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  1. chronique d'Evariste
    1. Devons-nous nuancer notre critique de l'islam ?, par Évariste
  2. combat social
    1. Combat pour une santé et une sécu solidaire : nouvelle étape franchie à Bobigny, par Jeanne Bourdillon
    2. Le contrat doit-il se substituer à la loi ?, par Gérard Filoche
  3. Droit à la sureté
    1. "L'anniversaire" des incendiaires, par Frédéric Antoine
  4. Débat autour du soutien à Robert Redeker
    1. La double fatwa : De l'islamo-"progressisme" comme dispositif de pensée, par Catherine Kintzler
    2. Affaire Redeker : vrai clivage et faux enjeux, par Pierre Hayat
    3. Retour sur la violence du Coran, par Bertrand Jacques
  5. débats laïques
    1. RAMADAN obligé... COMMUNAUTARISME larvé !, par Robert Albarèdes
    2. Otez moi d'un doute, par Anne Zelensky
  6. extrême-droite catholique
    1. Rassemblons-nous, le samedi 4 novembre 2006 à 15H00, aux abords de l'Ambassade de Pologne, par Union Des Familles Laïques
  7. laïcité
    1. A Paris, Bertrand Delanoë transforme une école maternelle en institut musulman, par Jocelyn Bézecourt
    2. "Qatari connection", par Bernard Kemmel
    3. A Lille se construit le "socialisme de casino", par Jean Larose
  8. débats républicains
    1. Immigration : je suis républicain, internationaliste et pour la régularisation de tous les sans-papiers, par Bernard Teper
    2. La misère qui déferle aux Canaries, où ailleurs, par Mireille Popelin
  9. à voir
    1. Brighelli à la télévision, par Georges Lavaud
    2. Heureuse, la mondialisation ?, par Mireille Popelin
  10. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Devons-nous nuancer notre critique de l'islam ?

Robert Redeker vit toujours cloîtré, sous haute protection, coupé des siens, dans l'incapacité d'exercer son métier. Cela dure depuis plusieurs semaines, et c'est déjà un premier scandale, qui justifie, entre autres, de continuer à signer la pétition impulsée par Respublica, www.petitionredeker.info !

La deuxième chose inacceptable est ce qui se passe sur certains plateaux de télévision, et ce qu'on lit sur certains sites. On entend régulièrement les hypocrites de service dire, la bouche en coeur, que toute condamnation à mort est condamnable. On n'imagine pas Boubakeur ou un représentant de l'UOIF venir dire que c'est mérité. Mais immédiatement après, on entend ces mêmes interlocuteurs nous dire par contre qu'il a gravement offensé les musulmans, que cela suffit, et qu'il doit présenter des excuses. Bref, le condamné à mort est coupable, et les complices des lanceurs de fatwas jouent les pleureuses et les victimes. C'est insupportable, mais c'est bien calculé.

L'objectif est clair, dans la continuité du scandale des caricatures : dissuader, intimider, tous ceux qui, comme Redeker, oseraient se laisser aller à critiquer le Coran, les textes sacrés et le prophète. Avec le précédent de Théo Van Gogh, assassiné en Hollande par un islamiste d'origine marocaine, et le sort de Robert Redeker, il va falloir être courageux pour continuer à revendiquer, et à pratiquer, la libre critique de la religion musulmane, droit que nous revendiquons, comme celle de toutes les autres religions et de tous les dogmes.

Il n'est pas inutile de se rappeler comment, pendant des décennies, ceux que je préfère appeler les staliniens, plutôt que les communistes, ont su intimider l'ensemble du mouvement ouvrier, mais aussi toute la gauche, et toute la société, pour défendre leur modèle totalitaire.

Ils ont multiplié insultes, violences physiques et amalgames. Les troskystes ont été qualifié d'hitlero-trotskystes, et assassinés dans le monde entier, et, selon les périodes, les socialistes et les anarchistes n'ont guère été ménagés.

Surtout, l'amalgame tombait immédiatement : si on critiquait, en France, le "seul parti qui défendait les travailleurs", on était obligatoirement des alliés du patronat buveur de sang, des relais objectifs de la droite, voire des agents de l'extrême droite. Je ne parle pas des violences physiques dans les manifestations pour tous ceux que la direction du Parti communiste de l'époque qualifiait de "provocateurs".

Reconnaissons que ces méthodes ont longtemps fort bien marché, et que la réalité du stalinisme a longtemps été étouffée, au nom de la nécessité de ne pas désespérer Billancourt. Certains, même à l'extrême gauche trotskyste, en sont d'ailleurs encore à regretter le mur, comme s'ils étaient dorénavant orphelins.

Pour autant, il ne fallait pas céder sur le fond, ne pas reculer sur la dénonciation sans concession du stalinisme, et en même temps ne pas tomber dans une logique maccarthyste, visant à considérer tout militant du PCF comme un gardien du goulag en puissance, car il y avait, et il y a toujours bien sûr, des gens formidables et des militants exceptionnels au Parti communiste français.

Nous devons tirer les leçons de cette histoire pour aborder comment les Laïques, en France, doivent faire face à l'offensive d'un nouveau totalitarisme, l'islamisme, dont les derniers épisodes sur les caricatures et Redeker, inenvisageables il y a encore cinq ans, montrent une détermination de plus en plus grande à intimider la société laïque.

Les islamistes, relayés par les communautaristes de gauche et d'extrême gauche, ont, depuis les années 1990, lancé la bataille des mots avec le terme islamophobie.

Cela a marché pendant près de quinze ans, jusqu'à ce que, sous diverses influences, dont la nôtre n'a pas été des moindres, il a été démontré l'imposture de l'amalgame au racisme. Les intégristes savent, sur ce sujet, et suite à la loi contre les signes religieux à l'école, qu'ils ont perdu, en France, la bataille de l'opinion, il suffit de se rappeler des sondages sur la loi du 15 mars 2004.

Quelle va être, aujourd'hui leur nouvelle stratégie ? D'abord, ils veulent maintenant amalgamer toute critique de l'islam à une provocation contre les musulmans, pour culpabiliser les libre penseurs. Certains laïques, en toute bonne foi, reprennent cette argumentation, pensant qu'on gagnera les musulmans modérés en épargnant de toute critique la religion pratiquée, et ses textes les plus violents. D'autres nous disent que si on critique l'islam sans critiquer de la même façon le catholicisme, on est un allié objectif de Bush et du Vatican, et des adeptes du "choc des civilisations". Les islamistes doivent bien rigoler dans leur barbe de cette auto-censure, qui ne fait que les encourager à gémir encore davantage à la persécution anti-musulmane, comme les staliniens savaient hier crier à l'anti-communisme primaire à la moindre évocation du goulag.

Ne nions pas qu'à l'extrême droite, des courants veulent mener la lutte contre l'islam au nom des valeurs chrétiennes, ou sur des bases racistes.

Notre collaboratrice Marie Perret, dans un numéro de Respublica, il y a quelques mois, répondait remarquablement à l'argumentation d'un lecteur qui expliquait qu'il allait voter Villiers pour lutter efficacement contre l'islamisme. Marie expliquait pourquoi le "choc des civilisations" était une impasse dans la lutte contre l'intégrisme, et que les ennemis de nos ennemis n'étaient pas forcément nos alliés. On peut être en désaccord avec Redeker, le trouver complaisant avec la religion catholique, et constater malgré tout que ce n'est plus au nom de Dieu qu'on tue sur terre, au vingt-et-unième siècle, mais au nom d'Allah. Cela n'empêche pas, par ci par là, notamment en Pologne, les intégristes catholiques de sévir encore, notamment contre les femmes et les homosexuels, et un maire UMP de vouloir ériger une statue de 10 mètres de haut de Wojtyla à Ploermel, en Bretagne.

Redeker ne dit pas pour autant, contrairement à l'extrême droite raciste, que tous les musulmans sont des assassins et des terroristes en puissance, mais il ne fait pas la nuance entre l'islam et l'islamisme, ce que certains lui reprochent. Pourtant, il ne fait que reprendre les propos de la militante féministe hollandaise Aayan Hirsi Ali, condamnée à mort par les islamistes, ceux de l'écrivain bengalaise Tasmima Nasreen, victime d'une fatwa en 1994, ou de bien d'autres qui disent que le ver est dans le fruit, et que ce sont certains fondements de l'islam qui sont responsables de la situation, notamment des sourates et versets incompatibles avec les règles démocratiques, la laïcité et l'égalité hommes-femmes. C'est un vrai débat, qu'alimente en France Pascal Hilout et nombre de musulmans laïques ou de maghrébins athées.

Reprenons la comparaison avec le stalinisme. Longtemps, les trotskystes ont raconté que les fondations étaient bonnes, mais que Staline avait tout gâché. Selon eux, si le prophète (pas Mahomet, Léon) avait gagné, la nature de l'URSS n'aurait pas été la même.

D'autres militants, et pas seulement les anarchistes, estiment que là aussi, le ver était dans le fruit, notamment par la théorie du parti de l'avant-garde. Pour eux, ce n'était pas un hasard si, à chaque fois qu'un parti communiste prenait le pouvoir dans le monde, les traditions démocratiques, la liberté d'expression, la pluralité politique, que certains jugent peut-être encore comme des valeurs bourgeoises, n'étaient pas au rendez-vous. On peut quand même aujourd'hui faire la même comparaison ! Quand les islamistes sont au pouvoir, ce sont des théocraties religieuses, et il n'y a pas de droit à d'autres religions, et encore moins à l'athéisme. Quant à la condition des femmes, elle fait la fortune des marchands d'étoffe !

A Respublica, nous ne serons jamais de ces laïques frileux qui tremblent devant toute critique de l'islam (et se rattrapent contre le Vatican), qui n'apportent qu'un soutien du bout des lèvres au journal Charlie Hebdo, aux dessinateurs danois ou à Robert Redeker, et qui sont, comme Sarkozy, prêts à "toiletter" nos lois laïques et nos principes républicains pour qu'ils s'adaptent à l'islam, fer de lance de la nouvelle offensive cléricale.

C'est en se battant bec et ongles pour le maintien de cette liberté d'expression que le pays des Lumières aidera au mieux, en France et dans le monde, tous les citoyens, croyants, agnostiques ou athées, épris de liberté de conscience, à s'émanciper de l'emprise de l'islam politique.

Évariste Pour réagir aux articles,
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2 - combat social

2.1 - Combat pour une santé et une sécu solidaire : nouvelle étape franchie à Bobigny

Les 21 et 22 octobre dernier, ont eu lieu la 4ème session des Etats généraux de la santé et de l'assurance-maladie (EGSAM) en vue de s'inviter dans les campagnes électorales de 2007 et 2008 pour détricoter les programmes des candidats et des partis et montrer la cohérence du manifeste des EGSAM.

Rassemblant 150 personnes sur un week-end, représentant plusieurs dizaines d'EGSAM départementaux et régionaux, des associations (UNRPA, ATTAC, UFAL, Santé n'est pas une marchandise, etc.), des mutualistes (UNGMS et Alternative mutualiste), des organisations syndicales (divers syndicats de base CGT, Solidaires, Sud santé, SMG, Syndicat des anesthésistes-réanimateurs, l'AMUF de Patrick Pelloux), des structures nationales comme la Convergence nationale services publics (ex-Guérêt), des partis politiques (Verts, PCF, LCR, MRC). Ce week-end a été couvert par l'Humanité, Politis et Respublica.

