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  1. chronique d'Evariste
    1. Primaires du PS: Chronique d'une victoire trés annoncée, par Évariste
  2. Liberté d'expression
    1. Sera-t-il "le dernier en France auquel une telle aventure arrive" ?, par Monique Vézinet
    2. Interview de Claude Askolovitch, grand reporter, au Nouvel Observateur, par Chloé Dussapt
    3. Interdiction professionnelle de Raphaëlle Picard, Communiqué du SAJ-UNSA, par SAJ-UNSA Syndicat Autonome Des Journalistes
  3. néo-libéralisme
    1. Les risques d'une société fondée sur la performance individuelle, par Jacques Généreux
    2. Vote de la directive "services": Déclaration de Francis Wurtz, par Francis Wurtz
  4. Altermondialisme
    1. CETTE FOIS ENCORE, JE VAIS VOTER NON A LA LISTE DES FONDATEURS, par Michel Gicquel
    2. Alerte au FSE !, par Lucette Guibert
  5. combat laïque
    1. Pourquoi tant d'acharnement contre la loi de 1905?, par Robert Albarèdes
    2. Réaction des élus PRG de la Région Ile-de-France à un communiqué de Jean-Paul Huchon, par Les élus Du Groupe PRG, Conseil Régional D'Ile-de-France
  6. Combat contre le racisme
    1. Récidive raciste de Georges Frêche, par Jean-Luc Mélenchon
  7. élections présidentielles 2007
    1. Sarkozy: Lapsus?, par Yann Barte
  8. Droit à la sureté
    1. Assez le feu !, par Mireille Popelin
  9. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Primaires du PS: Chronique d'une victoire trés annoncée

Le principe de réalité médiatique est devenu, ce soir, réalité tout court. La favorite des grands groupes de presse et des sondages a fini par l'emporter, trés largement.

Pour une fois, les sondages ne se sont pas trompés! Les mauvaises langues diront que ce sont les sondages qui ont fait le résultat, et il est difficile, de ne pas y penser.

Il faut savoir que les sondages n'ont jamais été réalisés en interrogeant les militants du PS: ils ont consisté à sonder des panels supposés sociologiquement proches des militants du PS, de là à dire que la sociologie explique tout au PS, et que la politique n'est plus que spectacle, sans doute que non... Mais comment ne pas voir d'effet "sondage" dans les "sages" et successifs ralliements qui ont jalonnés cette campagne? Comment ne pas voir la réunion de deux grandes composantes du parti: les élus et ceux qui espèrent l'être auxquels s'ajoutent les adhérents "internet" sans doute plus attirés par la "lumière médiatique" que par la perspective des tractages de campagne.

Bien sûr, le fond a été abordé, de manière trés encadré il est vrai, mais peut-être plus que d'habitude. Les débats ont permis aux trois candidats d'affirmer chacun une posture trés différentes malgré un programme censé être commun. Nul doute pourtant, que les petites phrases et autres attaques seront vite oubliées et que les négociations vont pouvoir commencer: on saura bientôt comment seront "digérés" DSK et Fabius par le camp Royal.

En tout cas pas de grande révolution, la majorité du parti se retrouve, comme lors du vote interne sur le traité constitutionnel, avec la majorité des médias. D'ailleurs, une analyse fine des résultats permettra de savoir où sont passés les nonistes même s'il parait déjà évident qu'une partie a voté Ségolène Royal...

Mais la vie à gauche ne se limite pas au PS

La fin de cette primaire dervait laisser un double espace à la gauche anti-libérale. Un espace médiatique qui sera un peu moins monopolisé par les socialistes, mais surtout un espace politique: Le parti socialiste se retrouve positionné trés au centre laissant une place pour une candidature à sa gauche. La Gauche anti-libérale saura-t-elle l'occuper et de quelles manières (unitaire?, sur des bases communautaristes?, laïques?)? L'avenir nous le dira.

L'autre inconnue est la candidature Chevènement. Ségolène Royal a fait plusieurs appels du pied en direction du Président d'Honneur du MRC. Ira-t-il au bout de sa démarche? Le MRC obtiendra-t-il satisfaction dans ses négociations avec le PS?

Toujours est-il que la seule question qui vaille actuellement: comment répondre à l'urgence des questions sociales et laïques? Cette question, elle, n'a toujours pas trouvé de réponse...

Évariste Pour réagir aux articles,
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2 - Liberté d'expression

2.1 - Sera-t-il "le dernier en France auquel une telle aventure arrive" ?

Dans le texte de remerciements qu'il adressait ce jeudi 16 novembre à ceux qui le soutiennent, Robert Redeker posait la question.

Après le rassemblement d'un millier de personnes, à Toulouse, où il était apparu, le rassemblement à la Maison du Barreau de Paris, également à l'initiative de la Licra, comptait à peu près la moitié de cet effectif et un panel d'une vingtaine d'intervenants. SOS Racisme était la seule organisation de premier rang à s'être associée. Certains absents - leurs silences ou leurs contorsions - étaient présents en négatif et parfois directement mis en cause, notamment par Alain Finkielkraut ("il n'y a pas de mais qui tienne...").

Cette fermeté était présente chez les divers représentants de l'Education nationale, enseignants de lettres ou de philosophie, IGEN dont Martine Storti qui a enquêté dans les établissements sur les remises en cause des contenus de l'instruction ou les intimidations (le rapport Obin qui en est résulté a été soigneusement enfoui par François Fillion avant de sortir par des voies détournées...): "ne rien céder", affirmait Hélène Roudier de Lara.

Les représentants du Haut Conseil à l'intégration, dont Blandine Kriegel, actuelle présidente, avaient des propos moins tranchés, tandis qu'en l'absence de camarades musulmans ou de culture musulmane, Anny Dayan Rosenman, entre autres, appelait à soutenir totalement les organisations qui vont se retrouver en première ligne, comme NPNS.

Sans compter le soutien lyrique de Claude Lanzmann à R. Redeker, collaborateur des Temps modernes, "penseur fulgurant et solitaire", l'ambiance était donc consensuelle mais Caroline Fourest qui fit ressortir - après Philippe Val - les dimensions géopolitiques du dossier, apportait à la question ci-dessus une réponse dissonante: "Les menaces de mort vont se multiplier (mais il ne s'agit pas pour autant de terrorisme) ; il faudra s'y faire et surtout ne pas céder à la peur". Ce refus de l'intimidation, y compris du climat de culpabilité et de repentance prévalent, comme l'a exprimé Patrick Kessel, aura été un leitmotiv de la soirée.

En conclusion, la pétition Respublica/Ufal et ses résultats ont été salués. Alain Seksig, président de la commission Education de la Licra, s'est interrogé sur la possibilité de fédérer les différents appel à soutien en vue d'un texte unique.

