Robert Redeker doit être sans réserve , de même que le soutien aux caricaturistes devait être sans réserve . Ce sans réserve s'applique aussi à ce qui peut être perçu comme âneries , et qui est précisément la mesure de l'effectivité du droit de libre opinion, c'est une condition de possibilité de l'espace critique en général, que nous devons travailler à restaurer. Il faut souligner du reste que l'activité critique ne déclenche aucun tollé lorsqu'elle vise d'autres textes considérés comme sacrés, comme la Bible. Serai-je visée par un contrat sur ma vie si je dis que Josué est un chef de guerre féroce, que Jephté est un imbécile d'avoir promis un sacrifice à son dieu, et que le sacrifice d'Abraham est l'indice d'une foi aveugle qui peut devenir dangereuse ? A-t-on vu un seul gauchiste bien-pensant jouer les vertus outragées au sortir d'un film de Scorsese ? Bien au contraire, il manifestera contre l'intégrisme catholique qui veut l'interdire ! Il semble qu'il y ait là deux poids et deux mesures : devant le fascisme brun on est très ferme, mais le fascisme vert a droit à toutes les indulgences ( l'islam est la religion des pauvres ). C'est l'essence même de l'islamogauchisme : antifasciste tant que le fascisme se présente sous sa couleur brune, mais complice du fascisme vert.

3 - L'antithétique des morts et des vivants et l'espace critique

Avec la question du fascisme vert soutenu par l'islamogauchisme on retrouve l'aspect philosophique soulevé tout à l'heure : analyser le cercle faire taire la critique pour que l'espace critique existe mais aussi le cercle symétrique maintenir l'espace critique au risque de s'associer à un geste meurtrier à la lumière de la question mort ou vivant ? Comme je l'ai souligné, le maintien de l'espace critique pour viser le contenu du texte de Robert Redeker, tant qu'il est en état de nature, consiste à le traiter comme un mort, alors qu'il est vivant. Mais la réciproque mérite d'être examinée : car ceux qui menacent les vivants de mort pour délit d'opinion symétriquement traitent les morts qui les dérangent comme des vivants en les tuant une seconde fois, en les censurant, en brûlant leurs livres, en retirant leurs pièces de l'affiche des théâtres...

Que ferions-nous si un décret extrémiste interdisait ici la diffusion des textes de Voltaire, de Bayle, de Spinoza, de Nietzsche, etc. ? Nous aurions le devoir de traiter ces auteurs morts comme s'ils étaient vivants et de soutenir tout ce qu'ils ont écrit et fait sans réserve , davantage : nous devrions soutenir tout ce qui peut s'écrire, y compris les âneries. Nous devrions empêcher les autodafés quand bien même ils ne s'en prendraient qu'aux magazines people. Alors ne laissons pas les fascistes verts et les islamogauchistes nous embarquer dans le brouillage de l'espace critique, et ne nous laissons pas aller à traiter avec eux les vivants comme s'ils étaient morts. Car nous serions bientôt obligés, contre eux mais comme eux, de traiter les morts comme s'ils étaient vivants: dans les deux cas ce serait leur victoire, le moment de la pensée critique serait aboli. Ecrasons l'infâme !

Catherine Kintzler

2.3 - Le Mouvement de Respect d'Allah et du Prophète

Tout en conservant le même sigle, le Mrap a manifestement changé de nom pour la seconde fois. Ce qui était à l'origine le Mouvement contre le Racisme, l'antisémitisme et la Paix donna un jour à ses initiales une signification plus proche de la langue soviétique. Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples. On trouva alors à Aubervilliers une expression vivante de l'amitié entre les peuples en la personne de Mouloud Aounit. L'homme ne tarda pas à élaborer ses propres définitions du racisme.

Cette République refusant l'expression des religions à l'école n'était-elle pas un brin raciste, sur fonds de souvenirs coloniaux ? Mouloud, prudemment mais sûrement, partit en guerre pour défendre les braves petites filles qui exigeaient le port du voile à l'école. C'était discutable, au sens propre ; il était donc possible de discuter.

Lorsqu'un journal danois publia des caricatures provoquant des réactions disproportionnées en divers pays, on vit Mouloud Aounit batailler contre les gazettes françaises qui, pour défendre la liberté d'expression, avaient reproduit les dessins danois. L'image, disait alors le président du Mrap, visait les musulmans au travers de leurs croyances. Curieux amalgame.

On trouvera, dans le recueil des textes de Woody Allen, paru aux Editions du Seuil, des blagues de potaches sur le sacrifice manqué d'Isaac par Abraham, d'autres sur Moïse. Personne n'a crié à l'antisémitisme. Les catholiques n'ont pas appelé au meurtre des Monty Python pour la vie de Brian, chef d'oeuvre franchement attentatoire aux écritures.

Vint le Mrap de Mouloud Aounit. L'image du prophète étant sacrée pour des millions de musulmans, nous leur faisons offense, en traitant Mahomet par la dérision. Là-dessus, un philosophe, collaborateur à maintes reprises de Marianne , critique le Coran. Notre ami Robert Redeker, car c'est un ami, qui, de ce fait, ne nous oblige pas à partager toutes ses thèses, reprend la vision voltairienne de Mahomet

Il le définit donc comme un chef de guerre, pillard et massacreur de juifs. Définition qui convient aussi aux preux chevaliers des croisades, qui furent pillards, tueurs de juifs, de musulmans et même de chrétiens, appartenant à d'autres obédiences. Or, on ne risque pas d'être dénoncé, menacé de mort sur le net, en écrivant que la croisade contre les albigeois fut un ignoble massacre, ou que le roi Louis IX, dit Saint Louis, fit exterminer les juifs en partant pour la croisade. En cette époque de fer, le cimeterre des cavaliers d'Allah n'était pas plus tendre que l'épée des croisés. Il s'agit d'histoire, et on ne voit pas en quoi le Mrap peut être concerné. Des équipées lancées par Mahomet jusqu'à l'effondrement de l'empire ottoman, l'histoire fut violente. Robert Redeker s'y réfère, on le menace donc de mort.

Là-dessus, le Mrap intervient par la voix de Mouloud Aounit. Il admet, bien sûr, que les menaces de mort ne se justifient pas. Mais il les justifie aussitôt, en accusant Redeker d'avoir provoqué, insulté la conscience musulmane, en touchant à Mahomet. Le Mrap est ainsi devenu une institution jouant de l'antiracisme pour interdire toute critique de l'islam.

Le sigle a encore changé de signification. C'est donc le Mouvement pour le Respect d'Allah et du Prophète. Je ne respecte pas Allah, ni Mahomet. Guère plus Moïse ou Jésus. Ou Bouddah, ou même Guevara. Je tiens le principe de respect pour une saloperie. C'en est une autre que d'utiliser une organisation antiraciste pour interdire toute critique de l'idéologie coranique.

Serai-je raciste en affirmant que tout prétendu prophète est, par définition, un imposteur ? Tant pis si je passe pour tel, mais entre Mahomet et Robert Redeker, je choisis Redeker.

N'en déplaise à Mouloud Aounit.

Guy Konopnicki

Source : Marianne du 7 octobre

2.4 - Lettre de soutien d'un élu communiste et républicain à Robert Redeker

Monsieur,

J'ai pris connaissance des menaces qui pèsent sur vous après votre tribune publiée dans les colonnes du Figaro le 19 septembre 2006. Je souhaite vous apporter mon soutien dans l'épreuve que vous traversez.

Tout d'abord, nous ne devons pas accepter que la liberté d'expression si chère à notre Démocratie soit remise en cause quel qu'en soit le motif. Notre pays apporte les garanties nécessaires à un exercice juste et moral de cette liberté. Dans le cas contraire, la justice protège des digressions et en rappelle les limites.

Ensuite, j'attends du Ministre de l'Education, monsieur Gilles De Robien, un soutien sans bémol qui prouverait le courage civique de l'Etat sur les principes et les valeurs républicaines.

Communiste et républicain, je me suis engagé résolument dans la bataille pour la laïcité. Je suis intervenu dans le débat de l'Assemblée nationale en ce qui concerne la loi pour la laïcité. J'ai voté cette loi, quelles qu'en soient ses limites, car elle ouvre un immense chantier laissé en jachère depuis des décennies.

La place de l'islam dans notre République laïque est pour moi le défi européen qui se pose à nous à l'aube de ce XXIème siècle. Deuxième culte en France, il est urgent d'intégrer cette nouvelle religion dans la société et lui permettre d'exister dignement. Il s'agit de bien distinguer l'islamisme militant et politique et l'intégrisme qui se cache derrière l'instrumentalisation de la foi, de l'islam tolérant et populaire pratiqué par nos concitoyens de confession musulmane auxquels nous tendons la main, que nous appelons à s'engager et avec lesquels nous voulons travailler à une connaissance et une reconnaissance mutuelles.

J'ai plusieurs fois été critiqué pour mes prises de position sur ces questions. Dans ma commune, je suis confronté aux difficultés des enseignants, souvent contestés en histoire, en philosophie, en sciences naturelles, aux agissements d'une minorité qui se situe sur un terrain politique masqué. Après novembre 2005, la situation des banlieues continue de s'aggraver et confirme les fractures sociales, républicaines et ethniques. Au-delà de votre approche, je suis comme vous partisan de sortir du politiquement correct.

Que dire face à cette complaisance du mouvement antilibéral avec Tarik Ramadan, d'un président et d'un gouvernement qui ménagent des gouvernements arabes corrompus et poursuivent leurs relations diplomatiques, économiques avec l'Arabie Saoudite - pourvoyeur de l'antisémitisme, du prosélytisme et du financement du terrorisme. Va-t-on enfin dans ce pays ouvrir les yeux pour combattre le racisme anti-arabe, l'antisémitisme et surtout le racisme anti-blancs, anti-France que nos élites politiques devraient affronter?

Vous réaffirmant mon engagement pour une société laïque et républicaine,

Je vous prie de croire, Monsieur, en l'assurance de mes salutations les meilleures.

André GERIN

2.5 - Lettre au journal L'Humanité

Je suis choqué par le ton désinvolte et moralisateur utilisé par l'Huma pour traiter de l'affaire Redeker : depuis quand faut-il être parfait pour user de sa liberté d'expression ? Ce philosophe a le droit d'exprimer son opinion, et rien ne peut atténuer le scandale que constitue la persécution dont il est l'objet.

En consacrant l'essentiel de l'article au rappel des désaccords de l'Humanité avec ses positions, on semble justifier en partie ce qui lui arrive ! Les communistes, victimes en Europe de l'Est de l'intolérance d'Etat, seraient bien inspirés de ne pas transiger sur la démocratie. De plus, il faut être clair sur la question religieuse : on peut contester l'interprétation du Coran et de la vie de Mahomet faite par Redeker.