La première idée que nous défendons, déclare Bernard Teper, coordonnateur national d'ATTAC Santé Sécu et l'un des animateurs de ces EGSAM, "est que nous reprenons l'idée du Conseil national de la résistance, à savoir qu'un projet alternatif[1] ne peut que se construire autour d'un coeur qui est la santé et la protection sociale. C'est la première préocupation des Français, c'est 30% du PIB, le budget de la Sécu c'est 30% de plus que le budget de l'Etat, tous ministères confondus. Depuis des décennies, la santé et la protection sociale sont la 25 éme roue du carosse des programmes politiques. Pour vivre dans un nouveau monde, il faut donc changer de paradigme et reprendre cette idée majeure.

La deuxième idée est que ce manifeste est le seul, à ma connaissance, qui ait été discuté par des milliers de personnes dans des réunions publiques locales uniquement prévues à cet effet. C'est un vrai travail d'éducation populaire tourné vers l'action qui a été organisé". N'oublions pas, renchérit Lucette Guibert, responsable santé Protection sociale de l'UFAL, que le turbocapitalisme" a pour principale conséquence la concurrence des systèmes de protection sociale et l'objectif de les harmoniser par le bas. Il convient donc de mettre en place un manifeste qui rompe avec la logique turbocapitaliste en proposant:

De ce point de vue, conclut Lucette Guibert, "ce manifeste est une avancée incontestable pour les combats à venir".

Une fois le manifeste adopté le dimanche vers 10H30,le débat a tourné sur la campagne. Les EGSAM souhaitent s'inviter dans les campagnes électorales des années 2007 et 2008. D'ores et déjà de nombreuses réunions publiques sont prévues à cet effet.

Puis il ya eu un débat sur le fait de savoir s'il fallait organiser les EGSAM en association 1901. Ceux qui y étaient favorables principalement les EGSAM locaux, les associations (sauf ATTAC qui doit en discuter à son CA le 5 novembre prochain),les mutuelles, ont défendu l'idée que nous pourrions avoir des subventions pour pouvoir financer les transports des camarades de province des EGSAM locaux et de pouvoir obtenir l'agrément santé du ministère. D'autres, principalement les partis et organisations syndicales préfèrent garder le caractère de collectifs aux EGSAM. Un compromis a été trouvé : pas de statu associatif pour les EGSAM mais constitution d'une association de financement des EGSAM.

En dernier lieu, un collectif de travail de plusieurs dizaines de personnes a été constitué pour étudier et élaborer ultérieurement un collectif de portes-paroles des EGSAM.Il aété aussi demandé de définir le statut des responsables des EGSAM mandatés par des partis dans la mesure ou les EGSAM qui s'invitent dans la campagne ne souhaitent ni présenter ni soutenir aucun candidat mais plutôt détricoter les programmes des candidats,combattre les programmes néolibéraux et montrer que la cohérence et la pertinence est du coté du manifeste anti-libéral des EGSAM.

Notes

[1] Pour recevoir le manifeste adopté, contacter Lucette Guibert : lucette.guibert@wanadoo.fr

Jeanne Bourdillon

2.2 - Le contrat doit-il se substituer à la loi ?

Le contrat se substituera à la loi annonce Ségolène Royal. Jacques Chirac a fait le même discours au Conseil économique et social. Laurence Parisot plaide encore plus fortement dans le même sens. Et Nicolas Sarkozy aussi, dans ses récents discours d'Agen et de Périgueux.

Voilà qui semble faire un nouveau - mais dangereux - consensus entre la droite et gauche. Le Medef est ravi, si cela peut paralyser d'avance, une future majorité parlementaire de gauche pour qu'elle ne puisse pas légiférer souverainement sur le droit social, ni reconstruire ce qui a été détruit dans le Code du travail depuis un certain 21 avril 2002... Qu'est-ce qui différencie le contrat et la loi ? Le contrat est dépendant de l'accord du Medef tandis que la loi est dépendante d'une majorité du Parlement élue démocratiquement au suffrage universel. Est-ce qu'il faut substituer les négociations entre partenaires sociaux, au fonctionnement normal du Parlement élu au suffrge universel ? Est-ce plus démocratique, plus consensuel ou plus efficace ? Non. Avec les partenaires sociaux ce n'est ni la règle de la majorité ni la démocratie qui l'emportent comme lors des élections républicaines. Mettre sur le même plan, 1,2 millions de patrons et 15,5 millions de salariés, c'est un paritarisme qui ne corrige pas le déséquilibre existant manifestement au détriment des salariés lequel favorise une forme de veto patronal .

Est-ce habile, si revient une majorité de gauche, de proclamer que l'on se privera de la force de la loi ?

Ne vaut-il pas mieux plaider une meilleure synergie entre contrat et loi pour assurer le bon fonctionnement social de notre République ? Il faut autant de contrats que possible mais autant de lois que nécessaire.

Il est naturel que le gouvernement et l'Assemblée consultent au maximum les partenaires sociaux avant et pendant l'élaboration et l'adoption d'un projet de loi ; c'est évidemment plus dynamique.

Encore faut-il que les modalités de ces négociations soient établies afin que le camp des salariés ne soit pas lésé :

Ensuite, il est conforme aux principes républicains, qu'après s'être s'inspiré d'accords déjà passés ou en cours de discussion, le législateur ait le dernier mot. Mais ce n'est pas le choix du Medef : Mme Parisot réclame la modification de l'article 34 de la Constitution justement parce qu'il confie au Parlement le soin de légifèrer en matière de droit du travail, de droit social et de protection sociale...

Elle trouve formidable qu'on aborde ce sujet-là avec le rapport de Dominique-Jean Chertier préconisant de rendre obligatoire un délai de trois mois entre l'annonce d'une réforme et l'adoption du projet de loi correspondant en conseil des ministres, pour favoriser la concertation.

(S'il avait fallu trois mois de délai entre les accords Matignon des 7-8 juin 1936 - les congés payés n'étant concédés que le 11 juin - et le vote des lois pour les 40 h et lesdits congés payés, que se serait-il passé ? Même question lors du deuxième vote du Parlement d'avril 2006 qui a annulé judicieusement, mais en catastrophe, le CPE.)

Selon D.J. Chertier, si les partenaires sociaux arrivaient à un accord, le Parlement et le gouvernement seraient contraints de le reprendre intégralement à leur compte ou de renoncer à la réforme. (Cela vient d'être illustré de facto avec l'abandon de la loi sur le "CV anonyme"). Il recommande aussi une réforme du Conseil économique et social, devant lequel le Premier ministre serait obligé de présenter chaque année un agenda de réformes élaboré en concertation avec les partenaires sociaux qui s'imposerait ensuite à lui.

Pourquoi une telle défiance ? Parce que les députés ne connaissent pas l'entreprise, répond franchement Mme Parisot.

On entrerait là dans une autre République de type corporatiste. Le corporatisme est un système où la force de groupes de pression sociaux l'emporte sur les droits universels, où, la toute-puissance d'un patronat appuyé sur des syndicats officiels et consentants prévaut sur celle de l'ensemble des citoyens.

Le corps médical accusera alors les parlementaires de ne pas connaître la médecine, les chercheurs accuseront les députés de ne rien connaître à la recherche, les enseignants reprocheront aux élus de tout ignorer de la pédagogie... Et le Parlement sera tenu en lisière par différentes corporations, il ne pourra plus faire la loi sans être soumis à des lobbys, des calendriers et des textes préétablis... Corporatisme et communautarisme s'harmoniseraient dans la France d'après . Ce serait une vraie rupture avec le modèle social français .

Mais ce serait un système explosif : imaginons, une fois limités constitutionnellement les pouvoirs du Parlement, qu'un, deux ou trois syndicats se fassent les interlocuteurs privilégiés du Medef et concluent des accords répétés avec lui, sans représenter pour autant une majorité de salariés ni de citoyens, qu'arrivera-il ?

La gauche ne devrait pas se laisser si facilement lier les mains dans un consensus pour que le contrat se substitue à la loi .

3 - Droit à la sureté

3.1 - "L'anniversaire" des incendiaires

A un an des émeutes de banlieue, et la mort de deux jeunes de Clichy-sous-Bois qui s'étaient réfugiés dans un transformateur EDF afin d'échapper à la police, les médias dans leur ensemble se prêtent à une singulière célébration. Toutefois, quelques journaux de presse écrite se refusent à commémorer "l'anniversaire" notamment l'hebdomadaire Marianne dont il faut saluer encore une fois le bon sens.

Depuis un mois maintenant les incidents se multiplient dans les quartiers pauvres. A Grigny, dimanche, un bus et des voitures ont brûlé à la Grande Borne. Les caméras de télés n'étaient pas au rendez-vous. Mais les exactions de quelques "têtes brûlées" ont fait les gros titres. Selon certaines sources locales, relayées par Libération du 24 octobre, les incidents survenus à Grigny ce dimanche ont succédé à un contrôle policier musclé, la veille, dans un salon de thé de la place de la Treille, où des pères de famille jouaient au dominos. Le gérant ayant contesté la légitimité du contrôle, les CRS ont fait usage de la force. S'en sont suivis bousculades et jets de gaz lacrimogènes à l'extérieur du café. Si cette version est confirmée, c'est un exemple supplémentaire de l'engrenage de la violence suscitée par les méthodes de "maintien de l'ordre" mises en place depuis le retour de la droite au pouvoir : l'envoi de la troupe plutôt que le maintien d'une "force de paix".

Chaque jour, dans les quartiers défavorisés de Seine-Saint-Denis, des Yvelines ou de l'Essonne, les habitants ont le sentiment de vivre sur un territoire en guerre. Les policiers des commissariats subissent, par les agressions qui les touchent, les conséquences désastreuses de l'envoi d'escadrons de CRS utilisés comme "force de frappe".

La logomachie télévisuelle qui crée aussi l'événement, au moins dans les esprits des téléspectateurs, nous ferait oublier que la police est à cran et sur les dents depuis que Nicolas Sarkozy est ministre de l'Intérieur. Un fait dramatique antérieur aux émeutes de 2005 nous le rappelle dans les Yvelines. En juillet 2005 aux Mureaux, un jeune adolescent Sékou âgé de 14 ans perdait un oeil après un tir de flash-ball. Lui et ses copains squattaient un appartement vide. Les policiers avaient été prévenus par un habitant de la cité inquiet de voir les jeunes dans l'appartement. Sékou s'était enfui par le balcon sautant du troisième au rez de chaussée. Le policier qui s'était retrouvé face au jeune garçon à terre s'était senti "menacé" et avait fait usage de son arme.

Parrallèlement à ces incidents marginaux qui illustrent la tension policière, lorsque les forces de l'ordre démantèlent un trafic, interpellent un contrevenant, on constate qu'elles sont souvent et de plus en plus la cible de jeunes qui conduisent des opérations de représailles. Aussi ceux qui pensent que la banlieue vit un affrontement entre deux bandes se trompent d'analyse.