Monique Vézinet Union des FAmilles Laïques

2.2 - Interview de Claude Askolovitch, grand reporter, au Nouvel Observateur

La participation de Dominique Sopo, Philippe Val, Bernard-Henri Levy, Pascal Bruckner ou Alain Finkielkraut à une soirée de solidarité à Robert Redeker est-elle le signe d'un apaisement de la situation ?

Il n'y a pas d'apaisement, mais un oubli de cette affaire. Tout le monde a repris ses petites habitudes -nous y compris au Nouvel Obs, alors que nous nous sommes engagés intialement... Les personnalités qui se sont rendues à la soirée de Toulouse ont soutenu Redeker depuis le début. Sur ce point, rien de nouveau. L'organisation de ce meeting est une bonne chose si elle réveille l'opinion, si elle rappelle que ce professeur est toujours menacé. En revanche, c'est dommage que Robert Redeker ne soit pas monté sur scène, qu'il n'ait parlé que caché. Cela fait des semaines qu'il est enfermé, hors la vie. D'autres personnalités ont déjà été menacées de mort par des islamistes, mais continuaient à exister socialement, en bénéficiant d'une protection rapprochée. Tel n'est pas le cas de Redeker qui reste dans l'ombre. Il faut qu'il revive.

Après l'affaire des caricatures, l'affaire Redecker (...), les médias peuvent-ils encore traiter de l'Islam ? Dans quelle mesure ?

Non seulement on peut, mais il faut le faire. Ca ne signifie pas insulter l'Islam, mais en débattre, comme de tout autre sujet. La liberté d'expression ne s'use que si on ne s'en sert pas. Elle doit être protégée par les autorités, mais aussi par les intellectuels, les intervenants du débat public eux-mêmes. Ceux qui se sont dressés contre Redeker alors même qu'il était menacé de mort ont eu une attitude étrange... Certains ont expliqué qu'un homme qui venait de passer dans la clandestinité devait être chassé de l'enseignement public ou attaqué en justice... Mais heureusement, le Mrap ne dirige pas la presse en France.

Y-a-t il eu une surmédiatisation de l'épisode Redeker ? A-t-on équitablement donné la parole à ses détracteurs et à ceux qui l'ont encouragé ?

On a assisté à une séquence médiatique classique. La presse a exploité le sujet de façon explosive, sur un laps de temps très court, puis l'histoire est tombée dans l'oubli. Mais, il n'y a pas eu surmédiatisation. Peut-être s'est-on trop souvent trompé de débat. Il ne s'agissait pas de discuter du fond du texte de Redeker: son texte est mauvais, les conclusions qu'il tire sur la nature profonde de l'Islam et du Coran sont rapides, contestables, blessantes. Mais, l'enjeu du débat se trouvait ailleurs: un homme a été menacé de mort par des cercles djihadistes pour avoir exercé son métier d'intellectuel. Cette évidence aurait primé sur toute considération... On a parfois ergoté sur ses écrits, dans un petit débat franco-français, au lieu de prendre la dimension politique de l'affaire, qui mettait en jeu une liberté fondamentale. A ce titre, il aurait dû bénéfier d'une défense inconditionnelle.

Chloé Dussapt

Source : permanent.nouvelobs.com/

2.3 - Interdiction professionnelle de Raphaëlle Picard, Communiqué du SAJ-UNSA

Notre consoeur Raphaëlle Picard, pigiste permanente de l'AFP dans le département des Yvelines, est frappée depuis trois semaines d' " interdiction professionnelle " par la police et la justice du département, après la diffusion de son reportage sur l'opération de police, le 4 octobre, dans le quartier des Musiciens aux Mureaux.

Dans cette dépêche, Raphaëlle, jeune journaliste de l'AFP depuis 2004, a décrit - en se conformant avec la plus parfaite rigueur et honnêteté aux règles déontologiques de la profession - " La colère des "perquisitionnés par erreur" dans une cité des Mureaux ". Ce reportage a valu à l'AFP de très importantes reprises dans la presse nationale et régionale, écrite et audiovisuelle.

Ce témoignage rigoureux, parfaitement sourcé et ponctué de nombreuses citations incontestables, est évidemment exempt de tout commentaire de l'auteure, comme l'exigent les règles rédactionnelles de l'AFP. Il a jeté un éclairage nécessaire sur les coulisses des opérations de police à grand spectacle, mises en scène par le locataire de la place Beauvau, par ailleurs candidat à la présidence de la République. Mais " l'arroseur arrosé ", qui ne tolère, semble-t-il, qu'une presse aux ordres et à sa bottine, a violemment réagi par l'intermédiaire de ses services départementaux : Ce fut d'abord le directeur adjoint de la police départementale qui à la sortie d'une conférence de presse, a étrillé notre consoeur, l'accusant de " malhonnêteté intellectuelle ". Ce fut ensuite le directeur de la sécurité publique, à qui Raphaëlle avait demandé un entretien, qui l'a accusée d'avoir " produit des faux témoignages qu'elle n'avait pas pris soin de vérifier... auprès de la police " (sic). " Notre collaboration va s'arrêter là ", lui a-t-il signifié.

Ce fut encore (côté Justice), le procureur adjoint du parquet de Versailles qui lui a également signifié que sa porte était désormais fermée et qu'il " ne voulait plus jamais collaborer " avec elle. " On a toute la direction sur le dos... ", a-t-il avoué. Enfin, last but not least, le directeur de la police judiciaire des Yvelines est monté d'un cran : " On va porter plainte... ". Menace gratuite, fanfaronne et vide de sens, puisque, à ce jour, aucune espèce de plainte n'a été déposée devant une quelconque juridiction. Raphaëlle et par voie de conséquence l'AFP, se trouve désormais coupée de toutes les sources " officielles et institutionnelles ", indispensables pour couvrir de façon rigoureuse, honnête et complète, l'actualité dans ce département.

Le but poursuivi par le ministère de l'Intérieur est limpide : interdire à Raphaëlle Picard de faire son travail de journaliste et pousser la direction de l'AFP, au pire, à mettre fin à sa collaboration, au mieux, à procéder à sa mutation. L'AFP avait obtenu il y a une quinzaine de jours, du procureur adjoint du parquet de Versailles, un rendez-vous à déjeuner, prévu le mercredi 25 octobre. Mais au dernier moment, le mercredi matin, d'une façon pour le moins cavalière et méprisante, le magistrat a signifié à l'Agence, par la voix de son assistante ou secrétaire, que le rendez-vous était annulé " pour raisons d'agenda ".

