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  1. chronique d'Evariste
    1. Papon, la honte et la confusion, par Évariste
  2. combat laïque
    1. Premières retombées des journées internationales laïques, par ReSPUBLICA
    2. Les contradictions du président de la LDH, par Nicolas Prognon
    3. N'oubliez pas la dérive de la Fédération Nationale de la Libre Pensée, par Jean-Marie BLANC
    4. Après les caricatures, quelques vérités historiques sur Mahomet, par Gilles Courtieu
    5. Les errements actuels de la mosquée de Paris, par Audrey Baudeau
    6. Les évangélistes à l'offensive, par Nouvel Obs
  3. élections présidentielles 2007
    1. Un certain goût du lynchage, par Alain Léauthier
    2. Nicolas Sarkozy ou la collusion avec les grands patrons (de presse), par Www.NonaSarko.com
    3. Bravo à Corinne Daudier qui dit en quelques mots des phrases importantes à propos de Villepinte., par Jacques Sanchez
    4. Ecole, laïcité, le faux nez de François Bayrou, par Pascal-Eric Lalmy
  4. débats républicains
    1. S'attaquer aux discriminations ou au chômage ?, par François Devoucoux Du Buysson
    2. L'abandon du deuxième porte-avion suffira-t-il à empêcher de couler l'école ?, par Jean-Pierre CHARLES
  5. à voir
    1. Michou d'Auber : la fusée est sur orbite, par Jean-François Chalot
  6. À écouter
    1. Radio libre La Clé des Ondes 90.10Mhz, par Jacques Martineau
  7. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Papon, la honte et la confusion

Jeune homme de gauche (Ligue d'action universitaire républicaine et socialiste, favorable au Front populaire), il rejoint en juin 1940, la réaction et la soumission derrière Pétain et la collaboration.

Secrétaire général de la Préfecture de la Gironde en 1942, il dirige le services des questions juives et jusqu'en mai 1944, il recense, arrête et déporte de nombreux juifs dans les camps de la mort via Drancy.

Comme beaucoup de hauts fonctionnaires collaborateurs, il sait que si l'Allemagne nazie ne gagne pas à Stalingrad fin 1942, le double front imposé aux nazis sera, à terme, l'une des principales raisons de leur échec prévisible. C'est pourquoi Stalingrad, qui est le véritable tournant de la deuxième guerre mondiale, fait naître, en France, à coté de la vraie résistance (anti-nazie et anti-pétainiste), une nouvelle résistance des collabos d'hier (qui continueront d'ailleurs à oeuvrer avec Pétain jusqu'au bout !) : les giraudistes, le groupe politico-financier Schuller-L'Oréal, Bousquet, Papon, le séminaire d'Uriage qui forma ensuite le journal "Le Monde" après avoir formé les cadres des chantiers de jeunesse de Pétain, etc.

Ces derniers se confectionnèrent tous des "brevets" de résistance, dont certains sont bien réels, pour survivre à la Libération, qui n'était plus qu'une question de mois et d'années. Cette confusion entre la vraie résistance (anti-nazie et anti-pétainiste) et la résistance des hauts fonctionnaires et politiciens pétainistes à partir de 1943 a été entretenue dès la Libération, afin de recycler d'anciens collaborateurs pétainistes dans l'appareil d'Etat, au nom de la primauté d'alors dans la lutte contre le communisme soviétique. Rien de mieux que de recycler les anciens collabos qui avaient pactisé avec Hitler au nom de la "nécessaire lutte" contre le communisme soviétique. D'autant plus que beaucoup de vrais résistants avaient beaucoup de mal à admettre qu'il fallait s'allier avec les collabos d'hier contre les anciens résistants.

Les collabos pétainistes, eux, n'avaient pas ce genre de scrupule.

On a voulu faire croire qu'il n'y avait que deux camps : le camp nazi-pétainiste et le camp de la résistance et des alliés. Rien n'est plus faux !

En fait, il y avait les collabos 100%, les collabos "opportunistes" (ceux qui ont vu le vent tourner à Stalingrad et se sont fait faire une nouvelle "virginité"), et les vrais résistants (anti-nazis et anti-pétainistes).

Le résultat pour Papon ou d'autres (on pourrait aussi le dire pour beaucoup d'autres politiciens, hauts fonctionnaires, dirigeants des grands médias, dirigeants d'entreprises, etc.), est clair. Ils s'en sont plus ou moins sortis !

Alors que Papon fut reconnu coupable de "crimes contre l'humanité" dans la déportation de nombreux juifs de la région bordelaise, alors que sa responsabilité est patente et flagrante dans les répressions sanglantes et mortelles des manifestations du 17 octobre 1961 et du 8 février 1962, il a toujours été soutenu, en sous-main, par tous ceux qui ont eu le même parcours que lui, ou qui avaient intérêt à délivrer un acte de " virginité " aux collabos "opportunistes" pour service rendu dans l'anticommunisme primaire ou dans "l'antisémitisme rentré".

Papon est l'un des symboles de ces collabos "opportunistes" qui ont pollué toute la vie politique française depuis près de 70 ans. Cela lui a permit d'être collabo "opportuniste", préfet de police, maire, député, ministre. Tout cela fut possible grâce à la lâcheté des politiciens et des "élites" de la 4ème et de la 5ème République, et des gaullistes eux-mêmes.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - combat laïque

2.1 - Premières retombées des journées internationales laïques

http://www.vox-populi.net/article.php3?id_article=391

http://90plan.ovh.net/~republiq/index.php?option=com_content&task=view&id=88&Itemid=38

ReSPUBLICA

2.2 - Les contradictions du président de la LDH

En réponse à M. Dubois, président de la ligue des droits de l'homme, à propos de son intervention au sujet du procès fait à l'hebdomadaire satirique Charlie-Hebdo - au combien nécessaire pour contrer l'uniformisation des pensées chère à notre modernité - je souhaiterai mettre en avant ses nombreuses antinomies.

Si il est vrai que M. Dubois critique, en liminaire, le procès contre l'hebdomadaire, il poursuit curieusement son argumentation en précisant qu' "on ne saurait dénier dans son principe le droit de personnes s'estimant injuriées à saisir un juge indépendant : sauf à proclamer une totale impunité, il est non seulement licite mais normal que l'accès à la justice soit ouvert à tous, qu'il s'agisse de partis, de syndicats, d'instances religieuses ou d'associations". Ainsi, en quelques phrases, M. Dubois affirme tout et son contraire, si le procès en diffamation est inutile au nom de la liberté d'expression, j'ai du mal à comprendre comment, par une opération de passe passe sémantique, et douteuse, le dît procès devient justifié au nom de la même liberté d'expression, qui aurait alors été bafouée par les caricatures. Nous marchons sur la tête... Avec de telle prise de position, on joue le jeu des intégristes qui mieux que quiconque, et cela quelques soient les thèses prônées sous toutes les latitudes, instrumentalisent les failles de l'Etat de droit. Alors, il est aisé d'avoir recours à des procédures judiciaires, à l'instar des pays anglosaxons, pour défendre des idées intolérantes et ceci au nom de la tolérance - Rousseau et Voltaire doivent se retourner dans leurs tombes. Aussi M. Dubois poursui-t-il en rappelant que : "la LDH, qui désapprouve les poursuites intentées à Charlie Hebdo, ne saurait quant à elle dénier aux plaignants le droit d'avoir déposé plainte" ; je suis tenté de lui demander mais porter plainte pourquoi, vu qu'il n'y a eu que libre exercice de la liberté d'expression. La lecture du numéro de Charlie Hebdo concerné n'est pas plus choquante qu'a due l'être celle du numéro ayant suivi la mort de Jean Paul II pour les catholiques et, à ce que je sache, il n'y pas eu de croisade cléricale à l'encontre du journal, même si certains représentants de l'Eglise ont critiqué la façon dont avait été malmené le feu Pontife.

Dans cette optique, le président de LDH rappelle que : "certaines des caricatures en cause étaient non seulement blessantes mais de nature à alimenter des amalgames injustes et discriminatoires", ceci est aussi équivoque que d'assimiler l'ensemble des musulmans à des inégristes. Ou alors, nous devons admettre, dans nos sociétés occidentales et laïques, que l'autocritique n'a plus cours et que l'humour doit être mis à l'index comme au temps de la sainte Inquisition ; dans ce cas, comment parler de liberté d'expression car l'humour n'est pas la calomnie mais une manifestation du progrès. M. Dubois vous me semblez d'une naïveté inquiétante et facilement exploitable - probablement issue d'une éducation judéo chrétienne - par ceux que vous comptez aider aujourd'hui qui n'hésiteront pas à se retourner contre vous lorsqu'ils estimeront que cela servira leur cause, à savoir celles de l'intégrisme et de l'intolérance. En guise de conclusion, vous accusez Charlie Hebdo de provocation incontrolée donc condamnable, je n'en suis pas certain. En effet, la satire est son fond de commerce et, dans l'absolu, personne n'est obligé de lire ce type de presse sauf à vouloir s'autoflageller. Dernier point qui me semble également curieux, c'est votre incompréhension du monde actuel lorsque vous ne cessez d'évoquer le choc des civilisations - qui n'est autre qu'une vue de l'esprit de Samuel Huntington - pour légitimer le recours en justice à l'encontre de l'hebdomadaire. Mettre en avant ce type d'argument cautionne tous les extrémismes, ausi bien celui des néo faucons américains que celui des intégristes musulmans de tous bords.