Dans ce cas, il faut préciser qu'il s'appuie sur des passages précis et sur des faits historiques (par exemple les massacres des tribus juives de Médine ordonnés par Mahomet) et proposer une autre interprétation. Les libres penseurs et athées ont dit bien pire depuis des siècles, notamment sur l'Eglise catholique, qui a renoncé depuis belle lurette à réclamer leur exécution. Faut-il retourner en arrière ?Un pays laïque doit-il accepter une histoire officielle, réécrite pour ne pas choquer des fanatiques ? Que le MRAP s'enfonce dans l'islamo-gauchisme est une chose, mais l'Humanité a un impératif de lucidité sur cette question.

Laurent Frajerman

3 - combat laïque

3.1 - Les raisons de sauver Anas Jazouli et sa famille

Anas Jazouli, marié et père de deux enfants de deux et quatre ans est en grève de la faim depuis le 11 septembre 2006. D'origine marocaine, il a été un fervent militant en faveur des libertés de la femme, de la liberté d'expression, et de la liberté de conscience dans son pays d'origine. Ayant obtenu un doctorat en mathématiques après un brillant parcours scolaire, il s'est rapidement trouvé une vocation pour les affaires. D'abord dans les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication, puis dans l'événementiel, ce qui alliait l'esprit d'entreprise à l'idéal laïque qui le guide.

C'est dans ce cadre qu'il a organisé le concours Miss Maroc à partir de l'année 1999, avec le succès que l'on connaît : des milliers de jeunes filles se sont portées candidates dans un pays musulman. Elle venaient souvent du fin fond de la campagne accompagnées de leurs parents, pour décrocher les premières places du concours Miss Maroc

Cette entreprise, par son succès et par son impact laïcisant, posait un véritable problème aux islamistes, qui la considéraient comme menaçant leur propre conquête, et l'hégémonie obscurantiste tant souhaitée.

Anas fût alors voué aux gémonies de ces groupes radicaux qui ont eu recours aux menaces dans leurs organes de presse, à l'humiliation, puis à l'agression physique.

Anas Jazouli et sa famille n'eurent d'autre choix que de se réfugier dans un pays capable de le protéger : La France.

Depuis le mois de mars 2003, la famille Jazouli jouit de la protection de la France, et en est reconnaissante. Les époux Jazouli, dont le plus jeune des deux enfants est né France éduquent ceux-ci dans l'esprit et l'amour de leur patrie d'adoption, et conformément à la devise Républicaine, Liberté, Egalité, Fraternité.

La dernière circulaire concernant l'immigration met malheureusement un terme à cette protection, et par conséquent expose toute la famille à la vindicte islamiste qui ne manquera pas de se manifester dès lors que la famille Jazouli aura regagné le Maroc.

Enjeux

Connaissant personnellement Anas Jazouli, je puis affirmer qu'il est déterminé dans sa démarche. Il m'a personnellement confié avec beaucoup d'émotion, le mardi 26 septembre 2006, qu'un échec le conduirait à s'éliminer afin que le gouvernement protège ses enfants, dont l'avenir est menacé par les islamistes.

Par ailleurs, au moment où j'écrits ces quelques lignes, Anas est physiquement très fragilisé. Etant donnée sa faible constitution, il puise certainement dans ses ultimes réserves. Il paraît évident qu'il lui reste peu de temps avant de devoir être hospitalisé.

Enfin, les enfants Jazouli dès à présent souffrent de la situation ambiguë de leurs parents et à l'évidence, ils souffriront de l'impact que laissera ce passage dans leur vie. Ayant reçu une éducation française, comment pourraient-ils, si l'expulsion était confirmée, intégrer un pays dont ils ne sont ni issus, ni voyageurs réguliers ?

Si la France, à juste titre ne peut accueillir qu'un nombre restreint d'immigrés, elle se doit, tenant compte du nombre sans cesse croissant de candidats à l'immigration, mettre en place des critères de sélection promouvant celles et ceux qui ont une capacité à augmenter les richesses scientifiques, culturelles et philosophiques de notre pays. Quoi de plus normal, lorsque l'on dirige un pays, que de tout mettre en oeuvre pour qu'il ait le rayonnement le plus éclatant possible ?

C'est précisément là où se situe la frontière entre l'idée d'une France qui perd, et celle d'une France qui gagne. Je propose de soutenir la seconde France, qui est en réalité la première, celle qui est calibrée par la République pour adopter des Anas Jazouli et pour accueillir ses progénitures.

Le temps d'Anas est compté. Le 27 septembre au matin, il a dû être mis sous perfusion. Il ira jusqu'au bout, avec toutes les conséquences que cela engendrerait s'il venait à décéder, pour sa famille et plus généralement pour la devise républicaine.

Soutiens actuels

Un comité s'est organisé pour piloter les actions de soutien à Anas Jazouli. Il comprend les associations RESF - Réseau d'Education Sans Frontières -, UFAL - Union des Familles Laïques -, des élus de Seine et Marne, ainsi que des citoyens de toute la France et des habitants de la ville de Montereau.

Un site Web est ouvert depuis peu. Il permet de signer la pétition de soutien ainsi que d'entrer en relation avec le collectif.

Que peut apporter Anas à la France ?

Anas dispose de nombreux bagages, d'expériences et d'une volonté qui lui permettent de participer à la construction de l'idéal républicain incarné par la France. Construction qui nécessite l'effort des plus audacieux.

L'audace, Anas la détient ! Son passé d'entrepreneur est exemplaire. Il témoigne des capacités d'Anas à produire des richesses tout en contribuant à la solidification des principes qui nous unissent. Il est aujourd'hui prêt à en faire profiter la communauté nationale.

En parallèle de son activité professionnelle, Anas n'a cessé de contribuer à circonscrire les violences et dérives dans les zones dites sensibles grâce à un travail d'éducation, et parfois d'orientation.

Son expertise des questions de violences dans les banlieues participe à l'effort de pacification nécessaire et prioritaire. Cette connaissance du terrain, alliée à la capacité de dialogue serein en milieux difficile fait d'Anas un potentiel fort que la République gagnerait à exploiter.

Par ailleurs, Anas est Docteur en Mathématiques, multipliant ainsi largement ses chances de trouver du travail, ou d'en créer - ce qui l'intéresse le plus -.

Anas est en définitive un investissement sûr pour la France. De part sa formation, sa culture, son expertise dans des questions aussi délicates que celles des violences urbaines ou enfin de part sa capacité et sa motivation à créer de l'emploi, sa place est parmi nous en France et de manière régulière.

Pour libérer son énergie, Anas a besoin de savoir sa famille protégée et de se savoir libre d'agir en tant que tout citoyen désireux de s'investir dans la construction de la France de demain.

Kebir Jbil

3.2 - Anas El Jazouli, hospitalisé d'urgence le 07 octobre malgré son état continue sa grêve de la faim !

Anas El Jazouli militant laïque marocain réfugié en France pour fuir une fatwa lancée par des intégristes islamistes se trouve toujours aujourd'hui sous le coup d'une invitation à quitter le territoire.

Le retour au Maroc signifiant une mort certaine, Anas El Jazouli a décidé depuis plus de 30 jours une grève de la faim qui aujourd'hui après plus de 26 kilos perdus met ses jours en périls. Enormément diminué physiquement, Anas El Jazouli a été hospitalisé d'urgence samedi 07 octobre.

Nous ne pouvons supporter ni le mutisme des autorités face à ce dossier ni les déclarations médiatiques contradictoires du Maire de Montereau et nous nous demandons qui a intérêt à laisser mourir ainsi un militant laïque.

Nous appelons avec force et vigueur les autorités française à faire preuve d'humanisme conformément aux principes républicains en choisissant de garder sur notre territoire ce militants des droits de l"homme en lui permettant d'obtenir les papiers afin de lui permettre de vivre libre dans notre République.

Nicolas Pomiès Pour l'UFAL de Seine et Marne

3.3 - Paris, Rennes, Montpellier : les Maires Socialiste anticipent le Rapport "Machelon"

Pendant que Bertrand Delanoë contorsionne son cerveau pour tenter de contourner la loi de 1905 afin de financer ( pour 10 millions d'euros, terrain offert en sus) la construction d'une mosquée déguisée en institut des cultures musulmanes ( Marianne du 30/09), Edmond Hervé inaugure un centre culturel islamique entièrement payé par la commune ( 1 million d'euros , terrain offert en sus) tout en affirmant qu'il était normal que les religions aient (son) soutien et (sa) participation ( sic !!!), et Georges Frèche se fait renvoyer dans les cordes ( pas assez malin , sans doute . . .) par le Tribunal Administratif de Montpellier qui annule sa subvention du 28 /01 / 02 destinée à appuyer l'édification d'une mosquée insuffisamment masquée . . .

Les impôts locaux et territoriaux doivent-ils servir à construire et entretenir, aujourd'hui, les mosquées (et annexes coraniques d'enseignement et d'action sociale) . . . et demain les églises ( catholiques, presbytériennes, orthodoxes . . . et autres ), les temples (solaires ou non), les pagodes . . . ou tout autre lieu de culte païen qui renaîtrait de ses cendres ? . . .

Les impôts locaux et territoriaux doivent-ils satisfaire les intérêts de certains (que ces certains soient religieux, idéologiques ou mercantiles) au détriment de l'intérêt de tous ?. . .

Les impôts locaux et territoriaux doivent-ils permettre l'émergence d'espaces privés (appelés lieux de culte, ou de culture ou de rencontres au gré des turpitudes inventées pour détourner le loi générale.) où va s'exercer la loi d'une communauté et s'épanouir un prosélytisme aliénant ?. . .

Les impôts locaux et territoriaux ne sont-ils pas suffisamment pesants, et les besoins de nos populations dans leur ensemble suffisamment criants en tous domaines pour ne pas les augmenter encore avec une charge indue et illégale ?. . .

Quels hypocrites que ces élus qui crient un peu partout que les communes sont étranglées et qui votent des crédits exorbitants pour des projets que la loi de 1905 interdit !!!!

La religion n'est pas un service public écrit fort justement Henri Péna-Ruiz... et, à ce titre, si la loi prévoit qu'elle peut s'exercer librement et en toute sécurité, c'est en elle qu'elle doit trouver les moyens de le faire .

En elle et en ses fidèles, seuls !

Je veux l'Etat chez lui, et l'Eglise chez elle disait déjà Victor Hugo.... Et la loi de 1905 précise : la République ne reconnaît aucun culte, elle n'en salarie ni ne subventionne aucun .