Cette affaire est très grave et ne doit pas en rester là. La carrière professionnelle de Raphaëlle est objectivement menacée par un tenant de l'exécutif qui bafoue, avec le plus intolérable aplomb, les règles élémentaires de la République et de la démocratie et piétine la liberté de la presse. Ce chantage pèse aussi sur l'ensemble des journalistes de l'Agence dans l'exercice de leur activité professionnelle et plus particulièrement dans les domaines police-justice et politique, en cette période très sensible d'échéances électorales et alors que la situation dans les banlieues est de plus en plus instable. Le SAJ-UNSA demande avec instance à la Direction Générale, d'affirmer publiquement sa défense de notre consoeur et de condamner fermement les menaces et l'ostracisme dont elle est injustement victime. Il lui demande également de saisir le Premier ministre -voire plus haut si nécessaire- de cette affaire qui constitue une grave entorse à la liberté de la presse, l'un des piliers de notre démocratie républicaine. Le SAJ-UNSA appelle l'ensemble des syndicats et le personnel de l'AFP à soutenir Raphaëlle Picard et à envisager toutes modalités d'action - et elles sont nombreuses - pour faire cesser cette invraisemblable atteinte au droit d'informer. Ce communiqué d'information, tant sur le fond que dans sa forme, et notamment en ce qui concerne les sources qui ont permis sa rédaction, est de l'entière et unique responsabilité du Syndicat Autonome des Journalistes de l'Agence France-Presse.

PARIS, 27 octobre 2006

SAJ-UNSA Syndicat Autonome Des Journalistes

3 - néo-libéralisme

3.1 - Les risques d'une société fondée sur la performance individuelle

Jacques Généreux pointe les risques d'une société fondée sur la performance individuelle, la compétition généralisée et le chacun pour soi.

Dans votre livre (*), vous analysez la crise actuelle du politique et vous dites que ses racines sont plus profondes qu'on ne le croit.

Pourquoi des démocraties, qui sont des sociétés libres où les gens peuvent voter et changer de gouvernement, n'arrivent pas à régler des problèmes sociaux dramatiques ? Je suis parti de cette impuissance du politique qui entraîne la désaffection des citoyens pour la chose publique.

La Dissociété, par Jacques Généreux

Seuil-450 pages-22 euros

En prolongeant cette réflexion, je suis tombé sur la nécessité d'une enquête plus profonde. Nous sommes confrontés à une énigme : comment se fait-il qu'on constate tant de souffrance psychique des individus au travail, de stress, de dépressions, de protestations dans des sociétés qui dégoulinent de richesse, de progrès technologique ? Ce paradoxe pose une question qui va au delà de la simple crise politique. Pourquoi chacun d'entre nous ne cherche-t-il pas, et collectivement ne cherchons-nous pas, à faire autrement alors que nous le pouvons ?

La thèse que vous développez est que nous sommes dans une " dissociété ", que la société évolue en isolant les citoyens les uns contre les autres...

Ce que j'appelle " dissociété " est la décomposition d'une communauté humaine, solidaire, soudée autour de l'idée de République ou de nation, en sous-communautés rivales, repliées sur elles-mêmes. Et à l'intérieur même de ces sous-communautés l'extension d'un principe de compétition généralisée entre les individus, l'installation d'une nouvelle culture où l'on ne s'épanouit que dans la performance individuelle et donc la rivalité avec les autres. Aux Etats-Unis, vous avez des manifestations très concrètes de ce phénomène avec la construction depuis une vingtaine d'années de villes privées, barricadées, où ne vit qu'une catégorie de population : soit une catégorie sociale, soit une classe d'âge. La dissociété, c'est cet éclatement dans une société où on vit de plus en plus difficilement avec les autres.

Vous dites que cette " dissociété " est le fruit de l'évolution " néolibérale " de la société. Cette orientation n'est pas une fatalité économique, selon vous, mais un choix politique...

On nous dit que la nouvelle tournure du capitalisme mondial est une loi naturelle, une évolution inéluctable de l'économie. Tout cela est faux ! Aucune mutation économique, technologique ou démographique n'impose un système de compétition généralisée et un recul du contrôle public de l'économie ! Il y a des choix politiques délibérés, qui se sont effectués progressivement à partir de la fin des années 1970, pour aller vers une société de ce type. Les pays occidentaux ont abandonné le consensus socio-démocrate de l'après-guerre qui était un accord sur le partage des gains de la croissance entre le travail et le capital, une certaine régulation de l'économie, et une priorité donnée à la croissance et à l'emploi dans les politiques économiques.Les priorités se sont renversées à la fin des années 1970. Ce changement de rapports de force est politique : ce n'est pas la technologie ou des martiens qui sont tombés du ciel pour dire "maintenant on fait comme ça !"

La rupture de l'équilibre d'après-guerre est le fruit de plusieurs facteurs : l'effondrement progressif du système soviétique, et des régimes communistes en Europe, ainsi qu'un phénomène de générations. Les dirigeants et cadres qui arrivent au pouvoir à la charnière des années 1970-1980 ont objectivement intérêt à un renversement des priorités de la politique économique vers la lutte contre l'inflation et une meilleure rémunération du capital parce que ce sont des générations qui, grâce aux politiques anciennes menées pendant les trente glorieuses, ont pu accumuler un capital immobilier ou financier.

Ce choix politique se manifeste par le renversement de la politique monétaire et par la libéralisation de la circulation internationale des capitaux. Se crée alors une nouvelle compétition qui change totalement de nature. Avant, vous aviez une concurrence sur les produits, sur les biens pour qu'ils captent le mieux les marchés. Cette concurrence saine est remplacée par une compétition entre managers pour avoir le meilleur taux de rentabilité à court terme et ne pas se faire lâcher par les actionnaires.

Mais avait-on le choix de ne pas suivre cette évolution de libéralisation des mouvements de capitaux ?

Quand les Etats-Unis, puis la City, commencent à déréglementer les marchés financiers, cela crée une pression sur les autres, c'est vrai. Mais cet argument qui est " on ne peut pas ne pas suivre le mouvement " n'est pas très sérieux si vous considérez qu'un petit pays comme le Chili n'a pas suivi le mouvement, a toujours maintenu des contrôles stricts et des taxes sur les capitaux et ne s'en est pas plus mal porté. La Malaisie, au moment de la crise asiatique au milieu des années 1990, est sortie de la tourmente en décidant de fermer ses frontières aux capitaux. Et la Chine construit son développement économique sur un système qui met sa monnaie et son marché des capitaux à l'abri des mouvements de la finance internationale.

Vous ne proposez pas de modèle politique alternatif et dites qu'il faut avant tout mener une bataille d'idées...

Pourquoi acceptons-nous un système économique qui fait souffrir le plus grand nombre et nous conduit à une impasse écologique monumentale, juste au profit de quelques minorités qui détiennent le capital ? C'est une forme de servitude volontaire. Selon les néolibéraux, cette dureté est acceptée car elle s'inscrit dans la nature humaine qui est la loi de la jungle et le " chacun pour soi ". Mais nous avons tous l'expérience dans notre vie que nous ne sommes pas que ça. Nous avons autant besoin d'être aimés, d'aimer, d'avoir des relations pacifiées avec les gens !