Nicolas Prognon Enseignant

2.3 - N'oubliez pas la dérive de la Fédération Nationale de la Libre Pensée

Bonjour,

Je lis toujours ReSPUBLICA avec intérêt, et le dernier numéro (512) ne m'a pas déçu. J'ai en particulier apprécié les articles analysant le dérapage de divers mouvements (Les Indigènes de la République, le MRAP, la LDH) en faveur de l'islamisme militant.

Il est un autre mouvement où le combat laïque a fait les frais d'arrière-pensées politiques, c'est la Fédération Nationale de la Libre Pensée (FNLP). J'ai, à ce sujet, écrit un article que je vous prie de trouver ci-joint (document attaché). Je l'ai écrit pour mettre mes idées en ordre, après ma décision (en fin d'année 2006) de ne pas renouveler mon adhésion à la FNLP. Il est donc, à ce jour, non publié, mais je n'ai aucune objection à ce qu'il paraisse, si vous le jugez bon, dans

ReSPUBLICA: A vous de voir s'il est adapté à votre ligne éditoriale (ce dont je ne suis pas certain: je suis républicain, mais il y a longtemps que je ne crois plus aux grands soirs et aux lendemains qui chantent, ce qui peut déplaire à certains...), et s'il ne risque pas de créer une situation conflictuelle (la FNLP est souvent susceptible...). Si ça ne "colle" pas, quelle qu'en soit la raison, n'ayez aucun scrupule à le refuser : moi, je ne suis pas susceptible!


Liberté de pensée (Je suis un Bright)

Je suis un Bright.

Un Bright est quelqu'un qui appréhende le monde d'une façon naturaliste, et qui s'abstient donc de toute référence au surnaturel. La définition est simple, et le substantif a été créé pour elle.

Or, lorsqu'on s'affirme comme un Bright devant des interlocuteurs français, il n'est pas rare de s'entendre rétorquer : " - Ah, oui... libre-penseur, quoi ?... ". On est alors tenté de répondre par un acquiescement vague, en référence à la définition générique du terme : " libre-penseur : personne qui s'est affranchie de toute sujétion religieuse, de toute croyance en quelque dogme que ce soit " (Le Petit Larousse). Le problème est que la libre-pensée française, telle qu'elle s'exprime par exemple au travers de sa principale structure associative, la Fédération Nationale de la Libre Pensée (FNLP), intègre, à défaut de religion, bien d'autres opinions auxquelles tout le monde n'est pas obligé d'adhérer...

Ainsi, dès sa " déclaration de principe " (article 2 de ses statuts), la FNLP " regarde les religions comme le pire obstacle à l'émancipation de la pensée ". C'est oublier un peu vite que Staline, Mao Tsé-toung et quelques autres individus de sinistre mémoire ont amplement démontré que, sans l'aide des religions et même en les combattant, on pouvait aussi bien voire mieux qu'elles, par un dogmatisme d'Etat, nuire la liberté de pensée (sans parler de la nuisance totalitaire à la liberté tout court...). Née au milieu du 19e siècle et ayant atteint son apogée au début du 20e, notre libre-pensée française donne parfois l'impression de ne pas avoir bien tiré les leçons de la suite de l'histoire et de se raccrocher au souvenir du bon vieux temps des luttes sociales de sa jeunesse : " ni dieu ni maître, à bas la calotte et vive la sociale ", devise de la FNLP, que la clé du bonheur était simple en ce temps-là !

La libre-pensée est également très attachée à ce qu'elle considère être ses racines, à savoir non seulement la philosophie des Lumières du 18e siècle, mais aussi et surtout la Révolution française. Celle-ci est encensée pour ses aspects positifs (droits de l'homme et démocratie), mais sans discernement à l'égard de la répression aveugle commise pendant la Terreur, bain de sang que la libre-pensée passe pudiquement sous silence, même lorsqu'en furent victimes des gens dont elle honore par ailleurs le souvenir. Ce culte de la Révolution française va, aujourd'hui encore, jusqu'à utiliser le calendrier républicain, fêter l'anniversaire de l'exécution de Louis XVI, etc. De même, les libres-penseurs célèbrent sans réserve la Commune de Paris et les luttes ouvrières auxquelles leurs anciens ont participé, et, comme eux, ils chantent toujours " l'Internationale " avec conviction...

De là vient sans doute cette attitude antireligieuse systématiquement agressive qui est celle de trop nombreux libres-penseurs et qui ne peut être que contre-productive. " Bouffer du curé " est certes un agréable défoulement, mais c'est aussi un bon moyen de passer pour intolérant et ringard... Entendons-nous bien : Il n'est nullement question d'hésiter à s'affirmer en tant que Brights, voire athées convaincus, par la critique des religions et la réfutation de leurs mythes fondateurs. La compréhension rationaliste qui est la nôtre a déjà beaucoup apporté à l'humanité et nous devons continuer à la diffuser sans relâche. Mais nous devons le faire avec le sourire, en restant conscients de trois choses : la première, c'est que les croyances religieuses sont des sous-produits naturels de la pensée humaine aux prises avec l'angoisse existentielle, et qu'on n'est donc pas près de les éradiquer ; la seconde, c'est que le seul moyen de vivre ensemble en société est de respecter la liberté de conscience d'autrui ; et la troisième, c'est que pour convaincre les gens, le meilleur moyen n'est pas, en général, de les prendre à rebrousse-poil...

L'agressivité de nos libres-penseurs vise toutes les religions par principe, mais surtout l'église catholique, sans doute parce que celle-ci, après avoir été un suppôt traditionnel de la royauté, constituait encore, dans la France du 19e siècle, un bastion antirépublicain qu'il fallait combattre. De cette époque, la libre-pensée a gardé la tradition des banquets du vendredi " dit saint ", petites provocations qui paraissent aujourd'hui bien dérisoires : nous ne sommes plus au 19e siècle... Non que le Vatican soit devenu inoffensif : s'il a fini par accepter l'avènement de la démocratie dans les sociétés évoluées, il n'a pas pour autant renoncé à propager son idéologie dans le monde, et particulièrement en Europe (via la Pologne, notamment), en cherchant à s'imposer politiquement par des méthodes de lobbying. Toutes les religions, d'ailleurs, sont susceptibles de dérives hégémoniques du simple fait qu'elles prétendent détenir une autorité d'origine divine surpassant la logique humaine, et toutes doivent donc faire l'objet de vigilance. Mais pour s'opposer à ces dérives, l'action en faveur de la laïcité institutionnelle, dans le respect de la liberté de conscience, est certainement plus efficace que la gesticulation antireligieuse. D'autre part, à un moment et dans un lieu donnés, certains cléricalismes sont plus dangereux que d'autres : à l'époque actuelle par exemple, il est clair que l'intégrisme islamiste est devenu excessivement virulent, allant parfois jusqu'au meurtre, et que c'est donc avec une vigueur particulière qu'il doit être combattu.

Or, précisément, la FNLP est d'une étrange mansuétude à l'égard de l'islamisme militant. Ainsi, lorsqu'un député propose d'interdire à quiconque de voiler son visage dans les lieux publics, au motif que le visage découvert est nécessaire à la reconnaissance et à l'identification des individus, elle s'insurge au nom de la liberté de manifester sa religion (communiqué du 25/07/06). Ce faisant, elle paraît oublier que les libertés individuelles s'arrêtent là où commence le bien public, et au premier chef la sécurité (essayez seulement d'entrer dans une banque avec une cagoule...), et qu'à tout le moins, le fait de masquer son visage est un comportement asocial qui doit être stigmatisé comme tel. Par ailleurs, lorsque l'auteur d'un texte critiquant l'Islam est menacé de mort par quelques " fous de Dieu ", tout ce que la FNLP trouve à faire est de rédiger un communiqué (03/10/06) qui, après un bref soutien au nom du droit d'exprimer son opinion, fait le procès de l'opinion en question, la jugeant partiale et l'accusant d'être génératrice " d'affrontements religieux, voire de guerre civile "... Ces prises de position inconsidérées ne peuvent que réjouir les islamistes et ceux qui les soutiennent sous couvert de bonnes intentions antiracistes. L'explication d'une telle attitude tient peut-être à l'anticapitalisme viscéral de la libre-pensée, issu de sa tradition ouvrière, marxiste et révolutionnaire, qui se traduit politiquement par des positions fortement antiaméricaines. Partant de là, et en suivant une logique manichéenne du type " les ennemis de mes ennemis sont mes amis ", on peut en venir à se laisser séduire par le discours islamogauchiste, au détriment de la laïcité elle-même.