Et c'est justement cet article 2 que le rapport Machelon (commandé par le ministre de l'intérieur et des cultes) préconise de supprimer...pour faire ainsi rentrer, par le biais financier, les églises dans un espace public d'où la loi les avait chassées .

Et c'est justement cet article 2 que les élus socialistes ( dans leur majorité)s'évertuent à contourner ( Ah ! les vertus culturelles d'une école coranique !!!) pour préparer son effacement et pour dilapider l'argent public, espérant ainsi se ménager une clientèle électorale...

Si nous n'y prenons pas garde, si nous ne réagissons pas, une fois les élections passées, (et quel qu'en soit le vainqueur) nous allons voir surgir - sous la pression des églises rassemblées : catholique, protestante, musulmane et autres - des demandes réitérées et agressives de suppression de la loi de 1905 (car gommer son article 2 c'est l'effacer en entier), demandes s'appuyant et sur le rapport établi et sur la pratique quotidienne des élus de tous bords .

Par delà le caractère illégitime qui consisterait à attribuer l'argent de tous à simplement quelques-uns, cela permettrait la mise en place de structures communautaristes où les modes d'organisation et de fonctionnement interne s'imposeraient à la loi générale et enfermeraient les individus dans un espace clos, coupé de l'espace public où s'exprime l'intérêt collectif. Mosaïque d'ensembles fermés et repliés sur eux-mêmes, l'espace social deviendrait le lieu de la concurrence et de l'affrontement entre eux sans que ne puisse s'exprimer l'unité nécessaire au combat politique et social . Vision extrême,... voire !

Car cette société-là - à l'opposé de l'espace sociétal et politique laïque et uni : la République est une parce qu'elle est de tous - est ,en fait, celle que nous promet l'Europe politique qui se met en place, déstructurant aussi bien la réalité de la Nation que l'unité de la société de chacune de ces nations. Ce n'est pas par hasard que les deux partis de gouvernement (et leurs candidats potentiels) ont appelé au oui en mai 2005 .

A nous de nous unir et de résister.

3.4 - Laïcité halal : Georges Sarre rompt le jeûne du Ramadan dans une église

Une semaine après que Bertrand Delanoë ait fêté le Ramadan au stade Charléty, Georges Sarre a ajouté son nom à la liste des artisans d'une laïcité halal. Le maire du 11e arrondissement de Paris a fait, le 7 octobre, une visite au repas d'Iftar, la rupture du jeûne du Ramadan, organisé par le collectif Vivre ensemble dans la crypte de l'église Notre Dame de la Croix de Ménilmontant. Quelques lampées de chorba (délicieuse) et voilà la réunion oecuménique adoubée par un élu.

Musulmans et chrétiens se sont retrouvés dans cette église du 20e arrondissement autour d'un bon repas dans une ambiance fraternelle avec le soutien de la Ville de Paris, et pour un prix très bas : 5 euros. La religion était certes présente mais pas au point que les convives, pendant les louanges à Allah prononcées par un chanteur syrien, cessent de bavarder et délaissent salade, accras de poulet et lait fermenté pour mieux se consacrer à Allah. Rien à voir donc avec la religiosité compulsionnelle observée dans les gigantesques rassemblements de l'Union des Organisations Islamiques de France au Bourget.

Bien que Georges Sarre cultive une image de champion de la laïcité, on ne saurait être trop surpris de son implication complaisante envers le Ramadan : le très antilaïque Conseil Français du Culte Musulman doit son existence aux efforts importants ménagés dès 1999 par Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'Intérieur et aujourd'hui Président d'honneur du Mouvement Républicain et Citoyen dont Georges Sarre est le Premier secrétaire. Sa participation à la rupture du jeûne s'inscrit dans la même stratégie de pacte entre l'Etat et des cultes qu'on espère amadouer. Cette venue apporte une confusion regrettable après des positionnements réellement laïques tels que sa protestation contre l'attribution du nom de Jean-Paul II à la place de la cathédrale Notre Dame à Paris et le soutien apporté par le MRC à Robert Redeker, menacé de mort par quelques tarés alimentés au Coran continu.

Jocelyn Bézecourt www.atheisme.org

3.5 - Défendre la laïcité à la Réunion

Message envoyé de l'île de la Réunion, où depuis quelques années je vois apparaître des femmes intégralement voilées, sauf les yeux, des femmes jeunes pour la plupart, où beaucoup d'enfants sont endoctrinés dans les écoles coraniques à apprendre par coeur, sans aucune critique, le Coran ; la Réunion où les communautarismes s'appuient sur le mythe de la "tolérance" ; où les différentes religions - christianisme, hindouisme, islam- réclament de plus en plus fort des jours de fêtes et des passe-droit notamment au niveau des absences scolaires et universitaires (j'enseigne dans le Supérieur).

La laïcité est en danger, c'est à dire la liberté individuelle de chacun au sein de l'espace public, qui ne saurait être confondu avec l'espace privé, comme Henri Pena-Ruiz est venu à la Réunion en août 2006 le rappeler avec force.

Myriam Kissel

4 - Ne pas tolérer les offensives islamistes

4.1 - Une collégienne agressée à coups de pierre pour avoir rompu le jeûne du ramadan

L'information fait la une du Progrès de Lyon, ce samedi 7 Octobre, confirmant ce que l'UFAL savait par des parents d'élèves qui l'avaient alertée .

En p.7, un article, 3/4 de page :

" Les faits ont eu lieu mercredi 4/10/2006, des garçons ont jeté des pierres sur une adolescente de l'établissement, sous prétexte qu'elle n'observait pas le jeûne du ramadan" D'où venaient les pierres ?On ne distribue pas de pierres dans un collège,il n'y en a pas à Jean Mermoz ? Les lapideurs avaient des pierres , il y a bien eu préméditation ? " la collégienne a été blessée et très choquée... Le principal a signalé cet acte à l'inspection académique. Il a invité les familles à porter plainte, ce qui a été fait. Les deux élèves ont été exclus pour une semaine , sanction pour les autres . ... "Le principal a rassemblé tous les enseignants et les élèves, il a fait un rappel solennel à la loi. Pour lui, il s'agit de " violences de collégiens " ... Mais (suite de l'article)

" la thèse d'un acte lié au non-respect du ramadan est confirmée par le parquet de Lyon " Et à votre avis, qui va être sollicité pour donner son avis ? Azzedine Gaci, président du culte musulman, salafiste UOIF, qui va délivrer sa fatwa (pardon, son message) : " Certes, le ramadan est une obligation pour tout musulman, mais il répond à certaines règles très précises. Par exemple, sont exemptées les personnes âgées, les femmes enceintes et les femmes indisposées "

Mais PAS LES ENFANTS ? Vous avez bien lu ? Et le problème pour Azzedine Gaci ? " C'est certains jeunes qui n'ont aucune connaissance de l'islam ET il faut revoir impérativement à l'école, la façon dont l'islam est enseigné "

Vous avez bien lu : la responsabilité de l'agression, ce sont les enseignants qui enseignent mal l'islam ! ce qui veut dire que , pour Azzedine Gaci, l'islam serait BIEN mieux enseigné par des imams... comme lui, par exemple ?

Mais ce prêcheur radical UOIF semble ignorer ou fait mine d'ignorer que :

Nous ne sommes pas dans une République islamique mais dans une République LAIQUE et que les dogmes religieux n'ont RIEN à faire à l'école, pas plus que leurs rites dangereux pour des enfants en pleine formation.

Que dans une école, un collège ou un lycée, les élèves n'ont pas à être assignés à une religion selon leur origine !

Que les parents ne suivent pas forcément ces rites et ne veulent pas qu'à l'école , des élèves poussés par des éléments extérieurs, agressent leurs camarades qui ne suivent pas ces rites religieux !

Monsieur Azzedine Gaci doit rester dans sa mosquée, tout comme le curé dans son église et le rabbin dans sa synagogue !

Il est vrai que, si Hani Ramadan a l'autorisation de venir enseigner les " sciences islamiques, y compris la CHARIA à Lyon, ce défenseur de la charia prépare les pierres pour faire respecter les règles religieuses de l'islam le plus rétrograde , et ceci , à l'école PUBLIQUE !

Cette agression doit alerter les enseignants et tout le personnel des équipes éducatives : la Laïcité est en danger. Les religieux veulent mettre le grappin sur l'école ! Ils sont tous là , pour imposer leurs rites , pression sur les cours , sur l'administration , sur les enseignants pour obtenir des aménagements d'horaires , des adaptations culinaires dans les cantines ( qui créent des communautés qui s'affrontent , à l'école maternelle ) des refus de mixité ...

L'école est en DANGER. Le premier impératif serait de le reconnaître et d'analyser les causes ?

Le rapport Obin a bien ciblé tous les dangers, toutes les dérives. Mais il est resté caché pendant deux ans. Le voilà sorti, TOUS les enseignants devraient le lire ! Ainsi que nous l'avons écrit au ministre, il devrait être dans tous les établissements scolaires, dans toutes les mairies, dans tous les services publics.

Le titre du livre est " l'école face à l'obscurantisme religieux " Ce qui s'est passé dans ce collège de Lyon illustre parfaitement le livre !

A Lyon, l'agression a fortement choqué les enseignants, et les personnels des écoles. La presse ayant mis à la une l'agression de la collégienne, les gens sont scandalisés. Ils découvrent les menaces qui pèsent sur la Laïcité à l'Ecole de la République. Les Religions sont par essence prosélytes. Elles cherchent à ériger leurs rites en Loi commune, imposant un véritable régime ségrégationniste dans l'espace public. La Laïcité est garante de la paix civile et des libertés publiques et individuelles. Nous devons la défendre et la promouvoir.

Mireille Popelin

4.2 - Rassemblement contre la venue d'Hani Ramadan

LE 14 OCTOBRE A LYON 6ème à 11H

jardin public angle des rues Germain et des Charmettes, à proximité de la librairie Tawhid bus numéro 1, arrêt Alsace REGARDS DE FEMMES SERA RECUE EN PREFECTURE LE 11 OCTOBRE

La lettre-pétition adressée au Ministre de l'Intérieur pour demander l'interdiction d'entrée dans le territoire de Hani Ramadan a recueilli en 10 jours plus de 800 signatures de citoyennes et citoyens républicains, laïques et féministes, dont 3 anciennes ministres, des parlementaires, de nombreux élu-e-s de la République et responsables d'associations.

La présidente de Regards de Femmes , Michèle Vianès, et la vice-présidente, Martine Condemine, seront reçues en Préfecture du Rhône, le 11 octobre pour exposer les raisons de cette protestation citoyenne : le refus d'entrée sur le territoire de personnes qui appellent au meurtre par lapidation, et le justifient sous prétexte de rapports sexuels en dehors du mariage. L'accepter c'est encourager les extrémistes à manifester leur violence, au mépris des lois républicaines.