Comme toutes les banlieues, la cité de La Grande Borne à Grigny, Les Mureaux, Clichy, sont attendues au tournant de "l'anniversaire" du 27 octobre. Les "incendiaires", encagoulés, ou islamogauchistes écharpe tricolore en travers de la poitrine, attendent le "top départ" pour propager la poudre.

Dans les cités dont ces "incendiaires" ont fait leur territoire, pour le "business", pour le raccolage religieux intégriste, ou par opportunisme politique qui se traduit par une haine de la République et le foulage au pied de ses valeurs, le risque est grand que les habitants, ouvriers, employés, mères de familles,tombent dans tous leurs pièges, et paient encore un lourd tribut à ces instrumentalisations.

D'autre part, les médias mesurent-ils leur responsabilité ? Péchant par leur méconnaissance des cités sur le fil du rasoir à cette heure, s'y prendraient-ils autrement s'ils voulaient lancer un défi aux émeutiers ?

La police nationale qui s'apprête à manifester à Paris le 25 octobre contre les agressions de plus en plus en violentes, semble déjà vouloir en dire le moins possible à la presse. Parler des violences urbaines contre la police ou de l'action de la police serait "contre-productif", expliquait le 23 octobre un responsable policier d'un département de la banlieue parisienne sous couvert d'anonymat. Pendant ce temps,les quartiers bruissent de rumeurs, lesquelles abondent les ingrédients de l'explosion.

Quelques "électrons libres" tentent aussi de récupérer l'écho médiatique des fauteurs de trouble à leur avantage, espérant "surfer" sur la vague. Ce sont autant le ministre de l'Intérieur agitateur de la cause des casseurs, la gauche communautariste, qui espère récupérer les fruits de cette politique du pire. Les uns comme les autres ne sortiront pas les quartiers de leur isolement mais ne concourreront qu'à les y enfoncer un peu plus, en jouant des divisions, en exacerbant les tensions sociales et communautaires. Il y a naturellement fort à craindre que ce climat soit entretenu par les uns et les autres jusqu'à l'élection présidentielle.

Frédéric Antoine

4 - Débat autour du soutien à Robert Redeker

4.1 - La double fatwa : De l'islamo-"progressisme" comme dispositif de pensée

(voir le premier article : Redeker mort ou vivant ?)


Comme dans l'affaire des caricatures, une seconde fatwa s'abat sur Robert Redeker. Véritable peine infamante, l'opprobre des temps modernes se déchaîne : n'aurait-il pas, tout de même, tenu des propos racistes, islamophobes ? On analyse ici le mécanisme de cette seconde fatwa. A une première opération qui transforme la victime en coupable s'ajoute un dispositif prétendument altruiste qui caractérise le phénomène récent de l'islamo-progressisme.

Non seulement la tête de Robert Redeker, visé par une fatwa "de protestation" lancée par le cheikh islamiste Youssef al-Qaradawi et immédiatement traduite en appel au meurtre par le zèle fanatique, est mise sous contrat meurtrier, non seulement il est, au motif légitime de sa protection, en état de réclusion hors droit, mais encore il subit une seconde fatwa de nature morale. Comme dans l'affaire des caricatures, une véritable peine infamante, opprobre des temps modernes, se déchaîne sur lui, et - comble de perversité - à travers le mécanisme même de soutiens qui viennent l'achever comme la corde soutient le pendu, à travers même leur formulation habilement dubitative : n'aurait-il pas, tout de même, tenu des propos excessifs, racistes, haineux, islamophobes ? et pour les délicats qui répugnent à tremper les mains dans le cambouis idéologique, il existe une version propre, puisée dans la consensuelle distinction entre doxa et pensée (c'est mon prof de philo qui me l'a apprise en me faisant lire Platon, alors...) : n'aurait-il pas, tout de même, tenu des propos de café du commerce, indignes d'un professeur de philosophie[1]?

L'opération, qui réside dans le tout de même, n'a pas seulement pour effet de scier la branche qu'on lui tend, elle ramasse la mise et en décuple le montant par un large ratissage : ceux qui, comme moi, souscrivent à un soutien sans réserve se trouvent de ce fait discrédités et emportés par la stigmatisation infamante. Dans le pack du soutien sans réserve est ainsi inclus un cadeau empoisonné : le soupçon d'intolérance, de racisme, d'islamophobie et, cerise sur le gâteau, celui de vulgarité intellectuelle.

Or le puissant levier du tout de même n'est pas nouveau. On l'a vu fonctionner à l'identique dans l'affaire des caricatures ; il repose sur un mécanisme de conversion. On en connaît une variante fondamentale immémoriale qui transforme la victime en coupable : l'argument du violeur. S'y ajoute une variante plus raffinée, une conversion charitable à effet politique permettant de caractériser un phénomène récent : l'islamo- progressisme. Ce terme ne désigne nullement un parti (comme l'expression islamogauchisme que j'ai naguère employée peut le faire croire à tort) ni un mouvement politique organisé, mais un dispositif de pensée.

1 - La première et la seconde fatwa : la juridiction d'exception et l'argument du violeur

Et d'abord, pourquoi parler de fatwa ? On me dit qu'un tel décret ne peut viser qu'un musulman et qu'il faudrait donc s'abstenir ici de l'usage du terme. Mais je réponds qu'il faudrait même s'en abstenir complètement, y compris s'il s'agit d'un musulman puisque aucune juridiction religieuse n'est légitime en France : ceux qui critiquent l'usage du terme pour un non-musulman auraient-ils accepté la légitimité d'une juridiction d'exception pour une portion de la population, la mettant ainsi à l'écart et négligeant les divisions qui peuvent exister en son sein ? C'est faire bon marché des musulmans laïques, les livrant sans état d'âme à des lois exorbitantes qui les soustraient aux garanties ordinaires.[2]

On voit bien alors ce que dit le mot fatwa : il dit qu'il existe une juridiction d'exception, en l'occurrence d'origine religieuse. Et s'il existe une juridiction religieuse capable d'exécuter les peines qu'elle prononce, c'est qu'une juridiction exorbitante s'exerce de fait en France, contrariant et bafouant la seule qui devrait s'exercer. Ce qui est le cas : comme Rushdie, Redeker est dans une zone de non-droit, privé de la seule liberté qui vaille parce qu'elle conditionne toutes les autres, la liberté de son corps. Il est bien sous le coup d'une fatwa, celle de l'islamisme intégriste, fatwa simple et directe, la première fatwa. Elle s'exerce partiellement certes puisque Redeker a la vie sauve, mais néanmoins réellement puisqu'il est hors du droit ; d'ailleurs ceux qui prétendent qu'il s'agit d'une fiction se gardent bien de dire et d'écrire qu'il devrait aller et venir sans crainte et sans protection.

La seconde fatwa, décret d'infamie, reprend le fonctionnement de la première par un consentement à l'exception, lequel réside dans le tout de même. Qu'elle l'atténue parce que la conséquence de la première lui fait horreur ne modifie pas la structure de ce fonctionnement.

Pour le mettre en évidence, tirons d'abord une chose au clair : il existe un arsenal juridique accessible et applicable à tous qui définit les délits d'abus de la liberté d'expression (notamment l'injure, l'appel à la violence, le racisme). Or à ma connaissance aucune plainte pour ce motif n'a été déposée contre R. Redeker, et quand bien même il en serait ainsi, c'est à la loi d'en juger. Tant que les termes racisme insulte, etc., ne sont pas dans la bouche d'un juge prononçant une sentence, ils relèvent en l'occurrence d'un rapport de forces qu'on aurait qualifié naguère d'idéologique. Leur principal usage est alors infamant, transformant en délit ce qui relève de la simple opinion, convertissant en scandale ce qui relève du vrai et du faux. A plus forte raison pour les termes qui ne désignent aucun délit : islamophobie prosionisme : ils sont utilisés ici non pas comme concepts (ce qu'ils peuvent être en d'autres occasions), mais comme repoussoirs, comme révulsifs. Il n'y a pas si longtemps, capitaliste et impérialisme (qui sont aussi des concepts) fonctionnaient ainsi. Et que dire aujourd'hui de colonialisme ? On sait ce qu'il en a coûté à Olivier Pétré-Grenouilleau d'oser examiner l'esclavage comme concept et comme fait historique : très exactement un procès en infamie.

Or la fatwa d'infamie, le raisonnement du tout de même, reconduit en douceur le schéma de la première. En douceur : seulement pour certains cas (des exceptions, bien entendu), non pas en prononçant brutalement une peine et encore moins une peine de mort, mais en présentant le déni de droit directement affirmé par la première comme une chose à laquelle il y aurait un sens à s'identifier. On a beau avoir applaudi à l'abolition de la peine de mort, mais on aura tout de même assez de largeur de vue pour comprendre que certains, dans certaines circonstances, s'ils se sentent particulièrement insultés dans leur identité profonde, et parce que, eh bien vous savez, il y avait tout de même beaucoup de provocation de la part de l'autre, et que, au fond, entre nous, c'est un ramassis de propos de bistrot, pour comprendre finalement que certains y souscrivent (mais pas nous, évidemment). Le coup de boule de Zidane, version tragique - l'Italien, qui a reçu le coup, l'avait sûrement bien cherché ?

On a sous les yeux une opération de conversion qui transforme la victime en coupable. Du même coup, le principe d'une juridiction d'exception est subrepticement introduit. Qui ne reconnaît dans ce mécanisme de culpabilisation de la victime l'argument du violeur ? Elle m'a provoqué, elle l'a bien cherché. Il a vraiment dû faire quelque chose de grave pour qu'une sentence aussi forte (mais, attention, je ne suis pas pour) pèse sur lui...La sagesse populaire, dans sa férocité, fournit deux dictons qui résument le parcours de la belle âme consentant au fusil pointé hors la loi sur un homme sans défense : qui sème le vent récolte la tempête et il n'y a pas de fumée sans feu.

2 - La conversion altruiste et l'islamo-progressisme

S'en tenir à ce premier mécanisme de conversion, fort connu, de la victime en coupable serait cependant négliger l'efficacité de la fatwa d'infamie. Il faudrait un Nietzsche pour en décrire le raffinement et l'inscrire en bonne place au tableau des célèbres renversements des valeurs, ou un Hegel pour en faire une figure de belle âme digne d'un moment de l'esprit. Je me contenterai d'en souligner l'effet principal, qui surgit par distinction avec l'argument du violeur. Car le violeur effectuant l'opération de conversion a pour unique intérêt de se sauver lui-même ; le mensonge qu'il met en place a pour objectif de le convaincre lui-même que ce n'est pas si grave et d'en convaincre les autres : le mécanisme du comprendre, c'est excuser, se met en place sans médiation. Aucun mouvement sacrificiel ne vient s'y surajouter : s'il convertit la victime en coupable et ainsi apporte au crime des circonstances atténuantes, il ne convertit pas pour autant l'auteur du mensonge en héros...