La laïcité institutionnelle, pourtant, devrait être l'objectif premier des libres-penseurs : c'est en effet le meilleur rempart contre les menées hégémoniques des intégristes de tout poil et contre les luttes interreligieuses qui peuvent en résulter. En particulier, l'union pour défendre la loi de 1905 contre les diverses tentatives visant actuellement à la vider de sa substance devrait être une priorité pour tous les mouvements se disant laïques, quelles que soient par ailleurs leurs sensibilités politiques respectives. Seules en effet des actions unitaires, nationales (et si possible internationales), peuvent avoir une crédibilité suffisante. Il est par exemple évident que l'efficacité du projet lancé par le collectif " Les Laïques en Réseau ", et consistant à interpeller les candidats aux futures élections sur le thème de la laïcité, dépendra du poids électoral que ce collectif sera susceptible de mobiliser. Or, dans ce mouvement (de même que dans le rassemblement international " Laicity " qui s'est constitué plus récemment), la FNLP brille par son absence, ce qui paraît d'autant plus choquant que, lorsque cette même FNLP avait organisé la manifestation du 10 décembre 2005 à Paris, de nombreuses autres associations n'avaient pas hésité, elles, à lui emboîter le pas. Quels qu'aient pu être les savants calculs stratégiques ayant conduit à cette attitude négative, il reste que, ici encore, la liberté de pensée a fait les frais d'arrière-pensées politiques.

Certes, il n'est pas interdit à un Bright d'avoir par ailleurs des convictions politiques - les miennes sont de gauche, républicaines et laïques -, d'autant que de nombreux libres-penseurs soutiendront qu'en France, l'affranchissement de la sujétion religieuse est indissociable de l'avènement de la République des droits de l'homme, et que le socialisme n'est que l'aboutissement de cette démarche républicaine. Il n'empêche que le militantisme gauchiste de la libre-pensée l'a bien éloignée de son universalité initiale : être libre-penseur aujourd'hui en France, ce n'est pas seulement s'être libéré des croyances irrationnelles ; cela conduit aussi à l'acceptation tacite, au nom d'une idéologie en partie dépassée, de choix discutables imposés par des dirigeants associatifs politisés. C'est la raison pour laquelle, en ce qui me concerne et après avoir temporairement adhéré à la FNLP, j'ai préféré mettre un terme à ce mélange des genres.

" - Alors... libre-penseur, quoi ?...

- Non, je suis un Bright. "

Jean-Marie BLANC

2.4 - Après les caricatures, quelques vérités historiques sur Mahomet

Dans l'affaire qui nous occupe, personne ne s'est posé une question de fond, celle de la réalité des actes et paroles du personnage fameux appelé dans certains milieux " le Prophète ". Une multitude de textes musulmans, faisant autorité absolue, permettent pourtant de reconstituer avec précision les événements de sa vie, considérée par beaucoup comme une " Conduite " idéale, celle du " Beau Modèle ".

Il s'agit d'abord d'abord du Coran provenant de Muhammad ibn Abdallah, des recueils de Hadiths, surtout celui de Bukhari, de la biographie officielle de Ibn Hisham (la " Sîra "), des Annales de Tabari, des Biographies d'Ibn Sad, des catalogues de raids de pillages de Waqidi, etc.

Partout dans le monde musulman, ces sources sont abondamment proposées ou imposées en exemple à la population. En revanche, elles ne sont que très difficilement abordables pour les non-musulmans, et ce n'est sans doute pas un hasard. Comme nous aurions été heureux que monsieur Boubakeur nous informe que la Sîra d'ibn Hisham est bien l'ouvrage idéal pour quiconque désire se renseigner sur le Grand Homme.

Hélas, c'est à d'autres de le dire, et d'ajouter que des traductions complètes de la biographie incontournable n'existent qu'au Liban, en français, et au Pakistan, en anglais.

L'examen critique des historiens impose cependant une restriction : la plupart de ces textes sont très largement postérieurs à la période de prédication de Muhammad en tant que personne physique, entre 60 et 200 ans après 632, date de sa mort, ce qui autorise toutes les déformations et manipulations postérieures. On ne peut donc pas être absolument certain de la réalité de ce qui s'est passé en Arabie, entre Médine et la Mecque, au début du VIIème siècle. Ce n'est pas l'important ici : le personnage de Muhammad est une création ultérieure de la " Tradition Islamique ", qui est devenu par la suite une norme vouée à l'adoration, inaccessible à la critique, et ceci depuis plus de 1000 ans. Dès lors, la référence prophétique musulmane s'est constituée, devenant un phénomène historique avéré . L'ignorer aura de graves conséquences, car Muhammad est à bien des égards toujours notre contemporain, qui est entré avec fracas dans notre XXIème siècle.

Observons donc quelques faits jalonnant la carrière du personnage, tels qu'ils sont admirés ici et là depuis des centaines d'années, par des milliards d'individus, dont beaucoup de Muhammad. Le traditionniste Ibn Sad ne rapportait-il pas ce propos: " Si vous avez cent fils, appelez-les tous Muhammad ".

Voici Muhammad tel que l'islam l'a construit.

Quand Muhammad s'installe à Médine, il fait exhumer les tombes et arracher les arbres du terrain qu'il a choisi pour implanter sa mosquée ; de nos jours, le fait ne paraît pas considérable ; pourtant, il a embarrassé jusqu'aux auteurs musulmans.

Il a fait assassiner par des commandos de tueurs au moins trois auteurs de textes critiquant sa personne : Abu Rafi, Kab ibn Ashraf, Asma bint Marwan, une femme. Cette dernière est tuée alors qu'elle est entourée par ses cinq enfants dont le dernier qu'elle allaite encore.

Il a fait trancher la tête de plusieurs centaines de Juifs de la tribu des Banu Qurayza, en assistant à l'exécution durant une journée entière.

Il ordonne de torturer un chef de tribu juive, Kinana, pour que celui-ci lui révèle où se trouve le trésor de son clan. L'homme, brûlé vif à petit feu et qui n'arrive plus à parler, finit par être décapité.

Il fait détruire les palmiers des Banu Nadir, pour les contraindre à la reddition. Il se ravise ensuite, puisque les Juifs parlent de se rendre ; l'affaire a laissé des traces dans son Coran.

Il fait détruire tous les sanctuaire arabes concurrents de la Ka'ba de la Mecque ; les prêtres et les fidèles qui résistent sont massacrés.

Il tue en personne plusieurs adversaires, au combat, notamment au cours de la bataille d'Ohod.

Il fait attaquer les caravanes arabes en pleine trêve religieuse (la première fois, à Nakhla).

Il fait boucher un puit, avant la bataille de Badr. L'acte est scandaleux, du point de vue des Bédouins.

Il capture, asservit et abuse de plusieurs femmes, et parmi elles, Saffiya, dont il vient de faire tuer l'époux, au cours de la prise de Khaybar.

Il exige l'exécution de dix personnes au moment de la conquête de la Mecque, dont deux chanteuses, qui ont chanté des vers contre sa personne. L'une est tuée, l'autre parvient à s'enfuir ; certaines sources précisent qu'on leur a cassé les dents. Une autre victime est éventrée alors qu'elle s'accroche au voile de la Ka'ba.

Il rompt tous les traités et accords convenus avec ses adversaires, quand son intérêt l'exige.

Il encourage l'agressivité de ses troupes en leur promettant le paradis, du vin, des vierges dans l'au-delà, et des femmes, des biens volés aux autres tribus et aux caravanes, ici-bas.

Il fait trancher les pieds et les mains, puis crever les yeux de voleurs et apostats, qui ont eu la mauvaise idée de voler ses chameaux ; auparavant, il leur avait ordonné de boire de l'urine de chamelle, pour se soigner.

Il autorise le viol des captives par ses troupes, comme dans l'expédition des Banu Mustaliq.

A la fin de la bataille de Badr, il fait jeter les cadavres des chefs Quraysh (sa propre tribu) et les insultent, suscitant l'étonnement gêné de ses guerriers.

Il fait démolir puis enterrer toutes les statues qui entouraient la Ka'ba mecquoise, au début de 630. Lui-même s'amuse à leur crever les yeux.

Il instaure la polygamie pour animer la ferveur guerrière de ses troupes. Rappelons que la polygamie exige un afflux constant de femmes nouvelles, et que la principale source d'approvisionnement est alors le jihad.

Il absout ou même encourage plusieurs de ses officiers, coupables de crimes de guerre : Zayd ibn Haritha ou Khalid... Ils avaient tendance à massacrer même ceux qui avaient accepté de se soumettre à l'islam.

Il met sur pied plusieurs expéditions de pillage en Syrie, pour tester la capacité de résistance de l'empire byzantin.

Après avoir vaincu la tribu bédouine des Hawazin, il s'amuse à proposer à ceux-ci de leur rendre soit leurs troupeaux, soit leurs femmes. Après concertation, ceux-ci réclament leurs femmes et sont contraints de se soumettre à l'islam.

Il exige de son fidèle serviteur Zayd que celui-ci lui cède sa propre femme Zeynep, qu'il avait vue en tenue affriolante. Zayd est trop heureux de lui offrir celle-ci.

Il terrorise les habitants de la Mecque, en rassemblant une armée de 10 000 hommes, supérieurement armée, en progressant lentement vers la ville, en usant de stratagèmes pour paraître plus puissant encore, de telle façon que la ville finit par se rendre.

Il utilise des machines de siège pour attaquer Ta'if, ce qui constitue une innovation en Arabie.

Pour finir, voici le décompte le plus vraisemblable des actions militaires entreprises par et pour Muhammad, établi par J.M.B. Jones. La liste est longue et rébarbative, mais le document est très rarement publié.

Cet historien britannique a eu accès à un manuscrit original du British Museum qui contient une édition complète des "Expéditions" de Waqidi . Il a pu dresser une liste chronologique de ces raids de pillage, batailles, sièges, opérations punitives et assassinats. Malheureusement, elle ne correspond pas toujours exactement aux données des autres sources. Il s'agit néanmoins de la meilleure vision d'ensemble que l'on puisse avoir de ces activités musulmanes .