Le 1er cours est annoncé pour le samedi 14 octobre. Les signataires de la lettre pétition au Ministre de l'Intérieur ainsi que toutes les personnes qui refusent de tels appels au meurtre sont invitées à déposer devant la librairie Tawhid des couronnes ou fleurs en mémoire des victimes de lapidations.

Informations sur le site www.regardsdefemmes.com

Michèle Vianès Présidente de Regards de Femmes
Auteur de " Un voile sur la République " Stock, et " Les islamistes en manoeuvre Silence, on manipule "
Editions Hors Commerce

5 - débats républicains

5.1 - Indigènes, film salutaire ou propagande contre la laïcité et les valeurs de la République ? (1ère partie)

Primé à Cannes, le film Indigènes de Rachid Bouchared, avec entre autres, Jamel Debbouze, Sami Nacéri, Sami Bouajila, est depuis une quinzaine de jours sur les écrans et ne cesse d'alimenter radios et télévision. Un an après les émeutes en banlieues et 8 mois après le classement de l'article 4 de la loi du 23 février sur le rôle positif de la présence française outre-mer , ce film suscite un débat sur le traitement de notre histoire coloniale, et nationale.

Son sujet, la question des pensions des vétérans de l'Armée d'Afrique qui ont participé à la victoire contre le nazisme et sont longtemps restés dans l'ombre de l'histoire national, et de l'histoire de la seconde guerre mondiale en général. Le problème est que le film ne se suffit pas à lui-même et qu'il entend donner, par delà cette leçon d'histoire qui fait retour sur notre mémoire collective, une leçon de politique sur la question de l'immigration en France, non sans manichéisme et parti pris.

Un contexte extrêmement dramatisé qui sert la caricature

Le film sort dans un contexte extrêmement dramatisé en France. Approche de la présidentielle de 2007 en mai prochain, arrivée massive d'immigrants au sud de l'Europe dans les conditions les plus dramatiques, provocations et attentats islamistes, sans papiers....

Mais aussi sous le signe d' Indigènes de la République qui se réclament de "contribuer à l'émergence d'une expression politique et organisée de la colère des populations issues de l'immigration"( Le Monde, 13.04.06), jouant à fond la carte de la victimisation et de la caricature avec un lien direct avec les milieux islamistes qui refusent la loi de mars 2004 contre le port des signes religieux à l'école, une loi raciste selon ces pourfendeurs de la laïcité et de la France républicaine.

Indigènes fait l'effet d'une bombe aujourd'hui parce que la cocotte minute fume et que le traitement de son sujet télescope une situation de la France où s'affrontent des forces contraires, entre défense de la laïcité qui ne recouvre pas les clivages politiques traditionnels et promotion du communautarisme qui ne les recouvre pas plus. Sa reconnaissance à Cannes dont la récompense collective pour l'interprétation reconnaît le sujet du film bien plus qu'autre chose, propulse sur la scène internationale un problème franco-français qui n'est pas sans créer un malaise, que revendiquent les initiateurs de ce film.

La question du traité d'amitié franco-algérien, que Jacques Chirac espérait conclure avant la fin de son quinquennat, qui est sans cesse remis à demain, entre dans cette dimension. Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, qui fut ministre d'Ahmed Ben Bella, en à fait un enjeu intérieur, accusant, sans craindre le contresens historique, la France de "génocide". Un élément qu'on ne saurait dissocier du fait que le film bat pavillon algérien et non français.

Comme aime à le souligner par ailleurs Jamel Debbouze, il a convaincu son ami Mohammed VI, le roi du Maroc, de donner un sérieux coup de main pour la réalisation de ce film. Un film comme volontairement venu d'ailleurs, dommage.

Une critique s'impose ici sur la forme et sur le fond. Partons tout d'abord du film lui-même avant d'en venir à la question du rôle de vecteur de tout un discours de victimisation de l'immigration dont l'équipe de ce film se vante d'être porteuse autour de ce film.

Un sujet juste pour un film nécessaire

Le film tire donc de l'oubli les soldats de l'empire colonial français qui ont participé aux combats de la Seconde guerre mondiale. Film très didactique, qui avait été longuement applaudie au festival pour son vibrant plaidoyer en faveur de ces soldats quasiment rayés de la mémoire collective.

Quelque 80.000 anciens soldats coloniaux de 23 pays, qui combattirent sous l'uniforme français, sont concernés par la revalorisation des pensions. La majorité de ces hommes est originaire d'Afrique du Nord: plus de 15.000 Algériens, autant de Marocains et un peu moins de 5.000 Tunisiens. Viennent ensuite les soldats d'Afrique sub-saharienne, Sénégalais en tête (2.000), ainsi que Burkina Faso (ex-Haute Volta), Mali, Tchad, Bénin, Mauritanie... Enfin, une partie des soldats proviennent de Madagascar et d'Indochine (Vietnam, Laos, Cambodge).

Pour la petite histoire, en 2002, le gouvernement avait décidé de "décristalliser" partiellement ces pensions mais en optant, non pas pour l'égalité avec les anciens combattants français mais pour l'équité, avec un paiement calculé en fonction du niveau de vie de chaque pays. En décembre 2001, le Conseil d'Etat avait déjà condamné l'Etat français pour refus de revaloriser depuis 1959 les pensions des anciens combattants africains de l'armée française. La Cour avait alors jugé cette disposition contraire à la Convention européenne des droits de l'Homme. Ils percevront, c'est aujourd'hui acquis après que Jaques Chirac se soit dit ému par le film, exactement en euros ce que perçoivent les nationaux français". On théâtralise des deux côtés ici, que ce soit du côté de ceux qui croient avoir tout obtenu du film que de celui du Président français qui avait cette mesure dans ses cartons.

Le grand mérite du film est de souligner la participation de ces soldats des colonies comme l'exprimait Gaston Monnerville : "Sans l'Empire, la France ne serait qu'un pays libéré. Grâce à lui, elle est un pays vainqueur." Ce que le cinéma français avait jusqu'ici occulté. Un rôle qu'il n'est pas ici question de remettre en cause, mais de regarder ce qui y tord la réalité pour lui faire adopter cette figure de la dénonciation de la politique de la France vis-à-vis de son immigration en général, avec une mise en accusation qui la présente comme un pays pratiquant une politique post-coloniale sur son propre territoire, avec demande de repentance générale à la clé, amalgamant allègrement au passage peuple de France et colonialisme.

Face à l'avalanche de bons sentiments, d'hommages et de repentance suscitée, ce film est-il critiquable ? S'agit-il seulement d'un film, ou bien d'une oeuvre d' utilité publique ? Doit-on continuer à s'excuser de tous les maux de la colonisation ? Pour justifier l'examen de conscience général de la France et des Français qu'avance le film, on ne cesse de pratiquer le manichéisme le plus grossier. Tout d'abord, le film lui-même nécessite, de ce point de vue, quelques corrections de lecture.

De la sacralité à la réalité, Indigènes , une fiction comme une autre.

Benjamin Stora, historien, qui enseigne l'histoire de la colonisation française à l'Inalco ("Langues O"), a publié un livre sur les séquelles laissées par la guerre d'Algérie et la guerre du Vietnam dans la mémoire française et la mémoire américaine (Imaginaires de guerre, La Découverte, 1997). Interviewé dans le journal Le Monde du 26 septembre 2006, il livrait certaines mises au point intéressantes concernant le film Indigènes après avoir pris la précaution de le remettre dans son contexte de fiction, d'oeuvre cinématographique subjective. Tout d'abord, à propos du problème de l'enrôlement. On voit un notable indigène venir interpeller les hommes dans les villages, pour les convaincre de venir défendre la France. Et puis les volontaires montent avec enthousiasme dans des camions... Cela ne s'est pas passé comme cela partout. Il y a certes alors, au Maghreb, une tradition d'engagement dans l'armée d'Afrique, acte de promotion sociale et souci de nourrir sa famille. On obtient des avantages, une pension, on profite du passage à l'armée pour apprendre à lire et à écrire. Mais il y a aussi énormément de méfiance, de refus, de désobéissances

Par ailleurs, le film occulte quelque chose d'important : au fil de leur périple, les indigènes ont découvert la société française. De nombreux témoignages reflètent l'étonnement de ces ruraux transplantés dans un univers urbain, où ils sont beaucoup plus respectés que dans la société coloniale, très hiérarchisée ! Ils effectuent leur premier voyage hors de leur terre, se rendent comptes qu'ils sont mieux traités en métropole : ils font l'apprentissage de l'immigration. L'Algérien et futur leader nationaliste Messali Hadj raconte comment, en permission à Bordeaux, il découvre le vouvoiement de respect.

Si les indigènes en question restent victimes de discrimination sous l'uniforme, ils découvrent aussi le respect des Occidentaux. L'armée reste l'armée, avec ses codes, ses rites, son machisme, ses humiliations. C'est vrai qu'il était difficile aux Maghrébins et aux Noirs de dépasser le grade de sergent. Mais l'armée est moins bloquée, moins raciste que la société coloniale. On y reconnaît le prix du sang, on y pratique la fraternité des armes. Contrairement à une opinion répandue, on ne propulsait pas systématiquement les indigènes aux avant-postes, on créa même des régiments mixtes.

Ce que raconte Rachid Bouchareb dans Indigènes n'est pas seulement occulté dans l'histoire du colonisateur, mais aussi dans celle des Etats africains. En France, on a voulu faire silence sur les exactions de l'ordre colonial et laisser ce pan d'histoire en marge de l'histoire nationale. En Algérie, on ne voulait pas se souvenir que des Algériens s'étaient battus pour sauver la France ; l'idée de nation est fondée sur la révolte, l'indépendance. Le retour de mémoire de part et d'autre, un demi-siècle plus tard, est lié à une revendication sociale : l'égalité dans le montant des pensions, que les "indigènes" sont d'ailleurs en passe d'obtenir.

Mais ici précisément pas seulement, car les revendications autour de ce film ne se limitent pas à la question des pensions des anciens indigènes , mais interpelle la place faite à l'immigration en France avec des postulats pour le moins surprenants.

Un apprenti sorcier dangereux héros des cités

Jamel Debbouze, à 31 ans, au sommet de sa gloire, est partout : sur les affiches avec le Jamel Comedy Club, show télévisé dénicheur de talents, diffusé cet été sur Canal+ et qui poursuit sa carrière au Théâtre de Dix-Heures. Sur Fun Radio, à la télé, et dans les 500 salles qui projettent Indigènes, le film de Rachid Bouchareb, où il offre "des héros qui leur ressemblent aux gamins des cités" comme il aime à le répéter.