Le modèle néolibéral repose sur l'amputation brutale d'une de nos aspirations, celle de bien vivre ensemble, au profit de la seule aspiration à s'affirmer soi. Si nous acceptons la conception de la nature humaine portée par le modèle néolibéral, c'est parce qu'elle est ancrée dans l'histoire moderne des idées. La totalité des courants de la pensée politique, depuis Descartes, et des penseurs comme Hobbes, défendent cette conception dissociée d'un individu. Mon propos est qu'il faut se débarrasser de cette culture fausse. Nous sommes avant tout des être sociaux. La nature humaine se fonde sur une double aspiration : à " être soi " et à " être avec les autres ". Une société humaine est celle qui permet une interaction harmonieuse entre ces deux aspirations !

Propos recueillis par Elodie Bécu

Jacques Généreux

3.2 - Vote de la directive "services": Déclaration de Francis Wurtz

Monsieur le Président,

Dans les rapports Parlement - Conseil, on connaissait la codécision, la conciliation. Avec la directive services s'y ajoute aujourd'hui la capitulation. Comment appeler autrement la décision invraisemblable prise par les groupes majoritaires de céder aux injonctions du Conseil, en acceptant de retirer tous les amendements examinés en commission du marché intérieur et d'adopter sans coup férir une "position commune" du Conseil, pourtant incontestablement en retrait sur leur propre compromis du 16 février dernier?

Je rappelle que la Confédération européenne des syndicats avait estimé nécessaire d'amender ce texte sur des points qu'elle juge "d'une importance capitale", notamment dans le sens d' "une plus nette exclusion du droit de travail et des services sociaux de la directive et un plus grand respect des droits fondamentaux".

De fait, le texte du Conseil subordonne la préservation du droit du travail dans les Etats membres au "respect du droit communautaire", formule floue qui renvoie aux règles de la concurrence. Certains d'entre vous se consolent avec une déclaration rassurante du Commissaire McCreevy à ce sujet. Singulière démarche, en vérité! Oserais-je rappeler que c'est précisément M. McCreevy qui avait, il y a juste un an, justifié, au nom du droit communautaire, le refus d'une entreprise de Lettonie de reconnaître les conventions collectives en Suède, dans l'affaire Vaxholm, qui fit grand bruit?

D'autre part, le Conseil a rétabli un pouvoir exorbitant de contrôle - a priori et a posteriori - de la Commission sur la législation des États membres - pouvoir que le Parlement entendait précisément contenir. M. McCreevy voit dans ce changement "une amélioration cruciale". On le comprend! Mais le Parlement: qu'y voit-il? No comment!

Enfin, les ambiguïtés et les zones grises du texte de la directive - que j'avais déjà, au nom de mon groupe, dénoncées en première lecture parce que, disais-je, elles prêtent le flanc aux interprétations immaîtrisables de la Commission et de la Cour - ont déjà commencé à être exploitées dans le sens qu'on pouvait craindre.

Ainsi, la communication de la Commission sur les services sociaux développe-t-elle une vision extrêmement restrictive de ces services, dont le commissaire Spidla a, au passage, tenu à souligner qu'ils "entrent de plus en plus dans le champ d'application du droit communautaire" relatif au "marché intérieur" et à la "concurrence".

Une autre communication de la Commission, qui traite du "détachement des travailleurs", s'en prend aux réglementations jugées "disproportionnées" de certains États membres vis à vis de prestataires d'autres pays de l'Union. Là encore, la Commission s'appuie sur l'inépuisable "jurisprudence" de la Cour. Où sont donc les garde fous que la directive était censée nous offrir contre le glissement de toute la vie sociale dans la concurrence à tout-va?

D'une façon générale, avait lucidement prévenu la présidence en exercice: "l'interprétation de la Cour sera nécessaire dans de nombreux cas". Eh bien, cette gigantesque entreprise de dérégulation, mon groupe ne la cautionnera pas. Par delà même la question des services, se pose celle de la conception de la construction européenne. Voulons-nous harmoniser par la loi des règles protectrices et évoluant vers le haut, ou acceptons-nous l'harmonisation par le marché et la concurrence de normes dès lors fatalement tirées vers le bas? Voulons-nous promouvoir la démocratie parlementaire et citoyenne ou allons-nous nous laisser gouverner à coup de "jurisprudence" et de "communications interprétatives"?

A quelques semaines du cinquantenaire du traité de Rome, il est légitime de se poser ces questions. Gageons que nombre de nos concitoyennes et concitoyens les poseront sous peu avec force.

Je vous remercie.

Francis Wurtz Président GUE/NGL

4 - Altermondialisme

4.1 - CETTE FOIS ENCORE, JE VAIS VOTER NON A LA LISTE DES FONDATEURS

Pour plusieurs raisons que j'ai envie de préciser, à toutes fins utiles. Je souhaite que nous puissions avoir un débat là-dessus. Expliciter mes raisons suppose d'abord de passer par un historique débouchant sur la naissance d'Attac. Ce qui suit est mon analyse personnelle, pour ce qu'elle vaut.

A l'origine d'Attac

En fait, il faut remonter bien loin. Au tournant du 19ème siècle finissant et du 20ème naissant. Ces années sont celles de l'accès des masses, comme on dit, au suffrage universel, au moins dans les pays de l'Europe du nord-ouest, et dans les sphères de culture exportée et dominante de cette même Europe (ex : USA). C'est l'époque du nécessaire encadrement des nouveaux acteurs politiques. Ceux qui vont voter détiennent les clefs de tout pouvoir politique. A l'époque, la réponse politique à cet afflux d'individus dans le champ politique électoral est en général la construction d'une structure politique encadrante, le parti, de masse en cas de réussite. Pour la France, les actes de naissance sont datés : 1901 pour le parti Radical-Socialiste, 1905 pour la SFIO, 1920 pour la matrice du PCF, la SFIC. A gauche. A droite, c'est plus tardif. A l'extrême droite, c'est le choc de la guerre 14-18 qui impulse de nouvelles voies politiques. D'abord en Italie (1920-1922).

Un point commun : à chaque fois, l'organisation offre des projets clefs en main. Pour le bonheur, suivez nous. On sait.

Et ça suit. Avec les résultats que l'on sait : de Lénine à Gorbatchev, la faillite totale et assassine du projet communiste, en URSS et aussi ailleurs. Bien que quelques échoppes n'aient pas encore achevé leur liquidation. Les impasses inhumaines du fascisme. Les errements des projets strictement réformistes. Bref, pour les masses, un goût amer. Mais il faut attendre au moins la fin de la seconde guerre mondiale, au pire le tournant des années 60/70, pour que ces "masses" trouvent en elles-mêmes des solutions de rejet qui n'empêchent pas, à leur idée, d'avancer. Ce qui explique l'étonnante atomisation de l'action politique pour nombre d'entre nous (au sens large) : changer tout comme propose machin, c'est galère. Moi, je vais me concentrer sur un truc. Ecolo, humanitaire, tout ce qu'on veut. D'Amnesty à Greenpeace en passant par le Planning familial et les bébés phoques, d'Emmaüs au DAL et maintenant à RESF, l'anastomose atomise le "tout politique". Vers la même mer, mais chacun sa barque. La croisière demeure, toutefois.