Rappelons enfin que tout ceci s'est déroulé en moins de dix années.

Gilles Courtieu Maître de conférences en Histoire à Lyon

2.5 - Les errements actuels de la mosquée de Paris

Edifiée pour rendre hommage aux dizaines de milliers de soldats musulmans morts " pour la France " durant la Première Guerre Mondiale, la Mosquée de Paris, de 1922 à 1926, est construite aux frais de l'Etat, ne l'oublions pas. Lorsque Edouard Herriot, fervent laïque, est interrogé à la Chambre des députés, il ne cesse à cette époque de défendre cet hommage à rendre aux amis musulmans parce qu'il différenciait l'aspect culturel de l'aspect politique. S'il se battait contre le cléricalisme notamment en Alsace et en Moselle parce qu'il s'opposait à l'instrumentalisation politique de la religion, à la quête du pouvoir par Dieu, en revanche il n'avait rien contre la religion et la culture musulmanes.

La Mosquée de Paris a connu des jours plus tolérants qu'aujourd'hui. Pendant l'occupation de la France par l'Allemagne nazie, elle servait de lieu de résistance pour les musulmans vivant en France mais également pour de nombreuses familles juives.

Comment peut-on oublier à ce point son histoire ? Comment la Mosquée de Paris peut-elle faire des procès à des laïques qui, en d'autres temps, ont voulu et permis son existence ?

Bien sûr ceci est une autre histoire ; à cette époque, la France se devait en quelque sorte d'avoir des gestes de sympathie envers " ses frères musulmans ". Mais l'important à retenir c'est l'intelligence qui consiste à ne pas faire d'amalgame, à savoir distinguer.

En son temps, Edouard Herriot a su distinguer le cléricalisme, la quête du pouvoir par la religion d'un côté et la culture, la foi d'un autre côté. Aujourd'hui, la Mosquée de Paris devrait savoir distinguer, d'un côté, l'humour, l'esprit critique, la liberté d'expression d'un journal envers des intégristes assassins (n'oublions pas qu'il s'agit de se moquer de fanatiques religieux qui appellent au meurtre) et de l'autre, des propos racistes envers une communauté religieuse (Charlie Hebdo n'insulte pas gratuitement l'ensemble des musulmans).

Question du jour : représenter, qui plus est de manière caricaturale, le prophète est interdit selon ces musulmans. Moi, selon mes convictions philosophiques et spirituelles, cueillir des coquelicots est interdit, est-ce que quelqu'un s'en soucie ? Certes mes convictions ne sont pas représentées par l'une des trois religions monothéistes, et alors ? Existe-t-il une hiérarchie des convictions ? Que deviendrait notre quotidien, nous laïques, si nous devions désormais nous mettre à respecter toutes les règles et interdits de toutes les religions ?

Audrey Baudeau

2.6 - Les évangélistes à l'offensive

Une véritable secousse. Les murs de la très respectée Fédération protestante de France, rue de Clichy, tremblent : un pasteur évangélique vient d'être nommé président, un titre depuis longtemps réservé aux protestants réformés. En Ile-de-France, un ouragan venu d'Amérique attise les ardeurs des fidèles, les salles font le plein, les églises fleurissent, charriant avec elles des pratiques parfois inquiétantes. Louise Couvelaire a plongé dans la galaxie complexe d'une religion en plein essor. Enquête inspirée.

Elle hurle, se contorsionne, tombe à terre. Lui, costume clair et mine imprégnée, les yeux rivés sur sa Bible, pose fermement la main sur sa tête. Les fidèles ânonnent, en appellent à Jésus. Un pasteur qui libère une femme de Satan... Le tout ressemble à une séance d'exorcisme, le genre fiction sur grand écran. La scène se déroule à Saint-Denis (93) au Centre du réveil chrétien et figure même sur le clip promotionnel de l'Eglise. Autre podium: au Palais des Congrès de Montreuil, le prédicateur américain T. L. Osborn, perruque châtain et lunettes fumées rouges, appelle infirmes, aveugles et autres handicapés à la guérison. En public, il a rendu la vue à une vieille dame tremblante, rien qu'en l'effleurant ! Fin août 2006, ce globe-trotter de 84 ans a réuni chaque soir et pendant une semaine entre 3 000 et 6 000 fidèles. A Paris (3e), le pasteur White de l'Eglise Hillsong promet à ses ouailles que Dieu plantera en elles la " graine de la prospérité " à condition de se montrer généreux. Quelques minutes plus tard, des seaux circulent dans les rangs pour récupérer les " contributions ". Vaste fumisterie ou véritables miracles ? C'est en tout cas le fonds de commerce des Eglises évangéliques les plus offensives. Celles qui cartonnent aujourd'hui en Ile-de-France.

Une nébuleuse

Les protestants dits " classiques ", qu'ils soient réformés ou évangéliques, sont eux-mêmes effrayés par cette déferlante hystérique, à laquelle ils n'adhèrent évidemment pas tous. L'ensemble de la nébuleuse évangélique est impossible à chiffrer avec précision. On estime malgré tout à 400 000 le nombre de protestants évangéliques en France. Leurs instances représentatives avancent même 500 000. Près d'un tiers se trouve en région parisienne, soit plus de 400 églises en Ile-de-France qui balaient les clichés : elles accueillent presque autant de Blancs que de Noirs et de plus en plus d'asiatiques. Un chiffre encore modeste, mais en constante croissance. Ils n'étaient que 50 000 il y a cinquante ans. Chaque semaine, de nouvelles communautés émergent et se réunissent dans des entrepôts désaffectés comme à Bagnolet (93), des anciens cinémas ou encore une arrière-salle d'hôtel comme à Gennevilliers (92). A l'intérieur, zéro décorum : ni crucifix, ni Jésus en sang, pas d'icône, pas de cierges. A la place, du spectacle et de l'émotion : louange, musique et musiciens, danse, applaudissements, enfants qui gambadent, prières personnelles à haute voix... Loin, très loin de l'austérité et du dogme, bref de l'Eglise traditionnelle, catholique ou protestante, celle qui aujourd'hui fait le vide.

Cette popularité leur permet aujourd'hui d'avancer à visage découvert. Sous les traits du pasteur Claude Baty, par exemple. En juin, il prendra les rênes de la Fédération protestante de France (FPF). Sa désignation est une petite révolution. Jusqu'ici, la plupart des présidents étaient des réformés. Lui est évangélique?! Certes, il fait partie de l'Union des Eglises évangéliques libres, un courant qui a même contribué à fonder la FPF il y a un siècle. Du coup, pour certains évangéliques, sa présidence est une fausse victoire. Mais le symbole reste révélateur : impossible pour la Fédération d'ignorer la flambée évangélique. Prudente, elle intègre ceux qui, à ses yeux, restent dans les clous : en 2005, elle avait fini par accueillir, après des années de négociations, cinq nouvelles fédérations issues de ce mouvement. Pas facile de s'entendre entre réformés progressistes et évangéliques à la fibre conservatrice. Avortement, homosexualité, islam... Des sujets qui fâchent. " Les réformés représentent encore deux tiers des membres de la FPF, se rassure le président actuel, Jean-Arnold de Clermont. Estimer que l'on pourrait à terme se faire bouffer par eux relève du polar. " N'empêche, les réformés surveillent dorénavant et de près ceux qui leur semblent suspects. Depuis septembre 2006, un pasteur est chargé d'identifier un maximum d'Eglises issues de l'immigration - africaines, coréennes, chinoises, roumaines... - les plus difficiles à repérer mais aussi celles qui progressent le plus en Ile-de-France. Ces Eglises appartiennent en majorité au mouvement pentecôtiste-charismatique, qui remporte globalement le plus de succès. Des ultra émotifs comparés aux piétistes-orthodoxes, évangéliques nettement moins spontanés.

Prosélytisme à la française

" Une église évangélique de 50 fidèles équivaut en terme de force de frappe et d'activisme à une église catholique de 8.000 personnes ", soutient le sociologue Sébastien Fath. La preuve dans l'avalanche de ses médias. Le site du Top Chrétien recense 500.000 visiteurs chaque mois, se diversifie dans les DVD, CD, la radio et bientôt une télévision sur le web. " Devant la demande croissante des chrétiens franciliens ", paristoutestpossible.org vient d'ouvrir une école de guérison dans le 20e. Connaîtredieu.com permet de prier online. Il existe déjà 23 radios en France dont Radio Essentielle, Radio Impact ou encore Phare FM sur internet. Quant aux journaux, ils se multiplient : ceux d'Alliance Presse, " Amen Magazine de Paris " (magazine bimestriel diffusé à 13?000 exemplaires)... Et d'autres fronts s'ouvrent : une école d'évangélisation est née à Clamart (lire page 14). Un parti politique, le Parti républicain chrétien (PRC), s'est créé l'an dernier (lire page 17). Les sessions de formation s'enchaînent, comme celle sur le " leadership " organisée il y a deux mois dans une église de la rue de Charonne (11e). L'exposition de Lognes, le rendez-vous annuel des évangéliques, enregistre chaque année de nouveaux visiteurs... De plus en plus visibles, les évangéliques. Plus exposés aussi.