Mais précisément, cela lui donne une responsabilité avec laquelle il ne faut pas jouer aux apprentis sorciers ce que fait allègrement Jamel lorsqu'il dit que les immigrés en France sont parqués dans des ZUP, laissés à l'abandon, ou en disant {{ Nous, on est plus français que les fils de collabos, on ne comprend pas pourquoi il nous faudrait vivre en silence. Le mot "intégration", je déteste.. Il faut le remplacer par "banalisation". Le jour où on trouvera banal d'avoir un rebeu à Sciences Po, on aura gagné. Le film contribue à ça." (Le Monde du 26 septembre 2006) Des rebeus, il y en a déjà, ce qui compte est ailleurs, c'est de savoir si jeunes immigrés ou non de milieux populaires pourront y accéder avec les mêmes chances que ceux de la bourgeoisie. La seule référence aux Français dans son propos, c'est l'opposition entre français fils de collabos et gentils immigrés au passé sacré, provocation dont les propos outranciers rejoignent ici ceux, à l'autre extrême, de la facture d'un Le Pen. Quel déni de la réalité et quelle ignorance surtout de la situation de l'immigration en France, qui vit mélangée comme nulle part ailleurs au monde avec les nationaux, toutes couleurs ou origines confondues. C'est aussi tout ignorer du sens de l'intégration, politique qui vise au contraire de ces propos, à ce que chaque étranger voulant s'établir en France en situation régulière, plus de quatre vingt dix pour cent de l'immigration, puisse y trouver sa place non comme élément d'une communauté à part, mais de membre d'une unique communauté laïque et républicaine, avec les mêmes droits sociaux que les nationaux. Passer d'une culture à l'autre, d'un continent à l'autre, pour l'immigration sub-saharienne par exemple qui représente la part de la population d'origine immigrée qui a le plus augmenté ces trente dernières années, pour s'installer dans un pays nouveau différent sur tous les plans, cela ne s'improvise pas, il faut s'acculturer, cela ne se fait pas sans effort sur soi-même. Il ne s'agit aucunement ici comme certains le martèlent, d'y perdre son désir de conserver un lien respectable avec une origine, une identité particulière, mais en ayant conscience que ce qui nous fait tenir ensemble tient d'abord à ce que nous partageons comme droits essentiels à défendre ensemble, sans qu'une religion ou une pensée unique ne viennent nous imposer sa loi contre le libre-arbitre, la liberté de conscience, de pensée et de diffuser ses idées, contre le bien-commun.

Un combat contre la France laïque et républicaine qui se trompe de colère

Il est dommage que Jamel au lieu de jouer un rôle de liant entre société française et immigration, participe de jouer un rôle de rupture et de défiance qui ne peut profiter qu'à des Indigènes de la République qui militent pour le communautarisme, la mise à part des populations différentes au nom du respect de l'identité. Une conception des choses qui conduit en réalité déjà trop de personnes d'origine immigrée aujourd'hui à se mettre à part, au nom de la pureté d'une identité, à la division au lieu du métissage si hautement revendiqué par les mêmes, qui leur sert d'argument de vente quand ils poursuivent en fait le but contraire inspirés par un ressentiment et un esprit de revanche qui les fait se tromper de colère en menant ici un combat contre la France.

La légende dépasse la fiction du côté des raccourcis qui forcent le trait de l'héroïsme de ces soldats, et la réalité dépasse la fiction du côté de la complexité, de la réalité humaine qui est sous-jacente à cette histoire.

Indigènes est un film salutaire lorsqu'il conduit l'Etat à réparer une injustice. Mais s'il joue un rôle d'échappatoire, de souvenir-écran, qui tourne le dos aux valeurs républicaines à la faveur du droit des minorités contre la laïcité et l'intégration, les héritiers des indigènes y auront tout perdu.

(Suite dans le prochain Respublica).

Guylain Chevrier Docteur en Histoire

6 - extrême-droite catholique

6.1 - Campagne de terreur contre des juges argentins

Les juges instructeurs et les témoins des procès contre les tortionnaires reçoivent d'autres menaces.

Une vague de menaces contre des procureurs et des juges qui instruisent des procès contre les tortionnaires, des témoins qui doivent les incriminer et des défenseurs des droits humains, agite l'Argentine à un moment où des généraux à la retraite, des ex espions et civils préparent une offensive pour revendiquer la dernière dictature militaire (1976-83). Ces graves intimidations se succèdent en chaîne au moment où Julio López,, 77 ans, est toujours porté disparu. Ce maçon retraité qui a été victime de la répression et dont le témoignage fut crucial dans la récente condamnation à la prison à vie de l'ex directeur d'investigations, Miguel Etchecolatz.

Le président Néstor Kirchner a reçu la famille de Julio López, qui s'accroche à l'espoir qu'il se soit caché par crainte des représailles. "S'il nous écoute, qu'il sache que nous le cherchons", a déclaré son fils. Toutefois, 17 jours après sa disparition, la possibilité qu'il se soit caché temporairement est écartée. "Sa mort est une théorie soutenable", a affirmé Marta Vedio, dirigeante de l'Assemblée Permanente pour les Droits Humains (APDH). Le cas López n'a pas de précédents dans l'histoire de ce pays depuis que la démocratie a été instaurée et installe encore une fois la mémoire de ce qui est arrivé il y a 30 ans.

Le sujet des droits de l'homme est retourné au premier plan depuis que les lois d'impunité ont été annulées et que les procès contre plus de 200 fonctionnaires, policiers et ex agents d'espionnage ont été accélérés. Outre Etchecolatz, Julian dit le turc , un bourreau très connu a été déjà condamné. Kirchner a transformé la lutte contre l'impunité en un de ses principaux drapeaux politiques. Ses adversaires pensent qu'il a choisi cette cause par opportunisme. Ce qui est certain c'est qu'au milieu des procès, les nostalgiques de la dictature ont formé le groupe Argentins pour la Mémoire Complète, qui lève les drapeaux du terrorisme étatique, en assurant que les militaires ont sauvé à la société de la menace marxiste.

Le collectif dispose du soutien de militaires retraités et est dirigée par Karina Mújica, une ex maîtresse du lieutenant Alfredo Astiz (un des symboles de la répression militaire) et qui a été surprise par une caméra cachée pendant qu'elle exerçait la prostitution pour clients de luxe. Le groupe de nostalgiques a convoqué à une nouvelle manifestation pour le souvenir des militaires assassinés par la guérilla et pou rejeter les nouveaux procès. "Il n'y a pas inquiétude militaire, mais bien une guerre de messages électroniques et une action psychologique", a reconnu le chef de l'Armée, le général Roberto Bendini. À son avis, "il est logique qu'il y ait une préoccupation chez les gens" qui sont mêlés à des causes criminelles. "Mais les militaires (en active) ont d'autres priorités", a-t-il assuré au quotidien Clarín. Cependant, les suites de la dictature ont ouvert un front de conflit entre le Gouvernement argentin et une Église Catholique qui a été critiqué par sa complaisance envers la répression militaire.

Réaction de l'église

Le porte-parole de l'archevêque de Buenos Aires, le prêtre Guillermo Marcó, a déclaré qu'un président de l'Argentine qui "favorise une certaine division" finit par être "dangereux pour tous". Marcó a demandé à Kirchner "de cesser de lever le doigt accusateur".

Suzy Candido Pour la Traduction

Source : El Periódico de Catalunya du 5/10/06

7 - santé

7.1 - Quatrième rencontre nationale - Etats Généraux de l'Assurance Maladie

Samedi 21 et dimanche 22 Octobre 2006 Bourse départementale du travail, 1 Place de la Libération à Bobigny(93)

A quelques mois d'échéances électorales importantes, vont se tenir les prochaines rencontres nationales des EGSAM, qui font suite aux multiples rencontres régionales. Cette assemblée aura pour objectif de faire que le projet de Manifeste anti-libéral que nous allons adopter, s'invite fortement dans la campagne électorale, s'imposant aux partis et aux candidats, comme une référence pour une politique alternative de santé en France. Nous aurons à nous déterminer pendant ces deux jours, sur le niveau et le type de mobilisation pour y parvenir.

PROGRAMME DES 21 et 22 OCTOBRE

Samedi 21-10-2006

Dimanche 22-10-2006

Liste des ateliers

Disposant de 4 salles, nous proposons les ateliers suivants qui s'adossent au texte mis en débat :

Ateliers sur une demie journée

Ateliers sur la journée

Bernard Teper

Lucette Guibert

7.2 - L'ex-directeur de la CPAM de Nantes, Claude Frémont, règle ses comptes dans "Adieu sécu"

PARIS, 29 septembre 2006 (APM) - L'ex-directeur de la caisse primaire d'assurance maladie de Nantes, Claude Frémont, qui quitte ses fonctions vendredi, règle ses comptes vis-à-vis de sa hiérarchie dans un livre à paraître le 5 octobre, intitulé "Adieu sécu".

Claude Frémont, 63 ans, a démissionné de ses fonctions de directeur en mars, avec effet au 30 septembre, après une carrière de 31 ans l'ayant fait gravir tous les échelons de la sécurité sociale (cf dépêche APM HMJCH003).

Il raconte dans son livre à la fois les actions qui l'ont fait connaître auprès des médias et du grand public et surnommé "zorro", "Lucky Luke" ou "chevalier blanc" de la sécurité sociale et exprime surtout sa déception vis-à-vis de l'orientation prise par l'assurance maladie.

Il se dit déçu de quitter la Sécurité sociale. "Je ne quitte pas la sécu, la sécu m'a quitté", écrit-il d'emblée. "Je pars en claquant la porte parce que j'en ai ma claque". Il est en désaccord avec la politique menée depuis 2004 et estime que les dirigeants de la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) lui reprochent d'avoir fait parler de lui et de ne pas s'être coulé dans le moule, qui prescrit d'en "faire aussi peu que possible".

Claude Frémont estime que la réforme de l'assurance maladie de 2004 est "en trompe l'oeil" et se fait "sur le dos des assurés" avec son parcours de soins "labyrinthe" et ses tarifs médicaux "usine à gaz". En revanche, la CSMF sort gagnante de la nouvelle convention et la "responsabilisation" est devenue un mot vide de sens. "La réforme Douste-Blazy-Xavier Bertrand responsabilise les patients en diminuant leurs prestations. Elle responsabilise les médecins en augmentant leurs revenus", estime-t-il.

ABANDON DU CONTROLE DES PRESTATIONS

Il est également en désaccord avec la politique de la CNAMTS qui, selon lui, abandonne le contrôle des prestations versées pour privilégier "la recherche de dialogue et de partenariat" avec les professionnels de santé.