Tel n'est pas le cas pour la fatwa morale. Son grand pouvoir, qui la transforme si aisément en opinion autorisée, partout répandue dans la presse comme ce qu'il est bon et généreux de penser, vient de ce que ses auteurs ne l'utilisent nullement pour eux-mêmes, mais qu'ils effectuent l'opération de conversion au profit d'autres ! L'opération ne s'inscrit pas au régime d'une défense immédiate : ils ne sont pas eux-mêmes les accusateurs, loin de là : ils sont des redresseurs de tort, des chevaliers qu'il faut remercier et qu'il est mal vu de ne pas rejoindre. Cette opération, ils l'effectuent pour le bien de tous. N'est-il pas bienséant et hautement éducatif de dénoncer le racisme, la xénophobie ? N'est-il pas hautement éducatif de dénoncer la doxa pour célébrer la pensée, la vraie ? Il n'est pas impossible que, aujourd'hui, quelque professeur pénétré de bonnes intentions et pétri de bienpensance fasse une leçon dans sa classe, expliquant le texte de Redeker comme le type même de ce qu'il faut laisser au fond de la caverne, persuadé que ce lynchage est une salutaire mesure d'hygiène intellectuelle et morale.

Mais cet altruisme général n'épuise pas les vertus de la fatwa morale : en répandant le soupçon d'infamie au motif d' islamophobie aussi bien sur l'auteur du texte que sur ceux qui soutiennent cet auteur sans réserve, on est au c½ur brûlant d'une question contemporaine. Comment peut-on être assez méchant et diviseur pour critiquer une religion ? Passe encore pour le christianisme, la religion des oppresseurs - mais l'islam ! la religion des pauvres ! Comment peut-on ne pas comprendre qu'un musulman ne se sente pas insulté par des critiques aussi violentes au point d'en venir aux mains ? Outre qu'il y a dans ce mécanisme d'amalgame un souverain mépris - car il s'efforce de coaliser les musulmans autour d'une minorité dogmatique et intégriste à laquelle il sont sommés de s'identifier, comme s'ils devaient, du fait même de leur religion, être plus sensibles et plus réactifs que d'autres, comme s'il fallait faire exception pour eux, comme s'il n'y avait pas aussi des musulmans athées, comme si, issu de culture musulmane, on n'avait pas le droit de lui être indifférent ou hostile, - le dispositif de la pensée dont il s'autorise rappelle d'autres moments tout aussi tragiques. Comment pouvait-on être assez pervers pour critiquer l'URSS et introduire ainsi une division inopportune, comment pouvait-on manquer de conscience politique au point de dire que le goulag est un pur et simple camp de concentration ? Une certaine idée du progrès veut, aujourd'hui comme hier, que l'on se rassemble sans faille autour de ceux dont on a décrété qu'ils sont l'emblème des opprimés : tout ce qui s'en écarte est donc du côté de l'oppresseur. Ainsi l'islamo-progressisme, comme naguère la conscience politique, n'est pas un parti, ni même un corps de doctrine, mais un dispositif de pensée qui, au prétexte de secourir une figure emblématique de la souffrance qu'on a qualifiée et unifiée a priori, s'érige en valeur morale inquisitoriale et forme autour de lui un rempart de bonnes opinions.

"Tant de fiel entre-t-il dans l'âme des dévots ?" Boileau, Le Lutrin, chant I[3].

Notes

[1] Au sujet du soutien sans réserve qui suspend l'espace critique, on a examiné dans un précédent article Redeker mort ou vivant ? la question de la légitimité de la critique s'agissant d'un homme vivant placé en état de réclusion tel qu'il ne peut plus participer au débat que comme un mort. On y trouvera les raisons de notre refus d'entrer actuellement dans le contenu du texte de RR.

[2] On me dit aussi que la "fatwa" visant Redeker était de "protestation"... et donc ce n'est pas si grave, j'ai tout faux ! Mais l'index qui le pointe a immédiatement et directement été converti en menaces de mort : faut-il entrer dans les subtilités d'un raisonnement religieux pour établir une distinction entre des menaces qui seraient plus réelles que d'autres parce que plus "orthodoxes"? Nous revendiquons le droit de n'avoir rien à connaître de cette orthodoxie (et surtout rien à lui reconnaître) et de nous en tenir à la réalité des menaces à motif religieux. Nous usons donc du terme "fatwa" comme d'un mot passé dans l'usage courant dans la langue française, qui désigne une décision à motif religieux exorbitante au seul droit applicable et reconnu. Et qu'on ne vienne pas nous dire que seules des autorités religieuses sont aptes à user d'un terme ou à en imposer un usage "correct" : la langue n'a que faire de cela. C'est ainsi que ce matin, j'ai entendu une chronique technique dire d'un téléphone portable incompatible avec certains logiciels qu'il était très peu "oecuménique" : on comprend parfaitement ce que le chroniqueur voulait dire, et aucun pape n'a encore protesté... (Note du 24 octobre 06)

[3] Sur l'origine de ce vers, voir les notes de l'article <q>L'épopée des ours dénaturés.</q>

Catherine Kintzler

Source : www.mezetulle.net

4.2 - Affaire Redeker : vrai clivage et faux enjeux

Dans Respublica n° 477, Abdelwahab Meddeb est épinglé pour la comparaison très contestable qu'il établit entre la tribune de Robert Redeker dans le Figaro du 19 septembre 2006 et les écrits de Céline. Mais la position d'Abdelwahab Meddeb ne se résume pas à cette phrase. Dans un texte publié dans Libération du 6 octobre, Meddeb écrit:

"Je suis choqué par la légèreté analytique de ce qu'a écrit M. Redeker: je me découvre irrévocabement agent de haine et irrécusablement archaïque, et barbare, du fait que j'ai été formé en tant que sujet par la structuration symbolique et imaginaire nourrie par la fréquentation coranique. Cette inférence est inacceptable, même pour le musulman athée que je suis. Un tel texte est égal aux pamphlets antisémites les plus abjects, ceux écrits par Céline par exemple. L'utilisation en une telle abjection de feu mon ami Maxime Rodinson est scandaleuse. Et, s'il était parmi nous, il aurait partagé un tel scandale. L'enjeu de tous est d'aider à ce que l'islam neutralise ses démons islamistes. Ma critique de l'islam et de son évolution est des plus radicales, des plus exigeantes aussi, elle est le produit d'un savoir qui éclaire le sujet approché. Elle est surtout mue par l'amour du sujet et non par sa haine et son désir de destruction. Malgré ces réserves graves, jamais je ne céderai devant la terreur islamiste et leur attaque constante des précieux acquis européens, dont ceux de la liberté d'exprimer son opinion. Et, dans la logique qui est la nôtre, l'abjection peut être soumise à l'instance juridique et non au règne sauvage des fatwas: aussi suis-je amené à joindre mon nom à la pétition en sa faveur."

Cette pétition que signe Abdelwahab Meddeb est celle initiée par Claude Lanzmann et Les Temps modernes. Il y est écrit notamment: "Quel que soit le contenu de l'article de Robert Redeker, il s'agit là d'une attaque extrêmement violente contre la souveraineté nationale".

Ainsi, Abdelwahab Meddeb assume-t-il cette contradiction: dire ce qu'il pense de la tribune de Robert Redeker et signer une pétition qui s'abstient de juger Redeker.

Car, dans cette affaire, l'opposition entre ceux qui soutiennent Robert Redeker en le critiquant, le soutiennent en l'approuvant, le soutiennent en se taisant sur le reste, le soutiennent en dénonçant ses lâches détracteurs, etc., est secondaire.

Le clivage s'établit d'abord entre ceux qui défendent, énergiquement et concrètement, les droits élémentaires de chaque individu humain (en cette occurrence: les droits de Robert Redeker, de son épouse et de leurs trois enfants) et ceux qui placent leurs passions négatives et leur idéologie avant ce soutien.

Le clivage s'établit aussi entre ceux qui ignorent que la situation réservée aux Redeker pose un problème particulier à notre démocratie, et ceux qui se rendent compte que l'intimidation tend à vicier le débat public (en opposant des personnes libres à propos d'une personne menacée de mort).

Le clivage se fait également entre ceux qui, sous couvert d'antiracisme, cautionnent, de fait, l'islamisme en s'abstenant de le dénoncer, et ceux qui résistent en toute circonstance à la pression islamiste et à tous les intégrismes religieux.

Un clivage décisif s'établit, enfin, entre ceux qui cachent leur racisme derrière une opposition à l'islamisme, et ceux qui ne séparent ni ne hiérarchisent le combat contre le racisme et le combat contre l'islamisme.

Ces deux combats doivent être portés par un combat pour la justice sociale et pour la laïcisation de toutes les religions. Ils seront éclairés par un travail d'analyse de la crise culturelle que nous traversons, qui est aussi celle de la mondialisation capitaliste.

Pierre Hayat

4.3 - Retour sur la violence du Coran

Comme beaucoup, j'ai été assez stupéfait (et déçu) par l'attaque manifestée par la Fédération Nationale de la Libre Pensée à l'encontre de Robert Redeker. Bizarrement, des adeptes de la libre pensée ont défendu une religion - l'Islam - en s'attaquant à une autre religion - le Christianisme. Ce faisant, ils ont renoué avec le vieux poncif consistant à mettre toutes les religions sur un strict pied d'égalité ; avec deux intentions possibles diamétralement opposées : ou les vouer toutes aux gémonies (ce doit être j'imagine la position de la FNLP) ou, au contraire, les estimer également pures et susceptibles d'être dénaturées par d'ignorants et malveillants fanatiques.

En l'occurrence, il s'est agi pour la FNLP de mettre en exergue la violence contenue dans Le Nouveau Testament, montrant ainsi que cette violence n'était pas l'apanage du Coran. Et de citer les deux passages suivants : N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive (Matthieu, 10, 34-37) et Quant à mes ennemis, ces gens qui ne voulaient pas que je règne sur eux, amenez-les ici, et égorgez-les devant moi (Luc, 19, 26-27). On pourrait longuement commenter les passages contestés, rappelant, par exemple, que le second n'est nullement une invitation du Christ à la violence, mais un fragment de parabole (la parabole des mines), mettant en scène un autre personnage.

Je pense, surtout, qu'on ne peut pas passer sous silence la formidable disproportion existant entre le nombre de citations violentes ou intolérantes du Coran et le nombre de celles contenues dans le Nouveau Testament. Certes, le constat de cette disproportion ne permet peut-être pas de conclure à une violence foncière du Coran, texte sacré de l'Islam et source première de la légitimité des dires et faire des Musulmans, mais pour le moins, l'observateur qui se veut objectif - je pense que c'est ma disposition d'esprit - est extrêmement troublé.

Commençons donc la lecture. Dès la sourate II, on peut lire : Dieu a apposé un sceau sur leurs coeurs et sur leurs oreilles ; leurs yeux sont couverts d'un bandeau et le châtiment cruel les attend (2, 6) ; Un châtiment douloureux leur est réservé, parce qu'ils ont traité les prophètes de menteurs (2, 9) ; Redoutez le feu préparé pour les infidèles, le feu dont les hommes et les pierres seront l'aliment (2, 22)...

On dira que cette violence-là relève de la damnation divine et ne constitue pas un appel à la violence ici-bas. Mais il ne faut pas attendre longtemps pour voir exprimée cette autre forme. Ainsi : Tuez-les partout où vous les trouverez, et chassez-les d'où ils vous auront chassés. La tentation à l'idolâtrie est pire que le carnage à la guerre (2, 187) ; Combattez-les jusqu'à ce que vous n'ayez point à craindre la tentation, et que tout culte soit celui du Dieu unique (...) (2, 189), et de nouveau (...) La tentation à l'idolâtrie est pire que le carnage (...) (2, 214).