Attac est à la fois le produit de cette évolution et le retour aux sources. Nous sommes nés comme bon nombre d'associations, sur un projet circonscrit. ("Tobin Tax"). Mais nous arrivions, après 95, à un moment où la mouvance citoyenne avait besoin d'un môle d'ancrage (l'altermondialisme) et d'une analyse globale de l'évolution économique, au moins, du monde. En endossant ce costume, l'association s'est trouvée à la pointe de l'évolution politique et en même temps sur le ring réservé aux partenaires "anciens" du changement. D'où la pression intense qui s'exprime actuellement, et qui n'a cessé de monter depuis notre récente émergence.

Bien sur, nous savions tout cela, un peu. C'est pourquoi nous nous sommes méfiés des partis politiques. D'ailleurs le flux des adhérents sortait gavé, bien souvent, de pratiques anciennes et étouffantes. Combien d'anciens du PS, du PC, de la Ligue, pour ne citer qu'eux, chez nous ?

Mais, illusion de 1995, nous ne nous sommes pas méfiés des autres organisations. Syndicats, associations diverses et anciennes, nous avons voulu à travers elles nous protéger des habitudes liées au petit pouvoir organisé par la Vème république. En oubliant que la culture était la même, que les individus étaient les mêmes, que les objectifs n'étaient pas les nôtres mais ceux d'organismes collectifs dont l'horizon principal est l'auto-pérénisation. En fermant la porte aux partis politiques, nous avons ouvert en grand nos fenêtres à leurs clones sociaux. Mauvaise pioche ? Pas sur. Les membres fondateurs sont à la fois des organismes et des individus. Par contre, nous n'avons aucune garantie en ce qui concerne le degré d'implication et la communauté d'objectifs portée par les individus qui représentent les fondateurs dans nos instances dirigeantes. C'est pour cela que leur rôle, leur place doivent être discutés dans les statuts à venir. Nous ne sommes plus un petit lobby émergent qui a besoin de l'ombre protectrice des grands anciens mais une véritable association d'individus qui n'a de sens que dans l'autonomie.

Autonomie ? Est-elle possible quand l'élection prochaine va accorder, de fait, le pouvoir directionnel aux seuls fondateurs ? Et pourquoi se lover dans cette sécurité statutaire tout en expliquant que la modification des statuts et le rééquilibrage des pouvoirs s'impose ?

La démocratie, représentative, c'est la forme qu'elle a dans Attac, suppose au moins l'implication des individus. La liste blindée sur un projet des fondateurs ne nous fait même pas l'aumône du faux semblant d'une représentation humaine et individuelle. Des sigles. Qui derrière ? Vous verrez bien. La quintessence de la culture d'appareil, avec en arrière plan l'habitude de la cooptation. Un peu de pression a d'ailleurs fait apparaître quelques patronymes. Bien connus. Habituels. Quitus automatique. Pratique.

Nous nous débattons piteusement dans la boue de la fraude. C'est vrai. Mais cette liste au départ anonyme est une réelle arnaque. Arnaque à la démocratie, arnaque à la parité (combien de femmes, d'hommes derrière les sigles ?), arnaque à l'égalité territoriale (combien de parisiens déchargés de tout souci de boulot là-dedans ?), arnaque au projet (combien de sentiers convergents là-dedans ?)...

Savez-vous où nous en sommes ? A se demander qui va être parachuté au CA d'Attac par telle ou telle organisation. Parachuté... Cela ne vous fait pas dresser une oreille ? Voilà pourquoi je vote non à la liste des fondateurs. Nonobstant le vécu tragique de notre relation commune, actifs et fondateurs.

Michel Gicquel Attac 22

Source : www.avenirdattac.net

4.2 - Alerte au FSE !

Préparation du prochain FSE : égalité, laïcité sont des mots tabous

Le week-end des 4 et 5 novembre se tenait à Francfort, une réunion de préparation du prochain FSE (Forum Social Européen). Je remplaçais notre camarade responsable UFAL du secteur féminisme et laïcité.

Levée à 4H30 du matin pour départ collectif en voiture ( petits moyens pour petites organisations).

Nous sommes arrivés pour le repas. Les ateliers de travail pour choisir les thématiques du prochain FSE avaient eut lieu la veille ; mais, nous avait-on dit, nous pourrions intervenir, rapidement, au cours de l'après-midi au moment des comptes-rendus.

J'ai pris ma place ainsi qu'une copine féministe dans la file d'attente pour prendre la parole dès le début de l'après midi. J'ai pu assister à tout ce qui se fait de classique pour nous décourager de le faire.

Des intervenants nous passent devant avec des motifs qui pouvaient être tout à fait recevables ; pour d'autres la difficulté de langue ne me permettaient pas de juger de la véracité des motifs.

Les orateurs étaient longs ; un rapide calcul m'a fait comprendre que l'attente serait d'au moins 2 heures. A la pause de 16H00, je n'ai pas voulu aller prendre un café pour garder ma place.

Au retour de pause... changement de programme : les CR des réseaux nous passent devant. Protestation auprès du président de séance qui nous dit de faire une liste pour intervenir en fonction du temps qui restera. Devant mon insistance et notre colère, nous faisons une liste, je suis la 4ème, et ma copine la 5ème. c'est écrit! Compte rendu des réseaux. Les 2 délégués kurde et turc derrière nous, par l'intervention d'une traductrice font valoir qu'ils doivent partir le lendemain : je les laisse passer devant nous... (Ils étaient encore là le lendemain, et l'un d'eux, ne sachant pas que j'étais dans la voiture est venu demander à notre chauffeur s'il y avait une place pour lui en direction de Paris. Quand je lui ai dit : " mais tu ne ne devais pas partir hier soir? ", il m'a répondu avec le regard qui flanchait " excuse moi, comprend pas bien français.... "!)

Lassée, avec une promesse de pouvoir prendre la parole le lendemain, nous allons nous asseoir.

Quand je juge que c'est possible de parler ( plus que 3 personnes), nous revenons dans la travée.

Deux personnes décident subitement de rendre compte pour leurs réseaux et nous passent devant. Quand il n'y a plus qu'une personne devant nous, le président de séance intervient pour signifier que le " dernier " orateur devra être très court, parce qu'il faut préparer le lendemain. Nouvelle négociation : je lui signifie que je n'ai que 3 phrases à dire, ma collègue féministe accepte de parler demain.

J'ai pris la parole la dernière, après rappel pressant du président de séance sur la nécessité de faire court : ça a été court.