Or, illustre son livre, c'est sur la base du contrôle des prestations qu'il a pu découvrir des fraudes: fausse prescription d'actes par un masseur-kinésithérapeute, abus de tiers payant par des pharmaciens, demandes de remboursement de soins (fictifs) effectués au Cameroun, autoprescription de psychotropes par un médecin dépendant, cures de thalassothérapie remboursées aveuglément, contrôle des prescriptions du traitement de substitution à la toxicomanie Subutex*, recours contre tiers (l'Olympique de Marseille) pour le remboursement des soins occasionnés par une blessure provoquée par un tacle lors d'un match de football, facturation abusive de consultations préanesthésiques et de consultations de psychiatres, poursuite contre les généralistes appliquant des dépassements d'honoraires début 2002 dans le cadre d'une action syndicale.

Claude Frémont se défend d'avoir cherché la célébrité. Il estime qu'il n'a fait que son métier de directeur de CPAM en récupérant des sommes indument payées par la sécurité sociale et en cherchant à faire cesser des abus, quitte à s'attirer les foudres des professionnels de santé.

A chaque fois, Claude Frémont conclut que l'assurance maladie ne se donne pas les bons moyens de mener ces opérations de contrôle et, par ailleurs, des millions sont dépensés sur des projets mal menés, comme le carnet de santé ou le dossier médical personnel (DMP). Il souligne que la dématérialisation des opérations rend désormais impossible certains contrôles et masque des fraudes. Il regrette aussi que l'échelon national ne fasse pas confiance à l'échelon local et à son expérience et préfère décider "d'en haut".

L'ex-directeur de CPAM fustige aussi le "marketing" de la CNAMTS qui demande de parler de "clients" plutôt que d'"assurés" et qui s'évertue à "vendre l'invendable et persuader les assurés, les médecins et les autres que 'c'est pourtant très simple' ".

La fermeture des Maisons de la sécurité sociale créées par la CPAM de Nantes, dans un souci de services de proximité, est pour lui emblématique du nouvel état d'esprit: on lui signifie que le nom ne convient pas.

Il écrit ainsi en se référant aux propos de la "directrice de la communication et du marketing" de la CNAMTS: "Sécurité sociale, ça fait un peu ringard (...) Ce qu'il faut promouvoir c'est la marque: Assurance maladie (...) il manque dans tout cela une 'stratégie d'enseigne'".

En 2005, un audit général demandé par le siège conclut que ces maisons "entraînent un problème global d'efficience". Ce que Claude Frémont traduit en "le service de proximité nuit à la productivité. La réduction des effectifs oblige à fermer les maisons de la sécurité sociale".

Interrogé vendredi par l'APM sur son avenir professionnel, Claude Frémont a indiqué qu'il "espère pouvoir continuer à évoluer dans le monde de la santé et de la protection sociale".

"J'ai quelques propositions que j'examine en prenant mon temps. Je vais d'abord prendre un peu de repos. Ces projets devraient se concrétiser au début de l'année prochaine"[1].

Notes

[1] (Claude Frémont "Adieu sécu", Le Cherche midi, 220 pages, 15 euros, en vente le 5 octobre)

APM News

Source : apmnews.com

8 - services publics

8.1 - Non à la privatisation de GDF

Appel unitaire des partis de gauche en soutien aux manifestations du 14 octobre

L'énergie n'est pas une marchandise comme une autre. Elle est aussi bien essentielle pour la vie humaine en ce qu'elle est indispensable à tous les gestes de la vie courante que pour la vie économique qui en dépend. L'énergie doit être soustraite à la logique de marché. Seul un grand service public de l'énergie sera un outil efficace pour répondre à la nécessité d'une politique de développement socialement et écologiquement utile.

Alors que nous rentrons dans la société post-pétrolière la question de notre indépendance énergétique est un débat d'actualité. Pour faire face à ce défi la maîtrise publique de la politique énergétique est incontournable.

Or, au mépris de leurs propres promesses, le gouvernement de droite et Nicolas Sarkozy viennent de faire voter le projet de loi de privatisation de GDF à l'Assemblée nationale au détriment du débat démocratique, de l'intérêt général de nos concitoyens et de notre indépendance énergétique.

Toute la gauche rassemblée a voté contre ce projet socialement nocif, économiquement destructeur et écologiquement dangereux. Le groupe UDF dans sa quasi-totalité et des députés UMP ont également voté contre. On le voit le débat est loin d'être clos. Le combat continue. Le texte est désormais au Sénat.

Il nous faut arrêter le processus de privatisation de GDF et faire reculer le gouvernement sur cette question comme nous l'avons fait sur le CPE

C'est pourquoi, tous ensemble, nous appelons celles et ceux qui ont à coeur ce droit fondamental à se rassembler et à exiger le retrait de ce texte.

Nous appelons à une grande mobilisation populaire pour le service public de l'énergie en participant notamment le 14 octobre 2006 à la grande journée d'action lancée par les organisations syndicales.

Le Collectif Riposte à La Droite Ce collectif comporte les onze organisations de gauche

9 - Les limites du communautarisme

9.1 - La fin de la tolérance aux Pays-Bas

Rita Verdonk, ministre hollandaise de l'intégration et de l'immigration, vient d'avancer de fort étranges propositions. Elle voudrait non seulement bannir la burqa musulmane ( longue robe qui couvre le corps de la tête aux pieds) de tous les lieux publics (pas seulement dans les écoles comme en France), mais aussi interdire aux citoyens de parler autre chose que le néerlandais dans les rues. Elle propose que les policiers reçoivent une prime de fin d'année proportionnelle au nombre de clandestins qu'ils auront réussi à arrêter. Ces idées en disent long sur le climat d'un pays qui naguère s'enorgueillissait d'être le plus libéral et le plus tolérant du monde. Rita Verdonk, bien qu'elle n'ait pas réussi à prendre la tête de son parti conservateur, le VVD, reste l'une des figures politiques les plus populaires aux Pays-Bas.

Qu'est-il donc advenu de la célèbre tolérance hollandaise ? Comment expliquer que 51 % de la population hollandaise ait une mauvaise opinion des musulmans, chiffre bien supérieur à ceux de la France ou de la Grande-Bretagne ? La panique a quelque chose à voir là-dedans. Les Hollandais étaient tellement certains que leur modèle multiculturel fonctionnait, et si fiers d'être les champions du monde de la tolérance ! Des musulmans posaient peut-être des problèmes ailleurs, mais sûrement pas dans Amsterdam la libertine. Et puis, lorsque certains musulmans épousèrent l'idée d'une révolution religieuse par la violence, et que l'un d'entre eux assassina le cinéaste Theo Van Gogh, le modèle hollandais apparut franchement en faillite. A l'évidence, pour quelques musulmans au moins, le multiculturalisme n'avait pas fonctionné.

Cette révélation froissa l'orgueil national : soudain, il n'y avait plus d'exception néerlandaise. L'enchaînement fatal entre l'extrémisme religieux du Moyen-Orient et le mal-être des immigrés d'Europe venait désormais de se forger dans les banlieues d'Amsterdam. Et le plus vexant c'était que les Hollandais eux-mêmes venaient à peine de se libérer des contraintes religieuses et sociales.

La culture laïque - avec sexe, drogue et rock and roll - n'est apparue que dans les années 1960. Jusqu'alors, la société hollandaise était encore organisée selon des critères religieux assez stricts. La plupart des gens votaient pour des partis religieux, envoyaient leurs enfants dans des écoles religieuses subventionnées par l'Etat, jouaient au football dans des clubs catholiques ou protestants et ainsi de suite. Bien sûr, le christianisme hollandais ne versait pas dans l'extrémisme violent, mais avant la seconde guerre mondiale, les mariages entre catholiques et protestants étaient sans doute plus rares que ne le sont aujourd'hui les mariages mixtes avec des musulmans.

Aux Pays-Bas, contrairement à la France ou à l'Allemagne, il n'y a pas de tradition de l'extrême droite. Le fascisme n'y a jamais fait recette, et par conséquent la violence politique a été rare. Ce qui distinguait le populiste hollandais Pim Fortuyn d'un Jean-Marie Le Pen ou d'un Jörg Haider, c'était qu'il reprochait aux émigrés musulmans de miner le consensus libéral en faveur de l'émancipation des femmes et des droits des homosexuels. Ce libéralisme laïque si chèrement conquis depuis les années 1960 était devenu une sorte d'identité nationale que ces "étrangers" musulmans essayaient de détruire. La solution qu'apportait Fortuyn, pourtant, n'était nullement libérale. Il envisageait, un peu comme Verdonk, une Hollande provinciale, mono-culturelle et mono-ethnique, qui en réalité n'a jamais existé, et n'existera certainement jamais.

En comparaison avec d'autres pays, y compris en Europe de l'Ouest, les Pays-Bas possèdent effectivement une tradition de tolérance. Descartes y a trouvé asile, les juifs espagnols et portugais, aussi bien que les huguenots français, s'y sont réfugiés. Mais la tolérance n'est pas la même chose que l'esprit cosmopolite. Paris et Londres sont depuis longtemps des villes cosmopolites, ce qui n'est pas le cas d'Amsterdam. Qui dit tolérance dit souvent indifférence.

CLUB PRIVÉ

En Hollande, l'immigré a du mal à se sentir un citoyen comme les autres, parce que la société ressemble un peu à un club privé. Ce club national a ses règles de conduite, ses codes, tacitement compris par tous les membres, ses enthousiasmes nationaux (le football), son monarchisme sentimental, et cette convivialité partagée connue en néerlandais sous le vocable de gezelligheid. On peut faire partager à un invité un peu de cette chaleureuse gezelligheid, mais un émigré s'en sentira rapidement exclu.

La différence avec le républicanisme français, c'est que tout ceci est culturel, implicite, et n'est pas codifié par la loi. En théorie, chaque citoyen français trouve sa place dans la République. Il est beaucoup plus difficile pour un citoyen hollandais d'origine étrangère d'être accepté comme membre du club. Ce qui n'excuse en rien l'extrémisme religieux, et encore moins l'apologie de la violence. Mais cela aide à expliquer qu'un jeune Hollandais d'origine marocaine qui a fréquenté l'école hollandaise, qui a des amitiés féminines hollandaises, qui boit de la bière hollandaise, puisse tout de même se sentir exclu. Et, dans le cas de l'assassin de Theo Van Gogh, puisse céder aux sirènes d'une forme de purisme islamique qui n'offre pas seulement des idéaux politiques, mais aussi une identité alternative préfabriquée.