Miracles, émotion, pratiques exubérantes et militantisme acharné se retrouvent sous les projecteurs et suscitent la plus grande méfiance. Même les protestants installés et reconnus, qu'ils soient réformés ou évangéliques, redoutent parfois les dérives sectaires et autres dérapages. Pasteurs autoproclamés, appels aux dons trop récurrents, sermons controversés, théologie de la prospérité... Une image inquiétante qui rejaillit sur l'ensemble des évangéliques. Et confirme l'idée qu'on s'en était fait jusque-là, via les méthodes américaines, extravagantes voire franchement angoissantes. Avec leurs megachurches (églises géantes), leurs universités religieuses, leurs papes stars de l'évangélisation et leurs politiques acquis à la cause, ils passent pour une bande d'allumés illuminés qui veut imposer sa morale au monde (lire page 16).

A mi-chemin entre le conseil conjugal, le stage de développement personnel et les séances de coaching de vie, la pratique à la française ressemblerait plutôt à du piétisme thérapeutique. " C'est une sorte d'évangile de l'épanouissement personnel, explique le sociologue Sébastien Fath. Les évangéliques français ne sont pas des clones des anglo-saxons : impossible ici de prêcher l'abstinence sexuelle ou de réclamer des sous. " Des thèmes rédhibitoires de ce côté-ci de l'Atlantique. En tout cas pour l'instant.

Transmis par Hakim Arabdiou

Nouvel Obs

Source : Nouvel Obs supplément

3 - élections présidentielles 2007

3.1 - Un certain goût du lynchage

Il fut un temps, dans les précédentes décennies, où se revendiquer ouvertement de gauche, révolutionnaire guévariste ou social-démocrate bon teint, n'ouvrait guère les portes de la télévision (à l'époque sous haut contrôle d'Etat) que ce soit pour une simple prestation ou à fortiori une carrière. Les temps changent, les tabous et les préjugés s'inversent, les conservatismes et les intolérances n'ont plus la même couleur. En 2007, à moins que ce ne soit absolument indispensable ou alors impossible à cacher, autant ne pas indiquer un penchant, une sympathie nouvelle ou une filiation ancienne avec ce qu'il est convenu d'appeler la " droite républicaine ". Hormis sur TF1, et encore pas partout, " l'être de droite " n'a plus guère la cote sur les plateaux télés, en particulier dans les émissions qui ne sont pas directement consacrées à la politique mais prétendent s'en mêler par le biais du " people " ou de pseudo chronique de livres. A cet égard, feu " Tout le monde en parle " de Thierry Ardisson reste l'incomparable étalon du genre : saison après saison, sous l'oeil goguenard du maître des lieux et encouragé par l'immense humoriste dénommé Laurent Baffie (plus veule et démago, on ne voit pas...), on y a acclamé n'importe quel médiocre aspirant rappeur ou minable petit voyou promu héros de la liberté et en revanche accablé tous les élus de droite n'ayant pas eu la bonne idée de s'excuser de leurs stupides opinions. Ardisson s'en est allé sur Canal Plus mais, dans le même genre, son successeur Laurent Ruquier ne démérite pas et manque rarement une occasion d'afficher ses sympathies pour le PS. Si la France ressemblait au public de " On n'est pas couché ", et dans une moindre mesure, à celui de " On a tout essayé ", Ségolène Royal, José Bové ou Olivier Besancenot n'auraient pas de souci à se faire pour leurs parrainages ou la victoire lors du scrutin final. Ce qui est peut être une très bonne nouvelle, mais ne correspond pas exactement à la réalité du pays.

Pourquoi, invité à s'expliquer sur son engagement aux côtés de Nicolas Sarkozy, Doc Gynéco s'est-il fait quasiment lyncher (verbalement s'entend) chez Ruquier alors que, dans de nombreuses émissions, chaque apparition d'un Joey Starr est amoureusement célébrée comme s'il s'agissait d'une réincarnation de Mère Térésa ? Parce que la pensée moyenne qui domine aujourd'hui dans la médiacratie, et inspire visiblement une majorité d'animateurs du PAF, exige d'un rappeur qu'il soit de gauche, confond tout individu osant critiquer la gestion des flux migratoires avec un immonde raciste néo-nazi et assimile ceux qui s'avouent fatigués du soi-disant devoir de repentance à d'ignobles néo-colonialistes.

Autre illustration de cet état d'esprit, les insultes proférées à l'encontre de Philippe de Villiers lors de l'émission " A vous de juger " animée par Arlette Chabot sur France 2. Sous les applaudissements d'une bonne partie du public, dont il faisait partie, un commerçant se présentant comme " musulman " (plutôt que Français par exemple...) a traité de tous les noms le candidat du MPF, encouragé sournoisement par José Bové et Marie-George Buffet. Soyons clair : les convictions de Doc Gynéco semblent aussi pâteuses que sa forme physique et, par ailleurs, on a le droit de trouver un peu limite, et surtout assez simpliste, l'analyse que fait aujourd'hui Philippe de Villiers de la double problématique de l'immigration et de l'intégration. Mais pourquoi sont-ils systématiquement et quasi exclusivement la cible des railleries des panels de téléspectateurs réunis on ne sait trop par qui ? On ne plaint ni le Doc, ni de Villiers et il ne s'agit pas d'oublier les vrais rapports de force dans la planète média : Martin Bouygues est bien l'ami personnel de Sarkozy, Lagardère est bien son pote, et, par ailleurs, qu'on sache, les actionnaires, comme le conseil de surveillance, de M6 ne militent pas en faveur d'une lutte renforcée contre les inégalités. Il n'en reste pas moins que l'air du temps, à la télé, souffle du très politiquement correct et laisse peu d'espace aux brises plus iconoclastes et indépendantes.

D'une certaine manière, la droite ne peut s'en pendre qu'à elle-même : longtemps qualifiée, avec quelques bonnes raisons, de " plus bête du monde ", elle n'a jamais su ni pu rattraper son retard dans la bataille des idées, laissant à la gauche le terrain du " culturel ". Après les fastes des grands maîtres à penser aujourd'hui disparus, celui-ci s'est réduit à une cour de récré. La gauche n'a plus beaucoup d'idées, mais conserve une indéniable influence " culturelle ". Ruquier et beaucoup de ses collègues imaginent probablement que faire huer leurs invités " de droite " (élus, intellectuels ou artistes) leur donne accès au jardin magnifique des bonnes manières. Ils entrent en réalité dans la cave sombre des ringards, d'hier et de toujours, plus à l'aise dans le sens du poil qu'en remontant la rivière des idées reçues.

Alain Léauthier Journaliste à Marianne

Source : www.marianne2007.info

3.2 - Nicolas Sarkozy ou la collusion avec les grands patrons (de presse)

Il est intéressant de regarder de près les liens qu'entretient Nicolas Sarkozy avec les grands patrons français. Ces patrons qui possèdent les principaux media, et qui ne devraient pas remettre en cause l'indépendance des journalistes...

Nicolas Sarkozy est très doué pour progresser à grande vitesse dans les hautes sphères du pouvoir. Il a su se faire élire à Neuilly, et en profiter pour nouer des relations personnelles et professionnelles avec certains administrés qui étaient parmi les principaux chefs d'entreprises ou fils d'entrepreneurs français.

Ainsi, Le Monde Diplomatique nous permet de dresser un petit portrait de ses relations :

M. Martin Bouygues, héritier et patron du groupe Bouygues (fortune estimée à 1,7 milliards d'euros) et par conséquent de sa filiale le groupe TF1 (TF1, LCI, TPS...).

Il est parrain du fils de Nicolas Sarkozy, et était témoin à son mariage. Ils peuvent donc être considérés comme proches...

LCI, filiale de TF1, a retransmis en direct les voeux de Nicolas Sarkozy à la presse. M. Bernard Arnault possède le groupe LVMH (fortune estimée à 14,3 milliards d'euros), incluant des titres comme La Tribune, Investir ou Radio Classique.

Nicolas Sarkozy était invité au mariage de la fille de M. Arnault, tandis que M. Arnault était témoin du mariage de M. Sarkozy.

M. Serge Dassault, héritier du groupe Dassault (fortune estimée à 5,7 milliards d'euros), possédant la Socpresse, 1er groupe de presse français, publiant notamment Le Figaro. Nicolas Sarkozy a démêlé, en tant qu'avocat cette fois-ci, la succession de son père Marcel.

Nicolas Sarkozy est devenu un familier de son fils aîné Olivier, par ailleurs député UMP. Serge Dassault, également sénateur UMP, a expliqué sur France Inter le vendredi 10 décembre 2004, et le Monde daté du 13 décembre, que les journaux doivent diffuser des " idées saines ", car " nous sommes en train de crever à cause des idées de gauche ". Selon lui, la presse doit modérer les propos de gauche.

M. Arnaud Lagardère, héritier du Groupe Lagardère (fortune estimée à 0,7 milliards d'euros), premier groupe de media français qui contrôle notamment des grandes radios (Europe 1, Europe 2, RFM...) et des magazines d'actualités (Paris Match...).

En avril 2005, le président de l'UMP fut l'invité d'honneur d'un séminaire du groupe Lagardère à Deauville. L'héritier Arnaud le présenta " non pas comme un ami, mais comme un frère ".