" Pour participer au prochain FSE, l'UFAL, Union des Familles Laïques, organisation féministe, membre fondateur d'ATTAC, demande que soit précisé dans la plate-forme que l'égalité hommes-femmes est un droit fondamental. Il n'est pas acceptable que cette question de l'égalité soit secondaire. La lutte pour l'égalité se heurte aux églises qui prétendent imposer leur vision moraliste patriarcale rétrograde et figée de la société. C'est pourquoi nous demandons que la laïcité soit clairement incluse dans la plate-forme. Le démantèlement des services publics et les attaques contre la protection sociale basée sur la solidarité s'accompagnent de l'intrusion de la charité des églises dans l'espace public. Les structures religieuses et charitables doivent être séparées des structures publiques et ne doivent disposer d'aucun moyen d'intervention dans la sphère politique. Nous demandons que ce soit précisé. En conclusion : Egalité, Laïcité, Solidarité doivent être mentionnés dans les documents du prochain FSE ".

Ce fut un déferlement de haine. C'était violent et physiquement perceptible. Au motif que j'avais employé le mot " plate-forme " à la place de charte, il n'y avait qu'un cri : y a pas de plate-forme!!!

Un des gars qui hurlait : " y a pas de plate forme " était tellement congestionné par la haine qu'il était aussi rouge que son pull et j'ai pensé qu'il allait avoir une attaque.

Une des féministes de notre groupe a été prise à partie par les mises au point haineuses au sujet de l'UFAL par des participantes françaises signataires de l'appel des indigènes de la République.

Le lendemain, deux féministes avec qui j'avais fait le voyage ont fait des interventions superbes sur ces thèmes de l'égalité et de la laïcité. C'était beaucoup plus calme. L'une a parlé des attaques de l' église catholique contre les droits des femmes en Pologne et de l'importance que pouvait avoir le FSE s'il prenait clairement position sur l'égalité et la laïcité.

L'autre a montré qu'on ne peut pas être contre la directive Bolkestein " du pays d'origine " dans le domaine économique et social, et pour la loi du pays d'origine dans le domaine civil pour les femmes,... à moins d'être pour un code de l'indigènat pour les femmes immigrées ou d'origine immigrée.

Lors de la pause de la matinée, il y a eu de nouvelles tractations pour évincer les féministes laïques du groupe des participants français aux prochaines réunions préparatoires.

Quand il est devenu évident pour d'éventuel(le)s naïfs, que le groupe français ne voulait pas s'élargir, j'ai lâché prise.

A l'attention des militants : demandez des comptes à vos représentants !!! Ma surprise, outre les réactions de haine, est venue du fait que des orateurs d'organisations politiques syndicales et associatives, se sont permis de faire état de mandats et de représentations.

Il est impossible qu'ils ait reçu mandat dans leur réactions d'opposition à l'égalité et à la laïcité.

Ils outrepassent leurs mandats et les détournent.

Nous sommes contraints à un " bougisme " planétaire, parce que la réaction au néoliberalisme nécessite des relations internationales entre les organisations populaires des pays.

Certains délégués, prétendument de gauche radicale ou d'extrême gauche sont factuellement antilaïques et antiféministes et les meilleurs alliés des extrémistes religieux ; ils prétendent nous représenter et acceptent une stratégie d'alliance sur le dos des femmes. Ils se parent des titres, parfois hélas bien réels avec des mandats de grosses organisations (syndicales ou politiques, de réflexion ou du champ social).

Ils font aussi du volume par la multiplication des euromachins, des altertrucs, des rassemblements dits populaires (prix du voyage!?) vers des destinations lointaines qui pourraient être des promesses de fêtes, mais qui risquent de faire le triomphe de la guerre. Ils font la promotion d'un nouveau sabre (guerre à l'impérialisme) béni par le goupillon (religions des opprimés) trempé dans une eau bénie à la révolution de façade. Ils excusent la haine des femmes au nom de cette stratégie.

Y a pas grand monde derrière certaines des banderolles... sauf des idiots utiles et des cyniques patentés. Un espoir : que ces idiots utiles qui représentent quelques poignées de gens honnêtes fassent la différence quand ils auront compris comment il sont utilisés. Y a pas grand monde, mais si les mots d'ordre sont justes et les aspirations légitimes, les cyniques patentés accroissent le désespoir et le fatalisme en défendant le contraire ou autre chose que ce pour quoi ils sont mandatés.

Attention au détournement de mandat ! Suivez donc ce qui se passe à l'international!!!

Lucette Guibert

5 - combat laïque

5.1 - Pourquoi tant d'acharnement contre la loi de 1905?

"Toiletter", "actualiser", "rénover" la loi de 1905... Construire une "laïcité ouverte", "vivante", "moderne", "renouvelée", "de tolérance (sic !)"... Les mots ne manquent pas quand il s'agit, pour les politiciens de tous bords, d'enfiler les faux-nez qui abuseront les citoyens en manque de vigilance devant les atteintes qu'ils portent, déjà, à la laïcité et à la loi qui l'institutionnalise, avant d'effacer "en douceur" cette même loi qui semble les gêner.

On évoque, le plus souvent, l'orientation brutale du rapport " Machelon " qui ouvre au financement public des lieux de culte, transforme les associations " cultuelles " en associations " culturelles d'utilité publique " , envisage la formation et le paiement des imams...

On a tendance à oublier la proposition de loi déposée par le PS le 28 /06/ 06 , qui conforte le concordat Alsace-Moselle en suggérant l'enseignement de l'islam dès le primaire (par des imams rémunérés ?), qui oublie l'article 2 de la loi de 1905 au point de le citer de manière erronée et de n'en point rappeler la conséquence première : pas d'argent public pour quelqu'église que ce soit , qui préconise l'organisation des cultes , dérogeant ainsi à l'article 1 du texte...

On oublie les pratiques quotidiennes des élus locaux et nationaux de tous bords, qui acceptent l'organisation du culte musulman par l'Etat, qui subventionnent directement ou indirectement la construction de lieux de culte ( contrevenant ainsi à l'article 2, bien que condamnés régulièrement par les Tribunaux Administratifs quand des citoyens vigilants interviennent), qui financent allègrement l'enseignement confessionnel et les initiatives " culturelles " de type communautariste et religieux ...et habituent ainsi chacun à oublier ce qu'est vraiment la loi qui nous organise et nous fait " vivre ensemble " .

On se laisse " prendre " à la stratégie des " petits pas " de l'islam politique qui revient en permanence sur la loi contre les signes religieux à l'école ( exemple actuel d'un lycée d'Amiens), qui pousse les fidèles à refuser la mixité dans les centres de soins, qui met en cause des pans entiers du contenu de notre enseignement, qui jette des cris d'orfraie quand le plus commun des citoyens use tout simplement de son droit à la liberté d'expression et d'analyse et que cela lui déplait...