Il n'y a pas grand-chose qu'on puisse faire, lorsqu'un jeune homme a décidé de tuer et de mourir dans une guerre sainte. Ces personnes-là sont au-delà de la raison. Mais, pour rendre moins attrayante la violence révolutionnaire, il est essentiel de tout faire pour que les musulmans européens se sentent acceptés comme citoyens de leurs nations respectives. C'est vrai, certains hommes originaires de villages du Maroc ou d'Anatolie ne traitent pas leurs femmes d'une façon qu'approuvent les Européens modernes. Et les idées de nombreux musulmans sur l'homosexualité ne coïncident pas avec la majorité de l'opinion européenne actuelle. Tout cela doit être accessible à la critique. Les immigrés doivent apprendre que les lois qui protègent leur liberté de penser protègent aussi la liberté des autres de critiquer et même de ridiculiser leurs croyances.

Asséner aux musulmans européens que leur religion est rétrograde et leur culture inférieure n'est pas la meilleure façon de leur faire sentir qu'ils sont chez eux. Les Hollandais, comme beaucoup d'Européens, voient encore l'intégration en termes de culture, au lieu de l'envisager en termes de lois et d'institutions. Le meilleur du multiculturalisme peut encore être sauvé. A condition d'aller au-delà de la tolérance et d'accepter le vrai cosmopolitisme.

Ian Burma essayiste, enseigne au Bard College (Etats-Unis).

9.2 - Le débat britannique sur le voile s'enflamme

Le ministre chargé des relations avec le Parlement, Jack Straw, s'est prononcé contre le port du voile par les musulmanes.

ANCIEN ministre des Affaires étrangères et personnalité de premier plan du parti travailliste, Jack Straw est député de Blackburn, une ville du nord-ouest de l'Angleterre dont la population compte de 25 à 30 % de musulmans. C'est en s'entretenant avec ses administrées musulmanes, dont certaines avaient revêtu le niqab, le voile intégral couvrant le visage à l'exception des yeux, que Jack Straw aurait décidé de lancer un débat calme et mesuré sur la question.

Le ministre a rédigé une tribune dans son quotidien local, le Lancashire Telegraph, dans laquelle il a confié demander aux musulmanes voilées venues l'entretenir d'un problème de retirer leur voile. Je leur explique que je pense que notre conversation aurait plus de valeur si la dame ôtait le voile de son visage , a-t-il expliqué en insistant sur le fait qu'il ne s'agissait que d'une suggestion et qu'il respectait complètement le droit d'une femme à se présenter voilée. Mais je ne peux me souvenir d'un seul cas où la lady en question aurait refusé de lever son voile , a-t-il ajouté.

Pour Jack Straw, le voile intégral accentue la division entre les communautés, dans la mesure où il s'agit d'un geste tellement visible de séparation. Nous sommes capables de communiquer avec des personnes que nous ne connaissons pas en lisant les expressions de leur visage, et si vous ne pouvez voir leur visage, une certaine séparation s'ensuit , a-t-il estimé. Dans une interview pour la BBC, le ministre est même allé plus loin en reconnaissant qu'à tout prendre il préférerait qu'il n'y ait pas de voile du tout .

Le débat espéré a très vite tourné à la polémique. Le président de la commission musulmane britannique des droits de l'homme, Massoud Shadjareh, s'est indigné que quelqu'un d'aussi expérimenté que Jack Straw ne réalise pas que le travail d'un élu est de représenter les intérêts de sa circonscription et non de procéder à une discrimination sélective sur la base de la religion .

Hamid Quereshi, le président du conseil des mosquées du Lancashire, avec lequel Jack Straw entretient normalement de bonnes relations, a lui aussi protesté. De quoi s'inquiète-t-il vraiment ? S'il s'agit d'inquiétudes sur la cohésion des communautés, il se trompe. Nous réalisons des milliers de projets ensemble , a-t-il dit.

Mais d'autres représentants de la communauté musulmane, qui représente 1,6 million de personnes au Royaume-Uni (2,8 % de la population), la plupart originaires du Pakistan, du Bangladesh et de l'Inde, ont été moins vigoureux. Le conseil des musulmans de Grande-Bretagne, l'une des principales organisations, a dit comprendre que le voile crée un malaise chez les non-musulmans , alors que la baronne Uddin, membre de la Chambre des lords et également musulmane, a réclamé elle aussi un débat mesuré .

Appel à la vigilance

Dans un pays traditionnellement tolérant vis-à-vis des différences culturelles et religieuses, les attentats du 7 juillet 2005 ont, au-delà de l'horreur de l'acte (56 morts), révélé un malaise. Les quatre auteurs des attentats étaient tous britanniques, musulmans élevés en Grande-Bretagne, apparemment bien intégrés.

Depuis, la communauté musulmane se plaint d'être stigmatisée. La semaine dernière, les propos du ministre de l'Intérieur John Reid avaient déjà provoqué de vives réactions. S'adressant à un auditoire musulman, il s'en était pris aux délinquants musulmans et avait appelé les parents musulmans à rester vigilants face à l'attitude de leurs enfants.

Un porte-parole de Downing Street est resté prudent, se contentant d'insister sur le fait que Jack Straw exprimait des opinions personnelles .

Sonia Stolper

10 - néo-libéralisme

10.1 - Dix ans...

Le 1er octobre 1996, Genève et son université. Une longue table avec sept magistrats alignés. Nous étions contents d'avoir mené cette histoire à son terme. Je me souviens des sourires d'Isabelle Solal, l'attachée de presse et de Laurent Beccaria, alors éditeur chez Stock, devant la liste des journalistes voulant une accréditation qui ne cessait de s'allonger. L'initiative était privée, la maison d'édition invitait. Mon dernier livre (1), avait fait un carton et le suivant était lancé ce jour-là. A aucun moment un gouvernement, un Parlement ou une Commission, fut-elle européenne, ne s'en étaient mêlés. On nous prenait alors avec des pincettes. Des esprits peu éclairés craignaient une République des juges. On nous reprochait de vouloir faire du commerce avec des idées... Votre appel de Genève, c'est de la bonne publicité, non ? Les piles de livres bleus, posées à l'entrée de la salle, diminuaient à mesure que les gens entraient et sortaient. Sept longs entretiens, une préface, quelques réflexions... Un appel lancé à la face du monde et des hommes politiques, tous autistes au malaise ambiant. Le titre du bouquin La justice ou le chaos sonnait comme un ultimatum. Il suggérait l'idée que sans justice, et plus particulièrement sans justice financière, nos sociétés occidentales allaient entrer dans une période de dérèglement général pouvant mener à la barbarie.

L'appel de Genève a produit un sacré coup de tonnerre. Chaque année, telle une bombe douce à déflagration imprévisible, on en célèbre l'anniversaire. Il y a eu des tas d'appels suite au nôtre. Appels des putes, des petits maires, des économistes anti-libéraux, des téléspectateurs en colère.... Il y a même eu un contre-appel de Genève à l'initiative de tous ces avocats parisiens qui défendaient alors le portefeuille de leurs clients inculpés dans des affaires de corruption (2). La Compagnie générale des Eaux, la Lyonnaise, la Cogédim ou Alcatel faisaient les titres des journaux... Ces sociétés utilisaient des intermédiaires comme Michel Reyt, Gérard Monate, Jean Claude Méry, ou Michel et Chantal Pacary qui aidaient à financer les partis via d'obscurs réseaux internationaux. Lampistes parmi les lampistes... Qui s'en souvient? Comme dans la novlangue de George Orwell, les sigles et le nom des hommes rappelant cette sale époque sont en voie d'effacement. Le RPR, le PR, le CDS, tous ces partis impliqués dans les scandales d'alors semblent avoir disparu du vocabulaire. Leurs leaders, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Pierre Méhaignerie, Gérard Longuet ou François Bayrou pour en citer quelques uns, on pris ou vont tenter prendre le pouvoir sous de nouvelles bannières. En face, le parti socialiste n'était pas non plus un modèle de vertu et de compréhension du phénomène d'émancipation judiciaire. Jean Pierre Destrade, Gérard Peybernes, Henri Emmanuelli, Pierre Moscovici... Autant d'intermédiaires ou de trésoriers de partis empêtrés dans ce qui faisait le quotidien des journaux... Ce passé-là à été comme gommé. Le RPR c'était quoi ? Un groupe de rap ? L'appel de Genève vient de cette époque troublée.

Les juges avaient le tort de vouloir comprendre qui achetait les décisions politiques, qui donnait les autorisations dans les partis, qui se cachaient derrière les fiduciaires suisses ou les off shore panaméennes? On les en empêchaient. L'appareil judiciaire les muselaient. Les commissions rogatoires internationales, quand elles étaient lancées, mettaient un temps fou à revenir. Parfois deux années avec la Suisse, beaucoup plus avec d'autres pays. Les recours incessants tuaient les procédures. Les corrupteurs habiles utilisant les bons réseaux ne pouvaient pas être inquiétés. Partout en Europe, les mêmes blocages sabordaient les efforts des rares magistrats qui croyaient encore un peu à une égalité de traitement face à la justice. Dès qu'un circuit financier passait une frontière, l'affaire était pliée. Quand il empruntait un paradis fiscal, ce n'était même plus la peine d'y penser. Le problème posé devenait crucial... La politique était discréditée, la justice gadgétisée, les démocraties montraient d'inquiétants signes de porosité et de dérives. Rien n'avançait. L'appel de Genève allait lancer une mode. Les grands débuts de la citoyenneté. On ne savait pas. Dix ans déjà. Autant dire, une petite éternité.

Le Parlement européen s'apprête à célébrer cet anniversaire. Malgré mon implication dans cette initiative, je n'ai pas été convié à la fête. Les affaires Clearstream sont sans doute venues brouiller les cartes. Déjà, à l'époque de l'appel, ma parole, plus libre que celle des magistrats, incommodait certains édiles. Je m'exprimais dans un français correct mais on me reprochait d'y aller trop fort dans mes mises en cause. On expliquait que des types comme moi, trop pressés à mettre en cause les Institutions et leurs garants, faisaient grimper le Front national. Je ne jouais pas le jeu des médias. On craignait que j'aille trop loin dans l'interprétation politique et économique du phénomène dénoncé par l'appel. Globalement, la France était un pays corrompu, mais il ne fallait pas l'exprimer ainsi. L'histoire et les annales judiciaires m'ont tristement donné raison. Je n'ai aucune amertume, aucun regret. Je suis sans doute plus lucide aujourd'hui que je ne l'étais alors. Je n'ai jamais cessé de chercher des solutions aux problèmes posés par l'appel de Genève. J'aurais pu m'engager en politique, on m'y a souvent invité. J'aurais pu me policer pour entrer dans le moule médiatique. J'aurais pu laisser tomber. J'ai choisi une autre voie.