Un mois plus tard, le patron du principal groupe de presse et d'édition français affichait son amitié en participant à un meeting de M. Sarkozy (animé par le journaliste Michel Field).

M. Lagardère doit à Nicolas Sarkozy le règlement, en 2004, du conflit d'héritage qui l'opposait à sa belle-mère Betty. En effet, sitôt nommé à Bercy, Nicolas Sarkozy aurait dit : " On signe ton truc fiscal et on passe à autre chose ".

En juin 2006, le directeur de Paris Match Alain Genestar, coupable d'avoir publié en couverture une photo de l'épouse du président de l'UMP, est licencié. Dans un entretien avec Le Monde, Alain Genestar se défend : " Dans un grand pays libre et démocratique comme le nôtre, il n'est pas concevable qu'un ministre de l'Intérieur puisse être à l'origine du limogeage d'un journaliste ". Agacé par les démentis répétés de Sarkozy, qui a toujours nié être à l'origine de son éviction, il ajoute : " Je réagirai chaque fois que des propos inexacts ou mensongers concernant mon départ de Match et me mettant en cause seront lancés à la légère. "

Quand on regarde les soutiens et amis de Nicolas Sarkozy, qui sont de grands patrons et les plus grands héritiers de France, on comprend mieux ses prises de position sur les 35 heures, et surtout sur la suppression des droits de succession.

Quand on voit comment le clientélisme et la "connivence avec les puissances d'argent" - comme le dirait François Bayrou - sont à la base même de l'ascension et du succès de Nicolas Sarkozy, on peut légitimement penser que s'il est élu Président, il agira d'abord pour le bien de ses amis et soutiens, comme il l'a fait précédemment, et non pour l'ensemble des citoyens.

Quand on se rend compte combien Nicolas Sarkozy est rancunier et mesquin, comme le démontrent ses vengeances vis-à-vis de Monsieur Genestar et de Madame Anne-Gabrielle Heilbronner, et qu'on réalise qu'il continuera à utiliser tout son poids et son pouvoir s'il est élu Président pour évincer ses contradicteurs et opposants, on peut se demander s'il est réellement sain de vouloir lui confier ce pouvoir.

A moins qu'il ne nous propose une nouvelle fois une rupture tranquille avec lui-même...

Sources :

Www.NonaSarko.com

3.3 - Bravo à Corinne Daudier qui dit en quelques mots des phrases importantes à propos de Villepinte.

J'aimerais que les électeurs de gauche comprennent de quoi il s'agit dans cette élection. Peut-être Ségolène Royal ne nous caresse-t-elle pas toujours dans le sens du poil comme le firent les précédents candidats socialistes à l'Elysée. Peut-être ne dit-elle pas toujours ce que nous avons envie d'entendre. Mais peut-être aussi propose-t-elle des solutions réalistes à certains problèmes. Nous avons souvent vu par le passé que les discours de gauche avant les élections se heurtaient à la réalité après les urnes. Aurions-nous aujourd'hui une candidate qui a décidé d'aborder la réalité avant les urnes? C'est sûrement courageux, et probablement nouveau.

Alors quoi? Nous ne sommes pas satisfaits à 100% de ce qu'elle dit. Demandons des éclaircissements, posons des questions, apportons d'autres solutions puisqu'elle nous le demande.

Mais au final ce sera Ségolène Royal ou Sarkozy.

Petite question : que pensent les électeurs de droite des sanglots de sincérité de Sarkozy quand il évoque Jaurès et Blum? Sont-ils contents? En colère? Y croient-ils? Sont-ils amusés? Je ne sais pas, je sais seulement que pas une voix de droite ne lui manquera au décompte final.

C'est une leçon à méditer.

Jacques Sanchez

3.4 - Ecole, laïcité, le faux nez de François Bayrou

M. Bayrou, candidat de l'UDF à l'élection présidentielle, essaye de nous faire croire aujourd'hui qu'il serait un homme neuf au-dessus des divisions partisanes qui proposerait aux Français une politique du " juste milieu " prenant le meilleur de la droite et le meilleur de la gauche pour l'intérêt de tous.

Le discours peut être séduisantAuteur de La laïcité face aux défis du XXIe siècle, éd. Mare et Martin, 2006., mais comme souvent les promesses ont du mal à résister aux faits. Quand on examine avec attention le parcours politique de M. Bayrou on se rend compte que ses actes sont en contradiction avec son discours et qu'il est bien un homme de droite. C'est, en particulier, sur les questions de société qu'il apparaît nettement que M. Bayrou est un homme de droite. Il suffit, pour s'en convaincre, d'examiner ses positions sur l'école et la laïcité. Le projet de société qu'il propose aux Français est bien plus marqué par le conservatisme social que par le progressisme.

Ainsi, en 1993 le ministre de l'éducation nationale François Bayrou, tente de réformer la loi Falloux sur le financement de l'enseignement privé. Il se place, alors, dans la tradition des lois scolaires "Marie", "Barangé" puis "Debré" qui furent autant de coups de canifs dans le principe de laïcité. Le projet de M. Bayrou propose d'autoriser les collectivités locales à financer les constructions et rénovations d'établissements d'enseignement privé, sans limitation ni contrôle. Ce projet déclenche une mobilisation sans précédent des défenseurs de la laïcité et le conseil constitutionnel censure la loi considérant, entre autre, d'une part " qu'elle ne répond pas aux exigences de l'article 13 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui justifie la nécessité d'une contribution commune pour "l'entretien de la force publique et les dépenses administratives" dans la mesure où elle ne prévoit pas de garanties suffisantes pour prévenir l'accroissement de patrimoines privés ; qu'enfin en n'excluant pas que des subventions puissent bénéficier à des associations cultuelles, elle méconnaît le principe de laïcité de la République consacré par l'article 2 de la Constitution ", d'autre part qu'elle " contrevient au principe de la laïcité de la République posé par l'article 2 de la Constitution et méconnaît le devoir de l'Etat concernant l'organisation de l'enseignement public, gratuit et laïque à tous les degrés imposé par le Préambule de la Constitution de 1946 " et enfin qu'elle contribue " à organiser l'enrichissement de personnes privées qui ne sont pas soumises aux exigences de la laïcité ". (Décision n° 93-329 DC du 13 janvier 1994)

De plus, sur la question scolaire, la formule du ministre Bayrou " collège unique, collège inique " résume en quelques mots l'idée que se fait le candidat UDF de la démocratisation scolaire, plus près de nous, le candidat Bayrou déclare dans un discours du 25 janvier 2007 à Orléans : " Personne ne peut soupçonner en moi un ennemi de l'enseignement privé. J'ai pris suffisamment de risques pour être objectif et compréhensif en la matière pour pouvoir prétendre que je suis partisan de la liberté de l'enseignement. " Les déclarations de M. Bayrou montre bien qu'il partage la vision de l'actuel ministre UDF de l'éducation nationale, M. de Robien, qui conduit, depuis qu'il est au gouvernement, une politique scolaire clairement inspirée des idées de sa famille politique. Politique largement favorable à l'enseignement confessionnel privé, au détriment de l'enseignement public laïque.

Par ailleurs, concernant la laïcité, M. Bayrou se présente comme un ardent défenseur d'un principe qu'il semble méconnaître si on en juge par son action au ministère de l'éducation nationale et sa volonté de défendre l'enseignement prétendument " libre ". Mais surtout quand on relit ses déclarations devant la commission Stasi on saisit l'écart qui sépare son discours public de son engagement politique. Le propos de M. Bayrou donne toutes les apparences du laïque convaincu, mais c'est à la fin dans la définition même de la laïcité que l'on comprend qu'on ne parle pas de la même chose, car en effet, pour M. Bayrou " la laïcité ce n'est pas la neutralité, malgré les affirmation simples, de Renan par exemple. La laïcité, ce n'est pas un ensemble vide. " et surtout , " La laïcité dit " dans tout cela, il y a du sacré ". Pour nous, Français, on n'y touche pas. Exemples : juifs, shoah, races, etc. ", le " etc. " pose question en plein procès Charlie Hebdo, même si le candidat Bayrou, tout comme le candidat Sarkozy, a bien compris que son intérêt était d'afficher son soutien au journal mis en cause.

Contrairement à ce qu'affirme M. Bayrou, la laïcité, fondée sur les principes de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, est bien la neutralité absolue de l'Etat en matière religieuse, partisane et philosophique. Si elle donne aux individus des garanties rigoureusement égales, elle n'est pas un principe d'égalité des cultes ou des croyances, mais un principe de liberté. Elle ne " reconnaît aucun culte " et n'en favorise aucun. La conception égalitariste de la laïcité de M. Bayrou le conduit naturellement à considérer au sujet des lieux de culte ou des cimetières que " La disposition " phare " de la loi de 1905 selon laquelle la République, ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte, se heurte à ces questions. ", c'est-à-dire à remettre en question la laïcité au nom d'un principe d'égalité dévoyé de son sens pour encourager à demi-mot une politique de discrimination positive en faveur de certains cultes. Or il ne revient pas à la puissance publique de favoriser une pratique qui relève de la sphère privée, en matière religieuse comme dans d'autres domaines c'est à chacun de se donner les moyens de faire vivre ses convictions.