Peut-être la sourate suivante sera-t-elle plus favorable. En réalité, le trouble du lecteur s'accentue : Je punirai les infidèles d'un châtiment cruel dans ce monde et dans l'autre. Ils ne trouveront nulle part de secours (3, 49) ; Nous jetterons l'épouvante dans le coeur des idolâtres parce qu'ils ont associé à Dieu des divinités sans que Dieu leur ait donné aucun pouvoir à ce sujet (...) (3, 144). Peut-être la IVe sourate sera-t-elle plus clémente. On est vite déçu : Celui qui désobéira à Dieu et à l'Apôtre, et qui transgressera les lois de Dieu, sera précipité dans le feu où il restera éternellement, livré à un châtiment ignominieux (4, 18). Cet extrait de la même sourate n'est pas mal non plus : (...) S'ils retournaient à l'infidélité, saisissez-les et mettez-les à mort partout où vous les trouverez (...) (4, 91).

Sautons quelques sourates, la suite devrait s'améliorer ; même consternation : Les mois sacrés expirés, tuez les idolâtres partout où vous les trouverez, faites-les prisonniers, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade (9, 5) ; Combattez-les, afin que Dieu les châtie par vos mains et les couvre d'opprobre (9, 14). Peut-être les dernières sourates nous épargneront-ils cette violence.

Pas vraiment : Je vous annonce un feu qui bruit. Les réprouvés seuls y seront jetés, eux qui ont traité nos apôtres de menteurs et leur ont tourné le dos (92, 14-16) ; Les infidèles, parmi ceux qui ont reçu les Écritures, et les idolâtres, resteront éternellement dans le feu de la géhenne. Ils sont les plus pervers de tous les êtres créés (98, 5) ; Adresse ta prière au Seigneur, et immole-lui des victimes (108, 2)... Les appels à la violence ou les imprécations ne sont pas, à l'évidence, des exemples isolés. Ils se comptent par dizaines, peut-être par centaines. Etant donné leur caractère extrêmement explicite, on voit mal quelle exégèse peut en être faite qui nous permettrait de comprendre autre chose que ce qu'en disent les mots. Bref, Robert Redeker a parlé, lui, de violence inouïe du Coran et il a été traité de menteur et de blasphémateur pour cela. Peut-être aurait-il dû donner quelques exemples...

Bertrand Jacques

5 - débats laïques

5.1 - RAMADAN obligé... COMMUNAUTARISME larvé !

En caillassant allègrement, dans la cour de son collège, une jeune élève qui mangeait tranquillement son sandwich au lieu de respecter le ramadan, ( La Croix du 11/10/06) les quatre garçons de confession musulmane - dans le vent de la violence et de l'intolérance réunies- n'avaient peut-être pas conscience de la gravité de leur geste et de l'imbécillité de leur comportement... Mais ils traduisaient dans une initiative extrême la pression religieuse et psychologique qui s'exerce, dans nombre de quartiers de nos villes, sur les adeptes d'une religion importée et qui pousse tous ceux qui se sentent plus croyants que croyants à imposer la loi que les textes qu'ils lisent et les responsables qu'ils écoutent évoquent comme universelle...

Car là est bien la véritable signification de ce qui est tout, sauf un banal fait divers mettant en scène des adolescents désoeuvrés et mal dans leur peau... L'obscurantisme religieux ici observé tend à s'imposer au sein de populations d'autant plus aptes à le recevoir qu'elles y sont poussées par les discours récurrents et absolvants de la bien-pensance intellectuello-médiatique , par les manifestations permanentes de la repentance historico-ridicule ( au fait, y avait-il des arabo-musulmans en Algérie , au 6ème siècle ? ), par les manipulations moralisatrices tissées autour de l'esclavagisme et du colonialisme ( mais qui a mis en coupes réglées esclavagistes l'Afrique de l'Est, et jusqu'au début du 20ème siècle ? ), par les gesticulations pseudo-philosophiques des Ddddjamelll de circonstance plus enclins à cajoler les monarques musulmans, laïques et démocrates (comme on sait), qu'à reconnaître ce qu'ils doivent au pays qui les a accueillis .

Et cet obscurantisme religieux produit un communautarisme -qui le féconde à son tour- d'autant moins rampant qu'il s'exprime au grand jour à travers de multiples comportements -et en de multiples lieux- imposés par une foi qui se veut conquérante et une coutume héritée d'un autre âge et d'une autre histoire... Car il y a communautarisme quand un groupe (ethnique, religieux ou de toute autre facture) prétend imposer à l'espace public - l'espace de tous- sa loi et son mode de fonctionnement, refusant de reconnaître la primauté de la loi générale ,émanation démocratique de ce Tout....

Mais le plus grave est à venir : il est porté, à la fois, par les conclusions du rapport Machelon commandé par le ministre de l'intérieur, par la proposition de loi du PS sur la laïcité (déposée le 29 /06 /06 ) , par les décisions quotidiennes des élus locaux et territoriaux de tous bords qui dilapident à qui mieux mieux l'argent public en subventionnant des lieux de culte affublés d'objectifs culturels ou sociaux . Car la conséquence immédiate des textes ci-dessus mentionnés et des pratiques ci-avant évoquées est la négation de l'article 2 de la loi de 1905, disparition qui ouvrirait la voie à la déferlante communautariste ...

... Quand le maire de Rennes construit (pour 1,170 millions d'euros) un centre culturel islamique dont, précise-t-il, la vocation sera d'accueillir différents publics de culture musulmane tout en permettant de développer les activités cultuelles et culturelles , la partie cultuelle étant laissée à l'appréciation de la communauté gestionnaire créée tout exprès, il ne fait que jeter les bases de ce qui est un véritable espace communautaire réservé à un groupe particulier, violant par là les lois fondamentales de notre République.

Et cet exemple concret pourrait être multiplié à l'envi , de Paris à Montpellier, de Marseille à Lyon, de Lille à Strasbourg , toutes villes où s'exprime, avec la complicité des élus locaux, les pratiques du communautarisme religieux le plus étroit... Jusque même dans les plus petites communes comme à Ploërmel où le maire veut faire s'agenouiller la population devant une statue monumentale de feu Jean-Paul II !!!

Alors ?

Les citoyens laïques et républicains de ce pays vont-ils encore longtemps accepter que les élus bafouent impunément la loi organique qu'ils sont censés respecter et protéger ?

Les citoyens laïques et républicains de ce pays vont-ils encore longtemps tolérer que des religieux rétrogrades (Ah ! le beau pléonasme...) tentent d'imposer leur loi étroite à la loi du peuple de France tout entier ?

Les citoyens laïques et républicains de ce pays vont-ils encore longtemps rester inactifs devant la poussée multiforme des communautarismes ?

Les citoyens laïques et républicains de ce pays vont-ils encore longtemps se taire devant la dilapidation de l'argent public ( et l'alourdissement de la pression fiscale qui en découle ) pour les besoins de quelques-uns, au détriment des besoins de tous ?

C'est le moment d'interpeller hautement les hommes et les femmes politiques de notre pays :

allez-vous continuer à ignorer ce qui caractérise le mode d'organisation et de fonctionnement de notre société -la laïcité- pour espérer obtenir les voix des {{ minorités visibles ?

Sachez, alors, que nous agirons pour vous faire perdre les voix de la "majorité invisible" des républicains laïques...

5.2 - Otez moi d'un doute

Chers ami/es de gauche, laiques, altermondialistes, féministes, associés et j'en passe, une question me taraude. Pourquoi n'arrivez vous pas, n'arrivons nous pas à coordonner nos forces contre les manifestations quasi quotidiennes de l'islamisme ? Il y a certes des réseaux laiques, des communiqués fleurissent à chaque percée de l'ignominie, quelques réunions perdues de ci de là , tout ça dans le désordre et sans aucune couverture médiatique. Il y a eu une première réunion du Cri , prometteuse : elle a rassemblé beaucoup de monde, d'horizon divers. C'était en juin. Depuis plus rien. Pourquoi ce Cri salutaire nous reste il dans la gorge ? Quelles raisons nous lient la glotte, nous empêchent de faire sortir au grand jour ce ras le bol devant l'inadmissible progression de l'obscurantisme ?

Le nombre ne nous fait pas défaut, nous avons l'appui d'une large partie de l'opinion - de gauche - , les médias seraient prêts à réagir si nous leur en donnions l'occasion, certains pays d'Europe de tendance communautariste tirent les leçons de leur aveuglement , la preuve se fait que notre modèle n'est pas le pire.

C'est là qu'on doute me prend . Notre incapacité à réagir collectivement vient des habituelles suceptibilités internes et individuelles , on s'accroche à un ego forcené - le même qui s'exprime dans les prises de parole interminables - , on renonce à ses idées les plus chères pour une virgule mal placée , on préfére l'entre soi frileux plutôt que d'affronter la différence , celle que par ailleurs on célébre dans de belles envolées. Dans ce pays , plus que partout ailleurs le fossé est géant entre la théorie et la pratique. Une des raisons de notre impuissance est là . Ce n'est pas la seule. Le vrai noeud est encore ailleurs.

Nous avons beau stigmatiser les dérives de nos camarades gauchistes - LCR et MRAP associés - sommes nous vraiment débarrassés de ces scrupules qu'a ancré en nous la mauvaise conscience de gauche ? Ne reviennent ils pas par le biais pour mieux nous lier les mains ? Telle serait la cause de notre devise Oui, mais . Tout plutôt que d'encourir l'anathème de raciste , islamogauchiste , colonialiste... Et donc ne rien faire...

Cela me renvoie à de mauvais souvenirs. C'était dans les années 70. Nous étions une poignée de féministes à ferrailler contre la priorité. Celle de la lutte des classes. Tellement prioritaire sur la notre , la lutte des femmes. Au nom de cette priorité, nos amis gauchistes nous culpabilisaient ferme parce que nous voulions renvoyer les responsables d'excision au tribunal pour mutilation sur enfant. Et les coutumes ? Que faisions nous des sacro saintes coutumes ? Le respect d'icelles valaient bien quelques clitoris massacrés et des vies foutues. Le respect de l'autre avant tout , ça dépend laquelle.

Alors, ôtez moi d'un doute : en serions nous encore là ?

Anne Zelensky

6 - extrême-droite catholique

6.1 - Rassemblons-nous, le samedi 4 novembre 2006 à 15H00, aux abords de l'Ambassade de Pologne

Le 4 novembre prochain, un collectif d'organisations polonaises organise une manifestation à Varsovie, dont le mot d'ordre sera Assez de l'enfer pour les femmes ! Nous exigeons l'avortement légal ! .

Cette marche en faveur du droit à l'avortement est la conséquence de la plus récente tentative de remise en question de ce droit par la Ligue des Familles Polonaise, qui vient de déposer une proposition de modification de la Constitution, visant à voir reconnaître la protection de la vie humaine dès sa conception dans un contexte d'enjeux politiques préélectoraux.