Le prétexte invoqué le plus souvent pour justifier de telles dérives est qu'il faut mettre les religions " à égalité "...Outre que la loi de Séparation des Eglises et de l'Etat a renvoyé la religion " chez elle " et l'a laissée libre de s'organiser par elle-même ( et seulement ainsi), l'arrivée tardive d'une religion extérieure ne lui confère aucun droit différent ou supplémentaire, sauf à considérer une inégalité d'application de la loi et à reconnaître à une confession de 2 à 3 millions de fidèles plus de droits qu'à la majorité invisible des non-croyants ( 1 français sur 3 selon toutes les enquêtes effectuées ces dernières années) .. Et rien ne justifie que le principe qui découle de l'article 2 de la loi de 1905 ( " L'argent public est destiné à l'espace public ") soit bafoué : les impôts nationaux et locaux n'ont pas à servir à financer la construction de mosquées ou d'ensembles pseudo-culturels islamiques , de structures confessionnelles quelles qu'elles soient, de "maisons de l'athéisme " ou de " l'agnosticisme ".

Il faut d'ailleurs être hypocrite et manipulateur pour se plaindre du poids fiscal territorial , de la lourdeur des charges qui pèsent sur nos communes et départements ( par exemple) ...et voter des sommes exorbitantes pour des projets que la loi interdit !!!

Et si la religion musulmane manque de lieux de culte, on peut imaginer la récupération de lieux désaffectés, le partage de lieux existants ou, mieux , la construction de nouveaux lieux selon les termes de la loi générale et des règles d'urbanisme : l'association concernée acquiert un terrain , présente un projet conforme aux documents d'urbanisme en vigueur, un cahier des charges légitimé par les textes afin de fixer le règles de fonctionnement du site et un plan de financement à partir de ses ressources propres, sans recourir pour le moindre euro à la finance publique . La religion n'étant pas un service public ( comme l'a brillamment démontré Henri Pena-Ruiz), c'est dans sa sphère privée qu'elle trouvera les moyens matériels et spirituels de son exercice . Nous dira-t-on qu'il faut " contrôler " ces lieux ? Quelle aberration : en France ( hors statuts particuliers dus à l'Histoire) ne s'exerce aucunement un concordat, c'est la loi générale qui s'applique ( et l'Etat dispose de tous les moyens pour cela), c'est la Justice qui intervient quand celle-ci est bafouée ( article 1 de la loi de 1905 ) .

Non, décidément non, rien ne justifie que la loi organique soit écornée ou toilettée. . . Il n'y a qu'à l'appliquer dans sa stricte rigueur ... pour un " ordre juste " dans ce domaine essentiel de l'organisation et du fonctionnement de notre société .

Mais peut-être les " non-dits " sont-ils ici déterminants ?

" La République est une parce qu'elle est de tous " disait Aristide Briand...Pour ceux qui prétendent aujourd'hui aux plus hautes fonctions, il semble que la Nation doive se " déstructurer " en régions aux larges responsabilités, et la société s'émietter en espaces communautaires auxquels on reconnaîtrait des droits spécifiques, selon le modèle anglo-saxon. C'est ce qui sous-tendait, pour une part, le projet de traité constitutionnel européen (provisoirement en sommeil), c'est ce qu'appellent de leurs voeux les politiques qui s'accrochent à une régionalisation débridée, c'est ce que préparent ces mêmes politiques quand ils imposent à la ressource publique la construction d'espaces cultuels-culturels-sociaux dévolus à une confession (l'islam en particulier), foyers avérés d'émergences communautaristes .

Car s'attaquer à la loi de 1905, à l'assise de notre République n'est pas simple lubie du moment ou banale recherche politicienne de suffrages électoraux ( par parenthèse , cela permet de réfléchir sur le droit de vote pour les étrangers, voie royale pour le vote communautaire) : c'est, surtout, effacer un obstacle dans la poursuite de la construction politique européenne et, corrélativement, faciliter la libre circulation d'une main d'oeuvre aisément " taillable et corvéable " dont le système économique libéral a besoin dans les activités non-délocalisables (BTP, services, agriculture, ...).

La laïcité qu'a élaborée notre peuple et son Histoire par un processus dont on peut trouver les prémices dans " l'Humanisme de la Renaissance " et la concrétisation dans la " philosophie des Lumières " n'est pas le chemin suivi par toutes les nations européennes pour séparer le pouvoir temporel du pouvoir spirituel . Et il en est encore où ce dernier est omni-présent dans l'espace public . Construire une Europe politique et sociétale où les Eglises seraient partie prenante de la gestion n'a pas quitté l'esprit des pères de la " constitution européenne ", ni celui des politiques qui dirigent un peu partout . C'est d'ailleurs à cela que servent la Commission des Episcopats de la Communauté Européenne ( COMECE) et les différents organismes dépendant de la Conférence des Eglises d'Europe (CEC) dont la présence et l'action sont permanentes auprès de la Commission Européenne . Ce qui permet de penser qu'en France ( en particulier) l'affaiblissement de la loi de 1905 et le délitement de l'espace public laïque au profit de l'islam ( si revendiqués par les politiciens " modernes " comme par les humanitaristes métissés " bobos bien pensants "-" gauchos communautaristes " )servent, en fait, les intérêts bien compris de l'Eglise vaticane qui domine en Europe et qui n'a jamais vraiment accepté de rester en dehors de l'espace public .

Parallèlement - mais aussi de manière consubstantielle- le système économique actuel trouve son intérêt à voir , dans un espace sociétal donné, se disloquer une unité horizontale où les demandes traversent les identités particulières pour s'organiser en mouvements collectifs et solidaires portant des revendications sociales et économiques globales . Appliquant à la lettre l'ancien " laisser faire - laisser passer " des Physiocrates, il instaure la libre circulation des biens , des capitaux...et des personnes, c'est-à-dire de la main d'oeuvre qui , quand elle vient de cultures " autres " poussée par le besoin ( ou des trafics mafieux), est plus " malléable " idéologiquement aussi et se prête facilement à l'instauration d'espaces communautaires qui la sécurisent . Ainsi s'organise une structure verticale de la société où chaque colonne est une communauté imposant sa loi "constitutrice" (religieuse, coutumière ou autre) concurrente de la "colonne voisine" , sous l'autorité de la "colonne la plus nombreuse et la plus puissante". L'action, alors, n'est plus "sociale", "économique" ou " politique ", elle est biaisée par l'appartenance au groupe clos de la communauté .Le développement anarchique des flux migratoires et la volonté de ne pas les circonscrire, l'émergence des discours et pratiques communautaristes trouvent aussi leur justification dans cette nécessité des forces productives dominantes d'émietter l'espace sociétal en un modèle rompant avec l'unité laïque d'un " modèle français " vilipendé par ceux-là mêmes qui n'ont rien fait pour l'appliquer vraiment .

Nous vivons donc une époque curieuse , où le système économique dominant ( le seul existant , en fait) trouve ses meilleurs défenseurs , pour sa politique de fluidité de la main d'oeuvre et pour ses intérêts sociétaux et politiques, au sein de ceux qui n'ont à la bouche que des slogans " anti-libéraux " dont ils nous rebattent les oreille jusqu'à plus soif, avec le secret espoir qu'on ne leur en demandera jamais raison .