Au final, on le voit bien, sur des questions aussi essentielle que l'école ou la laïcité, François Bayrou est un homme de droite qui défend les positions traditionnelles de la droite. Contrairement à ce qu'il affirme et à ce qu'il voudrait faire croire, sa vision de la société française n'échappe pas aux clivages politiques traditionnels qui divisent la France.

Pascal-Eric Lalmy

4 - débats républicains

4.1 - S'attaquer aux discriminations ou au chômage ?

La récente condamnation d'un employeur pour une discrimination à l'embauche fondée sur l'âge montre que l'émergence de la thématique des discriminations n'est en fait qu'une conséquence de la persistance d'un chômage massif qui favorise la mise à l'écart de certaines catégories au sein de la population.

Le 13 février, le tribunal de grande instance (TGI) de Lyon a condamné un cabinet de recrutement pour discrimination à l'embauche à raison de l'âge au motif qu'il avait publié une offre d'emploi demandant "un chasseur de têtes de 28 à 35 ans".

Dans la liste de plus en plus longue des délits répréhensibles, l'âgisme s'ajoute ainsi au racisme et au sexisme. Ce jugement est sans doute une bonne nouvelle pour les chômeurs d'âge mûr quand on connaît le nombre d'annonces destinées à des candidats relativement jeunes. Mais il pose un problème de taille aux entreprises. Il semble en effet avoir échappé aux fonctionnaires du TGI de Lyon que ce n'est pas uniquement pour pénaliser les vieux que les entreprises embauchent surtout des jeunes, mais peut-être aussi -et surtout- pour des motifs liés au coût du travail. Une entreprise sait qu'elle paiera moins cher un candidat ayant cinq ans d'expérience qu'un autre plus chevronné. Aussi peut-on se demander si la mention de l'âge du candidat recherché n'est pas avant tout une indication du budget consacré par l'employeur au poste à pourvoir.

La condamnation inédite rendue par le TGI de Lyon montre aussi que, derrière la mousse médiatique actuelle autour du thème des discriminations, c'est la persistance du chômage en France qui demeure la vraie question. En effet, tant que la France se satisfait d'un déséquilibre de son marché du travail avec une demande structurellement supérieure à l'offre, il est hypocrite de reprocher aux employeurs de faire le tri parmi la masse des CV qu'ils reçoivent. Il est économiquement rationnel que les employeurs choisissent le candidat présentant non seulement le niveau de qualification requis mais aussi le profil de risque (quant à son intégration dans la société ou son acceptation par les clients) et le coût financier le plus réduit possible. Dans le contexte de sélection impitoyable qu'implique le chômage, on préfèrera souvent un homme à une femme (risque de grossesse non maîtrisé par l'entreprise), grand et bien de sa personne si possible (question de présentation, recherche du candidat "qui en impose"), s'exprimant bien (qui rêve sérieusement d'un employé parlant le sabir que les médias présentent comme la langue des banlieues ?) et souvent blanc (avec tout ce qu'on lit sur le "racisme des Français" -donc, des clients- ou les populations d'origine immigrée -excision, tournantes, islamistes-, "c'est plus prudent ", se disent de nombreux employeurs).

On voit bien que, dans les secteurs de l'économie où il y a une pénurie de main-d'oeuvre (métiers du bâtiment, emplois saisonniers, services de nettoyage, restauration, médecine), on parle moins de discriminations que pour les postes les plus courus et que la question de la "diversité" n'est soulevée que dans les secteurs où les places sont chères. D'ailleurs, le thème des discriminations fondées sur les "différences" n'est-il pas né historiquement au moment où la France s'inscrivait de façon durable dans une situation de crise du marché de l'emploi ?

Agir sur la cause plutôt que sur l'une des conséquences

Le chômage permet à l'employeur de choisir, et il ne s'en prive pas. C'est pourquoi les discriminations ne doivent pas être traitées comme un problème en soi mais comme une conséquence néfaste -une de plus- du chômage dans lequel la France se complaît depuis plus de trente ans. Sinon, la justice s'invitera de plus en plus dans les dossiers des entreprises non plus seulement pour réprimer le sexisme ou le racisme mais aussi pour enquêter sur les choix discriminants en faveur des plus jeunes ou des plus beaux (la discrimination sur le physique qui caractérise les présentatrices de télévision ou, sur une échelle plus vaste, les hôtesses d'accueil et les serveuses, promet de ce point de vue de magnifiques contentieux...).

On peut même d'ailleurs se demander si l'intensification de la répression judiciaire en matière de discriminations ne va pas jouer un rôle négatif dans l'évolution du chômage en ajoutant une contrainte supplémentaire aux tracas administratifs pesant sur l'embauche. Si un employeur est placé dans une situation où son choix est guidé par des considérations pénales au risque de poursuites judiciaires, il y a fort à parier qu'il y réfléchira à deux fois avant de publier une offre d'emploi et qu'il préfèrera attendre d'avoir la possibilité de solliciter discrètement un candidat via son réseau de relations ou de promouvoir quelqu'un en interne. Et tout le monde y perdra. De même, les slogans féministes réclamant une égalisation des salaires entre les hommes et les femmes en faisant abstraction de l'impact de la fécondité sur les carrières féminines conduisent à rendre la main-d'oeuvre féminine théoriquement plus chère. C'est pourquoi les surenchères en faveur du "travail des femmes" risquent fort de renvoyer la population féminine à la maison.

Il est temps de réfléchir à cette logique qui, pour satisfaire les revendications de quelques-uns, aboutit à pénaliser tout le monde. Il est temps de mettre un terme à une spirale dingue qui oppose tout le monde à tout le monde au nom d'une "égalité réelle" absurde. Se borner à combattre les discriminations à l'embauche, c'est introduire des quotas imbéciles dès lors qu'il n'est pas possible d'établir de nomenclature précise des "handicaps" de chacun (un noir grand et beau est-il vraiment plus mal barré qu'un blanc malingre et repoussant ?) et mettre des flics et des juges derrière chaque porte. C'est le chômage qu'il faut combattre car la réduction du déséquilibre existant sur le marché du travail entraînera de facto la réduction des discriminations en limitant les effets d'une hypersélection dévastatrice. Mais c'est plus difficile car, contrairement à la lutte contre les discriminations, il ne suffit pas de décréter une batterie de mesures répressives pour agir de façon efficace et durable. Aussi doit-on malheureusement s'attendre à la multiplication des infractions définies dans le code pénal et donc à une recrudescence des procès ubuesques comme celui de Lyon.

François Devoucoux Du Buysson cofondateur de l'Observatoire du Communautarisme

Source : www.communautarisme.net

4.2 - L'abandon du deuxième porte-avion suffira-t-il à empêcher de couler l'école ?

Permettez que je propose à votre sagacité matière à amplifier votre désir d'engagement pour l'Ecole, ou, ici, dit autrement : Comment ne pas soumettre à la réflexion les multiples convergences entre des découvertes que d'autres ont pu faire, et ce que l'on a identifié soi-même ?

Entre la première prestation de la candidate du PS à Dunkerque sur l'éducation (on aurait préféré sur "l'instruction"... déjà un grand écart en soi), et une réponse à venir d'autres cadidats, je vous soumets ma réflexion sur la nécessaire évolution d'urgence de notre système scolaire. Je vous envoie le texte ci-dessous, réponse dédiée par ailleurs à une association, à un syndicat et à un site internet, sur la difficulté à poser les questions utiles à une réflexion ouverte sur le sujet de la rénovation urgente de l'Ecole,lancée dans "L'ECOLE ou LE CHAOS". J'espère que vous n'allez pas me trouver trop obstiné sur le sujet dont vous conviendrez avec moi qu'il vaut la peine, espérant que vous conviendrez avec moi que le temps est venu dans la "campagne" pour que l'ensemble d'un programme pour l'Ecole soit débattu, comme vous l'amorcez vous même dans RESPUBLICA 512 avec l'excellente contribution de Pierre BARACCA.

Je tire ma réflexion de la thèse centrale de "L'ECOLE ou LE CHAOS", ouvrage que j'ai fait éditer chez Golias en coctobre dernier, qui s'appuie sur la constatation de l'effondrement qualitatif du système scolaire français, de l'école primaire à l'université, attesté par toutes les études publiées sur le sujet, et en particulier de l'évacuation progressive de la culture générale, et du recul de deux disciplines fondamentales, le calcul et la langue. Les causes profondes sont inventoriées, et en particulier, une des plus fondamentales, celle qui découle en ligne droite de l'idéologie des pédagogues américains du début du XXème siècle, pour faire simple, sacrifiant l'incontournable pénibilité des apprentissages disciplinaires, préalable à l'incorporation des savoirs, à la recherche sur les processus d'apprentissages évacuant les supports d'exercice de la réflexion : ce qui est devenu la pédagogie du "vide".

Naturellement, l'observation d'une telle catastrophe, et en particulier la dénonciation de la mystification de cette nouvelle approche pédagogique, annoncée triomphalement comme plus "démocratique", sans qu'une telle assertion hautement claironnée ait été fondée, qui a abouti d'ailleurs rigoureusement au résultat inverse, a été depuis longtemps dénoncée. Je ne l'illustrerai que d'un seul exemple, celui que rappelle le chercheur américain E.D. Hirsch Junior, dont je reprends dans, "Apport théorique américain au livre" , la pensée d'un auteur particulièrement avisé sur le sujet et défenseur de la "cause du peuple", et ce, dès 1932, qu'il avait lui-même citée en 1996 dans son ouvrage : "Les écoles dont nous avons besoin et que nous n'avons pas".