En clair, l'objectif est de rendre l'avortement illégal dans presque tous les cas, y compris les plus dramatiques. Les femmes polonaises ont déjà subi par le passé une restriction drastique de leur droit à l'avortement. La loi actuelle n'autorise, en effet, l'interruption de grossesse que dans trois cas : lorsque la vie ou la santé de la femme est menacée, en cas de malformation grave ou de maladie inguérissable du f&#166;tus et lorsque la grossesse est le résultat d'un délit (viol ou inceste). Dans les faits, ces conditions ne sont même pas respectées car un nombre grandissant de femmes qui répondent à ces critères se voient malgré tout refuser l'accès à un avortement dans les hôpitaux publics.

Non seulement l'interdiction de l'avortement est une violation des droits fondamentaux des femmes, mais elle est de fait inefficace. Les données officielles indiquent qu'il y aurait environ 150 avortements par an en Pologne, alors que les centres indépendants estiment le nombre d'avortements illégaux, pratiqués dans des cliniques privées, entre 80 000 et 200 000 par an.

La situation est devenue telle que le Comité des droits humains de l'ONU a soulevé le problème dans ses observations et ses recommandations pour la Pologne en octobre 2004. Cela a aussi été évoqué dans le rapport de l'Union européenne sur les droits humains au sein de l'UE préparé par Network Experts en 2004 et 2005.

Constatant une remontée en puissance de l'ordre moral et religieux et des extrémismes dans le monde avec des conséquences dramatiques pour les droits des femmes, nous tenons à exprimer notre solidarité avec les associations pro-avortement de Pologne qui luttent contre cette régression dramatique pour les femmes. Nous ne pouvons que saluer leur courage vu le climat délétère qui règne actuellement en Pologne avec l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir.

Nous appelons les mouvements de femmes, les syndicats, les partis politiques et plus largement la société civile à se mobiliser pour relayer en France la marche des organisations polonaises et pour dénoncer toutes tentatives, y compris en France, de remise en question des droits des femmes.

Rassemblons-nous, le samedi 4 novembre 2006 à 15H00, aux abords de l'Ambassade de Pologne, Esplanade des Invalides, Métro : Varenne ou Invalides.

Premiers signataires : A.N.C.I.C., C.A.D.A.C., M.F.P.F., IFE, Ufal

Union Des Familles Laïques www.ufal.org

7 - laïcité

7.1 - A Paris, Bertrand Delanoë transforme une école maternelle en institut musulman

Le Ramadan 2006 fut une bonne cuvée pour les élus parisiens. Pressant la laïcité pour la vider de tout son suc, Bertrand Delanoë a ouvert les agapes à Charléty, Georges Sarre a adoubé le festin dans la crypte d'une église, et le même Delanoë, accompagné de Daniel Vaillant, a de nouveau marqué les festivités de sa patte en inaugurant le 19 octobre un centre religieux présenté comme culturel et universitaire. Sans oublier la visite de la ministre de la guerre Michèle Alliot Marie à la Mosquée de Paris, à l'heure de la rupture du jeûne, et accueillie par un bisou reconnaissant du recteur Boubakeur, ce qui n'est pas un péché même avant le coucher du soleil pendant le Ramadan.

Ce 19 octobre, donc, eut lieu à Paris un de ces évènements antilaïques qui ont aussi valeur de symbole : un institut des cultures musulmanes, ou plutôt sa préfiguration puisqu'il ne sera prêt qu'en 2011, a été inauguré par le maire de Paris dans les bâtiments d'une ancienne école maternelle, au numéro 19 de la rue Léon.

En clair il s'agit de financer, à terme, la construction d'une mosquée par le détournement de la notion de culture, procédé qui choque de moins en moins à gauche comme à droite. Victor Hugo encourageait à ouvrir des écoles pour fermer des prisons, Delanoë recycle une école en maison de la superstition. Ce mépris de la laïcité n'a pas été réalisé sans caution universitaire : Jean Baubérot, qui était présent, Vincent Geisser, Olivier Roy, et quelques autres font partie d'un conseil scientifique censé garantir la teneur universitaire des activités du lieu. Sachant que Baubérot, Geisser et Roy ne dédaignent pas de participer aux rassemblements de l'Union des Organisations Islamiques de France, on imagine sans peine l'obscure lumière qui y descendra.

Actuellement, dans ce quartier du XVIII arrondissement, la mosquée de la rue Myrha déborde sur le bitume chaque vendredi et celle de la rue Polonceau fait de même avec les conséquences les plus inquiétantes par rapport à la circulation automobile. Tel est le tableau d'un islam bien peu versé dans la modernité, l'humanisme et le rapprochement des individus. Dans le cadre de cet institut des cultures musulmanes, des aménagements de salles de prières seront effectués au 55, rue Polonceau et au 56, rue Stephenson, pour un coût d'une dizaine de millions d'euros, financé par la Mairie de Paris. L'institut sera alors un exemple parfaitement abouti de l'arnaque de l'alibi culturel pour subventionner le cultuel. Oui, Allah est vraiment grand et la Mairie de Paris est sa dévouée servante. Cependant, le but affiché de rapprocher musulmans et non musulmans n'a pas été traduit dans les faits : l'inauguration n'était pas publique mais sur invitation, un comble quand on présente l'opération sous le signe du vivre ensemble, et ressemblait surtout à une fête PS privée dans laquelle les musulmans étaient rares. L'institut des cultures musulmanes s'apparente en fait à une opération bonne conscience du PS parisien. Le quartier de la Goutte d'Or mériterait pourtant des initiatives autrement moins démagogiques, et beaucoup plus urgentes, tant il est ravagé par le trafic de drogue. Les habitants du quartier sont beaucoup plus demandeurs de tranquillité et de sécurité que d'une maison de la religion.

Jocelyn Bézecourt www.atheisme.org

7.2 - "Qatari connection"

Le projet de création à Lille de l'Institut universitaire Avicenne soulève de nombreuses interrogations. Son promoteur, le Maubeugeois Mohamed Bechari, est président de la Fédération Nationale des Musulmans de France (FNMF) mais il ne fait plus partie (depuis Septembre dernier) du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) dont il était un des vice-présidents[1]. Par ailleurs, il est sérieusement contesté non seulement par les représentants de l'UOIF et de la Grande Mosquée de Paris mais aussi au sein même de sa propre organisation.

Aussi, comme l'écrit le journal régional Nord Eclair (du Sam. 7 Oct.), On se demande comment Mohamed Bechari a pu, tout seul, monter ce projet d'envergure . La réponse, c'est que Mohamed Bechari n'est évidemment pas tout seul . D'une part, il a bénéficié du soutien moral de la Mairie de Lille, qui l'a aidé à trouver des locaux[2]. Martine Aubry a également demandé à Thérèse Lebrun, recteur de l'Université catholique de Lille (la Catho) de bien vouloir recevoir Mohamed Bechari ; celui-ci ne cesse en effet de répéter que son intention est de prendre comme modèle la Catho . Comme le rapporte Nord Eclair, Thérèse Lebrun n'a visiblement pas apprécié ces manoeuvres d'approche : J'ai reçu Monsieur Bechari car Martine Aubry me l'avait demandé, mais nous n'avons eu en tout qu'une heure d'entretien dans mon bureau. Il se réfère au modèle de la Catho, mais je ne vois pas ce qu'il peut connaître de ce modèle après une heure d'entretien . D'autre part, Mohamed Bechari entretient des liens privilégiés avec l'ambassadeur du Qatar en France ; celui-ci était d'ailleurs venu à Lille en Janvier dernier pour participer au repas de l'Aïd aux cotés de Martine Aubry et d'Amar Lasfar, le recteur de la mosquée de Lille-Sud.

Mohamed Bechari avait déjà fait parler de lui début Septembre 2004 lorsqu'il s'était rendu au Moyen-Orient dans le cadre des négociations parallèles que le CFCM avait engagées en faveur de la libération des journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot retenus en otages en Irak. Il faisait alors partie de la délégation du CFCM qui avait rencontré des dignitaires musulmans à Bagdad. Mais un peu plus tard, à la mi-Septembre, il était retourné seul et de son propre chef dans la région et il avait rencontré à Doha (Qatar) le jihadiste Abassi Madani, ancien chef du FIS algérien. Les deux hommes s'étaient donné l'accolade devant les caméras d'al-Jezira, ce qui avait provoqué une vive colère de Dalil Boubakeur, le président du CFCM, d'autant plus irrité que Mohamed Bechari n'avait pas jugé utile de l'informer de son voyage : Que cache cette mission ? Au nom de qui a-t-elle été menée ? Qui l'a organisée et financée ? . A ces questions du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Mohamed Bechari avait répondu benoîtement : Je suis allé au Qatar à l'invitation de la chaîne Al-Jezira pour participer à un débat sur la politique arabe de la France .

Paradoxalement, c'est Al-Jezira qui nous ramène à Lille. Il se trouve en effet que la chaîne qatarie est liée depuis Octobre 2004[3] à l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille (ESJ) par une convention de partenariat en matière de formation : Al-Jezira s'est dotée d'un centre de formation et des professeurs de l'ESJ doivent intervenir dans ce centre. Curieusement, cet accord n'a fait l'objet d'aucun commentaire ni dans la presse nationale ni même dans la presse régionale. Il soulève pourtant lui aussi de sérieuses interrogations. Al-Jezira est en effet sinistrement célèbre pour avoir diffusé à plusieurs reprises des vidéos représentant, toujours à peu près avec la même mise en scène, un tribunal islamiste composé d'hommes en armes debout derrière un accusé assis ou agenouillé au premier plan, les yeux bandés et tremblant de peur. C'est Al-Jezira aussi qui, depuis 2001, a diffusé sans se faire prier tous les avertissements vidéo que Ben Laden et Al-Zawahiri ont jugé nécessaire d'adresser aux Juifs et aux Croisés [4].

C'est Al-Jezira encore qui, au moment du vote de la loi sur la laïcité en France, a chauffé à blanc l'opinion publique arabe en annonçant que le voile islamique allait être interdit chez nous non seulement dans les écoles mais aussi dans la rue et dans les lieux publics. C'est Al-Jezira enfin qui entretient le pathos islamiste en glorifiant le soi-disant sacrifice des terroristes palestiniens (ou autres), qualifiés par antiphrase de martyrs . En bref, Al-Jezira est de fait un instrument de désinformation et de propagande islamiste. On peut donc se demander pourquoi l'ancienne direction de l'ESJ a conclu un accord de partenariat avec un media qui déshonore le métier de journaliste.

Mohamed Bechari ne se pose certainement pas ce genre de question. Au contraire, je ne serais pas surpris qu'il ait l'intention de souscrire pour son institut un abonnement (câble or satellite) qui permettra aux jeunes imams en formation à Lille d'accéder à Al-Jezira. Ils pourront ainsi visionner sur cette chaîne (le Dimanche soir) les prêches enflammés du cheikh Al-Qaradhawi, très populaire dans tout le Moyen-Orient. Ce distingué prédicateur est partisan d'une application stricte de la Charia et en particulier de la lapidation des femmes adultères et d'un châtiment exemplaire pour les homosexuels... En l'écoutant régulièrement, nos apprentis imams pourront non seulement se préserver de la corruption occidentale mais aussi et surtout parfaire leur formation théologique afin de mieux se préparer à leur mission de propagation universelle de l'islam. Al Qaradhawi a en effet déclaré en Janvier 1999, toujours sur Al-Jezira : L'islam est entré deux fois en Europe et deux fois l'a quittée. Peut-être que la prochaine conquête, avec la volonté d'Allah, se fera par la prédication et l'idéologie. .. . Toute terre n'est pas obligatoirement conquise par l'épée... Nous voulons qu'une armée de prédicateurs et d'enseignants présente l'islam dans toutes les langues et tous les dialectes .