Le 30 septembre 1996, le scepticisme était total. La presse française avait été lente à réagir, puis s'y était mise. CNN avait parlé de notre initiative, les médias russes et japonais également, des journaux suisses, belges et italiens avaient fait leur manchette sur l'événement. Des juges européens s'élèvent contre la corruption... On avait même eu droit à une Marche du siècle spéciale. Jean Marie Cavada n'était pas encore député européen (3). Il doit se souvenir de notre engueulade quand il a appris que les juges passaient quelques jours avant son émission au vingt heures de France 2 et brisait son exclusivité... Sur l'estrade de l'université, juste avant de se lancer, pour calmer les esprits, Renaud Van Ruymbeke s'était mis au piano. Rachmaninov, je crois. On écoutait bouche bée.

J'avais fait le forcing pour trouver un juge luxembourgeois d'accord pour signer l'appel, j'avais presque réussi à en convaincre un mais finalement il avait renoncé. La peur d'être mal vu dans son petit Duché. Les magistrats allemands ne se bousculaient pas au portillon, leur pays était, paraît-il, épargné par les phénomènes de corruption. L'affaire récente de corruption chez Ikéa ou les mises en cause incessantes du chancelier Kohl : on voit ce qu'il en est advenu... Il n'y avait pas de magistrats anglais parce que le système judicaire britannique est trop différent des nôtres. Londres est quasiment devenu un centre off shore, trop inaccessible aux juges étrangers.

Bertossa et Van Ruymbeke avait été les plus assidus et les plus motivés. Ils ont lancé le mouvement. Plus exactement Van Ruymbeke a dit oui à partir du moment où Bertossa y allait... Les deux magistrats travaillaient déjà ensemble et aucun ne voulait d'une initiative individuelle. L'appel de Genève devait être collectif ou ne pas être. Eric Halphen avait refusé de signer l'appel parce qu'à l'époque, il craignait qu'une apparition trop publique puisse nuire à son instruction sur les réseaux Chirac. Il pensait encore pouvoir coincer le patron du RPR et de la mairie de Paris... Le procureur général espagnol Jimenez avait été particulièrement pénible, ralentissement le mouvement en voulant chaque fois ajouter des conditionnels. On lui avait poliment mis le marché en main : Monsieur le Procureur, où vous signez ou on vous vire... Il avait fini par signer... Baltasar Garzon, le juge d'instruction madrilène qui plus tard coincera Pinochet, avait été parfait allant très loin dans la mise en cause des hommes politiques espagnols et d'un système mafieux et criminogène. C'était la première fois qu'il accordait une interview à un journaliste. On était en pleine affaire Mani Pulite en Italie... Les juges Italiens avaient de l'avance sur les autres... Berlusconi n'avait pas encore pris le pouvoir, Mitterrand venait de mourir, Michel Debré aussi. Clinton était le président américain, il y avait eu un attentat aux jeux olympiques d'Atlanta. Personne ne parlait d'Al Qaeda et le financement du terrorisme était le dernier souci de l'administration américaine. Il l'est toujours.

La version finale de l'appel de Genève a été très délicate à rédiger. J'avais commencé à écrire en mars 1996 à Rennes. J'ai expédié le texte final aux sept signataires fin août à mon retour de Milan. Après des dizaines d'aller-retours de fax avec surtout l'Espagne et l'Italie... Il fallait chaque fois traduire et retraduire. A l'époque, on n'échangeait aucun mail. Contrairement à leurs clients qui viraient déjà leurs subsides grâce à leurs computer, aucun juge ne se servait d'un ordinateur pour communiquer. Colombo et Bruti Liberati, les magistrats italiens étaient les plus lents à réagir car les plus occupés sur le terrain et Benoit Dejemeppe le procureur du Roi de Bruxelles voulait toujours qu'on ajoute des articles difficilement compréhensibles sur la fiscalité. Au début on avait appelé notre projet charte judiciaire européenne et il faisait une vingtaine de pages. On l'a beaucoup coupé, alignant une trentaine de versions avant de parvenir au plus petit dénominateur commun. Une page de 5000 signes environ. Le cri d'alarme d'une poignée de magistrats citoyens... Ils seront très vite rejoints par des milliers d'autres. En France, un magistrat sur deux a fini par signer cet appel. En Belgique aussi... En Italie, en Suisse et en Espagne, un peu moins. C'est dans ces moments-là que Van Ruymbeke a gagné ces galons de juge le plus indépendant, voire le plus irréprochable du pays... Bertossa est sorti de son anonymat tranquille, a été invité à des centaines de conférences un peu partout, est devenu, à son corps défendant, une vedette des médias... Garzon a lui aussi pris une dimension internationale...

Tous ces juges souffraient en silence du même mal. Ils étaient armés pour coincer les voleurs de poule, mais incapables d'inquiéter les voleurs de foule. L'appel partait de cet insupportable constat. Suite de l'article

11 - à lire

11.1 - Sexus Politicus, de Christophe Deloire et Christophe Dubois

A la lecture de ce livre, signé par deux journalistes du Point et du Parisien, on se dit qu'on est content de vivre en France, et pas aux Etats-Unis.

Il suffit pour cela de se souvenir de l'effrayant épisode Clinton-Monika, et du président des Etats-Unis contraint de demander pardon tous les trois jours à Dieu et au peuple américain, et de faire la comparaison avec les vies " agitées ", bien que peu cachées, des trois derniers présidents français, dont l'épisode le plus visible restera l'image des deux veuves accompagnant dans sa dernière demeure François Mitterrand, en 1996.

Loin de la bassesse des tabloïds britanniques, ce livre, tout en respectant certains secrets (que les plus curieux pourront quand même deviner) révèle la place des histoires de c½ur dans la vie politique française, depuis toujours, et encore aujourd'hui.

L'héritage de la monarchie, quand la Pompadour régnait sur la c½ur et la politique du roi, continue de se transmettre de République en République.

En France, sexe, amour et politique sont indissociables.

La séduction est plus que jamais au c½ur du système politique, et de la course à l'Elysée. La plupart des grands leaders restent obsédés par la conquête des femmes, même quand leur discours officiel s'appuie sur les valeurs morales.

Epouses, les belles font partie des stratégies présidentielles. Maîtresses (souvent des journalistes), elles peuvent faire trembler les Etat-major.

Cela ne s'arrête pas, bien sûr, aux trois derniers présidents. La plupart des députés, en semaine à Paris, le week-end dans leur circonscription, ont une double vie, et chacun le sait, le ministère de l'Intérieur d'abord.

Des enquêtes sont souvent diligentées par des services spéciaux pour savoir si telle maîtresse ne serait pas au service d'une puissance étrangère.

Jean-Paul Huchon, alors directeur de cabinet de Rocard, raconte comment un ministre fut convoqué sommé de mettre fin à une relation amoureuse avec une femme qui s'avéra auxiliaire des services secrets d'une puissance étrangère.

Des anecdotes truculentes, notamment autour d'Edgar Faure et d'Antoine Pinay, au palmarès impressionnant, sont racontées avec humour.

La similitude du fonctionnement entre Chirac et Mitterrand, leur obsession du harem, la fascination que le pouvoir politique exerce sur nombre de femmes, méritent également une réflexion approfondie.

Le décalage est grand, en tout cas, entre la lecture de cet ouvrage, et l'image pieuse donnée par les ministres et présidents de la République, au travail sept jours sur sept, qui ne prennent presque pas de vacances, sont au service des Français 24 heures sur 24, et sautent de réunions en réunions.

Rappelons-nous Hervé Gaymard qui racontait travailler 120 heures par semaine ! Heureusement pour eux, la réalité est quelque peu différente.

Les rumeurs et ragots alimentent régulièrement les campagnes électorales. En 1995, les chiraquiens avaient inondé les rédactions d'informations laissant entendre que Balladur entretenait des relations homosexuelles avec son directeur de cabinet, ce qui était faux, bien sûr.

La course à l'Elysée, en 2007, n'échappera pas à cela. Sarkozy, qui avait mis son couple en avant, dans une conception à l'américaine de la politique, fut très ébranlé par ses déboires conjugaux, et se demanda longtemps s'il pouvait affronter la présidentielle seul, ou retrouver une nouvelle compagne et officialiser la relation au plus vite. Villepin et ses services soufflèrent sur les braises et voulurent instrumentaliser les déboires conjugaux du ministre de l'Intérieur pour l'achever, quand il était à terre.

Et les femmes ? D'abord toutes ne doivent pas leur promotion aux faveurs accordées à un président de la République. Edith Cresson, première femme politique premier ministre, fut victime d'un véritable lynchage médiatique, preuve du poids du machisme dans un milieu d'hommes.

Mais plus tard, nombre de femmes issues du premier gouvernement Juppé, appelées les " jupettes ", devront davantage leur promotion à leur relation passée avec le Chef de l'Etat, qu'à la qualité de leurs états de service, et seront jetées aussi brutalement quelques mois plus tard.

Les auteurs ne se font aucune illusion, et pensent que la campagne 2007 sera féroce, et pas seulement entre la droite et la gauche. Chacun, dans son propre camp, fourbit ses armes contre le rival, sur les bases de sa vie privée. C'est la bombe atomique, chacun tient l'autre.

Par ailleurs, la vertu ne paie pas en politique, puisqu'il Lionel Jospin, décrit comme un des rares leaders à ne pas avoir de double vie, aura quand même des rumeurs sur une supposée liaison avec une actrice de premier plan. Finalement, les électeurs préfèrent des leaders gaulois, qui aiment la vie, plutôt que des austères pas drôles.

La particularité de la place de Ségolène Royal est une donnée nouvelle. Les auteurs ne doutent pas une seconde que, au-delà du débat politique, des révélations sur sa vie privée supposée ne tarderont pas à envahir les rédactions, si elle était désignée par les militants socialistes.

Par ailleurs, les auteurs pointent du doigt férocement l'attitude de nombre de leaders politiques, dont Nicolas Sarkozy est l'exemple le plus poussé, qui n'hésitent pas à mettre en avant leur vie privée, quand elle les montre dans une posture familiale traditionnelle. Ce sont pourtant les premiers à se plaindre de se faire épingler quand ils sortent des sentiers battus, en réclamant justement un respect de leur intimité, qu'ils sont les premiers à exhiber quand cela les arrange.

Reste la vraie question de fond : aujourd'hui, les Français, contrairement aux puritains anglo-saxons, s'en moquent. Nous ne sommes plus dans les années 80, où Mitterrand, séparé de Danielle, devait faire semblant d'être avec pour pouvoir postuler à la présidentielle. Laurent Fabius a divorcé, Bertrand Delanoë est homosexuel, Ségolène Royal n'est pas mariée, Le Pen a été un " mari bafoué ", Nicolas Sarkozy aussi, et ce n'est pas pour cela qu'ils seront élus ou battus dans les prochaines échéances.

N'est-ce pas le plus rassurant ?

Pierre Caspi

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