Le phénomène n'est pas nouveau, celui qu'une réalité sociologique, politique, pédagogique, soit décrite non pas pour ce qu'elle est dans le réel, mais à l'inverse même par un discours idéologique construit cotre elle, pour en nier l'évidence et faire croire cette négation au plus grand nombre. Il suffit de rappeler la thèse d'Anton Ciliga de 1937 " Au pays du mensonge déconcertant " sur la nature du pouvoir en Union Soviétique...et la durée du-dit pouvoir, 75 ans, pour se rendre compte que la cécité idéologique a la vie dure.

Toutefois, avec le temps, le voile se déchire, et les remises en question sont toujours déchirantes, d'où tous ces combats d'arrière garde stériles et dérisoires , pour faire perdurer l'insoutenable : c'est dans ce registre que se situe l'article désolant de François Dubet paru dans le " Monde " du 22 janvier 2007 sous le titre " En finir avec l'élitisme scolaire", et ma réponse envoyée au journal et non parue, elle, du 25 janvier, " Ecole, Aux Urnes citoyens ! ", avec pour sous-titre : "Pour en finir avec l'illétrisme scolaire"!

Un article du " Time " du 18 décembre 2006 de montre particulièrement éclairant sur la réflexion actuelle engagée aux Etats Unis sur l'Ecole américaine, et sur les directions avancées pour, reprenant le titre : " How to bring U.S. scools out of the 20th cntury?"ou Comment sortir l'Ecole américaine du XXème siècle?

Ce très intéressant article de fond du " Time " montre avec la plus grande clarté, qu'aux Etats Unis aussi se ressent l'urgence de sortir d'un long tunnel, dans lequel ou a pénétré là-bas dans les années 20, derrière les élucubrations des pseudo-pédagogues G. Stanley Hall, John Dewey, Kilkpatrick and co... qui ont lancé les bases de la pédagogie du vide. A noter que ces théories bien naïves ont fait le bonheur du régime fasciste italien qui les a aussitôt mises en pratique, (cf ci-dessous l'opposition d'Antonio Gramsci sur le sujet plus haut annoncée) jugées excellentes à décerveler les populations scolaires. A noter également qu'elles furent massivement introduites en France dans l'après mai 68 par une coterie de sociologues abusés et de doux rêveurs pédagogues derrière le chef de file Philippe Meirieu, comme autant de " Lyssenko " vitrifiant l'art d'enseigner... et tenant le haut du pavé de la pensée pédagogique, malgré l'effondrement progressif de la culture générale dans l'enseignement, de l'enseignement primaire à l'université.

Cet article regroupe des idées centrales jugées indispensables pour rénover le système scolaire américain en profondeur pour l'adapter aux enjeux du XXI ème siècle, il s'agit de :

  1. ouvrir les élèves américains sur le monde, notamment par l'augmentation des heures de cours d'histoire-géographie, et étendre progressivement l'apprentissage obligatoire d'une deuxième langue...étudiée aujourd'hui par à peine 50% de la population scolaire
  2. redonner une place centrale aux enseignements fondamentaux et ne passer aux avantages d'une approche interdisciplinaire qu'une fois les fondamentaux requis " digérés ".
  3. renforcer l'esprit critique des élèves pour leur permettre d'exercer une faculté de distinction dans l'information reçue ( en particulier en provenance d'internet), supposant l'intégration de bases solides en sciences humaines pour pouvoir appréhender ces informations.
  4. responsabiliser les élèves et leur redonner le goût de l'effort en donnant plus de rigueur au curriculum, et en haussant le niveau des exigences tout en veillant à favoriser par ailleurs la mixité sociale, et à pallier aux inévitables inégalités, sans faire de ce souci un préalable empêchant la progression générale.
  5. ne pas craindre de se comparer à d'autres systèmes éducatifs et tester par emprunts ailleurs ce qui fonctionne mieux, ainsi les sciences dans les pays nordiques d'Europe
  6. développer le souci de l'autre par le recours au travail eu groupe, et exiger un respect indiscutable aux représentants de l'institution scolaire.

En regard, introduisons cette réflexion annoncée plus avant, que met en évidence E.D. Hirsch junior :

"La nouvelle conception de l'enseignement est dans une conception romantique, dans laquelle le remplacement des méthodes mécaniques par les méthodes naturelles est devenu extrêmement malsain. Autrefois les élèves acquéraient un certain bagage de connaissances factuelles. Maintenant, ils n'auront plus de bagages à ordonner... le plus paradoxal est que ce nouveau type d'école est supposé être démocratique, alors qu'en fait il n'est pas destiné simplement à perpétuer les différences sociales, mais à les cristalliser dans de complexes chinoiseries".

L'auteur n'est autre qu'Antonio Gramsci antistalinien et anti-fasciste notoire dénonçant en 1932 déjà (ce que nos post-soixante-huitards nous importeront au début de la décennie soixante dix comme la dernière nouveauté, et dont on n'est pas encore sortis, cf. Dubet cité plus haut, qui n'a de cesse que d'en rajouter une couche) : l'apport des théories pédagogiques modernes au système éducatif sous la houlette du ministre de Mussolini, Gentile, transformant en même temps le ministère de l'Instruction Publique en ministère de l'Education... profond changement sématique.

Si hors de l'Hexagone, à la fois pratiquement, comme c'est le cas plus nettement dans les pays nordiques européens, en Israël, en Corée du Sud, et théoriquement, je me contenterai ici, et de l'exemple de E.D. Hirsch junior pour les Etats Unis, et de travaux de l'Université Laval au Canada, l'Ecole est en train de sortir un peu partout du XXème siècle, force est de constater encore aujourd'hui ( mi-févier 2007) l'exception française. Avec la chape de plomb qu'on lui connaît sur sa pédagogie, qui a l'art de conduire la prestigieuse nation sur la voie de la " ringardise " et du déni de soi au prix de la souffrance des enseignants et de l'échec programmé des enseignés, au profit de qui ? De quoi ?... mais qu'en pensent les politiques, responsables de l'Ecole ? Jusqu'ici, à part des questions marginales de carte scolaire, le silence est roi.

Décidément, au pays des droits de l'homme et de Jules ferry pour l'Ecole, le temps semble bien long à faire advenir un soupçon de pensée autre, que la sombre pensée conformiste totalitaire.

Jean-Pierre CHARLES Auteur de " L'ECOLE ou LE CHAOS ", Golias Editeur

5 - à voir

5.1 - Michou d'Auber : la fusée est sur orbite

Ce sont des centaines de personnes qui se sont donné rendez vous le 15 février, pressés de voir ce film tant attendu. A partir de 18H30, des dizaines de personnes ont commencé à faire la queue.

Devant une salle comble, l'Agence APC, Thomas Gilou, le réalisateur et " Michou adulte " : Messaoud Hattou ont présenté brièvement le film avant la " levée du rideau ".

L'humour et l'émotion étaient présents durant cette projection pour le plaisir des spectateurs.

Un film de message, certes mais aussi un film grand public que l'on se promet de venir voir en famille ou avec des voisins.

Les applaudissements nourris ont montré que cette oeuvre forte et chaleureuse a touché son public.

Le débat qui suivit a permis un échange entre les présentateurs,artisans du film et les spectateurs.

Messaoud n'a occulté aucune question, même celle un peu personnelle que je n'aurais pour ma part jamais posée.

Mais, fort heureusement le débat de fond a primé :

Est-ce un film militant, un film politique?

Oui s'il s'agit de montrer que l'homme est en perpétuelle construction et qu'en se côtoyant on s'aperçoit qu'on est peu différent de l'autre!

Oui aussi s'il s'agit du message humaniste, du vivre ensemble et du refus du racisme et du sectarisme.

C'est un film qui peut attirer non quelques convaincus recherchant l'oeuvre classée, condidentielle mais monsieur et madame tout le monde et c'est là sa force, Nathalie Baye, Gérard Depardieu et Sami Seghir apportant tout leur talent.

Les centaines de militants et de sympathisants des associations partenaires présents ce 15 février vont sans hésitation participer à la promotion de ce film.

L'enthousiasme était au rendez vous.

N'hésitez pas à venir voir Michou, vous ne serez pas déçus.

Jean-François Chalot

6 - À écouter

6.1 - Radio libre La Clé des Ondes 90.10Mhz

Bonjour,

Vous arrive-t-il d'écouter la radio libre La Clé des Ondes 90.10Mhz ?

et plus particulièrement l'émission AC TONNE le mercredi de 17h à 18h30 ?

Si oui, bravo ! Continuez !

Sinon, vous pouvez nous découvrir à travers la NUIT DES SOLIDARITES :

Le samedi 24 février à partir de 20h nous serons à l'antenne jusqu'au dimanche 25 février 8h.

Si vous êtes intéressés, vous pourrez intervenir par téléphone comme invités : 05 56 50 69 99 Les invitéEs d'AC TONNE sont divers, qu'ils soient ou non auditeurs réguliers, ils ont cet en-commun, comme nous, d'avoir un engagement dans le mouvement social.

Merci aussi de nous donner votre avis sur l'émission et sur la Radio en répondant à ce texte.

Merci,

Jacques Martineau

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