Puisque l'ESJ a envoyé des formateurs au Qatar, il serait souhaitable que, dans un esprit de réciprocité, le Qatar envoie à Lille assez de prédicateurs et d'enseignants pour que, sans trop tarder, Mohamed Bechari puisse créer à Lille la grande Université islamique qui manque encore à l'Europe. Pour trouver des locaux, il n'aura qu'à contacter la Mairie de Lille.

Notes

[1] Il a été remplacé par Abdallah Boussouf.

[2] Dans l'ancienne Fac de médecine ; ces locaux sont actuellement en cours d'aménagement.

[3] Cette convention aurait été signée pour une durée de deux ans. On ne sait pas si elle a été reconduite, en effet il n'en est pas fait mention dans la plaquette <q> ESJ International </q>...

[4] Le dernier avertissement, celui d'Al-Zawahiri à la mi-Septembre, visait explicitement la France.

Bernard Kemmel

7.3 - A Lille se construit le "socialisme de casino"

En janvier 2000, la municipalité de droite de Lyon obtient le feu vert du ministère de l'Intérieur (gouvernement Jospin) pour l'ouverture d'un casino. Devenue maire de Lille, Martine Aubry lance l'idée d'un casino à Lille et, en décembre 2003, le conseil municipal de Lille en vote le principe. Les candidats déposent des dossiers et, au final, c'est le groupe Barrière qui vient d'être choisi au dernier conseil municipal (9 octobre ).

Alors que l'UDF, le FN et les Verts (majorité municipale) se sont opposés au Casino, le PS a reçu le soutien du PCF, des Radicaux socialistes et ... de l'UMP.

Martine Aubry fait de ce casino à vocation européenne, situé près de la gare TGV Lille-Europe, un instrument de sa politique touristique. Mais elle veut en faire aussi une source de recettes fiscales : Lille percevrait 15 % des recettes brutes du casino et un reversement de 10 % de la somme prélevée par l'Etat (La Voix du Nord, 22 septembre 2006). L'argument de la maire : Je regarde la réalité : 55 % des Lillois ne paient pas d'impôts. Je veux qu'on puisse les garder .. Phrase reprise par La Voix du Nord (10 octobre 2006) qui ajoute : La mixité sociale sera à ce prix . Mais ces 55 % ont bien une cause !

En effet, c'est bien parce qu'ils ont finalement adhéré en 1983-84 au libéralisme économique et à la mondialisation du capitalisme qui provoquent les délocalisations d'entreprises, d'emplois, le chômage, la précarité, donc la diminution des rentrées fiscales pour l'Etat, les Communes, les Régions et les Départements, que les élus du PS sont obligés à présent d'inventer le socialisme de casino pour financer leur politique de traitement social du chômage et de la précarité qui les démarque de moins en moins du libéralisme économique des droites (UMP, UDF).

Jusqu'où ira cette dérive sociale-libérale qui entraîne y compris les élus du PCF alors qu'en tant que parti le PCF affiche vouloir participer à un front anti-libéral à la présidentielle de 2007 ? Qui faut-il croire ? Pas étonnant que la très sarkozyste UMP de Lille ait voté pour les finalités de ce casino et ... pour le socialisme de casino .

Jean Larose

8 - débats républicains

8.1 - Immigration : je suis républicain, internationaliste et pour la régularisation de tous les sans-papiers

Dans le numéro 479 de RESPUBLICA, mon amie Mireille Popelin signe un texte intitulé "Immigration, vous avez dit immigration" déclare :

"Le nouvel internationaliste préfère les immigrés de fraîche date et sans papiers. Il affiche sa préférence "internationaliste" par haine, en fait de la Nation (qui a dit : " la nation, c'est de la m..." ?). Il souhaite la régularisation massive de tous les sans-papiers et refuse le moindre contrôle de l'immigration : puisque les marchandises circulent librement, les hommes aussi !"

A la lecture de cette phrase, on pourrait croire qu'il y a deux camps : d'un coté, il y aurait les internationalistes qui seraient pour la régularisation massive des sans papiers et contre le contrôle de l'immigration et de l'autre ceux qui aiment la nation et qui sont hostiles tant à la régularisation des sans-papiers et pour le contrôle de l'immigration.

Ceux qui accepteraient ce manichéisme s'interdirait ipso facto de construire une cohérence laïque et républicaine de gauche face à la cohérence néolibérale et néocommunautariste productrice des désordres actuels.

Je pense, au contraire de ce qui pourrait être une lecture du texte que j'incrimine ci-dessus, que la seule cohérence face à l'alliance destructrice du néolibéralisme et du néocommunautarisme qui combat la liberté, la laïcité, la solidarité et l'égalité, est une cohérence de la gauche laïque, républicaine de gauche, internationaliste et qui estime que l'Etat-nation est aujourd'hui le principal garant de ce qui existe de solidarité et de démocratie. C'est pour cela que je ne partage pas la position du texte de Mireille Popelin.

Il est d'une importance capitale d'intégrer notre discours sur l'immigration dans une pensée globale lié au monde que nous voulons construire.

Car les politiques de l'immigration et de la nationalité sont directement liées au modèle politique que nous voulons construire. Il faut donc lier ces politiques dans une politique globale et ne pas céder aux impulsions particulières. Parralèlement, il faut interroger le modèle républicain dont on a pu voir qu'il a été appliqué que très rarement. C'est pour cela qu'il faut constamment séparer les républiques instituées (la 5 ème république, la république islamique d'Iran, etc.) du processus républicain.

Pour Jean Jaurès, le socialisme était la République poussée jusqu'au bout. Il appelait ses partisans à s'opposer à ceux qui se réclamaient de la République mais voulaient arrêter le processus, voire le faire régresser. C'est cette conduite qui doit être la nôtre, nous qui voulons pousser la république jusqu'au bout en rassemblant les laïques et les républicains de gauche et d'extrême gauche. Nous devons aujourd'hui, encore plus qu'hier, "pousser la république laïque et sociale jusqu'au bout" dans une logique internationaliste et ne pas céder un pouce à ceux qui veulent figer la république sur des fondamentaux obsolètes. Nous devons intégrer nos propositions sur l'immigration et la nationalité dans le cadre d'une 6ème république à construire dans une perspective internationaliste car aujourd'hui nous devons penser l'Etat-nation dans son interaction avec une vision républicaine internationaliste.

POURQUOI IL FAUT OBLIGATOIREMENT REGULARISER TOUS LES SANS-PAPIERS ET MENER UNE POLITIQUE RESTRICTIVE DE L'IMMIGRATION?

L'une des conséquences du turbocapitalisme est d'organiser la concurrence sauvage des systèmes de protection sociale en vue de les privatiser et de les harmoniser par le bas. C'est la principale attaque contre l'humanité. Si nous ne réagissons pas contre cela, nous ne sommes pas à la hauteur de l'enjeu. Il est donc impératif pour engager la résistance au turbocapitalisme et au néocommunautarisme de combattre avec efficacité toutes les concurrences entre systèmes de protection sociale.

Le turbocapitalisme utilise trois logiques pour détruire et harmoniser par le bas les sysytèmes de protection sociale:

  1. le travail au noir de plus en plus massif
  2. le libre-échange de la force de travail
  3. l'instauration du chômage massif comme "armée industrielle de réserve"(Karl Marx)

COMBATTRE LE TRAVAIL AU NOIR

Aucun gouvernement néolibéral ou social-libéral n'a combattu sérieusement le travail au noir depuis la décision de Valéry Giscard d'Estaing en juillet 1974 d'en augmenter le nombre par l'arrêt de l'immigration et la "tolérance" des sans-papiers.

Le travail au noir est une cinquième colonne visant à détruire le système de protection sociale de l'intérieur pendant que la concurrence entre travailleurs du monde entier vise à le détruire de l'extérieur.

Il convient donc d'être conscient que sans l'éradication du travail au noir, notre système de protection sociale est fragile. Et tous les syndicats démocratiques de policiers vous diront qu'un pays démocratique ne peut pas expulser plus de quelques milliers de personnes par an. Aujourd'hui,il y a des centaines de milliers de travailleurs au noir en France et le turbocapitalisme utilise les sans-papiers pour ce travail au noir.Comme personne d'entre nous ne rêve d'une fascisation de la France pour expulser ces centaines de milliers de travailleurs au noir,IL FAUT REGULARISER TOUS LES SANS-PAPIERS pour éradiquer le travail au noir .Parralèlement ,il faudra rendre indépendant le corps d'inspecteurs du travail pour sanctionner encore plus durement qu'aujourd'hui les employeurs des travailleurs au noir.

COMBATTRE TOUS LES QUATRE LIBRES-ECHANGES

Mais le turbocapitalisme utilise le principe du libre-échange comme moyen de détruire toutes les solidarités. Nous devons donc combattre le libre-échange comme étant consubstanciel au turbocapitalisme. Il faut donc combattre les quatre types de libre-échange : celles des capitaux, celles des services, celles des produits agricoles et manufacturés, celle de la force de travail.

Et donc, il FAUT AUSSI DIRE QU'ENSUITE NOUS ADOPTERONS UNE POLITIQUE RESTRICTIVE EN MATIERE D'IMMIGRATION tout en favorisant une NATURALISATION MASSIVE DE CEUX QUI LE DEMANDENT.Nous devons donc être d'accord sur le droit de circulation des personnes mais pas sur le droit d'installation (et donc de travail) pour tous les habitants de la planète. Nous devons sur ce point, résister à la dictature compassionnelle des néocommunautaristes qui s'alimentent des théories du Bloc des Indigènes qui défendent en fait le communautarisme anglo-saxon en lieu et place du processus républicain avec droits universels.

IL N'Y A PLUS DE COMBAT REPUBLICAIN QUI NE SOIT PAS INTERNATIONALISTE

Par ailleurs, notre combat laïque et républicain est un combat internationaliste.Laissons les souverainistes croire a une politique hexagonale nationaliste.

Nous devons donc créer les solidarités et les propositions pour harmoniser par le haut tous les systèmes de protection sociale du monde et proposer un mode de développement des pays du Sud qui nous entraîne vers une marche de l 'égalité dans le monde en lieu et place du système d'augmentation des inégalités sociales que nous voyons aujourd'hui. Nous ne devons pas nous satisfaire de la destruction des systèmes de protection sociale dans les pays du Sud (moins de 58% de médecins au Cameroun par exemple mais avec une médecine humanitaire et compassionnelle envoyée du Nord qui bien sûr ne remplace pas les médecins manquants).