Pendant ce temps , sourient dans leur barbe les islamistes de tous crins... rient sous cape les libéraux de tous les pays... s'amusent en coulisses les politiciens de tous bords... se frottent discrètement les mains les représentants de toutes les obédiences confessionnelles... et s'érodent tranquillement les principes de la loi de 1905 .

Jusqu'à quand ?

5.2 - Réaction des élus PRG de la Région Ile-de-France à un communiqué de Jean-Paul Huchon

COMMUNIQUE DE PRESSE du Parti Radical de gauche.

Réaction des élus PRG de la Région Ile-de-France à un communiqué de Jean-Paul Huchon, Président de Région, en date du 23 octobre 2006 adressé aux musulmans d'Ile-de-France et de France.

Copie de la lettre adressée au Président : Monsieur Jean-Paul Huchon, Président du Conseil régional d'Ile-de-France

Monsieur le Président,

Nous avons été surpris de votre communiqué de presse en date du 23 octobre 2006, dans lequel, en souhaitant à tous les musulmans d'Ile-de-France et de France une très bonne fête de l'Aid al Fitr, vous concluez par ces mots : "Je souhaite qu'Allah accepte votre jeûne et vous comble de Sa Clémence et de Sa Miséricorde".

Les élus radicaux estiment que le Président de la Région Ile-de-France, élu de la République, ne peut dans un communiqué officiel, s'exprimer de l'intérieur d'une croyance en utilisant le vocabulaire et les mots de ses fidèles.

La Laïcité à laquelle les radicaux sont attachés comme le fondement de nos institutions républicaines exige de maintenir rigoureusement la frontière entre le champ du public et du confessionnel. Les entorses à ce principe étant malheureusement de plus en plus constatées, les élus de la République doivent veiller à en être les premiers défenseurs et garants.

Nous estimons, en outre, qu'il faut laisser aux ministères concernés le soin de gérer les relations avec les communautés religieuses et les pouvoirs publics.

En espérant que vous comprendrez le sens de notre interpellation, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de nos sentiments amicaux.

Les élus Du Groupe PRG, Conseil Régional D'Ile-de-France

6 - Combat contre le racisme

6.1 - Récidive raciste de Georges Frêche

Communiqué de Presse

J'ai découvert avec stupeur ce matin dans le journal Midi Libre de nouvelles déclarations intolérables de Georges Frêche, lors du Conseil d'agglomération de Montpellier qui se tenait hier. Evoquant l'équipe de France de football, il a exprimé ces propos odieux : "Dans cette équipe, il y a neuf blacks sur onze. La normalité serait qu'il y en ait trois ou quatre. Ce serait le reflet de la société. Mais, là, s'il y en a autant, c'est parce que les blancs sont nuls. J'ai honte pour ce pays. Bientôt, il y aura onze blacks."

Ces propos sont inadmissibles. Je les condamne solennellement. J'invite tous les socialistes à exprimer leur désaccord avec de telles déclarations et avec les idées qu'elles reflètent. D'autant que suite à ses propos qualifiant des Harkis de "sous-hommes", M. Frêche a déjà été suspendu pour 2 ans des instances du PS.

La complaisance dont bénéficie Georges Frêche au Parti socialiste n'est plus tolérable. Je demande solennellement que les candidats à l'investiture du PS prennent clairement et politiquement leurs distances avec ces propos. En particulier Ségolène Royal qui reçoit l'appui de George Frêche et de ses bulletins de vote. C'est le moment de faire la preuve de ce que veut dire la rénovation de la politique et la République du respect dont elle se réclame.

Jean-Luc Mélenchon

Source : www.jean-luc-melenchon.fr

7 - élections présidentielles 2007

7.1 - Sarkozy: Lapsus?

Nicolas Sarkozy, en meeting à Saint Etienne le 9 novembre 2006, a exprimé sa vision "humaniste"... et religieuse. Le libéralisme sauvage oui, mais à la sauce "spirituelle". Ca passe mieux !

vidéo

Lapsus amusant et révélateur : "l'homme n'est pas une marchandise comme les autres" dira-t-il lors de ce meeting. Autrement dit, c'est aussi une marchandise...

Immigration choisie, expulsions... Nicolas Sarkozy nous a déjà maintes fois illustré sa vision "humaniste".

Quelques commentateurs ont relevé l'expression bien sûr, mais peu se sont émus de la première partie de la phrase qui aurait pu être celle d'un télé-évangéliste :

"La morale ça compte, la spiritualité ça existe, l'homme a une destinée..."

Rien d'étonnant à ce que l'homme de la poignée de main à Bush lie l'humanisme à la question religieuse. Aucune conception athée du terme humanisme bien sûr dans la bouche de Nicolas Sarkozy ! La religion est pour lui un "élement civilisateur" et les valeurs religieuses sont supérieures aux valeurs républicaines : "La dimension morale est plus solide, plus enracinée lorsqu'elle procède d'une démarche spirituelle, religieuse, plutôt que lorsqu'elle cherche sa source dans le débat politique ou dans le modèle républicain" écrivait-il dans son livre "La religion, la République, l'espérance".

8 - Droit à la sureté

8.1 - Assez le feu !

Deux écoles ont été incidiées cette nuit à Vienne (Isère): les parents d'élèves sont atterrés, découragés... Les dégâts sont si importants que la classe ne pourra pas avoir lieu. Inacceptable! Le Maire est sur les lieux, avec les parents .

Dans la nuit de samedi à dimanche, c'est une église qui a brûlé à la Duchère, quartier de Lyon... Dans la nuit du 27 au 28 octobre, une moto incendiée dont les plaques avaient été retirées, avait été lancée dans la sacristie. Le grand rabbin de Lyon, Richard Wertenschlagle et le recteur de la Mosquée, Kamel Kabtane, Gérard Collomb, Maire de Lyon, Azzouz Begag, Dominique Perben sont venus apporter leur soutien à la communauté chrétienne et au père Cristin, curé de la paroisse.

Ces incendies de bus (avec le crime contre cette pauvre jeune femme, brûlée grièvement et dont la vie est marquée à jamais) ces incendies d'écoles, ces incendies d'églises ou d'autres lieux de culte, rien ne justifie ces actes : les injustices sociales ne peuvent servir de justifications à ces actes criminels ! Il faudra bien arriver à trouver les coupables de ces actes inqualifiables, qu'ils s'expliquent sur leurs crimes. Il faudra bien que les citoyens soient informés, que la justice fasse son travail et que la police ait les moyens de faire aussi son travail, prévention, police de proximité, aide psychologique et... retour à l'éducation nationale (pour les mineurs) par une FORMATION adaptée.

Car c'est bien par l'école que l'on reprendra en mains ces jeunes délinquants et que l'on arrivera à les remettre sur le chemin de la responsabilité et de la dignité.

Mireille Popelin

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