Pour cela,il convient d'opposer au libre-échange, un néo-protectionnisme altruiste ,social et écologique. Contrairement aux protectionnismes de droite, d'extrême droite et de la gauche socio-libérale qui taxaient sur les différences de prix et dont les pays riches gardaient le produit de ces taxes dans leur budget, notre néo-protectionnisme est révolutionnaire ,social et écologique. Il s'agit de taxer les produits entrants uniquement en fonction du différentiel de protection sociale et écologique entre le pays exportateur et le pays importateur. Le produit de la taxe serait versé via un organisme international à construire sous l'égide de l'ONU pour financer les systèmes de protection sociale et écologique du pays exportateur.Si l'écart baisse entre les systèmes de protection, les montants des taxes baisseront en proportion. Par contre, il y a libre-échange entre les pays à protection sociale et écologique équivalent. Ce système devra fonctionner aussi bien dans les échanges avec les pays non européens que dans les échanges intra-européens. Pour l'Europe, il faut concevoir deux cercles de pays dont le critère de séparation est uniquement le degré de protection sociale et écologique.

Par ailleurs, il convient de doubler immédiatement l'aide aux pays en voie de développement, notamment des pays africains et méditerranéens. Puis de tripler cet aide au cours d'un processus quinquennal. Le produit de cet aide ira principalement au financement des systèmes de protection sociale et écologique dans les pays du Sud. Cette aide ne doit pas alimenter les bourgeoisies compradores et les dictatures existantes et être contrôlée par des instances nationales, européennes et internationales. Une partie de cette aide devra aussi développer l'économie du pays notamment ce qui peut être déclaré comme des déterminants de la santé (politique de plein emploi,services publics, transformation des matières premières sur place, hygiène, droits des femmes, etc).

D'une façon générale, le grand intérêt du débat autour de cette proposition est qu'elle permet de lier le combat pour l'émancipation du monde par des principes laïques et républicains dans un cadre internationaliste renouvelée. Cela tranche avec les idiots utiles des dirigeants du turbocapitalisme que l'on trouve chez les néocommunautaristes de gauche et d'extrême gauche qui ont repris la doctrine sociale de l'Eglise pour remplacer l'internationalisme laïque et républicain qui seul peut émanciper toute l'humanité.

Bernard Teper

8.2 - La misère qui déferle aux Canaries, où ailleurs

Lorsque l'on voit à la télé arriver sur la côte ces clandestins épuisés, quand ils ne sont pas morts (il y a eu 3000 immigrants noyés depuis le début de l'année aux Canaries) on ressent surtout de la colère : colère contre les passeurs qui exploitent ces hommes, leur faisant miroiter " l'Eldorado" de l'Europe. Colère contre les " patrons " qui vont exploiter cette misère s'ils réussissent à entrer en Europe. Il leur faudra attendre longtemps, des heures d'interrogatoire. Ils ont été préparés à ne RIEN dire, surtout pas d'où ils viennent. Ils devront attendre 40 jours, pour que l'on puisse convaincre le pays d'origine d'accepter le rapatriement. A peine 9% des nouveaux arrivants retournent dans leur pays d'origine. La plupart se retrouvent avec un avis d'expulsion en poche, et sont relâchés dans la nature. Et ils finiront par "passer" une autre barrière. S'ils touchent le sol espagnol, bingo!

En France, la peine encourue pour les passeurs est de 10 ans. Mais il faut savoir que certains pays ne reconnaissent pas l'infraction. Et le trafic est très lucratif.

L'immigration n'est pas seulement africaine ou maghrébine. Des Chinois viennent en France (tarif 30 000euros - Ils devront travailler dans des ateliers clandestins pour rembourser leur voyage. Au détriment de l'emploi en France ! -15 000 euros pour l'Angleterre). Il y a aussi des mineurs : on leur a parlé de la protection sociale et scolaire qu'ils n'ont pas dans leur pays. Ces gamins ont été soigneusement préparés, ils savent exactement où ils doivent aller, ils trouvent par hasard ( ? ) un adulte qui parle leur langue et les conduit au commissariat. Il y a des scénarios différents selon la nationalité mais Monsieur Hasard est toujours là. Les clandestins utilisent aussi des faux documents, avec la complicité de certaines ambassades, parfois.

Ces clandestins, ni expulsés ni expulsables ? Ils n'ont (en théorie) pas le droit de travailler. Ils vont se "débrouiller" et pas toujours dans la légalité. Petits boulots, petits trafics. Les associations humanitaires les aident, sans leur demander des papiers, évidemment (mon expérience du secours populaire ). Si on les interroge, ils ont toujours en attente de papiers.

Ils essaient de faire venir leur famille, de se marier avec une française, de faire des enfants qui vont à l'école, ils pensent que l'on ne pourra plus, ainsi les expulser.

Mais l'intégration se fait par le logement. Et là, c'est le parcours du combattant : les solutions sont diverses et souvent désastreuses :

C'est Gaston Kelman, l'auteur d'un livre remarquable " je suis noir et je n'aime pas le manioc " qui dit le mieux les " erreurs" (le mot est faible " des gouvernements successifs, de droite ou de gauche. Je cite son intervention dans " l'école face à l'obscurantisme religieux " : " On a regroupé les populations dans des foyers maliens comme des foyers algériens. Ce sont des espaces de non-droit qui ont évolué en marge des normes nationales. Surpopulation, chambres prévues pour 1 personne hébergeant 8 ou 10 personnes ! Les castes originelles s'étaient reconstituées à Montreuil. On a institué le regroupement familial, la polygamie, interdite en France, a été autorisée. "

Je me souviens de la réponse d'une collègue " c'est leur culture "

Je reviens à Gaston Kelman, et je cite sa conclusion : " Ainsi, patiemment, lentement, obstinément LES pouvoirs publics ont tissé la toile du communautarisme " Et je dirai : ILS CONTINUENT !

On a enfermé une catégorie de la population dans une identité religieuse comme modèle d'appartenance. Comme si tous les Noirs, tous les " Beurs " étaient musulmans et devaient suivre les prescriptions du Coran ? D'où le résultat : cette différence instaurée à l'école, dans les cantines (la nourriture séparée) dans les collèges, par le ramadan "obligatoire"?

A quand un livre " je suis "Beur" et j'aime le porc "

Après les foyers, on a continué avec les cités ghettos, où le communautarisme s'est bien installé, avec ses écoles ghettos et ses collèges ghettos (livre "l'apartheid scolaire ")

Peut-on continuer ainsi ? En acceptant une immigration clandestine, qui viendra squatter et créer d'autres Cachan, toujours plus peuplés ? Puis une nouvelle régularisation "massive"?

Cette politique est suicidaire. Elle fait le jeu du MEDEF, elle aura comme conséquences de:

La régularisation de tous les sans papiers n'est pas la solution pour régler le problème de l'immigration. Ce n'est pas cette solution qui a été choisie pour Cachan, et le maire socialiste de Cachan, avec l'aide d'associations raisonnables ont aidé à résoudre le problème, au moins de l'hébergement, en refusant de suivre des jusqu'au-boutistes, et des squatteurs par trop exigeants.

L'immigration est un problème grave : il ne faut pas qu'il soit réglé par le haut ( les élites ou les élus ) . Mais il devrait faire l'objet d'un vaste débat , à la base , par le peuple .

Entre la proposition de Sarko : l'immigration choisie, et la proposition Ségo : " la régionalisation des demandes selon les besoins des entreprises ", il y a de quoi s'inquiéter!

Il faut que les futurs candidats abordent ce problème, le soumettent aux électeurs.

Sans langue de bois !

Mireille Popelin

9 - à voir

9.1 - Brighelli à la télévision

Bonjour Evariste,

Quand Jean-Paul Brighelli passe à l'émission "Les quatre vérités", sur France 2, le 19 octobre, l'oral vaut l'écrit de ses livres et articles, notamment la conclusion de son intervention, quand il évoque l'affaire Redeker et le Mrap. A lire et à faire connaître sans modération.

http://les-4-verites.france2.fr/?date=2006/10/19&id_article=553

Georges Lavaud

9.2 - Heureuse, la mondialisation ?

Bamako - Film d' Abderrahmane Sissako - France - Mali 2004 /couleur/1h58 /Vo

Une salle pleine jusqu'au premier rang : les altermondialistes sont là , jeunes et moins jeunes...

Le film débute avec lenteur , comme les films africains : la mise en place du tribunal de la mondialisation , avec comme accusés la Banque mondiale et le FMI .

Un robinet où coule un maigre filet d'eau , une belle chèvre blanche qui n'aime décidément pas l'avocat de la Banque mondiale ( l'avocat ou la Banque ?) et lui fonce dessus , cornes en avant pendant qu'il téléphone sur son portable..

Le tribunal donne la parole à la partie civile :

Un instituteur au chômage ne parvient pas à s'exprimer , bouleversé ? et s'en va. Les témoins accusent la Banque mondiale et le FMI d'avoir soumis les pays africains à des "ajustements structurels" qui font que le budget consacré aux besoins sociaux est de 12% et celui du paiement de la dette de 40%, ceci pour tous les pays africains (à peu près) Les responsables, selon eux? C'est Bush, avec sa guerre en Irak, les pays d'Europe qui ont colonisé l'Afrique puis l'ont abandonnée au capitalisme international. "On nous prend tout, la terre, le coton et notre travail. Même la Chine est coupable, qui fait baisser le prix du coton.

Les accusés, l'avocat de la Banque mondiale et du FMI :

- Mais n'y-a-t-il pas de riches au Mali? qui pourraient créer des richesses? La Banque mondiale accusée de tout? Mais l'aide internationale n'est pas utilisée et la corruption pèse sur l'économie en Afrique plus qu'en Occident.

Un fonctionnaire malien:

- Je vois tout au Mali, sauf des Maliens . J'aurais pu rester en Occident , mais je suis revenu ici , je vois des Maliens s'aliéner (aides diverses) s'oublier, s'exiler pour survivre.

Un Malien évoque sa tentative d'immigration qui a échoué, et des camarades qui ont laissé leur vie dans cette tentative .

Mais l'accusation reprend , impitoyable:

la dette a obligé les états à brader les services publics, les transports, l'eau, tout est privatisé. Même l'éducation! La Banque mondiale est la Banque de l'inhumanité. C'est le centre financier du capitalisme qui fournit des profits à perpétuité aux plus riches ! Le poids de la dette est insoutenable! Il faut aider l'Afrique à supprimer la dette. Il en va de l'équilibre du monde.

Je me souviendrai longtemps de cette belle jeune Africaine qui reprend un chant africain de sa voix mélodieuse, avec une tristesse infinie , les larmes coulant le long de ses joues . C'est une belle leçon politique que ce film :il montre une mondialisation qui détruit les états , privatise les services publics , ça ne vous rappelle rien ?

Cette politique s'applique aussi en Europe et dans notre pays ? C'est la raison de notre NON au TCE , c'est pourquoi nous luttons contre les privatisations chez nous aussi . Et il faut aider l'Afrique à lutter elle aussi contre cette mondialisation inhumaine , pour qu'elle retrouve sa souveraineté nationale et décide , elle seule , de sa politique économique; pour que les Africains puissent vivre en Afrique sans être obligés d'immigrer . Allez voir ce film politique , excellent exercice d'éducation populaire et émouvant plaidoyer pour l'Afrique !

Mireille Popelin

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